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sur le sort du premier. En 1792, M. Granet qui, sans fortune, était obligé de faire ressource de tout pour vivre, fut employé dans l'arsenal de Toulon à peindre des poupes et des proues de navire. Par un hasard plein de bonheur il y retrouva M. de Forbin, qui, pour échapper à la proscription dont se trouvait atteinte une partie de sa famille, s'était enrôlé comme volontaire. Leur ancienne amitié se réveilla, et tous deux, entraînés par leur goût pour la peinture, formèrent le projet de se rendre à Paris pour y étudier sous David. Madame de Forbin mère se rendit aux vœux des deux amis, qui, grâce à sa générosité, purent réaliser leur projet, et, en 1797, entrer ensemble dans l'atelier de David, qu'ils quittèrent en 1802 pour aller en Italie. Madame de Forbin pourvut aux frais de leur commun voyage.

L'année précédente, M. Granet avait exposé au salon une vue du cloitre des feuillants de la rue Saint-Honoré à Paris. Le succès de ce petit tableau décida du genre auquel il devait se livrer exclusivement, genre un peu restreint, mais dont il sut tirer parti. Stella traçant une Vierge sur les murs de sa prison fut le premier ouvrage qu'il envoya de Rome; il peignit ensuite, pour la reine de Naples, le chœur des Capucins de la place Barberine. On n'avait point encore, comme on l'a fait depuis sur une bien plus grande échelle et avec beaucoup de succes, réussi à produire une grande illusion dans la représentation d'une profondeur fuyante sur une surface plane. Le tableau de M. Granet eut une grande vogue, et on lui en demanda plusieurs copies qui furent achetées à un prix très-élevé.

Il revint en France en 1819 et fut présenté, par M. de Forbin, à Louis XVIII, qui le nomma chevalier de la Légion d'honneur. M. Granet fit de fréquents voyages à Rome, et presque tous ses tableaux, qui sont trop nombreux pour être tous cites, représen tent des intérieurs ou des souterrains de couvents d'Italie. Il en est résulté, dans ses ouvrages, une monotonie qui n'ôte cependant rien à leur mérite. M. Granet excelle surtout à reproduire, à la manière du Rembrand, les effets frappants de la lumière pénétrant dans

des lieux sombres. On pourrait peut-être lui reprocher d'avoir fait abus de ce moyen, et on regrette aussi parfois de trouver un peu de crudité dans sa couleur; néanmoins on le place, avec raison, au rang de nos premiers peintres de genre. Nous citerons parmi ses tableaux, comme les plus importants: Saint Pierre baptisant les premiers chrétiens dans la chapelle souterraine de Sainte Marie in via lata; saint Paul préchant l'Évangile aux prisonniers dans les souterrains du Capitole; le souterrain du couvent du SacroSpeco; une cérémonie funèbre dans l'église inférieure de Saint-Martin du Mont; le rachat des captifs, qui fait partie de la galerie du Luxembourg, etc.

La protection de M. de Forbin, devenu directeur des musées royaux, n'a jamais oublie M. Granet, et lui a aplani bien des difficultés et l'a aidé à se créer un sort brillant. Il est aujourd'hui membre de l'Institut, conservateur des musées royaux, membre des académies de Rome, de Berlin, de Saint-Petersbourg, etc.

GRANGE-AUX-MERCIERS (conférence de la). Peu de temps après la bataille de Montlhéry, livrée en 1465, entre Louis XI et le comte de Charolais (Charles le Téméraire), le roi se retira à Paris, et ne tarda pas à entrer en négociation avec les princes. Des conférences furent ouvertes à la Grange-aux-Merciers, près de Bercy. Le comte du Maine, le sire de Précigny, président de la chambre des comptes, et Jean Dauvet, premier président de Toulouse, y traitaient pour le roi; le comte de Dunois, pour les princes, et d'autres encore, car chacun voulait être représenté.

Louis, pour ne pas s'exposer à une bataille dont la perte l'aurait laissé sans ressources, avait enjoint à ses commissaires d'écouter toutes les demandes qui seraient faites, et de n'en repousser formellement aucune; mais cette prodigieuse finesse dont il était doué le perdait lui-même, et, dans ces conférences qu'on appela le marché de ta Grange-aux-Merciers, tandis qu'il achetait à prix d'argent les serviteurs des princes, il en perdit beaucoup des siens.

