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KAIRE. Voyez CAIRE.

K.

KAISERSBERG, ancienne ville libre impériale d'Alsace, aujourd'hui comprise dans le département du HautRhin, arrondissement de Colmar. Population: 3,050 habitants.

Cette ville dut sa prospérité et pour ainsi dire son existence à Wolfelin, préfet de la province pour l'empereur Frédéric II, pendant la première moitié du treizième siècle. Ce gouverneur, qu'on a surnommé le Thésée de l'Alsace, releva le château dont on voit encore les ruines sur la montagne, et où Frédéric vint souvent tenir sa cour. Ce château était affecté à l'officier chargé de défendre la ville et de garder les passages de la Lorraine en Alsace, fonction qui a subsisté jusqu'au dixseptième siècle. Cet officier avait le droit de donner un prévôt à la ville, mais à condition qu'il serait agréé par les magistrats et leur prêterait serment. Kaisersberg reçut ses franchises et priviléges d'Adolphe de Nassau, empereur, en 1293. Son sénat était composé de quatre consuls, six sénateurs et quatre tribuns. Elle dépendait du diocèse de Bale. A l'époque de la réforme, elle se distingua par un zèle catholique poussé jusqu'à un fanatisme souvent cruel. Les bourgeois ne souffrirent dans leur ville que des habitants fidèles à l'ancienne foi, et le P. Laguille rapporte que même en 1720, celui qui voulait être admis au corps de bourgeoisie devait jurer avec sa femme qu'il serait toujours catholique.

La ville fut prise par les Suédois du maréchal Horn, pendant la guerre de Trente ans. La possession en fut assurée à la France, avec celle des autres villes impériales de la province, par le traité de Munster.

KAISERSLAUTERN (combats de). Kaiserslautern, ville de la Bavière rhémane, bâtie sur la montagne de Hardt, près de la Lauter, et dans les défilés du Volga qui conduisent à Landau et à Mayence, est célèbre par les combats ivrés près de ses murs pendant les prenieres guerres de la révolution. Ce fut que, les 28, 29 et 30 novembre 1793,

Brunswick parvint, par une suite de petits combats, à repousser une division de l'armée de la Moselle, commandée par Hoche. Landau n'en fut pas moins débloqué un mois plus tard.

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Une seconde affaire eut lieu sur le même champ de bataille, tandis que les Français remportaient un avantage marqué sur les coalisés à Schifferstadt, le 23 mai 1794. Les Prussiens emportèrent le poste de Kaiserslautern, où la droite de Moreau fut accablée et dispersée. Mais ils l'évacuèrent le 17 juillet 1794, après avoir été défaits à Tristadt, en y laissant de nombreux magasins de munitions et de vivres.

Ils s'en emparèrent de nouveau par surprise dans la nuit du 16 au 17 septembre de la même année; mais ils n'y demeurèrent pas longtemps. Le général Michaud les en chassa le 27.

KAISERSSTUHL (combat de). — Masséna se repliant sur Zurich (mai 1799), l'archiduc voulut, dans la nuit du 23 au 24, percer sa ligne en jetant des forces assez considérables sur la rive gauche du Rhin, depuis Coblentz jusqu'à Kaisersstuhl; mais il fut obligé de repasser le fleuve avec précipitation. On poursuivit les Autrichiens avec une telle vigueur, que, se retirant en désordre sans avoir eu le temps d'établir un pont, ils perdirent cinq cents hommes, et virent beaucoup des leurs se noyer dans le Rhin (24 mai 1799).

KAISERSWERT (siége de). - Les Français s'étant, en 1702, rendus maîtres de Kaiserswert, dans l'électorat de Cologne, le prince de Nassau en forma le siége. Le marquis de Blainville, qui en était gouverneur, ne capitula qu'après cinquante-neuf jours de tranchée ouverte (15 juin); le canon avait pulvérisé les remparts. Cependant les assiégés sortirent avec les honneurs de la guerre, et stipulèrent encore que ce qui demeurerait des fortifications serait rasé aux dépens des assiégeants.

KAMBOURG ou KERAMBOURG, ancienne châtellenie de la basse Bretagne, érigée en vicomté en 1554, en faveur de Claude de Malestroit. KAMLACH (combat de).

