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Traitement du testicule tuberculeux par les

caustiques.

C'est dans les différentes formes de l'affection scrofuleuse, dit l'auteur, que le chlorure de zinc donne les résultats les plus avantageux. Il remplit deux indications distinctes:

1° Détruire les tissus altérés ;

2 Imprimer aux parties sous-jacentes un degré de vitalité qui en accélère la cicatrisation, toujours si difficile à obtenir dans ce genre d'affections.

Les glandes tuberculeuses superficielles, les trajets fistuleux anciens, les ulcérations fongueuses, les décollements de la peau, les caries superficielles, réclament surtout son emploi. Une légère cautérisation, ajoute l'auteur, suffit ordinairement pour déterminer une réaction locale salutaire; mais dans d'autres circonstances, il faut parfois agir avec énergie.

A l'appui de ces considérations, il rap porte une observation empruntée à M. Bonnet d'un engorgement tuberculeux du testicule, du volume du poing, dur, bosselé, fluctuant et présentant trois trajets fistuleux d'où s'échappait un pus grumeleux, traité par le chlorure de zinc. L'introduction du caustique dans les fistules, renouvelée à trois reprises après la chute de la mortification, amena la destruction de la tumeur, et la guérison était complète au 45 jour.

Nous voyons ici le chirurgien bien moins préoccupé de l'élégance et de la promptitude du procédé que du véritable but de l'opération. C'est là, Messieurs, un des caractères et nous dirons une des gloires de la chirurgie moderne, de faire taire toute autre considération en présence de l'intérêt du malade. Certes, l'instrument tranchant eût été bien plus expéditif, il eût mis bien autrement en relief le talent de l'opérateur, il eût abrégé les souffrances et la durée du traitement; mais cette méthode lui offrait-elle les mêmes chances de succès pour l'avenir?

Traitement des kystes du poignet par la

cautérisation.

Nous savons à quels accidents exposent les opérations pratiquées sur les kystes du poignet; nous savons que les incisions, les sétons et jusqu'aux simples ponctions donnent parfois lieu à des suites funestes, même dans des mains habiles, de telle sorte que la plupart des chirurgiens n'y portent plus l'instrument. Eh bien! dans ce cas encore, le caustique a trouvé une heureuse application. Il est vrai que l'essai

n'en a été tenté que deux fois jusqu'ici; mais les résultats obtenus sont dignes d'attention. Les deux observations offrent cette particularité inattendue, qu'à la chute de l'escarrhe qui n'occupait que la partie susannulaire du kyste, on trouva le liquide épanché transformé en substance organisable, de sorte que la plaie, au lieu d'être profonde et suppurante, comme on devait s'y attendre, était superficielle et reposait sur un fond de nouvelle formation qui amena une prompte cicatrisation. Cependant, la matière ainsi modifiée présentait, avant l'application du caustique, cette fluctuation accompagnée de froissements propres aux concrétions albumineuses. L'auteur ajoute que la plus grande partie de cette masse avait déjà été résorbée deux mois après l'opération, à l'époque où les sujets sont sortis de l'hôpital. De la cautérisation du col de l'utérus avec la pále de Canquoin.

L'application de la pâte de Canquoin aux ulcères atoniques ne détermine pas seulement une prompte cicatrisation, elle amène encore la résolution des engorge ments sur lesquels ils sont placés. Les plaies résultant de la destruction des tumeurs cancéreuses, par le chlorure de zinc, guérissent également avec une rapidité remarquable.

M. Canquoin, appliquant ces données aux affections cancéreuses de la matrice, n'en a pas tiré tout le parti qu'il eût pu en obtenir. Au lieu d'employer, dit l'auteur, le caustique selon sa méthode ordinaire, il s'est borné à des cautérisations superficielles et momentanées avec une solution de chlorure de zinc dans l'acide nitrique, telles qu'on les pratique avec le nitrate acide de mercure et le nitrate d'argent. Aussi ces essais ne répondirent-ils point, selon lui, à l'attente de ce médecin.

