Images de page
PDF
ePub

M. PIORRY. J'ai commis une très-grande sent certaines dispositions, soit de ce cor

faute en ne citant pas dans ce travail un excellent livre, celui de M. Bricheteau. Quant au tartre stibié, je n'ai pas tout à fait oublié d'en parler; j'ai rappelé, entre autres, les essais de Lanthois. Je n'ai pas entendu d'ailleurs préconiser exclusivement l'iode et prétendre que ce soit le seul remède j'ai seulement voulu prouver qu'il était bon.

En ce qui concerne les questions de M. Robinet, il comprendra que mes occupations ne me permettent pas toujours de faire les autopsies; je suis tellement sûr d'ailleurs de l'exactitude de la plessimétrie que je n'hésite pas à dire que je n'ai pas pu me tromper.

M. CAVENTOU. M. Londe a parlé de fumigations de vapeurs d'arséniate de soude qui auraient eu entre ses mains d'heureux résultats. Je me demande comment on peut administrer des vapeurs d'arséniate de soude; ce n'est évidemment qu'à la faveur d'une décomposition. Or, dans ce cas, ce ne sera plus des vapeurs d'arseniate de soude, mais des vapeurs d'acide arsénieux qu'on fera inspirer. Il est bon qu'on connaisse cette circonstance.

M. CHATIN. On sait que d'après les médecins allemands il y aurait antagonisme entre le goître et la phthisie. Or, il est connu aussi que l'iode guérit très-bien le goitre; si l'iode guérit le goître, n'y a-t-il pas lieu de douter qu'il puisse guérir la phthisie? C'est là une objection qu'on pourrait peut-être opposer à M. Piorry. Mais, d'un autre côté, suivant un médecin italien, la phthisie serait une des terminaisons les plus communes du goître. Il y a là, comme on le voit, deux propositions diverses à examiner.

DIAGNOSTIC ET VALEUR DU bruit de souFFLE OMBILICAL. M. DEVILLIERS lit un travail intitulé : Recherches sur le diagnostic et la valeur du bruit de souffle ombilical. Des faits et réflexions contenus dans ce mémoire, l'auteur croit devoir conclure que :

1o Le bruit de souffle ombilical se laisse distinguer des autres bruits que l'on perçoit dans le travail de l'accouchement, et surtout de ceux qui sont propres au cœur du fœtus, par certains caractères particuliers.

2o Sa situation est aussi variable que celle des circonvolutions du cordon, et par conséquent ne suit pas aussi exactement qu'on l'a pensé le mode de présentation du fœtus; elle indiquerait mieux à la rigueur sa position.

3o Le bruit de souffle ombilical résulte de la compression du cordon que favori

don lui-même, soit des parties fœtales, soit des parois utérines et abdominales.

40 Toutes les fois qu'on l'entend, on doit soupçonner ou l'interposition du cordon entre les parois utérines et les parties fœtales, ou l'existence de ses círconvolutions autour de celles-ci, et par conséquent, dans quelques cas, celle d'une brièveté accidentelle du cordon, et se tenir en garde contre les conséquences possibles de ces accidents.

50 Cependant, si le souffle ombilical accompagne quelquefois les circonvolutions du cordon, plus fréqueniment encore celles-ci existent sans qu'il se produise ou sans qu'il se trouve dans des conditions. permettant de le discerner.

6o On peut au contraire, dans certains cas, se rendre compte de la présence du bruit de souffle ombilical, bien que, au moment de la naissance, il y ait absence de circonvolutions du cordon, ces dernières étant, ainsi que l'observation le démontre, susceptibles de se déplacer ou de se dérouler pendant les diverses phases du travail.

7° Quelque rare que paraisse être le bruit du souffle ombilical, il conserve done en pratique une valeur très-importante. (Commissaires: MM. Depaul, Danyau.)

Séance du 34 janvier.

FOLIE A DOUBLE forme. M. Baillarger lit un mémoire sur une variété spéciale de folie qu'il propose de désigner sous le nom de folic à double forme. Elle est caractérisée par deux périodes régulières, l'une d'excitation et l'autre de dépression.

