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les débris des troupes battues à Fougères grossissent cette garnison, aug. mentée encore de celle d'Avranches. Aussi les Vendéens hésitent d'abord, sentant leur inaptitude aux opérations régulières. Cependant ils se décident enfin à tenter l'attaque de cette place. La moitié de leur armee marche sur Granville, tandis que 10 à 12,000 Vendéens, à l'instigation de leurs prêtres et de quelques chefs subalternes, s'obstinent à rester dans Avranches. On les avait aigris, en leur répétant que leurs chefs ne voulaient s'emparer d'un port que pour passer en Angleterre et abandonner l'armée.

La garnison de Granville voulut inutilement en défendre les approches. Le 14 novembre 1793, les remparts commencent le feu, les batteries des royalistes y répondent. Un nombre considérable de Vendéens, placés sous les murs, lancent une grêle de bailes sur les canonniers républicains, forcés de se mettre à découvert pour servir leurs pièces. Devenus bientôt maîtres du faubourg, ils montent à l'assaut. Mais se voyant en trop petit nombre sur les remparts, ils hésitent, reculent, et les assiégés reprennent leurs positions.

L'ennemi faisait peu de progres; les républicains conservaient une intrépidité héroïque. Tous les habitants étaient sur les murs; les femmes et les enfants portaient les bombes et les boulets aux batteries.

Étonnés de tant de résistance, les royalistes se rangent dans les faubourgs pour se mettre à l'abri du feu des assiégés. Alors, de tous côtés, les soldats, et surtout les canonniers, sont frappés sur les murailles sans pouvoir connaître d'où partent les coups qui leur donnent la mort. On continue de se battre avec une égale fureur jusqu'à la nuit. Dans la crainte que les faubourgs, qui servaient d'asile aux assaillants, ne favorisent un assaut nocturne, et n'assurent le succès de l'armée royaliste, on se décide à les brûler pour sauver le reste de la ville. Comme les bombes et les boulets rouges ne répondent pas assez à l'ardeur des assiéges, l'adjudant général Vachot s'élance hors des murs, à la tête de quelques soldats intrépides. Bientôt la flamme pétille de toutes parts,

et les Vendéens sont obligés d'abandonner leur poste. Revenus d'un premier moment de stupeur, ils veulent tenter un nouvel assaut; mais vainement la Rochejacquelin et Stofflet parcourent d'abord les rangs; ils trouvent partout les esprits abattus; leurs ordres sont à peine écoutés. L'évêque d'Agra, revêtu de ses habits pontificaux, paraît, et multiplie les encouragements au nom de la royauté et de la religion. Ces discours semblent un peu ranimer les soldats; les chefs en profitent, et se mettent à leur tête. On attaque de nouveau par l'isthme et vers la grève; les uns filent sur les remparts, les autres s'approchent des palissades; le roc est gravi. Le canon et les tirailleurs secondent l'attaque; mais partout les assiégés la soutiennent avec une égale valeur. Le canon de la place démonte quelques pièces des assiégeants; le feu des remparts porte la mort dans leurs rangs. Les plus courageux bravent la mort en marchant seuls à l'ennemi. Ils entreprennent une attaque générale et ne peuvent y parvenir. Bientôt on refuse de combattre ; tous abandonnent leur poste après un siége de 28 heures, laissant les faubourgs et la grève jonchés de 1.500 morts ou mourants. Partout on voit la terre couverte de canons sans affûts, d'armes brisées, de drapeaux en pièces, de cadavres dont les membres épars sont à demi brûlés. Lemaignan, membre du conseil supérieur royaliste, a le bras emporté, et expire sous les murs de Granville. Plusieurs chefs sont grièvement blessés. Les Vendeens, aigris par leurs prêtres, s'éloignent en fureur; leur rage se tourne contre ceux de leurs chefs qui les ont arrachés à leur terre natale.

