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même douleur. La combinaison des deux alcalis, amalgamés avec de la charpie, a, dit l'auteur, la même énergie que la pâte de Vienne, et c'est de ce mélange qu'il se servait avant la découverte de ce caustique.

Acide malique.

Déliquescent à l'air où il acquiert une consistance sirupeuse, c'est dans cet état que l'auteur fait usage de ce caustique. On l'a proposé comme succédané du nitrate acide de mercure. Il est moins énergique que ce caustique, mais en revanche il ne partage pas ses inconvénients. L'auteur en conseille l'emploi dans les ulcérations intra et extra utérines. La douleur qu'il produit est pénétrante mais passagère. L'escharre se détache du 8e au 10 jour.

Nitrate de plomb.

Agent caustique et styptique à la fois; coulé sous forme de crayon, il sert à réprimer les bourgeons charnus chez les sujets lymphatiques et irritables qui ne supportent pas les autres caustiques, et notamment dans les cautérisations intrautérines, les fissures à l'anus, les ulcères chroniques. Taillé en pointe fine, l'auteur l'a appliqué avec succès à la cautérisation successive des granulations de la conjonctive. Pour calmer la cuisson qui en résulte, il suffit d'une compresse d'eau froide laissée à demeure pendant trente minutes. Le nitrate de plomb réduit en poudre fine, et mélangé avec parties égales de sucre pulvérisé, lui a réussi dans l'ozène. La dose est d'une prise par jour. Il ne produit qu'une très-faible douleur. Les eaux-mères résultant de la préparation de ce sel sont encore, selon l'auteur, un excellent cathérétique qu'il applique à l'aide de la charpie sur les larges ulcérations.

Tartre stibié.

L'auteur dit avoir fait usage de ce sel sous forme pulvérulente ou en dissolution dans cent parties d'eau, à titre de caustique. Vingt-quatre à quarante-huit heures d'application produisent, selon lui, une escharre de trois à quatre lignes d'épaisseur, et il le recommande comme un agent sûr et excellent pour réprimer les chairs exubérantes. Il regarde encore la solution de deux grammes de ce sel dans cinq cents grammes d'alcool comme un puissant résolutif.

Nous avons voulu vérifier ces assertions. Une couche de tartre stibié pulvérisé, de trois à quatre millimètres d'épaisseur, fut appliquée, pendant 24 heures, sur un ulcère blafard et indolent de la jambe, que l'on recouvrit ensuite d'une compresse

maintenue à l'aide d'une bande. La douleur, peu marquée d'abord, ne tarda pas à devenir vive et brûlante, avec élancements dans le membre, pour se calmer et se dissiper treize à quatorze heures après. Le lendemain, nous trouvâmes la plaie sèche et un peu plus animée, sans le moindre indice d'escharre. Le sel, à demi fondu par l'exsudation séreuse, s'était imbibé dans la compresse superposée, laquelle, en se desséchant, était devenue raide comme du carton. La partie répondant à l'ulcère était seule légèrement humectée. Grâce à cette dessiccation sans doute, le sel porté par l'exsudation au delà des limites de l'ulcère, n'y avait exercé aucune action.

Après avoir lavé la plaie, on la recouvrit de charpie sèche et d'une bande roulée, et l'appareil ne fut levé que le surlendemain, c'est-à-dire le quatrième jour après l'application. La charpie était alors fortement adhérente à la surface de l'ulcère: il fallut l'enlever de force. Un liquide sanguinolent s'échappa pendant cette opération, et nous trouvâmes l'ulcère recouvert d'une couche noirâtre que nous primes d'abord pour du sang caillé, mais que nous essayâmes en vain de détacher à l'aide de l'éponge. Il fut recouvert d'un gâteau de charpie cératé. Vingt-quatre heures après, la couche avait changé d'aspect; elle était devenue d'un blanc jaunâtre, molle, rẻsistante et fortement adhérente à la plaie. C'était une escharre de deux lignes environ d'épaisseur, siégeant sur un fond légèrement violacé, sans autre symptome de réaction locale.

