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par une fièvre pestilentielle, à laquelle il succomba lui-même l'un des premiers. En 555, Bucelin, surpris de ne pas voir revenir l'armée de son frère et inquiet pour la sienne, car la disette et la mauvaise qualité des vivres commençaient à y exercer aussi de grands ravages, crut que le meilleur moyen d'arrêter le progrès des maladies, était l'en venir sans délai à une action décisive. Confiant en sa supériorité numérique, car il avait trente mille hommes sous ses drapeaux, et Narsès n'en comptait guère plus de dix-huit mille, il s'avança dans la campagne de Rome, et alla se retrancher à quelques ieues de Capoue, sur le Casilin. Narsès, le son côté, quitta Rome et vint camer à peu de distance des Francs ; enfin, près plusieurs jours d'hésitation, une rande bataille s'engagea, où Bucelin it défait et tué. Cinq de ses soldats, chappés seuls aux fers et à la mort, evirent leur patrie. La destruction de es deux armées entraîna la perte de Outes les conquêtes faites par les Francs 1 Italie et la ruine des Ostrogoths. 'ailleurs, Théodebalde mourut sur ces ntrefaites, et les rois de Paris et de oissons, ne songeant qu'à se disputer on heritage, parurent avoir completeent oublié l'Italie.

Cependant, en 584, Childebert, roi Austrasie,quoique entrant à peine dans quatorzième année, voulut, par suite un traité qui le liait à Maurice, empeur d'Orient, passer dans cette contrée ury combattre Autharic, roi des Lomirds. Mais, au lieu de le mener à des mbats, ses généraux lui apprirent à oler la foi jurée. Corrompus par les ésents d'Autharic, ils firent accepter jeune prince de grosses sommes argent pour ne pas attaquer les enneis de l'empereur, et l'armée austraenne repassa les Alpes.

Deux ans après, cédant aux vives stances de Maurice,-Childebert enya de nouveau en Italie une nom. euse armée de Francs et d'Alleands. Autharic marcha au-devant elle, mais n'eut pas la peine de la mbattre. La jalousie des généraux des soldats des deux nations la tint active, et elle rentra en France sans oir livré le plus petit combat.

Dans une troisième expédition, postérieure de deux autres années, les Austrasiens combattirent enfin les Lombards (on ignore en quel lieu), mais si malheureusement, qu'on ne se souvenait pas, selon Grégoire de Tours, que les Francs eussent jamais essuyé pareille déroute.

debert contre le roi des Lombards. Deux En 590, quatrième tentative de Chilchefs principaux, Audovalde et Cedin, commandent les forces considérables qu'il y destine. Après qu'elles ont franchi les Alpes rhétiques, Audovalde se dirige à droite et pousse jusqu'à Milan; là il s'arrête conformément à ses instructions, pour attendre les troupes impériales; mais leur chef, par jalousie sans doute, semble s'éloigner de lui à dessein, et Audovalde reste à peu près dans l'inaction. Cedin, au contraire, appuyant à gauche, a marché jusqu'à Plaisance; de là il est venu jusqu'à Vérone, s'est jeté dans le pays Trentin, a réduit une dizaine de places, et les a toutes pillées et rasées. Cependant, l'insalubrité du climat, l'excès de la chaleur et des maladies épidémiques l'arrêtent dans le cours de ses déprédations. Il se voit contraint de retourner en France; mais les Francs ne quittent l'Italie qu'après avoir imposé au roi Agidulphe, successeur d'Autharic, un tribut de douze mille écus d'or.

En 663, Pertharite, roi des Lombards, dépossédé de ses États par Grimoald, duc de Bénévent, se réfugia en France, et implora la protection des plus puissants seigneurs de la Bourgogne et de l'Austrasie. Il obtient qu'une armée, réunie en Provence, portera la guerre au delà des Alpes. Dès qu'elle arrive en Italie, Grimoald s'avance à sa reucontre, la joint dans les environs de la ville d'Atis, et, au bout de quelques jours, feignant la terreur, il abandonne son camp, en y laissant tous ses bagages, et se retire, à ce qu'il semble, dans le plus grand désordre. Les Francs se croient vainqueurs, courent au camp ennemi, et y trouvent quantité de vivres, abondance de vin surtout. Mais ils sont bientôt victimes de leur intempérance; car, le duc revenant sur ses pas la nuit suivante, les surprend dans le sommeil de l'ivresse et en fait

une immense boucherie. Les rois de France ne paraissent pas même avoir entrepris de venger cette défaite.

