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quier l'âme d'un poëte, d'un vrai poëte. Lui-même en avait conscience : il osa se faire imprimer. Le succès fut généal, et bientôt, de sa ville natale, son hom se répandit dans tout le Midi. L'argent vint avec la renommée, et Jasmin out jouir d'une honorable aisance, qui e lui fit pas abandonner cependant sa modeste profession. Elle lui était chère, et d'ailleurs, en homme d'esprit, il comprenait que le contraste de son talent poétique avec sa condition et son métier contribuait à donner du piquant à

ses vers.

Il fut appelé à Bordeaux, à Toulouse: il lut ses poésies dans des assemblées publiques; il y fut couronné, et y triompha comme les anciens poëtes le la Grèce. Cette gloire méridionale 'est point une illusion locale, ni l'ourage factice de l'orgueil provincial. Il a un vrai mérite dans les vers de Jasnin: il manie avec correction et pureté 'idiome d'Agen, le plus pur des patois Provençaux; il a de l'originalité et de 1 grâce dans l'expression; il compose es récits et ses chansons avec art; il nêle à cet art une naïveté charmante. 'est un poëte populaire et national, t c'est en même temps un artiste inénieux de langue et de versification. 'est un digne successeur du fameux Gondouli. Ses productions sont veues jusqu'à Paris; les amateurs de oésie ont appris le patois pour les re. L'hiver dernier, Jasmin luiême est venu dans notre ville, apelé par nos critiques et nos Mécènes. nvité dans les plus brillants salons, il lu ses vers en les accompagnant d'un ommentaire en français, plein d'esrit, de vivacité et d'à-propos. D'ailurs il lit si bien, avec tant d'expresion, qu'il rend le patois intelligible our ses auditeurs. Il est reparti comlé d'honneurs, après avoir eté invité à n grand banquet par tous les coiffeurs e Paris, fêté dans les cercles du grand onde, appelé à s'asseoir à la table royale Neuilly.

Cet aimable poëte, toujours moeste au milieu de ses triomphes, a egagné sa ville d'Agen pour y rerendre les armes de sa profession, à aquelle il trouve, dit-il dans un de ses hants, un grand avantage, celui d'être

sûr de faire la barbe aux poëtes ses confrères d'une manière ou d'une autre. Ses ouvrages sont le Charivari, poëme burlesque, 1825; las Papillotos (les Papillotes), 1835, recueil de diverses poésies où se trouve le charmant récit intitulé: Mous soubenis (Mes souvenirs); l'Abuglo (l'Aveugle) de Castel-Cuillé, poëme où il raconte avec beaucoup de pathétique et de mélancolie une tradition populaire très-touchante du pays; enfin, encore un autre poëme intitulé : Françounetto.

JAUBERT (François, comte), naquit à Bordeaux en 1758. Il était avocat au parlement de cette ville, lorsqu'en 1790, il fut élu membre de la première municipalité constitutionnelle, et, un peu après, commissaire du gouvernement près le tribunal civil de son district. Lié avec le parti girondin, il fut mis hors la loi en 1793, et ne dut la vie qu'au 9 thermidor. Il reprit alors ses fonctions d'avocat, et devint membre du Tribunat, qu'il présida en 1804. Il fut ensuite inspecteur général des écoles de droit, et conseiller d'État. Le 9 août 1807, il fut nommé gouverneur de la banque, place qu'il conserva jusqu'en 1814. Il devint alors conseiller à la cour de cassation, et, à l'époque du débarquement de Napoléon à Cannes, il signa l'adresse que la cour suprême envoya à Louis XVIII. Cependant le 24 mars suivant, il rentra au conseil d'État impérial, et fut nommé directeur général des contributions indirectes. Il perdit ces deux places au retour de Louis XVIII; mais deux ans après, en 1818, il fut de nouveau nommé conseiller à la cour de cassation, et il conserva cette place jusqu'à sa mort, arrivée en 1822.

