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gne, dont les meilleures Pharmacopées exigent la stricte neutralité de l'iodure de potassium, envoie à l'étranger également du sel avec excès d'alcali. - Celui qui nous arrive de l'Angleterre contient presque toujours de l'iodate de potasse.

On évite un excès d'alcali, en recristallisant une seconde fois le sel obtenu d'abord et en séchant sur du papier à filtrer, qui absorbe toute l'eau-mère; mais ici on doit sacrifier la forme à la bonté du médicament. Les cristaux sont rarement grands, on en obtient beaucoup de petits, qu'on ne saurait livrer au commerce en gros. Ils sont très-purs et agréables pour la vente de détail.

On évite la présence de l'iodate de potasse, en calcinant l'iodure jusqu'à la fusion complète. On enlève ensuite avec une cuiller en fer la masse fondue, qui se trouve au centre, pour la dissoudre séparément. On la couvre à cette fin dans une capsule en porcelaine avec de l'eau distillée, dont la quantité ne doit pas dépasser de beaucoup le poids de la masse. On renouvelle cette eau, après avoir filtré la première solution; mais on doit essayer avec de l'acide acétique étendu chaque portion à part. L'iodate, s'il en reste, se trouve toujours dans les dernières eaux de lavage, parce qu'il est moins soluble que l'iodure.

Si l'on oublie la précaution d'enlever le sel parfaitement fondu au rouge, et si l'on verse de l'eau dans le matras, dans lequel la fusion a eu lieu, on est certain d'avoir de l'iodate immédiatement. Le sel se trouvant aux bords, n'ayant pas subi une chaleur assez forte pour être converti en iodure, une petite portion d'iodate se dissoudra, se mêlera avec le sel du milieu, qui était parfait, le gâtera de nouveau et obligera de recommencer l'opération, ce

qui est fort ennuyeux et occasionne une perte de temps.

MOYEN CHIMIQue de distingUER LE VRAI QUINQUINA ROYAL DU QUINQUINA JAUNE ET DE TOUTES LES AUTRES ESPÈCES DE QUINQUINAS;

par le même. Il y a quelques années à peine que les écorces des quinquinas étaient d'un prix si bas, que le menu des serrons était employé par les négociants au lieu de fagots, pour alimenter le feu. Grâce au système de prohibition de sortie, que les pays de provenance de ces écorces précieuses ont adopté, pour ne pas voir détruits en quelques années les arbres dont les Européens, après avoir abusé de leurs victoires, sont devenus tributaires; grâce à l'emploi de plus en plus fréquent de la quinine, nous payons aujourd'hui à des prix fous, ce qu'on dédaignait autrefois.

Le quinquina royal, vrai Calysaya, se vend aujourd'hui 20 fr. le kilogramme; aussi la rivalité des consuls de ces pays devient de plus en plus menaçante pour le détaillant. Ce sont des capitaux trèspuissants qui s'en disputent le monopole aujourd'hui. A la place de cette écorce si précieuse, on voit arriver une foule de nouveaux quinquinas, qui étaient autrefois à peine connus.

Le commerce sait rendre leur extérieur si séduisant, que le plus habile ne peut que s'y méprendre, et j'applaudis de tout mon cœur à ce que dit à cet égard M. A. Chevallier dans son Dictionnaire des altérations et falsifications des substances alimentaires Les quinquinalogistes sont sou» vent embarrassés pour se prononcer sur » les quinquinas, à plus forte raison les >> pharmaciens. >>

C'est une raison de plus de ne pas trop s'arrêter à ces magnifiques descriptions que nous possédons de chacune de ces écorces. On n'y voit pas plus clair que le botaniste qui commence à étudier les graminées dans les livres, qui traitent de la matière.

Heureusement la chimie nous vient en aide avec ses lois immuables, pour dé. brouiller ce qui ne paraît pas clair.

Nous savons que le vrai quinquina calysaya ne contient que de la quinine et pas de cinchonine. Nous savons de même que la quinine se dissout dans l'éther sulfurique, ce que ne fait pas la cinchonine. Or, toutes les espèces de quinquina, autres que le calysaya, contiennent, outre la quinine, de la cinchonine; nous avons donc un moyen tout prêt de distinguer le quinquina royal du quinquina jaune, qui

se vend de 6 à 8 fr. le kilogramme. Le voici Prenez un gros de quinquina concassé, délayez - le dans une demi-once d'eau distillée, acidulée avec quelques gouttes d'acide sulfurique. Faites macérer pendant quelques heures.