754 et 755. Expédition de Pepin le Bref en Lombardie. (Voy. le tome Ier des ANNALES, pag. 32.)

773. Expédition de Charlemagne contre Didier, roi des Lombards (pages 33 et 34 du même volume).

En 776, Charlemagne passe de nouveau les monts pour punir la révolte de Rotgand, duc de Frioul, qui veut rappeler de Constantinople Adalgise, fils de Didier, et le replacer sur le trône de son père.

Vers 781, un nouvel orage semble se former en Italie contre la puissance du monarque français. L'empereur d'Orient, dans l'espoir d'y conserver et d'y étendre la sienne, appuyait secrètement les prétentions d'Adalgise. Charlemagne, averti par le pape, n'eut qu'à paraître pour déjouer tous les complots. Voulant alors prouver qu'il était bien résolu à garder l'Italie, il en donna la couronne à Pepin, son deuxième fils, âgé de 7 à 8 ans, qui fut sacré à Rome par le souverain pontife.

En 786, en 792, en 800 et en 803, les Bénéventins, à l'instigation de leur duc, gendre de Didier, se révoltèrent contre Pepin; mais ces quatre révoltes furent aisément comprimées, la première par Charlemagne en personne, la seconde par son troisième fils, Louis, roi d'Aquitaine; les deux dernières par Pepin lui-même. En 809, ce prince fut moins heureux dans une expédition contre les Vénitiens, qui refusaient de reconnaître son autorité.

En 875, l'empereur Louis II, roi d'Italie, mourut, ne laissant qu'une fille. Aussitôt ses deux oncles, Charles le Chauve et Louis le Germanique, se disputèrent sa succession. Le roi de France mena une armée en Italie; le roi de Germanie se hâta aussi d'y envoyer des troupes sous les ordres de ses deux fils, Charles (depuis surnommé le Gros) et Carloman. Supérieur en forces, Charles le Chauve battit l'armée germanique et la repoussa au delà des Alpes; mais le prince Charles (le Gros), reparaissant bientôt après, avec une nouvelle armée, reprit l'offensive, obtint de brillants succès,

et

obligea le roi de France à recourir aur négociations et aux intrigues. Plus b bile dans cet art que dans celui de l guerre, Charles le Chauve décida par d'artificieuses promesses ses deux pe veux à retourner en Germanie; et, rie alors n'arrêtant plus sa marche, il g gna Rome à grandes journées. Il y e tra le 17 décembre, et reçut la couron impériale des mains du pape Jean VIII

En 877, il dut repasser en Italie, a les Sarrasins, devenus plus entrepre nants depuis la mort de Louis II, ncommençaient leurs ravages et faisaie trembler le pape sur son trône pontiêcal. Comme il arrivait à Pavie, on nonça que Carloman s'avançait avec une armée nombreuse pour lui disputer l'héritage de Louis II et la couro impériale. A cette nouvelle, le roi de France, effrayé, prit la fuite, sele son habitude,» ajoutent les chroniques Il se réfugia d'abord à Tortone, d'ou manda au duc Bozon, au comte d'A vergne, au marquis de Gothie, et à dvers seigneurs lombards, de venir rejoindre avec des troupes; puis, vovat qu'ils n'arrivaient pas, et les soupenant de perfidie, il se hâta de repast les Alpes et mourut en chemin.

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1003-1090. Conquête de l'Italie me ridionale et de la Sicile par les Nor mands. (Voy. le tome Ier des ANNALES. page 168.)

1262-1268. Conquête du royaume de Naples par le frère de saint Lous Charles, duc d'Anjou. Guerres jusqu' la mort de ce prince et sous ses succes seurs. (Même volume, page 190.)

De 1494 à 1528, c'est-à-dire, SOS Charles VIII, Louis XII, François et Henri II, guerres d'Italie propre ment dites. (Voyez, au tome I des A NALES, les règnes de ces quatre pri ces.)

de 1733 à 1738, et de 1740 à 1747. De 1701 à 1702, sous Louis XIV: Sous Louis XV, l'Italie voit encor les Français; mais les guerres que e trois périodes embrassent sont celles de la succession d'Espagne, de la se sion d'Autriche, auxquelles Icession de Pologne et de la succes consacré dans notre DICTIONNAIRE articles spéciaux, et nous y renvoyo

le lecteur.

