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réaction, et si l'on voit, dans le courant du traitement, qu'il faut compter davantage sur la résorption que sur l'enlèvement des lamelles opaques, on peut stimuler la résolution par les moyens internes, tels que les mercuriaux, les préparations d'iode, et surtout par le polygala senega, qui paraît posséder réellement la propriété spécifique d'activer la résorption dans l'œil, que les oculistes allemands lui attribuent depuis longtemps.

Il est certain que les cicatrices provenant des anciennes ulcérations, ne peuvent disparaître par l'abrasion; mais elle exerce au moins une action incontestable sur les épanchements interlamellaires qui les entourent. Il en résulte qu'en présence de ces cicatrices mêmes l'opération n'est pas à dédaigner, bien qu'en terme général elle fournisse des résultats beaucoup moins satisfaisants.

(Revue médico-chirurgicale de Paris.)

TUMEURS DU CREUX DU JARRET, FORMÉES

PAR UNE HERNIE DE LA SYNOVIALE DU GENOU; par M. BAUCHET. Ces tumeurs ne sont pas absolument rares; leur nature n'est pas exactement connue. Sont-elles formées réellement par une hernie de la synoviale articulaire, à travers une éraillure des ligaments postérieurs du genou, ainsi qu'on le pense généralement, ou bien doivent-elles rentrer dans la catégorie de ces tumeurs du poignet, que l'on désigne sous le nom de ganglions, et que M. Gosselin a trouvées constituées par un développement anormal des follicules synovipares? Il est bon d'appeler l'attention sur ce point, afin qu'on cherche à l'éclaircir chaque fois que l'occasion s'en présentera. Dans certains cas, il n'est pas douteux que ces tumeurs soient formées par la synoviale elle-même, par exemple quand elles disparaissent facilement sous la pression, quand, en les comprimant, on provoque dans plusieurs points de l'article et surtout autour de la rotule, une secousse caractéristique, produite par le liquide qui passe de la tumeur dans cette articulation et refoule les doigts qui sont appliqués sur elle. Mais dans d'autres cas, quand la tumeur est petite, peu ou point réductible, assez dure; quand on ne détermine pas, en la faisant rentrer, la secousse dont nous venons de parler, peutêtre l'étiologie de cette tumeur serait-clle la même que celles de ganglions du poignet.

Ces tumeurs sont fluctuantes, régulièrement arrondies ou présentant quelques bosselures; sans changement de couleur à

la peau; sans adhérence aux téguments; plus ou moins dures.

Elles sont plus dures, plus saillantes dans l'extension; plus molles, plus cachées, plus profondément situées dans la flexion de la jambe sur la cuisse.

Elles sont, en général, réductibles en entier; quelquefois, une partie seulement du liquide qu'elles renferment disparaît à la pression. Rarement elles sont sans communication avec la cavité synoviale articulaire. Quand on les vide par la pression, le volume du genou augmente, et réciproquement, quand on presse sur le genou, on les rend plus tendues.

Il semble qu'alors leur développement soit dû à une hydarthrose qui même persiste quelquefois; et M. Velpeau paraît admettre cette origine comme constante. Seulement le goulot de communication des deux cavités peut s'oblitérer, et cette oblitération est d'un bon augure pour la cure radicale; on peut alors les traiter comme des kystes simples, par la ponction et surtout par les injections irritantes, la teinture d'iode, par exemple, à laquelle M. Velpeau donne la préférence.

Quand elles sont en libre communication avec la synoviale du genou, elles se reconnaissent aisément aux caractères indiqués. Mais quand la tumeur ne peut plus se vider par la pression, le diagnostic est moins facile.

Dans certains cas, la tumeur peut repousser en arrière l'artère poplitée, et alors offrir au doigt de l'observateur des battements qui pourraient en imposer et faire croire à l'existence d'un anevrisme. L'anévrisme peut même aussi se vider quelquefois complétement ou incomplétement. Mais quand il s'agit d'une hernie de la synoviale, c'est dans la synoviale du genou qu'est versé son contenu, et l'on sent bien le liquide qui est chassé de la tumeur et qui vient soulever la rotule. Avec un peu d'attention, il sera toujours facile d'éviter cette cause d'erreur.

