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OBSERVATION 6o.

Blennorrhagie granuleuse du canal de l'urèthre. (Observation recueillie dans le service de M. Thiry).

Le nommé B., François, pompier, d'un tempérament lymphatique, entre à l'hôpital le 1er avril 1853. Il est atteint d'un écoulement urethral datant de 4 jours.

Le canal de l'urèthre de ce malade se prête admirablement aux recherches auxquelles on procède. L'urèthre est très-large, et en écartant les deux lèvres de l'orifice, on peut facilement apercevoir la muqueuse uréthrale dans une étendue de trois à quatre lignes. Cette muqueuse est d'une couleur rouge sombre, amarante. Les granulations y sont très-visibles à l'œil nu, et bien caractérisées. Elles sont recouvertes par du pus blanc jaunâtre se renouvelant sans cesse avec une abondance extrême; si on exerce la moindre pression, du sang s'écoule en nappe et se mêle au pus. Le méat urinaire est fortement tuméfié, re-tourné en dehors. Le gland est d'un rouge sombre, le frein est fortement tendu par le fait de l'intensité de la phlegmasie qui siége surtout à la fosse naviculaire. Le linge est traversé à l'instant par de nombreuses taches jaunes sanguinolentes. Le malade accuse beaucoup de douleur dans le canal de l'urethre, surtout pendant la miction. Les érections sont très-pénibles. Pendant les six premiers jours on fait les injections suivantes, répétées trois fois par jour. Nitrate d'argent.

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gr. vj. 3j.

Des bains, des purgatifs, la potion de Chopart, des frictions hydrargyrobelladonées, des soins de propreté complètent le traitement.

Le 7 avril, il y a une amélioration notable.

On ne fait plus qu'une injection par jour.

A partir du 7 avril, on diminue la dose de nitrate d'argent.

On fait une injection matin et soir avec la solution suivante :

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Le 14 mai, le malade quitte l'hôpital. La guérison est complète.

SUR LES AVANTAGES QUE PRÉSENTE L'APPAREIL AU PLATRE DU DOCTEUR MATHYSEN

DANS LE TRAITEMENT DES FRACTURES, des entorses ET DES TUMEURS BLANCHES;

par le docteur A. UYTTERHOEVEN, chirurgien en chef de l'hôpital Saint-Jean, membre honoraire de la Société.

Parmi les nombreuses modifications qui ont été proposées dans les temps modernes au traitement des fractures, l'appareil plâtré du docteur Mathysen est l'une des plus dignes de fixer l'attention du chirurgien.

La simplicité de l'appareil et sa prompte solidification en font, à nos yeux, tout le mérite.

Nous avons donc cru de notre devoir de le mettre à l'essai dans le service

d'hôpital qui nous est confié, et le résultat a pleinement répondu à l'idée fa◄ vorable que nous nous en étions formée.

Cette nouvelle méthode de déligation a été amplement décrite par le docteur Van de Loo, qui l'a aussi perfectionnée, dans le Journal de la Société (1).

Inutile donc d'en répéter la description, seulement nous devons faire observer que nous nous sommes presque toujours servi de la bande roulée, dont l'application est plus simple et plus prompte, sans vouloir cependant infirmer en aucune façon les avantages du mode d'application au moyen de bandelettes séparées, appareil qui ne nécessite point, pour l'examen du membre, une section plus ou moins pénible à l'aide des cisailles.

En exposant les divers faits de nos expérimentations, nous avons pensé aussi bien faire en les résumant dans les termes les plus laconiques.

Il ne s'agit pas en effet de l'étude des fractures dans toutes les variétés qu'elles présentent, mais uniquement du choix d'un appareil, propre à maintenir dans l'immobilité les fragments d'un os brisé, en dehors de toute autre considération, et dont tout le mérite doit consister dans la facilité de son application, et surtout dans l'immense avantage, que présente celui dont il est question, d'acquérir, au bout de quelques minutes, le degré de solidité nécessaire au maintien de la réduction des os brisés et déplacés; mérite que l'on ne rencontre dans aucun autre des appareils appelés solidifiables.