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Il était encore réservé, poursuit-il, M. Bonnet de combler cette lacune, et son plan, médité depuis plusieurs années, fut enfin mis à exécution en 1846, sur une personne atteinte d'une tumeur cancéreuse à la matrice. Cette tumeur, de nature fongueuse et d'un volume considérable, donnait lieu à d'abondantes pertes de sang chaque fois que la malade quittait le lit.

La cautérisation fut pratiquée à l'aide d'un spéculum court appuyé sur la tumeur et fixé dans cette position au moyen d'un bandage muni d'un ressort articulé. Une rondelle de sparadrap caustique, introduite dans le spéculum et recouverte de coton, fut mise en contact avec la partic saillante du col. Cette application dura

40 heures. Elle fut renouvelée une dizaine de fois après la chute de chaque escharre. On parvint ainsi, au bout de deux mois, à détruire complétement la tumeur, et la malade put se promener sans douleur et sans aucun accident. Mais après quelques mois d'une guérison apparente, le mal se reproduisit, et elle finit par succomber.

Nous croyons devoir vous faire remarquer ici, Messieurs, que c'est à tort que l'auteur du mémoire attribue à M. Bonnet l'idée d'appliquer aux cancers de l'utérus la pâte de chlorure de zinc. Cette idée appartient à M. Canquoin, lequel, il est vrai, ne parait pas l'avoir mise à exécution. Quant aux résultats qu'il obtint par la solution de chlorure de zinc dans l'acide nitrique, M. Canquoin ne les présente point non plus comme aussi incomplets que notre auteur nous les donne; mais, nous devons en convenir, il nous semble qu'un bon nombre des cas auxquels M. Canquoin a appliqué cette méthode ne méritait pas la qualification qu'il leur a donnée.

M. le docteur Floret, de Lyon, a apporté au procédé de M. Bonnet des modifications importantes que celui-ci n'a pas hésité à adopter. Les instruments dont il se sert, sont:

1o Un spéculum en maillechort d'une seule pièce, muni de deux anneaux à son extrémité externe;

2. Une ceinture embrassant le bassin, d'où partent deux chevillères d'un centimètre de largeur sur 30 de longueur;

30 Un support pour le chlorure de zinc, composé d'une rondelle en bois de deux centimètres de diamètre; d'une tige qui la supporte, de la longueur du spéculum; d'une plaque de liége, s'adaptant solidement à son orifice externe;

40 Un autre support, dont la rondelle en bois, de forme conique et d'un demi-centimètre de diamètre à son extrémité libre, est destinée à porter le caustique dont elle est couverte dans le col, et à cautériser de dedans en dehors.

L'on comprend l'usage de ces diverses pièces dont l'auteur donne une description complète à l'aide du dessin. Ces appareils ont d'ailleurs beaucoup d'analogie avec celui dont se sert notre collegue, M. Thiry (1), pour la cautérisation du col de l'utérus à l'aide de la pâte de Vienne.

La durée de l'application varie de deux à douze heures, selon que l'on a affaire à des ulcérations superficielles ou à un engorgement cancéreux. Le retrait de l'ap

(1) Recherches sur les granulations, Brux., 1852.

pareil exige quelques précautions, que l'auteur indique.

Il résume ainsi le jugement de M. Bonnet sur les résultats immédiats de cette méthode :

1o La cautérisation enlève toute la partie cancéreuse aussi sûrement et avec beaucoup moins de danger pour l'opéré que l'instrument tranchant;

2o Quoique la douleur soit intense et dure aussi longtemps que l'application du caustique, elle ne donne lieu qu'à une réaction générale faible;

3o Elle arrête à coup sûr et complétement les hémorrhagies aussi longtemps au moins que l'escharre ne se détache pas;

4 Elle n'empêche pas le retour da cancer, qui se reproduit ordinairement à l'utérus comme ailleurs.

Mais le chlorure de zinc, d'une utilité secondaire dans les affections cancéreuses, offre de grands avantages dans les engorgements chroniques de la matrice, avec maux de reins, époques douloureuses, etc. Toutefois, il a été nécessaire, pour obtenir un succès complet, d'associer à ce moyen d'autres méthodes thérapeutiques, telles que l'hydrothérapie, les bains de rivière. I importe donc, ajoute ce chirurgien, de ne point se borner à la cautérisation et de faire marcher ces méthodes de front.

