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tragédie; ils lui amenèrent un bouc orné de guirlandes, en dansant et en chantant en choeur des dithyrambes de leur composition. L'affaire fit du bruit et faillit leur être funeste. On ne les accusa de rien moins que d'idolâtrie et d'athéisme.

Jodelle mourut à Paris en 1573, âgé de 41 ans.

Tous les biographes ont avancé qu'il était mort dans la misère. On peut douter de cette assertion quand on trouve, dans un compte de dépenses de Charles IX (*), que, très-peu de temps avant sa mort, le poëte recevait du roi des sommes considérables. Voici du reste le texte de l'article: « 29 octobre 1572.

a

A Estienne Jaudelle, sieur de Limodyn, l'un des poettes dudict sieur, << la somme de 500 livres tourn., en con<< sidération des services qu'il luy a cy« devant et de longtemps faicts en son dict estat, et mesmes pour luy donner « moyen de se faire panser d'une malladie, de laquelle il est à présent déa tenu et supporter les frais et des<< pences qu'il est contraint de faire en « ceste occasion, et en oultre et par« dessus les autres dons et bienfaicts qu'il a cy-devant eus dudict sieur. >> JOHANNEAU (Éloi), né à Contres, près de Blois, en 1770, a publié, comme editeur, les Mémoires de l'académie celtique, Paris, 1807 et années suivantes, 5 vol. in-8°, auxquels il a fourni un grand nombre de dissertations pleines d'intérêt; on lui doit l'Alphabet de la langue primitive de l'Espagne, traduit de l'espagnol de M. de Erro y Aspiroz; Mélanges d'origines étymologiques et de questions grammaticales, Paris, 1818, in-8°. Il a encore été l'éditeur des OEuvres de Rabelais, édition variorum, Paris, 1823-1826, 9 vol. in-8°.

JOHANNOT (Ch. H. Alfred), graveurdessinateur et peintre distingué de l'école française, naquit en 1800, à Offenbach-sur-le-Mein; il descendait par son père d'une famille française, que la révocation de l'édit de Nantes avait forcée de se réfugier à l'étranger. Son père vint se fixer à Paris avec sa famille en 1806. Alfred se livra bien jeune en

(*) Arch. cur. de l'hist, de France, tome VIII (Ire série), p. 359.

core à son goût prononcé pour le dessin; mais il fut obligé de suivre à Hambourg son père, nommé par l'empereur inspecteur de la librairie, et il se trouvait dans cette ville au moment où elle fut assiégée en 1813. En 1818, il revint de nouveau à Paris, et, après la mort de son frère Charles, graveur distingué (1825), il s'adonna sans relâche à la gravure. La première planche qu'il grava fut d'après le tableau des Orphelins de Scheffer. Ses succès en ce genre ne l'empêchèrent pas de se livrer à la peinture, et en 1831 il exposa, avec son frère Tony, deux cadres contenant 24 tableaux destinés à être gravés pour les œuvres de Walter Scott, puis un grand tableau de chevalet, l'Arrestation de Jean de Crespière sous Richelieu. Ces œuvres, qui attirèrent l'attention du public, furent suivies d'ouvrages non moins importants, parmi lesquels nous citerons: Don Juan naufragé, et une Scène de Cinq-Mars (1831); l' Annonce de la victoire d'Ilastenbeck (au PalaisRoyal); l'Entrée de mademoiselle de Montpensier à Orléans (1833); Francois i et Charles-Quint (1835); Henri II et sa famille; Marie Stuart quittant l'Europe; et enfin François de Lorraine présentant, après la bataille de Dreux, les officiers de son armée à Charles IX, tableau d'une très-grande dimension (au château d'Eu). Mais son travail assidu avait épuisé ses forces et développé une maladie de poitrine dont il était atteint depuis longtemps. Il mourut en 1837. Outre les œuvres que nous avons citées, Alfred Johannot a produit un nombre immense de vignettes, d'aquarelles, de sépia et de dessins qui ont rendu son nom populaire. Quelques-unes de ses aquarelles ont, jusqu'à un certain point, l'importance de tableaux à l'huile.

