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que très-peu de douleurs; on applique un tampon isolant, et on ordonne des. injections calmantes pour la soirée.

Le 4 novembre, l'application du spéculum est beaucoup moins douloureuse; l'inflammation est toujours vive, l'écoulement abondant, nous cautérisons une seconde fois, et nous avons recours aux mêmes soins consécutifs.

Le 6 novembre, l'inflammation a cédé, la rougeur est devenue plus rosée, les follicules commencent à disparaître, l'écoulement est plus muqueux. Nous saupoudrons l'intérieur du vagin de poudre de charbon végétal, nous plaçons le tampon isolant, nous recommandons les injections astringentes.

Cette médication est continuée avec succès pendant cinq à six jours. L'époque menstruelle étant survenue, et cette femme ayant négligé tous les soins de propreté si nécessaires en pareil cas, l'inflammation non encore éteinte se réveille avec une nouvelle intensité, et nous force à recourir de nouveau, le 25 novembre, à une nouvelle cautérisation.

Le 27 novembre, la cautérisation a produit le meilleur résultat, l'état inflammatoire ainsi que l'écoulement ont considérablement diminué.

Nous revenons à l'usage de la poudre de charbon et au tampon isolant. A partir de cette époque l'amélioration a été constante, et dans quelques jours la malade pourra sortir de l'hôpital.

OBSERVATION 4.-B......, Catherine, 21 ans, née à Cologne, d'un tempérament lymphatique, enceinte de six mois, entre à l'hôpital Saint-Pierre le 26 juillet 1855.

Elle est atteinte d'une plaque inflammatoire au col utérin et de nombreuses fissures au museau de tanche. La muqueuse vaginale, sous l'influence de la grossesse, présente une coloration violacée; les follicules muqueux sont développés ; quelques-uns ont le diamètre d'un petit pois. L'écoulement est d'une abondance extrême, blanchâtre, laiteux; par son accumulation et son séjour dans le vagin, il acquiert des propriétés irritantes qui érodent la muqueuse.

Pendant une quinzaine de jours, nous saupoudrons le vagin et le col utérin de poudre de quinquina, nous isolons avec le tampon d'ouate; dans la soirée, des injections émollientes et légèrement détersives sont pratiquées.

Ce traitement suffit pour éteindre le caractère inflammatoire de l'affection. du col, guérir les érosions vaginales, enrayer le développement des follicules et remettre enfin la femme dans la position normale compatible avec la ges

tation.

MÉMOIRE SUR LES NÉVROSES FEBRILES; par M. le docteur LIEGEY, Membre correspondant, à Rambervillers (Vosges). (Suite. Voir notre tome XVII, p. 510.)

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OBSERVATION 9o. Le 13 mars, dans la soirée, en revenant de Rehaincourt, je fus prié de m'arrêter à Moyemont, canton de Rambervillers, pour visiter un nommé M., maçon, que je trouvai alité.

Cet homme, âgé de 52 ans, né de parents morts jeunes, avait une constitution délicate, un tempérament lymphatique bilieux. A l'âge de 32 ans, il avait eu une hémoptisie abondante, depuis laquelle il était resté assez sujet au rhume.

Au mois de février 1852, il contracta la grippe laryngo-bronchique. Celle-ci laissa après elle une augmentation de la toux antérieure qui devint quotidienne. M... ne recouvra pas entièrement ses forces; il maigrit, pâlit d'une manière marquée. Il eût eu besoin de repos, d'un bon régime alimentaire et d'un traitement; mais, père d'une nombreuse famille, et n'ayant d'autres moyens de subsistance que le travail, le travail, il continua à s'y livrer et à être mal nourri.

Dans les premiers jours de mars 1855, il fut de nouveau pris de la grippe, d'abord sous forme de coryza, ensuite sous forme laryngo-bronchique, avec oppression, douleurs rachidiennes dorsales, et fièvre ardente.

Le 9, eut lieu une hémoptisie abondante.

Le 12, cet accident se reproduit, et fait place à une sueur abondante d'assez longue durée.

