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la batterie; mais entouré de toute part par

1795. les chouans, il fut contraint de se replier sur Laudavant, à trois lieues d'Auray, sur la route de Lorient.

Quinze ou dix-huit cents émigrés, placés sur des chaloupes plates, débarquèrent pendant la nuit du 8 au 9 messidor, sous le commandement du général d'Hervilly; le reste des troupes prit terre les jours suivans. On débarqua ensuite une quantité immense de fusils, d'habillemens uniformes, de munitions de bouche et de guerre, et quelques pièces de canon.

A la première nouvelle de la descente, la garde nationale de Brest fut mise en réquisition; les représentans Tallien et Blad partirent pour les côtes de l'ouest, investis des pouvoirs les plus étendus; toutes les autorités constituées étaient tenues d'obéir à leurs arrêtés; tous les citoyens en état de porter les armes devaient marcher à leur réquisition, pour repousser l'ennemi ; le général Hoche se rendit dans le Morbihan, mais ses troupes étaient dispersées à deux, trois et quatre journées de marche; il crut devoir évacuer Auray et Vannes pour se replier à Port-Louis, à Lorient et à Ploërmel, à moitié chémin de Rennes. Les émigrés s'emparèrent d'Auray; mais, soit qu'ils ne voulussent pas s'éloigner de la flotte anglaise qui s'était approchée de la

côte le plus près possible, ou qu'ils ne fissent pas un grand fond sur les chouans, auxquels Ax 3. les règles de la tactique étaient étrangères, et qui ne savaient combattre qu'à la manière des Tartares, ils n'osèrent se porter plus avant.

Pendant la journée du 10 messidor, les cantonnemens républicains se réunissaient à Vannes; on enclouait sur la côte les canons dont les royalistes auraient pu s'emparer. Une colonne de trois mille hommes fut dirigée sur Auray pour reconnaître les émigrés, dont la force n'était pas encore connue. Ils avaient un avant-poste à Pontsol, entre Auray et Vannes; un corps de douze cents républicains les en chassa, on pénétra même sous le canon d'Auray.

Les royalistes étaient maîtres de la petite étendue de pays entre le lac d'Auray et celui de Kergonrich, jusqu'à la grande route d'Auray à Hennebond. Pour s'y maintenir, il fallait s'emparer d'une forteresse, connue auparavant sous le nom de fort Penthièvre, et qui portait alors celui de sans-culotte. Il fut vivement attaqué, le 12 messidor, par trois frégates anglaises embossées sous ses murs. Sa garnison n'était composée que de quatre cents hommes; elle fut contrainte de capituler le 14 messidor. On la transporta sur les vaisseaux anglais. Ce succès rendait les royalistes maîtres de la presqu'ile de Quiberon.

Ils occupaient le camp de Jules-César lors1795. qu'il attaquait les Venetes.

CHAPITRE VII.

Retraite des royalistes dans la presqu'ile de
Quiberon. Les républicains attaquent le fort
Penthièvre.

DANS l'intervalle du 14 au 17, les républicains s'étaient rassemblés en assez grand nombre pour reprendre l'offensive; les royalistes, chassés d'Auray, furent obligés d'abandonner leur camp retranché de Carnac, pour se replier dans la presqu'île de Quiberon, sous la protection du fort Penthièvre. Un petit corps de chouans les suivit; les autres, cantonnés dans les campagnes environnantes, faisaient leur guerre accoutumée ; ils attaquaient les républicains quand ils pouvaient les surprendre, et fuyaient lorsqu'on marchait contre eux en ordre de bataille.

Le 18, quelques navires légers de la flotte anglaise, sur lesquels se trouvaient des piquets de cavalerie, traversant la baie du Morbihan, remontèrent la rivière de Vannes. Il paraît que le projet des Anglais était de surprendre cette ville, et de se répandre dans les cam

pagnes pour connaître les dispositions de l'armée vendéenne de Charette, saus laquelle AN 3. les vaisseaux qui bloquaient Lorient et PortLouis ne pouvaient se flatter de réduire ces places. Les troupes républicaines les forcèrent à renoncer à leur entreprise ; ils se retirèrent après avoir brûlé trois corvettes françaises en station dans la rivière.

L'armée française, campée à la vue du fort Penthièvre, au village de Sainte-Barbe, se renforçait tous les jours. Tallien pressait la levée en masse des habitans affectionnés à la république. Les royalistes reçurent aussi quelques secours. Retranchés dans le camp de Kousten, sous le fort Penthièvre, ils s'occupaient à augmenter les fortifications de cette place. Chaque jour était témoin de quelque combat; les armées ennemies semblaient se tâter avant d'en venir à une action décisive.

Les royalistes, entiérement resserrés dans la presqu'île, avaient résolu, le 28 messidor, de percer les colonnes républicaines, pour pénétrer dans l'intérieur, et y faire un versement de munitions et d'habillemens. Ils furent repoussés avec une perte considérable, abandonnant leur convoi, composé de plusieurs milliers d'habits complets, du pain, de la viande salée, du vin, de l'eau-de-vie, beaucoup de poudre et quelques selles anglaises. Toutes les dispositions du général Hoche

étaient faites, le 1.er termidor, pour livrer 1795. une bataille générale : elle ne pouvait être

décisive qu'après avoir enlevé le fort Penthièvre, qui couvrait les retranchemens des royalistes. Tous les jours il arrivait au camp républicain un grand nombre de déserteurs : c'étaient les prisonniers attirés sous les drapeaux des émigrés, par des manœuvres perfides.

On assure que, pour les déterminer, le gouvernement britannique leur faisait retrancher successivement la ration de pain formant leur nourriture. On calculait le degré d'affaiblissement de leurs forces physiques. Alors, les émigrés se présentaient à eux, et leur offraient un sort tolérable, s'ils voulaient prendre parti dans les régimens français levés en Angleterre.

Beaucoup résistèrent pendant long-tems; mais les horreurs de la famine, les maladies contagieuses qui terminaient la vie de leurs infortunés compagnons, périssant par milliers sous leurs yeux, décidèrent un grand nombre d'entr'eux. Ils ne furent pas plutôt débarqués, que, profitant de toutes les occasions offertes à eux d'abandonner leurs séducteurs, ils venaient rendre compte aux généraux républicains de tout ce qui se passait dans l'armée royaliste, de ce qu'on projetait, et des forces qu'on pouvait avoir. Quelques-uns assurèrent le général Hoche

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