Cette maladie se reproduit le plus souvent d'une manière intermittente.

CATHETERISME UTÉRIN.-M. Paul Broca lit une note sur un cas de mort survenu à la suite du cathétérisme utérin.

Séduit, comme tant d'autres, par les dehors brillants de la nouvelle méthode, dit M. Broca, j'ai cru devoir y recourir trois fois. Plusieurs de mes malades présentaient des déviations utérines, et la plupart n'en souffraient pas; mais chez trois d'entre elles il y avait un cortége de symptômes assez sérieux pour légitimer l'intervention de l'art. Je résolus de faire profiter ces trois malades des bienfaits de la méthode Simpson, dont les succès nombreux n'étaient encore, à ma connaissance, contre-balancés par aucun revers.

Sur mes deux premières malades il ne survint aucun accident. L'une d'elles était atteinte d'antéversion, et l'autre de rétroflexion. Au bout d'une scumaine, leur état

n'avait encore subi aucune amélioration importante... Je ne puis dire ce qui serait advenu plus tard, car le traitement fut interrompu, les accidents développés sur ma troisième malade ayant brusquement diminué la confiance que m'inspirait la nouvelle méthode.

Voici l'histoire de cette troisième maJade: Antéversion; application de la sonde utérine réitérée chaque jour pendant cinq minutes Le cinquième jour péritonite, puis étranglement interne suivi de mort.

M. VELPEAU demande à présenter quelques réflexions à l'occasion de la communication de M. Broca.

M. Broca a dit que j'avais eu la pensée de ce redresseur utérin, mais que je ne l'avais pas appliqué; il y a là une petite erreur, et c'est précisément parce que je m'en suis servi il y a quelque vingt ans que je sais à quoi m'en tenir là-dessus. J'ai appliqué à cette époque le cathétérisme utérin sur 5 femmes, et c'est parce que je n'ai pas eu lieu d'être satisfait du résultat que j'ai abandonné cette pratique. Sur ces 5 femmes, 3 n'éprouvèrent aucun accident, mais 2 eurent des accidents de métro-péritonite semblables à ceux dont on vient de nous entretenir. J'avoue qu'un pareil résultat pour une affection qui ne fait pas périr par elle-même les malades me fit peur. D'un autre côté, en y réfléchissant, j'ai reconnu depuis que cette opération n'avait pas de chances de succès. En effet, les déviations de l'utérus auxquelles on se propose de remédier par ce moyen sont en réalité irremédiables. La matrice suspendue sur une sorte de toile mobile peut bien être redressée momentanément par l'action des instruments, mais c'est pour reprendre sa position vicieuse primitive sitôt qu'on a cessé l'usage des appareils redresseurs.

C'est donc parce que j'ai reconnu, d'une part, le danger de cette pratique et, d'autre part, le peu de chances de succès que j'ai dù y renoncer. Cependant, quand j'ai vu des observateurs aussi sérieux que MM. Simpson et Valleix venir affirmer qu'ils obtenaient de bons résultats, je me suis gardé de rien réclamer pour mon compte, mais j'ai voulu essayer de nouveau. Eh bien! je me suis assuré encore cette fois que, si quelques femmes se sont bien trouvées de ce moyen, d'autres ont éprouvé des accidents assez sérieux pour contre-balancer ces avantages dans mon esprit, d'autant plus, je le repète, que je ne crois pas que les avantages obtenus soient permanents. Je crois donc, en définitive, que c'est là une pratique qu'on ne doit point encourager.

M. MOREAU. Il y a une vingtaine d'années aussi environ que j'ai employé avec M. Amussat un moyen analogue à celui dont il vient d'être question. Ces manœuvres ont produit des résultats tels, que j'ai pense dès ce moment que cette pratique avait plus d'inconvénients que d'avantages. Je pense done, comme M. Velpeau, que c'est un moyen à abandonuer, et je me félicite de ce que le mémoire que vient de nous lire M. Broca nous fournisse l'occasion d'examiner et de discuter plus tard cette question.

