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pourtant le résultat désiré. Dans le premier mécanisme, l'appareil nageur offrait ce défaut, que lors du retour des volets à charnières de l'arrière à l'avant, l'eau, formant un courant rapide, empêchait les volets de se rouvrir dès que le bâtiment allait vite, notamment en remontant. L'état de la science ne permettant point alors de remédier à ce défaut, Jouffroi, à son grand regret, remplaça, dans son second mécanisme, les châssis par des roues à aubes.

L'appareil que nous venons de décrire fut adapté à un bâtiment de 140 pieds de long sur 14 de large, pesant avec sa charge 327 milliers, et tirant trois pieds d'eau. Ce bateau au mois de juillet 1783, remonta la Saône de Lyon à l'île Barbe, en présence des académiciens de Lyon et d'un nombreux public. Cependant, malgré ce succès, constaté par un procès-verbal authentique, la découverte de Jouffroi resta ensevelie faute de capitaux. Vainement l'auteur sollicita de M. de Calonne un privilege de 30 ans, dans l'espérance qu'il parviendrait, avec ce privilege, à constituer une compagnie par actions. Sa requête fut renvoyée à l'Académie des sciences, à laquelle Jouffroi présenta en même temps un mémoire sur les pompes à feu. Malheureusement, Périer, son antagoniste et son rival, se trouva du nombre des commissaires désignés par l'Académie pour l'examen du mémoire et du pyroscaphe; et sans tenir compte des témoignages constatant qu'un bateau mû par la vapeur avait navigué sur la Saône, sans examiner si la cessation des voyages n'était point due uniquement aux vices de l'exécution matérielle, l'Académie (31 janvier 1784) écarta la demande de Jouffroi par une fin de non-recevoir, déguisée sous une demande d'épreuves nouvelles, alors impossibles. Jouffroi, entièrement découragé, se borna à exécuter sur la proportion d'un 24 un modèle de son pyroscaphe, qu'il adressa à Périer. On lui conseillait de porter son invention en Angleterre; il refusa, et tomba dans l'oubli, tandis que Fulton s'immortalisait en reprenant son invention, et en la réalisant sur une grande échelle.

En 1816, il eut une lueur de prospérité: une compagnie se forma sous sa

direction, pour la construction de pr roscaphes; mais la concurrence de l'im portation étrangère épuisa promptement les capitaux; et Jouffroi, de nouveau oublié, mourut aux Invalides en 1832.

Telle fut la destinée de l'homme de génie qui dota l'Europe d'une invention dont d'autres, plus heureux, eurent l gloire et les profits. Cependant le per d'une tardive justice est venu pour in Fulton lui-même avait hautement connu en 1801 son droit de priorite M. Arago, dans l'Annuaire de 1837. et M. Ach. de Jouffroi, dans sa brochure sur les bateaux à vapeur, ek. (1839), l'ont mis hors de contestation Enfin l'Académie, par l'organe de M. Cauchy, a constaté solennellement. en 1840 1° que M. de Jouffroi est l' venteur du pyroscaphe; 2° que le teau qui a navigué sur la Saône en 1789 a servi de modèle à tous ceux qui ont été exécutés depuis lors, et enfin que e seul perfectionnement radical apporte a l'invention est dû à M. Ach. de Jouffre C'est donc à la France, malgré les pretentions élevées en Angleterre et Amérique, que le monde est redeve de cette puissante découverte qui a o vert pour la navigation une ère nouvele. « La France en a la gloire, dit un bi graphe; quant au profit, elle le neg « gera probablement suivant son bahi« tude (*). »

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JOUFFROY (Théodore-Simon), phi sophe, est né aux Pontets, petit village des montagnes du Jura, dans le depar tement du Doubs, en 1796. Après avoir achevé au collége de Dijon ses etudes. qu'il avait commencées au college de Lons-le-Saulnier, où un de ses parents. l'abbé Jouffroy, était régent, il vint Paris se faire recevoir à l'école nor male, en 1814. Au bout de peu de temps. éclata en lui une vocation marquée pour la philosophie. Il se livra avec ardest aux travaux dans lesquels les jeune philosophes de l'école étaient dirigés pr un maître presque aussi jeune qu'eur M. Cousin. Il arriva nécessairement qu l'esprit de M. Jouffroy subit l'influen de l'esprit actif et puissant qui le din geait; M. Jouffroy embrassa les pr

(*) M. Parisot, Biographie universelle,

JOUFFROI.

