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Fiers de la faveur royale, ces religieux essayèrent, en 1253, de secouer 'espèce de vassalité dans laquelle ils 'étaient placés vis-à-vis de l'université. En vain cette corporation rendit-elle un lécret pour les rappeler dans le devoir; e bedeau qui alla le leur signifier fut attu, et le recteur, qui vint ensuite ui-même avec trois maîtres ès arts se résenter à la porte de leur couvent, ne ut pas mieux traité. De là, entre les leux corporations, une longue inimitié jui causa une foule de scandales, et donna lieu aux scènes les plus violentes. Les jacobins étaient des moines menliants, et ils éveillaient d'une manière issez bruyante la charité des fidèles, i l'on peut s'en rapporter aux deux ers suivants, tirés du poëme des Cris le Paris:

Aux frères saint Jacques, pain;

Pain, por Dieu, aux frères menors. Is étaient, avec les cordeliers, les conesseurs les plus achalandés; mais, s'il aut en croire l'auteur des Quinze joies lu mariage, ouvrage composé au quaorzième siècle, ils étaient loin de prêer gratuitement leur ministère. Il est en effet question, dans cet ouvrage (*), T'une femme qui dissipe les biens de son mari, « et les dépend, y est-il dit, moult de manières, tant à son ami qu'à son confesseur, qui sera un corlelier ou un jacobin, et qui aura une grosse pension pour l'absoudre chacun n; car tels gens ont toujours le pouvoir du pape. »

Avec les richesses, la dissolution s'introduisit chez les cordeliers. On essaya, en 1501, de les amener à une réforme; ils refusèrent de s'y soumettre. On les chassa; mais ils revinrent bientôt, armés et accompagnés de 1,200 écoliers, firent le siége du couvent, «<y pénétrèrent et y commirent, dit Jean Dautan, auteur d'une Histoire de Louis XII, de grands excès; ils battirent leur frère gardien qui là se trouva. Grands murmures et scandales furent pour cette affaire lors à Paris... Mais enfin, ils vidèrent la ville, et ainsi s'en allèrent les pauvres jacobins vagabonds et dispers.» Mais leur maison fut bientôt peuplée de nouveaux religieux; ceux-ci consen

(*) Septième Joie, p. 108, 109.

tirent à se soumettre à la réforme, et méritèrent ainsi la bienveillance de Louis XII, qui leur fit, en 1504, différentes donations, au moyen desquelles ils! purent agrandir considérablement leur enclos; leur cloître fut reconstruit, en 1556, par les libéralités d'un bourils geois nommé Hennequin; enfin, obtinrent du pape, en 1563, l'autorisation de prêcher un jubilé, dont le produit servit encore à rebâtir leurs écoles.

Nous avons dit, à l'article INQUISITION, que c'était parmi eux que les papes choisissaient ordinairement les juges de ce terrible tribunal. Leur ordre fut un de ceux qui, pendant la ligue, se signalèrent le plus par l'exaltation de leurs opinions religieuses, et par leur haine contre Henri III et Henri IV. Jacques Clément, l'assassin du premier de ces princes, appartenait à leur maison, et Bourgoing, qui arma son bras et se fit ensuite son apologiste, était leur prieur.

A cette exaltation politique et religieuse succéda bientôt, chez les jacobins de France, un excessif relâchement. Aussi le général de l'ordre, Sébastien Michaelis, qui vint, en 1611, tenir à Paris un chapitre général, concut-il tout d'abord la pensée d'y introduire la réforme. Le meilleur moyen d'y parvenir lui parut être la fondation d'une nouvelle maison dont les moines fussent assujettis à une règle sévère. La reine mère, à laquelle il fit part de son projet, l'approuva par lettres patentes enregistrées au parlement le 23 mars 1613. L'évêque de Paris lui donna 50,000 livres pour les frais de construction et de l'église, et bientôt ces édifices s'élevèrent à l'endroit où se trouve aujourd'hui le marché SaintHonoré.

