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1192. Henri, comte de Champagne. 1197. Amaury II de Lusignan, roi de Chypre, mort en 1205.

1210. Jean de Brienne.

1225. Frédéric II, empereur d'Allemagne, gendre de Jean de Brienne.

1240. Raoul de Cœuvres.

Depuis cette époque, le titre de roi de Jérusalem a été porté successivement par plusieurs princes. Le roi de Sardaigne et l'empereur d'Autriche le prennent encore aujourd'hui. (Voyez CROISADES.)

Pour achever cette esquisse rapide de l'histoire du royaume de Jérusalem, nous empruntons à un excellent ouvrage les aperçus suivants sur la constitution des Etats chrétiens en Orient, aperçus qui compléteront ce qui a déjà été dit à l'article ASSISES:

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Godefroy de Bouillon, dit Scholl (*), devint le législateur du royaume dont il fut le premier monarque. De l'avis et du consentement du patriarche de Jérusalem, des princes, barons et vassaux, il chargea plusieurs hommes prudents et expérimentés de recueillir de la bouche d'individus de plusieurs nations, les lois et institutions de leurs pays divers, et de les mettre par écrit. Avant assemblé ensuite le patriarche et les barons, il leur donna lecture de ces mémoires, y choisit ce qui paraissait avantageux, et en composa un code qui fut nommé Assises et droit de Jérusalem. Le royaume fut déclaré indivisible et héréditaire, même dans la ligne féminine à défaut de mâles. Faute d'héritiers, les barons, c'est-à-dire, le haut clergé et les vassaux immédiats du roi, devaient procéder à une élection. Avant de recevoir l'hommage des vassaux, le roi devait jurer l'observation de la constitution. Le patriarche le couronnait. Tout le royaume était divisé en baronnies, et le domaine de la couronne réservé au roi formait une de ces baronnies. Les baronnies, dont le comté d'Édesse, la principauté d'Antioche, et plus tard celle de Tripoli, furent les trois premières, étaient héréditaires, et leurs possesseurs, ayant sous eux des arrièrevassaux, jouissaient de grands droits.

(*) Cours d'histoire des États européens, tome III, p. 317 et suivantes.

Le roi pouvait donner en fief des parties de son domaine ou de sa baronnie royale; mais les titulaires ne devenaient pas pour cela vassaux immédiats de la couronne, ils étaient regardés comme arrière-vassaux. Godefroy établit deur tribunaux l'un nommé haute court, où il présidait et jugeait lui-même, avec les barons, les causes des nobles et les causes féodales; l'autre, nommé basse court, court des borgés, court dou vis conte, était présidé par le vicomte, et composé de jurés des villes. Il jugeait les affaires des bourgeois des villes, tant personnelles que réelles, et les causes criminelles.

« Le sénéchal, premier officier de la couronne, avait sous ses ordres les baillis du roi, des prélats et des barons, lesquels étaient institués pour juger ceux des sujets qui n'avaient pas le droit d'ester devant le vicomte, par exemple les indigènes chrétiens. Le sénéchal était aussi chargé de l'administration du domaine du roi et des fiefs qui en dépendaient. La seconde charge de la cour était celle de connétable, dont le lieutenant portait le nom de maréchal. L'Église fut organisée à l'instar des églises occidentales; mais son indépendance du gouvernement séculier fut plus clairement prononcée; elle ne fournissait pas de milice; seulement, dans des cas extraordinaires, elle prêtait aide au roi. Les villes qui avaient une cour du vi comte jouissaient des priviléges municipaux. Les établissements que les républiques italiennes formèrent, et ceux des ordres militaires, en obtinrent qui les rendirent presque indépendants. Le code des assises fut déposé dans une caisse de l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. On n'en fit pas plusieurs copies authentiques; chaque chevalier et chaque juge devait les savoir par cœur, et l'on ne consultait l'original que lorsque les tribunaux avaient quelque doute. Čet exemplaire unique ayant péri en 1187, lorsque Saladin s'empara de Jérusalem, il fallait s'en rapporter à la mémoire de ceux qui en savaient le contenu par cœur. Enfin Jean d'Ibelin, comte de Jaffa ou de Joppé, mit de nouveau les assises par écrit, telles que lui-même et d'autres se les rappelaient. Ce travail fut fait postérieurement à