JAUBERT (Hippolyte-Franç., comte), neveu du précédent, et adopté par lui en 1821, est né à Paris en 1798. Son père, Hippolyte Jaubert, commissaire en chef de l'armée navale d'Égypte, avait été tué par un boulet anglais à la bataille d'Aboukir. Elu en 1831 député du département du Cher, M. Jaubert n'a cessé depuis de représenter ce département à la chambre, où il a longtemps été compté parmi les principaux membres du parti doctrinaire. Il se rangea en 1839, avec ses amis politiques, dans la coalition qui renversa

le ministère Molé, et fit partie en 1840 du cabinet du 1er mars, comme ministre des travaux publics. Quoique l'un de ses anciens amis politiques, M. Guizot, fût le membre le plus influent du cabinet qui succéda à celui-là, M. Jaubert, en quittant le ministère, rentra dans l'opposition, ou plutôt il y resta: placé en sentinelle avancée, lors de la campagne entreprise par les doctrinaires et l'opposition contre les partisans du gouvernement personnel, on avait oublié de le relever, pressé qu'on était de passer dans le camp ennemi. C'est en ces termes que M. Jaubert a expliqué lui-même à la chambre comment il s'était séparé de ses anciens amis. C'est dans la même séance qu'il a rappelé à ses collègues la mort glorieuse de son père les paroles dont il s'est servi en cette circonstance ont eu de l'écho dans la chambre et dans le pays.

M.lecomte Jaubert, qui est un homme d'étude aussi bien qu'un homme politique, a publié, sous le voile de l'anonyme, un petit ouvrage fort remarquable, intitulé: Vocabulaire du Berry et de quelques cantons voisins, par un amateur du vieux langage. La deuxième édition de ce livre a paru à Paris en 1842.

JAUBERT (Pierre-Amédée-ÉmilienProbe), né à Aix en 1779, vint à Paris sur la fin de 1793, et devint, deux ans après, l'un des premiers élèves de l'école des langues orientales vivantes. Il fut en 1798 l'un des quatre jeunes orientalistes designés pour faire partie de l'expédition d'Egypte. Il accompagna Bonaparte en Syrie, et fut du petit nombre des Français qui revinrent en Europe avec le général en chef.

zid, qui voulait s'approprier les riches présents dont il était chargé pour schah, et ne fut délivré que par mort de son persécuteur. Il put alors se rendre auprès de Feth-Aly-Schab, qui l'accueillit avec bienveillance, et lu fit présent de plusieurs manuscrits precieux. M. Jaubert revint ensuite 1 Constantinople par une voie différente de la première, et y fut rejoint pr l'ambassadeur persan Muza-Mahmou Riza-Khan, qu'il conduisit en Pologne. où se trouvait alors Napoléon.

L'empereur lui avait accordé en 189 une pension de 4,000 fr., qui, depuis, fut maintenue par une loi de 1820. avait été ensuite nommé auditeur conseil d'État, secrétaire interprète di ministère des relations extérieures, et maître des requêtes. Napoléon lui ft en outre compter une gratification de 100,000 francs, et en 1815, pendant les cent jours, il l'envoya à Constantinople comme chargé d'affaires de la France. Malgré le refus du gouvernement turt de recevoir un agent de Napoléos, M. Jaubert se montra, ainsi que p sieurs membres de la légation fra çaise, avec la cocarde tricolore même, une nuit, arborer l'aigle in périale sur la porte de l'hôtel de l'al bassade de France; mais le lendemain, un détachement de janissaires vint ene ver de vive force ces insignes, et arracha la cocarde tricolore à ceux qui la por taient.

Peu de temps après, M. Jaubert re vint à Paris. On lui rendit sa place de maître des requêtes qu'on lui avait d' bord enlevée; puis, en 1818, il repartit pour l'Orient avec une nouvelle mis sion du gouvernement. Il était char d'établir des relations avec les peuples du Caucase, les Boukhares et la Perse et de rechercher la race des chevres qui fournissent le duvet dont on fo brique les châles de Cachemire. Il se rendit par la Russie méridionale à Égypte, en Syrie et aux îles Ioniennes, Odessa, visita la Géorgie, Astrakhan . et enfin fut envoyé, en 1804, à Constantinople.

Nommé, en 1800, interprète du gouvernement, puis professeur de turc à l'école spéciale des langues orientales, il accompagna la même année à Marseille le général Berthier, se rendit en 1802, avec le colonel Sébastiani, en

Il fut chargé, à la même époque, d'une mission périlleuse auprès du schah de Perse. Il lui fallut traverser l'Armé

nie, où guerroyaient alors les Kurdes, fut emprisonné par le pacha de Baya

puis s'embarqua à Kaffah, sur la mer Noire, et débarqua à Toulon en 1819.

