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corps, et de l'autre à celle de la flagellation prolongée comme cause de mort si elles engagent des observateurs à faire des recherches et à rapprocher d'autres faits qui pourraient avoir de l'analogie avec les précédents, et à produire de la sorte un travail utile qui puisse devenir avec celui

ci la base de recherches scientifiques nouvelles plus complètes et de documents précis, je croirai n'avoir pas perdu mon temps à noter les particularités que j'ai été assez heureux de rencontrer dans les deux cas qui ont fait le sujet de ce travail.

(Ann. d'hyg, publ. et de méd. lég.)

III. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.

Académie de Médecine de Paris.

Séance du 22 novembre,

DISCUSSION SUR le perchlorure de fer. -M. LAUGIER. L'inventaire des faits dressé par M. Malgaigne a donné des résultats déplorables; toutefois, une décision sur la valeur de ce traitement m'avait paru prématurée, et je ne croyais pas qu'au moment même où M. Malgaigne lisait son mémoire, on pouvait déjà citer le plus beau succès que Pravaz lui-même aurait pu rêver pour l'avenir de sa méthode.

La ligature compte des succès pareils, mais elle ne peut en revendiquer de plus complet; je veux parler de l'observation d'anévrisme de la brachiale guéri par M. Valette (de Lyon), par l'injection du perchlorure de fer. M. Malgaigne n'a pas nié la probabilité du succès, il en a regardé même l'existence comme hors de doute; mais cette éventualité rare lui a paru achetée par de trop graves accidents, et, dans l'état actuel des choses, contre-balancée par un grand nombre de revers, et même la mort des opérés. En conséquence, il a conclu par la proscription de la méthode. Pour répondre à l'argumentation de M. Malgaigne, il ne suffit donc pas de citer un succès éclatant obtenu par le perchlorure de fer, il faudrait plutôt soumettre à un nouvel examen les faits qu'il a analysés, et, après leur avoir trouvé une autre signification, en tirer des conclusions différentes des siennes. Une lecture attentive des observations publiées avant celle de M. Valette, m'a conduit à penser que le rôle attribué au perchlorure de fer dans leur issue fâcheuse avait été un peu exagéré. Si le perchlorure de fer doit être considéré comme responsable de tous les accidents observés, il faudrait que les effets eussent été d'autant plus manifestes qu'il était plus concentré, que la quantité injectée a été plus considérable, et qu'enfin on a été plus sûr, pendant l'injection,

d'avoir fait pénétrer la canule du trocart dans le sang liquide que contient la poche anévrismale. En étudiant les faits publiés sous ces trois points de vue, on est surpris de les voir résolus d'une manière opposée à ce qu'on devait attendre.

M. Laugier, analysant les faits de M. Malgaigne, de M. Alquié, de M. Velpeau et de M. Lenoir, fait ressortir de cette analyse que les accidents produits n'ont été proportionnés rigoureusement ni à la concentration ni à la quantité du perchlorure de fer injecté, mais que ces accidents, ainsi que les différences constatées entre les divers faits dépendent de ce que, dans certains cas, il a fallu faire plusieurs ponctions; que dans les uns la canule plongeait dans le sang liquide de l'anévrisme, que dans les autres elle plongeait dans un caillot déjà spontanément formé.

M. Laugier résume son discours en ces termes :

En résumé, avant de juger la méthode de Pravaz dans le traitement des anévrismes, il me paraît indispensable de faire deux catégories de faits, suivant que la canule du trocart est plongée dans le sang liquide, ou reste engagée dans les caillots déjà formés. Pour ces derniers, ils ne sont à mes yeux que des anévrismes traités par un mode particulier d'acupuncture. L'effet d'une seule ponction pourra être nul; mais des accidents auraient nécessairement lieu si on répète les ponctions, et ils seront en général proportionnés à leur nombre.