Ces négociations prolongées furent

fatales à la cause royale. Les demandes des princes étaient si exorbitantes que le roi se vit obligé de les rejeter. Les hostilités furent dénoncées de nouveau le 18 septembre; le 21, le gouverneur de Pontoise livra cette ville aux Bretons; une tentative pour livrer la Bastille et le quartier Saint-Antoine aux ennemis n'échoua que par la vigilance de la garde bourgeoise. Le 27 septembre, Rouen fut livré au duc de Bour bon. Ces différentes trahisons déterminèrent le roi à consentir à toutes les conditions sur lesquelles il avait disputé jusqu'alors, et dont la principale etait l'abandon de la Normandie à son frère. Toutes les bases du traité furent conve nues dans une entrevue où le comte de Charolais et Louis XI étaient si préoccupés de leur conversation, qu'en se pronenant ils entrèrent, sans s'en apercevoir, dans un grand boulevard occupé par la garnison de Paris, et où le comte était entièrement au pouvoir du roi. Une fois les conditions arrêtées de part et d'autre, Louis XI fit ramener, par une cinquantaine de ses cavaliers, le comte de Charolais au camp des prin ces, que son absence avait plongés dans une grande inquiétude. La trêve fut proclamée dans les deux armées le 1er octobre, et la paix définitive signée à Conflans (voy, ce mot) fut enregistrée au parlement le 30 du mênie mois.

GRANGE-LA-VILLE et GRANGE-LEBOURG, villages du département de la Haute-Saône (arrondissement de Lure), formant autrefois une des premières baronnies du comté de Bourgogne, appartenaient aux princes de Wurtemberg. Leurs fortifications, démolies par Louis XIV, avaient soutenu plusieurs siéges dont les suites pesèrent longtemps sur les habitants. Il reste encore, à Grange, des vestiges de murailles et les fosses du bourg et du château.

La population des deux villages réunis est de 2,000 habitants.

GRANGE-LE-ROI, seigneurie de la Brie française, érigée en marquisat, par lettres du mois de juin 1659, en faveur de le Lièvre de Fourille. Cette localité fait aujourd'hui partie du département de Seine-et-Marne, arrondissement de Brie-Comte-Robert.

GRANGENEUVE (Jacques - Antoine),

député de la Gironde à l'Assemblée législative et à la Convention nationale, naquit à Bordeaux vers 1758. Sans avoir jamais occupé le premier rang parmi les girondins, il attira sur lui l'attention autant par la fougue de son répubiicanisme, pendant l'Assemblée législative, que par la modération inattendue de ses votes pendant la Convention. Ce contraste le fit accuser par ses adversaires d'avoir été républicain sous la monarchie, et royaliste sous la république. Tout porte à croire qu'il y a de l'exagération dans ce reproche, et que, tout en restant républicain, Grangeneuve, soit par peur, soit par esprit de parti, ne voulut que s'opposer au triomphe des montagnards. Peut-être même était-il fédéraliste? Ce qu'il y a de certain, c'est qu'après le 31 mai, il prit la fuite sans rien faire pour prouver qu'il blâmait l'insurrection de ses collègues, Il n'y avait pas de mal à fuir; mais il y en avait à ne pas protester contre la guerre civile, ou a s'en rendre complice par sa présence; et cela, dans un mo ment où les armées étrangères avaient pénétré en France, et se préparaient à venir mettre le siege sous les murs de Paris.

Lorsque la révolution commença, Grangeneuve suivait avec distinction la carrière du barreau. L'enthousiasme qu'il manifesta, dès l'année 1789, pour la cause populaire, le fit nommer par ses concitoyens procureur de la commune de Bordeaux.

