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nours simples et graves, d'un caracère désintéressé et bienfaisant. Il est

#nort en 1835.

LAIRE (François-Xavier), célèbre bi*bliographe, né en 1738, dans un village de Franche-Comté, mort en 1801, bibliothécaire d'Auxerre, a publié : Specimen historicum typographiæ romanæ XV seculi, Rome, 1778, in-8°; Dissertations sur l'origine et les progrès de l'imprimerie en FrancheComté pendant le XVe siècle, Dôle, 1785, in-8°; Serie dell'edizioni Aldine, Pise, 1790, Venise, 1799, et Florence, 1800, in-12; Index librorum ab inventa typographia usque ad annum 15 00, etc., Sens, 1791, 2 vol. in-8°.

LAKANAL (Joseph), né en 1762, était avant la révolution prêtre doctrinaire et professeur. Il fut nommé vicaire général, à l'époque de l'établissement de la constitution civile du clergé. Élu,en 1792, par le département de l'Ardèche, député à la Convention nationale, il opina, dans le procès de Louis XVI, pour la mort sans appel et sans sursis. Membre du comité de l'instruction publique, M. Lakanal fit à la Convention plusieurs rapports et diverses propositions sur cet objet. Il concourut à la création de l'Institut, de l'école normale; présenta et fit adopter le projet de loi sur les écoles primaires et centrales. Le rapport sur les honneurs à rendre à Marat est aussi de M. Lakanal. En 1795, il proposa, comme moyen d'achever la ruine du royalisme, de démolir le Palais-Royal, et d'élever sur ses ruines la statue de la Liberté. Après les journées de vendémiaire, il accusa la milice parisienne de n'avoir pas secondé l'Assemblée; puis il demanda le désarmement de cette milice, l'expulsion de tout ce qui n'habitait point Paris avant 1789, et la formation d'une garde pour le Corps législatif.

En 1795, il fut nommé au Conseil des Cinq-Cents. Il cessa d'en faire partie en 1797, et fut envoyé dans les départements réunis, en qualité de commissaire du Directoire. Destitué après le 18 brumaire, il n'occupa plus depuis lors aucun emploi considérable. Il était membre de l'Institut presque depuis l'origine; rayé de la liste en 1816, et forcé de quitter la France, il passa en Amérique, où il devint président de l'univer

sité de la Louisiane. Rentré en France après 1832, il revendiqua, à l'Académie des sciences morales et politiques, son siége, qui lui a été rendu.

LALANDE (Jean de), doyen des professeurs de droit de l'université d'Orléans, mort dans cette ville en 1703. Outre de savants ouvrages de droit, qui aujourd'hui offrent peu d'intérêt, on lui doit un Traité du ban et de l'arrière-ban, Orléans, 1675, in-4°, et un Mémoire sur le passage et les étapes des gens de guerre, ibid., 1679, in-4°.

LALANDE (Joseph - Jérôme Lefrançais de), né à Bourg-en-Bresse, en 1732, fit ses études chez les jésuites de cette ville, et vint ensuite à Paris, où il se fit recevoir avocat pour obéir à ses parents; mais il avait déjà le goût des études astronomiques; admis dans l'intimité de Delisle, de Messier et de Lemonnier, il ne tarda pas à faire tous les progrès qu'on avait droit d'attendre d'un tel élève, dirigé par de tels maîtres. Envoyé à Berlin pour une observation qui devait servir à déterminer la distance de la lune à la terre, il fut, à son retour, reçu membre de l'Académie des sciences (1753), et publia le résultat de son travail sous ce titre : De observationibus suis berolinensibus, ad parallax in lunæ definiendam epistola. Il succéda en 1762 à Delisle, dans la chaire d'astronomie du collège de France; et, non content de remplir avec une rare assiduité les fonctions de cette place, il fit de sa maison une sorte de séminaire astronomique; il y logeait et nourrissait plusieurs jeunes gens peu aisés, mais doués d'heureuses dispositions, et cette noble conduite lui ayant valu une pension de 1,000 francs, qu'il n'avait pas sollicitée, il en consacra aussitôt le produit à l'éducation d'un nouvel élève. Il mourut à Paris, le 11 avril 1807.