Dans les faits de cette classe, il est difficile de concevoir un effet réel du liquide injecté. Comment un fluide qui n'agit que par ses propriétés chimiques serait-il inerte à une première injection et d'une action violente à une seconde ou à une troisième ? L'intoxication et la dissolution du caillot par le perchlorure de fer en excès ne sont encore que de véritables hypothèses. En lisant attentivement les observations d'anévrismes traités par le perchlorure, le galvanisme, et dont l'inflammation

s'est emparée jusqu'à y produire une fonte purulente, je cherche en vain une différence dans les apparences du magma sanguin que contient la tumeur. Il en est de même de l'inflammation spontanée ou de celle qui a suivi la ligature de l'artère.

Les faits de la seconde catégorie me paraissent les seules applications de la méthode de Pravaz. C'est dans ces faits qu'il faut la juger, si on croit déjà aujourd'hui le pouvoir faire.

Ici encore, bien qu'un jet de sang au moment où le poinçon est retiré indique que la canule est placée avantageusement pour l'essai de la méthode, on retrouve le perchlorure infidèle; il ne coagule pas toujours, et ce ne sera qu'à une seconde ponction que les phénomènes d'inflammation seront produits. La méthode de Pravaz, mal faite, il est vrai, et en s'éloignant de certaines règles qu'il avait posées, peut avoir des effets terribles. Il suffit de rappeler la première observation où notre habile confrère M. Malgaigne n'est intervenu que pour réparer, autant que cela était possible, les désordres causés par une injection peu méthodique.

La méthode exige alors, en effet, la possibilité d'une compression exacte et suffisamment prolongée, tant au-dessus qu'au-dessous de la tumeur, pendant et même après l'opération, un certain temps, de quinze à vingt minutes. Les injections de perchlorure de fer ne devront jamais être tentées hors de ces conditions. Il faut, comme M. Malgaigne, la proscrire absolument alors.

Reste donc le très-petit nombre de cas où la tumeur sera située d'une manière favorable à la réalisation de ces conditions. Tel a été l'anévrisme brachial traité par M. Valette. Comment proscrire pour de pareils cas une méthode qui peut réussir en une séance, sans aucun accident et sans laisser après l'opération les éventualités fâcheuses de la ligature? Mais ce sera à condition que la première tentative aura réussi, une seconde ponction pouvant être suivie de cette inflammation qui menace le malade et conduit le chirurgien à l'emploi ultérieur de la ligature.

Tel serait donc le jugement qui, selon moi, pourrait être porté aujour d'hui. Mais le fait de M. Valette n'estil pas un fait exceptionnel? Combien de fois, dans les mêmes circonstances, se reproduirait-il? Il est évident que c'est aux expériences répétées qui se feront forcément, quel que soit le jugement de l'Académie, que l'on devra la réponse à cette question. C'est pour cela qu'il m'a paru et qu'il me parait encore prématuré de por

ter ce jugement définitif que M. Malgaigne attend de vous.

M. GERDY. Les faits manquent pour juger la question à fond; mais on n'en doit pas moins louer M. Malgaigne d'avoir appelé l'attention de l'Académie sur les résultats désastreux qui ont eu lieu. Je regrette qu'on ait pu penser qu'en exprimant un blâme général, dans la dernière séance, contre les expérimentations, j'aie eu en vue telle ou telle personne. Je n'ai prétendu blâmer ni critiquer personne en particulier. Je conviendrai même que la méthode de Pravaz se présentait au premier abord comme une opération si rationnelle; son inventeur y avait apporté tant de prudence et des précautions si minutieuses qu'il semblait que toutes les chances de succès dussent se trouver réunies en faveur des essais sur l'homme. Et cependant vous connaissez, d'après le tableau qu'en a fait M. Malgaigne, les résultats désastreux de ces essais. Cela prouve une chose

c'est que si, malgré l'excessive prudence qui a présidé aux premiers essais de cette méthode, il est arrivé d'aussi déplorables malheurs, combien ne doit-on pas apporter de prudence lorsqu'il s'agit d'opérations qui n'offrent pas des conditions en apparence aussi favorables? Je n'ai blâmé personne, je le répète ; j'ai pu dire seulement qu'on s'était un peu trop pressé. Mais dans l'idée que j'avais en vue de déverser le blâme sur telle ou telle personne, on a fait descendre la question des hauteurs où l'avait placée M. Malgaigne, et où j'avais voulu la maintenir moimême, aux proportions d'une question de personnes; cela est regrettable, et je désire qu'on ne voie dans tout ce que j'ai dit que le désir de rappeler à des règles de prudence dont on s'est écarté.