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1re OBS. Vanderelst (François), commissionnaire, 63 ans, entre à l'hôpital Saint-Jean, le 5 mai 1855, avec une fracture oblique du col chirurgical de l'humérus droit. La réduction s'opère avec facilité, pour peu que l'on appuye sur le fragment supérieur, tandis que le bras est dans une position horizontale, de manière à faire un angle droit avec le tronc; mais dès qu'on rapproche le coude des parois thoraciques, il se traduit une tendance au déplacement que les manœuvres de la coaptation s'efforcent en vain de réprimer.

On applique le bandage au plâtre en maintenant le bras dans la position la plus favorable à la réduction, c'est-à-dire écarté du tronc à angle droit; l'avantbras, demi-fléchi, est soutenu par l'aide chargé de l'extension.

Après avoir entouré le membre d'une bande sèche, le chirurgien commence par faire, au niveau de la fracture, 3 ou 4 circulaires avec une bande de quatre mètres, plâtrée et humectée ; il épuise le globe par un spica de l'aisselle, dont il recouvre toute l'épaule; le spica est séparé de la peau par une large bande non plåtrée. Il reprend ensuite les tours de bande plâtrée à partir de la main jusqu'à l'épaule; trois doubles en font toute l'épaisseur.

On conserve au membre la même position, tout en continuant l'extension et la contre-extension pendant 18 minutes. La dessiccation de l'appareil étant alors complète, après avoir placé dans l'aisselle un coussin conique fixé par deux cordons au côté opposé du cou, on rapproche le coude du tronc, ce qui resserre le spica, et le fait agir plus avantageusement encore sur le fragment supérieur; une dernière bande entoure le tronc en comprenant dans les circuJaires le tiers inférieur du bras; l'avant-bras est porté en écharpe.

(1) Voir notre tome XVI, p. 452.

Le malade passe une bonne nuit; le lendemain il accuse une légère douleur qui dure 3 à 4 jours; il cesse dès lors de se plaindre. L'appareil reste dans le même état jusqu'au 27 juin, sans qu'il se soit offert à l'observation journalière aucune indication de visiter le membre. On enlève, à cette époque, le bandage qui n'a rien perdu de sa raideur ni de sa consistance. La consolidation est complète, pas de difformité apparente. A la sortie du malade, 7 jours plus tard, on ne remarque qu'un peu de gêne dans les mouvements; l'élévation spontanée des deux bras présente à peine une légère différence.

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2o OBS. Paternoster (Egide), tonnelier, 64 ans, se présente à l'hôpital le 19 mai, au moment où il venait de se fracturer l'humérus gauche, au tiers inférieur, en tombant dans un escalier. La réduction est faite immédiatement, et suivie de l'application du bandage au plâtre.

A cet effet, un aide fait l'extension en agissant sur l'avant-bras demi-fléchi et en semi-pronation. Le membre étant recouvert d'une bande sèche, le chirurgien fait quelques tours de bande plâtrée au niveau de la fracture, et après en avoir entouré le bras et l'avant-bras depuis la main jusqu'au creux axillaire, il combine les circulaires avec une bandelette double, plâtrée, large de 0,08, et placée longitudinalement sur les faces interne et externe du bras et dont le plein vient embrasser l'extrémité supérieure et postérieure de l'avant-bras demifléchi. Cette espèce d'attelle est fixée au pli du coude par un 8 de chiffre et, aux régions brachiale et antibrachiale, par des circulaires; l'avant-bras est soutenu par une écharpe.

L'appareil, desséché en douze minutes, n'est pas sectionné; on se borne à surveiller le membre attentivement, afin d'en venir, en cas de nécessité, à l'incision du bandage; il n'est enfin ouvert que le 15 juin, et alors, malgré sa solidité excessive, il se laisse couper avec une facilité étonnante. La peau ne présente aucune trace de souffrance, la consolidation était parfaite.

