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dispositions précoces qu'il montra pour le violon furent développées par son maître, Antoine Stamitz. A quatorze ans, avant d'avoir acquis aucune notion sur l'art d'écrire la musique, il exécuta, au concert spirituel, un concerto de sa composition qui fut applaudi avec enthousiasme. En 1785, il fut attaché comme violon à la chapelle du roi; et, peu de temps après, tourmenté du besoin de travailler pour la scène, n'ayant pu se procurer un poëme, il se mit à refaire la musique de deux anciennes pièces. La reine avait pris le jeune artiste sous sa protection; il en profita pour faire répéter cette musique à la petite salle du château de Versailles, devant la cour. Bientôt se présenta une occasion favorable de mettre son talent à l'épreuve. En 1790, il était entré comme premier violon au théâtre Italien; il y fit la connaissance de Desforges, qui lui confia un drame historique de Jeanne d'Arc, dont il écrivit la musique en quelques jours. Cette pièce fut jouée, en 1790, au théâtre Italien, et eut assez de succès pour encourager d'autres poëtes à lui confier leurs œuvres. Le 5 janvier 1791, Kreutzer donna au théâtre Italien Paul et Virginie, qui, par la grâce, la fraîcheur et la couleur locale de la musique, a obtenu longtemps et partout un succès de vogue prodigieux, mais bien mérité. Cette composition fut suivie de Lodoiska, dont la romance, et surtout l'introduction, suivie du chœur des Tartares, sont devenues populaires. Kreutzer, pendant les quatre années qui suivirent, donna plusieurs opéras dont il écrivit la musique sans avoir aucune notion de l'harmonie, et dont quelques-uns cependant réussirent. Ce ne fut que longtemps après, lorsqu'il fut appelé au Conservatoire, qu'il se mit à faire des études tardives, et qui, malheureusement, semblerent lui enlever son originalité. Nommé professeur de violon au Conservatoire de musique, dès la création de cet établissement, il fut chargé, en 1797, d'aller recueillir en Italie les chefs-d'oeuvre des maîtres de l'école italienne, et voyagea ensuite en Allemagne et en Hollande. Il était alors regardé comme le premier violon de France dans un genre noble, grave et

sévère, qui n'excluait pas néanmoins le gracieux et le brillant. De retour à Paris, M. Kreutzer entra à l'orchestre de l'Opéra en 1801; en devint premier violon en 1804; second chef d'or chestre, sous Persuis, en 1816, et premier chef en 1817. Il a été, en 1802, violon de la chapelle de Bonaparte, premier consul; en 1806, premier violon de la chapelle de l'empereur Napoleon; en 1814, premier violon de la chapelle du roi; et, en 1815, maître de chapelle en survivance de M. Plantade; membre du jury de l'Opéra en 1808, et chevalier de la Légion d'honneur en 1821. S'étant cassé un bras dans un voyage qu'il avait fait à Montpellier, il cessa d'exécuter sur le violon, et se fit suppléer, en 1819, par son frère, dans la classe de premier professeur de violon, qu'il avait conservée, lorsqu'en 1815 le Conservatoire eut pris le nom d'école royale de musique et de décla mation. En novembre 1824, M. Kreut zer a été privé de sa place de chef d'or chestre de l'Opéra, et mis à la retraite par ordonnance royale. Nommé, en novembre 1825, inspecteur général de la musique du même théâtre, il a perdu cette place en 1827. Kreutzer voulut faire un dernier adieu au public par un opéra de Mathilde, qu'il avait écrit avec soin. Mais il fut repoussé brutalement par le directeur qui avait été placé à la tête de l'Opéra, et qui refusa de faire représenter son ouvrage; Kreutzer, profondément blessé, en ressentit un vif chagrin; plusieurs atteintes d'a poplexie achevèrent de déranger ses fa cultés, et il était allé en Suisse pour recouvrer la santé, lorsqu'il expira Genève, le 6 janvier 1831.