D'autres astronomes ont joui d'une plus grande célébrité; d'autres ont fait des découvertes plus nombreuses et plus importantes; mais il n'en est pas qui ait autant que Lalande contribué à répandre le goût et la connaissance de l'astronomie; presque tous les savants que la France a possédés depuis en ce genre se sont formés à ses leçons, ou par la lecture de ses ouvrages. Les plus im

portants sont: Mémoire sur le passage de Vénus, etc., Paris, 1772, in-4°; Traité d'astronomie, ibid., 1764, 2 vol. in-4°, souvent réimprimé; Connaissance des temps de 1760 à 1775, et de 1791 à 1807; Bibliographie astronomique, avec l'histoire de l'astronomie, depuis 1781 jusqu'en 1802, in-4°; Voyage d'Italie, 1786, 9 vol. in-12, et atlas.

LALANDE (Michel Richard de), né à Paris, en 1657, acquit une grande réputation par son talent sur le clavecin et sur l'orgue, et fut choisi par Louis XIV pour montrer le premier de ces instruments à mesdemoiselles de Blois et de Nantes. Il mourut en 1726, surintendant de la musique du roi. On a de lui, outre la musique de plusieurs ballets, soixante motets, publiés après sa mort, en 2 vol. in-fol.

LALLEMAND (Dominique, baron), né à Metz, entra fort jeune au service, et était en 1814 maréchal de camp d'artillerie; après la rentrée de Napoléon, il obtint le grade de lieutenant général, puis combattit à Waterloo, et suivit l'armée dans sa retraite sur la Loire. Compris dans l'art. 2 de l'ordonnance du 24 juillet, et condamné à mort par contumace, il passa en Amérique, et tenta de fonder au Texas le fameux établissement connu sous la dénomination de Champ d'asile. Il se fixa ensuite aux États-Unis, s'y maria, et mourut à Borden-town, en 1823. On a de lui un Traité d'artillerie, traduit en anglais par le professeur Renwick.

LALLEMAND (Jean-Baptiste), naquit à Dijon, vers 1710. Son père, qui était tailleur, le destinait à suivre la même profession que lui. Mais ce genre d'occupation ne lui plaisait guère, et il employait le peu de loisirs qu'elle lui laissait, à manier le crayon ou le pinceau. Au bout de quelque temps, il vint à Paris pour y exercer son état. Il était chez un tailleur lorsqu'il rencontra par hasard une personne qui désirait avoir quatre tableaux, et qui, sur l'offre du jeune homme, voulut bien lui en confier l'exécution. Il avait choisi pour sujet les quatre saisons. Le coup d'essai du jeune peintre, payé généreusement, fut pour lui le présage de plus grands succès; et il eut bientôt acquis assez de ré

putation pour que les connaisseurs lussent avoir de ses ouvrages. Il pas en Angleterre ; mais ne pouvant s' coutumer à la température de ce pa il revint en France, et après être rest quelque temps à Dijon, dans le seind sa famille, il partit pour l'Italie, où il différents ouvrages pour le Vatican; p sieurs cardinaux, pleins d'estime po ses talents, occupèrent aussi son på ceau; il revint pourtant en France, se fixa à Paris, où il fut reçu memb de l'académie de Saint-Lue. Les dec morceaux qu'il fit pour sa receptions rent accueillis avec une satisfaction an nime. Les moines de Saint-Martin pre d'Autun lui demandèrent six grandst bleaux pour décorer leur réfectoire. Ce morceaux, dignes du plus grand éloge sont devenus, depuis la révolution, la propriété de particuliers. Lallemand pe gnait tous les genres; mais c'etait surtout dans les paysages et dans les mari nes qu'il excellait. Il est mort au co1emencement de ce siècle (1802 ou 1893).

LALLY (Thomas-Arthur, comte de, baron de Tollendal, naquit a Romans. en Dauphiné, en janvier 1702. Son père, sir Gérard Lally, était colonel-comman dant d'un régiment dont son oncle Dil lon était colonel - propriétaire. Lally n'avait pas 8 ans lorsque son père le st camper avec lui auprès de Girone. Bientôt après, il fut nommé capitaine dans le régiment que commandait son père. Il n'en continuait pas moins ses études classiques dans un college; mais son père, pendant le temps des vacances, le familiarisait, selon son expression, avec l'odeur de la poudre; ce fut ainsi qu'il lui fit, à l'âge de 12 ans, monter sa première tranchée au siège de Barcelone, en 1714.