nous avons

En 1792, quand le roi de Sardaigne eut accédé à la coalition, l'armée française, dite du Midi, qui observait les Alpes et les Pyrénées, reçut l'ordre de prendre l'offensive. Montesquiou, général en chef, chargea Anselme de franchir le Var, à la tête de huit ou dix mille hommes, et de prendre possession du comté de Nice; lui-même en conserva vingt mille, et se prépara à envahir la Savoie. Pour s'établir dans ces deux contrées, et de là pénétrer en Piémont, on pouvait manœuvrer soit sur le Rhône, soit sur l'Isère Montesquiou adopta la première base, parce que Chambéry était en fermentation, et qu'il importait d'aller contraindre Genève à la neutralité. Ce plan devait d'ailleurs lui servir à jeter dans l'incertitude ses adversaires, qui n'avaient pas plus de quinze mille hommes à lui opposer. Par une fausse démonstration, il attira leurs principales forces vers le pont de Beauvoisin; puis, s'élançant du ort Barreau, il traversa Montméliant, Coupa la ligne ennernie, et entra dans Chambéry sans avoir combattu. Son arrivée fut le signal d'une révolution qui donna la Savoie à la France. Les détachements piémontais, épars dans les vallées, furent poursuivis et facilement rejetés au delà des monts. Anselme, pendant ce temps, avait marché au Var. Le comte de SaintAndré en occupait la rive gauche avec louze mille hommes; mais craignant l'être tourné, car nous étions maîtres ie la mer, il se replia, parallèlement à a chaîne des Alpes, dans les différenes positions de Sospello, Saorgio, Beleder et Lantesca. Rien ne s'opposa lès lors au passage du Var, ni à la prise le Nice et de Villefranche par les trouDes françaises, et ces villes, d'après le vœu de leurs habitants, furent réunies i la France.

En 1793, le corps d'Anselme, augnenté de 4 à 5,000 hommes, prit le 10m d'armée d'Italie, et Brunet vint le commander. Ce général rouvrit les hosilités de bonne heure. Dès le mois de mai, il tenta de grands efforts sur le poste de Saorgio, duquel dépendait nore tranquille possession de Nice; mais es Piémontais mirent autant d'énergie le défendre que nous à l'attaquer.

Après plusieurs combats inutiles et sanglants, on en livra enfin un dernier, le 12 juin, où nous essuyâmes une déroute complète. Kellermann, qui avait remplacé Montesquiou, et dont les troupes formaient alors l'armée des Alpes, Kellermann, qui se maintenait en Savoie, vola au secours de son collègue. Il rallia l'armée d'Italie au camp de Donjon, indiqua des positions défensives, conseilla, en attendant de nouvelles forces, une inaction absolue, puis se hâta de regagner son quartier général, et dut bientôt marcher sur Lyon.

Dès les premiers jours d'août, le marquis de Montferrat, un des fils du roi de Sardaigne, s'était porté avec vingt-cinq mille hommes à l'entrée des cols du mont Cenis et du petit Saint-Bernard. Quand il sut que notre général s'éloignait, il marcha en avant, et alla envahir les trois grandes vallées de la Savoie. Mais ses colonnes n'eurent pas le temps d'opérer leur jonction; Kellermann, accourant de Lyon, occupa, de Conflans à Gresy, l'espace où elles devaient se rejoindre. Montferrat, parvenu à Moutier avec son centre, et trouvant Conflans occupé, voulut, en passant par le col de la Madeleine, renforcer sa gauche, qui avait dépassé SaintJean. Il espérait déborder ainsi la droite de son adversaire; mais Kellermann le prévint, en se lançant sur les rives de l'Arcq; il lui offrit la bataille à Épiorre, le battit, le poursuivit jusque dans la Tarentaise, et l'obligea à repasser les

monts.

Dans le comté de Nice, on garda de part et d'autre la défensive jusqu'au mois de décembre. Les Piémontais, voyant alors Toulon attaqué par les Anglais, songèrent à profiter de cette circonstance, qui aurait pu amener la perte de l'armée d'Italie. Le roi de Sardaigne se rendit sur le théâtre de la guerre, et ordonna une attaque générale du camp français; mais exécutée avec des corps détachés, et par différentes vallées à la fois, elle échoua, et le roi, mécontent, se hâta de regagner sa capitale. Vers la même époque, le général autrichien Dewins, à la tête d'une division moitié autrichienne, moitié piémontaise, résolut d'opérer sur le Var. En effet, ses troupes, s'élançant des lignes de Saorgio,

obligèrent l'armée française, que Dugommier commandait alors, d'évacuer Belveder et Vesubia; puis elles se portèrent sur l'Esteron afin de la tourner par leur gauche. Mais elles n'exécutèrent ce mouvement qu'avec 3 ou 4,000 hommes, ne s'avancèrent que jusqu'à Isola, et, se trouvant arrêtées tout à coup à Gilette par un léger échec, remontèrent sur les hautes Alpes sans donner suite à cette tentative.

