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Au dixième jour, le gonflement est presque disparu; il reste une teinte violacée des téguments de la jambe; on applique alors le bandage au plâtre que l'on incise après vingt minutes d'attente. Le malade quitte le lit le 6 juin et se promène au moyen de deux béquilles, la jambe suspendue par une écharpe.

Le bandage est ouvert et la jambe surveillée tous les deux ou trois jours, dans la crainte que l'appareil plâtré, posé sans autre intermédiaire qu'une bande de coton sur les tissus malades, ne détermine des accidents; rien de semblable net s'observe et l'on voit, au contraire, la teinte bleuâtre pâlir et suivre les gradations décroissantes habituelles de l'ecchymose.

Le bandage est enlevé le 24 août; on observe que la consolidation s'est faite régulièrement.

7° OBS.- Vanderhagen (Auguste), domestique, 23 ans, est apporté à l'hôpital le 18 juillet 1855, quelques instants après une chute qu'il avait faite du haut d'une échelle. On reconnaît une fracture au tiers inférieur de la jambe droite, qui s'était engagée entre deux échelons; la fracture du tibia est oblique de haut en bas et d'arrière en avant. M. Uytterhoeven fait l'application du bandage au plåtre pendant que deux aides maintiennent la réduction; ceux-ci ne lâchent. prise qu'après douze minutes. L'appareil était alors desséché et assez solide; on le coupe et l'on rapproche les valves.

Le gonflement était dissipé le 25 juillet; on resserre le bandage, qui est laissé dans cet état jusqu'au 16 août; à cette époque, le malade se lève et se promène au moyen de deux béquilles. Le 25, il s'appuie déjà sur cette jambe et le 5 septembre le bandage, enlevé, permet de s'assurer que la guérison est complète. Les rapports se sont parfaitement conservés et l'on sent à peine les traces de la fracture.

8e OBS. Decat (Louis), 39 ans, bottier, sanguin; fracture du corps de l'humérus; entré le 27 décembre 1855. Appareil au plâtre le jour de l'accident, qu'on ôte le 21 janvier 1854; consolidation régulière et solide.

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9e OBS. Piott (Guillaume), 11 ans, sans profession; fracture de l'avantbras. Appareil au plâtre, guérison après trois semaines, sans difformité.

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10° OBS.-Kleyn (Marie), 22 mois, demeurant rue des Épingles, 68; fracture de l'avant-bras. Appareil au plâtre, guérison complète après quatre semaines. 11 OBS. Jellekens (François), 5 ans, bonne constitution; fracture transversale de la cuisse, partie moyenne. Appareil au plâtre le jour de l'accident, guérison après cinq semaines, sans difformité ni raccourcissement.

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12 OBS. Pluyn (Corneille), 45 ans, scieur de long, sanguin, complexion très-robuste; entré le 21 novembre 1853. Fracture oblique du tibia et du péroné, causée par une chute dans une rixe au cabaret. Réduction incomplète, application des attelles de Bell, position convenable du membre.

Le 22 novembre, le membre est mis à nu: difformité considérable au niveau du tiers inférieur de la jambe; épanchement de sang très-abondant, surtout vers la partie interne, où la peau ecchymosée présente une escharre de 5 centimètres de long sur 2 de large; gonflement inflammatoire intense accompagné de chaleur et de mouvement febrile; fracture des deux os.

Réduction incomplète, appareil hyponarthrécique de Mayor, application de compresses imbibées d'une décoction concentrée d'écorces de chène.

Le 26 décembre, appareil au plâtre. Le malade marche le lendemain de son application; cinq semaines après, le bandage est ôté; guérison parfaite.

15o OBS.Despiegeleer (J.-B.), 59 ans, terrassier; fracture oblique de la jambe, causée par un éboulement de terre; entré le 19 décembre 1855.

Forte inclinaison du pied en dehors; changement de l'axe de la jambe qui tombe en dedans de la malléole interne; mobilité anormale au tiers inférieur du membre; crépitation; saillie osseuse très-prononcée, qui soulève la peau et menace de la percer; gonflement dans une assez grande étendue; douleur vive au moindre mouvement.

