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gnons de Henri III. Celui-ci, non content de le créer duc et pair, amiral de France, premier gentilhomme de la chambre et gouverneur de Normandie, lui donna en mariage Marguerite de Vaudemont-Lorraine, sœur de Louise de Vaudemont, sa femme, et fit la dépense des noces, qui coûtèrent 1,200,000 écus, somme exorbitante pour la situation de la France, alors ruinée par les guerres civiles et par les prodigalités de la cour. Joyeuse fut, en 1586, chargé de faire la guerre aux huguenots en Auvergne, en Velay, en Gévaudan, en Poitou, en Guienne, et après plusieurs avantages de peu d'importance, il perdit la bataille de Coutras, où il fut tué, le 20 octobre 1587.

François DE JOYEUSE, son frère, né en 1562, fut successivement archevêque de Narbonne, de Toulouse et de Rouen, puis cardinal. Il présida l'assemblée gé nérale du clergé en 1605, devint légat du pape en France, en 1606, sacra Marie de Médicis et Louis XIII, présida les états généraux, en 1614, et mourut à

Avignon, en 1615.

Henri DE JOYEUSE, frère des deux précédents, né en 1567, se signala dans plusieurs combats en Languedoc et en Guienne. La mort malheureuse de son frère, à Coutras, et la perte de sa femme, le déterminèrent à se retirer du monde; il se fit capucin en 1587, sous le nom de frère Ange. Mais cinq ans après il quitta son couvent, sous prétexte que la mort d'un de ses frères le forçait à reparaître sur la scène politique. Il obtint, par le crédit du cardinal, les dispenses nécessaires; se mit à la tête des seigneurs catholiques de Languedoc, et fut un des derniers chefs qui tinrent pour la ligue. Enfin, ayant fait son accommodement avec Henri IV,

IV, placé à côté de lui à un balcon, «< ces

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de la fièvre et mourut à Rivoli, en 1605, âgé de 41 ans.

Ant.-Scipion DE JOYEUSE, frère des trois précédents, et le plus jeune de tous, se trouva en 1587, par la retrate de Henri dans un couvent, le chef de la famille. Il commanda dans le Languedoc pour la ligue; mais ayant été batt devant Villemur, il prit la fuite et s nova dans le Tarn, en 1592.

Jean-Armand, marquis DE JOYE SE, deuxième fils d'Antoine-François d Joyeuse, comte de Grandpré, ne e 1631, se signala pendant 50 ans dans les armées françaises, en Allemagne, Flandre et en Espagne. Créé marechal de France en 1693, il commanda l'a gauche de l'armée, à la bataille de Ner winde, en 1697, fut fait gouverneur de Metz, Toul et Verdun en 1703, et mee rut à Paris sans postérité en 1710.

JOYEUX AVÉNEMENT. Voy. AVENT

MENT.

nommee

JUBLAINS. Ce bourg du départe ment de la Mayenne (arrondissement de Mayenne) occupe l'emplacement de la principale ville des Diablintes, par les Romains Noodunum. La vike gauloise dut à la munificence de Titus un colisée et un temple à la Fortune, dont on a retrouvé des vestiges. On a aussi découvert à Jublains beaucoup de

médailles, de mosaïques, de vases, de

débris de colonnes et de statues, etc. croit que Noodunum a été détruite par les Normands vers 867.

Le camp ou castellum voisin, app

improprement camp de César, offre une enceinte carrée de 320 pieds sur chaque face, formée de murailles hautes de 12 pieds et larges de 9, construites en pierres liées avec du ciment. Les pier res qui parent les faces extérieures sont

il fut fait grand maître de la garde- 3 pieds, règne un cordon formé de des des parallelipipèdes rectangles; de S robe et gouverneur du Languedoc. rangées de briques. Aux quatre angles « Mon cousin, » lui dit un jour Henri du carré sont des tours; d'autres tour garnissent au nord, à l'est et à l'ouest, « moi que je suis un huguenot converti, l'autre. Au centre se trouvent les debris gens-là qui nous regardent disent de les intervalles compris d'un angie à « et de vous, que vous êtes un capucin d'une autre fortification carrée().e «renié. » Cette plaisanterie et les remontrances de sa mère le déterminèrent à rentrer dans son cloître en 1600. Ayant voulu faire le voyage de Rome, pieds nus, pendant l'hiver, il fut saisi

(*) Le ministère de l'intérieur vient d'e

nécessaires

corder des fonds pour les travaux
à la conservation de cet intéressant mon
ment gallo-romain.