Telle est, Messieurs, la manière de voir d'un fromme bien compétent et qui a fait un fréquent usage du chlorure de zine dans les affections cancéreuses. N'avionsnous pas lien de nous étonner après cela, qu'en présence de résultats aussi peu encourageants, l'auteur ait proposé de substituer ce caustique à la poudre arsenicale, à laquelle il a reconnu lui-même implicitement des propriétés spéciales contre cé genre d'affections. Nous ne pouvons nous expliquer cette contradiction, apparente que par la précipitation avec laquelle il a dù rédiger son Mémoire. Mais s'il est vrai que l'arsenic jouisse de propriétés spéciales, pourquoi ne l'appliquerait-on pas aussi bien au cancer de l'utérus qu'à tout autre? Nous ne voyons, pour notre part, ni dans la vitalité, ni dans la sensibilité de cet organe rien qui s'oppose à cette tentative. M. Serré, dans le Mémoire mentionné plus haut, conseille formellement l'emploi de l'arsenic dans ce cas, et il propose de l'introduire, sous forme de trochisques, par de petites incisions pratiquées dans le tissu cancéreux.

De la cautérisation sous-cutanée en général et de ses applications à la thérapeutique. La cautérisation sous-cutanée réunit,

dit l'auteur, les avantages de la cautérisa tion et des plaies sous-cutanées. Il rappelle en peu de mots les données que la science possédait à cet endroit avant les essais de M. Bonnet; il indique ce que celui-ci a fait pour en généraliser l'application, soit comme agent caustique, soit à titre de révulsif appliqué sur les parties saines, en appréciant de prime abord toute la portée et toute l'utilité pratique de ces moyens. Le fait suivant, ajoute-t-il, est venu réaliser en partic ces prévisions: Une tumeur scrofuleuse du col, d'un volume considérable, était traitée depuis trois mois par l'emploi du séton ordinaire, Ce moyen avait déterminé une suppuration abondante et fétide sans diminuer la tumeur. M. Bonnet lui substitua le séton caustique, et après une série de cautérisations successives, la tumeur se trouva réduite, au bout de deux à trois mois, à un moignon imperceptible. La cicatrice qui en résulta était à peine apparente.

Le procédé opératoire de ce chirurgien diffère peu de celui que nous avons vu appliquer au traitement des kystes thyroï des; c'est, en un mot, le même manuel que pour le séton ordinaire que l'on enduit préalablement de pâte caustique. Il est nécessaire que la mèche, à laquelle il donne cinq à six millimètres de diamètre, ait un peu plus de longueur que le trajet qu'on veut lui faire parcourir. On assur jettit le caustique par des fils de coton qui dépassent le séton de 15 à 20 centimètres. On peut, pour obtenir un diamètre plus uniforme, passer préalablement le séton par une filière. La largeur de l'aiguille sera nécessairement en rapport avec ce diamètre; cependant une mèche de six millimètres de diamètre ou de dix-huit de surface peut, en raison de l'élasticité des tissus, pénétrer par une plaie de seize millimètres de surface.

Après cette description, l'auteur expose de nouveau les phénomènes chimiques et physiologiques déterminés par le chlorure de zinc, que nous croyons inutile de rappeler ici. Nous ferons seulement remarquer ce fait qu'il dit avoir observé, à savoir, que pendant les cinq à six premiers jours de l'application, la vivacité de la douleur produite par le caustique exaspère les douleurs que l'on a en vue de combattre, si le séton est rapproché du siége du mal, dans les cas, par exemple, où on le place à la nuque pour de violents maux de tête, les douleurs oculaires, etc. La nuque, ajoute-t-il, est le lieu d'élection pour toute douleur ayant son siége à la tête; les parois de la poitrine et de l'abdomen quand elles ont leur siége au tronc.

