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Pour en revenir à la pièce: Tout ce que Béralde peut et veut réellement faire en faveur des médecins, c'est de les diviser en deux classes, celle des imposteurs et celle des dupes : « Il y en a parmi eux qui sont eux-mêmes dans l'erreur populaire dont ils profitent; et d'autres qui en profitent sans y être. » Cette division une fois établie, le jugement est rendu, le jugement de Molière! justice est faite! la justice de Molière ! Et pourquoi cela? A regarder les choses en philosophe, je n'y vois pas de raison plus vraisemblable, plus plausible que celle-ci : Molière portait au cœur une maladie incurable; il était jaloux, donc il n'y a rien de plus ridicule qu'un homme qui veut se mêler d'en guérir un autre. » C'est la bergère du prologue, une coquine (langage du temps), qui a si bien appris à parler qu'en désapprenant sans doute l'innocence et l'honnêteté, c'est la bergère du prologue, disonsnous, qui nous donne le véritable secret du courroux de l'auteur :

Votre plus haut savoir n'est qu'une pure chimère,
Vains et peu sages médecins,

Vous ne pouvez guérir par vos grands mots latins,
La douleur qui me désespère;
Votre plus haut savoir 'n'est que pure chimère.

Ce qui nous étonne beaucoup, c'est que Molière, observateur si pénétrant et si juste des choses morales, ait pu adopter, dans l'ordre physique, cette maxime des simples déclamateurs: La nature se suffit à elle-même. Béralde: La nature d'elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée. C'est notre impatience, c'est notre inquiétude qui gâte tout, et presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non pas de leur maladie. » Eh bien ! il eût été plus conforme au génie de l'auteur de s'arrêter à ces mots : C'est notre impatience, c'est notre inquiétude qui gâte tout. En effet, peu d'hommes donnent aux remèdes le temps de les guérir, et meurent pour cela, et par cela même de leur maladie. Nous en appelons sur ce point à l'expérience, non pas des médecins, mais des plus vulgaires observateurs.

En résumé, Molière, atteint d'un mal moral qui le minait, s'emportait contre la médecine, et croyait au théâtre pour guérir de la jalousie : Pauvre humanité même chez les plus grands hommes !

-- Il nous semble que l'abus du mot nature est le trait le plus marqué de la littérature et de la philosophie, après l'apparition et la vogue de J.-J. Rousseau. Nature est devenue le nom synonyme de toute perfection physique et morale.

Tout est bien sortant des mains de la nature. En vérité !

Tout, sans exception, tout est bien à ce compte-là; car tout sort des mains de la nature, alma parens rerum : L'air et les miasmes, les trombes et la rosée, le chaud et le froid, la création et la mort. L'école de la nature, sous prétexte de nous ramener à la sensibilité, nous a donc conduits au scepticisme plus directement, plus réellement que ne l'a fait quoi qu'on en dise le génie de Voltaire, de cet homme d'un tact si sûr, d'une raison si parfaite (1).

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Depuis ce temps-là, il y a dans le sens général sens toujours médiocre, obtus ou distrait une sorte d'opposition entre la nature et la médecine, comme si la scconde était née de l'inobservation et du parfait oubli de la première.

Les esprits forts, c'est-à-dire les esprits ordinaires, ne sauraient imaginer un homme de la vraie nature ayant vraiment besoin d'un médecin de la Faculté royale, nationale ou impériale de médecine.

Qu'est-ce que c'est qu'un homme de la nature? Avez-vous jamais rencontré un homme de la nature; en cas de rencontre, vous en êtes-vous bien trouvé? Peu importe, Rousseau avait dit : Le reste a cru penser. Panurge... les moutons sautèrent.

Allons au vrai sans déclamation : enfant, homme fait, vieillard, il n'est pas le moins du monde naturel, il est même fort extraordinaire de se bien porter. Nous voulons bien que cela remonte à la chute du genre humain, au péché originel. Mais la cause d'un fait ne le supprime pas apparemment parce qu'il l'explique et le motive. Donc il est naturel de se mal porter et de même que l'homme doit manger son pain à la sueur de son front, de même il ne devra la conservation de sa vie qu'à l'hygiène, à la médecine, à la thérapeutique.