Nicolas Radulphi, successeur de Sébastien Michaelis, voulut aussi fonder à Paris une maison de son ordre; Louis XIII l'y autorisa par lettres patentes de juillet 1632; et ce troisième couvent, qui fut connu sous le nom de noviciat général de l'ordre de Saint-Dominique en France, fut établi dans un enclos alors occupé par des jardins, et dont l'espace est aujourd'hui compris entre la rue de l'Université et celle de Saint-Dominique,

à laquelle ce couvent a donné son nom. La chapelle de cette maison, commencée en 1682 sur les dessins de P. Bulet, ne fut achevée qu'en 1740.

Ainsi, au moment où la révolution éclata, et où l'ordre des Jacobins ou Dominicains fut supprimé en France, cet ordre possédait trois maisons à Paris. L'égise de la rue Saint-Jacques, menaçant ruine en 1780, avait été abandonnée, et l'on célébrait l'office dans l'école de Saint-Thomas, située rue des Grès et dépendant de la même maison. Ce local, qui fut de nouveau, pendant quelque temps, consacré au culte sous la restauration, est maintenant affecté à des écoles publiques fondées par la ville de Paris. Ce qui reste des bâtiments du couvent a été transformé en caserne de garde municipale.

Nous avons dit plus haut ce qu'on a fait de l'emplacement du couvent des jacobins de la rue Saint Honoré. Ceux-ci possédaient une belle bibliothèque que leur avait donnée, en 1689, un docteur de Sorbonne, nommé Piques. C'est dans la salle de cette bibliothèque que se tint, en 1789, la société des amis de la constitution, qui devint ensuite le club des Jacobins.

L'église des jacobins de la rue SaintDominique est aujourd'hui l'église Saint-Thomas d'Aquin; le musée et le dépôt d'artillerie sont placés dans les bâtiments du monastère.

Le costume des jacobins était une robe blanche, avec un scapulaire et un capuchon de la même couleur; ils mettaient par-dessus, hors de leurs maisons, un manteau et un capuchon noirs. Un rosaire, suspendu à leur ceinture, servait à les distinguer des religieux dont le costume avait le plus d'analogie avec le leur.

JACOBINS (club des).-Nous n'avons pas la prétention de raconter ici l'histoire de cette société fameuse, de la suivre dans tous ses développements, d'assister à toutes ses séances, de recueillir les paroles de ses orateurs. Entreprendre une pareille tâche, ce serait écrire d'un point de vue spécial toute l'histoire de la révolution française, et tel n'est pas le but que nous nous proposons. Le lec

teur trouvera aux articles du Di tionnaire qui se rapportent aux ho mes et aux événements de cette pé riode de notre histoire, les détails hipgraphiques et historiques qui les conc nent. Ici, ce ne serait pas seulement u fait, un homme, un événement que no aurions à examiner, ce serait l'ensem de tous les actes, de toutes les paroles, de toutes les crises qui ont marqué d'u sceau ineffaçable cette grande époque. ce serait raconter dans toutes ses pha cette ardente lutte qui passionna E rope entière, et dont les jacobins ont les principaux acteurs.

Notre but, en esquissant les trat principaux de cette puissante associa tion, c'est de constater surtout son is fluence politique, de dégager l'élément jacobin proprement dit des autres de ments révolutionnaires; d'apprecia sans passion, sans parti prís, l'impertance de cet élément; enfin de contr buer ainsi, pour notre part, à un gran acte de justice historique.

Établissement du club breton. – Lorsque la convocation des états gen raux réunit à Paris les hommes encr inconnus qui allaient réorganiser de nouvelles bases la société françaist le premier besoin qu'ils éprouverent fut celui d'associer leurs efforts, de s'unir, de mettre en commun leur énergie et leurs lumières. Envoyés du peuple, ils sentaient bien qu'en eux re sidait une force mystérieuse; mais ils avaient à lutter contre un pouvoir ganisé; et, pour rendre la lutte egale il était indispensable de combiner d'organiser les moyens d'attaque. Etrat gers d'ailleurs aux affaires, ils éprou vaient besoin de préparer entre eux, avant d'en aborder la discussion publ que, ces questions brûlantes qui re muaient toutes les passions, toutes les fibres populaires. Telle fut l'origine du premier club.

