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chroniques, généraux ou circonscrits, etc.; mais aucun n'a parlé de la lésion nerveuse, franche, ou à type intermittent. Un seul auteur (1), M. Magendie, a cité, dans la séance du 17 juin 1859, à l'Académie des sciences, le fait d'une dame atteinte d'une névralgic du nerf lingual droit, qui fut guérie à l'aide de l'électricité. Je ne connais que ce fait, qui du reste, s'il a été communiqué in extenso, n'est pas arrivé à ma connaissance. Quel a été le mécanisme et la marche de cette névralgie? Voilà encore un point qui mérite de fixer l'attention au plus haut degré. En effet, dans l'ordre le plus régulier de cette affection si irrégulière, tous les auteurs sont d'accord pour en expliquer ainsi l'étiologie. Une cause de maladie du nerf survient, cause souvent ignorée ou impossible à saisir; une douleur se déclare, un filet, une branche, un tronc nerveux en sont le siége primitif; de là, elle se propage, et le nerf tout entier peut être pris; mais rarement on voit des nerfs qui ne tiennent pas à une même origine devenir le siége de la même douleur. Dans le cas que je cite, ce n'est plus un trone unique qui est le siége de la douleur, ce n'est même pas à un faisceau commun que les nerfs douloureux prennent leur origine. Ainsi, le frisson se fait d'abord sentir dans les rameaux terminaux du nerf musculo-cutané, qui n'est luimême qu'une branche terminale du plexus brachial, et aussitôt la langue devient le siége de piqûres, de douleurs; la perversion du goût se manifeste. Cependant, ici, comment trouver la liaison qui existe 1° entre le nerf lingual, branche terminale du nerf maxillaire inférieur; 2 le glosso-pharyngien, dont les rameaux linguaux sont la terminaison dernière; 3o le grand hypoglosse, avec les paires cervicales 5o, 6o, 7o, 8o, fre dorsale, desquelles le plexus brachial tire son origine? De proche en proche, d'anastomose en anastomose, peut-être verrait-on la possibilité d'expliquer cette liaison dans la continuité de la douleur; mais ce serait, je crois, forcer un peu l'explication, que de vouloir la conduire jusqu'à de pareilles démon

strations.

Quel que soit le mécanisme de la transmission de la douleur, toujours est-il que, durant sept jours de suite, les accès se sont manifestés de la même manière, en suivant la même marche, en envahissant les mêmes points, en créant les mêmes désordres, et que ce n'est que sous l'influence de la médication antipériodique,

(1) Note sur la Paralysie et sur la Névralgic; par M. Magendie.

en même temps qu'antispasmodique, qu'elle a cessé de se reproduire.

Dans ce cas, la formule des pilules dont j'ai usé m'a déjà donné de très-heureux résultats. Sans vouloir les considérer comme un moyen plus sûr qu'un autre de faire cesser les accidents névralgiques, je crois qu'elles pourront rendre des servi ces; car, comme quelques auteurs l'ont pensé, qui sait si la plupart des névralgies ne sont pas des fièvres larvées que les préparations quiniques seules ne coupent pas, mais que les substances narcoticoacres, dans leur association avec la quinine ou ses sels, sont plus aptes à faire cesser sans chance de retour? Déjà, les remèdes contre les névralgies sont si nombreux et malheureusement si peu utiles parfois, qu'il serait bien que chaque praticien qui trouve une combinaison de médicaments qui lui réussit, s'empressât de la recommander à d'autres. En agissant ainsi, on serait, je crois, sûr de donner à la thérapeutique une impulsion qui peut-être serait heureuse par l'application que chacun pourrait en faire au besoin.

(Journal de médecine de Bordeaux.)

BONS EFFETS DES APPLICATIONS DE SINA PISME SUR LES MAMELLES DANS L'AMÉNORrhée.

