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et

de Tunis, on les arrêta en 1332, et les uns furent brûlés vifs, les autres chassés; les plus riches se rachetèrent moyennant 15,000 livres. En 1350, le roi Jean leur permit de rentrer, sept ans plus tard il les bannit de nouveau. En 1360 il les rappela, et leur permit de demeurer en France pendant 20 ans. Cette permission fut plus tard prolongée pour 6, puis pour 10 ans. Lors des troubles qui éclatèrent à Paris en 1380 et en 1381 (*), les juifs eurent beaucoup à souffrir de la fureur populaire excitée par les nobles, qui trouvèrent ainsi le moyen de les faire renoncer à leurs créances.

En 1394, Charles VI, par des lettres du 17 septembre, les chassa de son royaume à perpétuité, en leur accordant seulement, ce qui n'avait jamais été fait jusque-là, un mois pour régler leurs affaires; mais, au bout de ce délai, ils devaient être conduits en sûreté avec leurs biens à la frontière qu'ils désigne raient. Un grand nombre s'établirent à Metz, et lorsque plus tard cette ville fut réunie à la France, ils y furent maintenus dans leurs priviléges.

Au milieu du quinzième siècle, on vit arriver en France les juifs portugais, et Henri II, par des lettres patentes du mois d'août 1550, les naturalisa en France « sous le nom de nouveaux chrétiens, qu'ils avoient en ce pays.» Ces lettres furent successivement confirmées par Henri III (novembre 1574), par Louis XIV (décembre 1656), par Louis XV (juin 1723), et par Louis XVI (juin 1776) (**). A la fin du dix-huitième siècle, c'était encore seulement à des conditions humiliantes ou onéreuses qu'on accordait aux juifs la faculté de se livrer au commerce ou de s'établir dans cer

(*) Ce fut seulement à cette époque que fut abrogée la loi d'après laquelle le gouvernement confisquait comme mal acquis tous les biens des juifs qui embrassaient le christianisme. Suivant le président Hénault, cette loi n'avait d'autre but que d'indemniser le seigneur de la terre où demeurait le juif converti; car la liberté qu'il obtenait par sa conversion, privait le seigneur du droit de propriété qu'il possédait sur sa personne.

(**) Voyez le petit livre intitulé: Priviléges dont les juifs portugais jouissent en France depuis 1550, Paris, 1777, in-12.

T. IX. 48 Livraison. (DICT.

taines provinces. En 1715, on avait imposé sur chaque famille juive établie dans la généralité de Metz une redevance annuelle de 40 livres; cette taxe fut convertie plus tard en une somme annuelle de 20,000 livres, que les élus et syndics de la communauté percevaient sur environ 50 familles. Dans le reste de la Lorraine, 180 familles dont l'établissement y était toléré payaient chacune une taxe de 55 livres, ou environ 10,000 livres par année. En Alsace, la redevance était perçue à raison de 10 florins et demi, ou 38 livres environ par famille, au profit du domaine, sans préjudice des droits des seigneurs particuliers, qui étaient fixés à une somme égale. Ces redevances s'élevaient environ à 80,000 livres. On ne sait rien de positif sur la valeur des taxes auxquelles étaient soumis les juifs d'Avignon et ceux qui composaient la population de Saint-Esprit, près Bayonne.

A la révolution, les juifs sortirent enfin de l'état humiliant où ils avaient été plongés pendant une si longue suite de siècles. Un grand sanhédrin fut assemblé dès les premières années de l'empire, et d'après les instructions de Napoléon, abolit certaines coutumes prescrites par la loi de Moïse, coutumes qui ne pouvaient concorder avec le Code civil. Aujourd'hui, les juifs sont rentrés dans le droit commun, et malgré le goût dominant qui entraîne le plus grand nombre d'entre eux vers le commerce, la banque et surtout l'usure, ils ont déjà produit dans les arts, les lettres et les sciences, un assez grand nombre d'hommes distingués.

JUIGNÉ, ancienne seigneurie du Maine, qui, réunie à la châtellenie de Champagne, fut érigée en baronnie en 1615. C'est aujourd'hui une commune du département de Maine-et-Loire.

JUILLET (journée du 14). Voyez Bas

TILLE.

JUILLET (journées des 27, 28 et 29). Voyez RÉVOLUTION DE Juillet.

JUIN 1792 (journée du 20). Voy. GI

RONDINS.

JUIN 1793 (journée du 2). Voy. CONVENTION, GIRONDINS et COMMISSION

DES 12.