On en prendra une idée plus exacte, en lisant les observations suivantes :

OBS. 1. Une femme de 43 ans, bien constituée, bien portante habituellement, avait été prise, à différentes époques, de douleurs rhumatismales dans diverses articulations, et spécialement au genou qui est actuellement le siége de la tumeur. Elle ne dit pas clairement si, à ces époques, les articulations se gonflaient.

Il y a un an environ, elle s'aperçut par hasard, en ôtant sa jarretière, que son genou gauche était en arrière plus gros que l'autre. Mais cette région n'étant le siége d'aucune douleur, elle continua à

se livrer à ses occupations qui, d'ailleurs, n'exigcaient pas grande fatigue: elle était assise presque toute la journée.

Cependant, plusieurs mois après, le genou avait augmenté de volume; le creux du jarret était encore plus effacé, elle y reconnut une tumeur; et, celle-ci continuant à s'accroître, elle s'effraya, et entra le 15 juillet 1852 dans le service de M. Velpeau.

Le genou a conservé tous ses mouvements; ils s'opèrent sans aucune douleur. A sa partie postérieure, dans le milieu de l'espace losangique qui forme le creux du jarret, il existe une tumeur arrondie, fluctuante, bien limitée, indolente même à une forte pression, sans battements, sans bosselure, sans adhérence avec les téguments, sans changement de couleur à la peau, située assez profondément quand la malade plie le genou, plus saillante dans le mouvement d'extension de la jambe sur la cuisse. Cette tumeur diminue et disparait même tout à fait à la pression, surtout quand on a préalablement fait fléchir la jambe. Dans l'extension, au contraire, elle résiste davantage et disparait plus difficilement, même sous une forte pres

sion.

A la partie supérieure et antérieure de l'article, de chaque côté de la rotule, mais surtout en dedans, il existe une autre saillie également fluctuante. Cette saillie est plus tendue quand on a vidé la tumeur du creux du jarret. Le doigt, appliqué sur elle, éprouve même un mouvement d'impulsion. Et réciproquement, quand on presse la partie antérieure du genou, la tumeur devient plus tendue, plus dure.

La rotule est soulevée, et quand, après avoir, avec les deux mains convenablement disposées, entouré l'articulation, ramassé le liquide qu'elle contient, on presse sur la rotule, on sent qu'elle traverse une couche liquide avant d'aller rencontrer un plan résistant, avant d'aller heurter les condyles fémoraux. En même temps, les doigts placés autour d'elle éprouvent une impulsion, un choc. Ils sont foulés en dehors.

En même temps, la malade présentait des symptômes de syphilis constitutionnelle ancienne. On la soumit donc à un traitement antisyphilitique; quant à l'affection locale, on prescrivit plusieurs vésicatoires volants sur le genou, un vésicatoire sur la tumeur, des frictions avec la pommade d'iodure de plomb, un bandage un peu compressif et le repos au lit. La malade sort six semaines après. La tumeur n'a pas complétement disparu,

mais elle a diminué de volume. Il n'y a pas de douleur dans le genou, ni à la pression, ni à la marche. La gêne est moindre qu'à l'entrée de la malade. On lui recommande bien d'éviter les grandes fatigues, les courses, les marches un peu longues, de porter autour du genou un bandage compressif, soit une genouillère élastique, et d'avoir soin de placer préalablement un petit tampon dans le creux du jarret, sur la tumeur.

L'on n'a pas revu la malade.
OBS. II.

Une femme de 54 ans entra dans le service de M. Velpeau, le 4 janvier 1855.