Tout le monde connait les relations sympathiques qui lient l'utérus et les mamelles, et cependant combien peu on utilise ces relations dans la pratique, au point de vue du traitement de l'aménorrhée! combien peu on emploie aujourd'hui ces applications de ventouses dont les anciens faisaient un grand usage en pareille circonstance! Dans un travail intéressant, M. Cormack a rappelé l'attention des médecins sur les effets remarquables que l'on peut obtenir de l'application des sinapismes sur les mamelles dans l'aménorrhée, et il a cité à cette occasion les faits peu connus, publiés il y a bien des années par M. Paterson.

Ce fut en quelque sorte par hasard que Paterson fut conduit à l'emploi de ce moyen. Ayant prescrit par occasion un pctit sinapisme chez une jeune femme chlorohystérique, qui avait une douleur à la partie supérieure et externe du côté droit de la poitrine, l'infirmière appliqua par erreur un très-large sinapisme, qu'elle maintint en place pendant une demi-heure. Aussi, le lendemain, le sein droit était extrêmement douloureux, tumefaction générale des téguments et de la mamelle correspondante, sans induration glandulaire. Le surlendemain, la tuméfaction per

sistait encore, mais les règles avaient paru depuis le matin en abondance, et elles coulèrent pendant deux jours. Depuis deux ans et demi, la malade ne les avait pas vues. Dans ces circonstances, M. Paterson songea à tenter ce traitement dans un cas d'aménorrhée; il fit choix d'une jeune fille, chez laquelle, à la suite d'une exposition brusque au froid, les règles s'étaient suspendues pendant cinq mois, et qui, depuis cette époque, éprouvait de la céphalalgie, de la langueur, de la perte d'appétit et du dégoût pour le travail. Divers moyens avaient été employés sans succès. M. Paterson prescrivit l'application d'un sinapisme sur la moitié claviculaire de la mamelle droite, que la malade garda en place pendant une demi-heure. Six ou sept heures après, toute la mamelle était considérablement gonflée, chaude et douloureuse. Le lendemain matin, le gonflement de la mamelle avait considérablement augmenté, et la tuméfaction s'était étendue à la région sous-claviculaire et axillaire. Dans la soirée, les règles reparurent et durèrent pendant deux ou trois jours; soulagement considérable; en une semaine, la malade avait repris son ancien état de - santé.

M. Cormack, qui a fait usage de ce moyen, considère l'irritation des mamelles comme un des moyens les plus efficaces et les plus rapides pour ramener la menstruation, mais qu'on ne saurait cependant employer indifféremment dans tous les cas. Il peut être employé seul dans beaucoup de circonstances, mais en général on se trouve bien de le combiner avec d'autres moyens. Ainsi, dans l'aménorrhée aiguë par suppression, il convient d'associer aux sinapismes sur les mamelles, l'emploi des vêtements chauds autour du tronc et des membres, et le bain de siége chaud renouvelé toutes les douze heures; dans l'aménorrhée des chlorotiques, il faut employer en même temps les ferrugineux, le manganèse ou l'arsenic ; mais, en outre, il faut choisir, pour le moment où on applique les sinapismes, celui où la congestion mensuelle semble s'opérer vers les ovaires; et, dans certains cas, on peut chercher à provoquer cette congestion par l'administration des cantharides ou du seigle ergolé. (Associat. med. journal et Bullet. général de thérapeutique.)

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mode de traitement des tumeurs lymphatiques trop négligé aujourd'hui.