JOHANNOT (Tony), frère du précédent, est né aussi à Offenbach (HesseDarmstadt), le 9 novembre 1803; mais trop de titres les rattachent tous deux à la France pour qu'elle ne les réclame pas comme une de ses gloires, Leur famille, d'ailleurs, était française. Établie à Annonay, elle ne quitta le sol de la France que pour échapper aux conséquences de la révocation de l'édit de Nantes. En 1814, Tony Johan

not vint à Paris avec son frère, et il commença alors les études artistiques vers lesquelles l'entraînait son goût. Quand il eut acquis la connaissance du dessin, il aurait bien voulu se donner à la peinture; mais il fallait suffire à ses besoins, et il se vit obligé de négliger momentanément la peinture pour faire de la gravure et de la lithographie. Il donna d'abord la gravure du portrait du général Foy, d'après Gérard, puis celle des Enfants égarés, d'après Scheffer. Cependant, grâce aux ressources qu'il s'était créées, il put enfin suivre son inclination et donner plus de temps à la peinture. Au salon de 1832, il exposa un tableau représentant une querelle de Vendéens; puis Mina et Brenda, cette gracieuse et poétique composition qui conserve encore la faveur qui l'accueilit à son apparition. A la même époque, il exécutait pour le duc d'Orléans le tableau de la Mort de du Guesclin. Séduit par les gracieuses descriptions des romans de Walter Scott, Tony entreprit ensuite d'en reproduire les principales scènes; et il composa une série de petits tableaux dont la gravure s'est emparée depuis, et qui servent aujourd'hui d'illustrations aux éditions les plus soignées du romancier. Il fit, en 1833, pour le prince de Joinville, son tableau de Douglas le Noir. Le talent de Tony Johannot était devenu populaire: on aimait et on admirait dans ses ouvrages cette grâce, cette imagination si variée qui en sont les principaux caractères; quand on voulut faire concourir les arts à l'illustration de la typographie, on dut s'adresser à lui. Aussi est-il peu d'ouvrages illustrés, auxquels son nom ne soit attaché, et au succès desquels il n'ait puissamment contribué. Les œuvres de Molière, don Quichotte, Manon Lescaut, le Diable boiteux, s'embellirent successivement des produits de son crayon, qui sut admirablement se prêter à la vérité, à la grâce et à la finesse de tous ces chefsd'œuvres. Il serait impossible de citer tout ce qu'a fait Tony Johannot; cette prodigieuse quantité de vignettes, d'aquarelles, qui l'ont fait connaître et apprécier de tout le monde. Nous ajouterons seulement, aux ouvrages dont nous

avons déjà parlé, le tableau de Charles VI et Odelte, en 1832; l'Enfance & du Guesclin, en 1840; la Bataille de Rosbach et la Bataille de Fontand, sous Charles le Chauve, pour le musée de Versailles; les vignettes du Ficare de Wakefield, puis enfin les eaux-fortes pour les romans de Cooper. Tony Johannot,qui, en 1832, avait obtenu un médaille d'or, reçut, en 1840, la crois de la Légion d'honneur.

JOIGNY, Joviniacum, l'un des cheflieux d'arrondissement du département de l'Yonne, population 5,537 habi tants.

Quelques historiens y voient l'ancienne Bandritum, d'autres en attribuent la fondation à Flavius J vin. (Voyez ce mot.) Dès le dixième siècle, elle a eu ses comtes partic liers.

Geoffroi 1er devint comte de Joigny par son mariage avec une fille de Renaud le Vieux, comte de Sens. Il mourut vers 1042.

Étienne de Vaux, troisième comte de Joigny, gendre de la veuve de Geoffre II, laissa Geoffroi III le Vieux. Ensuite se succédèrent Geoffroi le Jeune (1081-1104) ; Renaud III;

Gui, mort en 1150, quelque temps après son retour de la croisade;

Renaud IV, mort vers 1179; Guillaume I, parti pour la croisade en 1190, mort vers 1219; Pierre, qui prêta hommage lige Blanche, comtesse de Champagne, Thibaut son fils;

et a

Guillaume II, qui mourut d'ép sement au retour de la croisade, en 1255.

Guillaume III est connu par un trat que rapporte Joinville : il avait fait ter en prison un bourgeois sujet duro, quoiqu'il fût réclamé par le sergent royal de la cité où il demeurait bourgeois mourut dans son cachot Louis IX appela Guillaume à comp raître devant lui, le fit saisir en plei parlement, et l'envoya au Châtelet de Paris, où il resta nombre d'années «Bonne et roide justice!» ajoute k

sire de Joinville.

