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movible. Des lacs sont attachés au bras et au poignet et confiés à des aides qui tirent directement sur l'avant-bras pour faire redescendre l'olécrâne à la place qu'il doit occuper.

M. Uytterhoeven, saisissant d'une part le bras et d'autre part l'avant-bras, près de l'articulation, veut substituer rapidement un mouvement de flexion à l'extension que les aides abandonnent à ce moment. Ce procédé ne réussit pas.

M. Koepl propose de fléchir l'avant-bras sur le bras en arrière tout en tirant directement sur le bras. Le malade conserve sa position, les aides tirent dans le sens indiqué par M. Koepl. Le cubitus fut réduit mais l'olécrâne se rompit sous l'effort.

Le radius étant luxé en arrière, et les manoeuvres ci-dessus décrites n'ayant pu suffire pour le ramener à sa place, M. Uytterhoeven, après avoir fléchi l'avant-bras, le porte dans la supination, tandis qu'avec le pouce de la main, qui embrasse le bras, il presse d'arrière en avant sur la tète du radius et la fait repasser au-dessous du condyle de l'humérus. On met le bras dans la demiflexion qu'on maintient par un appareil au plâtre.

Le lendemain, on fend le bandage pour permettre l'examen du membre. La réduction est parfaite. Il existe un peu de gonflement au coude.

Le 7 février, on enlève l'appareil. Bains locaux.

Le 8, M. Uytterhoeven propose l'emploi de l'appareil de M. Bonnet pour prévenir les ankyloses.

Le malade s'en sert jusqu'au 14, jour de la sortie de l'hôpital. Les mouvements de rotation de l'avant-bras étaient faciles; mais ceux de l'extension et de la flexion encore très-bornés. La fracture du radius n'avait été accompagnée d'aucun phénomène particulier. L'os était cassé mais sans écartement sensible, et sans avoir été compliqué de déchirure des parties aponevrotiques attenantes.

EMPLOI DU SÉTON. GUÉRISON.

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HYDRO-HEMATOCÈLE VOLUMINEUSE. Verstraeten (Ive), âgé de 21 ans, tisserand, tempérament lymphatique, d'une bonne constitution, entre dans notre service le 15 décembre 1853.

En 1848, cet homme, suivant son rapport, portait depuis longtemps, dans les bourses, une tumeur anormale, que nous supposons avoir été une simple hydrocèle. Il voit tout à coup, et sans cause appréciable, ses bourses prendre un développement encore plus considérable. Ce développement, bien qu'incessant, n'est devenu très-considérable que depuis dix jours.

Poussé par la crainte, et ne pouvant presque plus marcher, il vient réclamer nos soins.

Bourses offrant une tumeur de la grosseur d'une tête d'adulte, à grosse extrémité tournée en bas et touchant presque les genoux, égale, sans changement de couleur à la peau, qui est lisse et tendue, mate à la percussion, sans transparence, mais fluctuante; peau de la verge fortement attirée; cet organe, considérablement rapetissé, est couché sur le milieu de la tumeur où on le sent à travers les téguments; le cordon des vaisseaux spermatiques paraît divisé en

deux du côté droit; testicules considérablement augmentés de volume, remontés en haut et en arrière.

Le 14 décembre, après un examen attentif de la tumeur, fait en présence de MM. les docteurs Koepl, Henriette, Bougard, Testelin et les élèves, M. Uytterhoeven se décide à pratiquer une ponction exploratrice, qui donne issue à un demi-litre environ de sang noir. Ce sang est examiné au microscope par le docteur Testelin, qui le déclare identique à celui d'une saignée. La tunique vaginale est considérablement épaissie, le testicule a un volume double comparativement à l'état normal.

Le 17, l'épanchement reparaît.

Le 20, nouvelle ponction. Écoulement d'un liquide sanguinolent en quantité moindre que la fois précédente.

Le 30, l'infiltration existe de nouveau.