--

Ducis, dans une épître à sa mère, s'exprime ainsi :

Le franc, le sensible Voisin
Qui laisse faire, sans injure,
Mais, en l'observant d'un œil fin,
La médecine et la nature,
Marchant toujours avec mesure,
Auprès d'elle et sur son chemin.

homme sensible, parce qu'il laissait faire Je vous le disais bien: Voisin est réputé sa médecine à la nature, médecine heuprendre ses inscriptions et son grade à la reuse et commode qui permettrait de grande Chaumière. Dans cette école, on n'aurait pas manqué d'interpeller Broussais en ces termes : « Tu tires du sang, bête

(1) Richerand.

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Non, mais j'en puis dire mon sentiment; et puis, si ce n'est pas mon affaire aujourd'hui, ce le sera quelque jour en dépit de moi.

Les servantes de 1674, pour ne savoir ni lire ni écrire, n'en raisonnaient pas moins sensément. « Si ce n'est pas mon allaire aujourd'hui, cela sera quelque jour en dépit de moi. » Oui, car il en est de la médecine, en ce monde, comme de la justice; venit. Elle vient quelquefois d'un pied boiteux, mais elle vient, cela est dans la nature. Voilà pourquoi l'indifférence des journaux, en matière d'annonces, est dangereuse et coupable. Dorine leur dirait là-dessus de bien belles choses qu'ils ne publieraient pas.

- Attribuer au hasard les succès obtenus par l'habileté, le dévouement du médecin au malade; imputer à l'ignorance du même les revers, la fatalité de sa maladie mème, c'est là le pont aux ânes, en quelque sorte que de gens y passent. Dans une comédie intitulée l'Aveugle clairvoyant (1716), le médecin s'appelle l'Empesé. Il est tout stupéfait d'avoir guéri un mal d'yeux avec une eau faite pour peler le visage. Son valet lui répond: Ce n'est que par hasard qu'agit la médecine. Parmi ces qui pro quo souvent si dangereux, Il peut s'en rencontrer entre mille un heureux. Les valets et les soubrettes ont, en général, des opinions très-nettes, très-arrêtées et très-hostiles aux médecins, sur le théâtre. Hum! ces fripons et ces carognes (théâtre ancien) ont bien leur raison pour cela, et quelle est cette raison?... D'abord, le médecin ordonne : c'est un maître de plus. Et puis il empêche souvent le jeune maître d'hériter et de dissiper les

économies de l'ancien. Et puis le médecin ne s'appelle jamais ni Valère, ni Léonce, ni Léandre, ni Dorante, ni Clitandre, noms significatifs et qui sonnent l'or du côté pile et du côté face : l'expédient.

Un homme d'administration, et par conséquent très-sûr de son fait, disait un jour à son médecin, pour le remercier sans doute Le hasard vous donne de bien beaux, de bien doux succès. Qui, répondit le médecin, nous sommes en vérité, et de par vos règlements, Monsieur, dans un monde admirable: la médecine y guérit par hasard, et la chirurgie par enchantement!

- Cette réponse nous conduit assez naturellement à nous occuper de la réplique du seigneur Almaviva au docteur Bartholo. Et d'abord, celui-ci n'est pas médecin, en bonne conscience; il est tuteur et il est jaloux voilà le fait. Jamais un homme sérieux de la profession n'aurait dit en parlant de son art: « un art dont le soleil s'honore d'éclairer les succès. » Dans la réalité, le soleil, comme source de la chaleur et comme auteur du beau temps, se voit honoré par la foule et par les ingrats de plus d'une guérison due aux efforts les plus savants, aux combinaisons les plusfroides et les plus sûres du génie. Dans la réalité encore, le soleil ne fera que rendrela mort la plus naturelle plus invraisemblable. Un enfant, une jeune fille qui meurent par une belle matinée de printemps, quand le soleil se lève..., n'est-ce pas toujours la faute, la faute éclatante de la science et de son ignorant interprète? Bartholo s'exprime done comme un charlatan, sans réflexion et sans expérience. Le comte Almaviva n'est pas tenu de savoir ce qu'il dit pourvu qu'il ait le dernier mot contre le médecin et la médecine, cet art & dont la terre s'empresse de recouvrir les bévues. La médecine, libre d'ellemême, n'aurait qu'un but après la mort: chercher, sans empressement mais avec pudeur, les causes de la mort, et d'une erreur souvent inévitable dans le passé faire une garantie infaillible dans l'avenir.