Jean Ir mourut en 1283.
Jean II affranchit en 1300 la com-

mune de Joigny. Le mariage de sa fille avec Charles, fils du comte de Valois et neveu de Philippe le Bel, ne l'empêcha pas de se joindre aux barons révoltés contre le roi. Il fut aussi hostile à l'avénement de Philippe le Long.

Jeanne, son unique héritière, lui succéda en 1324, avec son mari Charles de Valois, comte d'Alençon, qui, par un échange, céda le comté à Jean de Noyers. Celui-ci périt à la bataille de Brignais (1361).

Miles de Noyers, fils de Jean de Noyers et de la fille d'Anselme de Joinville, combattit pour Charles de Blois à Auray, et y fut pris avec du Guesclin. Il mourut en 1376.

Jean II fut une des victimes de la mascarade de Charles VI. (Voy. BAL.)

Louis, son frère et son successeur, mourut en 1415, doyen des sept com. tes-pairs de Champagne.

Marguerite de Noyers, son unique héritière, était mariée à Gui de la Trémoille. Le comté souffrait beaucoup à cette époque des hostilités des Armagnacs. Louis de la Trémoille, héritier du comté, mort en 1464, fut remplacé par Charles de Châlon, fils de Jean de Châlon, baron de Viteaux et de Jeanne de la Trémoille, partisan zélé du duc de Bourgogne, contre Louis XI. Le roi confisqua son comté, mais le lui rendit en 1482. Il mourut en 1485.

Sa fille, Charlotte de Châlon, laissa de son mari Adrien de Sainte-Maure, un fils, Jean de Sainte-Maure, qui fut comte de Joigny et de Nesle.

Louis de Sainte-Maure (1526-1572) n'eut qu'un fils nommé Charles, qui mourut en bas âge.

Jean de Laval, cousin de ce jeune prince, lui succéda.

Gui de Laval mourut en 1590, des blessures qu'il avait reçues à Ivry.

Des deux tantes de Gui, Gabrielle et Anne de Laval, le comté passa, par contrat de vente, à Philippe-Emmanuel de Gondi (1603).

Pierre de Gondi le laissa à sa fille, madame de Blanchefort-Créqui, duchesse de Lesdiguières, qui en fit donation à Nicolas de Neuville, duc de Villeroi, mort en 1734.

Au dix-huitième siècle, Joigny avait encore d'épaisses murailles flanquées

de grosses tours. Sa cathédrale gothique date du quinzième siècle.

JOINVILLE, ancienne capitale du Joinvillois, comprise autrefois dans la province de Champagne, aujourd'hui dans le département de la Haute-Marne, arrondissement de Vassy.

Les premiers titres où il soit fait mention de cette ville ne remontent pas au delà du neuvième siècle. Sur la montagne qui la domine s'élevait jadis une tour de construction romaine, connue sous le nom de Tour de Jovin, et dont les derniers débris n'ont disparu qu'en 1649. Les habitations, en se groupant autour de ce point de défense, formèrent le bourg de Jovinivilla Joinville. Le château, qu'habitèrent les seigneurs de Joinville, qui vit naître l'historien de Louis IX, et fut le berceau des Guises, avait été bâti au onzième siècle, par Étienne de Vaux, et agrandi successivement. Les sapins et les peupliers en couvrent aujourd'hui l'emplacement.

La ville fut, dès l'année 1292, érigée en commune. La seigneurie en passa des sires de Joinville à la maison de Lorraine; elle avait le titre de baronnie; Henri II l'érigea, par lettres patentes du mois d'avril 1551, en principauté, en faveur de François de Lorraine, duc de Guise (qui fut plus tard tué par Poltrot).

Charles-Quint incendia Joinville en 1544, pour se venger de François de Lorraine, qui l'avait obligé de lever le siége de Metz, et par ressentiment de l'échec qu'il avait éprouvé devant SaintDizier; mais François II la fit rebâtir peu de temps après. Marie Stuart habita pendant quelque temps le château de Joinville, après la mort de François II; ce fut dans ce château que la ligue fut signée par les Guises.

On voit encore dans le faubourg la maison de plaisance des illustres Lorrains. Elle offre de curieux échantillons du style de la renaissance.

Le dernier duc de Guise, mort sans postérité en 1675, laissa à Marie de Lorraine (madame de Guise) la principauté de Joinville, comprenant, outre les terres de l'ancienne baronnie, c'està-dire, Ancerville, Vaucouleur, Rinel, Dongeux, etc., deux acquisitions des

Lorrains Eclaron et Roches. Ensuite cette seigneurie passa successivement à mademoiselle d'Orléans, à Philippe, frère unique de Louis XIV, au régent et à sa descendance.