Le blessé fut mis au lit et la jambe posée sur un plan incliné pour favoriser le dégorgement et mettre les muscles dans le relâchement. Un cataplasme enveloppe le membre.

Le 20 décembre, nouvel examen de la fracture. Une pointe osscuse aiguë, dépendant du fragment inférieur du tibia, soulève la peau déjà rouge et amincie et la tend avec force.

L'indication n'était pas douteuse. Tous les efforts devaient tendre à prévenir cette perforation, dont la conséquence immédiate était l'accès de l'air dans une plaie offrant, outre les fragments osseux sans cesse ballotés, de grands dégâts dans les parties molles, accidents dont tout le monde connaît les tristes conséquences. Application de l'appareil de M. Bougard, compresses imbibées d'une décoction concentrée d'écorces de chêne.

Le 17 janvier 1854, appareil au plâtre. Le malade, depuis le lendemain de son application, marche à l'aide de béquilles.

44o OBS.--Van den Bosch (Catherine), 56 ans, journalière; fracture de jambe, causée par la chute d'un escalier; entrée le 16 décembre 1855.

Réduction, application d'un bandage en gutta-percha, topiques résolutifs. Le 26 décembre, bandage au plâtre; guérison complète le 29 janvier 1854. 15o OBS. — Van den Branden (Auguste), 20 ans, charretier, fracture du tibia gauche, causée par un coup de pied de cheval, entré le 4 janvier 1854. Appareil de Brasdor modifié, topiques résolutifs.

Le 8 janvier, appareil au plâtre. Dès ce jour, le malade marche à l'aide de béquilles.

16 OBS.Oliet (Jean), 42 ans, fondeur en caractères, fracture du tiers inférieur du péroné et de la malléole interne, causée par une chute d'un trottoir, entré le 28 novembre 1855.

Déchirure des ligaments, extravasation sanguine, appareil au plâtre le septième jour de l'accident. Le 11 janvier, guérison complète.

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17o OBS. Strens (Edmond), 37 ans, commissionnaire, fracture du péronė, luxation du pied en dehors, contusion forte à la jambe, produites par la chute sur le bord d'un trottoir, entré le 24 novembre 1853.

Le pied est fortement porté en dehors, la face articulaire de l'astragale, tournée en dedans, a perdu tout rapport avec la mortaise du tibia. Le péroné est

fracturé à deux travers de doigt au-dessus de la malléole. Engorgement inflammatoire intense autour de l'articulation. Application des attelles de Bell. Résolutifs. Le 2 décembre, appareil au plâtre. Guérison radicale le 11 jan

vier 1854.

18e OBS. Landuyt (Jean), 20 ans, commis; tumeur blanche du genou, survenue sans cause connue il y a un an; entré à l'hôpital le 30 novembre 1855. Appareil au plâtre, qu'on sectionne au genou pour permettre l'application des topiques. Déambulation possible.

19 OBS. Michiels (Jacques), 16 ans, sans profession; tumeur blanche du genou, survenue, il y a quatre ans, à la suite d'une chute; entré le 3 janvier 1854. Appareil au plâtre, déambulation facile.

20o OBS. - Dusart (Louise), 29 ans, journalière; hydrarthrose du genou, survenue sans cause connue, il y a dix-sept jours; entrée à l'hôpital le 20 mai Un mois de traitement amène la résorption du liquide, mais la malade ne sait pas marcher à cause des douleurs vives qu'elle ressent dans le genou. Appareil au plâtre. Guérison complète le 10 juillet.

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21 OBS. Vandermeulen (Jacques), 28 ans, fondeur en fer; entorse, causée par une chute sur un trottoir; entré à l'hôpital le 26 décembre 1855; position convenable du membre, cataplasmes émollients. Deuxième jour, appareil au plâtre. Guérison parfaite le 9 janvier 1854.