GRAPPIN (P. P.), le dernier des bénédictins de Saint-Maur, naquit en 1738, à Ainvelle-lez-Conflans, dans le bailliage de Vesoul. A 18 ans, il embrassa la vie religieuse et se livra exclusivement aux études historiques. Il travailla d'abord avec dom Berthod, puis seul, à dresser l'inventaire des archives publiques et particulières de sa province, et à copier les documents les plus importants pour les envoyer au dépôt général des chartes, fondé par le ministre Bertin. Au moment de la ré

volution, dom Grappin se vit chargé par le ministre de composer un travail sur les anciens états de Franche-Comté, puis de répandre dans la province différents écrits destinés à préparer l'opinion publique aux réformes devenues nécessaires et repoussées par les ordres privilégiés. Grappin embrassa les principes révolutionnaires, et prêta le serment exigé des ecclésiastiques. Il fut député par les prêtres constitutionnels de la Haute-Saône à l'assemblée du clergé, en 1797, en fut élu secrétaire, et continua ces fonctions au concile de 1801. Il est mort en 1833. Ses principaux ouvrages sont : Mémoires sur l'abbaye de Faverney, Besançon, 1771, in-8°; 2° Abrégé de l'histoire du comté de Bourgogne, Avignon, 1773, in-12; 3° de l'origine des droits de mainmorte dans le comté de Bourgogne, 1778, in-8°; 4° Recherches sur les anciennes monnaies du comté de Bourgogne, 1782, in-8°; 5° Almanach historique de Besançon et de la Franche-Comté, 1785, in-8°, avec un supplément en 1786; 6° Mémoire où l'on essaie de prouver que le cardinal de Granvelle n'eut point de part aux troubles des PaysBas, 1788, in-8°; 7° Mémoire sur les guerres du comté de Bourgogne au seizième siècle, 1788, in-8°.

GRASSE, Grassa, Grinnicum, cheflieu de sous-préfecture du département du Var; popul. 12,716 hab.

Cette ville fut fondee, dit-on, par Crassus; du moins, les Romains y élevèrent un castrum. Au sixième siècle, une colonie de juifs de Sardaigne, convertis au christianisme, obtint l'autorisation de construire une ville sur le même emplacement (585). La nouvelle cité, devenue très-commerçante, soutint plusieurs siéges pour conserver ses richesses. Elle fut surprise par les Sarrasins, qui emmenèrent une partie des habitants en esclavage; détruite par les citoyens lors du passage de CharlesQuint, afin que l'ennemi n'y trouvât pas de ressource; rebâtie peu de temps après; assiégée par le baron de Vins, pendant les guerres civiles du seizième siècle.

Les Autrichiens et les Piémontais, passant le Var, en 1746, se présentèrent devant Grasse. Les bourgeois

capitulèrent au premier coup de canon. Le vainqueur leur demanda une contribution de 60,000 livres. Alors, par un acte louable de patriotisme et de charité, l'évêque, M. de Surian, paya seul généreusement la somme exigée par l'ennemi.

En 1815, Grasse fut le premier bivouac de Napoléon, à son retour de l'île d'Elbe.

Grasse était le siége d'un évêché suffragant d'Embrun, qui y fut transféré d'Antibes, vers le milieu de treizième siècle. Beaucoup d'habitants de cette dernière ville, chassés par les fréquents pillages des corsaires de Barbarie, s'étaient, à la même époque, établis à Grasse.

Le commerce de Grasse consistait principalement en fruits, en parfumeries, en huiles, en cuirs, etc. La parfu merie est encore aujourd'hui la principale source de sa prospérité.

Grasse faisait partie de l'ancienne Provence, dépendait du parlement et de l'intendance d'Aix, possédait une viguerie, une sénéchaussée, une justice royale.

Elle est la patrie de Godeau, un de ses évêques, du conventionnel Isnard, etc.

GRASSE (François Joseph Paul, comte de), marquis de Grasse - Tilly, amiral, naquit en 1723, à Valette, en Provence. Après avoir rapidement passé par tous les grades, il fut nommé, en 1779, chef d'escadre, et partit de Brest avec quatre vaisseaux et plusieurs frégates, pour rejoindre d'Estaing à la Martinique. Le 6 juillet, lors du combat de la Grenade (voyez ce mot), il ne s'engagea qu'à la fin de l'action. On attribua, dans le temps, le retard de Grasse à une jalousie contre son général quant à lui, il en accusa les vents; les gens impartiaux n'y virent que de l'impéritie.