JUILLI-LE-CHATEL, ancienne châtelENCYCL., ETC.)

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lenie située près de Troyes, qui fut unie à la terre de Vaux, et érigée en comté, en 1715.

JUILLY, village du département de Seine-et-Marne, arrondissement de Meaux, célèbre par un établissement d'éducation qui y existe depuis plus de deux siècles, et est par conséquent l'un des plus anciens de France.

En 1182, un seigneur du nom de Foucauld de St-Denis, ayant perdu un fils bien-aimé, fit bâtir à son intention dans cet endroit une église où il établit quelques chanoines réguliers, avec un revenu suffisant pour assurer le service divin. Cette église fut, à la requête du fondateur, érigée en abbaye l'an 1191, et c'est là que fut déposé, en 1555, le cœur du roi de Navarre Henri d'Albret. En 1638, l'abbaye de Juilly, par suite de la réforme des maisons de chanoines réguliers, fut réunie à la congrégation de l'Oratoire, et le 3 novembre suivant, le P. de Condron, qui avait succédé, comme général de l'ordre, au cardinal de Bérulle, fonda le collége. Cet établissement ne tarda pas à jouir d'une grande réputation, tant pour les études solides qu'y faisait la jeunesse que pour les principes d'ordre qu'elle y puisait. Aussi

venu trop pesant pour leur âge. Ils dèrent en 1828 le college de Juilly a deux anciens aumôniers de l'Univer sité, les abbés de Scorbiac et de Sains qui, après l'avoir dirigé avec des succes divers pendant 12 ans, l'ont eux-mêmes en 1841, cédé à une société de savars ecclésiastiques à la tête de laquelle est l'abbé Bautain. La maison actuelle Juilly a le caractère d'institution plein exercice, et est sans doute appe lée à rendre encore d'importants serv ces à la cause de l'éducation.

JULIEN (Aignan-Stanislas), orienta liste, né à Orléans le 21 septembre 1796 perdit son père de bonne heure. Samere se remaria, et le goût du jeune Stan las pour l'étude fut longtemps contr rié par son beau-père. Ce fut seulement à l'âge de 13 ans qu'il reçut ses premeres leçons de latin. Il allait furtivement ies prendre chez un maître particulier. Efin, il entra au collège d'Orléans, avait fait quatre classes en dix mois. quand sa mère mourut. Son tuteur le destinait à l'état ecclésiastique; plaça au séminaire, et ce fut là qu apprit le grec, non-seulement sans mai tre, mais même à l'insu de ses spe rieurs, peur qui une étude étrangère

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recut-il de Louis XIII, l'année même programme était une transgression de

de sa fondation, le titre d'académie royale. Juilly, jusqu'à l'époque de la

règlement. Cependant
sa perseveranc
finit par être récompensée;

une chairs

que

faisant

première révolution, fut le principal de grec fut créée au séminaire, college de l'Oratoire, et de plus une maison de retraite dont le silence et le recueillement, favorables à la méditation et à l'étude, attirèrent tour à tour tous les écrivains, tous les savants illustres que cette congrégation a produits en si grand nombre.

M. Julien la remplit, bien encore sa philosophie. Mais il vait pas la vocation ecclésiastique. E 1821, il vint à Paris avec l'intention d'e trer dans l'enseignement. Bientôt de venu l'ami de M. Gail, à qui il avaitete recommandé, il fut aussi son supplear! Lorsque la révolution eut dispersé les dans la chaire de littérature grecque, ordres religieux, les bâtiments et le

lui dédia la publication par laquele parc de Juilly furent rachetés par l'un débuta dans le monde savant, la tr des pères, auquel s'associèrent plus tard duction du poëme grec de l'Enlere

plusieurs autres anciens oratoriens, pour restaurer leur college, et même

ment d'Hélène, par Coluthus. En 1822, M. Julien suivait le cours avec l'espérance d'y reconstituer leur chinois de M. Abel Rémusat.Ses progr

congrégation, dont ce lieu avait été en furent si rapides, qu'au bout de 6 m quelque sorte le centre. Les études en il présenta à la société asiatique le pre effet y reprirent leur cours, et rappelè- mier livre de sa traduction latine du p l'ordre ne se recruta pas, et ses derniers fit imprimer à ses frais. La même rent l'ancienne splendeur de Juilly; mais losophe Meng-seu, ouvrage que la societ née, M. Julien donnait quelques trad tions du grec moderne, la Lyre patro qui ils pussent remettre un fardeau de- tique de la Grece, de Kalvos de Zaut