Élu député à l'Assemblée législative en 1791, il y prit la parole dès la pre miere séance, dans la discussion sur le cérémonial à observer à l'égard du roi, et sur les titres de sire et de majesté, dont il vota la suppression, en disant que la constitution donnait au roi un plus beau titre, celui de roi des Fran çais. Le premier il osa soutenir, non sans exciter les murmures dans une partie de l'Assemblée, que le Corps legislatif et le roi étaient deux pouvoirs suprêmes, indépendants l'un de l'autre, et, par conséquent, deux pouvoirs égaux. Le 1er janvier 1792, il présenta, au nom du comité de surveillance, un rapport contre les émigrés, où n'étaient pas ménagés les frères du roi. « Je ne «< pense pas, messieurs, dit-il, qu'aucun

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« membre de cette assemblée puisse vo<< ter en faveur de l'impunité par des « considérations prises plus ou moins << dans l'amour que les Français doivent << avoir pour leur roi et pour sa famille; « une vérité bien essentielle, et que je « ne crains pas de dire à cette tribune, « c'est que le plus grand malheur dont « la colère céleste puisse frapper un peuple libre, est de lui inspirer l'aamour de ses représentants. Le gou« vernement représentatif est le seul bon, parce qu'il est celui de la confiance; mais lorsque de la confiance « on passe à l'amour, à je ne sais quel attachement servile que de bas courti« sans cherchaient autrefois à inspirer « au peuple pour le monarque, qu'ils appelaient son père; lorsque enfin « l'on se passionne pour ses mandatai« res, on n'est plus en état d'apprécier « leur conduite; on se livre à leurs vo<«<lontés despotiques; on est à leur « merci! Le peuple doit juger souvent « ses représentants, les surveiller sans «cesse, ne prononcer sur l'inaltérabi«<lité de leurs principes et sur la soli<«< dité de leurs intentions que lorsque la pierre funèbre les sépare des corrupteurs. Qu'un peuple soit heu« reux, qu'une population nombreuse «<le prouve, que des fêtes publiques « l'annoncent ! les magistrats qui le ver<<< ront seront assez récompensés; la « postérité fera le reste: mais si le peuple est assez malheureux que de se passionner pour eux, il mérite l'escla«vage et tombe dans l'oubli ! » Ces paroles furent couvertes d'applaudissements, car on commençait à comprendre alors que l'attachement aveugle n'est

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moins dangereux en politique que défiance portée à l'excès. Bientôt les faits vinrent confirmer cette vérité. La défiance alla jusqu'à l'ingratitude sous la république; l'attachement alla jusqu'à l'abandon des principes sous l'empire. Or, ces deux causes, en apparence si différentes, eurent cependant les mêmes résultats : l'une contribua puissamment à la ruine de la république; l'autre ne contribua pas avec moins de force à la ruine de l'empire. Quoi qu'il en soit, non contente d'applaudir, l'assemblée décréta, sur la proposition de Grangeneuve, qu'il y avait lieu de

mettre en accusation Louis-StanislasXavier; Charles-Philippe; Louis-Joseph; Louis-Henri-Joseph de Bourbon, princes français, comme prévenus d'attentats et de complots contre la tranquillité publique et la constitution.

Grangeneuve reparut un mois après à la tribune, pour dénoncer le ministre de la marine, Bertrand de Molleville, l'artisan infatigable de toutes les trames contre-révolutionnaires et de toutes les intrigues de la cour. Il appuya aussi l'accusation de Dubois-Crancé contre le ministre de la guerre, Louis de Narbonne. Mais une circonstance assez bizarre, et qui montre combien l'esprit de parti peut abuser les hommes, il se montra alors aussi clément envers les assassins d'Avignon qu'il devait, plus tard, se montrer sévère à l'égard des septembriseurs de Paris. Quelques girondins se trouvant gravement compromis dans les massacres d'Avignon, il demanda une amnistie en faveur de Jourdan-Coupe-Têtes et de ses com

plices.

Un mot offensant, qui lui échappa dans un comité contre son collegue Jouesneau, le fit provoquer en duel par ce député, qui, d'après le témoignage de Saint-Huruge, l'un des seconds de Grangeneuve, se prévalut de la supériorité de ses forces physiques pour frapper son adversaire à coups de canne et pour le terrasser. L'affaire fut portée devant les tribunaux, qui ne la décidèrent pas en faveur du député de la Gironde.