L'année suivante, il prit part aux combats des 17 avril, 15 et 19 mai, que M. de Guichen livra à Rodney. La campagne terminée, il retourna à Brest, partit encore en mars 1781, à la tête de 20 vaisseaux de ligne, qui portaient aux États-Unis des secours d'hommes et d'argent, et en même temps escortaient plusieurs flottes marchandes di

rigées vers les îles de l'Amérique. Dans sa route, et près des atterrages de la Martinique, Grasse rencontra l'amiral Hood avec des forces très-inférieures aux siennes, et qu'il aurait pu anéantir. Le combat fut assez vif; mais l'amiral anglais sut combattre, faire assez de mal, et se retirer avec une perte peu considérable. Le 2 juin de la même année, il contribua à la prise de Tabago, et s'étant ensuite rendu sur les côtes de l'Amérique septentrionale, il battit l'amiral Graves, qui portait à bord de son escadre des secours pour l'armée anglaise. C'est la seule victoire qui appartienne exclusivement à de Grasse. Le général Cornwallis s'était, pendant ce temps, retranché à York-Town; mais Washington, Rochambeau et la Fayette, secondes par l'escadre de de Grasse, le forcèrent de capituler, et de signer, le 19 octobre, l'indépendance de l'Amérique insurgée.

Ayant fait voile pour les Antilles, et répare la flotte à la Martinique, l'amiral de Grasse en partit le' 5 janvier 1782, avec 6,000 hommes, commandés par Bouillé. Débarqués dans l'île de SaintChristophe, ils attaquèrent le fort de Briens-Tom-Hill, au moment où l'amiral Hood venait au secours de l'île. De Grasse, au lieu de rester à son poste pour protéger l'opération de Bouillé, leva l'ancre de l'inexpugnable rade de Basse-Terre, et, avec 32 vaisseaux, alla attaquer l'amiral anglais, qui n'en avait que 22. Celui-ci, par une manoeuvre adroite, recule, attire son ennemi au large, et le tournant, va s'embosser dans le mouillage qu'on lui avait laissé libre si gratuitement. De Grasse, dont la commotion violente qu'il éprouva en se voyant si complétement joué, avait peut-être affaibli les facultés intellectuelles, se laissa aller à la fureur. Il vint deux fois livrer combat, mais toujours sans succès. Par bonheur, Bouillé, malgré la faute de l'amiral, avait pris le fort de Briens-Tom-Hill; mais, quoique Hood se trouvât alors placé entre le feu de l'artillerie de la place et celui de la flotte française, il réussit, par une nouvelle adresse, à se retirer en bon ordre, en causant plusieurs dommages aux marins français.

On a blâmé avec raison de Grasse de

n'avoir pas mouillé par le travers de la flotte anglaise, pour la combattre bord à bord, ou de n'avoir pas tenté ce que fit depuis Nelson à Aboukir, c'est-àdire, couper la ligne ennemie par le milieu, et doubler les ailes. Mais il s'en fallait bien que de Grasse fût un Nelson. Cependant, l'île de Saint-Christophe, et ensuite celles de Monserrat et de Newis, furent conquises par Bouillé. En même temps, l'amiral français partit en avril 1782 du port royal de la Martinique, pour transporter des troupes françaises à l'île de Saint-Domingue, où il allait rejoindre l'escadre et des troupes espagnoles qui, conjointement avec lui, devaient conquérir la Jamaïque. Il était précédé d'un convoi de 150 bâtiments de transport, et avait 33 vaisseaux. La flotte anglaise de Rodney s'étant offerte à son passage, dans un moment où il était favorisé par un vent propice, il en attaqua l'avant-garde, sans que l'amiral anglais pût venir au secours des siens. Cependant, de Grasse ne sut pas tirer parti de tous ces avantages, et, satisfait de quelques faibles succès, il se mit hors de portée des Anglais. Quelques-uns de ses vaisseaux escortaient son convoi, lorsque le vaisseau le Zélé, qui déjà dans la nuit du 10 au 11 avait abordé et fortement endommagé le Jason, aborda dans la nuit du 12 la Ville de Paris, et se trouva dégréé. Il aurait suffi de le faire relâcher dans un des ports voisins, ou de le brûler après en avoir retiré l'équipage; mais de Grasse voyant les Anglais sur le point de s'emparer de ce bâtiment et de la frégate envoyée pour le remorquer, se porta avec toute sa flotte au secours d'un seul vaisseau. Rodney le punit de son imprudence, et, l'ayant poursuivi, l'attaqua de tous côtés avec des forces imposantes; après un combat (le 12 avril 1782) très-sanglant, qui se prolongea pendant 10 heures, et où de Grasse et ses officiers montrèrent un admirable courage, fut contraint d'amener son pavillon, ainsi que plusieurs autres de ses vaisseaux. Il montait la Ville de Paris; la moitié de son équipage avait été mise hors de combat, et le vaisseau avait été si maltraité, qu'il coula bas avant d'arriver en Angleterre. Les Français

il

avaient eu 3,000 hommes tués, les deux tiers de plus que l'ennemi; ils avaient perdu 6 vaisseaux; six de leurs capitaines avaient peri. (Voyez DOMINIQUE [combat de la].)

