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statée chez les enfants en proie aux convulsions, sont à mes yeux des motifs suffisants pour me porter à croire qu'il y a entre l'albuminurie et l'éclampsie une relation étiologique.

Notre collègue dit: Cette albuminurie cesse après l'accouchement; il n'en reste plus de trace, et cependant on voit dans quelques cas les phénomènes éclampsiques se manifester et continuer encore pendant plusieurs heures après l'accouchement; par conséquent, ce n'est pas à l'albuminurie qu'il faut attribuer les convulsions. Il est vrai, très-vrai qu'en général on ne trouve plus d'albumine deux, trois, quatre, cinq jours, dix jours, quinze jours après l'accouchement chez les éclampsiques; mais M. Depaul a-t-il vu souvent l'éclampsie persister dix, douze, quinze jours après l'accouchement? C'est infiniment rare. I en existe un exemple en ce moment à l'hôpital de la Charité; mais c'est un fait exceptionnel. Ainsi l'argument que M. Depaul a cru pouvoir déduire de cette circonstance est en réalité sans valeur.

Pour démontrer qu'il n'y a aucune dépendance nécessaire entre les deux états dont il s'agit, M. Depaul invoque la rareté des affections des reins chez les femmes éclampsiques. J'ai été plus heureux que lui sous ce rapport; car toutes les fois que j'ai soumis à l'examen de M. Rayer, le médecin le plus compétent assurément en cette matière, des reins provenant d'une femnie morte par suite d'éclampsie sans qu'il ait été prévenu de cette origine, il m'a constamment répondu que ces reins étaient affectés les uns au premier, les autres au deuxième, d'autres au troisième degré, et enfin une fois même au quatrième degré. Assurément je ne prétends pas que toutes les femmes éclampsiques soient atteintes de la maladie de Bright; tout porte à croire même que, dans beaucoup de cas, les reins ne sont point affectés; mais il y a loin de là à soutenir, comme le fait M. Depaul, que cette affection est tout exceptionnelle. En y réfléchissant d'ailleurs, on s'explique très-bien comment la compression des vaisseaux par l'utérus distendu et la gêne de la circulation abdominale qui en résulte peuvent amener une congestion rénale, qui peut aller jusqu'à l'hypertrophie avec coloration jaune et puis, plus tard, même jusqu'à la granulation. Je désirerais, plutôt que je ne le crois, qu'il n'y eût pas chez les femmes éclamptiques et albuminuriques d'affection organique des reins, mais je ne puis admettre avec M. Depaul que ce soit exceptionnel.

M. DEPAUL. Je constate avec plaisir que

M. Cazeaux a modifié sa première opinión; je l'ignorais, et les citations que j'ai faites étaient textuelles. Je suis, du reste, assez embarrassé pour saisir au milieu de tout ce qu'a dit M. Cazeaux sa véritable opinion et la portée de ses objections.

M. Cazeaux dit que sept, huit ou dix cas même dans lesquels on n'aurait point trouvé d'albumine ne prouveraient rien. Mais combien y a-t-il de temps qu'on a fait ces recherches? Quelques années seulement, et aux faits déjà connus, voici M. Mascarel qui vient en joindre de nouveaux. M. Cazeaux dit qu'il n'a pas une pleine confiance dans ces faits. Je réponds, pour ma part, de l'exactitude des faits de M. Mascarel, qui est très au courant de la science et qui sait très-bien toutes les précautions qu'il y a à prendre dans de semblables recherches.

Je n'ai pas dit, comme M. Cazeaux me le fait dire, que l'albuminurie est un effet et non la cause de l'éclampsie; j'ai déclaré me tenir à cet égard dans le doute; je n'ai rien affirmé; il m'a semblé seulement que la relation de ces deux faits n'était pas prouvée. Il faut voir, il faut suivre encore ces recherches. Je n'ai point et ne peux point avoir encore d'opinion faite là-dessus.