Le 4 janvier, nouvelle ponction. Écoulement d'un liquide séro-sanguinolent plus abondant que celui de la deuxième ponction.

Après quelques réflexions sur les moyens à mettre en usage pour tenter la cure radicale, M. Uytterhoeven aborde l'injection à la teinture d'iode (1 3 de teinture pour ij3 d'eau distillée). Inflammation thérapeutique peu vive et localisée à la base de la tumeur. Aucun phénomène bien remarquable. Le liquide ne tarde pas à reparaître.

Le 20 janvier 1854, M. Uytterhoeven pratique une nouvelle ponction et applique un large séton qui traverse la tumeur de haut en bas. Inflammation très-vive, bornée d'abord à l'endroit du séton, s'étendant ensuite de proche en proche, et atteignant le 23 toute la tunique vaginale. Réaction générale assez marquée.

Le 26, on retire le séton et ses ouvertures livrent passage à une grande quantité de pus. Injections détersives avec une proportion bien faible de teinture de myrrhe.

Le 13 février, diminution considérable de la tumeur. Cessation complète de la suppuration.

Le 20, le malade est guéri et demande la sortie.

L'application du séton dans la cure des hydrocèles est une pratique ancienne à laquelle les modernes ont à peu près complétement renoncé.

L'observation précédente, jointe à quelques autres, que la même clinique a présentées à nos yeux, nous fait présumer que l'abandon absolu de cette méthode est peut-être regrettable.

Du reste, nous n'avons pu faire que des conjectures sur la source d'où provenait l'hématocèle qui venait compliquer cette maladie.

SECTION COMPLÈTE DE L'ARTÈRE RADIALE A SA PARTIE INFÉRIEURE.

Pierlet (Maric), âgée de 21 ans, servante, d'un tempérament sanguin et d'une bonne constitution, fait, le 25 janvier, une chute d'une échelle, sa main venant frapper dans un des carreaux de vitre d'une fenêtre qu'elle nettoye au rez-dechaussée.

Les premiers soins sont donnés par un chirurgien de la ville. Il établit une compression au-dessus de la plaie, et ordonne sur cette dernière l'application de compresses imbibées d'eau froide.

Plaie de cinq centimètres de longueur, peu profonde, assez nette, obliquement dirigée de dehors en dedans et de haut en bas. Cessation de l'écoulement sanguin. Suppression complète des pulsations artérielles au-dessous de la plaie. Réunion des lèvres de la plaie au moyen de bandelettes de sparadrap, solidement maintenues en place par du collodion, compression au-dessus de la plaie au moyen de compresses graduées maintenues par des tours de bandes, position. convenable du membre.

La cicatrisation s'établit bientôt et la malade sort de l'hôpital le 3 mars, après avoir pris quelques manuluves pour détruire la raideur des doigts.

Les pulsations artérielles ont cessé d'être sensibles au-dessous du siége de la plaie et dans un assez grand espace au-dessus.

Cette guérison prouve encore une fois que la compression, dans les cas de lésions artérielles, est souvent suffisante pour arrêter l'hémorrhagie et que la ligature du vaisseau n'est pas toujours indispensable. Le professeur nous a, du reste, rapporté plusieurs faits de blessures de troncs artériels considérables parfaitement guéries au moyen de la compression.

MÉMOIRE SUR LES NÉVROSES FÉBRILES; par M. le docteur LIEGEY, Membre correspondant, à Rambervillers (Vosges). · (Suite. Voir notre cahier de

février, p. 124.)

ROUGEOLE.

Je vais maintenant citer quelques cas de fièvres éruptives graves.

