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m'apporta à la consultation de la manufacture à laquelle je suis attaché, la petite Denise S.... âgée de 6 ans, qui, la veille, avait fait une chute de dessus un banc de table assez rapproché du mur. Après l'accident, elle put encore faire quelques pas, puis la marche devint tout à fait impossible. Voici les symptômes que m'offrit le genou gauche : aplatissement d'avant en arrière; dépression au niveau de la rainure inter-condylienne. Au niveau du condyle externe, saillie remarquable formée par la rotule, légèrement mobile. Pas de gonflement général; mais il existe une tuméfaction circonscrite, rouge, douloureuse au toucher au-dessus et en avant de l'épine du tibia. Ce point donne, par son gonflement, une forme bizarre au genou, et embarrasse au premier abord le diagnostic, parce qu'il attire principalement l'attention et la détourne de la saillie moins considérable formée par la rotule sur le condyle externe. Il est à croire que c'est là qu'a porté le choc cause du déplacement, et que le gonflement indiqué n'est autre chose que le produit d'une violente contusion. Enfin, à l'encontre de l'opinion des auteurs qui ont vu, les uns le membre dans la flexion, les autres, exceptionnellement, dans l'extension, je n'ai point constaté de position permanente du membre, mais une égale facilité à la flexion et à l'extension.

» Pendant que le membre était maintenu dans la position rationnelle prescrite par Valentin, c'est-à-dire la cuisse légèrement fléchie sur le bassin et la jambe dans l'extension sur la cuisse, j'essayai de réduire en pressant avec les pouces sur le bord externe de la rotule, suivant le procédé ordinaire. Toutes mes tentatives demeurèrent infructueuses. Ce que voyant, la rotule étant maintenue au niveau de la rainure inter-condylienne par la pression que j'exerçais sur elle, je fis fléchir rapidement la jambe sur la cuisse. Aussitôt la rotule rentra sans bruit à sa place, et le genon reprit sa conformation habituelle. Immédiatement après, la marche redevint possible. Les jours suivants, il se forma un abcès du volume d'une petite noix sur l'épine du tibia, à l'endroit de la tuméfaction précitée; mais la guérison n'en fut guère entravée. »

Nous ne suivrons pas l'auteur dans les remarques auxquelles il se livre sur l'efficacité et le mode d'action de son procédé. Le point principal eût été de vérifier d'abord si la luxation était complète ou incomplète. En effet, dans les luxations incomplètes, la flexion de la jambe a sa raison d'être; et elle a été mise en usage

ainsi avec succès par M. Coze, pour une luxation verticale interne. M. H. Mayo l'a employée pour une luxation complète; mais il peut rester des doutes sur cette observation, d'autant que quelques années après, l'auteur la reproduisant de mémoire, lui donnait les caractères d'une luxation incomplète. Au reste, la luxation de M. Poulet cùt-elle été complète, en prenant soin, ainsi qu'il l'a fait, de ramener la rotule en avant, dans les conditions de la luxation incomplète, on pourrait tenter la flexion sans péril, et réussir même ainsi qu'il a fait; et c'est dans la combinaison de ces deux manœuvres que consiste, suivant nous, l'originalité et l'efficacité du procédé.

(Revue médico-chirurgicale de Paris. )

RÉTENTION D'urine par suite d'UN RÉTRÉCISSEMENT; PONCTION de la VESSIE, ET SONDE LAISSÉE A DEMEURE PENDANT CINQ JOURS SANS AUCUN ACCIDENT; observation recueillie par M. VANGAVER, interne à l'hôpital SaintLouis.

OBS.

Le nommé Vantadour, âgé de 42 ans, forgeron, entra le 2 mars 1854, salle Saint-Augustin, pour une rétention d'urine.