En 1794, l'armée des Alpes enleva au mois d'avril le petit Saint-Bernard, au mois de mai le mont Cenis. Nous edmes ainsi notre ligne de défense sur la grande chaîne. Du côté de Nice, l'armee d'Italie campait toujours en présence de Saorgio, sans pouvoir forcer le formidable camp des Fourches. A Dugommier avait succédé le vieux Dumerbion, brave, mais perclus par la goutte; heureusement, il était tout disposé à suivre les conseils du jeune officier dont le gé nie avait naguère décidé la prise de Toulon. Bonaparte, après avoir mûre ment examiné les positions ennemies, fut frappé d'une idée aussi lumineuse que celle qui venait de rendre Toulon à la république. Saorgio est située dans la vallée de la Roya; parallèlement à cette vallée se prolonge celle d'Oneille, qu'arrose la Taggia. Bonaparte imagina de jeter une division de 15,000 hommes dans la vallée d'Oneille, de faire remonter cette division jusqu'aux sources du Tanaro, de la porter ensuite jusqu'aux sources du Tanarello qui borde la Roya supérieure, et d'intercepter ainsi la chaussée de Saorgio à Tende, ligne de retraite de l'ennemi. Une seule objection s'élevait, c'était qu'il fallait pénétrer sur le territoire de Gênes. Mais 2,000 Piémontais avaient traversé ce territoire, l'année précédente, et étaient venus s'embarquer à Oneille pour Toulon; d'ailleurs, quelle plus éclatante violation du pays neutre, que l'attentat commis par les Anglais sur la frégate française la Modeste, dans le port même de Gênes! La France crut donc pouvoir à son tour mettre tout scrupule à l'écart.

Le 6 avril, 14,000 hommes formant cinq brigades franchirent la Roya; Bonaparte en prit trois; et tandis que Masséna, avec les deux au

tres, se portait vers le mont Tanarde. il se dirigea sur Oneille, en chassa une division autrichienne, et y fit son entrée; puis, pendant que Masséna re montait du Tanardo jusqu'à Tanarello, Bonaparte, continuant son mouvement. marcha d'Oneille jusqu'à Ormea, dans la vallée du Tanaro, et y entra le 15 Dès que les cinq brigades françaises forent réunies, elles se portèrent versi haute Roya, pour exécuter sur la gar che des Piémontais le mouvement prescrit. Le général Dumerbion attaqua leurs positions de face, tandis que Ma séna tombait sur leurs flancs et sur leurs derrières. Enfin, après plusieurs actions assez chaudes, les Piémontais abandon nèrent Saorgio pour se replier sur le col de Tende, puis ce col même, pour serëfugier à Limone, au delà de la grande chaîne. En même temps, les vallees de la Tinea et de la Vesubia étaient balayées par notre gauche.

Une inaction assez longue suivit ces opérations; mais à la fin de l'été, nos troupes remportèrent un avantage inportant. Les Autrichiens, d'accord avec les Anglais, voulurent faire une tentative sur Savone, pour nous couper la communication avec Gênes, port qu par sa neutralité, rendait de grands se vices au commerce des subsistances. Le général Colloredo s'avança avec un corps de 8 à 10,000 hommes, mais si lentement, que les Français eurent le temps de se mettre en mesure. Assailli au milieu des montagnes par nos divisions, que Bonaparte dirigeait, il perdit 800 hommes et se retira honteusement, a cusant les Anglais, qui, de leur côté, l'accusèrent aussi. La communication avec Gênes ne fut point interrompue, et l'armée d'Italie, occupant à droite Vado, s'étendant à gauche jusqu'à l'ar gentière, se trouva consolidée dans tou tes ses positions.

lités recommencèrent au printemps de 1795, les deux armées des Alpes, réunies sous les ordres de Kellermann, necomp

