Images de page
PDF
ePub

Pharmacie.

SUR LES VARIÉTÉS DE CHLORURE MERCUREUX EMPLOYÉES EN MÉDECINE, MOYEN DE LES DISTINGUER ET DE RECONNAÎTRE LES FALSIFICATIONS DU CALOMEL A LA VAPEUR; par J. B. DEPAIRE, pharmacien, à Bruxelles. Les praticiens ont reconnu que le degré d'action du chlorure mercureux sur l'économie animale varie avec le mode de préparation de ce sel : de là la distinction établie entre le mercure doux, le calomel à la vapeur et le précipité blanc.

Les pharmacologistes, en général, admettent que cette différence d'action dépend de l'état moléculaire du composé mereuriel; aucun d'eux, cependant, n'a fait connaître les caractères distinctifs qui existent entre le chlorure mercureux préparé par l'une ou l'autre méthode en usage. J'ai tenté de combler cette lacune en soumettant à l'inspection microscopique les trois variétés de chlorure mercureux employées en médecine; je soumets à l'ap préciation du corps médical le résultat de mes recherches en le faisant suivre d'un procédé qui permet de distinguer le précipité blanc, le mercure doux et le calomel, et de reconnaître la pureté de ce dernier médicament.

Le mercure doux lavé s'obtient en sublimant un mélange en proportions définies, soit de chlorure mercurique et de mercure, soit de sulfate mercureux et de culoFure sodique. On obtient ainsi une masse blanche, lourde, brillante et cristalline qu'on lave à l'eau après l'avoir pulvérisée. La poudre d'un blanc légèrement jaunâtre résultant de cette manipulation, vue au microscope par réfraction à l'aide de grossissements de cinquante à cent diamètres parait formée de débris de cristaux translucides, de forme et de dimension variables. L'emploi de grossissements supérieurs à ceux indiqués, n'y fait reconnaître qu'un mélange de gros et de petits fragments ne présentant rien de régulier.

La préparation du calomel à la vapeur diffère essentiellement de celle du mercure doux par le mode de pulvérisation employé pour le diviser. Tandis que l'on emploie, pour le mercure doux, la pulvérisation par contusion et trituration, on a recours, dans la préparation du calomel à la vapeur, à la pulvérisation dite par intermède. Le corps qui sert d'intermède dans ce cas est quelquefois la vapeur d'eau, mais plus souvent l'air atmosphérique. Le calomel à la vapeur est une poudre blanche, ténue, cristalline. Un grossissement de 50 à 100 diamètres le montre, vu par réfrac

tion, composé de particules presque opaques, anguleuses, régulières; ces particules n'ont pas le mème volume, mais on remarque qu'il existe entre elles une certaine uniformité qui manque complétement dans le mercure doux. En examinant le calomel à la vapeur à l'aide d'un grossissement de 250 à 300 diamètres, j'ai reconnu qu'il existe dans le commerce deux variétés de ce produit, sans que toutefois je puisse préciser leur origine. Dans l'une de ces variétés on ne remarque que les particules dont je viens de parler, dans l'autre on constate la présence d'aiguilles transparentes, prismatiques, terminées en pointe, peu nombreuses, dont les dimensions varient trop pour qu'il soit utile de les préciser. La présence de ces aiguilles ne peut être attribuée à l'existence d'une matière étrangère dans le calomel examiné, car l'analyse de ce produit m'a convaincu de sa pureté absolue. J'ai cherché à reproduire ces cristaux transparents en condensant la vapeur chloro-mercurielle tantôt dans l'air froid, tantôt dans l'eau gazeifiée ; je n'ai pas réussi à le faire. A la vérité je n'opérais que sur 500 grammes de matière dans chaque expérience. Il est probable que les cristaux aiguillés dont j'ai parlé se produisent lorsque, par suite de la durée de l'opération ou de l'exiguïté du réfrigérant, celui-ci s'échauffe assez aux points de contact de l'appareil producteur pour laisser aux particules de calomel, avant de se condenser, le temps de prendre une forme géométrique régulière. Le passage suivant extrait du Traité de chimie de M. Regnauld semble confirmer cette opinion: « Lorsqu'on soumet de grandes masses de calomel à la sublimation, on obtient souvent de beaux cristaux transparents qui sont des prismes à base carrée terminés par un pantement octaédrique. Ces cristaux qui sont remarquables par leurs grands pouvoirs réfringent et dispersif appartiennent au deuxième système cristallin. »