A 18 ans, il faillit être nommé colonel; ainsi le voulait du moins le re gent, son protecteur; mais son père s opposa, on ne sait pourquoi, et bientôt ce grade, qu'il aurait pu atteindre si facilement, il fut obligé de l'acheter che rement, car le régent mort, il n'eut plus d'autres protecteurs que son epee et ses talents militaires. Simple aide major en 1732, il servit au siége de Kehl, et s'y fit remarquer. Son courage lui concilia alors l'affection de queiques hommes puissants; il en profita

our faire rendre justice à son père, et btenir pour lui le titre de brigadier u'on lui avait promis depuis longemps. Au siége de Philisbourg, son ère lui dut plus encore: grièvement lesse et entouré d'ennemis, sir Géard Lally allait succomber, lorsque son ils s'élance près de lui, et, par son aulace et sa bravoure, parvient à lui sauver la vie.

La guerre terminée, Lally, à qui e repos était à charge, voulut travailler à replacer Jacques III sur le trône d'Angleterre. Il se rendit à Londres, parcourut l'Angleterre, établit partout des correspondances, et revint en France rendre compte de ses succès à Jacques III, qui lui donna alors ses pouvoirs pour lui faire des alliés dans les cours du Nord. I prit pour prétexte le désir d'aller servir dans l'armée russe, commandée par le général Lascy, son oncle, et il se disposait à partir lorsque le cardinal de Fleury jeta les yeux sur lui pour accomplir à la cour de Saint-Pétersbourg une mission secrète, et qui demandait de l'habileté.

Lally, arrivé à St-Pétersbourg, sut se mettre dans les bonnes graces de l'impératrice, et, plein d'amour pour sa patrie, s'occupa tout entier de faire réussir un projet d'alliance entre la Russie et la France, projet dans la réalisation duquel il entrevoyait un grand avantage pour cette dernière puissance. Mais, soit que le cardinal de Fleury ne voulût pas terminer aussitôt, soit par suite de l'indécision habituelle de ce ministre, Lally n'obtenait pas de réponse aux demandes qu'il avait faites de pouvoirs et d'instructions précises. D'un caractère bouillant et incapable de rester dans une fausse position, il partit et arriva chez le cardinal, avant que celui-ci se doutât qu'il avait quitté SaintPétersbourg. Le ministre était un peu déconcerté Lally lui reprocha son silence compromettant. « J'ai cru entrer « en Russie comme un lion, lui dit-il, « et je suis heureux d'en être sorti « comme un renard. » Le cardinal promit alors d'examiner deux mémoires que lui avait remis Lally sur la question de l'union des deux grandes monarchies européennes; mais il mourut avant d'avoir rendu une réponse.

Bientôt la guerre éclata; Lally fit, en qualité de major, la campagne de Flandre; et, en 1744, il était aide-maréchalgénéral des logis aux siéges de Menin, d'Ypres et de Furnes. Dans toutes ces campagnes, il s'était particulièrement distingué. Un régiment irlandais, de son nom, fut créé et lui fut donné : en quatre mois Lally le mit en état de prendre part au siége de Tournay. A Fontenoi, on lui dut, de l'aveu même du maréchal de Saxe, le succès de la bataille. Aussi fut-il nommé par le roi brigadier sur le champ de bataille.

Cependant, le fils de Jacques III s'était rendu en Écosse, où il levait une armée et faisait proclamer son père roi et lui-même régent; Lally proposa au cabinet de Versailles d'envoyer 10,000 Français en Ecosse pour soutenir le roi: ce projet fut accueilli, mais ne fut exécuté qu'en partie. Le duc de Richelieu était chargé du commandement général de l'expédition, Lally fut nommé maréchal-général des logis de l'armée. Il partit seul et arriva en Écosse pour assister à la bataille de Falkirk. De là, il se rendit à Londres, où cependant sa tête était mise à prix, et où il faillit être pris. Il était déguisé en matelot; des contrebandiers l'enrôlèrent de force, et Lally, les entendant parler d'aller à la recherche d'un certain brigadier dont la tête serait bien payée, leur persuada qu'ils feraient sur les côtes de France un profit bien plus considérable. Il s'of frit en même temps à les guider.

Arrivé à Dunkerque, il laissa là ses compagnons et se rendit à Versailles, où il sollicita une nouvelle expédition en faveur du prétendant; mais on venait d'y apprendre la perte de la bataille de Culloden, qui achevait de ruiner les espérances des Stuarts.

En 1747, Lally se distingua de nouveau aux siéges d'Anvers et de Berg-opZoom et à la bataille de Laufeldt. A Berg-op-Zoom, il faillit être englouti par l'explosion d'une mine, et il fut pris dans une embuscade. Échangé quelque temps après, il reparut au siége de Maestricht, et, après le siége, fut nommé maréchal de camp hors de ligne.