22e OBS. Schavers (B.), 34 ans, cocher; entorse, survenue à la suite d'une chute sur un trottoir; entré à l'hôpital le 12 décembre 1855. Application immé diate de l'appareil au plâtre. Guérison complète le 9 janvier 1854.

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25 Oas. Van Acker (Jacques), 26 ans, ouvrier au chemin de fer; entorse, causée par la chute d'un escalier; entré à l'hôpital le 27 décembre 1855. Position convenable du membre. Cataplasmes émollients. Deuxième jour, bandage au plâtre. Guérison complète le 11 janvier 1854.

24 OBS.Cools (Nicolas), 40 ans, débardeur; entorse, causée par une chute sur un trottoir; entré à l'hôpital le 27 décembre 1855. Le jour de l'acci dent, appareil au plâtre. Guérison complète le 14 janvier 1854.

25e OBS. Leemans (Jacques), 54 ans, peintre; entorse, causée par une chute sur un trottoir; entré à l'hôpital le 4 janvier. Bandage au plâtre. Guérison le 24 janvier.

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26 OBS. Verdick (Jean), 51 ans, journalier; entorse au pied gauche, causée par la chute d'un escalier; entré à l'hôpital le 1er juin 1855. Repos. Cataplasmes. Bandage plâtré. Le 27, guérison complète.

Nous terminons ici l'énumération des quelques cas de maladies chirurgicales. dans lesquels nous avons fait intervenir l'appareil plâtré du docteur Mathysen. Un plus long dénombrement eût été fastidieux.

Comme nous l'avions annoncé, peu de détails ont été racontés dans l'exposé de ces faits. C'est par la raison que nous n'avons voulu considérer cette méthode que sous le rapport de la déligation proprement dite et comme le meilleur des auxiliaires dans le traitement des diverses maladies dans lesquelles le mé

'decin croit utile d'assurer l'immobilité, soit d'un membre, soit des os ou des fragments d'os qui le composent.

Nous avons toujours regardé, comme nuisible à l'art et à l'humanité, l'esprit d'exclusion et de servilisme au profit d'un seul et unique mode de traitement pour des maladies dont les espèces et les variétés sont sans nombre; une telle erreur, si elle parvenait à dominer dans le monde médical, nous rejetterait promptement dans les pratiques grossières et ignares des rebouteurs du moyen âge. C'est assez dire que notre intention n'est nullement de vanter la méthode du docteur Mathysen comme infaillible et digne d'être seule mise en usage dans le traitement des fractures, quand même et à l'exclusion de toutes les autres. Mais il faut aussi que nous convenions que, de tous les appareils qui se composent de matières solidifiables, il n'en est aucun qui présente les mêmes avantages. C'est surtout à l'armée qu'il serait d'une utilité extrême.

Rien de plus facile pour le chirurgien que de se munir d'un certain nombre d'appareils à fractures, puisqu'ils se résument en quelques bandes plâtrées, faciles à contenir dans une boite. L'application en est aisée; on les imbibe d'eau et on les déroule sur le membre blessé; au bout de quelques minutes, on a obtenu une coque inflexible, qui résiste à l'action des liquides de tous genres et qui permet de transporter le blessé sans secousses nuisibles ni douloureuses. Ces qualités sont précieuses et dignes de fixer la sollicitude des hommes de l'art et des amis de l'humanité.

L'expérience est d'ailleurs facile à faire, et nous ne craignons pas d'affirmer qu'elle rangera à notre avis tous ceux qui voudront se donner la peine de l'entreprendre.

▲ PROPOS DU TRAITEMENT ET DE LA GUÉRISON DE LA GALE EN DEUX HEURES.

Monsieur le Rédacteur,

Le traitement de la gale a été de tout temps l'objet des recherches actives des praticiens, pour arriver à la guérison la plus rapide; mais la guérison la plus rapide n'est pas toujours la plus sûre. Cette affection a été longtemps considérée comme une maladie humorale et qui, partant, réclamait un traitement interne dépuratif.