En versant dans une solution de nitrate mercureux du chloride hydrique ou du chlorure sodique, on obtient un chlorure mercureux employé en médecine sous le nom de précipité blanc. C'est une poudre blanche, très-ténue, ne présentant point l'aspect cristallin du calomel à la vapeur. Lorsqu'on la soumet à l'inspection microscopique à l'aide de grossissements de cinquante à cent diamètres, par réfraction, on remarque qu'elle est formée de particules sphéroïdales, infiniment plus ténues que celles du calomel à la vapeur, sans apparence cristalline. Un grossissement de 500 diamètres n'y fait découvrir aucune

trace de cristallisation, mais les particules sphéroïdales paraissent translucides et aplaties. Le précipité blanc présente la même structure microscopique soit qu'on l'ait obtenu par le chloride hydrique, soit qu'il ait été formé par le chlorure sodique. Ce composé mercuriel desséché se délaie incomplétement dans l'eau ; il convient, lorsqu'on veut le soumettre au microscope, de le mêler à un peu d'alcool.

L'activité médicamenteuse du chlorure mercureux variant avec le procédé suivi dans sa préparation. il peut être très-important, dans certains cas, de pouvoir déterminer rigoureusement quelle a été la marche suivie pour obtenir un chlorure mercureux donné. On y parviendra en délayant une petite quantité du composé à examiner dans une goutte d'alcool sur une lame de verre. L'essai recouvert d'une autre lame très-mince sera immédiatement soumis à l'inspection microscopique par réfraction en faisant usage d'un grossissement de 50 à 100 diamètres. La masse estelle formée de débris irréguliers translucides, cristallins, on peut être certain que l'on a sur le porte-objet le mercure doux ordinaire ou calomel obtenu par sublimation suivie de porphyrisation; est-elle formée de particules presque opaques anguleuses, cristallines, assez uniformes, mêlées ou non d'aiguilles transparentes, nul doute que l'on examine un échantillon de calomel à la vapeur; enfin l'on pourra conclure à la préparation par précipitation dans l'eau, si l'essai est composé de sphéroïdes très-ténus sans apparence de cristallisation.

Quelques pharmacologistes, en petit nombre, il est vrai, pensent que le précipité blanc doit l'énergie d'action qui le distingue du calomel à la vapeur, à ce qu'il retient soit du chloride hydrique, soit du chlorure sodique employé à sa préparation, qui le rend quelque peu soluble. L'examen microscopique, en démontrant l'extrême division du précipité blanc comparée même à celle du calomel à la vapeur, tend à éloigner cette opinion et à faire admettre que la grande ténuité des particules du précipité blanc est la scule cause de ce surcroît d'activité médicamenteuse; car il ne faut pas perdre de vue, dans ce cas, la part bien reconnue de la division des corps insolubles sur la rapidité des réactions qu'exercent sur eux les matières propres à les influencer. Sans doute les traces de chloride hydrique ou de chlorure sodique qu'un opérateur peu soucieux laisse dans le précipité blanc doivent augmenter sa solubilité; mais cette circonstance ne peut se rencontrer que très

rarement, les auteurs prescrivant de laver avec le plus grand soin le produit mercuriel précipité, soit par le chloride hydrique, soit par le chlorure sodique.

Les substances que l'on a mélangées au calomel à la vapeur pour le falsifier, sont: le carbonate de plomb, le carbonate, le sulfate et le phosphate de chaux, les os calcinés, le sulfate de baryte, l'amidon et la gomme.