A l'âge de dix-huit ans, il avait eu une chaudepisse accompagnée de végétations; Richerand le débarrassa de son écoulement à l'aide de tisanes rafraîchissantes et de bains, sans injections. Ce ne fut que quatre ans après que le passage de l'urine devint douloureux; le jet était moins fort, élargi en queue d'hirondelle; et enfin le malade pissait sur ses souliers. Il n'y fit pas autrement attention jusqu'à 1846, où une rétention d'urine l'obligea d'entrer à l'hôpital Saint-Louis. M. Jobert pratiqua le cathétérisme avec une sonde en argent d'un assez gros calibre, et pénétra dans la vessie sans trop de difficulté; mais en déterminant une vive douleur au niveau du périnée, avec un écoulement de sang par la verge en assez grande abondance; et pendant quatre jours les urines restèrent colorées en rouge par une petite quantité de sang. Ce seul cathétérisme et quelques bains après firent disparaître la rétention. Le jet d'urine aurait même, d'après le malade, repris un volume égal à celui qu'il avait avant la chaudepisse.

Cependant, après une autre année, le rétrécissement reparut, et ne cessa de faire des progrès. Enfin, mercredi 1er mars, il fut pris vers quatre heures du matin d'un violent besoin d'uriner, et ne put y satisfaire. Alors il essaya de se sonder luimême avec une sonde en gomme élastique

du no 15 environ; ses efforts n'aboutirent qu'à amener un léger écoulement de sang par l'urèthre. Depuis quatre heures jusqu'à huit heures du matin, la rétention fut complète. Quelques gouttes d'urine sanguinolente s'écoulèrent alors. Malgré la gravité de son état, Vantadour se rendit à son ouvrage et travailla jusqu'à six heures du soir. Pendant la journée, l'urine s'est écoulée goutte à goutte; les souffrances n'ont pas été grandes; le bas-ventre est à peine douloureux.

Même état dans la nuit de mercredi à jeudi 2 mars. Le malade entre alors à l'hôpital.

On constate que la vessie est distendue par l'urine, et que le rétrécissement existe au-dessous et un peu en arrière de la symphyse, L'état général n'offre d'ailleurs rien d'alarmant. Après quelques tentatives infructueuses, M. Malgaigne franchit le rétrécissement avec une bougie filiforme dont le bout a été préalablement roulé en spirale. Cette bougie est laissée à demeure dans le canal.

La journée du 2 se passe sans accidents. La miction se fait toujours goutte à goutte; mais dans la soirée le malade retire la bougie, et parvient à rendre une petite quantité d'urine, la moitié d'un verre environ. Soulagement notable, mais de peu de durée.

Vendredi 5 mars. Le malade a été assez agité cette nuit; il n'a pu rendre que quelques gouttes d'urine. Le ventre est plus tendu, un peu sensible, et la vessie, tendue et globuleuse, remonte presque au niveau de l'ombilic, M. Malgaigne essaye à plusieurs reprises de franchir le rétrécissement avec des bougies filiformes, des bougies en cire, des sondes métalliques. N'ayant pu réussir, il se décide à ponctionner la vessie. La ponction est faite à cinq centimètres au-dessus de la symphyse avec un trocart à hydrocèle. On retire le poinçon, et à sa place on fait glisser dans la canule une sonde en gomme élastique qu'on enfonce profondément dans la vessie. Un jet d'urine peu colorée et non fétide s'échappe aussitôt. On fait coucher le malade sur le flanc pour faciliter l'écoulement du liquide, et on recueille ainsi un litre environ d'urine. La canule est retirée d'une main, tandis que de l'autre la sonde est maintenue dans la vessie; puis on la fixe sur l'abdomen à l'aide de fils et de bandelettes en diachylon. La douleur causée par l'opération a été presque nulle, et le soulagement instantané. peu de boissons.

Diète,

(1) M. Heylaerts, chirurgien à Bréda, a publié dans ce Journal (tome 11, page 164) une observation intéressante de ponction de la vessie. Nous y

La journée se passe bien. Le malade débouche sa sonde trois fois et rend près d'un litre d'urine. L'hypogastre n'est pas douloureux, il n'y a pas de fièvre.

4 mars. La nuit a été bonne; le malade a bien dormi; l'état général est des plus satisfaisants. Une portion sans vin. J'introduis dans l'urèthre une bougie en cire du n° 8 environ.

5 et 6. Même état.

Le 7. Le cathétérisme devient de plus en plus facile. Le malade urine par l'urèthre et ne se sert plus de la sonde abdominale.

Le 8. On retire cette sonde; il s'écoule quelques gouttes d'urine par l'ouverture. Le soir, cette ouverture paraît complétement fermée.