[ocr errors]

IODE. M. Chatin lit la suite de ses recherches sur l'iode.

Séance du 7 février.

M.

EAU INODORE ET DÉSINFECTANTE. Bouchardat lit, au nom d'une commission, un rapport officiel sur l'eau inodore et désinfectante de MM. Raphanel et Ledoyen. Ce rapport est un complément d'un rapport que l'Académie a déjà entendu sur ce sujet en juillet 1850, et qui fut renvoyé à la Commission, afin qu'on y joignît la comparaison du liquide en question avec les désinfectants généralement employés dans ce but.

M. le rapporteur examine successivement le liquide de MM. Raphanel et Ledoyen (nitrate de plomb) dans ses applications à la chirurgie et dans ses applications comme désinfectant aux amphithéâtres d'anatomie, aux casernes, aux hôpitaux, et enfin dans ce qui a rapport à la question des latrines et des vidanges.

D'après les faits exposés dans le rapport, la Commission propose de répondre à M. le ministre :

« 1o La supériorité de l'eau inodore et désinfectante de MM. Ledoyen et Raphanel, comparée aux solutions d'acétate de plomb employées dans le pansement des plaies répandant une odeur fétide n'est établie sur aucun fait précis.

» 2o Dans les amphithéâtres d'anatomie, l'emploi du chlorure de zinc comme désinfectant est préférable à celui de la solution de nitrate de plomb.

3o Dans les casernes, dans les hôpitaux, pour combattre les inconvénients de l'encombrement, uue ventilation bien réglée est préférable à l'emploi de l'eau de MM. Ledoyen et Raphanel.

» 4o Pour la désinfection des fosses d'aisances, le chlorure ou le sulfate de zine, le sulfate de fer au maximum, à l'état le plus voisin de la neutralité, sont préférés au nitrate de plomb. Cependant, dans quelques conditions spéciales, quand on ne tiendra pas compte du prix du liquide

employé, quand les précautions seront prises pour éviter l'action du plomb, on pourra utilement se servir de la solution du nitrate de plomb, préconisée par MM. Ledoyen et Raphanel. »>

M. MALGAIGNE. La question soulevée par le rapport de M. Bouchardat est une question très-sérieuse. Je m'attendais à trouver dans le rapport des faits positifs en grand nombre pour appuyer les conclusions, et j'ai été déçu. J'ai essayé, sur la demande de M. Ledoyen, l'emploi du nitrate de plomb comme désinfectant des ulcères et des plaies gangréneuses; j'ai trouvé que le nitrate de plomb était un désinfectant admirable. Cependant je dois dire que dans quelques cas il n'a pas aussi bien réussi, mais c'était de ces cas où la mauvaise odeur persiste quoi qu'on fasse et ne cède à aucune action chimique.

Il est un autre point qui n'est pas moins important, c'est l'action de ce sel de plomb pour la désinfection des lieux d'aisances. J'ai également été témoin d'expériences de ce genre de désinfection, et je dois dire que je suis étonné que M. Bouchardat ait traité ce point avec tant de légèreté.

M. Malgaigne rapporte ici les expériences dont il a été témoin, et desquelles il résulte que le nitrate de plomb désinfectait en général complétement les matières des vidanges et que les circonstances dans lesquelles la désinfection n'était point complète étaient de celles où aucun autre moyen chimique n'aurait été capable de désinfecter; c'était, par exemple, lorsque aux gaz ammoniaque et sulfhydrique se trouvaient réunies en plus ou moins grande proportion des matières organiques sur lesquelles tous les agents chimiques sont impuissants.

M. CHEVALLIER. Pour que les désinfectants désinfectent, il faut qu'ils soient employés en quantité suffisante et dans des proportions déterminées. C'est probablement parce qu'on n'aura pas tenu compte de cette condition que quelques-unes des expériences dont M. Malgaigne a été témoin ont échoué. Quant au nitrate de plomb, il n'est pas douteux que ce ne soit un bon désinfectant; mais il a un inconvénient qui devra toujours lui faire préférer les autres, c'est qu'il est beaucoup trop cher.