Le 15, l'hémorrhagie a lieu de nouveau. Elle vient de finir quand j'arrive près du malade, et j'observe ce qui suit : Décubitus dorsal, teint jaunâtre, terreux; air de stupeur, bien que l'intelligence soit intacte; lèvres légèrement croûteuses; peau sèche et brûlante; pouls à 110 environ; respiration accélérée; toux quinteuse, déchirante, expectoration muqueuse, percussion douloureuse à la partie supérieure antéro-postérieure droite de la poitrine, où existe une grande matité; matité moindre à la partie supérieure gauche; râles muqueux de ce côté, sous-crépitants de l'autre ; battements de cœur en rapport avec les pulsations artérielles qui, outre leur fréquence anormale, offrent une certaine dureté; langue rougie par le sang, sèche vers son milieu; nausées, soif vive, inappétence, sensibilité à l'épigastre et aux flancs, au flanc droit surtout; un peu de météorisme de l'abdomen; constipation depuis quelques jours, urines rendues rarement et en petite quantité.

Je prescris des ventouses sèches, suivies d'un large vésicatoire volant à la partie antérieure, puis à la partie postérieure de la poitrine; le calomel à dose purgative, une boisson légèrement vineuse, etc., etc.

L'hémorrhagie ne se reproduit pour ainsi dire pas, mais il ne tarda pas à se faire un épanchement dans la poitrine, épanchement de pus faisant manifestement bomber le côté droit, et dont le malade expectora une quantité considérable. La matière purulente, noirâtre, était d'une fétidité insupportable. Le cachet typhique se prononça de plus en plus, il se produisit du délire quelques jours avant la mort, qui eut lieu le 7 avril.

OBSERVATION 10°. Le 16 février, je fus demandé au village de Domptail, pour la femme d'un cultivateur aisé. Voici les antécédents de cette femme : Née de parents sains et forts, elle avait longtemps joui d'une bonne santé, lorsque, au mois de décembre 1850, elle devint enceinte pour la seconde fois, à l'âge de 22 ans. Tandis que sa première grossesse et ses premières couches, qui avaient eu lieu deux ans auparavant, avaient été heureuses, sa seconde

grossesse et les couches suivantes se passèrent dans des circonstances défavorables, que je vais brièvement relater.

Pendant cette grossesse, la jeune femme fut presque constamment souffrante, éprouvant de la céphalalgie, de la rachialgie et des troubles gastriques variables. Vers la fin, il se produisit une anasarque générale très-prononcée aux membres inférieurs, par lesquels elle avait commencé, et à l'abdomen devenu presque constamment douloureux.

Le 51 août, vers midi, se produisirent, au milieu d'un accablement général plus grand qu'antérieurement, les premières douleurs de l'accouchement. Les douleurs continuèrent jusqu'à trois heures. Alors cette femme devint en proie aux convulsions éclamptiques suivies de coma, qui se répétèrent à des intervalles de plus en plus courts. D'abord l'intelligence revint pendant chaque intervalle d'attaques, mais ensuite elle resta constamment abolie. Il en était ainsi, depuis quelque temps déjà, lorsque, vers 7 heures du soir, un officier de santé habitant un village proche, arriva près de la malade. Ne voulant rien entreprendre dans une conjoncture aussi grave, il dit d'aller chercher un docteur. On vint chez moi. J'arrivai chez la malade vers deux heures du matin. Il n'y avait plus que convulsions et coma, les intervalles avaient disparu; le pouls était petit et lent, la peau fraîche aux extrémités, il était temps d'agir. Que fallait-il faire? Les mouvements de l'enfant indiquaient qu'il était vivant. La tête se présentait au détroit supérieur dans une bonne position, la mère était bien conformée, mais la matrice ne se contractait plus que d'une manière insuffisante. Néanmoins, le col était suffisamment ouvert pour que l'on put opérer l'extraction du foetus. J'appliquai le forceps. L'enfant vint vivant, et il l'est encore aujourd'hui. L'extraction du placenta suivit de près, et ne fut précédée et suivie que d'une perte de sang médiocre. Tout cela se fit sans que la femme manifestât le moindre sentiment. Elle resta à peu près dans le même état pendant au moins deux heures; puis les accidents commencèrent à perdre leur intensité; les intervalles reparurent de moins en moins courts; une forte réaction eut lieu vers le milieu de la matinée, et l'intelligence commença à revenir. Elle ne fut entière, de même que la cessation de l'éclampsie, que dans l'après-midi. En même temps que l'amélioration se produisait, on voyait l'enflure diminuer; mais elle ne fut dissipée qu'au bout de plusieurs jours. La fièvre de lait s'établit comme de coutume, la femme allaita son enfant, les lochies suivirent leur

cours.