Nommé, la même année, l'un des se crétaires interprètes du roi, il est devenu en 1830 membre de l'Institut (Acade mie des inscriptions et belles-lettres et, depuis, il a été fait pair de France el

lirecteur de l'école spéciale des langues rientales vivantes. Ila publié un Voyage n Arménie et en Perse, 1821, in-8°; es Éléments de la grammaire turue, 1823, in-4o; une traduction de la Jéographie d'Edrissy, etc.

JAUCOURT, ancienne seigneurie de Champagne, aujourd'hui comprise dans e département de l'Aube. Cette terre, ui a donné son nom à une célèbre fanille, fut vendue, en 1367, par Jeanne e Jaucourt à Philippe le Hardi, des nains duquel elle passa aux rois de Naarre. Henri IV, en érigeant Beaufort n duché-pairie, y joignit Jaucourt, avec titre de baronnie, et le droit de jusce sur 18 villages.

JAUCOURT (maison de). Cette famille, liée avec les premiers ducs de Bourogne, et qui s'était partagée en huit ranches, se signala dans les guerres a la vieille France. Deux de ses memres se sont distingués de nos jours, in dans les lettres, l'autre dans la carère des affaires.

Le premier, Louis, chevalier de JAUOURT, né à Paris en 1704, fut un des teurs de l'Encyclopédie, pour lauelle il rédigea les articles de physique, e médecine, de botanique, de chimie, tc. Il mourut en 1779, membre de société royale de Londres, et des cadémies de Stockholm, de Berlin et e Bordeaux. On lui doit encore queles autres ouvrages; mais plutôt phisophe qu'auteur, il n'a consacré aucun onument durable à sa renommée. Son neveu, Arnail-François, maruis de JAUCOURT, né à Paris en 1757, it nommé député du département de eine-et-Marne à l'Assemblée législative, 1 septembre 1791. Il siégea au côté roit, et se montra l'adversaire déclaré de démocratie. Après le 10 août, on l'enoya dans les prisons de l'Abbaye, d'où fut retiré par l'intervention de maame de Staël. Après avoir passé huit nnées à l'étranger, il rentra dans sa atrie au 18 brumaire, et fut reommandé au premier consul par son mi Talleyrand. Nommé tribun, il ténoigna à Bonaparte un zèle ardent et ans bornes, et fut élu président du triunat, le 25 octobre 1802. Un an après, vint siéger au sénat. En 1804, Napoéon lui confia l'intendance de la maison

de Joseph. Mais, six ans plus tard, s'étant vu refuser l'investiture de la sénatorerie de Florence, M. de Jaucourt prit une part active aux démarches hostiles de son ami contre le gouvernement impérial. Aussi fut-il, en avril 1814, nommé membre du gouvernement provisoire dont l'évêque d'Autun s'était constitué président. Le 13 mai de la même année, M. de Jaucourt fut créé pair de France et ministre d'État. Pendant le séjour de Talleyrand au congrès de Vienne, il dirigea le département des relations extérieures; puis, réfugié à Gand, il fut mis hors la loi par Napoléon. A la seconde restauration, il obtint le ministère de la marine, qu'il ne garda que peu de temps. Relégué ensuite parmi les membres du conseil privé, M. de Jaucourt appliqua son activité aux débats de la chambre des pairs, dans laquelle il vota comme M. de Talleyrand, et au soutien de la foi protestante, à laquelle ses ancêtres ont donné des martyrs.

JAUFFRET (Gaspard - Jean - André Jos.), né en 1759 à la Roque-Brusane, Provence, fut, pendant la révolution, l'un des plus ardents adversaires de la constitution civile du clergé. Forcé de se cacher au 10 août, il ne reparut qu'après le 9 thermidor. Nommé successivement, après le concordat, grand vicaire à Lyon, évêque de Metz, aumônier de l'empereur, archevêque provisoire d'Aix, il mourut en 1825, laissant un grand nombre d'ouvrages, dont les principaux sont : De la religion, 1790, in-8°; Du culte public, 2 vol. in-8°, 1795; les Consolations, 15 vol. in-18, 1796; Mémoires pour servir à l'histoire de la religion, 2 vol. in-8°, 1803; Mandements, vol. in-12, 1820.

Joseph JAUFFRET, son frère, né en 1781, mort en 1836, conseiller d'Etat, a laissé des Mémoires historiques sur les affaires ecclésiastiques de France au dix-neuvième siècle, 3 vol. in-8°,

1820.