M. Bonnet en a retiré de grands avantages:

1 Dans les troubles de la vue avec maux de tête;

2o Dans le ramollissement.cérébral; 3o Dans les douleurs de ventre qui empêchent la marche chez les femmes.

Nous connaissons les indications de ce moyen comme agent caustique et destructeur.

Le rapport présenté à la Société par M, le docteur Crocq sur le travail de M. le docteur Philipeaux, de Lyon, auquel l'auteur a emprunté ce chapitre, avait depuis longtemps, Messieurs, fixé notre attention sur ce moyen thérapeutique; nous espérions pouvoir en retirer les mêmes avantages dans le traitement de la surdité nerveuse congestive (surdité nerveuse avec éréthisme de Kramer, hypochousie nerveuse idiopathique de M. Hubert Valleroux), qui présente tant d'analogie avec l'amaurose et le ramollissement cérébral.

Nous n'avons pas été aussi heureux que M.. Bonnet. Cela a-t-il dépendu de l'ancienneté du mal et d'une altération trop profonde de l'appareil nerveux auditif pour être modifiée par une action révulsive quelque puissante qu'elle fût? C'est ce que nous tâcherons d'éclaircir par la suite. Pour le moment, nous vous ferons remarquer que l'emploi de la cautérisation sous-cutanée exige des précautions que l'auteur n'a pas indiquées. En effet, lorsque nous retirâmes le séton le lendemain de son application, la couche de caustique dont il était enduit resta dans le trajet, et nous en enlevâmes ce que nous pùmes à. l'aide de la sonde cannelée; mais il nous fut impossible d'entamer l'escharre qui présentait déjà six millimètres de profondeur au pourtour de l'ouverture. Nous. crûmes que l'action du caustique était épuisée et que la mortification n'irait pas. plus loin. Nous nous trompions; le troisième jour, elle avait fait de nouveaux progrès et envahi le pont tégumenteux dans un tiers à peu près de son étendue. Effrayé d'un résultat aussi imprévu, nous pratiquâmes, à l'aide d'une seringue, des injections d'eau dans le trajet, afin d'entraîner tout ce qui pouvait rester de caustique. Le jour suivant, l'escharre avait encore gagné et elle gagna ainsi jusqu'au moment où la suppuration commença. La bride était alors réduite à la largeur d'un pouce à peu près. Le travail de la suppuration acheva de la détruire, et au licu d'une plaie sous-cutanée, nous cùmes une vaste tranchée à ciel ouvert.

Il résulte de cette observation, que les règles posées pour la cautérisation sus

cutanée ne sont pas d'une application rigoureuse à la cautérisation sous-cutanée. En effet, pour limiter l'action do caustique avant qu'il ne se soit combiné en totalité avec les tissus, il est nécessaire d'enlever l'escharre jusqu'au vif à l'aide de l'instrument tranchant, dont on ne peut faire usage dans ce cas. Remarquons, d'un autre côté, que la perte de substance déterminée par la cautérisation, ne se borne pas aux parties immédiatement mortifiées par l'action du caustique, puisqu'elle s'accroît encore par le travail de suppuration qui s'ensuit (1).

Nous terminons ici cette analyse, Messieurs. Le Mémoire dont nous avions à vous rendre compte est un de ceux que l'on ne résume pas d'une manière générale et à grands traits; il nous a semblé que, pour vous en donner une idée suffisante et vous mettre à même de le juger en connaissance de cause, il fallait vous en présenter une analyse détaillée. Vous remarquerez d'ailleurs, que si nous avons laissé parler les faits pour nous, nous avons été, pour notre part, assez sobre d'observations. Cette méthode semblera peut-être peu scientifique et peu conforme aux usages académiques; mais elle a pour nous un grand avantage dans les circonstances où nous nous trouvons: c'est que faisant, en quelque sorte, passer sous vos yeux toutes les pièces du débat, elle substitue l'appréciation commune à l'appréciation de quelques-uns, et qu'elle donne par là plus d'autorité à nos conclusions,

Il nous reste maintenant à dire un mot de ce travail envisagé au point de vue de son ensemble ou de la synthèse; c'est par là que nous terminerons notre rapport.