On peut reconnaître, à l'aide du microscope, la présence de ces corps dans le calomel à la vapeur, même lorsqu'ils n'y entrent que pour un centième, sans que l'on puisse déterminer, dans tous les cas, la nature de la matière mélangée, ce qui du reste est d'une importance secondaire. A cet effet on place sur une lame de verre noircie à la surface inférieure une petite quantité du produit suspect, on y ajoute une ou deux gouttes d'ammoniaque liquide, on délaie la masse uniformément et on recouvre le tout d'une lame miuce de verre. En examinant par réflexion, on voit les agglomérations de céruse, de craie, de plâtre, de phosphate de chaux, les fragments d'os calcinés, de sulfate de baryte, de gomme, les globules d'amidon se détacher vigoureusement sur le fond brunnoir du mélange ainsi traité. Ce moyen, qui m'a toujours donné des résultats concluants, est basé sur l'action de l'ammoniaque sur le calomel on sait en effet que ce dernier composé se convertit, sous l'influence de l'ammoniaque, en chlorure mercureux à base d'amide d'un brun noir, tandis que les matières citées plus baut, employées pour falsifier le calomel, ne changent pas de couleur par l'action de l'alcali volatil.

(Bulletin de l'Académie royale de médecine de Belgique.)

NOTE SUR LA PRÉPARATION DES PILULES D'IODURE DE FER; par B. J. Dɛ SMET, pharmacien à Bruxelles. L'iodure de fer étant une combinaison très-altérable, il est difficile d'avoir constamment des médicaments contenant l'iodure à l'état de protosel.

Cet iodure se prescrivant souvent en pilules, on a cherché à faire entrer dans leur composition des auxiliaires pour prévenir leur altération.

MM. Mayet et Blancard, entre autres, ont écrit à ce sujet sans discuter le mérite de leurs différentes formules; qu'il me soit permis d'en présenter à la Société une qui m'a toujours bien réussi tant sous le rapport de l'exécution, qui est immédiate, que sous celui de leur conservation.

[merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Miel blanc. gr. vi Poudre de guimauve.

3S

40 gttes no 15 gram. 30

1,88 Mettez l'eau et la limaille de fer bien porphyrisée dans un mortier de fer, ajoutez l'iode, triturez vivement le mélange pendant quelques minutes, ajoutez le miel et la poudre de guimauve; faites vingt-quatre pilules; humectez celles-ci avec un peu de sirop de gomme pour les enrober de parties égales de gomme et de sucre de lait. Chaque pilule est composée de 1 grain d'iodure ferreux et de 1/6 de fer en excès. Ces pilules peuvent se conserver trèslongtemps sans altération; de plus on a l'avantage de pouvoir y incorporer tous les médicaments que le médecin juge à propos d'y ajouter et de pouvoir augmenter ou diminuer la dose de l'iodure ferreux.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Versez sur la douce-amère, eau bouil lante, environ 400 grammes. Après douze heures d'infusion, passez, laissez déposer, décantez la liqueur et conservez-la à part. Faites infuser de nouveau le résidu dans 1,600 grammes d'eau.

Concassez la gomme arabique, faites-la dissoudre au bain-marie dans la liqueur provenant de cette deuxième infusion; passez. Remettez la solution gommeuse sur le feu avec le sirop de douce-amère.

Faites évaporer en consistance de sirop très-épais, en ajoutant vers la fin le premier infusé qui a été mis à part.

Laissez refroidir; enlevez la croûte formée à la surface, et coulez dans des moules en fer-blanc passés au mercure que vous porterez à l'étuve pour achever la concentration de la pâte.

Une expérience de quatre années, notamment celle de la pratique de M. le docteur Davat, m'a démontré l'efficacité de cette forme nouvelle d'administrer la douce-amère dans plusieurs cas de maladies de la gorge et de ses annexes, aiguës ou chroniques ainsi l'angine tonsillaire, la pharyngite, la stomatite, les ulcérations syphilitiques de la gorge et du palais, l'aphonie, etc.

(Répertoire de pharmacie. )

ÉTHER SULFURÉ ET PHOSPHORÉ; COMBINAISON NOUVELLE; par STANISLAS MARTIN.

L'éther sulfuré et phosphoré est blanc, translucide, volatil, acide, décomposable, par l'eau, en soufre et phosphore, d'une saveur détestable, d'une odeur forte et si pénétrante que, lorsqu'il est en contact avec notre odorat, tout le système nerveux en est affecté. Cette odeur a un peu d'analogie avec celle du gaz acide hydrosulfurique, qui se dégage pendant la combinaison ignée du soufre et du phosphore pour faire le phosphore de soufre de Faraday.