Le 9. Il n'existait plus à l'endroit de la ponction qu'une petite rougeur qui avait disparu le lendemain. Le malade était donc tout à fait guéri de son opération. La dilatation de l'urèthre, déjà très-prononcée, s'est continuée sans obstacle; et le sujet a quitté l'hôpital le 23, urinant à plein canal.

La ponction de la vessie, encore redoutée par plusieurs chirurgiens, est une opération aussi simple et aussi innocente que la ponction péritonéale dans l'ascite. Lors donc qu'un rétrécissement de l'urethre irrité par une cause quelconque, et surirrité encore par un cathétérisme imprudent, a fermé toute issue à l'urine, M. Malgaigne n'hésite pas à ouvrir une voic nouvelle à l'urine, et il préfère de beaucoup la ponction au cathétérisme forcé, fût-ce avec la sonde conique. Le repos de l'urethre pendant quelques jours, au besoin des cataplasmes au périnée, calment l'irritation et permettent de tenter avec les bougies un cathétérisme autrement impossible; et cette observation, après bien d'autres, montre l'efficacité de cette thérapeutique en même temps que son innocuité (1).

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(Revue médico-chirurg. de Paris.)

OBSERVATION DE DUPLICITÉ DU VAGIN ET

DE LA MATRICE CHEZ UNE FILLE DE VINGT ANS.

Notre honorable confrère, M. le docteur Dugniolle a consigné dans ce journal (voir tome I, page 162) l'observation d'une fille que la nature, par une prodigalité peu commune, avait dotée d'un double vagin et d'une matrice à deux cols. Voici un fait qui a beaucoup d'analogie avec celui que nous venons de rappeler :

renvoyons nos lecteurs ainsi qu'au savant rapport que notre collègue M. Pigeolet a présenté sur cette observation (tome 11, page 165.)

il a été publié par M. le docteur Thélu, de Dunkerque, dans la Revue médico-chirurgicale de Paris.

La fille Blondeel, âgée de 20 ans, d'une constitution robuste et sanguine comme le sont en général les femmes de notre contrée; inscrite au dispensaire de notre ville, elle a été visitée régulièrement pendant deux ans tous les dix jours. Depuis son inscription, cette fille a communiqué plusieurs fois la blennorrhagie à des militaires. Le 31 août 1848, en la visitant avec le soin le plus minutieux, j'ai constaté les faits suivants :

Le pénil est fort développé et garni de poils, les grandes lèvres sont très-développées; en les écartant, on trouve un clitoris simple; et de même au-dessous, en écartant les petites lèvres, le méat urinaire simple. L'ouverture du vagin est partagée en deux par une cloison membraneuse et charnue de l'épaisseur du petit doigt. Cette cloison est perpendiculaire; toutefois, un peu plus déjetée à droite qu'à gauche, de manière que le vagin gauche paraît devoir servir le plus souvent à l'acte de la copulation.

Ayant introduit le spéculum dans le vagin gauche, j'ai trouvé dans le fond une matrice bien conformée et dont le museau de tanche peut avoir trois centimètres de long. L'ouverture de la matrice est ronde; la muqueuse des parties latérales du vagin est très-plissée, cette femme n'ayant jamais eu d'enfants.

J'introduis ensuite mon spéculum dans le vagin droit au fond duquel je trouvai une seconde matrice un peu moins forte que la première; le vagin était de même très-plissé.

Pour bien m'assurer que cette femme avait effectivement deux matrices, je l'ai touchée avec beaucoup de soin pour voir s'il n'y avait aucune communication dans le fond entre les deux vagins, et si le spéculum ne rencontrait pas la même matrice. Je ne trouvai aucune communication. Pour être encore plus certain de mon fait, j'ai passé mon spéculum dans le vagin droit, et n'y ai trouvé que la matrice de ce côté; ce qui m'a entièrement confirmé dans mes premières idées.

Le 9 septembre 1848, cette femme ayant ses règles, voici ce que j'ai observé: du côté droit, elles étaient peu abondantes; mais du côté gauche, elles coulaient en plus grande quantité.

Cette fille pourrait concevoir à deux époques différentes, donner une grossesse double, et, par là, induire la science en erreur concernant la superfétation.

