Images de page
PDF
ePub

Viris genituræ profluvium, quam yovoppolav Græci vocant, sæpe evenit, hoc præsertim tempore, dum hæc conscriberemus, veluti enim pestilentia plurimos afflixit. (Medicinal. universal., lib. 24, cap. 6.)

Jacques Bethencourt, de Rouen, le premier médecin français qui ait écrit sur la syphilis, parle également des blennorrhagies simples en 1527.

La blennorrhagie simple a été ensuite très-bien décrite par Botal, en l'an 1563.

$2. Depuis cette époque, tous les auteurs ont été d'accord pour reconnaitre que les affections blennorrhagiques pouvaient avoir leur source dans une cause indépendante de toute infection produite par un virus, dans une inflammation simple.

Aussi, dès lors, on divisa les blennorrhagies en blennorrhagies simples et en blennorrhagies virulentes.

C'était déjà un grand pas de fait pour la science et la thérapeutique, que d'admettre des affections simples blennorrhagiques en dehors de toute idée d'infection par un principe spécifique, de reconnaître des blennorrhagies causées par le contact du pus, de mucus irritant, par des flueurs blanches et le sang menstruel, par une congestion trop fréquemment répétée ou trop prolongée, par des lésions physiques, par l'ingestion de certains médicaments, de certaines boissons, enfin, par des excès de toute espèce.

Mais le nom de blennorrhagie virulente étant un terme générique, on ne savait pas au juste ce qu'il fallait entendre par cette dénomination.

$5.

Hunter, dans son Traité des maladies vénériennes, page 55, édition de Paris, 1787, dit :

« On a indiqué, comme marque distinctive entre la gonorrhée simple et la gonorrhée virulente, que la première se manifeste après le coït et présente, tout de suite, toute son intensité; tandis que la seconde se montre au bout de quelques jours et s'établit graduellement. Mais la gonorrhée simple n'est pas toujours consécutive au commerce de l'homme avec la femme; elle ne s'établit pas d'emblée dans tous les cas, et elle n'est pas toujours sans douleur.

. D'un autre côté, on voit beaucoup de gonorrhées virulentes qui débutent sans aucune apparence d'inflammation, et, dans beaucoup de cas de cette espèce, j'ai été fort embarrassé pour décider si la maladie était vénérienne ou non. Car il est un certain nombre de symptômes qui sont communs à presque toutes les maladies de l'urèthre, et desquels il est difficile de distinguer les phénomènes peu nombreux qui dépendent uniquement de l'affection spécifique.

Plus loin, il dit :

[ocr errors]

Peut-être est-ce aussi pour cette raison que la gonorrhée virulente et la gonorrhée simple ont tant de points de ressemblance.

» Le canal de l'urèthre devient le siége d'un écoulement et même d'une douleur plus ou moins vive. Des sensations inaccoutumées s'y font ressentir de temps en temps. Ces symptômes peuvent être un retour de l'affection vénérienne sans virus, ou se produire en quelque sorte spontanément, ou, enfin, être la conséquence de quelque autre maladie.

Quand l'écoulement se manifeste comme conséquence d'une gonorrhée vénérienne antérieure, il est rarement continu; il disparaît pendant un temps pour se reproduire ensuite, et on peut le désigner sous le nom de blennorrhée temporaire; mais alors il est rare que les parties se tuméfient; le gland ne présente pas la coloration rouge-cerise ni aucune espèce de suintement.

› On reconnaît que cette affection n'est constituée que par un écoulement sans propriétés virulentes, quand elle se manifeste chez des sujets qui n'ont eu depuis longtemps aucune relation sexuelle, ou qui n'ont jamais eu aucune maladie vénérienne et ne s'y sont jamais exposés. Sa guérison prompte, aussi bien chez les sujets qui ont eu commerce avec les femmes que chez ceux qui n'en ont point eu, rend très-difficile, dans beaucoup de cas, de déterminer si elle est syphilitique ou non. Aussi arrive-t-il souvent qu'on la considère à tort comme vénérienne, tandis que, dans d'autres cas, on prend pour retour d'une ancienne blennorrhagie un écoulement qui est réellement vénérien. »

Capuron, page 18, Paris, 1807, dit:

< Presque tous les auteurs qui ont écrit sur la blennorrhagie l'ont appelée virulente pour la distinguer de la blennorrhagie bénigne, qui est produite par des causes étrangères au virus vénérien.

› Quant à nous, dit Capuron, nous préférons le terme générique de catarrhe, auquel nous ajouterons aussi le terme spécifique de vénérien, comme pour différencier la cause qui le produit et qui, en irritant le conduit urinaire, y détermine une inflammation, dont la marche est la même que celle de toutes les phlegmasies des membranes muqueuses.

› Quant à la cause, dit cet auteur, à la page 29 de son Traité, la prudence exige que tout catarrhe ou écoulement contracté avec une femme infectée de virus vénérien, soit regardé comme très-suspect et même comme virulent.