L'amiral, vaincu et prisonnier, fut conduit à Londres; il y reçut des éloges qui tournaient à la gloire des Anglais, et excita vivement la curiosité publique. « Trompé par son amourpropre, de Grasse ne sentit pas assez pourquoi on le vantait, pourquoi on l'appelait le valeureux Français; il cédait au désir qu'on avait de le voir, et n'eut point la dignité qui convient au malheur. Sa conduite en Angleterre le fit mépriser en France, où le déchaîne ment contre lui était universel. Il y eut contre lui de sanglantes épigram mes (*). »

De retour en France, il publia sur cette affaire un Mémoire dans lequel il se plaignait amèrement de plusieurs de ses officiers; il est à croire que ses plaintes étaient mal fondées, puisque le gouvernement n'y fit aucune attention. Depuis lors, il ne fut plus employé, et mourut à Paris, le 11 janvier 1788, âgé de 67 ons. De Grasse avait cette brillante valeur commune à tous les Français; les marins disaient même de lui : Il a six pieds; et six pieds un pouce les jours de combat. Mais l'expérience même ne put éclairer son manque d'étude et de capacité, et il se serait mieux distingué comme subalterne ou capitaine de vaisseau. Il passait pour être extrêmement fier, mais probe et loyal (**): ces derniers titres ne peuvent qu'honorer sa mémoire.

GRATSCHATZ (combat de). Voyez GOSPITSCH.

(") Droz, Histoire de Louis XVI, t. I, p. 363. Cet auteur ajoute : « Les femmes por taient des croix à la Jeannette; c'étaient des croix d'or surmontées d'un cœur. On en fit à la de Grasse; la seule différence c'est qu'elles étaient sans cœur. On assura que l'amial racontait que le roi d'Angleterre l'avait reçu parfaitement, et lui avait dit: Je vous reverrai avec plaisir à la téte des armées françaises. »

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(**) A Saint-Domingue il avait offert d'engager sa fortune pour emprunter l'argent né cessaire à l'armée.

GRAVE (siéges de). Louis XIV, maître d'une grande partie de la Hollande, établit pour gouverneur de Grave, sur la Meuse, le marquis de Chamilli. Le prince d'Orange en fit le siége en 1674. Chamilli témoigna au comte d'Estrade, gouverneur de Maestricht, son inquiétude sur les otages hollandais conservés dans la place, et l'embarras où le mettait une disette absolue d'argent. Six cents hommes partent de Maëstricht, sous la conduite du capitaine Mélin; traversent le camp hollandais sur un point mal garde; remettent à Chamilli l'argent qui lui est nécessaire, et traversent une seconde fois le camp des ennemis, sans qu'on songe à s'opposer à leur entreprise. Cependant, à force de travaux, de temps et de patience, le prince d'Orange entra dans Grave (1674).

-Le général Salm, commandant une des divisions de l'armée du Nord, chargé d'investir la ville de Grave, en commença le blocus le 28 octobre 1794. Vainement cette ville fut sommée, bombardée, canonnée pendant deux mois. Son gouverneur ne se rendit qu'au moment où il manqua de vivres et de munitions. Sa garnison, forte de 1,500 hommes, fut faite prisonnière de guerre (28 octobre au 28 décembre 1794).

GRAVE (Pierre-Marie, marquis de) naquit, en 1755, d'une noble famille du Languedoc; il était premier écuyer du duc de Chartres lorsque éclata la révolution; il en adopta les principes, fut nommé maréchal de camp en 1792, et remplaça Narbonne au ministère de la guerre. Dumouriez l'accuse d'avoir été l'auteur de tous les désastres de l'armée de Flandre. Démissionnaire au 8 mai, décrété d'accusation au 27 août, il se réfugia en Angleterre et ne revint en France qu'en 1800. Napoléon le nomma commandant de l'île d'Oléron, et, à la restauration, le marquis de Grave devint lieutenant général, pair de France, et chevalier d'honneur de la duchesse d'Orléaps. Il mourut au Palais-Royal en 1823.