JAUGEON (N.), habile mécanicien, mort à Paris en 1725, reçu en 1699 membre de l'Académie des sciences, s'est distingué par diverses inventions sur lesquelles il a publié des observations dans les Mémoires de cette compagnie.

JAUNAYE (traité de la). Canclaux,

général en chef de l'armée de l'Ouest, muni des pleins pouvoirs de la Convention pour traiter avec les insurgés et pacifier la Vendée, était parvenu à engager Charette à se prêter à une négociation; en conséquence, les chefs de l'armée royale promirent de se rendre au château de la Jaunaye (12 février 1795) pour traiter avec les représentants du peuple.

Leurs premières demandes furent exorbitantes; mais ils se montrèrent bientôt moins exigeants, et les représentants finirent par leur accorder, par une sorte de convention tacite et provisoire. la liberté des cultes, des indemnités pour les paysans qui avaient souffert de la guerre, l'exemption de service pour quelque temps, la formation d'une garde territoriale, soumise aux administrations locales, et dont l'effectif ne devait pas dépasser 2,000 hommes; l'acquittement, sur les fonds de l'Etat, des bons signés par les généraux vendéens, jusqu'à concurrence de 2 millions.

Du reste, ces concessions devaient figurer, non dans un traité, la république ne pouvant traiter avec des rebelles, mais dans des arrêtés rendus par les représentants. Ceux-ci fixerent au 29 pluviôse (17 février) la conclusion générale des négociations.

La réunion fut très-orageuse, et les résolutions diametralement opposées des deux chefs royalistes, Stofflet et Charette, faillirent amener une collision entre leurs partisans; Stofflet ne vou lait pas qu'on parlat de négociations, haranguait ses officiers le sabre en main, et cherchait à leur rendre suspects Charette et ses intentions pacifiques; tandis que ce dernier, intimement convaincu, sans doute, de la faiblesse de sa cause, discutait à peine, dans une autre salle du château, quelques points en litige, moins pour se refuser à la conclusion du traité que pour faire une retraite honorable. Les déclamations fougueuses de son rival ne purent prévaloir, et il signa, avec ses officiers et Cormatin, représentant de l'armée de Bretagne, le traité qui est connu dans

l'histoire sous le nom de convention de la Jaunaye. Les commissaires de la Convention publièrent ensuite les ar

rêtés qui en ratifiaient les conditions de Ce traité fut suivi bientôt après de l pacification de la Vendée, pacification qui dura jusqu'à l'époque de l'exped tion de l'Ile-Dieu. (Voyez BERNIED. CHARETTE, STOFFLET.)

JAVOLS, bourg du département de l Lozère, qui occupe l'emplacement de l'ancienne Gabalum, capitale des Ge bali. (Voy. ce mot et GEVAUDAN. troisième siècle, cette ville devint siége d'un évêché qui fut transféré de cents ans après à Mende. Ravagee a cinquième et au sixième siècle par les Vandales, elle fut détruite au septième par les Sarrasins. Javols conserve e pendant encore des vestiges de son a cienne splendeur. On y trouva, en 1829. une enceinte circulaire de murailles probablement un cirque, au milieu de laquelle était une colonne en pierre, de diée par la cité des Gabali à Posthume, préfet des Gaules, qui devint empereur en 258. D'autres fouilles firent ensuite découvrir des vestiges d'édifices considérables, des statuettes, des médailles, des ustensiles divers, des poteries, des mosaiques. etc.

JAY (Antoine), né en 1770, à Guitre, près de Libourne, embrassa d'abord la profession d'avocat, puis partit pour l'Amérique du Nord, où il demeura sept ans. A son retour, en 1802, Fouche, qui avait été son professeur au colleg des oratoriens de Niort, lui confiale ducation de ses trois fils. M. Jay vint alors habiter Paris, où il put bientôt se livrer entièrement à son goût pour les travaux littéraires. Sa première produc tion fut le Tableau littéraire du dir huitième siècle, qui remporta, en 1810, un prix proposé par l'Institut. Deat ans après, son Eloge de Montaigne tint l'accessit dans un autre concours académique. Choisi par Fouché pour diriger le Journal de Paris, il déplova, dans la rédaction de cette feuille, véritable talent de journaliste. Nomme, pendant les cent jours, membre de chambre des représentants, il fit paral tre, au commencement de la restaura tion, une Histoire du cardinal de Ri chelieu, et prit place parmi les redac teurs-fondateurs de la Minerve et di Constitutionnel. Il fut envoyé à les chambre des députés en 1827, par

lecteurs de l'un des arrondissements le Paris. On lui doit, outre les ouvraes que nous avons mentionnés, un Eloge de Corneille; un recueil intitulé Glaneur; enfin, les Ermites en pri-on et les Érmites en liberté; composés n collaboration avec M. Jouy, à la uite d'un mois de détention pour délit e presse.