Almaviva se trompe c'est la passion qui s'empresse de recouvrir ses bévues pour en commettre de nouvelles; c'est ainsi que l'amant de Rosine est pressé de devenir son mari. Don Juan est bien moins téméraire de suivre le commandeur.

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LISIDOR.

Des bols de savon!

LE MÉDECIN.

Oui, Monsieur, c'est un spécifique divin, que depuis deux ans je réussis à mettre à la mode. Les anciennes drogues dont nos ancêtres faisaient usage pouvaient convenir à leurs santés robustes et grossières; mais aujourd'hui tout doit être soumis aux lois de notre délicatesse et de nos grâces. Voudriez-vous, par exemple, que je déchirasse l'estomac d'une jolie malade avec du miel aérien, qui ne purge que par indigestion? L'ABBÉ.

Oserai-je vous demander, Monsieur, ce que c'est que du miel aérien ?

LE MÉDECIN.

C'est de la manne, M. l'abbé, c'est de la manne.

LISIDOR A LUCILE.

Le ridicule personnage!

CIDALISE.

Plus je l'entends, plus il m'enchante.

Lisidor et Cidalise! Voilà le monde entier en deux personnes; voilà ce qu'il pense, ce qu'il éprouve et ce qu'il exprime au même moment sur un même individu. Soyez grave et sensé : Le ridicule personnage, s'écrie Cidalise; changez moi ce M. l'Empesé, appelez-m'en un autre! Plus je l'entends, plus il m'enchante, dit Lisidor, et vive Esculape ressuscité ! Soyez au contraire d'aimable compagnie et de vive ou spirituelle humeur. Le ridicule personnage, répète Lisidor à son tour; plus je l'entends, plus il m'enchante, réplique Cidalise!

Te

nez, nous portons le défi le plus éclatant au médecin le plus irréprochable, de contenter à la fois son malade et l'entourage, le petit cercle de son malade. - C'est à ce point, dans le cours ordinaire des choses, que la première lettre du malade, dans une maladie, est en faveur de son médecin; ce qui lui reste de force est pour lui-même.

Le médecin du Cercle ne faisait, après tout, que se mettre au niveau de la compagnie; il prenait, en homme du monde, le ton de la conversation générale. Il ne disait pas des choses si extravagantes! Voyons, qui de nous ne veut être soigné, traité, guéri un peu à la mode? Qui de nous subirait l'huile de ricin avec la possibilité de l'eau de Pullna et de telle et de telle limonade? Ce ne sont pas toujours les jolics malades qui se montrent les plus difficiles de ce côté-là: beaucoup d'hommes sont femmes et même un peu moins: enfants.

La citation de Poinsinet prouve une chose, et cette chose est un doute. Convient-il au médecin de se départir de la

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CONSERVATION DES SUBSTANCES ANIMALES ET VÉGÉTALES, A L'ÉTAT FRAIS, SANS ALTÉRATION DE COULEUR, DE SAveur et d'odeur; par M. LAMY, de Clermont-Ferrand.

L'Académie des sciences sera appelée à examiner, dans une prochaine séance, les résultats d'une découverte qui paraît être d'une haute portée. Cette découverte est appréciée ainsi dans le Journal du Puy-deDôme, numéro du 12 février dernier : « On nous avait parlé, depuis quelque temps, d'une invention faite par M. Lamy, ancien professeur de l'Université, au sujet de la conservation des fruits et des viandes.... Nous avons vu chez lui des échantillons des fruits et des légumes les plus délicats, tels qu'abricots, prunes, cerises, raisins, fraises, framboises, melons, asperges et petits pois, exposés en plein air ou renfermés dans des caisses accessibles à l'air, depuis la dernière récolte, c'est-àdire depuis plus de six mois, quelquesuns depuis deux ans, sans la moindre ride, avec leur velouté, et dans un tel état de conservation, qu'on eût juré qu'ils venaient d'être détachés de leurs tiges.