Kreutzer a composé un grand nom• bre d'ouvrages dont nous ne pouvons donner la liste complète. Nous citerons seulement: Jeanne d'Arc à Orléans, 3 actes, 1790; Paul et Virginie, 3 actes, 1791; Lodoiska, 3 actes, 1791; Im gène, ou la Gageure indiscrete, 3 actes, 1796; le petit Page, ou la Prison d'Etat, en un acte, 1500; les Surpri ses, ou l'Étourdi en voyage, en 2 actes, 1806; l'Homme sans façon, en 3 actes, 1812; Constance et Théodore, actes, 1813; (avec Boieldieu): les Bear nais, ou Henri IV en voyage, en un

en 2

cte, 1814; le Maître et le valet, en 3 etes, 1816; (avec M. Kreube): le Parais de Mahomet, en 3 actes, 1822. l'Académie royale de musique : Asanax, en 3 actes, 1802; ouvrage rearquable par les choeurs et par un air un caractère tragique; Aristippe, en 2 tes, 1808, le meilleur des ouvrages le M. Kreutzer ait donnés à l'Opéra; Mort d'Abel, en 3 actes, 1810, mis 2 actes en 1823; les Dieux et les vaux, en 1 acte, 1816; (avec MM. Bern, Boïeldieu, Chérubini et Paër): anche de Provence, en 3 actes, 1821; siboé, en 4 actes, 1824; (avec M. Boieldieu et Berton): Pharamond, 3 actes, 1825. M. Kreutzer a comsé et arrangé pour le même théâtre musique des ballets suivants : Paul Virginie, en 3 actes, 1806; Antoine Cléopâtre, en 3 actes, 1808; la Fête Mars, en 1 acte, 1809; (avec Pers): le Carnaval de Venise, en 3 es, 1816; la Servante justifiée, en 1 e, 1818; Clari, ou la Promesse de riage, en 3 actes, 1820.

Auguste KREUTZER, frère et élève précédent, naquit à Versailles en 31. Il obtint le premier prix de vioen 1801; en 1798, il entra à l'orstre de l'Opéra - Comique; en 1802, assa à celui de l'Opéra. Il s'en retira 1823, avec la pension, après vingt › de service. Il avait été suppléant au nservatoire en 1825; il succéda à frère dans la place de professeur première classe. Kreutzer, qui avait attaché à la chapelle de Napoléon, it entré dans celle du roi en 1814, et tait resté jusqu'à la dissolution en 30. Une maladie de poitrine le consit au tombeau en 1832.

KRIEG (Jean-Frédéric), né, en 1730, ahr en Brisgaw, prit, à seize ans, du vice en France, sous le maréchal de e, et fit avec lui toutes les campagnes Ianovre, pendant lesquelles il reçut t blessures; il fut fait capitaine de alerie à la bataille de Rosbach, en 57, et major de cavalerie à la bataille Minden; il protégea la retraite dans faire de Clostercamp, en 1760, et y ut seize blessures. Il fut encore ssé au siége de Gibraltar, en 1780; it remarquer, en 1792, à celui de ionville, où il remplissait les fonc

tions de commandant en second de la place; se trouva à l'armée de Custine, et devint, bientôt après, général commandant de Thionville, puis général de division, commandant à Metz; envoyé en cette qualité à l'armée de l'Ouest, il obtint des succès dans plusieurs affaires, et y resta jusqu'à sa nomination au commandement de Paris, place qu'il occupa pendant dix mois; il prit alors sa retraite, et mourut dans les premiers mois de l'an II.

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KULM (bataille de). — Ce fut l'une des journées les plus désastreuses de la désastreuse campagne de 1813. Durant la bataille de Dresde, le général Vandamme, poussant devant lui Ostermann, se porta sur les hauteurs de Peterswald, comptant de la fermer la retraite aux alliés. Des hauteurs qu'il occupait, il voyait au-dessous de lui dans la vallée, Toeplitz, où convergeaient en désordre, débordées à droite et à gauche, les colonnes de Schwartzenberg et de Barklay. S'il réussissait à les prévenir à ce nœud de toutes les routes, et à les arrêter, de façon à donner au corps qui les poursuivait le temps de paraître, la guerre, d'un seul coup, était terminée. Vandamme abandonna donc sa belle position de Peterswald, et se porta sur Tæplitz, où, malgré un premier succès, il rencontra une résistance désespérée. Ce mouvement téméraire a été reproché à Vandamme; mais on peut, à la rigueur, le justifier par les ordres précis qu'il avait reçus. Malheureusement il commit bientôt une seconde faute, pour laquelle il n'a pas la même justification. Obligé de reculer, au lieu de reprendre, ce qui eût été facile, la crête des hauteurs, il s'arrêta à Kulm, restant ainsi en avant-garde dans la vallée.