Quelle est l'action médicale de l'éther sulfuré et phosphoré? Sa composition chimique l'indique assez, pour que le thérapeutiste en essaye l'emploi.

On prépare cet éther de la manière suivante :

Éther sulfur. rectifié et lavé. 100 gram. Phosphore concassé. 40

Faites macérer huit jours dans un flacon en verre noir, bouché à l'émeri. Filtrez au moyen d'un entonnoir à la Boullay, ajoutez à la colature :

Soufre sublimé et lavé à l'eau

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

cins pourront facilement les faire administrer ensemble lorsqu'ils le jugeront convenable.

La solution se fait rapidement à la température ordinaire, à la proportion de Ogr,025 par 30 grammes, en broyant le deuto-iodure dans un mortier, avec une petite portion d'huile; on ajoute le reste et on agite dans une bouteille pendant quelques instants.

A 50 degrés 30 grammes d'huile peuvent dissoudre 0gr,10 de deuto-iodure.

L'huile d'amandes douces, l'huile de ricin, le chloroforme, l'esprit de bois et l'axonge fondue dissolvent, suivant l'auteur, le deuto-iodure avec la même facilité.

Toxicologie.

EMPOISONNEMENT PAR INGESTION DES RACINES DE JUSQUIAME NOIRE, APPRÊTÉES EN RAGOUT; par M. SCHILIZZI, D. M. à AiguesMortes.

A 1 kilomètre d'Aigues-Mortes, vers l'ouest, se trouve situé un poste de douanes appelé la Marette, occupé par huit familles d'employés du service actif. Cette habitation, de récente construction, est située dans un marais et entourée de basfonds. Voulant utiliser ces surfaces nuisibles, en les remblayant, des terres ont été prises dans les cours du château de la ville, depuis fort longtemps inhabité, et où une foute de plantes de toutes espèces croissent en toute liberté.

Les préposés de la Marette, en nivelant ces terres de transport pour former des jardins, trouvaient beaucoup de racines blanches ressemblant au navet, qu'ils jetèrent d'abord sans y faire attention. Quelques jours plus tard, un de leurs camarades leur faisant observer que ces racines de chardon étaient bonnes à manger, ils furent enchantés de la découverte, eu égard à la cherté de toutes les substances alimentaires, et les époux Maillard et Lacaussade s'empressèrent d'en apprêter un kilogramme environ, pour les manger en commun à leur repas du 5 au soir. En effet, vers cinq heures et demie, les deux ménages se mettent à table autour d'un vase de terre qui avait servi à l'apprêtage de leur ragoût. Les époux Lacaussade et la femme Maillard prennent seuls part au repas; le mari de celle-ci s'en abstient, parce que l'odeur des navets qu'exhalait leur mets n'était pas de son goût.

Chacun des trois convives tire du plat commun une portion dans son assiette, et trouve en la mangeant que ces racines

sont excellentes. Cependant la femme Maillard se borne à une première portion, mais les époux Lacaussade y reviennent; et comme, malgré cette récidive, il en reste encore dans le vase, le préposé Lacaussade s'en empare et achève jusqu'au dernier morceau. Mais au même instant (d'après ce que les malades m'ont appris le lendemain), et avant que la dernière bouchée fût avalée, les trois convives eurent simultanément la langue paralysée, en même temps que le gosier se trouva tellement contracté qu'ils ne purent remuer le bol alimentaire dans la bouche, encore moins l'avaler, et se trouvèrent dans la nécessité de le retirer avec leurs doigts pour s'en débarrasser.

A peine cet acte était-il accompli, que la femme Maillard se met à rire, à danser, à courir dans son logement, cherchant à saisir avec ses mains, dans l'espace ou vers la terre, des objets qu'elle ne touchait jamais. Elle regarde les assistants avec des yeux fixes; elle n'entend pas et ne répond à aucune question. Si on veut la contraindre à boire ou à se coucher, elle se révolte, et la force de plusieurs hommes ne suffit pas pour dominer sa volonté. Elle a la figure pâle, le pouls accéléré, la respiration assez libre, les pupilles trèsdilatées, mais sans injection des capillaires sanguins.