!

cipes de M. Cousin, et se conforma aux habitudes de sa méthode. Mais il avait lui-même une intelligence trop forte et trop active, pour ne pas conserver son originalité et son indépendance, tout en obéissant à l'impulsion qu'il recevait. Bientôt il passa des disciples parmi les maîtres.

Recu docteur en 1816, il fut chargé de répéter à ses anciens condisciples le cours de philosophie que faisait alors M. Thurot à la Faculté. En 1817, après avoir obtenu le titre d'agrégé, il fut promu par M. Royer-Collard aux doubles fonctions de professeur suppléant au collége Bourbon et de maître des conférences à l'école normale. Une assez grave altération dans sa santé, causée par l'excès du travail, le força de renoncer à la premiere de ces deux places et de prendre un congé qu'il alla passer dans son pays, où le rappelait d'ailleurs la mort de son père. La, il apprit en 1822 la suppression de l'école normale. Cet arrêt, qui venait subitement entraver sa carrière, et qui présageait une sorte de persécution aux amis de l'indépendance philosophique, l'affligea sans le décourager. De retour à Paris, il ouvrit dans sa maison un cours particulier de phiosophie. Les auditeurs ne lui firent pas défaut ;

ils ne pouvaient être très-nomreux, à cause de la nature même du Cours; mais on y comptait la plupart les hommes, jeunes alors, qui figurent Aujourd'hui dans les premiers rangs de a société. Il eut pour élèves, à cette époque, MM. Duvergier de Hauranne, Vitet, Sainte-Beuve, Lerminier, Duchâtel, etc.

Dans cet enseignement, qui dura six années, il embrassa presque toutes les arties de la philosophie: il fit sur la sychologie, la morale, l'esthétique, 'histoire de la philosophie, des leçons qu'il préparait avec un zèle laborieux, t qui, par la force et la netteté de la Densée, par la pureté noble et animée de a parole, ravissaient les intelligences l'élite auxquelles il s'adressait. C'est à cette époque que fut fondé le journal e Globe qui, en politique, en littéraure, en philosophie, contribua si puissamment à entretenir le mouvement les esprits, et à les mettre en garde

contre les envahissements d'un pouvoir arbitraire et oppressif. Parmi les excellents articles qui établirent le succès de cette feuille, on remarqua surtout ceux du jeune philosophe, où tantôt un problème de psychologie était résolu avec une sagacité et une clarté incomparables, tantôt une attaque était dirigée avec autant d'habileté que de courage contre le clergé ou le gouvernement, pour revendiquer les droits de la pensée; tantôt un noble appel était fait aux nations d'Occident en faveur de la patrie de Socrate et de Platon, abandonnée en proie aux barbares par l'insouciance et l'égoïsme des souverains.

En 1826, M. Jouffroy publia une traduction des Esquisses de philosophie morale de Dugald Stewart, accompagnée d'une préface où, avec son rare talent de psychologue, il établissait les profondes différences qui séparent les phénomènes de l'intelligence des phénomènes physiologiques. En 1828, il acheva la traduction des œu vres complètes d'un autre philosophe écossais, de Thomas Reid. Il écrivit pour cette publication une autre préface fort étendue, et non moins remarquable que la précédente, et il y joignit un résumé des principales leçons faites par M.RoyerCollard à la Faculté, à la fin de l'empire.

Enfin la carrière de l'enseignement fut rouverte à M. Jouffroy en 1829, sous le ministère de M. de Vatimesnil. On le choisit pour faire, comme suppléant, à la faculté des lettres le cours d'histoire de la philosophie ancienne; puis, après 1830, il passa dans la chaire d'histoire de la philosophie moderne, où il suppléa M.Royer-Collard avec le titre d'adjoint. Dès lors, chaque année presque fut marquée pour M. Jouffroy par une distinction nouvelle. Rappelé à l'école normale, il y reprit ses conférences. Il résigna ces fonctions en 1832, parce qu'on le nomma professeur d'histoire de la philosophie ancienne au collège de France, et qu'il lui fallut remplir, chose rare dans l'enseignement, deux chaires publiques à la fois. Bientôt après, les suffrages de ses compatriotes le porterent à la chambre des députés. A la mort de M. Laromiguière, en 1838, il hérita de sa chaire à la Faculté, et devint ainsi, à la Sorbonne, de professeur

adjoint professeur titulaire. Il abandonna, il est vrai, à cette époque le collége de France, que l'affaiblissement de sa santé ne pouvait lui permettre de conserver; mais peu après, il fut nommé membre du conseil de l'instruction publique et bibliothécaire de l'Université.