L'église de Saint-Laurent, où fut enseveli l'historien, a été démolie en 1792. Les restes des sires de Joinville ont alors été déposés dans le cimetière de la ville, et aucun monument, aucun signe, ne peut maintenant les faire reconnaître. Quant au château, dès 1790, le duc d'Orléans, prince de Joinville, en avait vendu les bâtiments à condition qu'on les démolirait aussi, et cette clause n'a été que trop bien exécutée.

M. Champollion-Figeac a publié, dans le recueil des Documents historiques inédits tirés des collections manuscrites inédites de la bibliothèque royale, et des archives ou bibliothèques des départements, tome Ier, page 645, le plan du château de Joinville.

JOINVILLE (famille de). Les sires de Joinville avaient, selon certains auteurs, quelque parenté avec les comtes de Boulogne, et par conséquent avec Godefroi de Bouillon. Presque tous furent d'illustres chevaliers.

Geoffroy III, sénéchal de Champagne, mourut en 1132.

Geoffroy IV, son fils, combattit à Acre; il eut quatre fils: 1°Geoffroy V Troullard, mort en terre sainte en 1204; 2° Simon, qui se distingua à Damiette en 1218, défendit et sauva la capitale de la Champagne, assiégée par les barons de France, épousa en secondes noces Beatrix de Bourgogne, et en eut pour fils Jean, sire de Joinville, l'immortel historien de Louis IX; 3° Gui, seigneur de Sailly; 4o Guillaume, évêque de Langres, puis archevêque de Reims.

Jean, sire de Joinville, naquit en 1224, au château de sa famille. Pendant son enfance, il fut attaché à Thibaut IV, comte de Champagne. A seize ans,

il

Chypre, il n'avait plus d'argent par payer ses hommes; il fut oblige¿ prier Louis de venir à son secours. De puis ce moment, Joinville s'onit au r d'une amitié intime. Il combattit irvement les infidèles, partagea en E la captivité du roi et le suivit en S rie. De retour en France, il eut te la confiance de son maître. Peut cet attachement n'était-il pas tout à f désintéressé, car les libéralités de sa Louis à l'égard du sénéchal excitère plus d'une fois la jalousie des barons Il faut remarquer, toutefois, qu'il e dut rien à la flatterie, et que son affe tion survécut longtemps à celui qui était l'objet.

Joinville vécut tour à tour à Paris en Champagne jusqu'en 1268, ep où le roi, entreprenant une nouve expédition d'outre-mer, lui mand l'accompagner. Mais cette fois le sent chal, marié depuis peu en secondes ces à Alix, fille de Gautier, sire de R nel, de la famille des comtes de Jogar, et guéri par l'expérience, de son ent siasme pour la guerre sainte, s'excus de partir, sur ce que ses vassaux avale trop souffert de sa longue absence lors de la première expédition.

Sous Philippe le Hardi, il gouvern le comté de Champagne, et quand Ph lippe le Bel souleva de nombreux e contentements par son système d'im pôts, il refusa aussi de lui obéir. E les bu 1315, Louis X ayant convoque rons à Arras pour la

guerre

de Flandre,

le sénéchal, quoique âgé de 92 aus,

pondit à cet appel.

La reine Jeanne de Navarre l'avait prié de mettre par écrit ses souvenirs Il passa ses dernières années à compe ser ses Mémoires, qu'il dédia aut Louis X. Il mourut en 1319, âgé de

ans.

Les Mémoires de Joinville sont un précieux monument pour l'histoire n tionale et pour l'histoire de notre litte épousa Alix de Grand-Pré, cousine du rature. La bonne foi, le naturel exquis

comte de Soissons; et Thibaut, au retour de la croisade, lui conféra la charge

en food

la naïveté des sentiments, la vivacite l'élégante simplicité du style, de sénéchal de Champagne, qu'avait une production éminemment original exercée son père. En 1248, il prit la et intéressante. On les imprima pour croix pour passer en Orient à la suite la première fois en 1547, à Poitiers,

de saint Louis, engagea ses biens, et partit avec dix chevaliers. Arrivé en

in-4°. Claude Mesnard

en

publia

nouvelle édition en 1617, à Angers,

-4°; du Cange en donna une autre -fol. en 1668. Mais toutes ces édions n'étaient que des imitations imarfaites de l'original. Un manuscrit eaucoup plus complet fut trouvé à Cruxelles et apporté à Paris par le machal de Saxe, et servit de texte à édition du Louvre. C'est cette édition ue MM. Michaud et Poujoulat ont reroduite dans leur Collection de Méoires.