M. Cazeaux, au sujet des rapports qui existent entre l'albuminurie et les altérations organiques des reins chez les femmes éclampsiques, dit que j'ai été trop exclusif en les repoussant. Je suis resté encore à cet égard sur la réserve ; mais lorsque M. Cazeaux affirme que ce rapport est très-fréquent, je ne crains pas de dire que c'est une erreur. Malgré l'opinion de M. Rayer, devant l'autorité de qui je m'incline, je n'hésite pas à dire que l'altération organique des reins est rare chez les femmes éclampsiques. J'ai pour m'autoriser à soutenir cette opinion les observations de M. Mascarel et les miennes. Il n'est pas d'ailleurs aussi aisé que semble le croire M. Cazeaux de distinguer les premier, deuxième et troisième degrés de l'altération des reins; j'ai vu à cet égard des dissidences s'élever entre les hommes les plus compétents, et rien n'autorise à considérer, comme l'a fait M. Cazeaux, une simple congestion des reins comme l'un des degrés d'une altération spéciale des reins.

La discussion est close.

Séance du 10 janvier.

TRAITEMENT DES NÉVRALGIES DU COL DE LA VESSIE, etc. M. Guillon adresse une lettre par laquelle il se propose :

1° De revendiquer quelques réflexions pratiques sur le traitement des prétendues névralgies du col de la vessie et de l'inflammation de la prostate;

2o De prouver que l'urétroscope de M. le docteur Désormeaux n'est pas une invention nouvelle, et qu'il ressemble beaucoup au speculum uretri connu depuis 1853;

5o De demander un rapport attendu depuis dix ans sur un procédé pour la guérison radicale de l'hydrocèle, et sur un cas d'incision de valvule intra-vésicale (le premier de ce genre qu'on ait publié) produisant la rétention d'urine faussement attribuée à la paralysie de la vessie. (Commission nommée.)

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MÉTHODE D'IRRIGATIONS NASALES. M. Maisonneuve présente une note sur une nouvelle méthode d'irrigations nasales et sur son application au traitement de Pozène.

Tous les physiologistes, dit l'auteur, savent que dans l'acte de la déglutition le pharynx et le voile du palais combinent leur action de manière à clore l'ouverture de communication de l'arrière-gorge avec les fosses nasales et à empêcher le bol alimentaire de refluer par les narines; mais personne, que je sache, n'avait encore signalé la production de ce phénomène sous l'influence des liquides injectés par les fosses nasales et n'avait fait remarquer que les injections violemment poussées dans une narine ressortaient par l'autre sans pénétrer aucunement dans le gosier.

Or ce fait, sur lequel je viens appeler l'attention des chirurgiens, me paraît avoir une importance considérable dans la thé rapeutique de plusieurs affections graves et principalement dans celle de l'ozène.

L'ozène, ou punaisie, est, comme chacun sait, une infirmité qui consiste dans une excessive puanteur des sécrétions nasales, et cette puanteur est elle-même le résultat du séjour prolongé des mucosités, du sang ou du pus, au fond des cavités anfractueuses, où elles sont soumises à la triple action de l'air, de la chaleur et de l'humidité.

A chaque expiration, l'air qui traverse ces cavités se charge d'émanations putrides et forme autour des malades une atmosphère infecte. De sorte que les malheureux atteints de cette affection dégoù tante deviennent un objet d'horreur pour tous ceux qui les entourent.

Jusqu'à présent l'art ne possédait contre cette affection que de bien faibles ressources. A part l'ozène syphilitique, contre lequel les préparations mercurielles et iodurées ont une action directe, toutes les

autres variétés étaient généralement considérées comme à peu près incurables. On employait bien des cautérisations, des insufflations de poudres astringentes ou détersives; on recommandait aux malades d'aspirer des liquides émollients ou balsamiques; on faisait même quelques injections timides avec de petites seringues; mais tous ces moyens ne constituaient que des palliatifs insuffisants, et les malades affectés de punaisie n'en continuaient pas moins à exhaler une odeur repous

sante.

Personne n'avait songé à conseiller les injections à grande eau, dans la persuasion où l'on était que le liquide devait nécessairement pénétrer dans la gorge.

Or, des expériences multipliées m'ont démontré d'une manière positive que celté persuasion était complétement erronée, et que des injections violemment poussées dans une narine au moyen d'une forte seringue ressortaient entièrement par la narine opposée.