OBSERVATION 1re. Ma petite fille, âgée de 8 ans et quelques mois, nerveuse aussi, et plusieurs fois atteinte de fièvre intermittente à forme de coqueluche on de croup, eut la rougeole au mois de mai. Sans cause connue, l'éruption, déjà bien développée, disparut brusquement. Peu après, toux sifflante, menace de suffocation, décomposition des traits. Ces accidents se reproduisirent d'une manière périodique. Dans l'intervalle des accès, il n'y a qu'une toux catarrhale et l'enfant ne parait que légèrement malade; elle jouerait et mangerait à peu près comme à l'ordinaire si on le lui permettait. Ces accès se produisent vers minuit et durent jusqu'à deux heures du matin environ. L'enfant refuse d'abord d'avaler des médicaments et de recevoir des lavements, et je ne puis que lui faire des frictions sur la poitrine avec l'huile de croton tiglium, qui produit seulement un érythème peu prononcé et passager, malgré la dose assez forte d'huile employée. Ce n'est qu'après le troisième accès que la malade consent enfin à prendre des médicaments dont l'emploi est on ne peut mieux indiqué. Je lui fais avaler le quinquina en poudre et le sulfate de quinine dans du café noir. La nuit suivante, l'accès est beaucoup moindre. La médication fébrifuge est continuée. Au bout de deux jours, favorisée par de nouvelles frictions avec l'huile de croton, une éruption miliaire se produit. Elle est entremêlée de taches rubéoliques

qui, bientôt, la remplacent presque entièrement et couvrent tout le corps, comme avant les accidents graves. Quelques jours après, l'épiderme était en furfuration et l'enfant, qui prenait quelques aliments et buvait du vin et du café, se trouvait à peu près rétablie. Je ne dois pas omettre de dire que, toutes les fois que j'ai essayé de lui donner des boissons adoucissantes, de l'eau de mauve avec du sirop de gomme par exemple, la toux a augmenté, est devenue beaucoup plus sèche; que le contraire avait lieu sous l'influence des boissons stimulantes et toniques que je viens d'indiquer. Mais ce n'est pas là un fait isolé, je l'ai conslaté nombre de fois, et chez des personnes de différents àges.

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OBSERVATION 2o. Les quatre enfants du sieur B..., manœuvre à Rambervillers, eurent simultanément, au commencement du mois d'avril, la rougeole qui, chez trois d'entre eux, parcourut régulièrement ses diverses périodes. Chez la quatrième, petite fille de trois ans et demi, l'éruption s'arrêta dans sa marche et fut remplacée par une toux croupale et une dyspnée extrême et continue. Aut déclin de ces accidents, qui cédèrent assez promptement à l'emploi de l'ipécacuanha intus et extrà, l'éruption rubéolique reparut pour se terminer d'une manière normale.

OBSERVATION 5o. Le nommé F..., manœuvre, a aussi quatre enfants, dont deux ont été, au mois de mars, atteints de la grippe, pendant que les autres étaient affectés de fièvre éruptive. Toute bénigne chez l'une, la rougeole se montra irrégulière dans sa marche chez l'autre, âgé de 7 ans, qui offrit des accidents de forme croupale, au milieu desquels il succomba promptement.

OBSERVATION 4o. Dans le même mois, la petite G..., fille d'un ébéniste de cette ville, âgée de 2 ans environ, d'un tempérament éminemment nerveux, eut, pendant quelques jours, un peu de coryza, d'angine et de toux catarrhale, puis vint une éruption de taches rubéoliques et érythémateuses, qui disparut brusquement. Alors se produisit une angine à forme de croup et qui s'offrit sous le type périodique. Le quinquina, associé au sulfate de quinine dans du café à l'eau, fit promptement justice de cette affection. L'affection cutanée reparut et se termina par furfuration..

C'était la seconde fois que cette enfant était atteinte de fièvre intermittente à forme croupale. Elle eut encore cette affection au mois d'août, et les mêmes préparations de quinquina amenèrent le même résultat.