HYDROPISIE UTÉRINE EN DEHors de l'ÉtaT DE GESTATION. Observation recueillie à l'Hôtel-Dieu, dans le service de M. Teissier, par M. DARD, interne.

MM. Stoltz et Naegele, au congrès médical de Strasbourg en 1842, ont nié l'existence de l'hydrométrie en dehors de la grossesse. M. Teissier, dans un mémoire publié en 1842, réunit de nombreuses observations empruntées à Fernel, Frank, Mauriceau, Lisfranc, Jobert de Lamballe; il établit d'une manière évidente le diagnostic de cette affection, réfuta les objections présentées au Congrès de Strasbourg et prouva, par des faits incontestables. l'existence de l'hydrométrie. Voici la relation d'un nouveau cas qui s'est présenté récemment dans le service de M. Teissier, à l'Hôtel-Dieu de Lyon, et dont l'authenticité est à l'abri de toute contestation. Bouillot (Françoise), de Mâcon, âgée de 34 ans, habituellement bien portante, a eu trois enfants, le dernier il y a quatre ans; elle a toujours conservé depuis des douleurs dans le bas-ventre et dans les reins. Il y a dix-neuf mois que son ventre a commencé à grossir; il a continué à se développer pendant neuf mois. Dans cet espace de temps elle a eu deux fois ses règles, mais pendant quelques heures seulement; la première fois, un mois et demi après le début et la seconde trois mois après. La malade se croit enceinte, elle ressent des mouvements analogues à ceux du fœtus, ses seins sont gonflés, la sécrétion laiteuse est abondante. A l'apparition des premières douleurs elle se rend à la Maternité de Mâcon. Une sagefemme, après l'avoir touchée, lui dit qu'elle n'est sans doute pas enceinte ; que, du reste, rien n'indique que le travail soit commencé. Les douleurs continuent et augmentent; elle perd environ trois litres d'eau et son ventre diminue un peu. A partir de ce jour, il y a eu pendant trois mois un écoulement d'environ deux litres chaque jour; son ventre a repris peu à peu son volume normal. Il n'y a jamais eu expulsion d'aucun corps étranger pouvant faire soupçonner l'existence d'une môle. Depuis cette époque, les règles reviennent régulièrement les premiers jours du mois, et, au milieu de chaque mois, pendant deux ou trois jours, elle perd chaque jour deux litres d'un liquide séreux. Pendant son séjour à l'Hôtel-Dieu, ses règles sont venues le premier du mois, et, le 15, elle a perdu un liquide alcalin analogue à la sérosité des ascites; les linges et les draps qui en étaient imprégnés exhalaient une odeur analogue à celle des lochies. Le col, largement entr'ouvert,

avait environ trois fois le volume normal; il était ainsi que le vagin tout lubrifié par le liquide qui sortait de l'utérus. Cet écoulement dura trois jours; pendant ce temps les seins étaient gonflés, douloureux et sécrétaient du lait. Ce phénomène se renouvelle tous les mois. Il ne peut y avoir aucun doute sur la nature de cette affection puisque nous avons assisté à l'écoulement du liquide. Cette observation présente, comme particularité remarquable, l'apparition des règles, en très-petite quantité il est vrai, sans écoulement du liquide de l'utérus, lorsque l'hydrométrie se forma la première fois. Elle n'a d'importance qu'au point de vue de la séméiologie, car la malade n'est restée qu'un mois à l'Hôtel-Dieu, temps nécessaire pour établir le diagnostic avec précision et exactitude, et, lorsqu'on aurait pu commencer un traitement, elle est sortie brusquement de l'hôpital.

(Gazette médicale de Lyon.)