Une maladie lente, dont il avait ressenti les premiers symptômes dès 1830, et que les agitations de la vie politique, jointes aux travaux multipliés de l'enseignement, avaient sourdement accrue, devint assez grave dès 1837, pour qu'il commençât à mettre entre ses leçons de professeur de nombreux intervalles. A la fin de 1838, peu de temps après sa nomination à la place de M. Laromiguière, il renonça absolument à faire ses cours, et prit un suppléant. Sa voix ne se fit plus entendre qu'à la chambre des députés où, malgré l'épuisement de ses forces, il monta encore plusieurs fois à la tribune, et dans le sein du conseil royal. En 1842, au milieu de l'hiver, l'affection de poitrine dont il était attaqué parvint à son terme. Après de longues souffrances, dont la plus cruelle dut être celle de se voir mourir à 46 ans, lorsqu'il commençait à peine à jouir d'une belle position, et dans toute la plénitude d'action d'une forte intelligence parvenue à sa maturité, il expira calme et résigné, et laissa par sa mort un regret universel et profond.

Les vrais amis de la philosophie ont gémi en songeant que M. Jouffroy n'a laissé que de courts travaux sur des questions spéciales, que des essais admirables, mais limités, mais épars; qu'il n'a élevé en philosophie aucun grand monument; qu'il n'a point complété ses idées; qu'il n'a pas même rassemblé en un seul corps celles qu'il s'était faites. Ils n'ont pu s'empêcher, en s'arrêtant sur cette pensée, d'adresser un secret reproche à la mémoire de M. Jouffroy. Pourquoi ne s'est-il point borné à l'ambition qui convient aux philosophes, celle de se faire un grand nom, en enrichissant la science de vérités nouvelles par des travaux patients, réguliers, poursuivis à travers toute une vie calme et studieuse? Pourquoi, entraîné par une autre ambition, s'est-il jeté dans la politique, où tout

citoyen sans doute, où les philosophe eux-mêmes doivent intervenir, quand | société est menacée d'un grand danger, mais à laquelle rien de semblable a l'obligeait de prendre part? Pourquoi, cédant à la tentation de jouer dans ÏTMniversité un rôle important, conside rable, a-t-il voulu occuper trop de pl ces à la fois, pour que le travail i térieur, la méditation du cabinet, b fussent encore possibles, trop mem pour qu'il lui fût possible d'être exa à ses cours? Il aurait d'autant mie fait de borner ses désirs et de se res treindre à un seul genre d'occupations paisibles, que sa santé précaire et me nacée exigeait un train de vie calme et réglé, et s'arrangeait fort mal des soucis de la politique joints aux labers de l'enseignement. Il est douloureux de penser que, faute de savoir se go verner, il a lui-même abrégé le cours de sa fréle existence. Pourquoi ne s'est pas plus défié de cette passion de l'am bition contre laquelle il semble que les philosophes devraient avoir moins de peine à se tenir en garde que les autres hommes ? Il est permis d'exprimer ce regret sans manquer au respect qu doit à cette mémoire vénérable et chère, quand on songe que tout ce qu reste de cet homme si propre aux etudes philosophiques, se réduit à dex traductions accompagnées de prefaces. à une suite d'articles du Globe rasse blés sous le titre de Mélanges, et a recueil de leçons sur le droit naturel, sténographiées au collège de France. Dans ce petit nombre de travaux, s éminents d'ailleurs, beaucoup des ques tions les plus importantes de la philo sophie ne sont que posées ou entrevues, beaucoup d'autres ne sont pas indiquées.

même

Peut-être la nature de l'esprit de M. Jouffroy le portait-elle surtout l'observation de conscience, à l'étude des facultés de l'âme. Peut-être étaitplus fait pour les investigations labo rieuses, mais sûres, de la psychologie que pour les études hardies et peri leuses des grands et mystérieux probl mes de l'ontologie. Mais en psychologie même, il n'a donné au public rien d complet, rien qui forme un tout, ensemble. Il a porté une vive lumièr

sur plusieurs points de cette science particulière, en faisant un habile et fécond usage de la vérité d'observation : il a résolu plusieurs problèmes psychologiques, il n'a point laissé une psychologie.