Il résulte de ce fait que l'on peut avec la plus grande facilité laver à fond les fosses nasales et les débarrasser ainsi des croûtes, du mucus ou du pus qui par leur séjour produisaient la punaisie.

Rien n'est plus simple que cette opération: il suffit, pour l'exécuter, d'introduire dans une des narines la canule d'une forte seringue et de pousser énergiquement le piston. Il s'établit alors un courant qui sort à pleine narine de l'autre côté et entraîne avec lui toutes les matières étrangères contenues dans les cavités nasales. Ces injections n'ont rien de pénible; les malades eux-mêmes peuvent les exécuter facilement, surtout au moyen de l'irrigateur mécanique.

Sous l'influence de ce moyen, l'odeur repoussante de la punaisie disparaît instantanément, et bientôt même, les conditions morbides de la muqueuse se modifiant d'une manière durable, on arrive à une guérison définitive.

Séance du 17 janvier.

EMPLOI THÉRAPEUTIQUE DU PHOSPHATE DE CHAUX. M. Piorry, à l'occasion du dernier rapport de M. Bouchardat sur le mémoire de M. Mouriès, relatif à l'emploi du phosphate de chaux dans l'alimentation des enfants et des nourrices. réclame contre le silence que l'auteur et le rapporteur ont gardé à l'égard de ses recherches sur ce sujet, qui se trouvent consignées :

1o Dans plusieurs numéros de la Gazette des Hôpitaux ;

2o Dans le Traité de médecine pratique, t. VIII, articles Rachisomalaxie et Rachisophymie;

pense qu'on peut tout concilier, et voici comment: c'est, sans juger le procédé comparativement, de se borner à déclarer

3o Dans l'avant-propos de l'Atlas de qu'il y a un véritable progrès dans la conplessimétrie ;

4 Dans le mémoire qu'il a lu il y a plus d'un an à l'Académie des sciences relativement à la curation de plusieurs lésions du rachis dites mal de Pott au moyen du phosphate de chaux et de l'iodure de potassium, etc.

DENTS ET DENTIERS EN PATE MINÉRALE. — M. Malgaigne lit pour M. Oudet un rap port sur un mémoire de M. Didier intitulé: Des dents et dentiers en pâte minérale M. le rapporteur propose de déclarer qu'il y a un progrès réel apporté par M. Didier dans la fabrication des dentiers en páte minérale, et en conséquence il propose :

1° D'écrire à M. Didier une lettre de remerciments pour sa communication;

2o De déposer honorablement son mé moire dans les archives.

M. ROBINET demande si M. Didier a donné son procédé tout entier, s'il n'en a rien gardé de secret. Dans ce dernier cas, il voudrait qu'on fût moins approbatif dans les conclusions.

M. VELPEAU voudrait qu'on fût plus circonspect et qu'on se tint un peu sur ses gardes à l'égard de conclusions approbatives dont on peut faire un si facile abus. N'est-il pas à craindre que ces conclusions ne soient reproduites dans un prospectus? M. OUDET déclare que, quel que soit le parti que l'auteur doive tirer du rapport, il n'y changera rien.

Placé en face de mon devoir comme rapporteur, dit-il, je le répète, quelque usage qu'on en doive faire, je maintiens tout entière l'appréciation que renferme mon rapport.

M. VELPEAU s'élève avec énergic contre cette doctrine, et il maintient que, lorsqu'il y a lieu de présumer qu'on se prévaudra des conclusions d'un rapport dans un intérêt industriel, il faut se montrer d'une extrème sévérité.

M. OUDET. Lorsqu'un procédé soumis à l'examen de l'Académie est trouvé bon, il faut le dire sans hésiter. Le reste ne nous regarde pas. Or, le procédé de M. Didier est évidemment un progrès. L'Académie ne peut le contester. Il n'y a pas de raison qui doive empêcher de le déclarer.