Malgré les observations d'Abenzoar, médecin arabe du 12° siècle, et les descriptions de Mouflet, en 1654, celles de Redi, Linnæus, de Geer, etc., qui tous, parlaient déjà de l'existence d'un insecte dans les pustules de la gale, ce fut particulièrement Galès qui décrivit dans sa thèse, en 1842, la forme du ciron (acurus scabiei) qui logcait dans les pustules, et déterminait par sa présence toute la maladie. Essentiellement contagieuse, par le contact direct d'un galeux ou par les vêtements que celui-ci a portés et qui peuvent renfermer des cirons ou leurs larves, cette maladie, apanage ordinaire de la misère, de la malpropreté, et des armées en campagne, a éveillé de tout temps la sollicitude des

médecins. Il serait trop long d'énumérer le grand nombre de remèdes préconisés. pour le traitement de la gale, un seul fut particulièrement signalé et reconnu efficace entre tous, c'est le soufre employé sous diverses formes. C'est un spécifique que le temps et l'expérience ont consacré.

Une des sections de mon service, à l'hôpital Saint-Pierre de cette ville, se compose des maladies cutanées, parmi lesquelles la gale est l'une des plus fréquentes; aussi de tout temps mes prédécesseurs dans ce service s'occupèrent avec ardeur à trouver le remède ou la méthode de traitement la plus active, la plus sûre et la plus prompte. Lorsque je repris ce service je continuai l'emploi du traitement que l'expérience y avait fait adopter, après un grand nombre d'essais de toute espèce. Mais lorsqu'en octobre 1851, je lus dans les journaux de médecine le traitement institué par MM. Bazin et Hardy dans les salles de galeux à l'hôpital Saint-Louis, par lequel ces médecins annonçaient comme possible, la guérison de cette maladie en deux heures de temps, cela me parut si merveilleux que je m'empressai d'instituer ce traitement dans mon service. Au mois de février 1852, l'administration des hôpitaux ayant pris connaissance d'un article publié sur ce sujet par l'Indépendance du 27, crut devoir appeler notre attention sur cette question si importante pour elle. Et en effet, l'annonce de la possibilité de guérir en deux heures une maladie pour laquelle les malades séjournaient ordinairement plusieurs jours à l'hôpital, était bien faite pour éveiller la sollicitude de nos administrateurs. Je m'empressai donc de leur répondre, par ma lettre du 28 février 1852, que le traitement dont il était question dans l'article de l'Indépendance, était déjà employé dans mon service depuis le 2 octobre 1851, et à cette occasion je me permis de faire remarquer à, l'administration que ce traitement était loin d'être nouveau, puisque d'une part la formule de l'onguent de Helmerich, chirurgien hollandais, avait été communiquée en France, en 1812, par le docteur Burdin, et que d'autre part, l'emploi du savon vert pour se débarrasser de la gale était vulgarisé depuis fort longtemps dans nos campagnes. Mais je reconnus volontiers que l'emploi méthodique de ces deux moyens combinés appartenait aux docteurs Bazin et Hardy qui avaient rétabli le traitement d'Helmerich. Quant à ce qui concernait la possibilité de guérir cette affection en deux heures, comme l'annonçaient ces médecins, et à la proposition de ne plus admettre les galeux en séjour à l'hôpital, mais bien uniquement au traitement de passage pendant deux heures, ma conviction et l'expérience m'obligèrent de dire à l'administration que les résultats obtenus par ce traitement étaient loin d'avoir produit chez nous ce que nos confrères de Paris annonçaient dans les journaux de médecine. Et en effet, pour quiconque connaît les mœurs et les habitudes de la classe indigente et ouvrière de notre pays, il est constant qu'habituellement les galeux, gens misérables et malpropres, n'arrivent à l'hôpital que lorsque cette maladie est invétérée et compliquée d'autres maladies de la peau, telles que prurigo, eczéma, lichen, ecthyma, etc., ce qui, dès lors, non-seulement les rend repoussants, les fait renvoyer de leurs ateliers, mais exige aussi un traitement supplémentaire dont la durée dépasse ordinairement celui de la gale proprement dite.

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