Les regrets s'augmentent encore, quand on songe quel rôle M. Jouffroy a joué dans cette carrière politique dont l'amour de la philosophie aurait dû le tenir éloigné. Fidèles à cette habitude d'impartialité qui nous fait respecter toutes les opinions quand elles sont noblement professées, quand elles s'unissent à un noble sentiment de la dignité Ju pays, nous n'élèverions point ici un reproche contre M. Jouffroy, pour s'êre placé dans les rangs des doctrinaires, s'il n'avait poussé la complaisance our le chef de ce parti, jusqu'à se faire 'auxiliaire de cette politique déploraole qui humilie la France au dehors et jui arrête tout progrès à l'intérieur. On vu avec peine l'ancien rédacteur du Globe, l'auteur du fameux article Comnent les dogmes finissent, se dévouer lans la chambre à un système minisériel qui abaisse la gloire nationale par les concessions multipliées envers les uissances étrangères, et qui au dedans baisse et ravale l'intelligence, en exluant les capacités de la liste électoale. Cette erreur de M. Jouffroy, car nous ne voulons voir là qu'une ereur, fait encore plus amèrement regretter qu'il ne se soit point consacré out entier et sans partage au culte de la philosophie.

L'Université, la jeunesse, ont sincèement pleuré M. Jouffroy. Il avait payé son tribut aux faiblesses humaines; mais 'était une âme grande, un coeur généeux, une raison puissante. On se le rapDelait tel qu'il était dans sa chaire, lorsjue, avec une pureté, une grâce, une fermeté de langage très-rares aujourl'hui, il démontrait à un nombreux aulitoire l'immatérialité de l'âme humaine et son immortalité, lorsque, son âme se passionnant pour ces grandes vérités qu'il fortifiait par ses raisonnements lueides, sa parole s'animait et se colorait, ses traits nobles et fiers s'embellissaient d'un enthousiasme profond, contenu, mélancolique, qui se comnuniquait à toute l'assemblée.

Aucun professeur n'a plus vivement excité les sympathies de la jeunesse que M. Jouffroy. Maintenant qu'elle ne peut plus l'entendre, elle s'attache plus avidement que jamais à la lecture de ses ouvrages, auxquels une durée éternelle est assurée. M. Jouffroy n'a pas été seulement un penseur de premier ordre, il se place au premier rang parmi nos écrivains, par la gravité, la lucidité, la sobre richesse, l'élévation passionnée de son style.

JOURDAN (Jean-Baptiste, comte), pair et maréchal de France, né à Limoges, en 1762, s'enrôla à l'âge de 16 ans, et fit en partie la guerre d'Amérique. Commandant du 2o bataillon de la garde nationale de la Haute-Vienne en 1791, il fit sous Dumouriez la campagne de Belgique, et se distingua particulièrement auprès de Namur. Le 27 mai 1793, il fut nommé général de brigade, et, le 30 juillet suivant, général de division. Il assista à la bataille de Hondscoote, et fut blessé en enlevant un retranchement. Nommé, bientôt après, général en chef de l'armée du Nord, en remplacement de Houchard, il débloqua Maubeuge après les opiniâtres combats des 16 et 17 octobre. Toutefois, quelques nuages s'étant alors élevés contre lui au sein du comité dirigeant, il fut remplacé par Pichegru au mois de février 1794. Mais ses services étaient trop précieux pour que sa retraite fût longue. Il fut bientôt mis à la tête de l'armée de la Moselle, qui devint quelque temps après l'armée de Sambre-et-Meuse, et ouvrit, par la victoire de Fleurus, cette glorieuse campagne qui nous donna la Belgique et porta nos armées au delà du Rhin.

En 1796, les hostilités suspendues par armistice ayant repris, le général Jourdan, malgré les efforts du duc Charles, réussit à transporter de nouveau le theâtre de la guerre sur la rive droite du Rhin, après s'être emparé de la belle position d'Ukerath, et avoir fait 3,000 prisonniers à Alten-Kirchen. Malheureusement, une faute que commit Moreau, ou que du moins le général Jourdan, dans ses Mémoires sur la campagne de 1796, lui attribue, l'obligea à repasser la Lahn et à battre en retraite.