Malheureusement, lorsque les hosti

taient plus qu'une trentaine de milie hommes; on en avait détaché 10.000, qu'on prétendait débarquer à Civita Vecchia, pour attaquer Rome et venger l'assassinat de Basseville. Plus malheu reusement encore, on avait éloigné Bo

aparte. Les alliés, au contraire, avaient nis sur pied des forces considérables. Colli, avec 25.000 Piémontais, Dewins, vec 50,000 Impériaux, Italiens et Naolitains, attaquerent notre droite vers Gênes. Kellermann. ne pouvant résiser à un effort supérieur, fut contraint le se replier. Il occupa toujours avec on centre le col de Tende, sur les Ales; mais il cessa de s'étendre par sa droite jusqu'à Gênes, et dut prendre position derrière la ligne de Borghetto. Du moins, il s'y maintint avec succès, et bientôt les coalisés, ajournant tout projet d'attaque à l'année suivante, prirent leurs quartiers d'hiver.

Approvisionnés par Gênes et par les riches cités du Piémont, ils ne songeaient qu'à attendre le retour du printemps. Pour les Français, entassés lans un pays stérile et épuisé, ils se voyaient déjà en proie au plus affreux dénûment. Sur ces entrefaites, Augereau arriva des Pyrénées-Orientales avec sa division victorieuse, et Schérer, qui venait de conquérir la paix en Catalogne, vint remplacer Kellermann, Tous deux s'indignèrent à l'idée de passer plusieurs mois dans une situation si déplorable, et ils résolurent de livrer bataille pour en sortir.

Quelques détails topographiques sont ici indispensables. La chaîne des Alpes, après être devenue l'Apennin, serre de fort près, d'Albenga à Gênes, la Méditerranée, et ne laisse entre la mer et la crête des montagnes, que des pentes étroites et rapides, qui offrent à peine trois lieues d'étendue. Du côté opposé, au contraire, c'est-à-dire, vers les plaines du Pô, les pentes s'abaissent doucement, l'espace d'une vingtaine de lieues. Notre armée campait sur les pentes maritimes, entre les montagnes et la mer. Colli et les Piémontais, établis au camp retranché de Ceva, sur le revers des Alpes, gardaient les portes du Piémont contre la gauche des troupes françaises. Dewins et les Autrichiens, placés en partie sur la crête de l'Apennin, à Rocca-Barbenne, en partie sur le versant maritime, dans le bassin de Loano, communiquaient par leur droite avec les Piémontais, occupaient par leur centre le sommet des montagnes, et par leur gauche interceptaient le litto

ral de manière à couper nos communications avec Gênes.

A la vue d'un tel état de choses, Masséna (à lui en revient l'honneur) avait conçu et fait goûter au général en chef le plan que voici c'était de se porter en forces sur la droite et sur le centre de l'armée autrichienne, de la chasser du sommet de l'Apennin. et de lui enlever les crêtes supérieures. On la séparait ainsi de l'armée piémontaise, et marchant avec rapidité le long de ces crêtes, on enfermait sa gauche dans le bassin de Loano, entre les montagnes et la mer. Ajoutons que Dewins, malade, avait eu pour successeur Wallis, et que la plupart des officiers ennemis, au lieu de rester à leur poste, étaient allés dans les villes voisines chercher un refuge contre l'ennui de la saison.

Schérer, après avoir procuré des vivres à ses soldats, et, ce dont ils avaient encore plus grand besoin, des souliers, fixa son mouvement au 23 novembre. Il allait avec 36,000 mille hommes en attaquer 45,000; mais l'habileté du plan compensait toute inégalité de forces. Il chargea Augereau de pousser la gauche des coalisés dans le bassin de Loano, Masséna de fondre sur leur centre, à Rocca-Barbenne, et de s'emparer du sommet de l'Apennin enfin Serrurier, de contenir Colli, qui formait leur droite sur le revers opposé. Augereau, tout en poussant la gauche ennemie dans le bassin de Loano, devait n'agir que lentement, Masséna, au contraire, filer rapidement le long des crêtes et tourner le bassin; enfin Serrurier devait tromper Colli par de fausses démonstrations.

Le 23, le canon français réveilla les Autrichiens, qui ne s'attendaient guère à une bataille; les officiers accoururent de Finale et de Loano se mettre à la tête de leurs troupes étonnées. Augereau attaqua vigoureusement, mais sans précipitation, car il ne fallait pas pousser trop vite les ennemis sur leur ligne de retraite. Masséna, avec l'ardeur et l'audace qui le signalaient toujours, escalada les crêtes de l'Apennin, surprit la droite autrichienne, la jeta dans un extrême désordre, lui enleva toutes ses positions, et

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