Je OBS. Vanderhulst (François), ferblantier, 37 ans, est admis à l'hôpital le 8 juin pour une fracture de la jambe gauche au tiers inférieur. Le déplacement est peu prononcé, mais le gonflement est considérable; on réduit, puis on applique le bandage circulaire plâtré. La réduction est maintenue par deux aides jusqu'à dessiccation, qui a lieu en vingt minutes; on coupe dès lors le bandage, on rapproche les valves, et le blessé, qui accuse un soulagement marqué, est placé en suppination; le lendemain, légère douleur qui se dissipe les jours suivants; le gonflement a diminué peu à peu et l'on est obligé, le 22 juin, pour suivre le retrait des tissus, d'exciser sur une des valves une bandelette longitudinale de deux centimètres à son point le plus large; cette soustraction se fait au moyen des cisailles avec la plus grande facilité et sans la moindre secousse. Les valves sont de nouveau rapprochées et maintenues par une bande plâtrée, et l'on permet au malade la déambulation au moyen du fauteuil à béquilles; le 20 juillet, la consolidation est achevée et le malade commence à s'appuyer sur la jambe, il s'exerce ainsi pendant quinze jours sans abandonner le bandage. Ce n'est que le 12 août que l'on enlève l'appareil quí, malgré les mouvements du malade, a conservé ses formes et sa solidité. Il ne

restait du côté de la jambe qu'un peu d'œdème, que les bains et la marche ont dissipé.

4 OBS.

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Weemaels (J. B.), maçon, 20 ans, atteint d'une fracture de la malléole interne gauche, entre à l'hôpital le 10 juin 1853, cinq semaines après l'accident. Une collection purulente, avec décollement de la peau, occupe la région dans l'étendue d'une paume de main; on sent encore de la mobilité et l'on produit aisément le mouvement de bascule en appuyant sur l'extrémité inférieure de la malléole.

Après avoir constaté ces phénomènes et avoir eu ouvert l'abcès, M. Uytterhoeven applique un bandage circulaire au plâtre dont les tours de bande s'étendent de l'origine des orteils à deux pouces en-dessous du genou. Une fenêtre suffisamment grande est ménagée au niveau de la collection, le malade est mis au lit, la jambe légèrement fléchie, le pied élevé et reposant sur son bord externe. Après dessiccation de l'appareil, on recouvre la partie malade d'un cataplasme.

Les 11, 12 et 13 juin, la suppuration est très-abondante, d'un aspect grisâtre et mêlée de stries de sang; mouvement fébrile, inappétence, état saburral. Le 14, on incise le bandage, des compresses graduées sont placées sur la base des lambeaux décollés, l'appareil au plâtre est ensuite resserré sur elles. Les émollients sont continués jusqu'au 20 juin; dès cette époque on fait tous les jours un pansement simple jusqu'au 29. Le bandage, fréquemment mouillé par les cataplasmes et souillé par le pus, est nettoyé avec une éponge et conserve sa consistance; à partir du 29, les pansements ne se font que de trois en trois jours, La peau se recolle, et le 5 juillet, il reste une surface ulcéreuse de la grandeur d'un franc. On fortifie alors le bandage et l'on met la jambe en suppination. Le 15 juillet, le malade se lève et marche avec le fauteuil à béquilles.

Le 30 juillet, la consolidation est achevée; il y a une légère hypertrophie de la malléole. Le malade marche à l'aide d'un bâton et appuie le pied sur le sol et se trouve toujours bien de son bandage, qui n'est enlevé que le 12 août. La cicatrisation de la peau est alors complète.

5 OBS. Degroodt, débardeur, 62 ans, présente à son entrée à l'hôpital une fracture de l'avant-bras droit au tiers inférieur. L'appareil consiste en compresses graduées inter-osseuses recouvertes de deux planchettes étroites et minces maintenues par un bandage au plâtre à bandes circulaires. Le malade supporte très-bien son bandage jusqu'au 20 août; on visite alors la fracture que l'on trouve consolidée.

6e

6o OBS. Verby (Corneille), charretier, 33 ans, est apporté à l'hôpital le 8 juillet au moment où il venait d'être renversé par son chariot dont une des roues lui avait passé sur la jambe gauche. M. Uytterhoeven constate une fracture du tibia au tiers inférieur. La contusion et le gonflement des parties molles sont considérables. Le péroné, du reste, n'est pas fracturé et le déplacement est nul. On se contente d'une position horizontale et élevée, et l'on recouvre le membre de compresses imbibées d'une décoction d'écorce de chêne pour prévenir l'étendue de la désorganisation,

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