Il y a un an qu'elle s'est aperçue, par hasard, qu'elle portait, dans le creux du jarret droit, une petite grosseur qui ne la faisait point souffrir, même quand elle la pressait, et qui ne la gêna pas tout d'abord.

Mais, peu à peu, cette tumeur grossit ; en augmentant de volume, elle commença à gêner les mouvements de l'articulation. La malade remarquait que la tumeur grossissait quand elle était restée longtemps debout, quand elle avait beaucoup marché, quand elle était fatiguée. Dans ces conditions, elle éprouvait quelques picotements, et pliait plus difficilement la jambe. Le repos faisait vite disparaître cette petite douleur, cette gène des mouvements. Cependant la malade n'est pas rassurée, et elle entre à l'hôpital.

La tumeur est placée dans le creux du jarret droit, un peu en bas et en dedans. Elle est de la grosseur d'une noix, assez dure, surtout quand le membre est dans l'extension, indolente, bien circonscrite, fluctuante; mais pour trouver la fluctuation bien évidente, il faut fléchir un peu la jambe sur la cuisse. Pas de changement de couleur à la peau; pas d'adhérence entre la tumeur et les téguments. Pas de battements. Quand on comprime la tumeur, elle semble diminuer de volume, mais on ne la réduit pas complétement comme dans le cas précédent. — Prescription

Repos; frictions avec l'iodure de plomb; compression modérée. La tumeur reste dans le même état.

16 février. Ponction avec un petit troisquarts: il sort par la canule un liquide citrin, filant, environ 150 grammes. Avant de pratiquer la ponction, la jambe est fortement étendue sur la cuisse, la tumeur est comprimée contre les condyles fémoraux. Bandage légèrement compressif. Quelques jours après, les frictions sont reprises.

Cependant, la tumeur s'est d'abord remplie; elle a même augmenté de vo

lume; pour diminuer un peu ensuite. Au moment où la malade sort de l'hôpital, elle est un peu moins grosse qu'avant la ponction.

Cette femme n'éprouve pas de douleurs; elle reste levée, marche, se tient sur sa jambe droite, sans éprouver de gêne. Elle demande à sortir le 15 avril 1855.

On lui fait les mêmes recommandations qu'à la précédente, et on l'engage, si la tumeur augmente, si elle devient le siége de douleurs, la cause d'une gêne plus grande, à revenir à l'hôpital. On ne l'a pas revue.

A ces deux observations, M. Bauchet en ajoute une troisième qu'il a recueillie, en octobre 1851, dans le service de M. Nélaton, et qui a déjà été publiée par M. Longy dans sa thèse (Essai sur le diagnostie des tumeurs de la région poplitée, 14 février 1852, p. 47).

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OBS. III. Le malade était un jeune homme de 25 ans; la tumeur occupait le losange poplité, assez volumineuse, assez globuleuse, grosse comme un petit œuf, dure (la dureté augmentait dans l'extension du membre); elle était rendue molle par un mouvement inverse; elle disparaissait un peu par la flexion et presque complétement par la pression.

Dans la grande cavité synoviale, un épanchement.

L'affection datait de sept mois et avait débuté par le genou. Pas de changement de couleur à la peau. Pas de douleur. Gêne à la marche, dans la station verticale, dans les mouvements du genou.

Ces tumeurs, sans constituer une maladie dangereuse, provoquent plus ou moins de gêne dans les mouvements, et peuvent même, arrivées à un certain volume, amener, par suite du tiraillement et de l'allongement des filets nerveux, des douleurs plus ou moins vives.

Elles sont en général assez rebelles. Il faut commencer par traiter l'hydarthrose quand elle existe; et si la tumeur ne disparaissait pas en même temps, si même elle allait s'accroissant, on pourrait avoir recours à une ponction simple, aidée des vésicatoires et de la compression, ou à une ponction suivie d'une injection iodée dans la tumeur. Si cela ne suffit pas, il faut conseiller au malade de tenir une pelote dans le creux du jarret, soigneusement appliquée sur la tumeur, de la maintenir soit à l'aide d'un bandage compressif, soit, mieux encore. à l'aide d'une genouillère élastique. M. Velpeau a souvent fait cette recommandation aux malades qui portaient de ces sortes de tumeurs, et qui en ont retiré de bons effets.