Le 30, au matin, il prit donc position en avant de Kulm, sa droite vers Straden, sa gauche vers Neudorf, appuyée seulement par la brigade légère Corbineau. Le prince Schwartzenberg disposa son armée, sa droite appuyée à Kleische, le centre devant Karwitz et Neudorf, la gauche formée devant Pirsten et Geyersberg, dont les bois furent garnis de nombreux tirailleurs. Les réserves autrichienne et russo-prussienne furent placées vers Sobochleben. Le to

cupé par le général Kleitt, qui le barrait entièrement le passage. Das cette extrémité, ils résolurent de se vrir un passage les armes à la m Rien ne put arrêter la fureur de les attaque. Le corps de Kleitt, charge masse, fut rompu et culbuté dans plus grand désordre, abandonnant partie de son artillerie aux vaines mais, toujours vivement poursuivis les autres corps ennemis jusqu'a terswald, les Français furent bient forcés d'abandonner ces pièces.

tal des troupes ennemies s'élevait à 70,000 hommes, dont 10,000 de cavalerie. Une charge de la cavalerie russe commença le combat à la gauche du corps français. Ébranlée par la cavalerie ennemie, à laquelle la brigade Corbineau, trop inférieure en force, ne pouvait répondre, et d'ailleurs complé tement débordée par l'infanterie russe, l'aile gauche française perdait du terrain, à mesure que la cavalerie ennemie avançait dans la direction d'Arbesau. Bien que le centre et l'aile droite se maintinssent dans leurs positions devant Kulm, la position du général Vandamme devenait très-critique; il risquait de se voir enveloppé, si son aile gauche continuait à plier. Nos troupes soutenaient cependant le combat avec la plus grande opiniâtreté, lorsqu'un événement imprévu décida leur perte. KURTKA, sorte d'habit-veste d'ori Vers les deux heures, la tête du corps gine polonaise. Sous l'Empire, les lanprussien de Kleitt déboucha à Tellnitz, ciers de la garde, si connus sous le qui n'était pas gardé. Le général Van- nom de lanciers rouges, portaient le damme détacha d'abord quelques troukurtka écarlate; les lanciers polonais. pes pour contenir Kleitt: ce mouvement, bleu de roi. De nos jours, l'habit des qui désorganisait le centre du premier lanciers est bleu pour les huit régiments corps, seconda l'avantage que l'ennemi de cette arme; à revers jonquille pour tirait de sa supériorité; la gauche des les quatre premiers, garance pour les Français fut acculée vers Arbesau, et quatre derniers. bientôt leur retraite se changea en déroute des colonnes d'infanterie et de

cavalerie ennemie débouchèrent alors

des deux côtés de la route, et les chargèrent en queue. Ils n'atteignirent qu'avec peine, et en abandonnant leur artillerie le défilé de Tellnitz, oc

La journée de Kulm coûta au pre mier corps plus de 10,000 hommes dont 7,000 prisonniers et 30 pièces é canon. Le général en chef Vandame le général du génie Haxo et le gener Guyot furent du nombre des prisot niers.

KYMRIS. La race gauloise propre ment dite se subdivisait en Galis et en Kymris. Les Galls avaient précédé les seconds dans l'île de Bretagne et e Gaule. Nous en avons parlé ailleurs (voy. GAULE, tome VIII, P. suiv.).

650 et

LA BARDE. Voyez BARDE.
LA BARRE (le chevalier de). Voyez

BARRE.

L.