M. H. GAULTIER DE CLAUBRY. M. Malgaigne accuse la chimie d'impuissance en fait de désinfection, mais sans dire sur quoi il se fonde. Il n'y a pas de matières organiques qui ne soient susceptibles d'être désinfectées. Lorsqu'on désinfecte les lieux d'aisances, on détruit d'abord l'ammoniaque et les gaz hydrosulfuriques

par les désinfectants dont il vient d'être question; il reste alors les matières organiques en putréfaction, qu'on détruit par le charbon divisé; mais il s'agit pour obtenir ce résultat d'employer ces divers agents dans les proportions convenables, ainsi que vient de le dire M. Chevallier. Quant aux sels de plomb, c'est par l'acide qui entre dans leur composition qu'ils désinfectent; mais tous ces sels sont en général d'un prix élevé, c'est là ce qu'il faut prendre en considération. Or de tous ces sels le nitrate de plomb est le plus cher: c'est ce qui s'opposera toujours à son emploi en grand.

M. MOREAU exprime le regret que M. Bouchardat n'ait pas indiqué le moyen d'arriver à utiliser les matières désinfectées pour les usages de l'agriculture.

M. Michel Lévy appelle l'attention de l'Académie sur le côté le plus large de la question, le côté hygiénique. Quand il s'agit d'une atmosphère confinée, la question est complexe; il y a de l'eau, de l'acide carbonique, des matières organiques. dont les proportions ne peuvent jamais être rigoureusement déterminées. Dans ce cas, il n'y a pas de matières chimiques qui puissent neutraliser ces divers éléments.. et, d'ailleurs, la plupart de ces neutralisants pourraient eux-mêmes devenir nuisibles. C'est l'aération, le renouvellement de l'air, qui est le seul, le véritable désinfectant en pareil cas. Tel est le cas des salles d'hôpitaux. En 1849, à l'époque du choléra, où l'infection était portée au plus haut degré, dans les salles du Val-deGrâce, on n'a jamais eu recours aux agents chimiques pour opérer la désinfection; on s'est borné à renouveler incessamment l'air, et ce moyen a suffi.

M. H. GAULTIER DE CLAUBRY rapporte un fait qu'il a eu l'occasion d'observer en 1839, à l'époque où il faisait partie d'une commission pour examiner la question de l'assainissement de la caserne d'Orsay; ce fait vient à l'appui de ce que vient de dire M. Michel Lévy.

M. BOUCHARDAT s'excuse de n'avoir pu, faute de temps, ce rapport ayant été demandé d'urgence, donner un développement suffisant à toutes les questions que comportait ce sujet; il a dû se borner à les indiquer. Il est parfaitement d'accord avec MM. Michel Lévy et H. Gaultier de Claubry en ce qui concerne l'aération dans les espaces confinés. Quant à ce qu'a dit M. Malgaigne, qui paraît croire qu'on n'a pas suffisamment rendu justice dans le rapport au mérite des recherches de M. Ledoyen, M. Bouchardat s'efforce de réfuter ce reproche.

La délibération est ouverte sur les articles. Après une longue et très-diffuse discussion, les conclusions sont adoptées, amendées ainsi qu'il suit :

1° Première conclusion comme dans le rapport.

2o Dans les amphithéâtres d'anatomie, pour conserver les cadavres, l'emploi du chlorure de zinc comme désinfectant est préférable à celui de la solution de nitrate de plomb.

3o Dans les casernes, dans les hôpitaux, pour combattre les inconvénients de l'encombrement, une ventilation bien réglée est préférable à l'emploi de l'eau de MM. Ledoyen et Raphanel, dont l'usage ne serait pas sans danger.

4o A la quatrième conclusion du rapport est substituée la conclusion suivante, proposée par M. Malgaigne :

« Quant à la désinfection des vidanges, le nitrate de plomb n'a pas d'avantages sur les sets employés jusqu'ici, et il est inférieur à la plupart, à raison de sou prix et de la couleur noire qu'il imprime aux matières. »

L'Académie adopte l'ensemble des conclusions.