représentants durent chercher en dehors

de leur congrégation des successeurs à

et le Dithyrambe sur la liberté, de D. Salomos. Au mois d'août 1827, il était nommé sous-bibliothécaire de l'Institut. Appelé, en juillet 1832, à remplir la place que la mort prématurée de M. Rémusat laissait au collège de France, il publia la même année la traduction du drame chinois l'Histoire du cercle de craie (Hoei-lan-ki). En 1833, époque de son entrée à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, il fit paraître deux nouvelles traductions de la langue dont l'étude était devenue l'objet de sa vie, le drame de l'Orphelin de la Chine (Thao-chi-kou-cul), dont plusieurs passages avaient jusqu'alors défié la sagacité des sinologues européens, et le roman de Blanche et bleue, ou les deux couleuvres fées (Pé-ché-ts'ing-ki), qui nous initie au genre de merveilleux auquel se complait l'imagination des Chiois. Il publia encore en 1835 le Livre les récompenses et des peines (K'anng-p'ien); en 1837, un Résumé des rincipaux traités chinois sur la culure des mûriers et l'éducation des ers à soie, et en 1841, l'ouvrage du hilosophe Lao-tseu, le Livre de la voie t de la vérité (Tao-te-king). Quant à 1 polémique qui dure depuis trois ans ntre M. Julien et M. Pauthier au sut de certains points de philologie chioise, nous devons dire que les amis e la science, comme ceux de ces deux ivants, ne peuvent que profondément déplorer. M. Julien est chargé, avec titre de conservateur adjoint, du déit des livres chinois à la bibliothèque yale.

JULIEN (Jean), ministre protestant, à Nîmes, mais connu sous le nom Julien de Toulouse, parce qu'il fut u député de cette ville à la Convention tionale. Il se rangea, dans cette asmblée, du côté de la Montagne, et ta la mort du roi. Le 21 février, il télu secrétaire de l'assemblée, et enyé à Orléans et en Vendée, en qualité commissaire.

Lorsque Gobel vint, avec son clergé, jurer à la tribune de la Convention principes du catholicisme, Julien, devoir se faire, dans cette honteuse gie, le représentant du protestanme, et abjurer à son tour les croyanqu'il avait jusque-là professées.

Le 25 août, il demanda que l'on soumît à un sévère examen la conduite des administrateurs de la Compagnie des Indes, qu'il accusa d'avoir prêté à Louis XVI des sommes considérables, pour l'aider à opérer la contre-révolution.

Le rapport qu'il fit ensuite, en qualité de membre du comité de sûreté générale, sur les administrations qui avaient pris part à la rébellion des girondins après le 31 mai, fut violemment attaqué, et le conseil général de la Commune, auquel il eut l'imprudence de l'envoyer, ordonna qu'il serait brûlé dans une de ses séances. Du reste, il est permis de croire que les convictions qui le lui avaient dicté n'étaient pas bien vives, car il se hâta de rétracter tout ce qu'il y avait avancé de contraire aux principes de la Montagne.

Cependant, il avait atteint le but qu'il se proposait, en attaquant les administrateurs de la Compagnie des Indes et les fournisseurs; il les avait amenés à lui faire des propositions. Accusé, ainsi que Chabot, Delaunay et Basire, de s'être laissé corrompre à prix d'argent, pour falsifier un décret de la Convention, il fut, avec eux, condamné à mort, mais seulement par contumace, car il était parvenu à échapper par la fuite au décret de prise de corps lancé contre lui et ses complices.

Il reparut après le 9 thermidor, demanda sa réintégration, et finit par l'obtenir. Mais il ne rentra pas à la Convention, où il avait été remplacé par un suppléant. Nommé, au 30 prairial, membre de la municipalité, ce fut lui qui rédigea l'adresse envoyée par le club de la rue du Bac au Conseil des CinqCents, pour demander de déclarer la patrie en danger. Après le 18 brumaire, il fut du nombre des hommes dont Sieyès demanda la proscription. Arrêté en conséquence, il fut détenu pendant quelque temps. Lorsqu'il fut rendu à la liberté, il se retira à Turin, où il exerça la profession d'avocat. Il revint en France en 1814, et exerça la même profession à Embrun, où il mourut peu de temps après.