Au mois

d'août 1796, pendant que l'aile droite de l'armée de Rhin et Moselle s'emparait de Bregentz et de Lindau, une de ses divisions rencontra le corps des émigrés de Condé à Kamlach, vers Memmingen. Le général Abattucci engagea un premier combat qui fut tout à son avantage. Mais animés par les marques de mépris que leur prodiguaient les Autrichiens, les émigrés résolurent de se venger de ces dédains par un coup d'éclat. Pour réussir plus sûrement, ils veulent joindre la ruse à la force; à la faveur de la nuit, quelques-uns d'entre eux s'introduisent dans les rangs des Français. L'avant-garde d'Abattucci est attaquée à deux heures du matin; ses avant-postes sont repoussés. Un combat violent s'engage entre les émigrés et l'infanterie légère; le succès est longtemps incertain. Les émigrés qui s'étaient introduits dans les rangs, avaient beau crier : Nous sommes trahis! Sauve qui peut ! les soldats les reconnaissent, et les assomment à coups de crosse de fusil. Accablée par des for ces supérieures, la 3 demi-brigade d'infanterie légère, quoiqu'elle se défendit avec acharnement, eût enfin cédé au nombre, si la 89, placée en échelons, ne l'eût soutenue. Mais, repoussé alors de toutes parts, le corps des chasseurs nobles émigrés fut presque entièrement détruit; cinq cent soixante et douze furent enterrés sur le champ de bataille, douze à treize cents furent blessés (13 août 1796).

KARMIDTJEN (Combat de). Quelques jours avant la bataille de Pultusk (décembre 1806), Bessières occupait Biezun avec le second corps de cavalerie de la grande armée. Les alliés sentant que le projet de l'empereur était de séparer leurs forces, résolurent d'attaquer, et débouchèrent sur plusieurs routes. Déjà l'ennemi était maître du village de Karmidtjen, quand le maréchal donna à Grouchy l'ordre de s'y porter avec sa division. Aussitôt la ligne des alliés est rompue; toute leur infanterie et leur cavalerie, au nombre de six mille hommes, est enfoncée et jetée dans les marais. Cinq cents prisonniers, cinq pièces de canon et deux étendards russes furent les résultats de cet avantage (23 decembre 1806).

KARNAC. Voy. CARNAC. KASTRICUM. Voyez CASTRICUM. KATZAND (prise de l'ile de). Vers milieu du mois de juillet 1794 (therm dor an 2), les troupes de la républie s'emparèrent de cette île, qui leur exvrit le chemin de la Hollande. Dar cette occasion, les canonniers réput cains se signalèrent par un trait da dace qui ne paraît pas avoir été surpass pendant les campagnes de l'empire.L.sant leurs canons sur la rive français. ils passèrent à la nage sur la rive er mie, et, chose presque incroyable, n'e parvinrent pas moins à se rendre mo tres de l'artillerie des coalisés. 70 pienes de canon, dont un tiers en bronze. rent les trophées de la bataille de Kotzand.

KATZBACH (bataille de la). Le 24 avêt 1813, lendemain du combat de Goldberg, l'empereur, persuadé que Bluter voulait éviter un engagement general. et satisfait de l'avoir rejeté sur la rive droite de la Katzbach, laissa sur la rive gauche, aux ordres du maréchal Mardo nald, les 3o, 5o et 11° corps, plus le 2 de cavalerie, et s'en retourna vers Dresde que menaçait la principale armée de lies. Blücher, ne se voyant attaqué ni le 24, ni le 25, en conclut que Napolean s'était éloigné, et probablement aval emmené quelques troupes avec lui, de ble circonstance qui le détermina re prendre aussitôt l'offensive. Dans la soirée du 25, ne laissant à Jauer, où il s'était rallié le 23, qu'un de ses corps, celui d'York, il porta les deux autres, ceux de Sacken et de Langeron, à M litick et à Hermsdorf. Puis le 26, ves deux heures de l'après-midi, toute armée s'ébranla pour repasser la K bach, entre Liegnitz et Goldberg. Sacked et York devaient assaillir le 3 corps, tandis que Langeron se dirigerat su Prausnitz, pour contenir le 5 et le 11 corps. Or, Macdonald avait auss solu d'attaquer le même jour. Cro que l'ennemi était encore concentre) tour de Jauer, il y dirigea le 5 c par Seichau et Hennersdorf, excep division Puthod, qui marcha par Se nau, le 3 par Neudorf et Tschernike le 11 par la rive droite de la Wüll Neiss, et la cavalerie par la rive ga