On a dit: Mais si vous voulez attendre que d'autres aient expérimenté, et si tout le monde en fait autant, il est évident que personne ne commencera, et de cette manière il n'y aura plus de progrès possible. C'est là une erreur. Il ne faut pas craindre pour cela qu'on arrête les progrès de l'art; il ne manquera jamais de ces hommes disposés. par entraînement naturel ou par témérité, à essayer toutes les méthodes et à appliquer toutes les idées nouvelles. C'est un travers de l'humanité avec lequel il faut compter. Mais il appartient aux hommes prudents et sages de résister à cet entraînement. Il y a, d'ailleurs, des règles pour les progrès de l'art. J'ai dit, par exemple, et je saisis cette occasion de le répéter, qu'il y a un guide infaillible pour le chirurgien quand il s'agit de se déterminer à pratiquer une opération nouvelle :

c'est de se demander s'il la pratiquerait sur son fils. Le cœur, en pareil cas, est le meilleur guide, il ne trompera jamais. Lorsque vous vous direz: Voilà une opération qui n'est pas compromettante pour la vie, un père la permettrait pour son fils, vous pouvez hardiment l'entreprendre; mais en présence d'une opération qui n'aurait encore jamais été pratiquée sur l'homme et qui ne laisserait dans l'esprit qu'incertitude et indécision sur les chances de succès, soyez assurés qu'un père n'y consentirait jamais pour son fils, et ce que le père n'autoriserait pas, vous, chirurgien, vous ne devez pas vous le permettre. Je maintiens que c'est là le guide le plus sûr et le plus vrai pour un chirurgien c'est là son véritable criterium. Que si, au contraire, en descendant de la hauteur de ces principes généraux, vous abaissez les questions d'art et de pratique au niveau des questions de personnes, voyez l'inconvénient qui en résulterait! vous excluriez des discussions académiques la critique, cette chose sacrée et sainte quand elle est maintenue dans des limites convenables. Il faut, dans l'intérêt de la vérité, que les droits de la critique soient maintenus et respectés, car la critique est la vie même d'un corps savant, et l'on doit surtout éviter d'y voir un prétexte à récriminations personnelles.

Au point où en sont les choses, le fait de M. Valette n'a rien changé à mes convictions. Je persiste à penser qu'il y a lieu de s'arrêter et de réfléchir longtemps avant de se demander s'il convient de pratiquer une opération nouvelle sur l'homme vivant. Pour moi, je n'en ferais rien sans bien savoir ce qu'il y a de vrai ou de faux dans les faits publiés jusqu'à ce jour, et ce ne serait qu'après un grand nombre d'expériences sur les animaux bien concordantes, bien concluantes, que je me déciderais à transporter cette opération sur l'homme. Alors on se sera conduit prudemment. Il vaut mieux attendre que vouloir marcher trop vite.

M. MALGAIGNE Commence par établir le sens de ses conclusions telles qu'il les a formulées au début de cette discussion. Ces conclusions consistaient à dire que, dans l'état actuel des choses, il y avait imprudence à ce qu'un chirurgien exposat des malades aux dangers de l'injection de perchlorure de fer. En émettant cette opinion, dit M. Malgaigne, je n'ai pas entendu préjuger l'avenir et je crois être resté dans les limites d'une prudente réserve. De là deux sortes d'opposants et deux reproches contradictoires. D'une part, M. Moreau m'a reproché de n'avoir

pas assez formellement condamné la nouvelle méthode; d'autres m'ont accusé, au contraire, d'être allé trop loin et d'avoir prématurément soulevé une discussion inopportune. Je crois, pour mon compte, qu'il y avait nécessité de condamner ce qui a été fait jusqu'à présent et d'attendre de l'avenir de nouvelles lumières. Si quelque chirurgien se présente avec de nouvelles et suffisantes expériences sur les animaux, il y aura lieu de voir s'il convient de reprendre plus tard de nouveaux essais de cette méthode.