JULIEN (Pierre), statuaire, membre de l'Institut, naquit en 1731, d'une famille de cultivateurs, à Saint-Paulien (Haute-Loire), et étudia à Lyon sous

l'architecte Pérache, et à Paris sous Coustou. Ayant obtenu le grand prix de sculpture en 1765, il fit trois ans après le voyage de Rome.

le nom de Julien de Parme, naquit et 1736, dans un village des environs de Toulon, ou, suivant d'autres, dans un hameau près d'Aix en Provence. Il étu dia son art à Marseille sous Dandre Bardou, et à Paris sous Carle Vanios. Ayant fait le voyage de Rome, il fre quenta pendant dix années l'école d rigée par Natoire, et s'efforça vain ment d'en faire disparaître le mauvais goût. Son désaccord avec l'école d'alon lui valut le surnom de Julien l'Apostat, qui aujourd'hui est l'un de ses plus beaux titres de gloire. Le duc de Parme, qui appréciait mieux ses talents, combla de bienfaits: ce fut par re naissance qu'il prit le nom de Julien de Parme, qu'il conserva toute sa vie. I revint à Paris à l'âge de quarante ans, et travailla sans relâche à opérer la reforme qu'il a pu voir s'accomplir.

Le duc de Mancini-Nivernois se l'attacha, l'occupa à peindre les tableaux qui devaient orner la galerie de sa ma son rue de Tournon, et lui assura une pension viagère. Julien composa apsi plusieurs ouvrages, entre autres un piter endormi entre les bras de Junos sur le mont Ida, lequel fut plus tard acheté par le sculpteur Dejoux.

A son retour, Coustou, afin de pouvoir profiter de ses talents, lui persuada qu'il n'était pas assez formé pour se mettre sur les rangs de l'Académie. Mais il avait atteint sa 45° année: il était temps de prendre place parmi les artistes. Encouragé par ses amis, et comptant peut-être trop sur l'appui de son maître, il présenta une figure de Ganymede versant le nectar. Les connaisseurs furent fort surpris d'apprendre qu'elle avait été rejetée; quant à Julien, il en fut tellement accablé, qu'il résolut d'abandonner son art, et sollicita du gouvernement l'emploi de sculpteur des proues de vaisseau à Rochefort. Il était sur le point de l'obtenir, lorsque, ranimé par quelques encouragements, il se décida à se mettre encore une fois sur les rangs, et présenta le modèle de son Guerrier mourant. Cette fois, le succès fut complet, et il fut reçu, l'année suivante, académicien sur le marbre de cette figure, qui réunit au plus rare degré la science de l'art, la grâce naturelle et la perfection du ciseau. M. d'Angevilliers avait conçu à cette époque l'idée de faire Julien vit pendant quelques années exécuter, aux frais du gouvernement, son modeste logement de la rue des les statues de nos grands hommes: Postes fréquenté par les grands; deux de ces statues, celles de la Fon- s'étant présenté à l'Académie de pein taine et du Poussin, furent confiées ture, il ne fut pas admis, et la foule ne se au ciseau de Julien. La manière dont porta plus chez lui. Il s'était assez écarte il s'acquitta de ce travail fait autant des routes battues pour déplaire d'honneur à son talent qu'au discer- démiciens; cependant, il faut dire aussi nement du ministre. Bientôt après, il que son crayon n'atteignit jamais la cor produisit sa charmante Baigneuse. Deux rection de dessin à laquelle est parvene bas-reliefs, Apollon chez Admète et l'école française depuis sa restauration. la chèvre Amalthée, accompagnaient Pendant que les académiciens ro cette statue. Sa Galatée fut regardée le repoussaient, la corporation des att comme la statue moderne de femme la plus parfaite que l'on connût; et M. d'An- Saint-Luc, faisait saisir ses meubles tres peintres, appelée Académie de gevilliers, jaloux d'encourager son ta- son atelier, parce qu'il ne s'était pas fait lent, allait le charger de travaux qui inscrire sur ses registres. Mancini parla eussent encore étendu sa gloire, lorsque de ce bizarre événement au ministre la révolution éclata. Julien, retiré pour Turgot, qui répara tout en détruisant ainsi dire en lui-même, bornait tous les maîtrises. La mort d'un de ses pre ses désirs à achever sa statue du Pous- tecteurs l'ayant réduit à se défaire d'un sin. Ses vœux furent remplis; mais il ne collection de dessins des premiers ma jouit pas longtemps du succès: il mou- tres d'Italie, il tomba dans une complete rut trois mois après avoir terminé son apathie. Enfin il avait perdu toutes œuvre, le 17 décembre 1804. ressources l'une après l'autre, quand ministre François de Neufchâteau le

JULIEN (Simon), peintre, connu sous

mals

aux ata

fit parvenir quelques secours. Il mourut d'apoplexie, le 23 février 1800. Outre son Jupiter, on cite encore de lui deux autres tableaux, le Triomphed Aurélien, et l'Aurore sortant des bras de Tithon.