M. MALGAIGNE Comprend la susceptibi lité de M. Velpeau, et il s'y associe; cependant il comprend aussi l'insistance de M. le rapporteur à défendre les conclusions de son rapport, qu'il apprécie d'ailleurs comme membre de la commission. I

fection des dentiers en pâte minérale, et de modifier quelques-uns des passages du rapport où est établie cette comparaison. M. OUDET consent à modifier son rapport dans ce sens.

Les conclusions sont mises aux voix et adoptées. GLYCERINE.

M. Cap, correspondant de l'Académie, lit un mémoire sur la glycérine et ses applications aux différentes branches de l'art médical.

L'auteur énonce en ces termes les ressources que cette substance peut présenter à la médecine :

La glycérine lubrifie et assouplit notablement les tissus organiques; ajoutons qu'elle s'est montrée favorable dans la plu part des affections de la peau. C'est ce qui a été constaté récemment par une multitude de praticiens. Leurs observations ont montré que la glycérine pénètre facilement dans les pores de la peau, assouplit cet organe et maintient à sa surface, en vertu de sa propriété hygrométrique, une sorte d'humidité permanente trèspropre à combattre la sécheresse et l'épaississement du derme. Elle cicatrise les fissures, les crevasses de la peau, lui conserve sa souplesse et en calme l'irritation.

M. le docteur Trousseau a constaté généralement les excellents effets de la glycérine dans les affections superficielles de la peau, notamment dans le prurigo qui se rattache à une affection dartreuse C'est ainsi qu'il se rend compte de l'efficacité reconnue de cette substance dans certaines maladies de l'oreille qui tiennent à une irritation cutanée prolongée de l'extérieur à l'intérieur de l'appareil auditif.

La glycérine, suivant ce professeur, convient dans toutes les affections de la peau qu'irriteraient l'emploi des corps gras ou les applications excitantes. Le même médecin se loue surtout de son usage dans les phlegmasies cutanées de nature prurigineuse qui affectent souvent d'une manière si persistante et si douloureuse les parties génitales, l'anus ou leurs annexes. M. le docteur Bazin, médecin de l'hôpital Saint-Louis, fait un fréquent et heureux emploi de la glycérine dans l'eczéma, le zona, l'acné, l'ichthyose, et en général dans toutes les maladies de la peau dont le principe ne réside pas essentiellement dans l'altération des grands appareils internes. Il trouve dans ce cas

la glycérine bien préférable aux cosmétiques irritants si préconisés, comme l'huile de cade, l'eau de goudron, et surtout aux solutions de sublimé corrosif.

La pharmacie n'est point restée en arrière. Les diverses propriétés de cette substance la rendent propre à constituer, suivant M. Cap, un nouvel et précieux excipient qui viendrait s'ajouter à la liste des corps de cette nature dont l'art peut disposer, et qui tiendrait le milieu entre l'eau et l'huile. Elle a, en outre, la propriété de dissoudre et de suspendre les alcaloïdes végétaux. En résumé, M. Cap pense que la glycérine pourra servir à constituer un nouvel ordre de médicaments, soit officinaux, soit magistraux, dans lesquels elle jouera le rôle d'excipient.

Séance du 24 janvier.

EMPLOI DU SULFATE DE QUININE EN INJECTIONS DANS LE GROS INTESTIN. M. Bertherand, médecin aide-major, à l'occasion d'une communication récente de M. le docteur Kuhn, sur les avantages de l'administration du sulfate de quinine en injections dans le gros intestin, rappelle que dès 1849, dans un mémoire sur le traitement des fièvres intermittentes en Algérie, il a rendu compte d'expériences et de résultats analogues.

Il lui est arrivé, étant appelé au début d'un accès, de faire immédiatement ingérer par le rectum une certaine dose de quinine, dans la crainte d'une aggravation de l'état du malade, que certains symptomes donnaient droit de pressentir, et il dit s'en être toujours bien trouvé.

TRAITEMENT DE LA PHTHISIE PAR L'INSPI'RATION DE L'iode. M. PIORRY lit sur ce sujet un mémoire dont nous extrayons les points les plus pratiques :

M. Piorry, après quelques considérations historiques, éniet cette assertion, qu'abandonnée à elle même, la phthisie des auteurs guérit rarement ; et cependant, d'après les faits observés sur les cadavres des vieillards, les tubercules isolés dans les poumons sont, plus fréquemment qu'on ne le pense, susceptibles de se terminer par des indurations crétacées. Il énumère quelques-uns des moyens thérapeutiques employés jusqu'à ce jour, pour en constater l'inefficacité, et passe à l'exposé de sa médication par les vapeurs d'iode.