Le plan de l'ouvrage nous semble large, bien conçu, logique et aussi complet que l'état de la science le comporte; malheu reusement son exécution laisse à désirer: nous trouvons çà et là des longueurs, des redites, parfois même un peu de confusion que l'on désirerait n'y pas rencontrer. C'est ainsi qu'après avoir suivi l'auteur dans l'énumération des propriétés des caustiques considérés d'une manière générale, nous retrouvons l'énumération des mêmes propriétés lorsqu'il étudie chacun de ces agents en particulier. Cela nous a surtout

(1) L'opéré qui avait pris congé de moi douze jours après l'opération, s'est représenté six semaines plus tard. La plaie n'avait plus que quatre centimètres de long sur un de large. Les bourgeons charnus, de couleur vermeille, qui la recouvraient, dépassaient à peine le niveau de la peau, et semblaient se confondre avec elle. L'ouie, de son côté, avait évidemment gagné pour moi, quoique ce progrès fùt moins manifeste pour le patient. Mais ce dont il me remerciait avec effusion, c'etait de l'avoir débarrassé de ses vertiges

frappé dans la première classe relative aux alcalis, dont tous les agents jouissent de propriétés analogues, et dans la troisième, où il prend les propriétés du chlorure de zinc comme type des propriétés génériques des caustiques métalliques.

Les mêmes choses s'observent dans la seconde partie de l'ouvrage qui a trait à l'application des caustiques dans les maladies. Ici, l'auteur s'est borné à emprunter aux travaux déjà publiés ou encore inédits des médecins de l'Hôtel-Dieu de Lyon, ce qui convenait à son sujet. Mais ces auteurs, qui travaillaient isolément, sans vues d'ensemble et à des époques différentes, ont dû nécessairement se rencontrer sur plusieurs points; ils ont dû mentionner les travaux antérieurs, rappeler plus ou moins sommairement la manière d'agir et le mode d'application de l'agent dont ils se sont servis, et l'on regrette de trouver ces détails répétés dans plusieurs chapitres. Ce sont là, en effet, des défauts qui nuisent à l'ensemble et à l'unité du travail; mais il est évident que le temps a manqué à l'auteur, et qu'il ne les eût pas laissés subsister, s'il lui avait été permis de revoir et de modifier son œuvre.

La partie littéraire est bien traitée; le style en est clair, facile, abondant et correct.

Au fond, c'est une œuvre de grand mérite, qui honore à la fois le concurrent et les hommes qui lui ont prêté leur concours; c'est un traité complet sur la matière, qui résume l'état de la science et agrandit le cercle de nos connaissances dans l'étude des caustiques. Nous avons déjà, en parlant de la première partie, exprimé notre opinion sur la manière vraiment remarquable dont la question scientifique y a été traitée. La seconde partie est le digne pendant de la première; elle marque un progrès réel dans la pratique chirurgicale. Nous y trouvons la démonstration de cette proposition d'une application si féconde, à savoir : qu'indépendamment des avantages dus à l'action chimique des caustiques, les plaies produites par ces agents sont d'une innocuité frappante comparée à celles que fait l'instru

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1o Que ce moyen n'a rien d'effrayant en lui-même et que les malades qui reculent devant une opération sanglante, dont les agents anesthésiques peuvent cependant leur épargner les angoisses, se soumettent sans crainte à l'application du caustique; 2o Que quelque violente que soit la douleur produite par la cautérisation, le patient la supporte toujours avec courage, comme un mal qui doit le conduire à la guérison, et que de plus elle peut lui permettre de reposer la nuit quand on a soin d'appliquer le caustique douze à quatorze leures auparavant;

5° Que la réaction générale qui en résulte, est rarement portée au point de troubler les grandes fonctions organiques et notamment celles de la digestion; que non-seulement le malade n'est pas tenu à garder le lit, mais qu'il lui est le plus souvent permis de circuler, et dans quelques cas même de vaquer à ses occupations;

On ne peut se refuser à admettre que cette méthode est appelée à restreindre de plus en plus l'office de l'instrument tranchant. Il en résultera sans doute, comme nous l'avons dit, que les procédés opératoires perdront de leur célérité et de leur éclat, que les cures seront en général moins promptes; mais en revanche, elles deviendront plus sûres, et, en définitive, l'art y gagnera en considération et en sécurité.