Nous continuâmes le même pansement pendant quelques jours encore et la plaie n'a pas changé d'aspect. Nous substituàmes au cérat les applications de teinture de myrrhe et de teinture d'iode, additionnées de deux tiers d'eau, sans activer notablement le travail d'élimination : l'escharre ne tomba que le 25 jour, laissant à nu une plaie pâle et suppurante qui n'était pas encore en voie de cicatrisation sept jours plus tard, époque ou le malade quittait l'infirmerie. Il faut observer toutefois que l'ulcère, placée au-dessus de la malléole externe, se trouvait dans une position peu favorable à la cicatrisation.

En recherchant les causes de l'action caustique du tartre stibié, nous la trouverons, avec M. Mialhe, dans la combinaison de l'antimoine de ce sel avec le chlore qu'il rencontre dans les tissus. Il en résulte un chlorure d'antimoine, et la potasse, dégagée de la combinaison, agit de son côté comme les caustiques alcalins. De là, sans doute, cette liquéfaction du sang

qui s'est échappé en levant l'apparei, lcar l'action du chlorure d'antimoine sur ce fiquide est éminemment plastique.

Nous avons employé à plusieurs reprises l'alcool stibié comme agent résolutif, et nous n'avons pas trouvé que ce mélange car ce sel ne se dissout point dans l'alcool, comme le dit l'auteur-füt plus résolutif que l'alcool pur. Ce qui a pu, selon nous, donner le change à cet égard, c'est que parfois il détermine une légère éruption papuleuse, dont l'action révulsive, jointe à l'action résolutive de l'alcool peut, dans certaines circonstances, produire des effets plus marqués que ce liquide seul.

-

Ici se borne, Messieurs, ce que nous avions à dire au sujet de ce Mémoire. Vous avez déjà compris que la classification adoptée par l'auteur est essentiellement vicieuse, d'abord parce qu'elle n'est nullement pratique, et ensuite parce qu'elle laisse trop à l'arbitraire. Ceci est tellement vrai que l'ordre de progression qu'il adopte diffère, en beaucoup de points, de celui de M. Canquoin. Et puis, dans cette classification où les composés similaires sont relégués dans des divisions différentes, car l'auteur établit des divisions, – où les substances les plus différentes par leur composition chimique se trouvent réunies, nous ne voyons pas quelle indication l'on peut déduire, pas plus de l'étude du genre que de l'action particulière chaque agent; aussi l'auteur n'en déduit-il aucune il se borne à rappeler les caractères physiques des escharres et les circonstances qui réclament l'emploi de tel et tel caustique; il mentionne, comme par accident, l'état de fluidité ou de plasticité du sang, sans chercher à remonter à sa source; ou bien s'il la recherche, c'est pour répéter, avec M. Canquoin, que l'hémorrhagie produite par la potasse est duc à l'érosion des vaisseaux.

de

Enfin, Messieurs, sous quelque rapport que nous envisagions ce travail, nous n'y trouvons ni originalité, ni méthode, ni aucun autre mérite qui le recommande à vos suffrages.

Nous concluons donc de ce qui précède: 1o Que le Mémoire No 1 n'a droit à aucun encouragement;

2o Que le Mémoire No 2 remplit toutes les conditions exigées par le programme.

Nous vous proposons en conséquence: de décerner le prix à l'auteur du Mémoire No 2, et d'inscrire son nom sur la liste des membres correspondants, s'il ne l'est déjà;

De déférer à MM. les professeurs Bonnet et Desgranges, ainsi qu'à M. Ferrant, pharmacien en chef de l'Hôtel-Dieu de Lyon, qui ont pris une part plus ou moins directe à la collaboration de ce travail, aux deux premiers le titre de membre honoraire, et au troisième celui de membre correspondant de la Société.