M. B..., âgé de 32 ans, fréquemment atteint de violentes douleurs rhumatismales, vit apparaître, à la suite d'un de ces accès, une tumeur d'un très-petit volume, dans la région parotidienne gauche. On était alors au commencement de 1851. Comme elle prit un accroissement rapide, on fit les traitements internes et externes les plus variés, et cela pendant deux ans, sans en obtenir le moindre résultat, et la tumeur augmenta toujours. Le malade vint à Paris, y subit de nouveaux traitements, tout aussi inefficaces. Le malade nous ayant consulté, dit le docteur Boulu, nous constatâmes qu'à la région parotidienne du côté gauche existait une tumeur lymphatique d'un volume semblable à celui d'une forte orange aplatie, entourée de petites glandes engorgées et globuleuses, à convexité non régulière, inégale et légèrement bosselée; la peau qui l'avoisine n'a subi aucune altération. Il est facile de reconnaître qu'on a affaire à une forte tumeur lymphatique, dure, non fluctuante et insensible au toucher; ses prolongements ne paraissaient pas très-étendus; elle était néanmoins inopérable par l'instrument tranchant, eu égard aux vaisseaux et aux nerfs importants qu'elle recouvrait. En présence de l'insuccès de tous les traitements déjà tentés, nous songeâmes à recourir à l'emploi de l'électricité, dont nous avions souvent obtenu de si beaux résultats, et que nous appliquâmes à l'aide de l'ingénieux appareil des frères Breton, celui qui, par sa simplicité, est le mieux approprié aux besoins de tous les praticiens. De légères frictions électriques, et sur la tumeur et dans les parties voisines, furent d'abord pratiquées. Nos séances duraient de 15 à 20 minutes. Nous agimes ensuite avec une intensité plus marquée, en localisant le fluide électrique sur toute l'étendue de la tumeur, sans toutefois jamais intervertir les pôles du courant magnétique. A chaque application du fluide, il se développait dans la tumeur une chaleur considérable. Après quinze jours de ce traitement, la tumeur avait changé d'aspect; elle avait perdu sa dureté. Après quinze jours de nouvelles applications, les nombreuses petites glandes avaient disparu le volume était moindre. Enfin, après deux mois d'applications quotidiennes du fluide électrique, il ne restait plus de traces de la tumeur ni des gonflements glandulaires qui l'environnaient.

Dans le cours de ce traitement, jamais nous n'avons atteint le maximum de force magnétique que développe l'appareil Bre

ton, quoique nous n'ayons agi que sur la surface extérieure de la tumeur; la guérison en fut donc obtenue sans aucune douleur. Le malade est revenu aussitôt à une santé parfaite et qui s'est constamment maintenue.

(Revue de thérapeutique méd.-chirurgicale.)

DE L'ORCHITE AIGUE PAR EFFORT MUSCULAIRE; par M. DULAC. Cette affection, moins rare peut-être que l'on ne pense, a été longtemps contestée. M. Velpeau est le premier qui ait voulu écouter ce que les malades disaient de l'effort qu'ils avaient été obligés de faire, effort qui avait été

immédiatement suivi d'une vive douleur ressentie d'abord au cordon spermatique, et qui gagnait ensuite le testicule. M. Dulac n'a pas de peine à démontrer, d'après les dispositions anatomiques de la région de l'aine et d'après ce qui se passe pendant l'effort, que toutes les parties constituantes du cordon spermatique peuvent être facilement comprimées. Cette compression admise, la cause de l'orchite, suite d'effort musculaire, est expliquée. Au moment de la contraction des muscles abdominaux, une vive douleur se fait ressentir sur le trajet du cordon spermatique, et quelques heures après parait l'inflammation du testicule. Cette inflammation, le plus souvent bénigne, peut aussi passer à l'état chronique. M. Dulac rapporte quatre observations qui démontrent incontestablement la réalité de cette cause.

(Revue thérapeutique du Midi.)