› C'est ainsi qu'on se gardera bien de les confondre avec ce que les auteurs nomment blennorrhagie simple ou bénigne, produite par une cause irritante quelconque.

[ocr errors]

Et plus loin, page 36:

⚫ Comment doutera-t-on que la blennorrhagie virulente peut occasionner la vérole, si l'on démontre que le virus qui produit l'une et l'autre de ces deux maladies, est absolument le même. >

Petit Radel dit, page 49, livre 1:

L'on s'est accordé ici, comme chez toutes les autres nations, à distinguer cette maladie en celle qui tient de la virulence, et celle qui n'a rien de cette mauvaise qualité. »

Et plus loin:

Le flux simple se rapporte toujours à des causes étrangères à la coïtion, c'est une humeur rhumatismale ou dartreuse qui se jette par métastase sur les surfaces uréthrales, il y active le pouvoir de sécrétion, l'équitation longtemps continuée chez des personnes peu accoutumées à ce genre d'exercice, le coït trop fréquent, l'apparition de quelques dents chez les enfants, l'usage de certaines

liqueurs fermentées, notamment de la bière, des cantharides, des bougies qui produisent une irritation locale (1) ».

$4. Les lignes qui précèdent sur l'état de la science blennorrhagique au 18° siècle et dans le commencement du 19e, prouvent à l'évidence quelle obscurité il régnait sur la nature, les causes, la manière d'être des blennorrhagies qu'on appelait virulentes.

Les épithètes vénérien, syphilitique, virulent, données sans distinction aucune aux blennorrhagies, rendent l'interprétation de ces passages trèsobscure et même impossible pour les médecins qui ne sont pas à même de remonter aux sources, en observant les faits tels qu'ils se produisent.

Dans ces derniers temps Cullerier, Hufeland, Delpech, Lagneau et beaucoup d'autres auteurs, en mettant sur la même ligne les blennorrhagies, les chancres, la syphilis, et en perdant de vue la nature première des altérations qui sont produites, ne firent faire sous ce point de vue aucun progrès à la science.

Les réformes provoquées par la médecine physiologique vinrent encore mettre une entrave de plus, car on ne vit plus dans la plupart des affections dont il est ici question, que les phénomènes propres à toutes les inflammations.

S 5. Swediaur, se basant sur les idées de Morgagni, qui avait constaté à la suite de blennorrhagies des ulcères et des cicatrices d'ulcères dans le canal de l'urèthre, avait pressenti l'existence, la nature spécifique de certaines blennorrhagies. Swediaur voulut que la blennorrhagie ulcérât les tissus pour produire l'infection générale; mais une blennorrhagie qui ulcère la muqueuse est ordinairement produite par un chancre larvé comme l'a démontré M. Ricord (2).

Mais tout en reconnaissant la blennorrhagie chancreuse et la blennorrhagie syphilitique qui peut en être la conséquence, on savait fort bien que, dans certains cas, le muco-pus blennorrhagique donnait lieu aux désordres les plus graves sans qu'on constatât la présence d'un chancre.

L'anatomie pathologique seule pouvait apporter un jour nouveau dans cette question,

Pour Hunter, Capuron, Cullerier, le virus qui produit soit la blennorrhagie, soit la syphilis, est parfaitement le même.

Bell en Angleterre, et son traducteur en France, ont embrassé une opinion contraire. Bell avait pressenti l'existence d'un virus spécial.

M. Vidal, de Cassis, tout en reconnaissant parfaitement l'état granuleux du col, qui donne toujours lieu, dit-il, par contamination à la blennorrhagie, prétend que les états granuleux et les blennorrhagies qui en sont la conséquence, sont de nature syphilitique. Il ne cite pourtant aucun cas où ces états auraient été suivis de phénomènes constitutionnels.

$ 6. Mais aujourd'hui que M. Ricord, le premier, et d'autres syphiliogra

(1) Il est à remarquer que le mot virulent était, et est encore aujourd'hui pour certains auteurs, synonyme de syphilitique.

(2) Dans un travail récent, M. le professeur Thiry a donné une sanction nouvelle à ces vérités.

phes ont démontré de la manière la plus péremptoire l'existence des blennorrhagies chancreuses, il doit être admis que, lorsque la blennorrhagie donne lieu à la syphilis, cette affection provient ou est accompagnée de chancre, seule vraie source de la syphilis, et seulement lorsque l'évolution chancreuse se fait dans un certain sens; en un mot, lorsque l'induration fait subir à l'ulcère un changement complet de nature.

Jusque dans ces derniers temps, on a distingué des blennorrhagies simples et des blennorrhagies chancreuses, qui pouvaient devenir syphilitiques; mais on ne parvenait pas à se rendre compte des effets désastreux produits par certaines blennorrhagies qui n'étaient pas chancreuses, et cependant contagieuses au plus haut degré, tout en produisant des désordres, des phénomènes morbides qui ne se présentaient, ni dans les blennorrhagies simples, ni dans les blennorrhagies chancreuses.