Il y a un point sur lequel je ne partage pas entièrement l'opinion de M. Gerdy, avec qui je suis en parfaite communion d'idées sur cette question d'ailleurs ; c'est sur ce point qu'il faut laisser faire les chirurgiens téméraires. Non, je ne veux pas qu'on laisse plus longtemps se renouveler de semblables expériences sur l'homme avant que les résultats de la méthode aient été bien appréciés sur les animaux, que les conditions et les règles de son emploi aient été bien établies; les chirurgiens qui pratiqueraient aujourd'hui les injections de perchlorure de fer seraient à mes yeux des chirurgiens téméraires. Sans doute il y aura des imprudents et des téméraires en chirurgie, mais il ne faut pas les encourager.

M. Malgaigne revenant ensuite sur quelques points de la discussion qu'il lui paraît nécessaire d'éclaircir, rappelle qu'il a dit dans son mémoire que, sans prétendre diminuer en rien le mérite des hommes distingués qui avaient répété les expériences de M. Pravaz à Alfort, il fallait bien reconnaitre qu'ils s'étaient écartés sans motif plausible des règles posées par l'inventeur; que leurs expériences prouvaient bien l'inefficacité du perchlorure de fer à petites doses et son danger à dose exubérante; mais que l'injection rationnelle était la seule qu'ils n'eussent point pratiquée. M. Giraldès a réclamé contre cette phrase et a répondu à cela en citant des expériences qui tendraient à infirmer cette assertion. Mais les expériences citécs par M. Giraldès étaient inédites; il n'avait pas

été possible d'en tenir compte dans un jugement qui n'avait pu être porté nécessairement que d'après les expériences rendues publiques dans les comptes-rendus de la Société de chirurgie rapportés par son organe officiel, la Gazelle des Hôpitaux.

Je passe, continue M. Malgaigne, à un autre de mes contradicteurs, M. Leblanc. J'avais dit que, dans des expériences faites par MM. Leblanc et Debout, ou avait observé tantôt un raccornissement de l'artère sans amincissement, tantôt un raccornisse

ment avec amincissement. M. Leblanc a nié ces faits. Comme M. Giraldės, M. Le blanc paraît avoir oublié ce qu'il avait dit dans la première relation qu'il a faite de ses expériences à la Société de chirurgie; car on lit dans le compte-rendu officiel (Gazette des Hôpitaux ) de la séance où a été faite cette communication que, dans l'une des expériences, l'injection produisit le raccornissement de l'artère, et que, dans une autre, le vaisseau fut aminci et se laissa distendre à la manière d'une veine variqueuse.

Mais un nouveau fait s'est produit dans la discussion; je veux parler du fait de guérison d'un anevrisme par une injection de perchlorure de fer récemment communiqué à l'Académie par M. Valette, fait que M. Velpeau semblait pressentir dans son dernier discours lorsqu'il disait que la série des expériences ne s'arrêterait pas là, et que d'un jour à l'autre on verrait surgir de nouveaux éléments propres à éclairer la question.

Un mot à ce sujet sur la critique énergique que M. Velpeau a faite de mon mémoire :

D'après M. Velpeau, il y aurait eu quelque chose de singulier et d'inexplicable dans le fait de gangrène du bras pour lequel j'ai été obligé de pratiquer l'amputation; mais plus ce qui s'est passé dans ce cas était singulier et inexplicable, plus il y avait de raison de le mettre sur le compte du perchlorure de fer, sur l'action duquel on ne sait encore rien de précis. Ce fait, d'ailleurs, ne m'avait pas entièrement convaincu, et j'ai voulu m'éclairer moi-même sur la manière de faire des chirurgiens les plus habiles et les plus prudents. Je suis allé, en conséquence, voir opérer M. Velpeau lui-même. Les précautions les plus minutieuses ont été prises dans l'opération pratiquée par M. Velpeau, ce qui n'a pas empêché qu'il n'ait fallu aussi dans ce cas recourir plus tard à la ligature pour réparer les désordres causés par l'injection. Il en a été de même du fait de M. Jobert, dont personne assurément ne met en doute l'habileté et la prudence.