TRAITEMENT ABORTIF DE L'ORCHITE BLENNORRHAGIQUE PAR LES CAUTÉRISATIONS SUPERFICIELLES AU MOYEN DE L'ACIDE AZOTIQUE. L'épididymite blennorrhagique aiguë est une affection habituellement très-douloureuse, qui oblige presque toujours les sujets à garder le lit pendant un, deux ou même trois septénaires. L'expérience a appris à M. Chassaignac, que des applica

tions irritantes sur le scrotum faites au moyen de l'acide nitrique, font cesser très-promptement cette douleur, en même temps qu'elles diminuent sensiblement la période aiguë de l'affection, et abrégent notablement la durée, habituellement indéfinie, de l'engorgement épididymaire consécutif. Ainsi, au lieu de recourir au traitement antiphlogistique habituellement employé contre l'épididymite blennorrhagique, M. Chassaignac fait des applications d'acide nitrique sur le scrotum, et administre, concurremment avec cette

médication topique, les moyens connus comme antiblennorrhagiques proprement dits, et particulièrement un mélange de cubebe et de copahu, à la dose de 10 grammes de chaque substance. Ces applications se font de la manière suivante : Un pinceau de charpie ou de coton cardé est plongé dans l'acide nitrique, puis promené sur la surface injectée de la bourse malade. C'est là ce que M. Chassaignac appelle le suspensoir à l'acide nitrique, parce que, sous l'influence de cet agent, le scrotum se crispe en quelque sorte, fait remonter le testicule. et entre peut-être pour quelque chose dans la résolution de l'engorgement par l'action mécanique de la compression. L'application, pour produire la rapide terminaison des accidents, ne doit être ni forte ni prolongée, auquel cas elle donne lieu à l'escarrification et

plus tard à la suppuration, mais sculement très-légèrement transcurrente, de manière à produire le simple parchemidéjà soumis une soixantaine de malades nage de l'épiderme. M. Chassaignac a à cette méthode, et n'a eu qu'à se féliciter des résultats prompts et décisifs auxquels. elle a donné lieu.

(Annales méd. de la Fland. occidentale.)

EMPLOI DE LA SCROPHULAIRE AQUATIQUE DANS LES ULCERATIONS SCROFHULEUSES; par

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M. SÈRE (de Muret). Un homme de 45% ans, d'un tempérament lymphatique, d'une corpulence grêle, portait depuis des années, sur les parties latérales du cou, un certain nombre de ganglions indurés. En 1836, plusieurs de ces ganglions s'enflammèrent et donnèrent lieu à un foyer purulent. M. Sère, consulté au mois de juin 1838, apprit que des remèdes trèsdivers avaient été mis en usage sans beaucoup de succès à cette époque, en effet, quatorze ulcérations présentant le caractère scrophuleux dévoraient les régions. jugulaires. Présumant que le nom de la propriété anti-écrouelleuse, M. Sère réscrophulaire provenait peut-être d'une solut de s'en assurer. Il fit préparer un extrait de scrophulaire, qui fut journellement pris par le malade sous forme de pilules et à dose croissante; en même temps, des feuilles fraichement écrasées de cataplasmes. Le résultat en fut heuétaient localement appliquées sous forme reux, car à la fin du mois d'août, c'est-àdire en moins de trois mois, toutes les ulcérations étaient cicatrisées.

(Revue thérapeutique du Midi

FISTULE A L'ANUS TRAITÉE AVEC SUCCÈS

PAR LES INJECTIONS de perchlorure de fer;

par M. A. MIERGUES fils, docteur-médecin.

M. V. J..., atteint de fistule à l'anus survenue à la suite d'un abcès au scrotum, s'étant refusé à une opération chirurgicale, fut traité pendant près de deux ans par divers topiques et injections, entre autres par celles de nitrate d'argent et les injections iodées, qui n'amenèrent aucun changement dans son état.