M. Piorry se sert, tantôt de teinture d'iode, tantôt d'iode à l'état métalloïde, pour dégager dans l'air des vapeurs d'iode; il pense que l'on doit préférer les émanations simples d'iode dans les cas d'induration pulmonaire, et les vapeurs de teinture

d'iode lorsqu'il existe des cavernes. Dans les premiers cas, on dépose 1 ou 2 grammes d'iode dans un bocal de la capacité de 1 litre et à très-large ouverture. Il se dégage alors dans ce vase des vapeurs iodées, dont les proportions varient en raison du degré de chaleur et d'humidité que contient l'atmosphère. Pour se servir de la teinture d'iode, on verse 30 à 100 grammes de cette dernière dans un bocal, et on l'échauffe suffisamment pour qu'il se dégage des vapeurs d'alcool et d'iode. Or, c'est cet air contenu dans ces récipients, et ainsi chargé de vapeurs iodées ou à la fois iodées et alcoolisées, que les malades respirent. On doit, en général. se borner à faire de temps à autre une inspiration; mais elle doit être profonde. Ainsi pratiquée, elle irrite peu le conduit aérien. S'il arrivait que plusieurs de ces inspirations fussent faites à la suite les unes des autres, il en résulterait une véritable souffrance da larynx et des bronches, de la toux, et peut-être des accidents plus sérieux. Du reste, cette inspiration simple doit être pratiquée très-fréquemment, cent, deux cents fois par jour, et même davantage.

On cherche aussi à faire en sorte que, même pendant son sommeil, le malade respire de l'iode, et, pour cela, on place autour de son fit, sur le sol, du côté de la tête, trois ou quatre soucoupes contenant chacune un gramme d'iode. A l'hôpital, on attache au barreau de fer qui supporte le sommier plusieurs petites fioles qui renferment aussi de l'iode. La vaporisation de celui-ci est prompte, et l'air de l'appartement ou de la salle est tellement chargé de ce médicament, que les rideaux contenant de l'amidon se colorent en bleu. On a administré, dans le service de M. Piorry, 4 à 5 grammes par jour d'iodure de potassium. Dans les cas où l'étendue et la gravité de la lésion portaient à croire qu'il existait entre les surfaces pulmonaires et les parois costales, soit des adhérences, soit cette circulation supplémentaire si remarquable et si bien étudiée par M le docteur Natalis Guillot, on a cu recours à des frictions sur les points affectés avec la teinture d'iode étendue de 19 à 39 parties d'eau.

Les pneumophymiques soumis au traitement par l'iode ont été soumis en même temps à quelques moyens auxiliaires :

1° A l'emploi du tartre stibié, à petites doses (1 centigr.). Ce remède héroïque a été principalement administré quand les liquides muqueux, puriformes ou purulents, se trouvaient contenus dans les bronches, et ajoutaient ainsi aux dangers de la phymopneumonie ceux de la présence dans

les voies aériennes d'obstacles à l'entrée de l'air, obstacles qui pourraient aussi donner lieu à des degrés divers d'asphyxie, ou mieux d'hypoxémie.

2o A des médicaments variés, dits astringents, et supposés propres à calmer ou à suspendre les évacuations plus ou moins abondantes dont l'intestin est le siége. Dans ce nombre figurent principalement l'albumine, la thériaque et d'autres préparations opiacées; le phosphate de chaux, le sous-azotate de bismuth, etc.; mais l'administration de ces moyens n'était que momentanée et cessait tout aussitôt que l'entérorrhée avait disparu.

3o A du sulfate de quinine à hautes doses, prescrit alors que la rate était volumineuse, simplement hyperemice, et à faibles doses quand il existait seulement des redoublements febriles nocturnes dus à la pénétration dans le sang du pus ou de la matière tuberculeuse ramollie.

