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proposé son auteur et est une des productions les plus remarquablesde la chirurgie moderne.

Dans le traitement des kystes séreux et des tumeurs hydatiques, M. Velpeau donne la préférence aux injections iodées. Dans le traitement des tumeurs adénoïdes, quoique sachant, par expérience personnelle, que certains résolutifs, employés heureusement et avec constance, peuvent en amener la guérison, il donne la préférence à l'instrument tranchant.

Ces tumeurs adénoïdes, appelées fibreuses par M. Cruveilhier, mammaires chroniques par A. Cooper, ne sont point susceptibles, suivant M. Velpeau, de devenir cancéreuses, malgré l'avis de Boyer, Laënnec, Blandin, Roux, Lisfranc et Récamier, qui pensaient que toute tumeur du sein conduit au cancer. Ainsi peuvent s'expliquer les succès des chirurgiens qui, ayant cru enlever des tumeurs cancéreuses, n'ont eu à traiter que des tumeurs bénignes.

Nous n'avons pas vu que M. Velpeau, en traçant le diagnostic du cancer de la mamelle, ait parlé de la syphilis simulant ce mal. Cependant, au dire des auteurs, il existe des faits qui démontrent cette métamorphose de la vérole constitutionnelle. Ainsi, l'on en trouve deux dans la Nosologie de Sauvages, et la 118e observation de l'ouvrage du docteur Prosper Yvaren (1) en fournit un troisième. Mais c'est là une omission volontaire. En effet, M. Velpeau appréciant trop la sûreté du diagnostic de ses lecteurs, par la justesse du sien, n'a probablement point cru devoir admettre Ja possibilité de confondre ces deux affections de la mamelle.

M. Velpeau, en traçant l'étiologie du cancer de la mamelle, attribue, avec raison, aux violences extérieures une grande part dans la production de ce mal, et il admet l'influence de l'hérédité (p. 538 et 608). Sous ce dernier point, le professeur de la Charité semble être en désaccord avec plusieurs auteurs. Ainsi, en relevant les calculs de Récamier, j'ai trouvé un

seul cancéré, issu de parents cancéreux, sur 24 nés de parents sains, et, sur 23 autres cas, il n'y en a eu qu'un seul dans lequel on pourrait accuser l'hérédité (PIORRY, Thèse de concours, 19 juin 1835, p. 77).

Contrairement à l'opinion de Monro, qui repousse l'opération partout où le cancer ne peut point être nettement rattaché à une cause externe; à celle de Boyer, Baffos, Hervez de Chégoin, à celle de M. Moreau qui est qu'on ne doit pas opérer » d'abord la tumeur du sein, et qu'on est

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toujours à temps pour le faire, » M. Velpeau pense que « le véritable cancer est » réfractaire, de tous les points réfrac

taire aux topiques comme aux remèdes »vantés contre lui jusqu'à présent (p. 554 » et 618). Quand le cancer existe, dit-il, > il n'y a qu'une chose à faire : c'est de > l'enlever et de l'enlever le plus tôt pos»sible. A ses yeux, l'opération est préférable à toutes les autres médications contre le cancer et même contre les tumeurs adénoïdes ou bénignes de la mamelle, et elle doit être appliquée le plus tôt possible (p. 620). Cependant, d'accord sur ce point de vue avec M. Maisonneuve, il croit devoir préférer les caustiques à l'instrument tranchant dans quelques cas (p. 663).

Telle est, aussi succinctement que possible, l'analyse du Traité des maladies du sein et de la région mammaire, auquel l'auteur a ajouté de belles gravures.

Si nous avons bien rendu notre pensée, il n'est pas un seul praticien, jaloux de suivre les progrès de la science et de contribuer, suivant ses forces et son intelligence, au soulagement de l'humanité, qui, après avoir lu notre compte-rendu, s'il ne connaît pas encore cette monographie de M. le professeur Velpeau, ne s'empresse de l'étudier.

Ce Traité des maladies du sein et de la région mammaire suffit, à lui seul, pour mettre son auteur au premier rang des grandes illustrations chirurgicales.

Dr E. PUTEGNAT (de Lunéville).

IV. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.

Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles.

Bulletin de la Séance du 1er mai.
Président: M. DIEUDONNÉ.
Secrétaire: M. CROCQ.

(1) Des métamorphoses de la syphilis, 1 v. in-8°. Paris, 1854.