Aux approches du 10 août, Grangeneuve insista pour faire ouvrir la discussion sur la question de la déchéance du roi. On assure aussi qu'à la même époque il prit, avec l'ex-capucin Chabot, une résolution qui prouvait plus de ferveur républicaine que de bonne foi. Ils convinrent de se faire assassiner l'un et l'autre, à une heure dite, dans les environs des Tuileries, espérant que la responsabilité de ce double assassinat retomberait sur la cour, et fournirait au peuple un prétexte pour se soulever et renverser le trône. On ajoute que Chabot manqua au rendez-vous, mais que Grangeneuve fut fidèle à sa parole, et qu'il attendit longtemps son collègue, toutefois, sans que personne eût attente à ses jours.

Après la journée du 10 août, Grangeneuve, mécontent de voir son parti débordé par la Montagne, changea brusquement de système. D'ennemi juré de la cour, il devint ennemi juré de la Commune. Pour lui, le salut de la France était dans les mains de la Gironde : il avait combattu la cour parce qu'elle ne voulait pas des girondins; il combattit le peuple, qui n'en voulait pas davantage.

Aussi, une fois réélu par la ville de Bordeaux, il montra, dans le sein de la Convention, une modération qui étonna d'autant plus, que le premier, à l'Assemblée législative, il avait osé paraître coiffé d'un bonnet rouge. Dans le procès du roi, il vota pour l'appel au peuple. Sur la question de savoir quelle peine serait appliquée, il se prononça contre la mort et pour la détention. Il

motiva son vote en ces termes :

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Quelque infinis que soient nos pouvoirs, je ne puis pas même y supposer le pouvoir extraordinaire d'accuser « et de condanner souverainement à « mort l'individu détrôné depuis cinq a mois. Je suis bien sûr au moins que je n'ai jamais accepté cette prétendue a fonction... Je ne puis d'ailleurs me « dissimuler qu'à ce jugement criminel « du souverain participeraient un trop « grand nombre de nos collègues qui « ont manifesté, avant le jugement, « des sentiments incompatibles avec l'impartialité d'un tribunal, et qu'on « a mis en œuvre autour de nous tous « les moyens d'influence possible pour « arracher à la Convention nationale « une sentence de mort. Dans de semblables circonstances, je pourrais

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« moins que jamais accepter et exeracer le pouvoir criminel souverain qu'on nous attribue. Réduit par conséquent à prendre uniquement des < mesures de sûreté générale, je déclare « que, s'il m'était démontré que la mort « seule de Louis pût rendre la république florissante et libre, je voterais « pour la mort; mais, comme il est au « contraire démontré à mes yeux que • cet événement peut amener les plus grands maux, sans produire aucun avantage réel; que jamais la liberté • d'un peuple n'a dépendu de la mort • d'un homme, mais bien de l'opinion

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Ce vote le fit passer pour royaliste aux yeux du parti populaire. Vainement il affirma que, déjà avant de siéger à l'Assemblée législative, il avait prêté le serment de renverser la royauté; on voulut d'autant moins le croire, qu'il avait presque toujours suivi la même route que Gensonné, Guadet et Vergniaud, qui, quoique déclarant avoir prêté le même serment, avaient voulu pactiser avec le roi avant le 10 août, et faire proclamer son fils après cette journée célèbre. Les apparences étaient donc contre lui; cependant il ne faut pas oublier que Grangeneuve n'avait pas signé le fameux mémoire adressé à Louis XVI par les triumvirs bordelais, et que, tout en faisant cause commune avec eux contre le peuple et contre les montagnards au profit de la bourgeoisie et de la Gironde, il pouvait bien, ou ne pas connaître tous leurs secrets, ou ne pas partager leurs opinions, qui, d'ailleurs, n'étaient pas toutes parfaitement semblables.

Mais le voyant toujours soutenir ses collègues contre les montagnards, le peuple ne vit en lui qu'un réactionnaire, et le porta sur la liste de proscription qu'après deux tentatives inutiles il fit accepter à la Convention dans la journée du 2 juin. Grangeneuve fut d'abord assez heureux pour se soustraire au décret d'arrestation, et se réfugia à Bordeaux; mais découvert au moment où la Convention venait de le mettre hors la loi, il fut exécuté dans cette ville le 21 décembre 1793, par arrêt d'une commission militaire uniquement chargée de constater l'identité. Il était âgé de 43 ans.