Plusieurs contemporains nous ont laissé des portraits de de Grave. Bertrand de Molleville et Dumouriez ně sont pas moins sévères à son égard que madame Roland. « C'était, dit-elle dans

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«ses Mémoires, un petit homme que « la nature avait fait doux, à qui ses préjugés inspiraient de la fierté, que a son cœur sollicitait d'être aimable, « et qui, faute d'esprit pour les conci« lier, finissait par n'être rien. »

GRAVELINES, Gravelina, Graverenga, forte ville maritime de la ci-devant Flandre, aujourd'hui du départe ment du Nord ( arrondissement de Dunkerque). Avant le douzième siècle, Gravelines n'était qu'un chétif village nommé Saint-Willebrod, que le comte Thierry d'Alsace fit fortifier pour arrêter les courses des Anglais, où il attira de nombreux étrangers et dont il fit son séjour ordinaire. Son fils Philippe acheva les fortifications et perça, entre la mer et la ville, un canal que la rivière d'Aa remplit aussitôt en y formant un port commode. Le commerce vivifia rapide ment cette localité dont Rigord disait déjà, dans les premières années du treizième siècle Gravaringas, villam opulentam in finibus Flandriæ sitam. La possession en fut souvent disputée. En 1302, Oudart de Maubuisson la prit et y mit le feu; cédée aux Anglais par le traité de Brétigny, elle leur fut reprise par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, en 1377; l'évêque de Norwich y rentra et la saccagea en 1382; les Anglais l'occupèrent au quinzième siècle. Elle finit cependant par rester au duc de Bourgogne pour passer au pouvoir de Charles-Quint, qui, en 1528, y fit construire un château et plusieurs bastions. Trente ans plus tard, il se livra sous ses murs une bataille célèbre.

En 1558, le maréchal de Termes, qui avait pris d'assaut Dunkerque, BergSaint-Vinox et Nieuport, se vit attaqué, le 13 juillet, par le comte d'Egmont, à la tête de 12,000 hommes de pied et 3,000 chevaux. Il n'avait tout au plus que 10,000 hommes, dont plus de la moitié étaient Allemands et le reste Gascons. Ces derniers se défendirent avec vaillance; les Allemands, au contraire, paraissaient indifférents à l'issue du combat. Sur ces entrefaites, dix vaisseaux anglais qui, par hasard, se trouvaient à portée d'entendre la canonnade, accoururent s'embosser sur la droite de l'armée française, appuyée à la mer. Les soldats de Termes furent saisis d'un trouble extrême

quand ils se virent pris à revers par l'artillerie anglaise, précisément du côté où ils s'étaient crus le plus en sûreté. Ils se mirent à fuir; mais ils rencontrèrent bientôt les paysans flamands furieux des outrages qu'ils avaient reçus, des pillages et des cruautés qu'on avait exercés contre eux. Ils ne firent grâce à aucun des fuyards. L'armée tout entière fut détruite, et ses chefs, de Termes, Villebon, Annebault, le comte de Chaulnes, Sénarpons et Morvilliers, demeurèrent captifs entre les mains des Espagnols. Cette défaite, suivant de si près celle de Saint-Quentin, fit perdre courage à Henri II, et détermina les conditions sévères de la paix de CateauCambrésis.

Les maréchaux de la Meilleraye, Rantzau et de Gassion, secondant le duc d'Orléans, qui commandait, en 1644, l'armée des Pays-Bas, se réunirent tout à coup, le 1er juin, pour attaquer Gravelines, tandis que Tromp, avec une flotte hollandaise, attaquait cette ville par mer. Le siége fut long; tous les ouvrages furent defendus avec beaucoup de vigueur les Français y perdirent beaucoup de gens de marque. Enfin, Ferdinand de Solis, qui commandait dans la place, fut obligé de se rendre le 29 juillet. Après avoir fait la circonvallation les Français avaient été avertis que Mélos, posté à Bergues avec une assez petite armée, devait être renforcé de celles du comte d'Isembourg, de Bucquoi, de Bec, du duc de Lorraine, et de Picolomini. La réputation de tant de grands capitaines avait donné de l'inquiétude à la plupart des officiers assiégeants. L'un d'eux avait dit que l'armée espagnole était une armée de capitaines. «Eh bien ! répondit Gassion, «nos soldats battront ces capitaines. » Lorsque la place a capitulé, le régiment des Gardes, conduit par la Meilleraye, entre le premier dans ses murs, le premier régiment de l'armée étant le seul qui, suivant le funeste usage du temps, ait droit d'entrer dans une ville conquise, quand il est assez fort pour la garder. Gassion voulant y faire entrer le régiment de Navarre, la Meilleraye s'y oppose; la querelle s'échauffe; ils mettent tous les deux l'épée à la main, l'un criant: «Amoi Navarre ! » et l'au

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