Quant aux époux Lacaussade, dès la terminaison du repas, la femme, qui avait mangé le double de la précédente, s'était assoupie sur sa chaise sans changer de place, immobile, dans un sommeil léthargique, la tête tombant sur la poitrine, la figure fortement colorée, la respiration profonde, la peau chaude, le pouls accéÎéré mais petit, les yeux fermés; mais, en écartant les paupières, les pupilles avaient disparu sous la cornée, et la conjonctive était fortement injectée. Tous les membres avaient conservé leur souplesse et obéissaient aux mouvements qu'on leur imprimait.

L'état de son mari m'a offert tous les symptômes de l'intoxication poussée à ses dernières limites. Ce préposé, après avoir jeté le dernier morceau qui lui restait dans la bouche, se lève dans un commencement d'ivresse, et se dirige en chancelant vers son lit où il tombe machinalement tout habillé, et où il reste complétement immobile.

Lacaussade avait la figure très-pâle, les yeux fermés, les pupilles effacées et le globe de l'œil fortement injecté. Son corps était froid et raide comme un morceau de bois. Il avait le pouls petit, filiforme et très précipité. La contraction té

tanique des muscles cervicaux antérieurs était telle, qu'il m'a été impossible, même avec l'aide des assistants, de faire reposer la tête du malade sur son traversin.

La paralysie des plexus pulmonaires nerveux, ainsi que la contraction spasmodique des muscles pectoraux, rendaient la respiration de ce malade stertoreuse et très-pénible.

Tel était l'état des trois malades lorsque j'arrivai sur les lieux, une demiheure après l'événement, muni de substances propres à combattre un empoisonnement que des renseignements déjà acquis à la bâte m'avaient fait supposer être le résultat de l'ingestion de quelque plante vénéneuse.

En effet, en examinant, après mon arrivée sur les lieux, quelques restes des racines dont les malades avaient pris leur repas, j'acquis la certitude que leur état pathologique n'avait pour cause que l'ingestion d'une énorme quantité de racines de jusquiame noire (hyosciamus niger). Après cette constatation, l'émétique, administré tour à tour aux malades, provoqua des vomissements abondants et l'expulsion de tout ce que l'estomac pouvait contenir.

Après cette évacuation, je fis donner aux malades une forte décoction de café acidulé, et j'appliquai aux époux Lacaussade des sinapismes aux extrémités inférieures.

La femme Maillard, malgré la vacuité de son estomac, continua à faire toujours les mêmes extravagances, et ce n'est qu'à 9 heures du soir qu'on est parvenu à la mettre au lit, de force, où elle fut maintenue jusqu'au lendemain matin, sans avoir eu un moment de calme ni de sommeil.

La femme Lacaussade, sortic vers 10 heures du soir de son sommeil léthargique, se livra à son tour, maintenue dans son lit jusqu'au lendemain, aux mêmes folies et aux mêmes divagations que la femme Maillard.

Quant à son mari, réveillé aussi vers minuit, il a répété, jusqu'au lendemain à midi, les mêmes actes de démence que sa femme et celle de Maillard.

Le jour suivant, à ma visite, les malades étaient assez calmes; ils avaient les pupilles moins dilatées, le pouls moins accéléré; mais ils éprouvaient encore des tournoiements de tête, de l'incohérence dans les idées, des éblouissements, et la femme Maillard ressentait de temps en temps des crises nerveuses qui se terminaient par des pleurs.

Je prescrivis l'usage de quelques bouil

lons maigres, et, pour boisson, de légères infusions aromatiques, plus un lavement purgatif.

Sous cette médication, la nuit suivante fut calme, et les malades dormirent paisiblement. Le matin du troisième jour, ils étaient presque revenus à leur état normal, à l'exception de la femme Lacaussade, enceinte déjà de cinq mois, qui, quoique tout à fait délivrée des accidents toxiques, souffrait de quelques coliques, de maux de reins et des envies de vomir; ce qui m'avait fait craindre une délivrance prématurée. Quelques prescriptions conformes à la circonstance ont fait cesser tous ces accidents, et, le quatrième jour, l'état des trois malades ne laissait plus rien à dési

[blocks in formation]
« PrécédentContinuer »