Passez la solution au filtre. Ajoutez de l'ammoniaque à l'excès, puis un volume d'éther sulfurique. Laissez reposer un instant. Deux couches se formeront.

Si le quinquina est du vrai royal ou calysaya, la couche inférieure sera à peu près parfaitement limpide (parce que la quinine reste dissoute ). Si l'on a affaire à toute autre espèce de quinquina, la couche inférieure sera troublée et laissera déposer quelques flocons de cinchonine. Comme on le voit, c'est l'application du procédé employé généralement pour reconnaître la pureté de la quinine.

Ne faut-il pas s'étonner qu'aucun traité de pharmacologie n'ait songé à un moyen si simple?

Falsifications.

REMARQUES SUR L'EMPLOI de l'acide sulFURIQUE COMME MOYEN DE RECONNAITRE LA PRÉSENCE DE LA SALICINE DANS LE SULFATE DE QUININE; par M. F. L. ACAR, pharmacien, secrétaire de la Société de pharmacie d'Anvers.

La salicine fut à peine découverte que la fraude s'en empara pour la mélanger avec le sulfate de quinine. Les caractères physiques et chimiques de cette substance se prêtaient on ne peut mieux aux intentions des falsificateurs. Malheureusement pour eux, cette industrie si lucrative ne dura pas longtemps la salicine ayant été soumise à un examen attentif, les chimistes ne tardèrent pas à reconnaître qu'elle jouissait d'une propriété particulière telle que sa présence devenait des plus faciles à constater, sa coloration en rouge de sang par l'acide sulfurique concentré. La découverte de cette réaction fut bientôt répandue et le commerce offrit dès lors moins de sulfate de quinine adultéré par ce corps étranger.

L'acide sulfurique devint donc le réactif par excellence pour déceler la salicine. Il restait encore à constater jusqu'à quel point ce réactif était sensible: la coloration en rouge s'arrêtait-elle à un mélange de 10 pour 100 du sulfate, ou pouvaitelle dépasser ce point? Si l'on s'en rapporte à ce qui a été écrit à ce sujet par différents auteurs, cette réaction ne serait manifeste que dans les mélanges où la

salicine se trouve en forte proportion, et elle perdrait par ce fait beaucoup de sa valeur.

M. A. Chevallier, en parlant du sulfate de quinine dans son Dictionnaire des altérations et falsifications des substances alimentaires, médicamenteuses et commerciales, etc., dit que l'addition de l'acide sulfurique suffit pour produire dans un mélange à 17100 une belle teinte rouge coquelicot; il ajoute en note: « D'après » M. Peltier, de Doué, l'acide sulfurique » ne donne un résultat concluant que » lorsque le sulfate de quinine ne contient » pas moins de 10 070 de salicine; en » dessous de cette quantité, on n'obtien» drait pas une coloration assez nette » pour s'assurer de sa présence, et pour » prononcer hardiment, il faudrait isoler > la salicine en se fondant sur son insolu> lubilité dans la solution acide de sulfate » de quinine.

» Ce fait n'a pas été confirmé par les » expériences de M. Verbert et de M. Acar. » Suivant ces chimistes, on peut facilement > reconnaître dans le sulfate de quinine 17100 de salicine par la coloration rouge que donne l'acide sulfurique versé sur le sulfate adultéré. Toutefois, pour que » l'essai réussisse, il faut placer la ma»tière dans un verre de montre, de ma»> nière à ce qu'elle présente dans son > centre une légère concavité, et on laisse en repos. >>

Comme on le voit, le savant auteur de ce Dictionnaire cite les faits sans commentaire, laissant aux lecteurs le soin de s'assurer par eux-mêmes de quel côté est la vérité.

J'ai cru inutile de soulever, à l'époque de l'apparition de l'ouvrage de M. Chevallier, une question aussi facile à résoudre; si je m'en occupe aujourd'hui, c'est que j'y ai été porté par la lecture du Cours de chimie générale, récemment publié par MM. J. Pelouze et Fremy (édition de 1850). On lit à la 245e page, 5e volume de cet ouvrage : « La salicine se colore en rouge » lorsqu'on la chauffe légèrement avec de » l'acide sulfurique concentré. Si la pro> portion est considérable dans le sulfate » de quinine, on peut mettre à profit » cette propriété pour reconnaître sa pré»sence; mais lorsque cette proportion » n'excède pas 10 pour 100, il vaut mieux » dissoudre le mélange dans six fois son

poids d'acide sulfurique concentré, et » ajouter douze parties d'eau qui détermi» nent la précipitation de la salicine. »

On peut conclure de ce passage que la coloration en rouge par la simple addition de l'acide sulfurique à la matière adultérée,

n'a lieu que lorsqu'elle renferme au moins 10 pour 100 de salicine, et que par conséquent ce mode d'essai laisse beaucoup à désirer. M. Verbert ayant fait connaitre, en 1845, un procédé au moyen duquel on peut facilement reconnaitre 1 pour 100 de salicine dans le sulfate de quinine, procédé rapporté dans mon Traité des falsifications des substances médicamenteuses, etc., je n'ai pu résister au désir de reprendre les expériences que j'ai faites à ce sujet en 1848.