MÉMOIRE N° 1.

Ce Mémoire n'a pas d'épigraphe. Nous y remarquons d'abord cette proposition analogue à celle que nous rappelions tout à l'heure, à savoir que le fait principal de l'application des caustiques n'est pas la cautérisation des tissus, mais la modifica tion qu'ils impriment à leur vitalité, modification particulière à chacun d'eux, d'où il résulte que souvent ils réussissent là où l'instrument tranchant a échoué.

C'est, Messieurs, par l'énoncé de cette même proposition formulée à peu près dans les mêmes termes que M. Canquoin commence le chapitre III de son TRAITEMENT DU CANCER, intitulé: Des caustiques en général, et ce n'est pas le seul point où notre auteur se rencontre avec ce prati cien éminent. C'est d'abord de part et d'autre la même classification. Le concurrent à bien introduit dans sa liste quelques caustiques qui ne se trouvent pas dans celle de M. Canquoin; il a bien un péu interverti leur ordre de progression, mais ce n'en est pas moins la même classification. Au reste, nous ne voyons rien de blamable là dedans: il faut bien, à défaut de mieux, se servir d'une classification

connue, quitte à renseigner la source d'où on l'a tirées; mais l'auteur ne nous le dit pas. Il ne s'arrête pas là, et cet homme qui se présente comme venant remplir une lacune qui existe dans tous les ouvrages de chirurgie, s'empare sans façon, et avec une confiance qui nous honore infiniment, de la plus grande partie du chapitre mentionné, sans même prendre la peine de déguiser son emprunt. C'est ainsi que les paragraphes où il traite de la potasse caustique, du caustique bi-alcalin savonneux, de l'ammoniaque liquide, du nitrate d'argent, du deuto-chlorure de mercure, des acides hydrochlorique, chlorhydronitrique, nitrique monohydraté, sulfurique, du chlorure d'or, du protonitrate acide de mercure, des préparations arsénicales, du chlorure de zinc, du chlorure d'antimoine, ne sont, la plupart du temps, que la reproduction textuelle des paragraphes correspondants de l'ouvrage, et nous devons ajouter qu'ils n'ont rien gagné à passer par ses mains.

Mais depuis 1858, époque de la publication du livre de M. Canquoin, plusieurs caustiques ont été introduits dans la pratique, et le Mémoire en fait mention. Nous ignorons si l'auteur a puisé aussi largement aux autres sources pour terminer son travail. Nous n'en serions nullement étonné, au contraire; cependant, comme cette partie du Mémoire ne manque pas d'un certain intérêt et que, d'un autre côté, elle forme, à certains égards, le complément du Mémoire no 2, nous allons la parcourir rapidement.

Il nous reste donc à vous entretenir de la soude caustique, du mélange de la soude et de la potasse, de l'acide malique, du nitrate de plomb, du tartre stibié, et enfin de l'acide chromique et du bi-chromate de potasse. Ces deux derniers ont déjà été étudiés dans le Mémoire précédent; mais nous trouvons dans celui-ci quelques particularités qui n'existent pas dans le premier, et que nous croyons utile de mentionner.

L'auteur dit avoir employé avec avantage ces deux caustiques d'une égale énergie dans le cancer et surtout dans la forme lupus; il ajoute que la durée de leur application doit être de une à quatre heures selon la nature des tissus sur lesquels on agit; mais que, chez les sujets irritables, il vaut mieux l'appliquer à l'aide d'un pinceau matin et soir. Enfin, il fait observer que ces caustiques, étendus sur de larges surfaces, peuvent produire des effets toxiques.

Soude caustique et mélange de soude et de potasse caustiques.

La première, moins active et moins déliquescente que la potasse, détermine la

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