« Dans un cas semblable, disait M. Nelaton dans une de ses leçons cliniques (novembre 1851), voici ce que j'ai fait le malade avait remarqué qu'il pouvait faire rentrer sa tumeur et alors marcher sans inconvénient. Je lui ai donné le conseil de porter un petit appareil compresseur autour du genou; j'ai perdu de vue le malade; mais ce que je puis dire, c'est que, pendant les cinq ou six semaines que je l'ai vu, il se trouvait bien de ce conseil. (Revue médico-chirurgicale de Paris.)

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DES AFFUSIONS FROIDES DANS L'ÉCLAMPSIE PUERPÉRALE. Cette méthode, à laquelle M. Récamier a dû de si beaux succès, n'est pas assez connue. Le Southern medical and surgical journal rapporte un exemple où son emploi a été des plus heureux. Une femme de 18 ans, primipare, fut prise, après plusieurs heures de début du travail, de convulsions partielles, puis de violentes convulsions générales. Le docteur Booth pratiqua aussitôt l'extraction de l'enfant, espérant que la délivrance mettrait un terme aux convulsions; mais elles n'en continuèrent pas moins, se compliquant de perte de connaissance, et résistèrent pendant douze heures à des moyens très-énergiques, qu'on n'indique d'ailleurs pas. Le médecin ne savait plus que faire et désespérait de sa malade, lorsqu'il lui vint à l'idée d'essayer les affusions froides. Il les fit sur tout le corps pendant plusieurs minutes avec de l'eau de puits. Une demi-heure après, la malade sortit de sa stupeur, reprit sa connaissance, et n'eut plus aucune convulsion. Les suites de couches se passèrent trèsbien.

(Annales méd. de la Flandre occidentale.}

Chimie médicale et pharmac.

DES MOYENS DE CONSTATER LA PRÉSENCE de l'iode et d'en DÉTERMINER LA PROPORTION; par M. S. DE LUCA. - Un travail que je publierai bientôt et qui a pour titre: Recherches de l'iode dans l'air et dans l'eau de pluic, m'a donné l'occasion de contrôler les méthodes en usage dans les laboratoires de chimie pour constater la présence de l'iode et pour doser ce métalloide.

L'iode peut exister à l'état libre, soit sous forme solide, soit sous forme de vapeur; il peut se trouver en dissolution dans l'eau, l'alcool, le sulfure de carbone, le chloroforme, la benzine, et il peut se trouver en combinaison avec les métaux et les métalloïdes; quelle que soit la forme sous laquelle il se trouve, on peut toujours le réduire à l'état d'iodure de potassium, au moyen d'un peu de potasse, de nitrate ou de chlorate de potasse exempts d'iode, qu'on met en présence de la combinaison iodurée; il suffit pour cela de faire bouillir, d'évaporer ensuite et de calciner.

Ce procédé ne serait pas applicable à l'éther iodhydrique ni aux combinaisons analogues Dans ce cas, il faut procéder à une analyse organique au moyen de la chaux pure.

L'iode en vapeur se reconnaît aisément à l'aide de la coloration bleue qu'il communique à la solution d'amidon. Si ce métalloide est délayé dans une très-grande quantité d'air, on fait passer ce gaz à tra vers une solution faible de potasse, afin de l'obtenir à l'état d'iodure de potassium.

Dissous dans l'eau, l'iode peut en être séparé par distillation; toute la substance se trouve contenue dans les premiers produits de la volatilisation, et le résidu est complétement exempt d'iode.

Un moyen plus simple pour séparer l'iode de sa dissolution aqueuse consiste à agiter cette dissolution avec un peu de sulfure de carbone, de chloroforme ou de benzine.