NOUVEAU PROCÉDÉ DE SUTURE DE LA PLAIE UTERINE APRÈS L'OPÉRATION CÉSARIENNE. On sait que les accoucheurs sont assez partagés d'opinion relativement au mode de réunion à employer après l'opération césarienne; néanmoins, de nos jours, on se borne à réunir la plaic extérieure par plusieurs points de suture entortillée ou enchevillée, et la plaie de l'utérus est abandonnée à elle-même, à la rétraction des fibres utérines. Un fait observé dans ces derniers temps par un habile accoucheur de Rouen, M. Pillore, fait dans lequel cet accoucheur, ayant pratiqué l'hystérotomie dans les conditions en apparence les plus favorables pour une tumeur fibreuse irréductible de l'excavation pelvienne, a vu la malade succomber à un épanchement de sang dans l'abdomen, résultant de l'écartement des lèvres de la plaie, tendrait, par conséquent, à prouver que ce mode de pansement offre de graves inconvénients et ne s'oppose pas à beaucoup près, d'une manière certaine, à l'épanchement du sang et du liquide puerperal dans la cavité péritonéale. M. Pillore a donc été conduit naturellement à conclure qu'il serait avantageux de réunir d'abord par une suture, qu'il propose d'appeler utéro-abdominale, chaque lèvre de la plaie utérine à la lèvre correspondante de la plaie abdominale, de manière à isoler de la cavité péritonéale la plaie et la cavité utérines, lesquelles vont sécréter incessamment des liquides dont le contact devra enflammer le péritoine. M. Pillore propose, en conséquence, le pansement suivant : 4 La suture dite

utéro-abdominale, suture à points séparés, occupant le tiers inférieur de la plaie abdominale, destinée à réunir chaque lèvre de la plaie utérine à la lèvre correspondante de la plaie abdominale; et 2o une suture abdominale, suture enchevillée ou entortillée, ayant pour but de réunir entre elles les deux lèvres de la plaie abdominale dans leurs 25 supérieurs. Voici le procédé opératoire de la suture utéro-abdominale supposons la plaie utérine réduite à 5 ou 6 centimètres, occupant le tiers inférieur de la paroi abdominale, qui a16 centimètres d'étendue, le fond de l'utérus arrivé au niveau de l'ombilic. Le chirurgien saisit, du pouce et de l'indicateur de la main gauche, l'angle inférieur de la plaie utérine et le point correspondant de la lèvre droite de la paroi abdominale, avec une aiguille courbe, solidement fixée à un porte-aiguille et armée d'un fil, il réunit, à sa partie la plus déclive, la lèvre droite de la plaie utérine à la lèvre correspondante de la plaie abdominale, noue les chefs de cette anse de fil, pendant qu'un aide dispose sur le porte-aiguille une autre aiguille armée de fil. Il fait de la même manière les autres points de la portion de suture utéro-abdominale destinée à réunir la totalité de la lèvre droite de la plaie utérine au tiers inférieur de la lèvre droite de la paroi abdominale; il procède de même pour réunir la totalité de la lèvre gauche de la plaie utérine au tiers inférieur de la lèvre gau che de la plaie abdominale. Nous avons cru devoir faire connaître avec détail ce nouveau procédé de suture, parce qu'il nous parait répondre à un inconvénient grave du mode de réunion généralement suivi dans les cas de ce genre; mais, en l'absence d'application de cette suture sur le vivant, on comprend toute notre réserve. C'est l'avenir qui jugera de la question.

(Bull. des travaux de la Soc. de méd. de Rouen et Bull. gén. de thérap.)

CATION DU FORCEPS.

SUR LES LESIONS CONSÉCUTIVES A L'APPLI Parmi les lésions inhérentes à la disposition et au mode d'action du forceps, il en est une, selon M. Dubois, qui n'a été signaléc nulle part: c'est la compression du cordon ombilical.

Le cordon fait assez souvent des circulaires autour du cou; un de ces circulaires peut se relâcher, former une anse qui flotte et se rapproche d'un des côtés de la tête. Rien n'empêche alors que le forceps, sì convenablement appliqué qu'on le suppose, ne comprime cette anse à l'insu de l'accoucheur; et si le travail a été long, si

l'extraction de la tête est difficile, si la résistance des parties molles commande une certaine lenteur dans la manoeuvre, il peut s'écouler un temps assez long pour que l'interruption du cours du sang dans le cordon amène la mort de l'enfant. M. Dubois a vu plusieurs cas de ce genre, et malheureusement il a pu se convaincre en même temps de l'impossibilité de prévenir un pareil accident. Pour reconnaitre la disposition particulière dont il s'agit, il faudrait que le bassin fût très-large, condition directement opposée à celle où l'on se trouve obligé d'appliquer le forceps dans la plupart des cas. Cette lésion ne doit donc être indiquée ici que parce qu'elle est possible et de telle nature que l'homme de l'art ne saurait en être responsable.