En 1797, il n'eut point de comman

dement; mais le département de la Haute-Vienne le nomma au Conseil des Cinq-Cents, assemblée dont il fut élu président à deux reprises différentes. Le 18 novembre, il fit un rapport sur les moyens de distribuer le milliard promis aux troupes, et ce fut lui qui, en 1798, proposa de soumettre àla conscription tous les Français depuis l'âge de 21 ans jusqu'à 25. Au mois d'octobre de cette même année, il reçut du Directoire le commandement de l'armée du Danube; et, nonobstant l'extrême faiblesse de cette armée, suppléant au nombre par l'habileté, il passa le Rhin et s'empara de la Souabe. Avec ces forces inférieures, il attaqua les Autrichiens à Liebtingen, et l'honneur de cette journée lui resta. Obligée toutefois de battre en retraite, l'armée du Danube passa, peu de temps après, sous le commandement de Masséna, et le général Jourdan fut nommé inspecteur général d'infanterie. Rentré au Conseil des Cinq-Cents, il provoqua l'appel sous les drapeaux des conscrits de toutes les classes, et demanda qu'une commission fût chargée de présenter des mesures vigoureuses contre les périls qui entouraient la république.

Il se montra opposé à la révolution du 18 brumaire, et cette désapprobation le fit exclure du Corps législatif et reléguer dans la CharenteInférieure. Cet exil cessa bientôt, mais non la rancune de Napoléon. Nommé ambassadeur extraordinaire dans le Piémont, puis administrateur général de ce pays, il y rétablit l'ordre dans les finances, y fit régner la justice et extirpale brigandage. Nommé conseiller d'État en 1802, sénateur et maréchal d'empire en 1803, Jourdan était Investi du commandement en chef de l'armée d'Italie, à l'époque où Napoléon se fit couronner roi d'Italie. Mais aussitôt que la guerre fut déclarée, les troupes passèrent sous le commandement de Masséna, ce qui blessa vivement le maréchal Jourdan. En 1806, il fut nommé gouverneur de Naples, et, en 1808, il suivit en Espagne le roi Joseph, avec le titre de major général. Mais fatigué d'une situation qui lui semblait un peu équivoque, il demanda son rappel après la campagne de 1809.

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Au moment d'entreprendre la campagne de Russie, l'empereur l'envoya de nouveau en Espagne ; mais il y exerça, à ce qu'il paraît, peu d'influence. Il se soumit aux événements de 1814, et accepta même de Louis XVIII le titre de comte. Toutefois, à son retour de l'île d'Elbe, Napoléon lui confia le commanderment en chef de l'armée du Rhin, ainsi que celui d'une division militaire. Après la seconde restauration, le maréchal Jourdan présida le conseil de guerre devant lequel fut traduit le maréchal Ney, conseil qui se déclara incompétent. Malgré la rancune que lui en garda la restauration, il fut nommé pair de France en

1819.

Après la révolution de 1830, il tint quelques jours le portefeuille des af faires étrangères, puis il fut nommé gouverneur des Invalides, poste dans lequel il mourut en 1833.

Napoléon, qui avait eu des préventions contre le maréchal Jourdan, lui rendit justice à Sainte-Hélène : « En « voilà un

dit-il dans le Mémorial « (tom. VII, p. 11), que j'ai fort mal << traité assurément. Rien de plus natu<< rel que de penser qu'il eût du m'en << vouloir beaucoup, sans doute. Eh bien, << j'ai appris avec plaisir qu'après ma «< chute il est demeuré constamment << bien; il a montré là cette élévation << d'âme qui honore et classe les gens. «Du reste, vrai patriote, et c'est une réponse à bien des choses."

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Le maréchal Jourdan a publié Mé moires pour servir à l'histoire de la campagne de 1796, Paris, 1818, in-8°.

JOURDAN(Mathieu Jouve), dit Coupe Tête, né vers 1749, dans le Vivarais, ou, suivant d'autres, près du Pure Velay. Dépourvu de toute éducation, on dit qu'il fut maréchal ferrant, contrebandier, condamné à mort par contumace; mais on ne sait, sur rien de bien constaté jusqu'à la pre mière année de la révolution. I vanta alors d'avoir coupé la tête oo malheureux Delaunay, gouverneur de la Bastille de là sans doute lai vint le sinistre sobriquet de Coupe-Tete. 1 se signala bientôt après dans les tro bles d'Avignon, et fut l'un des chefs de l'armée révolutionnaire qui marcha de cette ville contre Carpentras et le

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