Mais quand l'iode ne se trouve qu'en très-petite quantité, il est préférable d'évaporer le liquide avec un peu de potasse et de le convertir en iodure par la calcination. L'iode se trouve ainsi ramené dans tous les cas à l'état d'iodure soluble. Or, voici les caractères des iodures :

I. Les iodures solubles donnent avec le nitrate d'argent un précipité blanc insoluble dans l'acide azotique; cette propriété

est commune au chlorure et au bromure

d'argent; mais en présence de l'ammoniaque ces précipités se comportent différemment; tandis que le chlorure d'argent s'y dissout presque instantanément, l'iodure y est très-peu soluble et le bromure s'y dissout un peu plus facilement le bromure précipité dans une liqueur acide est presque insoluble dans l'ammoniaque.

Quand la solution contient en même temps des phosphates, des carbonates, etc., il est indispensable de l'aciduler avant le traitement par l'azotate d'argent, sinon on obtient des précipités de phosphates ou de carbonates d'argent, qui sont toutefois solubles dans l'acide azotique.

II. En présence du sulfate de cuivre contenant un excès d'acide sulfureux, les iodures donnent à froid et immédiatement un précipité blanc de proto-iodure de cuivre. Si l'on chauffe, le précipité se forme également, mais alors il n'est plus caractéristique. En effet, avec le sulfate de cuivre et l'acide sulfureux, les chlorures et les bromures donnent, sous l'influence de la chaleur, un précipité blanc de protochlorure ou de protobromure de cuivre.

Je crois devoir donner ici quelques détails relatifs à l'action qu'exerce l'acide sulfurique sur les proto-iodure et protobromure de cuivre. Dans cette réaction se produisent diverses apparences propres à donner lieu à des méprises singulières, comme nous avons eu occasion de le constater, M. Berthelot et moi, dans l'examen de bromes du commerce au laboratoire du collége de France.

4o Le proto-iodure de cuivre quand on le chauffe en présence de l'acide sulfurique concentré, se décompose sans se dissoudre, en dégageant des vapeurs violettes qui colorent en bleu le papier amidonné; une partie de l'iode reste en dissolution dans l'acide qu'il colore d'une teinte rougeâtre, et cette teinte persiste en présence d'un excès d'eau. Mais il est facile de décolorer la solution en l'agitant avec un peu de chloroforme. Ce corps entraîne la totalité de l'iode. Soumis alors à des traitements convenables, il en reproduit les réactions.

2o Le protobromure de cuivre, par l'action de la chaleur et de l'acide sulfurique concentré, se dissout complétement en produisant une liqueur noirâtre et translucide. Si l'on continue à chauffer, des vapeurs de brome se dégagent. Cette dissolution refroidie laisse déposer des cristaux noirâtres de perbromure de cuivre. Pour peu que l'on agite, les parois du tube se tapissent au loin de larges traînées violacées formées par les cristaux. Ces traînées simulent, à s'y méprendre, l'iode préci

pité au sein d'un liquide. Mais ces cristaux sont facilement solubles dans l'eau et produisent une solution transparente et légèrement teintée en vert; ils ne sont pas volatils, et n'agissent pas sur l'amidon; traités par le chloroforme, ils ne présentent aucun phénomène de dissolution. Notons ici qu'à leur aspect vient se joindre un autre signe propre à induire en erreur relativement à leur nature; si on les traite à froid par l'amidon additionné de potasse pour saturer l'excès d'acide sulfurique, dont ils sont imprégnés, il se produit un précipité bleu foncé d'hydrate de cuivre qui simule, si l'on n'y prend garde, la coloration due à l'iodure d'amidon.

Si je signale ici ces réactions, c'est, je le répète, qu'elles donnent lieu avec le protobromure à certaines apparences simulant les caractères de l'iode. Sur la foi de ces réactions et de quelques autres, on avait eru trouver des quantités considérables d'iode dans des échantillons de bromes du commerce, bromes dont nous avons d'ailleurs constaté la pureté.