voie romaine partait de Jublains et conduisait à un autre camp situé au confluent de l'Aron et de la Mayenne.

en

JUDITH DE BAVIÈRE, fille du comte Guelfo, épousa, en 819, Louis le Débonnaire; elle était alors dans toute la fleur de sa jeunesse, et de cette beauté qui la rendit si fameuse. Aux charmes de sa personne et de ses manières, elle joignait ceux du caractère, un grand enjouement, une douceur et une bonté apparente, qui, au premier abord, lui gagnaient tous les cœurs. Un moine contemporain nous a laissé des vers où sont célébrés son talent à jouer de la harpe, la grâce de ses discours, et, général, la culture de son esprit (*). Ces dehors agréables cachaient cependant un esprit astucieux et une âme avide de domination, qui, une fois qu'elle s'était proposé un but, savait l'atteindre, sans calculer les moyens; aussi l'influence qu'elle avait prise tout d'abord sur son mari fut-elle bientôt pour lui un rude esclavage. A peine eut-elle donné le jour à Charles le Chauve, en 823, qu'elle songea à lui assurer un royaume; le faible Louis, sollicité par elle, convoqua une assemblée nationale à Worms, et, du consentement de Lothaire, avec lequel Judith entretenait des rapports secrets, il détacha de l'Empire le pays compris entre le Jura, les Alpes, le Rhin et le Mein, pour le donner à son quatrième fils.

La création de ce nouveau royaume excita une fermentation universelle. Les fils aînés de Louis, les grands et le clergé, se répandirent en invectives contre le vieux monarque et contre Judith, qu'on accusa même d'entretenir avec Bernard, duc d'Aquitaine, des relations criminelles. L'habileté de l'impératrice fut en défaut; entraînée dans la chute de son mari, elle fut conduite à Verberie, où on exigea d'elle la promesse de prendre le voile, et d'engager Louis à entrer dans un monastère; elle promit et jura tout ce qu'on voulut, et on l'enferma au couvent de Saint-Radegonde, à Poi

(*) Est ratione potens, est cam pietate judica, Dulcis amore, valens animo, sermone faceta. Valafried-Strab. apud. scrip. rer. Franc. et Gall., t. VI, p. 268.

tiers. Mais lors de la réaction qui eut lieu en 830, en faveur de Louis, elle fut ramenée en triomphe à Aix-laChapelle, offrit de se purger par serment des accusations portées contre elle, et obtint du pape l'annulation des vœux monastiques qu'on lui avait imposés.

Reprenant alors tout son ascendant sur l'esprit de son mari, elle se remit à la tête du gouvernement, sacrifia sans pitié Bernard, auquel le plus grand nombre des Francs était décidément hostile, et renoua ses rapports avec Lothaire, qui, dès lors, séduit par ses promesses, se montra de plus en plus docile à ses insinuations.

Mais tout à coup, les événements du Champ du mensonge vinrent de nouyeau ruiner les espérances de Judith. Écartée une seconde fois du pouvoir (833), et reléguée à la citadelle de Tortone, elle ne fut réintégrée qu'au bout d'un an; mais alors, plus belle et plus puissante que jamais, elle vit enfin sa persévérance couronnée de succès; un nouveau partage de l'Empire fut résolu en 839, et son fils Charles le Chauve eut un royaume. (Voy. CARLOVINGIENS, CHAMP DU MENSONGE, CHARLES LE CHAUVE, LOUIS LE DÉBONNAIRE, etc.) Après la mort de son mari, Judith continua encore sa vie active, et elle aida puissamment son fils à combattre ses nombreux ennemis; elle mourut en 845.

JUGEMENT DE DIEU. Voy. COMBAT JUDICIAIRE, DUEL, etc.

JUGON, petite ville de l'arrondissement de Dinan, département des Côtesdu-Nord. Population : 519 habitants.

Cette localité a eu au moyen âge une telle importance comme point militaire, qu'on disait par forme de proverbe :

Qui a Bretagne sans Jugon
A chape sans chaperon.