Expériences. — Mélange par trituration de 0,01 de salicine et de 1,00 de sulfate de quinine, placé dans un verre de montre: coloration en rouge de sang par l'addition de trois ou quatre gouttes d'acide sulfurique concentré versées dans une légère dépression centrale du mélange.

Même opération avec 0,01 de salicine et 2,00, 5,00 et 10,00 de sulfate de quinine: ces divers mélanges se sont également colorés en rouge vif; le dernier à 11000 était lui-même d'un rouge trèsprononcé.

Ces colorations se produisent en moins de dix minutes; elles sont beaucoup accélérées si l'on favorise le contact de l'acide avec la poudre par un mouvement rotatoire imprimé au verre, tout en laissant à l'acide sa forme sphérique.

Il résulte done de ces expériences, que l'on peut reconnaitre non-seulement 10 pour 100 de salicine dans le sulfate de quinine, mais même 171000.

Je me suis arrêté à cette dernière épreuve. Nul doute que la sensibilité de l'acide sulfurique sur la salicine ne s'étende encore au-delà de ce point. Si j'ai signalé en 1848 que l'on pouvait facilement reconnaître par ce réactif 1 pour 100 de salicine, c'est que je pensais que cet essai était suffisant, car il est peu probable que la fraude s'exerce en dessous de cette proportion.

Je terminerai ces observations en engageant mes collègues à répéter ces essais. On comprend qu'il ne faut pas tout accepter sans contrôle, et que dans maintes circonstances il est prudent de se livrer soimême à un examen attentif et de ne s'en rapporter qu'à ses propres expériences. (Archives belg. de méd. militaire.)

Pharmacie.

NOTE SUR LA PRÉPARATION DES HUILES ET GRAISSES MÉDICINALES; par M. LHERMITE. Il est un certain nombre de médica ments officinaux ayant pour excipient un

corps gras et des matières végétales pour agents thérapeutiques, que le Codex conservateur fait préparer au moyen de plantes vertes. Nul doute que ce ne soit par respect pour la tradition, car ce procédé réunit toutes les conditions défavorables. La matière grasse, exposée à l'action simultanée d'une chaleur de 100° au minimum et d'un courant de vapeur d'eau, n'a, pendant plusieurs heures, d'autre emploi que de s'altérer; car les herbes ne s'en laissent imprégner qu'après avoir perdu toute leur eau. Ces herbes elles-mêmes ne sauraient impunément subir l'influence des deux agents précités : la coagulation de l'albumine (phénomène le plus facile à prévoir) n'a-t-elle point, en tout cas, pour conséquence la dissimulation partielle des matériaux qu'enveloppe cette substance concrétée et leur soustraction à l'action des corps gras?

Il y a dans l'opération deux phases bien distinctes une dessiccation des plantes au sein du corps gras échauffé suivie d'une digestion des herbes desséchées dans le liquide même : c'est seulement dans cette seconde période que l'huile exerce une action véritablement efficace. La première peut être avantageusement remplacée par une dessiccation des plantes à l'air libre où elles conservent mieux leurs propriétés, et l'on n'a pas besoin de faire subir à la matière grasse un échauffement préjudiciable et d'ailleurs superflu.

L'an dernier j'ai fait du baume tranquille, de l'onguent populéum et des huiles de jusquiame, de belladone, de stramoine, de ciguë, comparativement avec des plantes vertes et au moyen d'herbes sèches. Je ne prenais de celles-ci que les quantités fournies à la dessiccation par les poids employés des premières, afin d'avoir de part et d'autre la même quantité de substance réelle. Les plantes sèches m'ont toujours donné un produit bien supérieur; autant que l'œil, notre seul guide ici, en peut juger. Il n'est point d'ailleurs irrationnel de conclure, dans de certaines limites, de la conservation de la couleur à celle d'autres principes organiques.