Sont présents: MM. Scutin, Koepl, Dieudonné, Martin, Crocq, Leroy, Bougard, Henriette, Gripekoven, Van den Corput, Rieken, Delstanche et Joly.

M. A. Uytterhoeven, membre honoraire, assiste à la séance.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

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1. De l'influence que doit exercer la phrénologie sur les progrès ultérieurs de la philosophie et de la morale; par le doc teur Lacorbière. Paris, 1854, in-8°.

2. Notice historique sur Antoine Parmentier; par Émile Mouchon. Lyon, 1843, in-8°.

3. De la magnésie considérée dans ses applications, soit à titre d'intermède, soit comme auxiliaire, soit aussi comme agent modificateur; par E. Mouchon. Lyon, 1852, in-8°.

4. Mémoire sur le frêne commun; par Emile Mouchon. Lyon, 1855, in-8".

5. Luft im Blute in pathologischer Bezichung, von Dr G. Cless. Stuttgart, 1854, in-8°.

6. Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers, publiés par l'Académic royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, tome XXV. Bruxelles, 1854, 1 vol. in-4°.

7. Cours élémentaire d'hygiène en vingtcinq leçons; par A. Reinvillier. Paris, 1854, vol. in-18.

8. Notice sur les établissements consacrés au traitement des maladies des yeux; par le docteur Ed. Cornaz. Bruxelles, 1852, in-8'.

9. Matériaux pour servir à l'histoire des abnormités congéniales des yeux et de leurs annexes; par le docteur Ed. Cornaz. Bruxelles, 1852, in-8".

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L'étude des caustiques, considérés comme agents thérapeutiques, a fait de notables progrès en ces derniers temps; mais ses éléments sont restés épars et disséminés dans un grand nombre de monographies et de recueils périodiques. C'est dans le but de les rassembler, de les coordonner, de les compléter et d'en faire en quelque sorte un corps de doctrine, que la Société des sciences médicales et naturelles a mis au concours la question suivante :

<< Indiquer et décrire les différents agents caustiques; apprécier leur action sur nos tissus, en insistant surtout sur les différences que présente cette action et sur ses rapports avec leur nature chimique; déduire de ces différences d'action les indications spéciales de chacun de ces agents. »

Deux mémoires sont parvenus en réponse à cette question; vous les avez enà notre examen. voyés

Nous le commencerons par le N° 2, portant pour épigraphe : Felix qui potuit rerum cognoscere causas, et ces mots : quod scripsi vidi.

Ce travail est divisé en deux parties, l'une scientifique, l'autre pratique.

L'auteur commence par préciser ce que l'on doit entendre par le mot a caustique. » Il rappelle la définition d'Ambroise Paré, celle de Chametton, de Nanoni, de M. Gosselin, pour arriver à celle de M. le professeur Bonnet et de la plupart des chimistes modernes, ainsi conçue : « Le caustique est une substance qui, par une action chimique particulière, convertit en escharre les parties avec lesquelles on la met en contact. » Il pense que cette définition, que nous trouvons d'ailleurs mot pour mot dans Marjolin, l'emporte sur les précédentes en ce qu'elle établit une ligne de démarcation entre la cautérisation par le feu, qui carbonise les tissus et celle par les agents chimiques qui forment avec eux dos composés nouveaux, impropres à la vie. Il ne regarde done ces agents comme caustiques que pour autant qu'ils exercent une action destructive sur les tissus. Ainsi les injections, les collyres de nitrate

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EEPIDERME

caustiques exercent leur action sur le cádavre comme sur le vivant; que quelquesuns, tels que le sulfate de cuivre, le chlo

i arcan, anaidiissem son action et raissent une saponification plus neutre, sur laquelle l'eau n'exerce plus d'action dissol

d'argent ne sont pour lui que des modificateurs destinés à changer la vitalité des tissus, et non pas des caustiques. ›

Dans le but de mieux déterminer leur manière d'agir sur le vivant, il montre les effets de leur application sur le cadavre. Ce travail, dit-il, n'avait jamais été fait; M. Bonnet en a eu le premier l'idée, et l'auteur, avec la collaboration de M. Ferrand, ancien préparateur des leçons de M. Magendie, a essayé de combler, en partie au moins, cette lacune.