Une pluie abondante qui tombait

puis 48 heures déroba aux deux armées leurs mouvements respectifs. A peine les alliés s'ébranlaient-ils,qu'on vint annoncer à Blücher que toutes les troupes françaises avaient franchi la Katzbach, et que déjà le 5 corps attaquait vivement Langeron. Le général prussien fit aussitôt ses dispositions pour le combat. La principale fut d'établir Sacken derrière le plateau qui s'étend à gauche d'Eicholz, et de placer deux fortes batteries sur les hauteurs voisines. Il était trois heures. Macdonald, jugeant par les masses mises en action, qu'il avait affaire à toute l'armée ennemie, se hâta de disposer la sienne. Tandis que le 11 corps se développait entre Weinberg et Klein-Tintz, le 3, qui était aux ordres de Souham, et la cavalerie, que Sébastiani commandait, reçurent ordre de faire diligence pour entrer en ligne. Malheureusement, Souham, pour arriver plus tôt, se dirigea par Kroitsch et Nieder-Krayn. C'était la direction que Sébastiani suivait déjà, et ils se rencontrèrent dans le premier de ces deux villages, d'où provint un encombrement qui influa beaucoup sur la fatale issue de la journée. Notre droite s'appuyait à la Wüthende-Neiss, mais notre gauche restait absolument en l'air. Cette faute, Blücher en profita sur-le champ. La cavalerie de Sacken et partie de celle d'York attaquèrent de front l'extrême gauche du 1e corps, pendant qu'un fort détachement de Cosaques la prit de flanc par Eicholz, et qu'un autre la tourna par Klein-Tintz. En même temps, l'infanterie d'York se deploya vers Weinberg. Les régiments de Sebastiani, trouvant la route de Kroitsch a Nieder-Krayn encombrée par l'artillerie, les équipages et les divisions du 3o corps, n'arrivėrent que lentement, que successivement, et ne purent fournir que des charges partielles qui toutes furent repoussées avec avantage par la cavalerie ennemie, bien supérieure en nombre. Deux brigades du 3 corps, débouchant à la fin de Nieder-Krayn, essayèrent en vain d'appuyer quelques-unes des charges françaises; elles furent refoulées avec la cavalerie au delà du village, et e parc, les bagages du 11 corps, tomDèrent au pouvoir des Prussiens... Maclonald, ne pouvant plus que rétrograder

vers la Katzbach, prit la direction du gué de Schmochowitz. Pour n'être pas inquiété dans sa retraite, il ordonna au 11 corps de continuer à tenir le plus longtemps possible, et à deux divisions du 3, qui n'avaient pas encore donné, d'opérer une diversion contre Sacken. Grâce à ces mesures, dont toutefois l'exécution coûta des flots de sang, Macdonald ramena dans la nuit les restes de son armée à la rive gauche de la Katzbach, et, le jour suivant, marcha sur Buntzlau. La division Puthod, qui, avons-nous dit, avait été détachée dans la journée du 26, pour se porter par Schonau et Jauer sur les derrières des alliés, rétrograda dès qu'elle sut la perte de la bataille; mais elle ne put hi rallier le 5 corps à Goldsberg, ni trouver un passage à Hirschberg. Obligée de se rabattre sur Lowenberg, elle fut entourée par l'ennemi, et malgré ses courageux efforts pour se faire jour, déposa les armes. Cette perte, et celle du champ de bataille, affaiblirent Macdonald d'environ 30.000 hommes et d'une centaine de canons. Nos annales militaires offrent peu d'exemples de défaites aussi terribles.

KEHL (siéges de). Cette petite ville badoise, située sur la rive droite du Rhin, en face de Strasbourg, à l'extrémité du pont de bateaux, fut fortifiée au commencement de la guerre de Trente ans. Elle appartenait à la ville libre de Strasbourg, lorsque le maréchal de Créqui la prit d'assaut en 1678, et en rasa les fortifications. Après la réunion de Strasbourg à la France (1681), Vauban comprit cette localite dans le système qu'il imagina pour la défense de la place, et y construisit des ouvrages. A la paix de Ryswick (1697), Louis XIV rendit Keh! à l'Empire. En 1702, Villars vint l'assiéger. La tranchée fut ouverte le 25 février. I poussa les approches avec tant de vigueur, que la garnison, composée de 3,000 hommes, capitula le 9 mars. •

Rendu par la paix de Rastadt, ce fort fut encore assiégé par le maréchal de Berwick en 1733. Il fit quelque résistance; mais enfin, le 28 octobre, la garnison en sortit par capitulation. Les vainqueurs y trouvèrent 26 canons, beaucoup de poudre, de boulets, etc.