Mais cette femme fut longtemps à recouvrer ses forces, ou plutôt elle ne les recouvra jamais entièrement. Il lui eût fallu du repos et un bon régime alimentaire, tandis que, grossièrement nourrie, elle ne tarda pas, en outre des soins donnés à ses enfants, et des occupations du ménage, à se livrer aux travaux des champs, qu'elle ne put, il est vrai, continuer longtemps. Aux douleurs rachidiennes qu'elle avait conservées, douleurs localisées à la région dorsale, s'étaient jointes de la dyspnée, une toux sèche, des douleurs sourdes, profondes à la partie antérieure de la poitrine, et un peu de fièvre continue, avec persistance, augmentation de la maigreur.

Je n'avais pas vu cette malade depuis l'application du forceps, lorsque je fus de nouveau appelé près d'elle au mois de février dernier, comme je l'ai dit en commençant.

Elle avait, depuis une dizaine de jours, une violente céphalalgie sus-orbitaire, le coryza, de la dysphagie, une augmentation des douleurs rachidiennes, de la dyspnée, une toux déchirante avec violente douleur au côté droit de la poitrine, expectoration difficile de matière muqueuse jaunâtre légèrement striée de sang, embarras gastro-intestinal, fièvre ardente, grand accablement. Je reconnus, par l'auscultation et la percussion; l'engorgement en grande partie chronique des deux poumons, à leur partie postérieure et supérieure, et un épanchement pleural droit.

Une application de ventouses, dont quelques-unes scarifiées, des frictions stibiées, des vésicatoires volants, le tartre stibié pris à doses variables, et d'autres moyens encore n'eurent d'autre résultat que de diminuer l'épanchement pleurétique. L'affection organique du poumon, la phthisie, firent des progrès rapides; il y eut bientôt des hémoptisies, des cavernes ne tardèrent pas à se former. La malade succomba, minée par la fièvre hectique, dans le courant du mois de mai.

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OBSERVATION 11a. Le 9 août, dans le même village, a succombé aussi une jeune femme, atteinte également de phthisie pulmonaire développée sous l'influence de la grippe. Chez celle-ci, l'accélération fut moins rapide, il n'y eut pas d'épanchement pleurétique, et cette femme eût pu vivre quelque temps encore, s'il n'était survenu une épistaxis abondante au milieu de laquelle le reste des forces s'est épuisé tout à coup.

La grippe, comme du reste nos autres pyrexies (1), peut donc servir de pierre de touche pour apprécier l'état organique de la poitrine.

(1) Que l'on me permette de répéter ici ce que j'ai dit dans un récent travail intitulé: Influence des pyrexies sur la marche des organopathies (Annales médicales de la Flandre occidentale, 11o livraison, 1855).

L'influence accélératrice des pyrexies sur la marche des maladies organiques en général, et de l'affection tuberculeuse des poumons en particulier, est un fait que je suis à même d'observer fréquemment. ›

L'appréciation de cette influence n'a certainement pas le mérite de la nouveauté, car on la trouve dans les œuvres d'Hippocrate, ainsi que le rappelle M. le professeur Andral dans sa savante histoire de la médecine depuis le médecin de Cos jusqu'à nos jours; mais cette appréciation n'en a pas moins d'importance au point de vue du pronostic et de la prophylaxie. Ainsi, un cas de pyrexie se présentant, on en jugera la gravité moins d'après le degré de cette maladie que d'après l'état organique de l'individu. Ne vois-je pas chaque jour, pour ainsi dire, une pyrexie d'apparence bénigne, et qui, chez un individu sain, guérirait promptement; ne vois-je pas, dis-je, cette maladie être suivie des conséquences les plus fâcheuses chez une personne ayant, et seulement à l'état rudimentaire, une affection organique de nature grave? Ainsi encore, la personne atteinte d'une maladie organique ou seulement menacée de cette maladie par le fait de l'hérédité, ne devra, s'il est possible, point habiter un pays de fièvres, de fièvres intermittentes particulièrement.