Anselme, deuxième fils du sire de oinville, lui survécut seul, et fut aussi énéchal de Champagne. Son fils uniue, Henri, n'eut pas d'enfant mâle; ne des filles de ce dernier, Marguerite, pousa Ferri Ier, prince de Lorraine. 'est ainsi que la seigneurie de Joinville assa dans la famille des Guises.

JOINVILLE (traité de). Ce traité, qui it époque comme le premier acte dilomatique de la ligue, fut conclu à Joinlle, le 31 décembre 1584, entre Jeanaptiste de Taxis et Jean Moreo, agents Philippe II d'Espagne, les ducs de uise et de Mayenne, chargés des pouirs des autres princes de leur maison, François de Roncherolles, mandaire du cardinal de Bourbon.

JOLIBOIS, vétéran, ayant appris, en 792, que son fils, volontaire du 1er baillon de Paris, avait quitté ses draaux, partit aussitôt pour le remplar, arriva le matin de la journée de mmapes, et combattit avec le batail n de son fils. « O mon fils! s'écriait-il à chaque coup qu'il tirait sur l'ennemi, faut-il que le souvenir de ta fuite empoisonne un moment aussi glorieux ! » Le général le fit nommer ofcier sur le champ de bataille.

JOLY (Marie-Elisabeth) naquit à Verilles en 1761. Dès son enfance, elle ltiva l'art dramatique : à l'âge de neuf is, elle figurait dans des ballets et uait des rôles d'enfant ; et dès ce moent, ses rares dispositions attirèrent ttention des grands maîtres de l'art. éville et sa femme voulurent euxêmes cultiver ces heureux commenceents; elle montrait déjà un tact si décat, que le Kain lui demandait souvent ec amitié : « Eh bien, ma petite Joly, ai-je bien joué mon rôle aujourd'hui ? » t lorsqu'elle répondait : « Oui, papa, grand acteur semblait plus content

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de lui-même. Il écoutait avec attention ses petites observations, et avouait qu'il en avait profité. Elle débuta aux Français en 1781. Un organe très-net, un jeu fin et beaucoup d'intelligence, assurèrent d'abord ses succès. Ce fut particulièrement à l'emploi des soubrettes qu'elle se consacra, et elle obtint de tous les amateurs de la bonne comédie ce témoignage que, depuis mademoiselle Dangeville, ils n'avaient vu dans ce genre aucune actrice qui pût lui être comparée. Elle perfectionna ses rares dispositions par la réflexion et par l'étude. Peu d'actrices méditèrent davantage sur leur art elle en exposait avec clarté les difficultés et les ressources. Lorsque Cailhava composa son Art de la comédie, il la voyait souvent, et sortait rarement d'auprès d'elle sans avoir retenu quelque observation intéressante et utile.

Mademoiselle Joly joignait à une vivacité charmante une âme excellente: préférant la solitude au grand monde, elle aimait avec passion à contempler la nature. Elle avait pris pour J. J. Rousseau ce goût qui est le partage de presque toutes les âmes sensibles; elle visita son tombeau à Ermenonville, et, dans un transport d'admiration pour ce grand homme, elle consacra sur son monument la première couronne civique qui lui ait été offerte. Cette couronné était en bronze, imitant les feuilles de chêne, avec cette inscription: Offerte en 1788 aux månes de J. J. Rousseau, par Marie Joly, épouse et mère. Elle fit aussi des stances remplies de sentiment au sujet de la translation du corps de Rousseau au Panthéon.

Cette actrice mourut en 1798. Son corps fut porté à Soligny, dans une terre qui lui appartenait et qu'elle aimait beaucoup. Son tombeau a été creusé dans le roc, sur une montagne escarpée à laquelle les habitants ont donné, par reconnaissance du bien qu'elle avait fait, le nom de Mont-Joly. Le poëte le Brun fit pour son buste ces deux vers assez médiocres, mais ornés d'une antithèse dans le goût du temps:

Éteinte dans sa fleur, cette actrice accomplie Pour la première fois a fait pleurer Thalie. JOLY DE FLEURY (Guillaume-François), né à Paris, en 1675, d'une famille

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