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latif, assuraient alors que cette rentrée pouvait être dangereuse à la chose publique.

On eût dit que leur longue captivité avait émoussé leur énergie, ou que, satisfaits d'être rentrés dans le sein de la convention, ils craignaient qu'une nouvelle secousse ne les en excluât de nouveau. Il est vrai que non-seulement les jacobins, très-puissans dans cette assemblée, disaient hautement que le 9 thermidor n'était qu'un orage passager, et que la révolution reviendrait bientôt à son ancienne température, mais ils commençaient à être favorisés par le parti du ventre, par des raisons que je déduirai dans la suite.

La postérité demandera avec étonnement quelles étaient les opinions politiques de ces hommes du parti du ventre, qui condamnèrent successivement Brissot et Danton, Vergniaud et Robespierre, Phelippeaux et Carrier. Les variations de ce parti ont causé tous les maux de la France; on leur doit jusqu'aux malheureux événemens de vendémiaire, que je rapporterai bientôt. Les aveugles! ils se coalisaient avec des désorganisateurs, sans songer que ceux qui les adulaient momentanément, parce qu'ils avaient besoin de leurs secours, préparaient peut-être, dès-lors en secret, un mouvement révolutionnaire dans lequel ils devaient être exterminés. Plusieurs des soixante-treize grossirent ce parti. Il ne

AN 3.

1794.

paraît pas que les uns et les autres fussent mus par cette terrible passion du pouvoir, qui avait transformé les montagnards en bêtes féroces; leurs ames apathiques ne s'élevaient pas à de hautes entreprises, ils ne voulaient que se perpétuer dans leurs places, et ramasser de l'argent.

CHAPITRE X.

Evénemens militaires pendant l'an deux et les premiers mois de l'an trois. Opérations des armées dans les Pyrénées.

A

L'ÉPOQUE du 9 thermidor, les armées de la république étaient commandées, dans les Pyrénées orientales, par Dugommier; dans les Pyrénées occidentales, par Muller; celle des Alpes, par Kellermann; et celle d'Italie, par Massena. Pichegru commandait l'armée du Nord; Jourdan, celle de Sambre et Meuse; Moreau, celle de la Moselle; et Michaud, celle du Rhin, qui avait en tête les Prussiens, conduits par Kalkreulth. Toutes les armées républicaines, animées par l'enthousiasme de la liberté, attaquaient par-tout les ennemis, et par-tout elles obtenaient des succès qu'on ne

devait pas attendre du peu d'expérience qu'elles avaient dans la tactique militaire.

Les Espagnols, en abandonnant le territoire français, avaient conservé sur l'extrême frontière la forteresse de Bellegarde; elle fut reprise par les Français, en vendémiaire. Les Espagnols, sous les ordres du comte de Unión, se retranchèrent sur des montagnes regardées comme inaccessibles. Dugommier les fait attaquer sur toute leur ligne, le 28 vendémiaire, et après quatre heures d'un combat opiniâtre, leurs rangs sont enfoncés à la baïonnette. L'artillerie, les équipages, le camp espagnol, des tentes pour cinquante mille hommes, et une immense quantité d'approvisionnemens, restèrent au pouvoir des répu-blicains; mais ces avantages compensèrent à peine la perte de leur général, tué en combattant comme un soldat. Il eut pour successeur le général Pérignon qui, profitant de l'enthousiasme des troupes, vint assiéger Figuieras, une des plus fortes places de l'Espagne; cette ville ne fit pas la résistance qu'on attendait. Pérignon descend des Pyré+ nées avec la rapidité d'un torrent. La ville de Roses est assiégée; en vain les Espagnols réunissent leurs forces de mer à celles de terre pour la défense de cette ville, elle est enlevée par les Français après la résistance la plus opiniâtre. Alors les Français étendent leurs

ANS 2 et 3.

contributions dans toute la Catalogne, mena1794. çant également la ville de Gironne sur le Ter, et celle de Tortose sur l'Ebre.

Dans le même tems, l'armée des Pyrénées occidentales pénétrait dans la province de Guipuscoa, s'emparait successivement de Fontarabie, du port-Passage, de Saint-Sébastien; et après avoir complettement battu les Espagnols dans les montagnes qui séparent la Biscaye de la Navarre, elle pénétrait jusqu'aux portes de Pampelune; cette place prise, le chemin était ouvert aux troupes françaises jusqu'à Madrid.

CHAPITRE X I.

Succès des armées des Alpes et d'Italie.

ES

Les succès des armées des Alpes et d'Italie étaient encore plus considérables. Les Français, maîtres du comté de Nice, avaient résolu d'enlever au roi de Sardaigne le port de la ville d'Oneille, seule place qui lui restait pour communiquer avec les Anglais, ses protecteurs, et avec l'isle de Sardaigne. Oneille servait encore de retraite aux corsaires des puissances coalisées qui interceptaient le commerce de Marseille avec la côte de Gênes. La

conduite de cette expédition avait été confiée

aux représentans qui s'étaient distingués au ANs 2 et3, siège de Toulon, autant par leurs talens que par leur bravoure.

Il fallait traverser quelques lieues du territoire génois; le sénat youlait maintenir sa neutralité, il étayait le refus qu'il faisait d'accorder le passage, de l'appréhension assez bien fondée que les Autrichiens, sous les ordres du général Devins, n'exigeassent la même condescendance, et que la république ne devînt le théâtre de la guerre. Mais les argumens diplomatiques sont sans force devant la terrible raison du plus fort. Cependant les représentans français, soit pour gagner le gouvernement de Gênes, ou seulement pour tranquilliser le peuple, publièrent une proclamation dans laquelle, après avoir observé qu'informés des projets que méditaient les puissances de l'Italie de s'emparer de l'Etat de Gênes, pour en investir le roi de Sardaigne et se procurer la facilité d'entrer en France, les généraux français se voyaient forcés de prévenir cette invasion, en traversant quelques portions du territoire génois; ils ajoutaient que, loin de suivre l'exemple des Anglais qui, foulant aux pieds les droits des gens et les droits les plus sacrés de l'humanité, avaient assassiné de sang-froid dans le port de Gênes, sous les canons des remparts de cette

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