était

La session des états généraux à peine ouverte, que les deputés des pays d'états, et à leur tête ceus de la Bretagne, se réunirent en dehors des séances publiques; cette re nion reçut le nom de club breton; et c'est de là que sont sortis tous les clubs révolutionnaires, parmi lesquels celui des jacobins occupe la première place,

on-seulement par le nombre de ses embres, par l'étendue de ses ramifitions et par l'influence considérable 'il a exercée, mais aussi par la granur du principe politique dont il a été représentant, et qu'il a défendu, à vers des excès, des égarements sans ute, mais avec une énergie et une nstance qu'on ne saurait méconnaître ns injustice: ce principe, c'est celui de INITE politique. Le jacobinisme a été grande école unitaire de la révoluon; c'est contre sa logique inflexible le sont venues se briser toutes les tentives de morcellement, toutes les atques du fédéralisme et de la contrevolution. On a peint avec de sombres uleurs, on a fait saillir les excès que nom des jacobins résume encore auurd'hui pour bien des gens. Certes, us n'avons pas l'intention de préndre qu'il n'y a rien de vrai dans

tableau; mais nous croyons qu'il t temps d'échapper au vide et à partialité de semblables déclamaons; qu'il est temps de chercher quel été, au milieu de la tourmente, rôle providentiel non-seulement de la ation française, mais aussi de tous les éments qui ont concouru à former le ouvel ordre social. De ces éléments,

cles de distance, la féodalité et la monarchie.

Le club breton change de nom. - Le club breton ne tarda pas à recevoir une importance et un développement remarquables. Au 1er juillet 1789, Sieyès, Barnave, Lanjuinais, Lameth, et beaucoup de députés du côté gauche, en faisaient déjà partie; le nom du club n'était plus en harmonie avec sa composition; il imprimait à la réunion un caractère provincial, particulier, qui contrastait avec la nature nationale, générale, des questions qui y étaient debattues. Elle prit celui de Société des Amis de la constitution; elle régularisa son existence, adopta des mesures d'ordre, établit des règles pour l'admission et la réception de ses membres, et fonda un journal qui prit le titre de la société (*). C'était une puissance qui se sentait grandir d'heure en heure, et qui se préparait au rôle nouveau que les circonstances allaient lui assigner.

Club des jacobins; son organisation. - Quand, au 6 octobre, l'Assemblée constituante quitta Versailles pour venir siéger à Paris, le club qui jusque-là n'avait pas d'existence propre, qui n'était encore qu'une annexe, un supplément, pour ainsi dire, de la représen

plus puissant, le plus actif, a té le club dont nous allons esquissertation nationale, s'installa à Paris dans physionomie; c'est lui qui à sounu, ranimé l'énergie des hommes ui sauvèrent la France des attaques de Europe; c'est lui qui a proclamé et déendu cette admirable unité qui fait ujourd'hui notre force et notre graneur; et quand, sur les débris du Diectoire, Bonaparte établit le gouvernenent qui nous régit encore aujourd'hui, i ne fut, malgré tous ses efforts, que e successeur du jacobinisme (*), l'apore et le défenseur de l'unité nationale. Les jacobins ont été les successeurs directs de Richelieu; ils ont continué et chevé l'œuvre immense que le terrible ardinal avait entreprise; et on peut dire que la même hache a frappé, à deux siè

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un couvent qu'avaient occupé des moines dominicains, beaucoup plus connus en France sous le nom de jacobins. Cet édifice, situé dans la rue Saint-Honoré, et qui s'étendait sur l'emplacement occupé aujourd'hui par le marché Saint-Honoré, ou des Jacobins, semblait destiné à cette célébrité populaire; c'était là en effet que, sous Henri III, s'étaient tenus les états de la ligue. Le club révolutionnaire ne tarda pas non plus à perdre sa pacifique dénomination. Dès les premiers jours de l'année 1790, il n'était plus désigné que par le nom de club des jacobins.