LABARRE(Éloi), né à Ourscamp(Oise), n 1764, vint à Paris, en 1782, où il fut 'élève de Raymond. Il remporta à Borleaux le premier prix pour un projet de listribution des terrains du château rompette, et obtint plus tard, au conours, l'exécution de la colonne de Bou›gne. Il fut chargé, en 1813, de la onstruction du palais de la Bourse. e monument, jugé avec trop d'enthouasme par quelques-uns, l'a été trop évèrement par beaucoup d'autres. In lui reproche, avec raison, d'être crasé. Mais il faut reconnaître qu'en ɔmme il est élégant; et, après tout, est la première tentative faite à Pas pour reproduire l'architecture anque. Quoi qu'il en soit, la construcon de ce palais décida, en 1827, l'adission de M. Labarre à l'Institut. Une

iose encore à remarquer, c'est que . Labarre, qui a consacré la plus belle artie de sa vie à ériger ce palais, n'a ière retiré de cette grande et difficile treprise qu'une indemnité annuelle, gale aux appointements d'un chef de ureau. Il s'est, depuis cette époque, nu éloigné des affaires.

LABARRE (Théodore), compositeur harpiste, est né à Paris en 1805. Il tra en 1817 comme élève au Conseratoire, et, guidé par Boïeldieu, il y fit e rapides progrès. Il se présenta en 323 au concours pour le grand prix de omposition musicale, et remporta le cond prix.

Il débuta, en 1831, dans l'art de comosition dramatique, par le drame lyrile des Deux familles, qui tomba pres'à sa naissance; mais l'Aspirant de arine et la Révolte au sérail eurent un rt plus heureux, sans obtenir un sucs complet. On lui doit en outre un and nombre de romances, parmi les elles on cite le Contrebandier, la une fille aux yeux noirs, la Pauvre égresse, etc., etc.

LA BARSE (Jacques de), sculpteur ançais, qui, avec Claude Sluter, illeur d'images, et Claude Vouson

ne (*), son neveu, exécuta à Dijon le tombeau de Philippe le Hardi, due de Bourgogne.

LABAT (Jean-Baptiste), dominicain et voyageur, né en 1663, à Paris, mort dans la même ville en 1738, avait visité, comme supérieur des missionnaires de son ordre, toute la chaîne des Antilles françaises, anglaises et hollandaises, depuis la Grenade jusqu'à Saint-Domingue, s'était ensuite rendu à Rome, et, après un séjour de 10 ans en Italie, s'était renfermé à Paris, dans un couvent de son ordre, s'occupant uniquement de la publication de ses voyages, et de plu sieurs autres qui lui avaient été confiés en manuscrits: nous citerons : Nouveau voyage aux iles de l'Amérique, contenant l'histoire naturelle de ces pays,etc., Paris, 1722, 6 vol.in-12, ib., 1742, 8 vol. in-12; Nouvelle relation de l'Afrique occidentale, etc., d'après les Mémoires de Brue, Paris, 1728, 1732 et 1758, 5 vol. in-12; Voyage du chevalier Desmarchais en Guinée, ibid., 1730, 4 vol. in-12; Voyage en Espagne et en Italie, Paris, 1730, 8 vol. in-12; Relation his torique de l'Éthiopie occidentale, Paris, 1732, 5 vol. in-12; Mémoires du chevalier d'Arvieux, contenant ses voya ges en Asie, en Syrie, etc., Paris, 1735, 6 vol. in-12 (**).

LABBE (Ph.), jésuite, l'un de nos érudits les plus célèbres, naquit à Bourges, en 1607, et mourut à Paris, en 1667. Ses principaux ouvrages sont : 1o Histoire du Berri, abrégée dans l'éloge panégyrique de la ville de Bourges, Paris, 1647, in-12; 2° Abrégé royal de l'alliance chronologique de l'histoire sacrée et profane, Paris, 1652, 2 vol. in-4o; le second volume renferme des pièces intéressantes pour l'histoire de France;

(*) Le même qui sculpta les six figures du puits de Moïse dans la chartreuse de Dijon.

(**) N'omettons pas de dire que les Anglais étant venus en 1704 attaquer la Guadeloupe, le P. Labat donna des preuves d'un singulier courage, contribua à la défense de la colonie par ses conseils éclairés, et pointa lui-même contre l'ennemi plusieurs pièces de canon.