OBSERVATION 5. — Chez les deux enfants d'un cordonnier de Rambervillers, la suspension de la marche de la rougeole amena aussi des accès pernicieux. L'une, âgée de 4 ans et demi, très-lymphatique, eut, pendant ces accès périodiques, une grande dyspnée avec toux sifflante, sèche et fièvre ardente; l'autre eut d'abord les mêmes accidents, puis du délire. Chez celle-ci, les trois stades fébriles étaient on ne peut plus marqués. Même médication antipériodique, inėme succès. Reproduction de l'affection cutanée, terminaison normale de celle-ci.

OBSERVATION 6o. La petite G..., 3 ans, lymphatique, d'une constitution délicate, tomba malade à peu près en même temps que les deux précédentes, c'est-à-dire vers le milieu d'avril. Cette enfant, lors de la suspension de l'érup

tion rubéolique, arrivée comme chez les autres sans cause connue, offrit des accidents de formes variées, mais dont les plus saillants furent des syncopes avec froid algide. Arrivé près de la malade pendant une de ces syncopes, je crus à une mort toute prochaine. Cependant, je pensai qu'il était encore de mon devoir de tenter l'emploi de quelque moyen. Je fis pratiquer des frictions irritantes sur une partie du corps et couvrir le reste de cataplasmes sinapisés. Un peu d'érythème se produisit aux jambes au bout de peu de temps. Une rémittence marquée eut lieu, ce dont je profitai pour administrer le quinquina d'abord en lavements, puis par la bouche. L'enfant guérit. A l'éruption rubéolique reparue sur diverses parties du corps, s'était jointe une éruption miliaire générale, venant compléter la crise.

J'aurais à citer plusieurs autres faits relatifs à la fâcheuse transformation de la rougeole, et dans ces autres cas, on verrait de nouvelles formes de perniciosité se produire; mais la crainte d'être trop long me fait passer à un autre sujet.

VARIOLOÏDE.

J'ai vu quelques cas de varioloïde à Rambervillers, et il s'en est produit aussi un certain nombre aux environs. En voici un qui me semble 'assez intéressant pour que j'en dise un mot.

OBSERVATION. Une jeune femme de Rambervillers, d'une assez forte constilution, d'un tempérament nervoso-bilieux, vaccinée dans son enfance, sujette seulement à une migraine accompagnée de douleurs gastralgiques, bien réglée, et vivant dans de bonnes conditions hygiéniques, fut prise dans le courant d'avril, peu de temps après son époque menstruelle, d'une céphalalgie susorbitaire assez vive, de douleurs rachialgiques, d'accablement général, de nausées, puis de vomissements bilieux et de fièvre continue. La nuit du 23 au 24, elle eut plusieurs syncopes.

Appelé le lendemain, je la trouvai très-abattue, brûlante, accusant d'atroces douleurs rachidiennes, avec irradiations dans les membres. Sa bouche était mauvaise, sa langue blanchâtre, son haleine fétide; elle avait des nausées, le pouls était d'une grande fréquence, elle éprouvait par moment des picotements à la peau, où cependant rien encore ne se montrait. Je lui fis prendre l'ipécacuanha dose vomitive.

Le 26, je trouve cette femme moins abattue; depuis les vomissements produits sous l'influence de l'ipécacuanha, elle souffre moins à la tête, au rachis et dans les membres, mais les douleurs dermiques ont beaucoup augmenté.

De nombreux boutons rouges, acuminés, de volume variable, se montrent au visage et à la poitrine; il n'y en a que très-peu sur l'abdomen et sur les membres, où ils ne sont encore qu'à l'état rudimentaire. Partout où il s'en est produit, la malade a éprouvé, éprouve encore, mais à un moindre degré, des élancements. « C'est dit-elle, comme si l'on me piquait partout avec des aiguilles ; à mesure que des boutons se développent, les douleurs diminuent. »

L'état général de cette femme continua à s'améliorer. Une partie de l'éruption resta à l'état papuleux, l'autre partie des boutons se pustula, prit la forme

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