Aussi a-t-elle été souvent prise et reprise. Sur une des deux montagnes entre lesquelles Jugon est encaissée, un château fut construit en 1104 ou 1109, peut-être sur l'emplacement d'un fort romain appelé Jugum. De la maison de Penthièvre, la forteresse passa à celle de Dinan. Du reste, elle changea plus d'une fois de maître, car, en 1317, le duc Jean III, dans ses partages avec

son frère, se réserva la propriété du château de Jugon avec 300 livres de rente pour l'entretien de la place. En 1342, Jean de Beaumanoir, maréchal de Charles de Blois, s'en empara par surprise. En 1420, les Penthievre possédaient Jugon, mais ils en furent dépouillés par les seigneurs partisans de Jean V. Peu après, le château fut démoli, en partie du moins, par ordre du duc. Néanmoins, les registres secrets du parlement prouvent que, sous la ligue, les deux partis Poccupèrent successivement. On y lit en effet,sous la date du 17 mars 1616, que la cour ordonna la prompte démolition de ce qui pouvait y préjudicier au service du roi. Aujourd'hui, il ne reste plus de cette forteresse que les ruines d'un cachot, les vestiges d'une petite tour, et quelques pans de murailles, presque à fleur de terre.

JUIFS EN FRANCE (état des). Malgré la haine violente qui, de tout temps, anima les chrétiens contre les juifs, nous ne voyons pas que sous la première race ces derniers aient été l'objet de persécutions. Leur état fut à peu près le même que sous les empereurs romains. On peut voir, au contraire, dans le VI livre de Grégoire de Tours (chap. 5), un entretien familier de Chilpéric avec un juif qu'il essaya en vain de convertir; et quoique le même prince eût, en 582, fait baptiser, suivant le chroniqueur, beaucoup de juifs, dont plusieurs furent tenus par lui sur les fonts sacrés, cette mesure n'entraîna aucune rigueur contre les récalcitrants (*). Au contraire, un juif converti ayant assassiné un autre juit qui avait refusé d'embrasser le christianisme, n'échappa qu'à grand'peine au supplice qu'il méritait. Ils étaient seulement l'objet de quelques dispositions particulières. Un édit de Clotaire II leur défendit, en 615, d'exercer des fonctions publiques, et entre autres celles de percepteur des impôts. La loi des Bourguignons portait que si un juif blessait un chrétien avec une pierre ou un ton, ou d'un coup de poing, ou s'il le prenait aux cheveux, il aurait la main coupée, à moins qu'il ne la rachetât 75 sous. On regardait comme une profana

(*) Le roi Dagobert fit à différentes reprises baptiser de force les Juifs de son royaume.

tion, la possession d'un esclave chre tien par un juif; et le pape saint Gré goire écrivit à la reine Brunehaut pour lui faire des reproches de ce qu'elle tolérait de semblables abus dans ses États Le concile de Châlons, tenu en 644, mit fin à cet état de choses, en décrétant qu'en Gaule il ne serait plus permis au juifs d'avoir des esclaves chrétiens.

Les juifs étaient devenus très-puis sants dans la Gaule méridionale, malgre les terribles dispositions portées contre eux dans plusieurs lois wisigothes L'auteur de l'histoire du roi Wamba ap pelle ces provinces le lieu de prostit tion (prostibulum) des juifs. Du reste. ils furent soupçonnés, et non sans ra son, d'y avoir appelé les Sarrasins.

La première persécution sérieuse dont les juifs aient eu à souffrir en France, eut lieu lorsqu'on y répandit la nouvelle de la destruction du saint sépulcre par le calife Hakem (29 septembre 1009). On fit alors courir le bruit que ce prince n'avait agi ainsi que d'après les solic tations des juifs d'Occident; on nomma le juif d'Orléans qui lui avait, disait-on, écrit une lettre en caractères hebra ques, et le messager qui, déguise en pe lerin, l'avait portée dans un bâtonerent "Alors, dit Raoul Glaber, poursuivis par une haine universelle, les juifs furent chassés de toutes les villes; les uns furent égorgés par le glaive, d'autres prep tés dans les rivières, d'autres mis à mort par tous les genres de supplices. Plusieurs, pour échapper aux tourments se tuèrent eux-mêmes, en sorte qu'après cette digne vengeance, il n'en demeura plus qu'un nombre infiniment petit dans tout l'empire romain. Les évêques de crétèrent qu'il serait interdit à tout chre tien de s'associer à eux dans le négoce. On consentit seulement à recevoir dans les villes ceux qui se convertiraient, qui renonceraient par le baptême à tou tes les habitudes judaïques. Plusieurs d'entre eux le firent par crainte de la mort; mais bientôt après, ils retourne rent impudemment à leurs anciennes mœurs (*). » Un seul seigneur, Reinard. comte de Sens, parut prendre pitié des juifs, et leur donna, ou pour mieur dire, leur vendit à prix d'argent, une

(*) Raoul Glaber, lib. III, c. 7.

protection qui le fit surnommer le roi des juifs, et qui entraîna plus tard pour lui la perte de ses États, qu'il ne recouvra qu'à grand' peine.