De renvoyer le Mémoire au Comité de publication, pour que ce dernier lui fasse subir quelques modifications indispensables avant d'être livré à l'impression.

ERRATUM. Page 565, ligne 55, il cst dit, à propos du Nitrate acide de mercure: Il n'entame la peau que dépourvue d'épiderme; lisez: Il entame la peau non dépourvue d'épiderme.

L'heure étant trop avancée pour ouvrir la discussion sur ce long et intéressant rapport, et la Société se trouvant d'ailleurs suffisamment éclairée par l'analyse détaillée présentée par la Commission, elle passe immédiatement au vote sur les conclusions, qui sont adoptées à l'unanimité.

En conséquence, le Président ouvre le lauréat du concours M. le docteur Raymond billet annexé au Mémoire no 2, et proclame Philipeaux, membre correspondant, à Lyon. Il proclame ensuite, comme membres honoraires de la Société, M. le docteur Bonnet, chirurgien en chef de Desgranges, chirurgien en chef désigné du l'Hôtel-Dieu de Lyon, et M. le docteur respondant, M. Ferrant, pharmacien en même hôpital (1), et comme membre corchef du même hôpital.

La Société vote ensuite des remerciments à M. le docteur Delstanche, pour le savant et consciencieux rapport qu'il vient imprimé. de faire, et décide que ce rapport sera

Quant au Mémoire couronné, dont le rapport a réellement donné toute la substance, il est renvoyé au Comité de publide ce travail, il y a possibilité ou non de cation, qui aura à décider si, vu l'étendue l'imprimer dans le Journal de la Compagnie.

pondant de la Société, depuis le 6 décembre 1824. (1) M. Desgranges était déjà membre corres

IV. VARIÉTÉS.

NOUVEAU PROCÉDÉ de réduction dES HERNIES; par M. le professeur SEUTIN. L'illustre professeur de clinique chirur

gicale à l'Université de Bruxelles, vient d'enrichir la chirurgie d'un nouveau procédé pour la réduction des hernies. Ce

procédé va encore diminuer le domaine de la médecine opératoire que M. Scutin a déjà resserré dans de si étroites limites. Ce procédé est des plus simples et des plus inoffensifs; il consiste dans la rupture de l'anneau fibreux déterminant l'étranglement, à l'aide du doigt indicateur introduit dans l'anneau inguinal. C'est à partir de 1849 que M. Seutin a fait usage de ce procédé dans un cas dont l'observation a été publiée dans ce journal; depuis il l'a répété plusieurs fois et toujours avec un succès constant. Le 31 mars dernier, il l'a pratiqué sur un voiturier atteint de hernie inguinale étranglée, et le succès le plus complet, nonobstant les conditions défavorables du malade, est venu couronner cette tentative. Le chirurgien de l'hôpital Saint-Pierre ne s'est pas borné à cette démonstration purement pratique; il a encore, en présence de M. Lombard, de Liége, et de plusieurs praticiens, démontré sur le cadre comment cette rupture pouvait s'opérer, et cela avec la plus grande facilité. Désormais l'opération de la kélotomie va devenir une rare exception; espérons que sous peu notre savant confrère publiera, sur ce procédé, un mémoire appuyé sur des faits, qui en généralisera l'application dans le monde médical. (La Presse médicale belge.)

La Pharmacopée belge, si longtemps attendue, est terminée; elle peut paraître aussitôt que M. le Ministre voudra bien en donner l'ordre. Mais le texte latin seul ayant été imprimé et la traduction française n'étant pas encore prête, il a été question, à ce qu'on nous a assurés, de différer la mise en vente du texte latin jusqu'à ce que la traduction française pût être également offerte au public. Dieu sait jusqu'où nous conduirait l'attente de cette traduction! Si nous sommes bien informé, M. le Ministre de l'intérieur, désirant aller au-devant des justes réclamations et de l'impatience du corps médical, serait disposé à autoriser la vente immédiate du texte latin et cette mesure recevrait son exécution sous peu de jours. Espérons et attendons!