JULLIEN (défense du fort). — Après la bataillé de Canope (21 mars 1801), les Anglo-Turcs marchèrent sur Rosette, dont Menou, malgré les instances du général Fugières, commandant de la place, s'obstina à ne point augmenter la garnison. Elle ne se composait que d'un bataillon de la 85° demi-brigade et de trois compagnies de la 61°, qui, ne pouvant résister aux forces considérables de l'ennemi, passèrent le 11 avril sur la rive droite du Nil, et se retirèrent à Fouah. Le fort Jullien, qui s'élève à l'embouchure du fleuve, resta livré à lui-même avec une garnison de 25 hommes, une compagnie d'invalides et quelques canonniers. Une colonne entièrement composée d'Anglais s'y porta et en forma le siége. Il résista pendant dix jours, et quand les Anglais virent sortir la poignée de braves qui venaient de faire une si belle défense, ils demandèrent avec étonnement si c'était bien là toute la garnison.

JULLIEN DE LA DROME (Marc-Antoine), né au Péage de Romans, dans le Dauphiné, en 1744, fut élu, en 1791, député suppléant à l'Assemblée législative, et, en 1792, membre de la Convention; il siégea avec la Montagne, dont il partagea tous les principes politiques, et mourut à Romans en 1821.

Son fils, Marc-Antoine JULLIEN, plus connu sous le nom de Jullien de Paris, est né à Paris en 1775. Homme de bien, zélé philanthrope, ami constant de la liberté, il n'était point fait pour les temps difficiles qu'il traversa, et il éprouva le sort réservé à tous les hommes qui, n'ayant pas compris que toute pensée indépendante qui ne prévaut pas embarrasse, prétendront se mêler aux affaires publiques sans s'engager sous aucun des drapeaux dominants; aussi sa vie fut-elle pleine de tribulations.

Il se trouva lié au sortir de l'enfance avec les la Rochefoucauld et les Condorcet, et reçut d'eux le baptême politique. Revenu d'Angleterre, où il fit, en

1792, un voyage de quelques mois, il fut nommé en 1793 agent supérieur pour le recrutement dans les Hautes et BassesPyrénées; puis, à la recommandation de Hérault de Séchelles, il fut envoyé en mission dans les départements de l'Ouest. Témoin dans le Midi des excès de Tallien, et à Nantes de ceux de Carrier, le jeune Jullien se prononça contre eux avec énergie. Rentrés à la Convention, ceux-ci se vengèrent en le faisant arrê ter. Ce ne fut que le commencement de ses mésaventures. Bientôt ce même Tallien devint chef de la terreur réactionnaire, et il trouva plaisant de rejeter sur l'imprudent critique ses propres méfaits. Heureusement, la plaisanterie ne prit pas; un arrêté du comité de salut public justifia Jullien, qui fut relâché après une détention de quatorze mois.

Après avoir concouru quelque temps à la rédaction de l'Orateur plébéien, il passa en Italie comme capitaine adjoint à l'état-major d'une légion italienne. Il entra alors en relation avec Bonaparte, qui lui fit rédiger le Courrier de l'armée d'Italie. Mais ses tendances et ses préoccupations convenaient peu au général; il ne tarda pas à être disgracié. Il fit cependant partie de l'expédition d'Égypte; mais une nouvelle disgrâce, jointe à une maladie qu'il éprouva à Rosette, le fit revenir. Débarqué à Livourne, il fit avec le général Championnet la campagne de Naples, et devint secrétaire général du gouvernement provisoire de la république parthénopéenne. Il reprit alors son projet favori, celui-là même qui l'avait brouillé avec Bonaparte, le projet d'une grande confédération italienne. Mais le rappel de Championnet, bientôt suivi de la retraite de nos troupes, ne tarda pas à mettre fin à ce rêve. Enveloppé dans la disgrâce de Championnet, lui-même fut arrêté et jeté dans le fort Saint-Edme.

De retour à Paris, M. Jullien, consulté par Bonaparte avant le 18 brumaire, désapprouva ce mouvement et y resta étranger. Sous le consulat et l'empire, il fut traité froidement et souvent disgracié. Il ne laissa pas d'être employé aux armées et chargé de diverses missions. Il fit avec le rang d'adjudant général les campagnes d'Ulm et d'Aus

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