3° Nova bibliotheca manuscriptorum, Paris, 1657, 2 vol. in-fol.; 4° Bibliotheca bibliothecarum; accedit bibliotheca nummaria, ibid., 1664 : la meilleure édition est celle de Genève, 1686, in-4°; 4° Concordia chronologica, technica et historica, ibid., 1670, 5 vol. in-fol.; 5o Thesaurus epitaphorum veterum ac recentium, ibid., 1666, in-8°; 6° SS. concilia ad regiam editionem exacta, cum duobus apparatibus, Paris, 1671-1672, 17 tomes en 18 vol. infol. Les 8 premiers volumes de ce grand ouvrage sont seuls dus à Labbe; le reste a été publié par le P. Cossart. Le P. Labbe a donné encore l'édition des Annales de Glycas, qui fait partie de la collection byzantine, collection dont il avait publié le plan sous le titre de: De historiæ byzantinæ scriptoribus publicandis Protrepticon, Paris, 1648, in-folio.

LABBEY (dom Fauste), savant bénédictin, né à Vesoul en 1653, mort à Luxeuil en 1727. On lui doit: Luxovii chronicon libri X, 2 vol. in-4°; Recherches sur les monastères de l'ordre de Saint-Benoit, établis dans le comté de Bourgogne, in-4°; Analyse et table des registres de l'hotel de ville de Vesoul, in-fol.

LABBEY DE POMPIÈRES (GuillaumeXavier), membre de la chambre des députés, né à Besançon en 1754, mort à Paris le 14 mai 1831, entra de bonne heure dans l'armée, et servit pendant vingt-quatre ans dans l'artillerie. A l'époque de la révolution, il était capitaine; il devint administateur de son district en 1793. Après le 18 brumaire, il fut nommé conseiller de préfecture du département de l'Aisne, qu'il habitait, et en 1813 député au Corps législatif. Ce ne fut que depuis 1819 qu'il se montra dans toute la force de son talent. Siégeant à l'extrême gauche, il votait toujours avec les membres les plus ardents de cette partie de la chambre. Le 14 juin 1828, il proposa de mettre en accusation le ministère Villèle, et prononça, à cette occasion, un discours dans lequel les jésuites et la congrégation n'étaient pas épargnés. Obligé de modifier sa proposition, qui d'ailleurs fut ajournée, il la renouvela dans le mois de février de l'année suivante. Il

eut une part très-active, malgré son grand âge, à la révolution de 1830: mais le chagrin qu'il éprouva de ne pas en voir adopter les conséquences suivant ses opinions, le mena au tombeau en 1831.

LABÉ (Louise), connue sous le nom de la belle Cordière, naquit à Lyon en 1526. Douée de tous les agréments de son sexe, elle y joignit les qualités qui sont l'apanage de l'autre. Fort jeune e core, elle savait le grec, le latin, l'italien et l'espagnol; elle etait forte en équitation, et il semble que ce soit cette par tie de son éducation qu'elle ait mise d'abord à profit, puisque, dès seize ans, nous la voyons suivre à l'armée son pere, qui y avait un emploi, et au siège de Perpignan (1542) donner des preuves d'une bravoure qui la fit surnommer e capitaine Loys. Elle quitta cependant bientôt le métier des armes, pour reve nir à Lyon, où elle se livra à son goût pour les lettres, qui fut plus sincère et plus durable que sa passion chevaleresque. Mais, sans fortune, elle eut bientôt épuisé ses ressources, et elle était pres de la misère, quand un riche marchand de cordages, nommé Ennemond Perrin, lui fit l'offre de sa main. L'accroisse ment de sa fortune lui permit alors de se livrer entièrement à l'étude et aux beaux-arts. Elle eut, dit-on, à cette épo que, où, malgré la découverte de l'inprimerie, les livres étaient encore si rares,une excellente bibliothèque composee des meilleurs ouvrages grecs, latins, it liens, espagnols et français. Sa beaute, son remarquable talent pour la musique, son esprit distingué, ses poésies, la redirent célèbre. Sa maison devint le re dez-vous des hommes distingués qui se trouvaient à Lyon. De superbes jardins qu'elle possédait près de la place Bele cour, dans une rue qui aujourd'h ́s encore porte le nom de rue Belle Cor dière, se virent tranformés en academie. Louise Labé mourut en 1566. Son mari, qui était mort avant ele, l'avait instituée héritière de tous ses biens.

Il reste de la belle Cordière trois ele gies, vingt-quatre sonnets, dont le pre mier est en italien, et une espece de drame avant pour titre : Débat de la F lie et de l'Amour. On lit encore ave

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