PRIX PROPOSÉS :

La Société de médecine de Lyon met au concours la question suivante : « Déterminer l'influence que les récentes découvertes chimiques et physiologiques, rela

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FIN DU DIX-HUITIÈME VOLUME.

DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.

Abeille. Nouvelle extension donnée à la
méthode des injections iodées, comme
méthode générale de traitement chirur-
gical, 459.

Aberration mentale (Considérations médico-

légales sur deux cas assez rares d'), 66,

173.

Académie de médecine de Belgique. Comp-

tes-rendus des séances, 99, 193.

Académie de médecine de Paris. Comptes-

rendus des séances, 72, 82, 179, 183,

187, 188, 190, 491, 268, 277, 278,
280, 282, 283, 362, 365, 566, 367,
472,474, 478.

Académie des sciences de Paris. Comptes-
rendus des séances, 85, 86, 285, 287,
370, 572, 375, 375, 376, 478, 479.
Acar. Remarques sur l'emploi de l'acide
sulfurique comme moyen de reconnaître
la présence de la salicine dans le sulfate
de quinine, 62.

Accouchement; de quelques contre-indica-
tions du seigle ergoté pendant le travail,
350.

Acétate de cuivre; ses bons effets contre les

crampes liées à la grossesse, 244.

- de plomb; son emploi contre la pneu-
monie et la hernie étranglée, 41.

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Apoplexie cérébrale; sur son traitement,

450, 530.

Appareil au plâtre; sur les avantages qu'il présente dans le traitement des fractures, des entorses et des tumeurs blanches, 255.

Arbousier; sur sa racine comme succédanée de la racine de ratanhia, 160. Arnott. Nouveaux faits à l'appui de l'emploi des mélanges réfrigérants dans le cancer, 558. Arrow-root des colonies anglaises de l'Inde (Sur l'), 548.

Arsenie; emploi du molybdate d'ammoniaque pour découvrir ce corps dans les recherches médico-légales, 65. - Sa recherche chimico-légale dans un cas d'empoisonnement, 464. Arsenicophages (Sur les), 403.

Art de guérir; discussion du projet de loi,

295.

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Blengini. Falsification de la crème de tartre par le sucre de lait et moyens de la reconnaître, 455.

Blennorrhagie; son traitement par le tannate de zinc, 254.

Bock. Sur une nouvelle forme de la gale, 243. Bonnafont.

Traitement des ophthalmies par l'occlusion complète des yeux, 152. Booth. Des affusions froides dans l'éclampsie puerpérale, 254.

-

Borgetti.

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Bons effets de l'infusion de la seconde écorce de sureau dans l'épilepsic, 341. Bouchardat.

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Sur l'arrow-root des colonies anglaises de l'Inde, 548. Bougard. Rapport sur un travail relatif au traitement des hydropisies des grandes cavités closes, 87.

Boulu. Tumeur lymphatique guérie par l'électricité magnétique, 248. Bremon.

Considérations pharmacologiques sur le chloroforme, 263. Bromure de potassium; son action sédative sur les organes génitaux, 434. Bronchite de forme spasmodique; son traitement, 339.

Bruguier. · Guérison radicale des fièvres

intermittentes rebelles par la saignée du pied pratiquée au début de l'accès, 556. Bubon; son traitement par le tartre stibié à dose controstimulante, 557. Buisson. Observation de glossalgie intermittente, 245.

Bulbe rachidien; mort à la suite de sa compression par une carie de l'atlas, 519. Burin-Dubuisson. Sur le meilleur mode de préparation du perchlorure de fer liquide, 356.

C

Cadet de Gassicourt. — Du phellandre aquatique, 546.

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