On a dit que rien ne prouvait que la gangrène qui s'est manifestée dans tous ces cas fût le résultat de l'injection; que ce n'était pas le perchlorure de fer qu'il fallait en accuser, mais l'inobservance des précautions exigées en pareil cas. Mais qui connaît les précautions qu'il faut prendre? qui sait en quoi elles consistent? où les règles de l'art sont-elles formulées? Persoune ne le sait encore. N'at-on pas procédé, d'ailleurs, avec la plus

grande prudence et les plus minutieuses précautions dans le cas de M. Lenoir, comme dans celui de M. Jobert et de M. Velpeau? Ainsi voilà trois opérations pratiquées dans les meilleures conditions, avec la plus grande prudence possible; et de ces trois cas, l'un est suivi de mort; chez les deux autres, les malades n'ont dû leur salut qu'à la ligature? Si l'on ne peut conclure de ces faits contre la méthode, à quoi sert la logique?

M. Velpeau, dans son second discours. a fait des concessions que je ne puis admettre, il a dit que l'opération nouvelle pourrait être conservée pour un certain nombre de cas, par exemple, pour les anevrismes de la racine des membres, ou dans le voisinage des grandes cavités. Mais ce sont là, ainsi que M. Laugier l'a fait remarquer tout à l'heure, les circonstances où l'injection de perchlorure de fer serait peut-être le plus nuisible. L'expérience s'est prononcée déjà, d'ailleurs, à cet égard. M. Velpeau a donc donné sur ce point des espérances qui ne se réaliseront jamais. S'il était possible de conserver encore l'espoir d'utiliser cette méthode, ce serait peut-être dans des cas de petits anévrismes des extrémités de la nature de celui qu'a opéré M. Valette.

Lorsque, me fondant sur les faits malheureux observés, je me suis permis d'élever des doutes, dans mon mémoire, sur l'innocuité du perchlorure de fer, on s'est écrié de toutes parts: Le perchlorure employé n'était point celui de M. Burin-Dubuisson. C'est l'argument derrière lequel se retranchent tous les partisans de la nouvelle méthode, et la réponse qu'ils font à toutes les objections. Mais quel est ce fameux problème de M. Dubuisson, dont ce pharmacien a lui-même donné plusieurs formules différentes, et que personne ici n'a eu encore, à ce qu'il paraît, en sa possession? M. Soubeiran, consulté sur la pureté du perchlorure de fer de M. Dubuisson, a déclaré qu'il était détestable. Je laisserai sur ce point M. Dubuisson aux prises avec M. Soubeiran, n'ayant point la compétence nécessaire pour discuter un pareil sujet.

M. Laugier a soumis à une très-habile critique les faits rapportés dans mon mémoire. Suivant lui, ce ne serait ni à la concentration, ni à la quantité du liquide injecté qu'il faudrait attribuer les accidents observés. Cela est possible; mais qu'est-ce que cela prouve? Si ce n'est ni à l'état de concentration, ni à la quantité, ni à la qualité du perchlorure de fer qu'on doit attribuer, c'est donc à une autre cause inconnue, et la difficulté de recon

Maître d'avance les chances d'accidents n'en devient que plus grande. Que l'on suppose que cela dépende, par exemple, d'une idiosyncrasie particulière des malades, il sera bien plus difficile encore de prévoir et de prévenir ces accidents., et dès lors l'emploi du perchlorure ne peut plus être soumis à une règle fixe. M. Lau gier pense que ces accidents doivent être attribués plutôt aux ponctions répétées qui ont dû être pratiquées dans quelques cas. Je ne partage point cette opinion. On fait tous les jours des ponctions répétées dans des tumeurs enkystées sans produire ni inflammation ni gangrène : c'est donc bien évidemment la substance introduite dans le sac anevrismal qui est la cause de tous ces désordres.