AMYGDALOTOME. M. Blatin adresse une réclamation de priorité relativement à un amygdalotome qu'il a fait exécuter it y a deux ans par M. Mathieu, et dont celui qu'a présenté M. Maisonneuve à la dernière séance ne diffère que par des

omissions.

Ce tonsillotome fonctionne à l'aide d'une seule main; trois doigts suffisent pour le maintenir solidement, tandis que le pouce fait mouvoir l'aiguille destinée à fixer l'amygdale, et que l'index resté libre tire en arrière la tige coudée qui entraîne la lame, pour opérer la section de la glande hypertrophiée.

Cette lame coupe en sciant, à la manière de l'instrument modifié par M. Le Royd'Etiolles, mais par un mécanisme tout différent A cet effet, un tenon rivé sur sa tige, qui est articulée, glisse dans une rainure creusée en zigzag, et force l'anneau tranchant à faucher pendant qu'il est attiré en arrière par le doigt de l'opérateur.

Académie des Sciences de Paris.

Séance du 31 octobre,

MALADIES DE l'oreille. M. Triquet envoie un mémoire intitulé : Études d'anatomie, de pathologie et de thérapeutique,

pour servir à l'histoire des maladies de l'oreille.

Ce mémoire, qui renferme, outre un grand nombre d'observations, la discussion des principaux travaux relatifs au même sujet, est résumé par l'auteur dans les termes suivants :

« Je crois avoir démontré par ce travail que les auteurs qui ont écrit sur les maladies de l'oreille n'en ont point étudié l'anatomie pathologique d'une manière positive, et que cette proposition, qui est vraie même pour les altérations de l'oreille moyenne, s'applique bien plus directement encore aux lésions de l'oreille interne. Mes dissections ont prouvé que le labyrinthe peut s'enflammer, suppurer comme l'oreille moyenne.

» Un malade qui avait succombé avec les symptômes d'une surdité dite nerveuse m'a offert les traces d'une phlegmasie non douteuse dans l'oreille moyenne et interne. Ce sujet intéressant réclame d'ailleurs de nouvelles recherches.

L'otite des phthisiques, jusqu'à présent dite tuberculeuse, ne m'a offert dans mes dissections aucune trace de tubercules enkystés ou infiltrés, mais une phlegmasie suppurative des cavités de l'oreille. J'ai pu faire d'une manière assez complète l'anatomie pathologique de l'otite typhoïde et celle des fièvres graves.

» Comme corollaire de cette description, j'ai exposé le mécanisme des perforations du tympan; dans ces maladies, je fais voir comment le pus pouvait s'infiltrer de l'oreille moyenne dans les cavités de l'oreille interne.

» Dans une deuxième partie se trouvent émises les conséquences thérapeutiques de ces recherches, quelquefois en opposition avec les assertions des auteurs cités.

» Le procédé nouveau de cathétérisme pour la trompe d'Eustache que je soumets à l'appréciation de l'Académic me paraît destiné à vulgariser ce moyen de thérapeutique en le rendant plus facile et plus sur.» (Commissaires: MM. Roux, Andral et Velpeau).

Séance du 14 novembre.

[blocks in formation]

établis dans mon Traité analytique de la digestion, et me permettent ainsi de systé matiser mes idées sur cette importante question autour de quelques points fonda

mentaux.