Kehl fut de nouveau cédé à l'Empire en

1737.

- L'armée de Rhin-et-Moselle avait été forcée de repasser le Rhin en 1796. Moreau résolut de porter de nouveau la guerre sur le territoire de l'ennemi. Dans la journée du 23 juin, tous les préparatifs du passage étant terminés, il fait embarquer ses troupes à minuit. Les premiers bataillons enlevèrent les redoutes après une résistance très-vigoureuse. Dans la journée du 24, on travailla à la construction d'un pont de bateaux. Les tirailleurs suffirent pour chasser les Autrichiens du fort, de la ville et du village de Kehl. A dix heures du matin, l'ennemi fuyait sur la route d'Offembourg. Les Français ne perdirent pas 200 hommes, tandis que les Autrichiens laissèrent sur le champ de bataille 600 hommes tués ou blessés, 500 prisonniers, 2,000 fusils, 13 canons. On releva les anciennes forfications de Kehl, et l'on y ajouta quelques redoutes et un camp retranché.

L'étendue de ces ouvrages aurait demandé une garnison nombreuse. Cependant la place n'était gardée que par 500 hommes. Le 18 septembre 1796, avant le point du jour, Kehl fut vivement attaquée par trois colonnes autrichiennes, qui en peu de temps s'en emparèrent. Cependant, au premier coup de canon, la générale fut battue dans Strasbourg; la garde nationale se réunit; les batteries de l'autre côté du Rhin firent un feu terrible, tandis que les troupes de Strasbourg arrivaient au pas de charge. Les Impériaux, partout repoussés, poursuivis avec vigueur, furent chassés à dix heures des dernières maisons et des derniers ouvrages de Kehl: 650 d'entre eux périrent dans cette jour née, 300 demeurèrent prisonniers.

Des remparts de terre, un camp retranché à peine palissadé, des ouvrages avancés encore informes, paraissaient peu dignes des honneurs d'un siége en règle; néanmoins, gardés par des Français, ils étaient un sujet continuel d'inquiétude pour les Autrichiens. Une armée formidable fut dirigée sur cette ville. Moreau en confia la défense à Desaix, qui avait déjà dirigé les mouvements de l'attaque du mois de juin. Pendant deux

mois (*), les attaques de l'ennemi furent repoussées avec une valeur et une habileté admirables. Les moindres avanta ges coûtaient si cher aux ennemis, qu'ils avaient résolu de ne risquer aucune attaque de vive force. On les vit marcher à la sape sur des masures de redoutes, les environner de tranchées, de batte ries, et y déployer tout l'appareil d'un siége en règle. Desaix ne se rendit que quand le fort ne fut plus qu'un monceau de ruines, et ce fut lui qui dicta les con ditions de la capitulation, le 9 janvier 1797. (Voyez DESAIX.)

Moreau franchit encore une fois Rhin, le 24 avril 1797, vers Diersheim (voyez ce mot). Cinquante dragons se présentèrent alors devant Kehl, et la garnison que les Autrichiens y avaient laissée se rendit prisonnière.

Cette ville resta à la France jusqu'en 1814. A cette époque, après avoir sou tenu un blocus assez long, elle fut cedée au grand-duc de Bade.

KELLERMANN (François-Christophe), duc de Valmy, maréchal de France, na quit à Strasbourg, le 30 mai 1735. Il s'enrôla comme volontaire en 1752, et fit la guerre de Sept ans, où il gagna le grade de capitaine. Après differentes missions à l'étranger, il fut en 1771 l'un des officiers que Louis XV envoya en Pologne pour seconder la confederation de Bar, et se distingua particulièrement au combat de Cracovie. Fait lieutenautcolonel à sa rentrée en France, il devint colonel en 1784, et maréchal de camp l'année suivante. En 1789, il embrassa avec ardeur la cause de la révolu tion, fut investi en 1791 du comm dement de l'Alsace, et déjoua toutes les intelligences que le prince de Conde et le vicomte de Mirabeau entretenaient

sur cette frontière.

Mis, en 1792, à la tête des troupes qu se rassemblaient au camp de Neukirk. sur la Sarre, il couvrit avec sa petite armée de 10,000 hommes l'Alsace et une partie de la Lorraine, et preserva ces provinces des dévastations méditées par les Autrichiens, qui, au nombre de 36,000, avaient franchi le Rhin pres

(*) C'est par erreur qu'à l'article Des on a dit six mois.