Enfin, si j'examine le fait de M. Valette dont on a fait tant de bruit, je suis frappé tout d'abord d'une chose, c'est que cette opération a été faite contre toutes les règles et en dépit de toutes les prescriptions de la méthode Pravaz. Tandis que M. Burin-Dubuisson considère comme devant être la dose réglementaire 5 gouttes de perchlorure par centilitre de sang, M. Valette en injecte 15 gouttes pour un anévrisme dont il évalue lui-même la capacité à 1 centilitre. On ne sait plus, en présence de pareilles incertitudes, à quoi s'arrêter. Quelle sera donc la règle pour ceux qui voudraient expérimenter à l'avenir? Combien de victimes faudra-t-il faire encore pour arriver à quelque chose de précis!

En résumé, la méthode Pravaz est détestable; elle n'est point applicable aux gros anevrismes, et quant aux petits anévrismes, les seuls auxquels elle pourrait convenir, la ligature donne de si brillants résultats que ce serait folie que d'y renoncer pour une méthode aussi incertaine et aussi dangereuse.

Séance du 29 novembre.

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PERCHLORURE DE FER. M. Giraldès présente quelques observations au sujet du dernier discours de M. Malgaigne. M. Malgaigne ayant cité des expériences faites à Alfort d'après le Bulletin de la Société de chirurgie, M. Giraldès fait remarquer, d'une part, que les expériences citées par M. Malgaigne ne sont pas les seules qu'il ait faites, qu'il en a fait beaucoup d'autres depuis; et, d'autre part, que le reproche qui lui a été adressé de s'être écarté des règles formulées par l'inventeur tombe de lui-même, puisqu'on chercherait en vain ces règles précises posées par Pravaż.

Enfin, M. Giraldès demande d'après quelles données M. Malgaigne reconnaît que ces expériences ont été mal faites. «Il s'agissait, dit M. Giraldès, de constater que quelques gouttes de perchlorure de fer injectées dans les vaisseaux déterminaient la coagulation immédiate du sang : or l'expérience a réussi; mais, pour appré cier si quelque chose avait manqué à l'expérimentation, il aurait fallu connaître le degré de densité du perchlorure employé par Pravaz et par nous, la quantité de sang contenu dans l'artère comprimée, etc. M. Malgaigne ignorait tout cela; néanmoins, de sa propre autorité, sans plus ample informé, il déclare hautement devant l'Académie que ces expériences ont été très-mal faites. Cette manière de procéder a quelque chose d'étrange; mais, Dieu merci, l'Académie n'a accordé à aucun de ses membres, si haut placé qu'il puisse être, le droit de blâmer les choses qu'il ne connait qu'incomplétement. »

M. Burin-Dubuisson adresse une lettre sur le même sujet, dans laquelle il réfute plusieurs des assertions contenues dans l'argumentation de M. Malgaigne.

A l'occasion de la correspondance, M. Lyon qui rectifierait plusieurs assertions Malgaigne lit une lettre d'un médecin de inexactes avancées par M. Burin-Dubuisson, notamment en ce qui concerne l'opé→ ration de M. Barrier. Cette lettre ferait connaître, en outre, un cinquième cas de mort causée par le perchlorure de fer.

URÉTHROSCOPE.-M. J. Desormeaux lit une note sur un instrument à l'aide du

Je ne dis pas que la ligature soit le dernier mot de la chirurgic. On a proclamé en Angleterre les bons effets de la compression. Je pense qu'il y aurait avantage à mettre ce moyen à l'étude. Je suis Join, comme on le voit, de m'opposer à ce qu'on fasse des essais; mais je veux que l'initiative en soit prise par des chirurgiens prudents et sages, et non par ces chirurgiens téméraires qui se conduisent sans règle et sans mesure. Enfin, je suis Pour obtenir un uréthroscope qui donne prêt à adopter un autre moyen que la liles résultats désirables, la difficulté congature, mais à la condition qu'il ne donsistait à livrer passage à la lumière par un nera pas sur 11 cas 4 morts et 5 ou 6 inorifice étroit, tout en réservant un espace succès. suffisant pour les rayons visuels. Ce ré-La suite de la discussion est renvoyée sultat est obtenu, dans l'instrument que à la prochaine séance.

quel on voit dans l'intérieur de l'urèthre.

M. Desormeaux a fait construire, au moyen

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