JEAN, roi de France, surnommé Bon, parce que, d'après les idées e son temps, un homme bon était n homme brave, naquit le 26 avril 319 et succéda, en 1350, à son ère Philippe VI. Ce prince, dont le ègne devait être pour la France une poque d'effroyables calamités, ressemlait tout à fait à Philippe : orgueileux, brutal, ignorant et cruel, se royant bon chevalier et grand roi arce qu'il était galant et prodigue. Il ébuta par l'assassinat du connétable, omte d'Eu et de Guines, dont le favori yal, Charles d'Espagne, devint imméiatement le successeur. (Voyez FAVO18.) Charles le Mauvais, roi de Naarre, dont la haine fut plus d'une fois itale à Jean et à son fils, se déclara nsuite contre lui, et la lutte s'engaea dans le Midi entre la France et Angleterre.

Pendant ce temps, une famine efoyable dévorait le coeur du pays; le résor était épuisé. Il fallut, par des oncessions, engager les états de la angue d'oui (1355) à accorder à la yauté des hommes et de l'argent. La ourgeoisie prit de là occasion de s'émanciper; mais son énergie et son déQuement ne pouvaient effacer l'incaacité du monarque. Elle ne put reméier aux maux du royaume : d'ailleurs, Jean ne vouloit nul maître en France fors que lui. »

Il le montra bien lorsqu'il eut résolu e se venger des barons qui trahissaient ur patrie pour l'Angleterre. D'Harourt (voyez ce mot) et trois autres fuent decapités à Rouen, devant lui, au ortir d'un festin où il les avait inités, et le roi de Navarre fut jeté en rison. Les parents des victimes apelerent les Anglais à leur secours. douard III envoya en France son fils, ui ravagea l'Auvergne, le Poitou, le imousin, le Berry, et battit complé

tement, près de Poitiers, l'armée indisciplinée de Jean (19 septembre 1356). A cette funeste journée, qui fut pour l'aristocratie une profonde blessure, et coûta au pays 11,000 morts, le roi fut pris et conduit en Angleterre. Pendant 4 ans que dura sa captivité, le dauphin fut chargé du gouvernement du royaume. La Jacquerie éclata; les états généraux, assemblés par le régent, songeaient déjà à établir un gouvernement démocratique (voyez ÉTATS GÉNÉRAUX), lorsque, la liberté ayant été rendue à Charles le Mauvais, Paris se trouva à la veille d'être livré aux Anglais et aux Gascons du Navarrois. Mais, dans la nuit même où Marcel (voy. ce mot) devait leur en ouvrir les portes, il fut tué par un bourgeois de Paris, nommé Maillard (1er août 1358), et la révolution populaire, si brusque, si héroïque, avorta sans laisser une garantie de liberté. Le dauphin maintint son pouvoir par des supplices; les provinces se virent dévastées par les nobles, les compagnies d'aventure et les Anglais.

En 1360, Jean rentra en France, en vertu du traité de Brétigny, et donna pour sa rançon, outre 3,000 écus d'or, 8 provinces du royaume. La France s'épuisa de nouveau pour payer, tandis que les Tard-venus, la famine, la contagion, la réduisaient aux dernières extrémités. Le roi réunit cependant à la couronne le duché de Bourgogne et les comtés de Champagne et de Toulouse, puis il retourna en Angleterre pour y traiter de la rançon du duc d'Anjou, son frère, qui, gardé comme otage, avait rompu son ban et était revenu en France, ou pour tenir la place du fugitif. Quelques-uns dirent qu'il n'y alloit que pour son plaisir (*). » Laissant la régence au dauphin, il passa l'hiver à la cour d'Édouard, « liement et amoureusement (**). » Cependant cette captivité tant fêtée ne fut pas de longue durée; Jean mourut presque subitement, le 8 avril 1364, et ses restes furent renvoyés à Saint-Denis.

«

On appelle quelquefois ce prince Jean II, en comptant au nombre des

(*) Guillaume de Nangis. (**) Froissard.

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