Les recherches qui ont été faites, dans ces derniers temps, par un des professeurs de l'Université de Bruxelles, ont produit une véritable révolution, et ont jeté un jour tout nouveau sur la nature des affections blennorrhagiques.

Par ces recherches, il est constaté qu'il existe un virus spécial, produisant des altérations sur les muqueuses, altérations qui sont toujours les mêmes, et qui se reproduisent fatalement par la contagion.

Ce virus a été désigné par l'auteur, sous le nom de granuleux, les altérations produites sous le nom de granulations, et les blennorrhagies qui en résultent, sous le nom de blennorrhagies granuleuses. C'est cette doctrine nouvelle, due à M. le professeur Thiry, chirurgien à l'hôpital Saint-Pierre, que je me propose d'exposer dans ce travail.

J'y joins les recherches anatomiques et les observations que j'ai faites. Je les ai suivies et analysées avec la plus scrupuleuse attention. Elles m'ont convaincu entièrement de la nature toute spéciale de ces affections.

-

CHAPITRE II.

ANATOMIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Anatomie. Ser. Pour se faire une juste idée de la granulation, il est nécessaire d'étudier d'abord la structure des muqueuses où cette altération se présente le plus souvent, c'est-à-dire celle des muqueuses de l'urèthre, du vagin, du col de la matrice, des paupières.

Après avoir consulté les anatomistes les plus célèbres, et après avoir examiné l'état de ces muqueuses, tant à l'œil nu, à la loupe, qu'au microscope, j'ai constaté que toutes présentent la même structure, offrent les mêmes éléments, et ne diffèrent que par le plus ou moins d'épaisseur de la membrane.

J'examinerai successivement: 1° l'épithélium; 2o la couche de tissu dermatique.

$2. L'épithélium de ces muqueuses est pavimenteux, et chaque petite pièce contient un noyau ; ces pièces se détachent continuellement; ce qui fait que le microscope en fait ordinairement découvrir dans le mucus. Ce détache

ment se fait surtout à un haut degré pour la conjonctive et la muqueuse du col utérin, surtout vers les parties centrales. Il est moins prononcé dans le canal de l'urethre de l'homme, et ne se fait que d'une manière très-lente pour les muqueuses vaginale et uréthrale chez la femme.

L'épithélium vaginal est remarquable par son épaisseur.

La muqueuse de l'orifice du col utérin est tapissée d'épithélium vibratil, et des recherches nouvelles ont fait constater quelques cellules épithéliales vibratiles sur la muqueuse palpébrale.

$3. Dans la couche de tissu dermatique, il faut distinguer: a, une membrane appelée intermédiaire, finement chagrinée, et qui est située entre l'épithélium et la membrane propre; b, la couche propre, formée de tissu cellulaire condensé, de faisceaux lâchement enchevêtrés et s'entrecroisant dans toutes les directions.

Vue à la loupe, la couche dermatique de ces muqueuses laisse apercevoir la disposition papillaire. Chaque papille est formée par une proéminence de la couche dermatique, et renferme une anse d'un vaisseau capillaire, qui sort du réseau sanguin de la muqueuse; mais ces papilles sont fort peu développées, excepté pour le vagin.

On avait donné l'absence des papilles comme un caractère de la conjonctive; mais cette erreur anatomique pourra facilement être réfutée, si on examine à la loupe et même à l'œil nu la face postérieure de la muqueuse, qui tapisse le cartilage tarse et plus particulièrement celle qui tapisse le cartilage tarse supérieur.

Du reste, la disposition papillaire de la conjonctive tarsienne avec ou sans grossissement, a été parfaitement représentée par M. Arnold (Tabl. anatom. fascicul. II, tabl. II, fig. 13 et 14), sous le titre de corpus papillare conjunc

tivæ.

Quant aux glandules ou follicules muqueux, entrevus d'abord par Burkard Eble, ils fixèrent peu l'attention, et on vit beaucoup d'anatomistes en nier l'exis

tence.

M. Thiry, après avoir repris l'étude de cette importante question anatomique, a constaté qu'il existe, en arrière des cartilages tarses, deux lignes de follicules régulièrement disposés, saillants à l'état normal, et visibles à l'œil nu. Ces follicules ont une forme conique et présentent, à leur centre, une ouverture qui donne sortie à un liquide qu'elles sécrètent.

Ces follicules ainsi que les papilles doivent être bien connus quand on veut faire l'étude de la blennorrhagie granuleuse; car il est démontré aujourd'hui que, dans beaucoup de cas, on a pris pour des granulations des follicules et des papilles enflammés ou hypertrophies.

Ces idées si précises, d'abord contestées, viennent de recevoir la sanction démonstrative.

M. le docteur Sappey vient de lire à la Société de biologie un mémoire sur les glandes des paupières, dans lequel il consacre un long article aux glandules

« PrécédentContinuer »