4o A un régime généralement réparaleur, et c'est là un point capital à noter.

5o On a eu très-rarement recours, pour calmer les accidents, à l'opium, à la belladone et à d'autres narcotiques.

6 Les loochs, les médicaments dits béchiques ou pectoraux n'ont été employés que pour calmer la toux.

7o On n'a eu recours à aucune sorte d'exutoire.

8o Dans presque tous les cas les malades observés sont restés à Paris ou dans les eampagnes environnantes. On ne les a pas envoyés résider à Nice ou dans les autres parties de l'Italie, où, quoi qu'on en ait dit, les phthisiques venus du Nord ne guérissent pas plus vite ni mieux qu'ailleurs. Dans un cas, la compression méthodique des parois thoraciques parait avoir servi d'auxiliaire utile.

Pour limiter, avant le traitement, les lésions organiques, une large plaque de diachylon fut placée en avant sur la poitrine de chaque malade. On traça sur cette plaque diverses lignes qui correspondaient, soit aux clavicules, aux articulations sterno-claviculaires, aux saillies formées par les muscles sterno-mastoïdiens, soit à la circonférence du cœur, à la face supérieure du foie et aux mamelons. Sur cette figure grossière, mais exacte, il fut facile de tracer un dessin très-précis des parties indurées, de circonscrire celle-ci très-exactement, d'indiquer les nuances de sonorité, d'obscurité, de son, de matité, de dureté, de résistance au doigt qu'elles présentaient, et de noter aussi, sur les images obtenues de cette façon, les principaux bruits stéthoscopiques appréciables au niveau des masses malades. Quelques jours plus tard,

et alors que le traitement avait été exécuté, il était on ne peut pas plus facile dereplacer la plaque de diachylon exactement sur les mêmes points, car les lignes de limitations organiques servaient de jalons pour indiquer précisément le lieu où l'emplâtre avait été d'abord placé.

M. Piorry résume ainsi les résultats définitifs obtenus sur les 31 phthisiques soumis dans son service d'hôpital, aux inspirations d'iode: Amélioration marquée dans les caractères anatomiques et dans les symptômes, 20 cas; disparition des caractères anatomiques appréciables et de la plupart des symptômes. 7 cas; mort, avec ou sans amélioration positive, 4 cas.

M. MOREAU. Je regrette que M. Piorry n'ait pas cru devoir se servir du langage scientifique usuel; il résulte des expressions de phymie, de pneumophymie et autres semblables, dont M. Piorry se sert alternativement avec celles de phthisie, de tubercules, une certaine confusion.

M. PIORRY. Quand on a publié un traité en huit volumes où l'on se sert d'un bout à l'autre d'une nomenclature connue aujourd'hui presque partout, on a bien le droit de s'en servir dans cette enceinte. M. Moreau est trop érudit pour ignorer que les expressions dont je me suis servi avaient été employées par Hippocrate. Estee d'ailleurs au sein d'une Académie comme celle-ci qu'on doit craindre de n'être pas compris en se servant d'étymologies grecques?

M. ROBINET. Il est question, dans le mémoire de M. Piorry, de quatre cas terminés d'une manière fatale. Je voudrais savoir si les dessins et les délimitations des organes que M. Piorry a faits sur le vivant ont été vérifiés par l'autopsie. Je désirerais également que M. Piorry voulût bien nous dire si sur les sujets qui ont succombé il a trouvé un commencement de cicatrisation ou une modification quelconque indiquant une tendance à la guérison.

M. Bricheteau. M. Piorry dit qu'après avoir employé le tartre stibié on l'a abandonné. J'ai publié un volume dont plus de 200 pages sont consacrées à la phthisie et dans lequel j'ai fait connaître les résultats avantageux que j'ai obtenus dans quelques circonstances par l'emploi du tartre stibić. Il m'a paru que c'était un très-bon médi cament. Il serait donc inexact de dire que ce moyen a été abandonné. D'ailleurs tout porte à croire qu'il n'y a pas un remède unique contre la phthisie et que des moyens très-divers peuvent être utiles. J'engagerai donc M. Piorry à modifier ce passage de son mémoire.

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