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l'année 1232, car il y est question du siége de Cérine, ville qui se rendit cette même année. Jean d'Ibelin inséra dans sa nouvelle rédaction la forme de procédure qu'un certain Philippe de Navarre (*) avait composée vers la même époque. Ce Philippe habitait l'île de Chypre, où les assises de Jérusalem furent. introduites en 1192. On les mit aussi en pratique dans l'empire latin de Byzance, où on les nomma liber consuetudinum imperii Romaniæ. En 1421, les Vénitiens en firent faire une révision pour leur gouvernement de Négre pont (**). »

JESUITES. C'est en vain que l'on chercherait parmi les institutions monastiques qu'enfantèrent les siècles dévots du moyen âge, quelque terme de comparaison applicable à cette société fameuse que nous a léguée la renaissance. En effet, tandis que les autres ordres religieux ne different guère entre eux que par le nom du saint sous l'invocation duquel ils se sont placés, par la couleur et la coupe de leurs habits, et peut-être encore par le plus ou moins de sévérité de leur règle, celui des jésuites, sans précédent comme sans copie, se présente à l'observateur comme affranchi de toute solidarité avec cette triste population des cloîtres, qu'il domine de toute la supériorité de l'action sur l'inertie, et comme ne tirant que de lui-même les vertus et les vices qui lui ont fait tant de partisans et tant d'ennemis.

Un officier espagnol de noble maison, Ignace de Loyola, jeune homme au cœur ardent, au génie chevaleresque, est blessé à la défense de Pampelune, en 1521. Pendant sa convalescence, la lec

(*) Voyez, dans le tome II de la Bibliothèque de l'école des chartes, une notice de M. le comte Beugnot sur la vie et les écrits de Philippe de Navarre.

(**) Il y a quelques années, il n'existait qu'une seule édition française des Assises, publiée (1690,in-f°) par Thaumas de la Thaumassiere. Ce recueil précieux a été réimprimé depuis, en Allemagne, et M. le comte Beugnot vient de le faire de nouveau imprimer (1841, in-fo) dans la grande Collection des historiens des croisades, publiée par l'Académie des inscriptions. Il forme le tome premier des Lois.

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ture de quelques livres de piété enflamme son imagination. Il y puise une dévotion particulière pour la mère de l'Homme-Dieu; puis une vision lui montre Jésus et Satan enrôlant les hommes, et les rangeant en deux armées ennemies entre lesquelles va se décider la lutte entre la lumière et les ténèbres. Ignace se range sous l'étendard de la croix; il sera le chevalier de Marie, le soldat du Christ. Ignorant encore comme tout gentilhomme devait l'être alors, il va successivement prendre rang parmi les écoliers d'Alcala et de Salamanque, puis, avant même de quitter les bancs de ces universités, il commence à catéchiser. Déjà, quelques amis ont partagé son enthousiasme; mais ceux dont il combat les désordres soulèvent contre lui la population des écoles, tandis que, d'un autre côté, l'autorité ecclésiastique croit devoir modérer son zèle prématuré. Enfin, fatigué des contrariétés qu'il éprouve dans sa patrie, Loyola passe en France.

Arrivé à Paris en février1528, il recommence ses humanités au collége Montaigu, fait sa philosophie à celui de SainteBarbe. et enfin sa théologie chez les jacobins. Ses premiers disciples l'ont quitté à la frontière, six nouveaux adeptes les remplacent.Ce sont: un pauvre prêtre savoyard, Pierre Lefèvre; un gentilhomme navarrais qui professait la philosophie au collége de Beauvais, François Xavier; le Portugais d'Azevedo, les Espagnols Lainez, Salmeron et Bobadilla. Le 15 août 1534, jour de l'Assomption, Ignace et ses pieux amis se rendent à Montmartre; Lefèvre leur dit la messe dans une chapelle souterraine, puis ils s'engagent par un serment solennel à consacrer leur existence au service de la religion, à se contenter pour eux-mêmes du strict nécessaire, et à faire ensemble le pèlerinage de Jérusalem pour y travailler à la conversion des infideles. On se donne rendez-vous pour 1536 à Venise.