Ce fut dans ce siècle de fanatisme religieux que les juifs commencèrent à être soumis aux vexations les plus humiliantes. Ainsi, à Toulouse, il fut établi que, le jour de Pâques, un chrétien donnerait en présence de tous les fidèles un soufflet à un juif devant la porte de la cathédrale. En 1018, le vicomte Aimery de la Rochechouard étant venu à Toulouse célébrer la Pâque, on choisit pour lui faire honneur son chapelain, nommé Hugues, pour donner le soufflet au juif, et le prêtre s'en acquitta avec une telle violence, qu'il fit jaillir hors de la tête les yeux et la cervelle de la victime, qui tomba morte à l'ins

tant.

Le départ des premiers croisés pour la terre sainte, en 1096, fut le signal du massacre des juifs, non seulement en France, mais dans toute l'Europe. Comme avant d'être mis à mort, ces malheureux étaient exposés à des tourments épouvantables, on en vit un grand nombre se suicider à l'approche des bandes de croisés. La haine contre eux ne cessa pas d'éclater pendant toute la durée des guerres saintes. En 1160, cependant, ils obtinrent à prix d'argent la suppression d'une horrible coutume. « A Béziers, disent les auteurs de l'Histoire de Languedoc, l'évêque montoit en chaire le jour des Rameaux, et faisoit un discours au peuple, pour l'exhorter à tirer vengeance des juifs qui avoient crucifié Jésus-Christ. Il donnoit ensuite la bénédiction à ses auditeurs, avec la permission d'attaquer ces hommes, et d'abattre leurs maisons à coups de pierres, ce que les habitants, animés par les discours du prélat, exécutoient toujours avec tant d'animosité et de fureur, qu'il ne manquoit jamais d'y avoir du sang répandu. L'attaque, dans laquelle il n'étoit permis d'employer que des pierres, continuoit jusqu'à la dernière heure du samedi ďaprès Pâques (*). » Un acte authentique, en date du 2 mai 1160, mit fin à ce sanglant usage. Les juifs, pour

(*) Histoire de Languedoc, par P. Vic et Vaissette, t. II, liv. xvx, p. 485.

s'en racheter, payèrent 200 sous nelgóriens à l'évêque; ils promirent en outre de donner chaque année, le jour des Rameaux, quatre livres pour les ornements de la cathédrale, et Raymond Trencavel, vicomte de Béziers, leur accorda, moyennant une grosse somme d'argent, Ja sanction de cet acte.

Philippe-Auguste, à peine monté sur le trône, marqua son avénement par une violente persécution contre les juifs. Comme ceux de tous ses domaines étaient, en 1170, rassemblés dans leurs synagogues pour célébrer le sabbat, il les fit entourer par ses soldats et traîner en prison, après les avoir fait dépouiller de tout l'or et de tout l'argent qu'ils portaient avec eux. Il publia en même temps un édit par lequel il accordait l'abolition des dettes à ceux de leurs débiteurs qui payeraient à son trésor le cinquième de ce qu'ils leur devaient. Les mesures de rigueur se succédèrent ensuite rapidement. Toutes les synagogues furent saisies pour être changées en églises. Au mois d'avril 1181, un nouvel édit confisqua tous les immeubles des juifs au profit du roi, et leur enjoignit de vendre tous leurs meubles avant la fête de la Saint-Jean, après quoi ils devaient sortir pour jamais du royaume. En vain les juifs gagnèrent-ils, à force d'argent, un grand nombre de seigneurs et de membres du clergé, pour intercéder en leur faveur, le roi fut inflexible; car la haine populaire était au plus haut point excitée contre ces riches usuriers, qui possédaient, dit-on, près de la moitié de la cité de Paris. Au mois de juillet 1182, ils sortirent de toutes les terres de la couronne avec leurs femmes et leurs enfants. Cependant quelques grands vassaux ne se regardèrent pas comme liés par l'ordonnance du roi, et dans quelques villes, comme à Toulouse, les juifs demeurèrent en possession de leurs priviléges.

Un chrétien qui avait volé et tué un juif dans le château de Bray-sur-Seine, ayant été livré aux coreligionnaires de sa victime, ceux-ci l'avaient mis à mort en imitant, dit-on, dans son supplice, plu sieurs circonstances de la mort de JésusChrist. Dès que Philippe - Auguste eut appris cette nouvelle, il se rendit en toute hâte au château de Bray, en fit

garder les portes, puis rassemblant tous les juifs qui s'y trouvaient, au nombre de 80, il les fit, sans jugement, brûler vifs devant lui.