Plus exalté qu'énergique, et tombant avec facilité d'un exces dans un autre; sincèrement républicain peut-être, mais sans grande portée politique, Grange

T. IX. 6 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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neuve ne manquait pas d'un certain talent, qui aurait produit plus d'effet s'il n'avait eu pour collègues un orateur comme Vergniaud, et des improvisateurs comme Guadet et Boyer-Fonfrède.

GRANVELLE-FOUSSEMAGNE, terres situées dans la haute Alsace qui furent érigées en comté, au mois de juin 1718, en faveur de F. J. Ignace, baron de Reinach.

GRANVILLE, Granivilla, ville maritime de l'ancien Cotentin en basse Normandie, aujourd'hui comprise dans le département de la Manche, arrondissement d'Avranches.

En 1439, Thomas lord Scales, sénéchal de Normandie pour le roi d'Angleterre, entreprit de construire à Granville une forteresse qui put protéger un havre commode, et tenir en respect la garnison du Mont-Saint-Michel. Il acheta la même année, de Jean d'Argouges, seigneur de Gratot et de Granville, tous les droits qu'il avait sur la montagne de Granville, se reconnaissant son vassal par la redevance d'un chapel de roses vermeilles, payable au jour de SaintJean-Baptiste. La ville se trouvait alors à la pointe Gautier, et avait son port à la Houle; mais le capitaine anglais trouvant avec raison que la position sur le rocher serait plus forte, obligea les habitants de l'ancienne cité à s'y transporter, en employant pour leurs nouvelles demeures les matériaux de leurs maisons abandonnées et détruites. La première pierre de la ville actuelle fut posee en 1440. Mais dès l'année suivante, Louis d'Estouteville, à la tête des troupes du Mont-Saint-Michel, vint surprendre et enlever la place, et jamais les Anglais ne purent la recouvrer. Charles VII lui accorda, par une charte de 1445, de nombreux priviléges, y mit une garnison considérable, et fit achever les fortifications, dont l'enceinte fut doublée depuis ce temps. C'est au même roi que Granville doit ses armoiries : d'azur au bras armé d'argent, sortant d'un nuage, accompagné de trois étoiles d'or (pour signifier que la ville est et doit être armée jour et nuit pour sa propre défense).

Granville devint une des plus fortes places de la province: mais en 1689,

Louis XIV en fit en grande partie démolir les murailles. Si elle perdit dès lors son importance militaire, elle conserva du moins une partie de ses vieilles franchises: sa milice bourgeoise de sept compagnies, faisant elle-même et en tout temps la garde de la ville; son milicien capitaine des portes, son colonel de la bourgeoisie (*), son corps de ville de trois échevins, élus tous les trois ans; ses exemptions de tailles (**). Son port resta aussi très - important. En 1786, on y comptait, outre 32 bâtiments de cabotage et les bateaux pêcheurs 110 navires, dont 5 seulement n'étaient pas destines à la pêche de la morue en Amérique, et surtout à Terre-Neuve. Plus de 6,000 matelots y étaient classés; le commerce seul des huîtres produisait, année commune, environ 50,000 livres. A la fin du dernier siècle, le prince de Monaco était gouverneur héréditaire de Granville, qui avait aussi une amirauté, une vicomté, une moyenne justice, etc.

Aujourd'hui cette place, chef-lieu du deuxième arrondissement maritime, siége d'un tribunal de commerce, de plusieurs vice-consuls étrangers et d'une école d'hydrographie, doit à son port plutôt qu'a ses fortes murailles une importance qui s'accroîtra encore par les travaux récemment exécutés ou projetés.

La population est de 7,350 habitants.

GRANVILLE (attaque de). Depuis longtemps, une partie des chefs de l'armee vendéenne desirait s'approcher des côtes, pour établir un point de contact avec l'Angleterre, quand la victoire de Fougères leur ouvrit le département de la Manche et la route de Granville, où les Anglais les avaient invités de se porter. A leur approche, 12,000 républicains se réunissent à StLô, sans armes et sans pain; on tire de la Hogue et de Cherbourg 4,000 hommes de troupes de ligne et 15 canons ;

(*) Depuis la suppression des charges çes officiers étaient perpétuels et à la nomination du gouverneur.

(**) Anciennement Granville était aussi exempte de tous droits. Elle finit par payer les droits de traites foraines, d'aides, du tabac, et les contrôles des actes des notaires et huissiers.

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