Le premier de ces points est que, de tous les fluides qui se déversent dans le tube gastro-intestinal depuis son origine jusqu'à sa terminaison, un seul, le suc gastrique, mérite la dénomination de fluide digestif, car lui seul exerce une action véritablement chimique sur les aliments, tandis que les autres, savoir la salive, la bile, le sue pancréatique, en un mot, les fluides muqueux de toute espèce, ne sont autre chose que des produits excrémentitiels qui, avant d'être expulsés définitivement de l'économie, lui rendent encore un dernier service, si je puis m'exprimer ainsi, soit en facilitant le glisse ment des matières ingérées, soit en protégeant les surfaces qu'ils lubrifient, soit même en s'interposant par leur viscosité entre les molécules des matières adipeuses de manière à les diviser ou, autrement dit, à les émulsionner. Il résulte de là qu'en définitive le rôle qui est départi à ces derniers est exclusivement mécanique, et du reste tellement secondaire qu'on peut les supprimer sans que la digestion cesse de s'accomplir assez régulièrement pour l'entretien de la vie pendant de longues années. Cette proposition, toute hétérodoxe qu'elle ait pu paraître d'abord, a déjà été mise hors de doute, comme l'on sait, en ce qui concerne la bile, c'est-àdire celui de tous les fluides excrémentitiels dont il s'agit, auquel l'imagination des physiologistes s'était depuis longtemps complu à attribuer le plus d'importance. Or, les nouvelles recherches auxquelles je me suis livré dans ce mémoire viennent encore concourir à la démonstration de la même vérité, en prouvant que la salive et le suc pancréatique sont aussi inertes dans la digestion des matières amylacées que relativement à celle de toutes les autres substances ingérées dans le tube digestif.

Le second principe fondamental qui ressort de mes précédents travaux est que le suc gastrique est sans action aucune sur les matières non azotées, à l'égard desquelles il se comporte à peu près comme ferait de l'eau simple ou de l'eau légèrement acidulée, tandis qu'il manifeste une activité des plus énergiques sur certains produits azotés, tels que l'albumine, la fibrine, etc., produits qui, à raison de leur composition élémentaire, semblent appar tenir à une même famille naturelle. Il résulte de là que le suc gastrique intervient dans la chymification des divers aliments

de deux manières bien différentes, savoir: directement, quand il attaque les substances mêmes dont les molécules doivent constituer la pâte chymeuse, ainsi que cela a lieu pour les matières animales; et indirectement, au contraire, quand il s'agit de certaines matières végétales dont les derniers éléments organiques complétement privés d'azote et, par conséquent, réfractaires à l'action du suc gastrique, ne peuvent être mis en liberté que par la destruction de la trace presque imperceptible du principe azoté qui servait à les réunir.

Or, cette seconde proposition se trouve encore confirmée par le résultat de mes dernières recherches, puisque, comme je le fais voir, la fécule ne se réduit en granules pendant la digestion que consécutivement à l'altération subie par l'espèce d'enduit azoté qui réunissait ces derniers.

Le troisième principe fondamental concerne la manière d'agir du suc gastrique. J'ai établi dans l'ouvrage déjà cité que ce modus faciendi ne consistait ni dans ces transformations chimiques sur lesquelles les physiologistes d'autrefois avaient donné si ample carrière à leur imagination, ni dans une simple dissolution de la matière alimentaire, ainsi que l'avaient pensé quelques expérimentateurs modernes. La vérité est entre ces deux opinions extrêmes; car l'action exercée par le fluide chymificateur n'est pas, à beaucoup près, aussi compliquée que l'avaient imaginé les premiers, ni pourtant aussi simple que se l'étaient figuré les seconds. C'est une action sui generis en vertu de laquelle certaines matières, tout en conservant intégralement leur composition chimique, perdent une partie de leur cohésion, de manière à pouvoir se réduire en molécules plus ou moins ténues sous l'influence des agents mécaniques les moins énergiques. Or, est-il nécessaire de faire observer que le résultat de mes dernières recherches rentre complétement dans ce principe genéral, puisque j'ai démontré que, contrairement à l'opinion généralement admise aujourd'hui, la matière amylacée proprement dite ne subit aucune espèce de décomposition ni de dissolution pendant le travail digestif?

Le dernier principe fondamental qui me reste à faire ressortir et, sans contredit, le plus important, du moins sous le rapport philosophique, c'est que, en dernière analyse, le sue gastrique lui-même n'est, après tout, que la cause prédisposante de la chymification. En effet, quel que soit le degré de ramollissement auquel cet agent chimique ait amené la matière alimentaire par son action intestine, il faut toujours

« PrécédentContinuer »