A cette époque s'ouvrit pour Lally un théâtre plus vaste sur lequel il joua un grand rôle, rôle triste et pé

nible cependant, et qui se termina malheureusement pour lui. En 1755, les Anglais avaient pris deux bâtiments français dans les eaux de Terre-Neuve: appelé à Versailles à ce sujet, Lally proposa, ou de reconduire le prétendant en Angleterre avec une armée, ou d'attaquer les Anglais dans l'Inde, ou de s'emparer de leurs colonies d'Amérique. Le cabinet français, au lieu de prendre un parti décisif comme l'avait proposé Lally, voulut auparavant tenter la voie des négociations. Mais pendant qu'on négociait, l'Angleterre, selon son usage, continuait les hostilités, et la France, au bout d'une année, alors que la guerre n'était pas encore déclarée, avait déjà perdu 250 navires et 4,000 hommes. Alors on revint aux plans de Lally; on se décida à envoyer une expédition dans l'Inde. Néanmoins, le comte d'Argenson, tout en adoptant les idées de Lally, voulait le garder en Europe, où, selon lui, il serait plus utile que dans l'Inde. Mais la Compagnie des Indes mit tant d'insistance à le demander pour le mettre à la tête de l'expédition, que le comte d'Argenson céda enfin, quoiqu'en prédisant en quelque sorte ce qui devait arriver plus tard. Lally était d'un caractère droit, rigide, mais violent et emporté. Le comte d'Argenson redoutait avec raison l'effet d'un caractère semblable, lorsqu'il se trouverait vis-à-vis des abus de toute nature, des dilapidations et de l'insubordination qui régnaient dans l'Inde.

Quoi qu'il en soit, Lally, nommé lieutenant général, grand-croix de SaintLouis, commissaire du roi, syndic de la Compagnie, et commandant général de tous les établissements français aux Indes orientales, dut partir pour l'Inde avec 6 vaisseaux, 6,000 hommes et 6 millions. Pour que cette expédition réussît complétement, il fallait qu'elle eût lieu promptement, et qu'on prévint l'arrivée des Anglais dans l'Inde. Mais les lenteurs du ministère et même de la Compagnie retardèrent le départ de sept mois. Au lieu de 6 vaisseaux, de 6,000 hommes et de 6 millions qu'on avait promis à Lally, on ne lui donna que 4 vaisseaux, 4,000 homines et 4 millions. Arrivé dans l'Inde après une traversée plus longue qu'on ne l'avait

prévu, il apprit que Chandernagor venait d'être pris par les Anglais, qu Pondichéry devait 14 millions, et que la Compagnie venait de demander en Europe un envoi de 10 millions. Sans perdre courage à de si désastreuses notvelles, il se met immédiatement en campagne; et, en dix-sept jours, malgré le refus de l'escadre et d'une partie des troupes de la Compagnie, sans autre ar tillerie que 22 canons et 6 mortiers. s'empare du fort de David, que défen daient 194 bouches à feu, et le fait raser Au bout de trente-huit jours, il n'y avait plus d'Anglais dans tout le sud de la côte de Coromandel. C'était la un eclatant succès; et Lally, qui écrivait alors ar commandants des troupes françaises: Toute ma politique est dans ces quatre mots: Plus d'Anglais dans l'Inde pos vait espérer de voir réaliser ses projets,

Notre cadre ne nous permet pas de raconter en détail tous ses exploits vraiment héroïques; un officier an glais disait qu'il fallait qu'il fut ua homme extraordinaire pour avoir tenu si longtemps dans l'Inde, la ou tout autre officier n'aurait pas tenu de mois. En butte aux assassins de toute espèce, il faillit une fois être tué dans sa tente par 50 indigènes qui faisaiet la guerre sacrée. Surpris par eux, de dut la vie qu'à son courage. Aide par un de ses gardes, il parvint à les enttenir jusqu'à ce qu'on vint à son t cours. Dix révoltes éclaterent penda qu'il commandait. Le lieutenant-colone Bussy refusa plusieurs fois d'obeir ass ordres.

La caisse de la Compagnie ne p vait subvenir aux dépenses. La pr une fois 144,000 francs, une astr fois, 12,000 francs, sans que perso voulût contribuer avec lui. Mais L avait écrit au gouverneur de Poe chéry: La rapine et le désordrem suivi depuis Pondichery, et m'y r neront. Il faut que tout ceci chap ou que la Compagnie culbute. En ou sa commission portait l'injonction « se faire rendre compte de l'ad

«

tration; de corriger le despotis « gouverneur; de remonter jusqu'a rigine, et de couper jusqu'a la ra « des abus; de faire poursuivre, à quête du procureur général, tout

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seiller ou employé qui aurait quelque intérêt dans l'exploitation des revenus de la Compagnie. » Il n'en fallait pas avantage pour le rendre en horreur, omme il le disait lui-même, à tous es gens du pays. Eut-il été le plus doux les hommes, a dit Voltaire, il eût été

lai.