Spire. Nommé le 28 août au commandement en chef de l'armée du centre, il s'ébranla dès le 4 du mois suivant, pour aller se réunir à Dumouriez dans les plaines de la Champagne, et opéra sa jonction le 19. Placé sur les bords de l'Auve, l'apparition inattendue des alliés l'obligea de chercher, le jour même, un champ de bataille moins désavantageux, et il s'arrêta sur les hauteurs de Valmy. Attaqué le lendemain, et voyant la bonne contenance de ses troupes, Kellermann mit son chapeau sur la pointe de son sabre, puis, l'élevant en l'air, s'écria: Vive la nation! Ce cri, répété dans tous les rangs avec le plus vif enthousiasme, frappa l'ennemi de stupeur, et devint le signal de l'éclatante victoire que 24,000 Français remportèrent contre 100,000 Austro-Prussiens.

Employé ensuite, sous Custine, à l'armée de la Moselle, Kellermann fut dénoncé par ce général pour ne pas s'être emparé de Trêves et de Mayence. Il parut le 14 novembre à la barre de la Convention, protesta hautement de son patriotisme, et fut absous. Au commencement de 1793, sur une nouvelle dénonciation de Custine, encore moins fondée que la première, le comité exécutif manda une seconde fois Kellermann à Paris pour lui faire expliquer sa conduite. Un décret du 18 mai le déclara encore innocent, et trois jours après, il fut nommé général en chef de l'armée des Alpes et d'Italie.

Il venait d'arriver à son poste, et s'occupait activement de maintenir cette frontière intacte, lorsqu'il reçut l'ordre d'envoyer une partie considérable de ses forces devant Lyon. Bientôt il dut venir lui-même présider au siége de la cité rebelle. Mais au bout de quelques jours, se souciant peu de prendre part à la guerre civile, et d'ailleurs n'ignorant pas que les Lyonnais étaient encouragés dans leur résistance par l'espoir que les Piémontais forceraient la ligne du mont Blanc et viendraient les secourir, il voulut laisser le commandement des troupes assiégeantes au général Dumuy, et retourner à son armée : les représentants du peuple exigèrent qu'il demeurât. En vain écrivit-il au comité exécutif que c'était à la frontière qu'on prendrait Lyon. Ce fut seulement lorsque nos

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troupes, attaquées par des forces supérieures, se replièrent, et que les Piémontais firent irruption par la vallée de Salanches, qu'on permit à Kellermann de s'éloigner pendant trois jours. Sa présence rendit le courage à ses soldats, qui reprirent l'offensive. Le troisième jour, il était revenu à Lyon; mais le 28 août il en repartait pour repousser les Piémontais, qui, après s'être déjà avancés jusqu'à Bonneville, menaçaient Annecy et Chambéry. Avec 8,000 hommes, il les chassa de la Tarentaise et de la Maurienne, et ses prédictions s'accomplirent: Lyon capitula le lendemain de la fuite de l'armée piémontaise.

Rien cependant ne put, à ce qu'il paraît, contre-balancer l'impression qu'avait produite sur les membres du gouvernement la répugnance de Kellermann à réduire Lyon par les armes. Il fut destitué le 18 octobre, et enfermé à l'Abbaye, où il resta 13 mois. Acquitté au bout de ce temps, et replacé à la tête de l'armée des Alpes et de l'Italie, il arrêta, par sa résistance opiniâtre dans 20 combats, la marche des Autrichiens sur la Provence, et parvint à établir une ligne devant laquelle échouèrent tous leurs efforts. La conquête de l'Italie par Bonaparte restreignit l'importance du commandement de Kellermann; mais le vieux capitaine seconda de son mieux le jeune héros, et l'aida toujours, soit à vaincre, soit à conserver les fruits de ses victoires. Aussi, quand Bonaparte fut arrivé au pouvoir suprême, Kellermann, quoiqu'il eût peu participé au 18 brumaire, devint successivement sénateur, président du sénat, maréchal de France, duc de Valmy. Toutefois, sans doute à cause de son âge déjà avancé, il ne commanda plus, de 1804 à 1813, que des armées de réserve ou des corps d'observation.

En 1814, Kellermann, comme tous les grands dignitaires de l'empire, vota la déchéance de l'empereur, et se montra prêt à servir le gouvernement royal. Après la première restauration, il échangea son titre de sénateur contre celui de pair. Resté sans fonctions pendant les cent jours, il reprit, lors du deuxième retour des Bourbons, sa place à la chambre haute, où du moins il fit cause commune avec les défenseurs de nos libertés

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