» Ayant eu la curiosité de goûter quelques fruits, nous nous sommes convaincu que leur saveur n'avait été nullement altérée par le procédé de conservation, en tenant compte, bien entendu, de la différence des saisons.

>> M. Lamy nous a montré un gigot de mouton, un lièvre, plusieurs grives, quelques cailles et perdrix qu'il garde depuis dix-huit mois à deux ans, dans le plus parfait état de conservation; et, par son procédé, dit-il, on peut conserver des tranches de fruits ou de légumes, comme des montagnes de denrées, des parcelles de viandes, comme des moutons et des bœufs tout entiers.

» Le procédé appliqué à la conservation de la betterave, loin de lui enlever ses propriétés saccharines, tendrait à les augmenter, puisque le jus qui en provient marque 150 au pèse-sirop, et donne naissance à des cristaux volumineux et parfaitement diaphanes.

» Appliqué à la conservation de la pomme de terre, non-sculement le procédé

ne lui enlève pas la propriété germinative, mais il la rend au contraire plus vigoureuse, et les tubercules qui en proviennent sont parfaitement sains: M. Lamy a observé que le tubercule qui se trouve attaqué par l'oïdium tuckeri se durcit, dans

la partie infectée, tandis que la partie saine se dessèche, et une espèce de pellicule se forme entre la partie saine et la partie malade.

Pour complément, M. Lamy nous a assuré que le prix de revient affecté à la conservation de chaque chose est presque nul. »

J'ai vu la viande cuite et crue, les lé

gumes et les fruits conservés, j'ai goûté l'un de ces fruits, et je puis confirmer le récit du journaliste qui n'a rien exagéré. J'ajouterai que les fruits sont pris sans aucun choix, tels qu'on les vend au marché, les uns parfaitement mûrs, les autres prématurés. Quelques-uns sont entamés par les guêpes ou les oiseaux; tous ont conservé l'aspect et les qualités qu'ils avaient au moment où on leur a appliqué le procédé conservateur.

Une pièce anatomique, un avant-bras, en partie disséqué, paraît sortir de l'amphithéâtre. Les muscles, le tissu cellulaire, les tendons, les aponévroses et les vaisseaux gardent leur teinte, leur volume et leur souplesse. Ce bras est enfermé, sous une vitre, dans une caisse en bois, mince et perméable à l'air, qui, depuis plusieurs semaines, a été scellée par mon ami le professeur Nivet.

H. BLATIN, D.-M. P. (L'Union médicale.)

A PROPOS DU CONCOURS DE 1855. Un anonyme demande ce que la Société entend par bases végétales, et si elle comprend par là les alcaloides seuls, ou bien les principes actifs des plantes vénéneuses, qu'ils soient neutres ou basiques. Il est évident qu'en disant bases végétales, la Société n'a voulu entendre par là que les principes actifs doués de propriétés basiques, en d'autres termes les alcaloïdes. Toutefois la réponse à la question proposée n'aurait que plus de mérite si les concurrents étendaient aux principes toxiques neutres des procédés généraux susceptibles de s'appliquer également à l'extraction de ces principes, d'une manière nette et précise, des matières organiques végétales ou animales auxquelles ils peuvent se trouver mélangés.

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NECROLOGIE.

Une des plus grandes illustrations chlrurgicales, et sans contredit le premier opérateur de ce siècle, vient de terminer sa longue et brillante carrière scientifique. l'âge de 74 ans, après une courte maM. le professeur Roux est mort le 23 mars, ladie, ayant conservé, jusque dans les derniers moments, toute la plénitude de ses brillantes facultés intellectuelles et sa rare dextérité. Professeur de clinique chirurgicale, membre de l'Institut, de l'Académie de médecine, officier de la Légion-d'honneur, rien n'a manqué à sa gloire et à sa réputation. Il se préparait à publier un ouvrage en quatre volumes, sous ce titre : Quarante ans de chirurgie. Cet important ouvrage est heureusement tout rédigé, et verra donc probablement le jour dans un avenir peu éloigné. La Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, jalouse de donner à l'illustre professeur un témoignage de son estime et de son admiration, lui avait décerné, le 20 juin 1846, le titre de membre correspondant.