Quelques années plus tard, le même prince, dont les finances avaient été épuisées par la guerre qu'il soutenait contre Richard, eut recours à un expédient qui excita contre lui la haine des prêtres: il vendit aux juifs la permission de rentrer dans le royaume. Ceux-ci revinrent en foule, et trouvèrent dans les bénéfices énormes que leur procuraient l'usure et le commerce, d'amples dédommagements aux vexations et aux humiliations de tout genre dont on les abreuvait.

Le concile de Narbonne, en 1227, leur enjoignit de porter sur la poitrine une rouelle ou cocarde comme marque distinctive. Quelques années plus tard, une ordonnance de saint Louis prescrivit à tous les baillis, vicomtes, sénéchaux, prévôts, et généralement à tous les dépositaires de l'autorité, de les forcer à porter ostensiblement sur leurs habits deux rouelles de drap jaune de la grandeur de la main, l'une sur le dos et l'autre sur la poitrine. Si quelqu'un surprenait un juif sans cette marque d'infamie, le délinquant était condamné à 10 livres d'amende (environ 260 francs), et à la perte de son habit, qui était confisqué au profit du dénonciateur. Philippe le Hardi ajouta à la rouelle une coiffure ridicule qui exposait les malheureux qui la portaient aux moqueries et aux insultes de la populace (*). Dans un grand nombre de villes, le péage du par un juif était égal à celui qui était exigé pour un cochon. Cependant un concile tenu à Tours en 1236 promulgua le règlement suivant : « Nous défendons étroitement aux croisés et aux autres chrétiens de tuer ou battre les juifs, de leur ôter

leurs biens, ou de leur faire quelque autre tort, puisque l'Église les souffre, ne voulant point la mort du pécheur, mais sa conversion. »>

(*) Voyez l'excellente notice sur les juifs, insérée à la suite de Paris sous Philippe le Bel, par M. Géraud, dans la Collection des documents inédits relatifs à l'histoire de France. Voyez aussi du Cange au mot Judæi.

Cette démonstration de tolérance, à laquelle les juifs n'étaient pas habitués n'eut pas grand succès; mais elle etar: devenue nécessaire; car vers cette épo que, où l'on commença à prêcher la croi sade que saint Louis exécuta 12 ans plus tard, les croisés, suivant leur habitude, commençaient à massacrer les juifs dans la plupart des provinces de France, surtout en Bretagne, en Anjou et en P tou. Il se commit tant d'horreurs, que Grégoire IX fut obligé d'intervenir de défendre, sous peine d'excommuni cation, de baptiser les juifs par forte. de les maltraiter après leur conversion, de violer les coutumes et les privileges qu'on leur avait accordés, de déterrer leurs morts pour les forcer à rachetat ensuite les ossements de leurs pères, les battre de verges dans certaines lennités publiques, etc. Ces recommar dations furent inefficaces; car plus de deux mille cinq cents de ces malheureu furent massacrés. La régence de la reine Blanche et le règne de saint Louis furent d'ailleurs marqués par divers actes de r gueur contre les juifs. Des ordonnances tantôt (1230) leur défendaient l'usure, et accordaient à leurs débiteurs tros ans pour s'acquitter envers eux, tantit (1234) libéraient leurs débiteurs d'un tiers de leurs dettes. Saint Louis, en 1248, avant de partir pour la croisade, fit enlever aux rabbins juifs tous les exemplaires du Talmud que l'on put s sir, et de Palestine il envoya, en 1257, sa mère l'ordre d'expulser tous les jus de son royaume, et de confisquer leurs biens-fonds.

Sous les règnes suivants, le sort des juifs passa par les mêmes péripeties. Jamais ils n'avaient pu être complete ment expulsés de France, où leurs chesses les avaient rendus nécessaires. Chassés en 1291, à la suite d'un pr tendu sacrilege commis par un juif de Paris, ils le furent encore en 19 par Philippe le Bel. Louis X les ra pela en 1315, et leur permit de demet rer 13 ans dans ses Etats; il leur ren dit une partie de leurs synagogues et de leurs cimetières, mais il les fit renoncer aux deux tiers de leurs créances, et ex gea d'eux 122,500 liv. Sous le prétexte absurde d'une conspiration formée, d sait-on, entre eux, les lépreux et le r

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