I joint ici un tableau des effets produits par les caustiques sur la peau du cadavre, pourvue ou dépouillée de son épiderme, et sur les tissus sous-jacents. Ce tableau, indiquant la forme, la couleur, la consistance, l'étendue et l'épais seur de l'escharre, comprend :

1o La potasse caustique;
2o Le caustique de Vienne;
3o Le caustique de Filhos ;

4° L'ammoniaque;

rure de zinc, le chlorure d'étain, le perchlorure de fer, le bichlorure de mercure, n'agissent sur la peau qu'après qu'elle a été dépouillée de son épiderme; que cette identité d'action sur les tissus morts et vivants est démontrée par l'analyse des escharres; enfin, qu'une seule de ces substances, l'arsenic, exige, pour agir, des conditions de vitalité, et qu'elle reste sans action sur le cadavre.

Les auteurs de médecine légale avaient, il faut le dire, aplani la voie dans laquelle ces Messieurs sont entrés. Nous ne les félicitons pas moins de leur initiative; leurs recherches ne peuvent manquer d'aboutir à de bons résultats pour la thérapeutique, quoiqu'elles laissent tout à fait de côté l'action dynamique ou vitale des caustiques, que les expériences sur les animaux peuvent seules éclairer.

Le paragraphe suivant traite de la manière d'agir des caustiques. Pour mieux démontrer l'erreur déjà signalée de Char

3o L'acide sulfurique, le caustique noir metton, l'auteur rappelle que la potasse et le caustique sulfuro-safrané;

6o L'acide nitrique, le caustique de Rivaillié;

7o Le chlorure d'antimoine;

8o Le nitrate d'argent;

9° L'arsenic;

10o Le perchlorure de fer;

11o Le chlorure d'or;

12o Le bichlorure de mercure;

15o Le nitrate acide de mercure; 14 Le sulfate de cuivre (caustique Payan);

15o Le chlorure d'étain;

caustique donne lieu, sur le mort comme sur le vivant, à une escharre molle, pulpeuse; qu'elle liquéfie le sang contenu dans les vaisseaux, tandis que le chlorure de zinc possède des propriétés tout opposées; que les mêmes résultats s'obtiennent de part et d'autre sur le sang recueilli dans des vases. Or, cette différence provient de la différence d'action de ces deux substances sur les éléments protéiques et graisseux des liquides et des solides, sur lesquels elles n'agissent d'ailleurs qu'après avoir été dissoutes elles-mêmes dans l'hu

16 Le chlorure de zinc (caustique de midité que contiennent ces éléments. Il obCanquoin). (Voir le tableau ci-contre.)

En vous faisant part de ces recherches, dont il reconnaît lui-même l'insuffisance, l'auteur a pris l'engagement de les poursuivre et d'en communiquer prochainement le résultat à la Société.

En partant de ce fait, d'ailleurs incontestable, que les caustiques n'agissent sur les tissus qu'en se combinant chimiquement avec eux; il était bien évident pour nous, messieurs, que cette action, favoriséc sur le vivant, par la chaleur et l'afflux des liquides, ne devait pas être tout-à-fait nulle sur les tissus inanimés. Cependant, ne voulant négliger aucun moyen de nous assurer de la vérité, nous avons répété les essais de l'auteur, et il est presque inutile d'ajouter que nous sommes arrivé aux mêmes résultats que lui.

Il résulte de ces expériences que, contrairement à l'opinion de Charmetton, les caustiques exercent leur action sur le cadavre comme sur le vivant; que quelquesuns, tels que le sulfate de cuivre, le chlo

serve que l'absorption n'enlève qu'une partie du caustique employé et que l'analyse chimique retrouve le reste dans l'escharre.

Mais, se demande-t-il, les caustiques ne se combinent-ils chimiquement avec les tissus qu'après y avoir éteint la vie ? Cette opinion, admise par MM. Anglada et Jaumès, de Montpellier, ne lui paraît pas fondée. Selon ces auteurs, en effet, l'action du caustique sur les tissus vivants dépasse les limites de son application immédiate; ainsi la potasse caustique ne pénétrerait point l'escharre; car, observentils, celle-ci ne constitue pas, sur le vivant, un savon soluble dans l'eau, elle ne se détache point, comme sur le cadavre, des parties environnantes. Selon M. Ferrand, au contraire, l'alcali pénètre au delà de la mortification, et si son action cesse d'être délétère, c'est que les liquides qui baignent les parties sous-jacentes délaient l'alcali, affaiblissent son action et laissent une saponification plus neutre, sur laquelle l'eau n'exerce plus d'action dissol

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