Ayant eu, cette année, l'occasion de répéter mes expériences et étant arrivé aux mêmes résultats, je n'hésite pas à proposer de renoncer, sauf l'autorisation du Codex, au mode opératoire qu'il prescrit.

Le commerce de l'herboristerie fournit rarement les plantes dans l'état le plus convenable à ces préparations : il faut faire sécher soi-même, au séchoir, les herbes qu'on y destine. Il convient encore, avant de les plonger dans l'huile ou la graisse, de les mettre pendant une heure à l'étuve

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DE LA PRÉPARATION DE L'HUILE DE MORPHINE; par M. SAINT-LAGER. L'huile de morphine se prépare habituellement en dissolvant l'acétate de morphine dans une petite quantité d'eau qu'on ajoute à l'huile. Or qu'arrive-t-il ?

Le sel de morphine ne se dissout pas dans l'huile et gagne le fond du flacon. L'agitation du mélange ne peut donner qu'un médicament inconstant dans sa composition. Quant aux effets thérapeutiques, je ferai remarquer qu'un liquide aqueux et un liquide huileux ne peuvent filtrer en même temps à travers une membrane; d'où il résulte que, lors de l'application du médicament sur la peau, l'huile seule est susceptible d'être absorbée.

Pour obtenir une absorption intégrale il faudrait que le sel morphique, au lieu d'être en suspension dans l'huile, s'y trouvât dissous.

C'est pour arriver à ce résultat que je propose de préparer l'huile de morphine de la manière suivante :

Au lieu d'acétate de morphine, j'emploie la morphine pure, que je dissous dans une petite quantité de chloroforme; j'ajoute alors la dose d'huile prescrite et j'obtiens une solution complète, d'une composition parfaitement homogène.

Si la quantité de chloroforme nécessaire n'était pas aussi minime, je dirais que ses propriétés sédatives s'ajoutant à celles de la morphine, on aurait un médicament plus actif. (Ibid.)

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Pr. Extrait alcooliq. de cévadille, 1 gram.
Aloès des Barbades,
Scammonée d'Alep,
Faites 100 pilules.

M. le docteur Gaffard, auteur de cette formule, fait prendre deux de ces pilules toutes les heures, jusqu'à ce qu'elles aient produit un effet purgatif prononcé, c'est-àdire, jusqu'à ce qu'on ait obtenu 4, 5, 8 ou 10 selles dans les vingt-quatre heures. L'action purgative de ces pilules étant en raison directe du nombre des pilules administrées, M. Gaffard pense qu'il est nécessaire de régulariser leur effet et de le rendre uniforme. I recommande, pour atteindre ce but, de mettre entre les prises des intervalles graduellement croissants, et fixe à trois heures la raison arithmétique de cet accroissement. Ainsi, après avoir obtenu l'effet désirable, à quelque nombre qu'on soit arrivé, on retarde la prise suivante de trois heures, c'est-à-dire qu'au lieu de six heures d'intervalle on en mettra neuf; à la prisc suivante, on en mettra douze; à la suivante quinze, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on ait pris une vingtaine de pilules, nombre ordinairement suffisant.

On boit, pour faciliter la déglutition et la digestion de ces pilules, une tasse d'infusion chaude et légère de tilleul, de sureau ou de thé. Ce liquide chaud constitue la boisson ordinaire du malade pendant l'effet purgatif.

(Bulletin général de thérapeutique.)

Toxicologie.

SUR L'HYPOCHLORITE DE MAGNÉSIE, COMME ANTIDOTE DU PHOSPHORE; par M. BÉCHERT. - Depuis que la pâte phosphorée qui sert aujourd'hui à la destruction des rats, s'est répandue en grande quantité dans le commerce, les accidents que produit l'emploi ou le maniement du phosphore sont devenus eux-mêmes plus fréquents et plus redoutables; on ne saurait donc accueillir avec trop d'empressement un antidote qui

aurait vraiment la propriété de combattre les effets toxiques de cette dangereuse sub

stance.

Déjà M. Orfila a conseillé l'emploi de la magnésie calcinée. Partant de ce point que le phosphore n'a d'action délétère sur nos organes qu'en raison de l'oxygène qu'il absorbe et des acides qu'il forme, il assimilait son action sur l'économie à celles qu'y produisent les acides eux-mêmes, et le combattait par conséquent par les mêmes moyens. Cependant la magnésie calcinée, essayée depuis dans plusieurs circonstances et par des expérimentateurs dignes de foi, s'est trouvée complétement insuffisante, ce qui tient sans doute à ce que l'action du phosphore est plus compliquée que ne l'avait pensé M. Orfila, et à ce que la magnésie ne détruit qu'une portion de ses effets.