Non-seulement tous y furent fidèles, mais leur nombre s'y trouva accru de trois nouveaux adeptes, dont deux Français. Cependant la guerre avec les Turcs ferme à ces pèlerins missionnaires les routes de la terre sainte; ils décident alors que, pour ac

complir leur vou, ils iront se jeter aux pieds du saint-père, en le suppliant de disposer de leurs personnes pour la défense de la foi catholique. Comme ils quittaient Sienne pour se rendre à leur nouvelle destination, Ignace voit dans une vision Jésus qui le fortifie encore dans sa pieuse résolution, par ces mots: Je vous serai propice à Rome. Arrivés dans la capitale du monde chrétien, ils y renouvellent leur vou, le 15 avril 1538; étant convenus des bases de leur société, ils en présentent le plan à Paul III; ce pape le soumet à une assemblée de cardinaux ; mais Guidiccioni, l'un des juges, se prononce contre l'utilité d'un ordre nouveau, et son avis prévaut.

Cependant le midi de l'Europe sortait à peine de sa lutte contre l'islamisme, la réforme travaillait le nord, et partout le doute philosophique commençait à se faire jour.Tant d'attaques ébranlaient le trône du successeur de saint Pierre; il fallait l'appui de nouveaux prétoriens au souverain de Rome moderne. Il accepta donc enfin les services des jésui tes, pour retenir à ses pieds ce monde qui allait lui échapper. La prédication, la confession, l'éducation de la jeunesse dans les pays chrétiens, les missions évangéliques chez les infidèles et les idolâtres, telles étaient les armes qu'apportait au combat cette pieuse milice. Par sa bulle du 27 septembre 1540, Regimini militantis Ecclesiæ, Paul III approuva le nouvel institut, sous la denomination de Société de Jésus. Ignace fut proclamé général de l'ordre, le 22 avril 1541, et en rédigea immédiatement les constitutions, de concert avec Lainez.

D'après ce code, à la fois politique et religieux, le général exerce une autorité à peu près absolue sur tous les membres de la société. Il reçoit et exclut qui il veut, nomme à tous les emplois, à l'exception de deux, convoque et préside les congrégations ou assemblées générales. Dans le cas où l'âge ou les infirmités le rendaient incapable de remplir les devoirs de sa charge, l'ordre, avec la sanction du pape, lui nomme un vicaire général, lequel doit lui succéder.

Cinq assistants composent le conseil secret du général, et dirigent sous ses of dres les affaires de la société dans les cinq principales nations théâtre de ses travaux : l'Italie, l'Allemagne, la Frare, l'Espagne et le Portugal. Ils pourraient convoquer une assemblée générale pour déposer le chef lui-même, s'il met une vie scandaleuse ou dissipait les revenus de l'ordre. Ils sont nommés par la congrégation assemblée, comme l'est aussi l'admoniteur, conseiller intime chargé d'avertir en secret le général de ce qu'il pourrait remarquer d'irréguler dans sa conduite.

L'ordre est divisé en provinces, dog les chefs, dits provinciaux, choisisse moyennant la sanction du général. s supérieurs des maisons professes et des noviciats, les recteurs des colléges, é une foule d'officiers inférieurs qui se partagent les différentes branches du service.

La gestion de la fortune de l'ordre est confiée, à Rome, à un procureur général, et dans chaque province, à procureur particulier.

Les jésuites sont partagés en cinq classes. Les ecclésiastiques qui veulent faire partie de l'ordre done t d'abord passer deux ans dans cele des novices. Ce temps d'épreuves est consacré à le former à l'obeissa et à l'abnégation les plus absolue De cette classe, ils passent d'aber! dans celle des écoliers approuvés, ils se lient par des voeux secrets, puis dans celle des coadjuteurs spir tuels, où ils font des vœux publics.qu sont reçus par le supérieur au nom la général. Ces deux classes sont plus pa ticulièrement chargées de l'instruct de la jeunesse, de la prédication, de it direction des consciences. Pour entr dans celle des profès, il faut avoir l teint l'âge de 33 ans, et ajouter a trois vœux ordinaires de pauvreté, s chasteté et d'obéissance, celui d'un tier dévouement aux ordres du pape tout ce qui concerne les missions. L profès peuvent être regardés cont les patriciens de l'ordre. C'est à e que sont dévolues les fonctions diffic de supérieurs des missions, de dir teurs spirituels des princes. Seals ont voix dans l'élection du général,

peuvent remplir les hautes charges de l'ordre.