Lorsqu'il vint me consulter, la fistule offrait un bourrelet muqueux, par où s'écoulait une sérosité purulente et grisâtre; et, par suite des obstructions successives du méat externe, il s'était produit de petits abcès passagers. Je prescrivis les injections de teinture de ratanhia, qui, en pénétrant dans le rectum, donnaient au malade des envies d'aller (ces injections ne furent pratiquées qu'après avoir dilaté l'ouverture au moyen de l'éponge à la cire). Ce moyen fut vainement employé pendant un mois; alors je le traitai par les injections d'eau hémostatique de Pagliari, qui, dans quinze jours, avaient à peine modifié l'état des sécrétions. Pensant que la guérison se ferait trop attendre, si toutefois elle devait avoir lieu par ce moyen, je fis une petite injection avec le perchlorure de fer pur, n'ayant rempli la seringue qu'au tiers; la douleur fut vive, mais de courte durée. Des injections journalières furent faites avec le mélange sui

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gien, il vaut mieux pratiquer l'extirpation. Pour cette opération, qui est une des plus douloureuses que la chirurgie ait à pratiquer, on a recours à l'usage du chloroforme. M. Velpeau préfère recourir à un mélange réfrigérant, composé d'une partie de glace bien pilée, et de deux parties de sel marin. Il applique cette glace et ce sel, bien mélangés, sur l'orteil dont il veut enlever l'ongle; au bout de une à deux minutes, la partie est gelée, l'insensibilité est complète, et l'opération est pratiquée sans que le patient ressente la moindre douleur. On a ainsi les avantages du chloroforme, sans faire courir aux malades aucun danger.

(Presse médicale de Paris.)

COMPTE-RENDu de trente-deux cas d'aeRASION DE LA CORNÉE TRANSPARENTE; par le docteur VICTOR SZOKALSKI. L'abrasion de la cornée, proposée par M. Malgaigne, il y a une dizaine d'années, comme moyen curatif d'opacités qui masquent la pupille, trouva à cette époque beaucoup de contradicteurs, et fut peu à peu abandonnée, malgré la défense éloquente de son savant inventeur. Ayant éprouvé avec elle plusieurs mécomptes dans mes premiers essais, j'étais aussi disposé à me ranger parmi ses adversaires, lorsqu'une nouvelle série de faits est venue tout d'un coup me montrer qu'elle peut fournir, dans certaines circonstances, des avantages réels.

Un de mes malades, inutilement traité par tous les autres moyens, regagna son œil droit, grâce à cette opération, que j'exécutais à titre de dernier remède. — Il fut présenté à l'Académie de médecine dans la séance du 7 juin 1847. Et bientôt après j'opérais son œil gauche masqué par une opacité de la même nature. Elle était beaucoup plus difficile à enlever; cependant la vue n'était pas moins bien rétablie, et le malade fut présenté de nouveau à l'Académie à la fin d'octobre.

Ce succès releva ma confiance dans l'abrasion, je l'essayai de nouveau. A dire vrai, je ne marchai pas toujours de triomphe en triomphe; néanmoins j'obtins huit résultats très-encourageants que je consignai dans le numéro du 30 novembre 1847 de l'Union médicale.

Enhardi par ces faits, et ayant déjà acquis une certaine expérience, j'ai opéré depuis cette époque, sur vingt personnes, trente-deux opacités choisies parmi les cas qui me semblaient présenter le plus de chances de succès. Je me propose de rendre compte ici des résultats que j'ai

obtenus, espérant qu'ils ne seront pas sans profit pour la pratique chirurgicale.

L'exécution de cette opération est en général assez facile. Le malade est assis ou debout, la tête appuyée contre le dossier du fauteuil ou contre le mur.-On écarte ensuite les paupières avec l'instrument de Kelley-Snowden; on arrête le mouvement du globe en le comprimant légèrement du côté de l'angle interne avec l'indicateur d'une main; avec l'autre on saisit un couteau lancéolaire, et on gratte avec son tranchant la cornée, comme on a habitude de gratter le papier pour en faire disparaître les taches d'encre. Chez les personnes très-irritables, l'engourdissement léger avec le chloroforme sera trèsutile pour l'exécution de ce procédé. Chez les enfants il sera même indispensable, mais il le complique d'une manière notable; car sous l'influence anesthésique la cornée se tourne en haut et dedans, et on est obligé de la ramener vers l'axe de l'orbite à l'aide d'une pince à érigne que l'on implante dans la conjonctive scléroticale.

