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pierre s'y étaient rassemblés dans le plus grand nombre possible. Cependant le seul nom de AN 2. Robespierre avait un tel poids, que presque. personne n'osait se déclarer ouvertement contre lui; on se contentait de quelques attaques indirectes; elles faisaient d'autant plus d'impression, qu'elles étaient fondées sur des principes généraux de modération qu'on ne pouvait contester.

On observait que l'insurrection pouvait entraîner les suites les moins attendues; que la convention possédait évidemment le droit de décréter d'accusation un ou plusieurs de ses membres; qu'elle avait exercé ce droit sur Marat, sans que cet événement eût occasionné dans Paris un mouvement populaire. Pourquoi, ajoutait-on, Robespierre, suivant les traces de Marat, ne se présenterait - il pas avec confiance devant le tribunal révolutionnaire, redoutable aux traîtres seuls? N'existe-t-il pas encore des couronnes civiques pour ceindre son front aussitôt qu'il aura confondu ses calomniateurs ? Cet argument, très-concluant par lui-même, empruntait une nouvelle force de l'absence des pricipaux affidés de Robespierre. Le tems qu'il fallaitemployer en actions, se consumait en déclamations vaines et puériles. Les nouvelles contradictoires qu'on recevait, de momens en momens, augmentaient l'anxiété générale. Quel

ques jacobins sortaient de la salle pour s'ins1794. truire du véritable état de l'insurrection; d'autres, pour répandre leurs opinions; d'autres enfin, pour se mettre en sureté.

Vers les sept heures du soir, la salle ne pouvait contenir les spectateurs; et, malgré le serment qu'on avait fait de ne pas désemparer avant que les traîtres fussent anéantis, peu de membres restaient dans l'assemblée vers minuit.

La société avait arrêté qu'une correspondance active serait entretenue avec le conseil municipal. Elle avait reçu avec transport une députation du comité d'insurrection, qui lui déclarait qu'au son du tocsin le peuple s'assemblait de toutes parts pour écraser ses ennemis, et que les rênes du gouvernement étaient dans les mains de ce comité. Une seconde députation annonçait que la générale battait, et qu'Henriot avait fait passer à la commission des poudres une injonction de ne délivrer des munitions de guerre que sur les ordres du maire; qu'il avait changé le mot d'ordre; que la place de Grève était remplie de canons, et que toute la gendarmerie montait à cheval pour faire respecter les magistrats du peuple.

A minuit, des commissaires avaient été chargés de recommander aux officiers municipaux de prendre les mesures les plus

exactes pour la sureté des barrières. L'arrêté qui contenait les pouvoirs de ces commis- AN 2. saires était signé Froment, vice-président, Cazales, secrétaire. Ce fut la dernière mesure vigoureuse prise par les jacobins dans cette journée.

CHAPITRE XXXV.

Les gens de bien se réunissent à la convention pour comprimer les anarchistes.

La convention, instruite de la révolte des municipaux, avait mis hors la loi tous fonctionnaires publics qui prendraient les armes contre le corps législatif, tous les individus. qui s'opposeraient à l'exécution des décrets lancés contre Robespierre et ses complices. Ce fut l'objet d'une proclamation publiée lorsque le tocsin sonnait à l'hôtel-de-ville. Barras, Fréron, Ferraud, Rovère, Delmas, Léonard Bourdon, et Bourdon de l'Oise, avaient été nommés pour diriger la force armée.

Ces commissaires se présentaient successivement devant tous les postes. Les yeux s'étaient ouverts sur les manœuvres des anarchistes. On se ralliait généralement à la convention. Deux députés arrivent à la section des

Gravilliers. Le bataillon, sous les armes, at1794 tendait que le gouvernement lui fit connaître les ennemis qu'il devait combattre. A la voix des représentans, les citoyens se mettent en marche avec leurs canons; ils sont renforcés sur-le-champ par les détachemens nombreux des sections environnantes.

Toutes les rues aboutissant à la place de Grève sont occupées dans le plus profond silence. Cependant quelques particuliers avaient été chargés de sonder les dispositions des corps. armés qui occupaient la place. Séduits au premier abord par les partisans de Robespierre ils commençaient à sentir le mauvais effet que pouvait avoir leur erreur. Le rassemblement robespierrien se dissipait insensiblement de lui-même. Les ténèbres de la nuit cachaient une partie de ce changement; il ne fut clairement aperçu, que lorsqu'à la nouvelle du danger, les municipaux ayant fait le signal de prendre les armes, les groupes dispersés dans la maison commune et dans la place de Grève se rassemblèrent. Frappés de leur petit nombre, des bruits vagues et exagérateurs grossissant les phalanges qui s'approchaient, augmentaient encore leur embarras. En vain des motionneurs anarchistes, lancés par les municipaux dans la place, tentaient de stimuler l'ardeur éteinte des assistans par les phrases bannales dont les jacobins se servaient

ordinairement pour échauffer l'esprit de la multitude; d'autres motionneurs péroraient en AN 2. sens contraire; les paroles étaient neutralisées par des paroles.

Les assaillans s'avançaient peu-à-peu; déjà les têtes de leurs colonnes paraissaient dans la place. Débouchant à la fois par toutes les issues, leurs armes brillaient au clair de la lune. Toutà-coup au silence profond qu'ils observaient, succède le cri général : vive la république. Les citoyens rassemblés dans la place répondent par la même acclamation. Toutes les troupes se réunissent; les municipaux restent presque seuls dans l'enceinte de la maison commune. En vain ils voudraient fermer les portes de ce vaste édifice, une batterie de canons est sur le point de les briser.

CHAPITRE XXXVI.

Legendre se rend aux jacobins, engage les clubistes à se retirer. Ils accourent dans leurs sections respectives.

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se passait une autre scène aux jacobins. Malgré le nombre des clubistes qui avaient successivement abandonné l'assemblée, elle restait délibérante, et continuait de corres

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