Il est plus ordinaire de voir le forceps produire des excoriations, des coupures. M. Dubois a présenté à sa clinique l'enfant d'une femme en apparence bien conformée, et chez laquelle le bassin était rétréci dans son diamètre sacro-pubien. La tête, comme il arrive toujours, était placée transversalement et retenue au détroit supérieur. Les branches du forceps ont dù par conséquent être appliquées sur les cxtrémités, et peut-être, par suite du glissement de l'une de ces branches, le contour de la cuiller s'est dessiné sur le front et un des bords a coupé les téguments. Néanmoins, quoique la peau ait été intéressée dans toute son épaisseur, cette petite plaie n'avait rien de grave. A moins de dispositions favorables au développement des érysipeles, ces coupures guérissent vite, et celle-ci en particulier était cicatrisée au bout de quelques jours.

Dans d'autres circonstances l'application du forceps a pour conséquence un enfoncement des os du crâne, mais il est rare que ce soit la cuiller de l'instrument qui produise cette lésion dont le siége ordinaire est la partie de la tête qui se trouve en contact avec l'angle sacro-vertébral. M. Dubois en a montré un exemple chez l'enfant d'une femme couchée au no 26 des salles. Cette femme était très-petite; la tête de l'enfant était élevée et chassait devant elle une poche volumineuse. On a vainement rompu cette poche, la tête ne s'est pas engagée. Alors, mais seulement après plusieurs heures de travail, le forceps a été appliqué sans résultat; puis il l'a été une seconde fois sans plus de succès. Ce n'est qu'après un repos de six heures qu'une troisième application de l'instrument a été suivie de l'extraction d'un enfant qui n'a véen que quelques heures et qui portait une fracture d'un des pariétaux. Or, on ne

pouvait pas attribuer cette fracture à la pression du forceps, puisque celui-ci était appliqué sur l'occiput et sur le menton. Il était évident que l'angle sacro-vertébral avait été dans ce cas l'agent passif mais direct de la lésion osseuse. Le même accident se produit parfois dans des accouchements spontanés chez des femmes n'ayant aucune déformation du bassin. Il faut savoir du reste que ces lésions des os du crâne, faites sans doute pour donner de l'effroi, ne sont pas constamment mortelles. Si l'enfant succombe, c'est plutôt à la longucur du travail que sa mort doit être attribuée; car souvent la dépression des os s'efface ou devient moins sensible; il n'y a aucun signe de paralysie; et si l'enfant est bien nourri et n'a pas trop souffert, il peut guérir en quelques semaines, comme on en a vu plusieurs exemples à la Clinique.

Enfin, comme lésion consécutive à l'application du forceps, il faut ranger encore la congestion cérébrale, accident rare, mais possible chez la femme mal conformée, alors que l'énergie de la compression exercée par les cuillers sur les côtés de la tête dépasse les limites de la contusion des téguments et va retentir au delà même des os du crâne. Puis vient ensuite, et celle-là est très-commune, une lésion qu'on a mal interprétée, la paralysie de la face. On a cru pendant longtemps que cette paralysie était le résultat d'une apoplexie; mais M. Dubois a le premier démontré que c'était une paralysie toute locale dépendant d'une violence extérieure. Ces paralysies, a-t-il dit, se manifestent dans des conditions bien déterminées: elles sont le résultat de la compression que le forceps exerce sur une des branches ou sur le tronc du nerf facial à son point d'émergence du trou stylo-mastoïdien. Dans ce cas le forceps a été certainement appliqué irrégulièrement, et c'est une raison de plus pour procéder à cette application avec le plus grand soin. La paralysie du nerf facial n'a d'ailleurs rien d'inquiétant. Elle se dissipe en six à huit jours sans médication. Il y a seulement une remarque à faire à l'occasion de son siége quand cette affection existe, un des yeux est fermé et l'autre ouvert. On croit alors que la paralysie est du même côté que l'œil fermé, c'est une erreur. La paralysie existe du côté de l'œil ouvert. L'enfant qui crie ferme les yeux; mais si l'orbiculaire des paupières est paralysé d'un coté, l'œil de ce côté reste ouvert. Du côté opposé ce muscle, en se contractant, amène l'occlusion de l'œil.

(Journal de méd. et de chir. prat.)

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