- Le 20 mars, est mort, à Malines, le docteur P. J. D'AVOINE, président de la Société des sciences médicales et naturelles de cette ville. M. D'Avoine était un praticien très-instruit et très-considéré, et connu par plusieurs publications médicales et littéraires estimables. Il n'avait que 51 ans.

-La Faculté de médecine de l'Université de Gand vient de perdre un de ses membres les plus distingués, M. le professeur CHARLES TEIRLINCK, jeune médecin de grand mérite, décédé dans les premiers jours de mars, à l'âge de 38 ans, à la suite d'une maladie de langueur.

Sir JAMES WYLIE, qui fut bien longtemps le principal médecin de la Cour de Russie, vient de mourir à Saint-PétersRussie toute sa fortune qui était considérabourg. Il a légué, dit-on, à l'Empereur de ble. Sir James Wylie était né en Écosse en 4768. Il avait été fait Chevalier aux courses d'Ascot, en 1814, par Georges IV, alors Prince régent, et avait été ensuite créé baronnet, à la demande de l'Empereur Alexandre, lors de son départ d'Angle

terre.

Au moment de tirer la dernière forme, nous apprenons encore la mort d'un de nos membres correspondants, M. l'ingénieur S. B. J. DENIS, percepteur des postes à Arlon. La Société lui doit un mémoire sur le gisement et l'exploitation du diamant dans la province de Minas-Geraes, au Brésil. Il avait été élu correspondant le 5 juillet 1841.

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DE L'ENTEROPATHIE MÉTALLIQUE. ÉTUDE MÉDICALE SUR LES ACCIDENTS CAUSÉS VERS LE TUBE DIGESTIF PAR LA PÉNÉTRATION LENTE ET GRADUÉE DE CERTAINES SUBSTANCES MÉTAlliques dans l'orGANISME; par M. AMAND BEAUPOIL, docteurmédecin à Poitiers, membre associé correspondant de l'Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, des Sociétés médicales de Poitiers, Tours, etc.

Cette étude comportant un grand nombre de faits de détail, j'ai cru indispensable de suivre un ordre logique qui permit de les grouper, de les enchainer les uns aux autres.... Je vais donc prendre le plomb pour type, et, afin de lui comparer fructueusement les accidents causés par les autres métaux, et spé cialement par le zinc, absorbés de la façon toute spéciale indiquée tout à l'heure, j'étudierai successivement et avec le plus grand soin les causes de la colique de plomb, le mode suivant lequel cette maladie se développe, les phénomènes qui la caractérisent et conséquemment son siége et sa nature; enfin son diagnostic et son traitement, points essentiels de toute étude nosologique.

Le siége et la nature d'une maladie étant l'essence même de cette maladie, je devrai, chemin faisant, rechercher si le zinc et quelques autres métaux sont susceptibles de produire des accidents de même nature et ayant même siége que la colique de plomb. Ces considérations se présenteront naturellement, surtout à l'article du diagnostic différentiel de la colique saturnine, alors que, m'appuyant sur les données établies dans les chapitres précédents, je pourrai rapprocher ou éloigner de cette maladie toutes les autres affections abdominales qui ont avec elle quelque ressemblance, en faire saisir les différences ou les analogies et par suite ramener au même type, s'il y a lieu, les accidents occasionnés par certaines substances métalliques autres que le plomb, le zine, par exemple, ce que j'espère faire comprendre à la savante compagnie.

Enfin, du dépouillement des nombreux moyens de traitement proposés depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours et des matériaux de cette longue étude, surgiront, je pense, les indications curatives de la maladie de plomb et la médication la plus rationnelle pour les remplir.

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