La cinquième classe, tout à fait en dehors de la hiérarchie dont nous venons de présenter le tableau, est celle des coadjuteurs temporels. Ce sont des laïques qui ne prennent d'autre engagement que celui de servir l'ordre. On en - reconnaît de deux sortes. Les uns remplissent les fonctions les plus humbles dans les établissements des Peres, tandis que les autres sont des affiliés secrets que l'ordre se ménage dans tous les rangs de la société, et que l'on désigne dans le monde sous le nom de jésuites de robe courte. Une correspondance régulière et directe avec le général concourt à donner de l'unité à ce corps immense.

Les jésuites n'ont point, à proprement parler, de costume distinctif. Ils prennent de préférence celui que portaient les prêtres à l'époque de la fondation de l'ordre; mais il leur est loisible de le modifier selon les pays et les temps. Afin que rien ne détournât ses prêtres de leur mission spéciale, Loyola voulut qu'ils renoncassent aux dignités de l'Église, et en effet, un jésuite ne peut accepter l'épiscopat, à moins que le pape ne le lui commande sous peine de péché. Cette clause des constitutions de l'ordre peut être considérée comme une des causes qui ont amené ses fautes et ses malheurs; car, en fermant ainsi à l'ambition de ses prêtres sa carrière légitime, le fondateur ouvrit pour ainsi dire la voie à ces empié tements dans toutes les autres carrières, qui ont créé contre eux tant de jalousie et de haine.

Au nombre des objets que se proposait l'institut, il avait d'abord mis la double tâche de convertir les juifs et les femmes publiques. Mais le peu de succès de ses efforts dans la première partie de cette tâche, et la médisance à laquelle donna lieu la seconde, ne tardèrent pas à les lui faire abandonner l'une et l'autre.

L'ordre se développa avec une merveilleuse rapidité. Il n'eut, a-t-on dit avec vérité, ni enfance, ni vieillesse. Au lieu de cacher au fond des cloîtres d'inutiles austérités, les jésuites se jete rent au milieu du monde pour le gou

verner. Polis et savants, habiles d'ailleurs à se plier aux circonstances, ils ne tardèrent pas à prendre dans la confiance des fidèles la place qu'avaient occupée avant eux les franciscains et les sombres disciples de saint Dominique.

Dès 1540, Ignace envoie à Paris 16 novices, qui vont loger d'abord au collége du Trésorier, puis à celui des Lombards; mais, comme la plupart étaient Espagnols, la guerre qui s'alluma entre François 1er et Charles - Quint ne tarda pas à les obliger à quitter la France. En 1543, l'article des statuts qui limitait à soixante le nombre des membres de l'ordre, fut abrogé, et après la paix de 1544, les jésuites rentrèrent en France plus nombreux qu'avant leur départ. Ils y eurent pour protecteur Guillaume Duprat, évêque de Clermont, qui les accueillit d'abord dans son diocèse, à Billom et à Mauriac, puis les logea à Paris, dans son hôtel de la rue de la Harpe, et finit par leur léguer 36,000 écus. En 1550, sur la recommandation du pape, et par l'entremise du cardinal de Lorraine, ils obtinrent de Henri II des lettres patentes qui les autorisaient à bâtir à Paris, du produit des aumônes qu'ils avaient déjà recueillies, une maison et un college.

Mais le parlement refusa d'enregistrer ces lettres. Nouvelles lettres du roi en 1552, et, le 3 août 1554, arrêt du parlement, soumettant bulles et lettres à l'évêque de Paris et au doyen de la faculté de théologie. Comme on s'y attendait, ces deux autorités prononcèrent contre les jésuites. L'évêque Eustache du Bellay, dans son avis sur la bulle, soutint qu'elle contenait « des choses en opposition avec la raison, et qui ne devoient être tolérées ni reçues en la religion chrétienne.» La Sorbonne déclara que la société paraissait dangereuse pour la foi, perturbatrice de la paix de l'Église, et plus propre à détruire qu'à édifier. »

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Ignace, auquel le P. Brouet, supérieur des jésuites de Paris, rendit compte de l'affaire, l'exhorta à se soumettre et à attendre. Cependant l'évêque ayant poussé la rigueur, à l'égard des jésuites, jusqu'à leur interdire toute fonction dans son diocèse, ils prirent le parti de se soustraire à son autorité, en allant

s'établir dans le quartier qui était sous la juridiction de l'abbé de Saint-Germain des Prés.