III. En présence du peroxyde de manganèse et de l'acide sulfurique, les chlorures, les bromures et les iodures dégagent du chlore, du brome et de l'iode avec tous les caractères propres à ces métalloïdes.

IV. En outre, il est d'autres procédés pour mettre en évidence l'iode, comme, par exemple, la production de l'eau oxygénée au moyen du bioxyde de baryum et de l'acide chlorhydrique; on met ce mélange en présence de la solution d'amidon et d'un iodure soluble.

On emploie aussi, pour constater la présence de l'iode, des mélanges de différents acides, mais les résultats ne sont pas toujours exacts et ils ne servent jamais à déceler des quantités minimes d'iode.

V. L'emploi des sels de palladium pour la recherche et pour la séparation de l'iode, a été aussi proposé. Ce procédé est trèssensible, mais à raison de la réduction facile du palladium par les matières organiques, il prête à l'erreur et ne donne pas toujours des résultats satisfaisants.

Les procédés qui viennent d'être exposés ne donnent des résultats un peu précis, que quand on opère sur des quantités notables d'iode. Voici maintenant des réactions plus délicates, parmi lesquelles il y en a une dont la sensibilité est pour ainsi dire illimitée.

Les réactifs nécessaires dans le procédé qui suit, sont :

4oL'acide chlorhydrique pur très-étendu (une goutte dans 20 grammes d'eau); une solution d'amidon récemment préparée,

froide et filtrée; de l'acide azotique fu

mant.

Après avoir versé de l'amidon dans le liquide à examiner, on y ajoute un peu d'aeide chlorhydrique, puis de l'acide azotique; la coloration bleue apparaît aussitôt, et il arrive un moment où cette coloration demeure invariable.

On peut se servir de ce procédé pour doser l'iode en se fondant sur l'intensité de la teinte et en la comparant avec celle produite par une solution normale d'iodure de potassium, et en tenant compte du volume des liquides et du poids de la matière employée. Quelquefois on ramène les deux colorations à la même teinte, en ajoutant à la plus foncée des volumes connus d'eau distillée. Il faut aussi opérer à la température de 10 à 15o, et dans tous les cas à une température qui est la même pour les deux liquides, ce qu'on réalise le mieux en opérant dans des tubes fermés à une extrémité et du même diamètre, qu'on fait plonger dans un verre à pied rempli d'eau. Il est bon de ne pas opérer sur des dissolutions trop étendues.

20 Nous devons à M. Schoenbein un autre réactif de l'iode; c'est l'air ozonisé qu'on obtient, en plaçant horizontalement au fond d'un flacon, de la capacité de trois litres, un bâton de phosphore à demi plongé dans l'eau; l'ouverture du flacon doit être imparfaitement bouchée : au bout de quelques heures, l'air du flacon est entièrement ozonisé et suffit pour colorer en bleu du papier amidonné qu'on avait fait plonger dans la dissolution d'un iodure.

3o L'air ozonisé peut être remplacé par un pen de chlore gazeux qu'on fait arriver sur le papier réactif humide.

Avec une certaine habitude on peut obtenir par cette méthode des colorations constantes, pourvu qu'on ait le soin de retirer le papier du contact du gaz quand la coloration obtenue commence à disparaître sur quelque point.

4o me reste à décrire le procédé le plus précis et dont la sensibilité est extrême; le principe de ce procédé m'a été indiqué par M. Balard, qui en a fait l'objet d'une communication à l'Académie en mon nom; il est très-simple et peut réussir entre des mains même peu exercées et la présence du chlore ou du brome ne gênent en rien. Voici comment on opère.

Le liquide supposé contenir de l'iode à l'état d'iodure est introduit dans un tube fermé par un bout, et on y verse quelques gouttes de sulfure de carbone, ou de chloroforme; ensuite on ajoute une solution aqueuse de brome très-étendue. Le brome

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