L'épiderme cornéal se laisse aisément enlever sur le cadavre; mais il est beaucoup plus adhérent sur l'œil vivant, et dans les cas où il est opaque, il présente souvent une telle résistance à l'instrument que l'on ne peut l'enlever dans une seule séance. La substance propre de la cornée cède plus difficilement au râclement, et à ce point que si l'on parvient à lui faire reprendre sa transparence normale, on doit l'attribuer beaucoup plus souvent à l'existence de la résorption qu'à l'enlèvement mécanique de la partie opaque.

Dans le nombre de trente-deux yeux opérés par ce procédé, je compte quinze succès complets et huit demi-succès. Dans cinq cas l'abrasion est restée sans résultat, et dans quatre il a fallu y renoncer à cause de la réaction excessive et d'accidents graves.

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Dans les quinze succès l'opacité était huit fois nuageuse, superficielle, et présentait l'aspect granuleux à l'inspection latérale de l'œil. · Cinq fois elle s'étendait aux couches superficielles de la substance cornéale, et dans trois, elle était encore plus profonde et presque leucomateuse.

Dans les cas de demi-succès, l'opacité était interlamellaire et profonde et recouverte d'épiderme normal. Dans quatre cas de cette catégorie, on distinguait au milieu des parties opaques des cicatrices provenant d'anciennes ulcérations.

Parmi cinq cas restés sans résultat, j'en complais trois qui me semblaient présen

ter les meilleures chances de succès. Les opacités étaient légères, semi-diaphanes ; cependant elles sont restées telles qu'elles étaient auparavant, malgré huit à dix tentatives d'abrasion. Il est bon cependant de remarquer que les individus opérés avaient déjà dépassé trente ans, qu'ils étaient scrofuleux par hérédité, et que les opacités dataient de l'enfance.

D'après mes observations, les taches centrales, dépourvues de cicatrices, entourées de tous les côtés d'une substance diaphane, sont le plus favorables à l'opération; celles, au contraire, qui touchent au bord de la sclérotique, qui présentent des vascularités superficielles ou profondes, qui prennent l'aspect fibreux ressemblant à celui de la sclérotique, sont ordinairement rebelles et souvent dangereuses à opérer.

La réaction inflammatoire n'est pas toujours en rapport avec le degré de l'irritation occasionné par l'abrasion; quelquefois elle est à peine marquée malgré les efforts prolongés et souvent réitérés; d'autres fois elle est très-intense, bien qu'on ait agi avec tout le ménagement possible. Il est bien à remarquer que ce n'est ni la cornée ni la conjonctive qui présentent les premiers signes d'inflammation, mais l'iris et la chambre antéricure. Ainsi, la contraction permanente de la pupille, le boursoufflement et la décoloration légère de l'iris, et surtout les premiers vestiges d'hypopyon, doivent nous servir d'indice qu'il faut s'arrêter, et s'abstenir de nouveaux essais. L'inflammation une fois éveillée peut facilement devenir funeste. - Dans deux cas parmi ceux que je mentionnais dans la dernière catégorie, les yeux furent fortement compromis. Une fois il est survenu une iritis intense et opiniâtre, et une autre fois une ophthalmie qui a failli se terminer par la fonte purulente du globe. En présence de pareils faits on ne peut prendre assez de précaution; aussi ils m'ont confirmé dans les règles que j'avais déjà adoptées auparavant :

1o D'exécuter l'abrasion dans plusieurs séances consécutives, d'être surtout trèscirconspect dans les premières, et d'agir toujours avec le plus grand ménagement;

2o De ne jamais trop approcher du bord de la cornée, car je crois devoir constater qu'il supporte beaucoup plus mal les lésions traumatiques que le centre.

Les premières séances sont les plus importantes; elles nous indiquent jusqu'à quel point on peut pousser la hardiesse sans s'exposer au danger. Elles seront rapprochées ou éloignées selon le degré de

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