Ce fut alors seulement que son existence politique fut constituée, qu'il devint le centre d'un mouvement considé rable, et que des sociétés nombreuses or

(*) Journal des amis de la constitution. Nous l'avons utilement consulté pour la ré daction de cet article.

ganisées à son image se rattachèrent à lui de tous les points de la France. Toutes les questions débattues à la tribune nationale recevaient, dans ses séances, de nouveaux développements qui ne s'arrêtaient devant aucune considération. Les actes du pouvoir, les opinions des députés y étaient commentés, applaudis ou blâmes avec enthousiasme; ce n'était plus un reflet de l'Assemblée nationale où les députés venaient s'éclairer mutuellement et se préparer aux luttes de la tribune, c'était un flot poussé par une force mystérieuse et qui déjà menaçait d'envahir les pouvoirs constitués.

Pour être admis au club il n'était plus nécessaire de faire partie de l'Assemblée constituante. Tout candidat proposé à l'admission devait avoir deux parrains qui répondaient de sa moralité et de son civisme, puis sa réception était soumise aux chances du scrutin. Un bureau fut alors composé on créa des officiers, des censeurs, chargés de l'ordre et de la police des réunions. Ces derniers, entre autres, étaient préposés à la vérification de la carte d'entrée dont chaque membre était porteur, et ce fut peut-être une des premières réalisations des théories égalitaires de l'époque, que de voir un jour le chanteur Lais et le duc d'Orléans exerçant ensemble, le même jour, ces modestes fonctions.

Les journalistes, les avocats, les gens de lettres, toute cette génération enthousiaste, impatiente de mettre la main aux affaires publiques, et qui se croyait appelée à gouverner la France, tous ces esprits inquiets, tous ces caractères hasardeux, toutes ces âmes irritées qui se rencontrent au début de toute révolution, envahirent bientôt l'assemblée et modifièrent sa physionomie et son allure. On y parlait avec une véhémence et une exagération qui remuaient et faisaient vibrer toutes les fibres populaires; les discussions législatives y étaient paraphrasées, expliquées avec violence; enfin, de là commençait à partir cette initiative puissante qui était destinée à modifier toutes les institutions, et à renverser le trône-lui-même.

Formation de nouveaux clubs ; éléments de desorganisation.-Déjà à cette époque, l'Assemblée nationale ne présentait plus le caractère imposant d'en

semble et d'unité de ses premiers bear jours. Entre les deux partis extrême le centre, « qui se portait tantôt du côté, tantôt d'un autre, rendait la m jorité mobile et douteuse toutes les f qu'il ne s'agissait pas de voter cost un privilége de la noblesse ou du cergé(*). » Le côté gauche trouvait un pui dans le club des Jacobins.

Le côté droit voulut aussi se serve d'une arme semblable; il eut sa t bune; il organisa ses réunions dans maison des Grands - Augustins; pl tard, il s'installa dans la rue de la chodière, et les membres de ce club rove liste reçurent, du nom de leur pre dent Malouet, la désignation de malo tistes.

Le besoin de se réunir, de délibér sur les affaires du moment, de regiet les destinées du pays, était devenu u besoin général. La conséquence la pis immédiate du principe de la souvers neté populaire était que chaque individ chaque fraction du souverain avait droit incontestable de travailler au re glement des affaires communes. A dessous de ces deux clubs principaux. et qui représentaient le mieux les deux éléments que la révolution mettait en présence, l'élément populaire et l'e ment royal, des réunions se formerent de toutes parts.

Le Palais-Royal, d'où la révolution était partie pour aller renverser la Bastille, continuait à être un foyer de troi ble et de tumulte. Vainement l'Asse blée nationale voulut le fermer aux tateurs. L'obéissance à ses décrets ne

tait déjà plus une des obligations de la souveraineté populaire, et, sur la pro position de Loustalot, le club du PalaisRoyal devint le district des étrangers présents à Paris.

