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campagne aux environs de Londres, où il oublie l'objet de fon voyage pour se livrer tout entier à ces utiles découvertes. » On fe per» fuadera aisément, nous dit-il, que mes re» cherches ne peuvent avoir d'autres vues que » le progrès des connoiffances & le bien gé» néral de l'humanité. Si j'avois été avide du » gain, je les aurois abandonnées pour suivre » le chemin de la fortune qui m'étoit ouvert.... » Mais accoutumé dès mon enfance à l'étude, » qui fait les délices de ma vie, je fuis con» tent de mon fort. «<

On trouve dans la premiere section ou dans l'introduction de la feconde partie, la defcription d'un instrument dont M. l'abbé Fontana eft l'auteur, & qu'il propofe pour indiquer, d'une maniere exacte, le degré de pureté de l'air à l'aide du gas nîtreux. M. Ingen-Houfz s'eft fervi de ce nouvel eudiometre pour connoître les différens airs qu'il a obtenus dans fes expériences, & il le publie d'après la permiffion de M. l'abbé Fontana. Cet inftrument eft formé de trois pieces: la premiere eft un tube de verre de quatorze à vingt pouces de long, & d'un demi pouce de diamerre, trèsexactement calibré; il est divisé en espaces de trois pouces marqués par un trait de lime fur le verre; chacun de ces efpaces eft divifé en cent parties ou degrés exprimés fur une échelle de cuivre mobile qui gliffe le long du tube : la feconde piece eft un autre petit tube qui contient juste une des divifions du grand, & qu'on appelle mefure; cette mefure eft fixée

dans un chaton de cuivre garni d'une couliffe qui fert à féparer l'air qui y eft contenu de celui qui fe trouve au delà, & à vuider ce dernier en renverfant la mefure: la troisieme piece de l'eudiometre de M. Fontana eft un grand tube de cuivre plein d'eau, dans lequel on gliffe le grand tube de verre qui s'y foutient à l'aide d'un reffort fixé à l'anneau inférieur de l'échelle de cuivre adaptée à l'eudiometre. Pour effayer un air avec cet inftrument, on emplit la mesure de cet air; on ferme fa couliffe; on la retourne pour vuider l'air placé au-deffous de cette couliffe; on tranfvafe cette portion d'air dans le grand tube de verre; on y fait paffer de même une feconde mefure de cet air dont on veut connoître la pureté; on y introduit une mefure d'air nîtreux; on agite le tube avant que les deux airs se touchent; on les pofe dans le tube de cuivre pour les laiffer repofer. Lorsque l'eau eft remontée dans ce tube, on le gliffe dans fon échelle de cuivre jufqu'à ce que la ligne de la colonne d'eau fe trouve de niveau avec le zéro de l'échelle. On observe à quel nombre de cette échelle correfpond la ligne tracée fur le tube de verre qui fe trouve immédiatement au-deffus de l'eau, & on note ce degré. On fait paffer de la même maniere une feconde & une troifieme mesure d'air nîtreux qui fuffifent ordinairement pour indiquer la pureté de l'air ordinaire, & on obferve le nombre de l'échelle' qui coincide avec la divifion tracée fur le tube de verre au-deffus de la colonne d'eau. Lorf

que toute l'opération eft finie, on déduit le nombre des fubdivifions qu'occupe la colonne d'air reftant dans le grand tube de verre, de toutes les fubdivifions qu'on y a mises. Le réfultar donne exactement la quantité des deux airs détruits.

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Cette méthode ingénieufe de juger de la pureté de l'air par la réaction fur le gas nitreux, a plufieurs inconvéniens. L'auteur indique d'après M. l'abbé Fontana, vingt différentes fources d'erreurs qui peuvent faire varier le réfultat. Il avoue que l'inventeur de cette méthode a été plufieurs années avant d'agir fûrement avec fon inftrument, & d'obtenir des réfultats femblables avec le même air traité à différentes reprises. Nous ne pouvons entrer dans l'énoncé des fources d'erreurs que M. Ingen-Houfz indique; nous nous permettrons feulement une réflexion par laquelle nous terminerons cet extrait. Ne peut-on pas croire, avec beaucoup de raifon, qu'un inftrument fi difficile à conftruire relativement au jufte calibre des tubes de verre, fi délicat & fi vétilleux à employer, & fujet enfin à tant d'erreurs, eft capable de tromper les phyficiens qui voudroient s'en fervir, & d'empêcher que leurs expériences puiffent jamais être comparées. Sans parler ici de l'incertitude du degré de bonté de l'air nîtreux, qui n'est jamais le même, & fur lequel l'auteur lui-même, forme plufieurs doutes

très-bien fondés, n'eft il pas démontré que ces travaux fur les moyens de connoître la pureté de l'air, ne peuvent jamais qu'indiquer à quel

point tel ou tel air eft refpirable. Or, cette connoiffance n'eft que très peu de chofe relativement à celles qu'il feroit néceffaire d'acquérir fur les caracteres qui rendent l'air mal-fain ou contagieux dans les différentes maladies. H n'eft donc pas fi important qu'on pourroit l'imaginer, de favoir, en général, s'il l'eft ou s'il me l'eft pas quoi qu'il en foit, on ne peut difconvenir que la méthode de M. l'abbé Fontana ne foit très-ingénieufe, & qu'elle ne puiffe fur-tout avancer l'hiftoire des propriétés du gas très fingulier appellé air nitreux, par M. Priestley.

Cet extrait que nous venons de donner de l'ouvrage de M. Ingen-Houfz, doit fuffire pour montrer combien il eft intéreffant, & pour prouver qu'il ne faut pas regarder comme un tems mal employé, celui qu'on donne à des recherches qui paroiffent au premier coupd'œil minutieuses, & qui cependant font voir l'admirable économie de l'univers, la liaifon & la dépendance des élémens, & de presque tous les individus qui exiftent.

Une fingularité très-remarquable de cet ouvrage, c'est qu'ayant été compofé en anglois par M. Ingen-Houfz, il a été traduit élégamment en François par le même, quoique l'auteur foit né dans les Provinces-unies, & qu'il ait paffé la plus grande partie de fa vie dans les pays étrangers. M. Ingen-Houfz est encore un très-habile médecin qui fut appellé, il y a quelques années, à Vienne, pour innoculer arois princes de la maifon d'Autriche, & ar

rêter les fureurs de la petite-vérole qui moiffonnoit les rejettons de cette famille illuftre. (*) (Journal des favans; Mercure de France; Affiches & annonces de Paris.)

NOUVEAUX Contes turcs & arabes, précédés d'un abrégé chronologique de l'histoire de la maifon ottomane & du gouvernement de l'Egypte, & fuivis de plufieurs morceaux de poifie & de profe, traduits de l'arabe & du ture; par M. DIGEON, fecrétaire interprete du roi, & correfpondant de l'académie des infcriptions & belles-lettres. A Paris, chez Dupuis, libraire, rue de la Harpe. 2 vol. in-12. d'environ 300 pages chacun. Prix, 3 liv. 12 fols bro chés. 1781.

LA maison ottomane a eu plufieurs hifto

riens, & fon hiftoire n'eft pas cependant encore très-connue. Ce qu'on en trouve dans nos auteurs ne paroît pas toujours fondé fur des témoignages affez folides; & comme ces auteurs même fe contredifent fouvent, on ne fait jamais bien quand on doit leur donner fa confiance. L'ouvrage dont M. Digeon nous

(*) Voyez le journal de janvier, 1781, page 313, & 314.

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