Ces fièvres, les nôtres du moins, mettent si bien en relief les altérations organiques préexistantes, que la plus petite, la plus cachée, se trouve révélée à l'observateur quelque peu attentif. Aussi, lorsque je vois se rétablir entièrement un malade atteint de fièvre intermittente, je ne crains pas d'affirmer qu'il ne porte aucun germe de maladie organique grave. Je m'estime heureux d'avoir rendu ainsi la sécurité à bien des familles.

Les malades dont je vais parler, n'eussent point guéri s'ils avaient porté, même seulement en germe, une affection organique de la poitrine.

OBSERVATION 1re. Une dame de notre ville, âgée de 22 ans, d'un tempérament lymphatique nerveux, mariée il y a deux ans et demi, devint bientôt enceinte et bientôt aussi sujette à des accès de névralgie faciale. Les douleurs, qui affectaient le côté droit et principalement la région dentaire supérieure, furent suivies d'un abcès de la bouche, abcès critique qui fournit si longtemps ́un pus liquide, que l'on aurait pu craindre une altération osseuse qui n'existait point.

Après les couches, les douleurs névralgiques ne tardèrent pas à se reproduire, mais au côté gauche de la face et avec une intensité moindre. Elles se dissipèrent assez promptement sous l'influence de vésicatoires volants appliqués derrière l'oreille, de boissons calmantes et ferrugineuses, dont déjà la malade avait fait usage antérieurement.

Vers le 20 mars, après une nouvelle reproduction de ces douleurs sous type régulier, la malade fut prise d'une grippe offrant pour ensemble de symptômes: céphalalgie sus-orbitaire, coryza, angine pharyngienne, toux bronchique, légère dyspnée, douleurs rachidiennes dorsales, lassitude générale et fièvre médiocre.

Le 27, jour de Pâques, cette jeune dame, qui n'éprouvait plus qu'un reste de faiblesse, de la moiteur la nuit, une toux légère avec expectoration facile, alla à l'église, y resta longtemps et y eut froid.

Grande lassitude, malaise général lorsqu'elle rentra chez elle. La nuit, elle fut éveillée par de vives douleurs partant de la région dorsale de l'échine et s'étendant à tout le côté gauche de la poitrine, s'accompagnant de toux sèche, déchirante et d'une forte dyspnée.

Appelé dans la matinée du 28, je trouve la malade dans cet état d'anxiété qui n'a offert que de courtes rémissions irrégulières. Le visage est påle, grippé, la peau fraîche aux extrémités; le pouls d'une grande fréquence, mais petit. La percussion me fait reconnaître un peu de matité vers la base du côté douloureux; l'auscultation, un bruit de cuir neuf; la bouche est mauvaise; il y a inappétence, soif par moments et constipation.

Contre cette forme pleurétique avec commencement d'épanchement, je prescris le tartre stibié à dose éméto-cathartique comme agent thérapeutique principal. Ce médicament, qui donne promptement lieu à de nombreuses évacuations gastriques et alvines, est administré à plusieurs reprises. Je fais prendre des boissons chaudes et appliquer un vésicatoire volant loco dolenti.

Le changement fut rapide. Au bout de trois jours, il n'y avait plus, outre la faiblesse générale déjà moindre, que les phénomènes d'une grippe bronchique bénigne, l'endolorissement et l'exaltation de la sensibilité cutanée dans la région de la poitrine où avaient existé les douleurs.

Une sueur abondante fut la principale crise de cette maladie grave, qui remplaça pendant quelques jours la névralgie faciale qui en avait déjà été le prodrome.

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