Ce fut vers le même temps à peu près que, voyant venir l'orage et dans l'espoir de le conjurer, les hommes qu avaient ouvert la lice au pouvoir popt laire et qui redoutaient le plus ses exces, tentèrent de former un club dont le titre seul annonçait la modération des principes de ses fondateurs : c'était la s ciété patriotique de 1789. Mirabeau, Sieyes, la Fayette, Chapelier, Ræderer,

(*) Buchez et Roux, t. IV, p. 399,

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lleyrand, et tous ceux dont la popuité n'était déjà plus en harmonie avec langage et les allures démocratiques 3 jacobins, essayèrent vainement de nner à cette réunion une importance litique. « On y affecta, dit un pamlet de l'époque attribué à Loustalot, y affecta de se proposer les mêmes jets, de débattre les mêmes questions 'aux Jacobins; mais on y ajouta d'aus avantages et agréments, tels que de ns dîners, des soirées splendides, un ve royal.» Là se réunissait en effet l'astocratie de l'assemblée; c'était le rme de notre bourgeoisie actuelle qui ulait bien gouverner le peuple, mais n subir son gouvernement. Efforts itiles! le moment était venu où un niau terrible allait passer sur toutes les sses et effacer toutes les distinctions ciales. Les soixante districts de Paris ient tous leurs réunions, leur trine, leurs orateurs populaires. Parmi x, le district des Cordeliers s'était fait narquer par la violence de son oppoion et de ses discours; c'était le Sanon des districts, suivant l'expresn d'un de ses membres; et telle était rapidité du mouvement révolutionire, que déjà, dans le mois de janvier 90, ce district fameux résistait ouverment et par la force aux décrets du uvoir législatif. Sous l'influence de anton, il attaquait la municipalité pasienne, il protégeait Marat contre le cret d'arrestation lancé contre lui par Assemblée nationale, et le 11 janvier, déclarait que nul décret ou ordre quelnque tendant à priver un citoyen de liberté, ne pourrait être mis à exétion sur le territoire du district, sans pprobation de cinq commissaires spéaux. Ainsi, dès le principe, l'unité poique était méconnue à ce point que, ins Paris même, un district osait lutr contre le pouvoir législatif et se nsidérait comme une puissance dont territoire était inviolable.

Caractère spécial des jacobins.-C'éit contre de pareilles tendances que le ub des Jacobins s'était donné la mison de protester; et nous ferons remar

er ici combien il importe d'éviter oute confusion à cet égard; nous ne rétendons pas attribuer aux cordeliers outes les violences et tous les excès

de la révolution; mais il faut indiquer nettement la ligne politique de ces deux grandes réunions. N'oublions pas que les cordeliers n'étaient qu'un district de Paris, et que le club des Jacobins, par son origine, par sa composition, avait un caractère plus général, qui lui permettait d'aborder et de traiter d'un point de vue plus élevé toutes les questions politiques qui agitaient alors l'Europe entière. Les cordeliers venaient bien se mêler aux jacobins, apporter à leur tribune la violence de leurs attaques et de leurs déclamations; mais Marat, Fréron, Tallien, Danton luimême, n'étaient pas des jacobins proprement dits.

C'était aux Cordeliers, et parmi leurs chefs, que les influences de l'émigration, les manoeuvres de l'Angleterre, les ambitions personnelles, trouvaient des points d'appui et de dociles instruments. C'était là surtout que le duc d'Orléans aurait trouvé d'aveugles partisans pour le porter au trône, si les manifestations de l'opinion publique ne s'y fussent opposées. Un pareil reproche ne peut être adressé au club des Jacobins ; nous avons vainement cherché dans les journaux, dans les discours de cette époque, une preuve sérieuse du contraire; nous ne l'avons pas trouvée, et MM. Buchez et Roux, dans leur beau travail sur la révolution française, font à cet égard le même aveu: « Nous n'avons pas rencon« tré, disent-ils, une seule indication qui pût même donner le soupçon que jamais il eût eu (le club) un pareil projet (*). »

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Une question importante, et dont la solution fut pour la royauté un douloureux échec, souleva à la tribune des Jacobins, pendant le mois de mai 1790, des discussions passionnées, et qui déjà laissaient prévoir l'inévitable tendance du mouvement révolutionnaire. Le ministre Montmorin avait lu à l'Assemblée nationale une note relative aux armements de l'Angleterre. Ce déploiement de forces imposait à la France l'obligation de prévoir les chances d'une guerre maritime. Ce fut à cette occasion que la question du droit

(*) Buchez et Roux Histoire parlementaire, t. II, p. 37.

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