Enfin, le 18 mars 1760, Pondichéry ut investie et bloquée par deux escaIres et deux armées anglaises; mais ce ut seulement après dix mois de blocus, le discorde et de famine, après avoir Tu plusieurs fois sa vie en danger, soit par le fer, soit par le poison, que, trahi le tous côtés, malade et n'ayant plus que quatre onces de riz à faire distriQuer aux 700 soldats exténués qui lui restaient contre les 15,000 de l'armée anglaise, ce fut alors seulement qu'il renit Pondichéry à l'amiral Coote. Il fut envoyé prisonnier à Londres sur un båiment marchand, où on le mit à la gamelle d'un patron hollandais.

Arrivé à Londres, il apprend que toutes les haines qu'a soulevées son administration loyale et sévère fermentent à Paris, et qu'un orage se prépare. Il se rend à Paris, prisonnier sur parole. D'Aché et de Bussy lui font alors des propositions d'accommodement qu'il repousse fièrement. Il apprend qu'il y a contre lui une lettre de cachet pour le faire enfermer à la Bastille. Il accourt à Fontainebleau, où était la cour, apportant, disait-il, sa tête et son innocence. Le duc de Choiseul veut le faire échapper; il refuse, et va se constituer lui-même prisonnier à la Bastille, sous l'incroyable accusation de concussion et de trahi

son.

Alors commença le procès le plus inique des temps modernes. Bussy avait dit qu'il fallait que la tête de Lally tombât ou la sienne; Bussy était parent du duc de Choiseul; sa fatale influence se fit sentir dans tout le cours du procès. Le parlement ordonna au Châtelet d'instruire. Le procès fut déféré à la grand'chambre. On admit contre le malheureux Lally les témoignages les plus suspects. Ses valets même furent les accusateurs qu'on lui opposa; on lui refusa un défenseur. Enfin, après deux ans de débats clandestins, on précipita le rapport. Le

premier président Maupeou, prié de ralentir ses séances, répondit: « Si je pouvais les doubler, je les doublerais. Vainement l'avocat général Séguier mit toute son éloquence à défendre Lally; c'était un parti pris. Le procureur général signa des conclusions à mort; et lorsqu'en dépit de tout, on lui eut signifié le jour même la requête de Lally et les pièces nombreuses qu'elle citait, il eut l'audace d'écrire au bas de ses conclusions, et sans avoir regardé les pièces Vu les pièces, je persiste. Le 5 mai 1766, Lally, amene sur la sellette, où on devait procéder contre lui à un interrogatoire illusoire, découvrit sa poitrine, et, montrant ses cicatrices et ses cheveux blancs! « Voilà donc, s'écria-t-il, la récompense de cinquantecinq ans de services. » Le lendemain, il fut condamné à être décapité pour avoir trahi les intérêts du roi et de la Compagnie des Indes.

Cet arrêt souleva l'indignation générale. Louis XV eut l'indigne faiblesse de refuser la grâce de Lally aux ducs de Choiseul et de Soubise, qui la lui demandaient au nom de l'armée, et cela parce que le parlement l'avait prié

d'enchaîner sa clémence. Il croyait sans doute se laver aux yeux de la postérité, lorsqu'il disait, quatre ans après, au chancelier Maupeou : Ce sera bien vous qui en répondrez, et non pas moi. Lui qui reculait si peu devant l'injustice, pour ne pas dire plus, quand il s'agissait de ses plaisirs, il avait craint de suspendre les arrêts de la justice humaine pour un homme qu'il savait lui-même n'être pas coupable, et qui avait versé tant de sang pour lui. Lally fut conduit à la chapelle où le greffier devait lui faire la lecture de l'arrêt ; lorsque celuici prononça ces mots pour avoir trahi les intérêts du roi ; — Cela n'est pas vrai, s'écria Lally; jamais! jamais! Et, feignant de se mettre à genoux, il s'enfonça dans la poitrine un compas qu'il avait caché sous son habit. Aubry, curé de Saint-Louis et son confesseur, vint à son secours, et s'efforça de le calmer; puis, le bourreau vint, par ordre, lui mettre un bâillon ; la rage de ses ennemis n'était pas encore assouvie; on avança de six heures l'exécution. Le curé avait été autorisé à pro

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