Quoi qu'il en soit, l'un des expérimentateurs dont nous venons de parler, M. Duflos, a reconnu qu'on pouvait compléter l'action de la magnésie par l'emploi simultané de l'eau chlorée, et sans chercher à expliquer l'action de cette eau chlorée, sans citer non plus le détail des expériences où elle avait réussi, il l'a conseillée néanmoins à tous ceux qui pourraient avoir à combattre les effets du phosphore. L'emploi simultané de la magnésie et de l'eau chlorée revient à celui de l'hypochlorite de magnésic: on peut donc espérer obtenir de bons résultats par l'emploi de ce sel. C'est ce que vient de faire M. Béchert, et les expériences auxquelles il s'est livré sur l'hypochlorite de magnésie, ne laissent aucun doute sur sa valeur comme antidote du phosphore. Ayant administré un gramme de phosphore à deux lapins également valides et également bien constitués, il a fait prendre à l'un d'eux seulement, au bout de quelques instants, une certaine quantité d'hypochlorite de magnésie, mêlée à un excès de magnésie. Or, celui des deux lapins qui n'avait pas pris l'antidote, est mort en très-peu d'heures, en éprouvant tous les symptômes d'empoisonnement par le phosphore; l'autre, au contraire, n'a paru éprouver aucun effet fâcheux de son administration.

Pour se rendre compte de la manière dont agit l'hypochlorite de magnésie en pareil cas, il faut comprendre comme M. Béchert, que l'action délétère du phosphore ne tient pas seulement à l'absorption de l'oxygène et à la formation d'acide phosphorique, mais qu'elle tient encore et surtout à l'absorption de l'hydrogène et à la formation d'hydrogène phosphoré. La magnésie est propre à neutraliser le premier effet seulement; le chlore ou l'acide

hypochloreux annule et détruit le second. La théorie marche d'ailleurs en parfait accord avec l'expérience, car lorsqu'on fait réagir l'un sur l'autre, l'hypochlorite de magnésie et l'hydrogène phosphoré en présence d'un excès de magnésie, on observe une décomposition réciproque dont les seuls produits sont du phosphate et de l'hydrochlorate de magnésie. L'équation suivante montre parfaitement cette réaction:

5Mg0+PH3+4(MgOCIO)=5(MgOPO3)+ 5HO-+-4MgCl.

(Ibid.)

SUR L'EMPLOI DU MOLYBDATE D'AMMONIAQUE POUR DÉCOUvrir l'arsenic dans les recherCHES MÉDICO-LÉGALES; par M. H.STRUVE. En 1848, MM. Svanberg et Struve ont recommandé l'emploi du molybdate d'ammoniaque, comme réactif de l'acide phosphorique. Bientôt après, M. H. Rose a démontré que l'acide arsénique se comportait avec le molybdate d'ammoniaque comme l'acide phosphorique lui-même; et M. Struve propose aujourd'hui d'utiliser cette réaction, soit pour découvrir la nature des taches que donne l'appareil de Marsh, soit pour isoler l'arsenic sous la forme d'une combinaison qu'on peut ensuite essayer à l'appareil de Marsh. Voici la réaction dont il s'agit :

Lorsqu'on mélange une solution d'acide arsénieux avec un grand excès d'une solution de molybdate d'ammoniaque et qu'on chauffe, il se forme un précipité jaune cristallin. Ce précipité qui apparaît sous le microscope sous la forme de dodécaèdres très-réguliers, est insoluble dans les acides et dans les solutions salines. L'acide sulfurique concentré est sans action sur cette combinaison à la température ordinaire; à chaud, il la dissout en formant un liquide incolore qui peut être étendu d'eau sans se troubler.

Ce précipité est formé par du quintimolybdate d'oxyde d'ammonium renfermant environ 7 pour 100 d'acide arsénique. Lorsqu'on le chauffe à l'état sec dans un tube bouché, il se décompose en dégageant de l'eau et de l'ammoniaque, en même temps qu'il se sublime de l'acide arsénieux et qu'il reste de l'oxyde de molybdène. Chauffé avec du charbon, il laisse sublimer de l'arsenic métallique, caractère qui permet de démontrer trèsfacilement la présence de ce métal.

Introduit dans un appareil de Marsh, le sel jaune ne donne lieu qu'au bout de quelque temps, à un dégagement d'hydrogène arséniqué. Pour que la formation et

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