Du reste, les faveurs de Rome dédommageaient les Pères de l'opposition qu'ils rencontraient ailleurs. Paul III et son successeur Jules III n'avaient pas cru pouvoir payer par trop de bienfaits les services de la pieuse milice des enfants de Loyola. Non-seulement tous les priviléges accordés aux autres ordres avaient été appliqués à celui des jésuites, mais il en avait créé en leur faveur de nouveaux, d'une éten due inouie jusque-là. D'abord le pape leur avait reconnu le pouvoir de conférer tous les degrés académiques, et ces degrés devaient faire jouir ceux qui les avaient obtenus, de droits égaux à ceux des gradués des universités. En 1545, il leur accorda la faculté d'exercer le ministère sacré dans toutes les églises de la chrétienté, même pendant un interdit, et de donner l'absolution pour les cas même réservés au saintsiége; affranchis enfin de toute juridiction locale, ils ne reconnaissaient audessus de leur autorité que celle du souverain pontife.

A l'époque de la mort du fondateur, en juillet 1556, bien que toujours repoussé par la France, l'ordre comptait déjà, dans le reste de l'Europe, 12 provinces, 100 colléges et 1000 membres, sans compter les missions qu'il avait établies en Amérique, en Afrique et en Asie. A l'avénement de François II, les jésuites de Paris renouvelèrent leurs sollicitations pour obtenir une existence légale, déclarant renoncer à tout ce qui, dans leurs priviléges, pouvait paraître contraire aux droits de l'Église gallicane et de l'Université. Les Guises, qui s'étaient déclarés leurs protecteurs, portèrent l'affaire au conseil privé, et ils obtinrent, le 31 octobre 1560, l'ordre de vérification des lettres patentes et d'homologation de la bulle. L'évêque de Paris demanda cependant quelques modifications aux statuts qui devaient les régir. Il voulait qu'ils fussent déclarés soumis à l'autorité des ordinaires, qu'aucun d'eux ne pût enseigner la théologie sans avoir été reçu par la faculté, et même qu'ils prissent un autre nom. Cependant l'enregistrement tant désiré

eut enfin lieu le 18 novembre, mais sous l réserve que si, dans la suite, il se troe vait dans leurs priviléges quelque chos de préjudiciable aux droits du roi et à ceux de l'autorité ecclésiastique, il y serait pourvu. L'avantage qu'ils avalest obtenu était assez faible, puisque a commencement du règne de Charles IX. ils durent adresser une nouvelle requête pour être approuvés comme corps regieux, ou du moins comme college. La question fut soumise à l'assemblee de l'Eglise gallicane qui se tenait à Poissy. Lainez, successeur de Loyola dans l gouvernement de l'ordre, y vint en per sonne. On autorisa seulement le college, en enjoignant aux Pères de renoncer au titre de leur société. Mais ils tinrent toutefois si peu de compte des restrictions que le clergé français avait cru devoir leur imposer, qu'ils placèrent sur la porte du collége qu'ils achetèrent rue Saint-Jacques, l'inscription: Collegium societatis nominis Jesu.

Leurs classes s'ouvrirent en 1564, et, pour ne point laisser à leurs adversaires le temps de préparer contre eux un nouvel interdit, ils ne rendirent publiques les lettres de scolarité qu'ils avaient obtenues du recteur Julien de Saint-Germain, que le jour de l'ouver• ture. Riches des aumônes de leurs pe nitents, les jésuites donnaient leurs lecons gratuitement, tandis que l'Université faisait payer les siennes; aussi les classes de celle-ci furent-elles désertées par bon nombre d'écoliers, le jour où s'ouvrirent celles des jésui tes. L'Université en corps s'éleva con tre la décision de son chef, et fit signi fier aux nouveaux régents défense de continuer leurs cours jusqu'à ce qu'ils eussent obtempéré à l'injonction qu leur avait été faite de prendre un autre titre. Les jésuites demandèrent alors a être reçus membres de l'Université.

On les cita à comparaître, le 18 fevrier 1564, devant une commission préside par le recteur. Là, sommés de déclarer s'ils étaient séculiers, réguliers ou moines, ils refusèrent de s'expliquer, preten dant qu'ils étaient déjà admis sans avoir été soumis à un semblable examen; d'ailleurs, ils étaient ce qu'ils étaient, tales quales. La qualification que leur avait donnée le concile de Trente était

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