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de forcer le centre de notre ligne, et de séparer entièrement nos deux ailes. Parmi plusieurs actions assez vives qui eurent lieu dans cette journée, une des plus sérieuses, sans contredit, fut celle qui s'engagea aux environs de Grafenbourg, petite ville à 8 kilom. de Pegnitz. Le général Dufour, qui l'occupait avec sa brigade, fut vigoureusement attaqué, se défendit non moins vigoureusement, et soutint sans désavantage, malgré son infériorité numérique, un combat qui se prolongea jusqu'à la nuit; toutefois, désespérant de pouvoir se maintenir dans sa position, il profita de la nuit pour se replier sur Emereuth, dans la direction de Forcheim.

GRAFENTHAL (combat de). Au mois d'août 1812, la division prussienne d'York (10° corps) occupait Mittau, d'où elle observait Riga, que les Français se préparaient à assiéger. Lorsque le gé néral russe Essen, qui commandait dans cette dernière place, apprit que leur grand parc d'artillerie, venant de Koenigsberg, approchait de Mittau, il conçut le dessein de l'enlever en tournant la ville et renversant la droite des Prussiens. Il chargea le général Lewis d'une partie de ce plan, en lui ordonnant de se porter par la route d'Ekau. Or, l'entreprise échoua de tous côtés. Lewis, pour sa part, fut battu, le 26, près de Grafenthal, par les troupes prussiennes; battu encore le 27, et poursuivi jusqu'à Dalhenkirchen, il ne put repasser la Dwina qu'après avoir perdu près de 1,200 prisonniers.

GRAFFIGNY (Françoise d'Issembourg d'Apponcourt, dame de) naquit à Nancy, en 1694, d'un gentilhomme et d'une petite-nièce du fameux graveur Callot. Mariée de bonne heure à un chambellan du duc de Lorraine, elle eut à subir, de la part de cet homme grossier, une foule de mauvais traitements, qui, au bout de quelques années, amenèrent une séparation. Madame de Graffigny dut suivre alors, à Paris, mademoiselle de Guise, future duchesse de Richelieu. Sa première composition fut publiée dans le Recueil de ces messieurs; c'est une nouvelle, espagnole qui porte le titre paradoxal : Le mauvais exemple produit autant de vertus que de vices. On s'étonne de voir l'auteur,

femme de 51 ans, écrivant cette nouvelle comme eût fait une pensionnaire, et c'est ici le lieu de remarquer que madame de Graffigny conserva toujours, dans son style, les qualités et les défauts de la jeunesse. La nouvelle espagnole fut vivement critiquée. Les Lettres d'une Péruvienne réparèrent glorieusement cet échec. Cet ouvrage, maintenant à peu près oublié dans la foule des productions sentimentales du dix-huitième siècle, avait ce qu'il fallait pour réunir alors, de jolies descriptions, du sentiment, assez d'élégance de style, et beaucoup de traits de métaphysique et de philosophie, souvent faux, et toujours déplacés, dans la bouche de la jeune fille mise en scène par l'écrivain. Un autre défaut du livre c'est de renfermer de nombreux anachronismes; mais alors on n'y regardait pas de si près. Certains éditeurs ont quelquefois donné, comme étant de madame de Graffigny, les Lettres d'Aza, parfaitement ennuyeuses, quoique fort courtes. Toutefois, elles sont d'un M. de la Marche-Courmont. Après les Lettres d'une Péruvienne, madame de Graffigny publia Cénée, pièce du genre larmoyant, mis à la mode par la Chaussée, puis la Fille d'Aristide, drame qui n'eut pas le même succès que le précédent. Cette chute contribua beaucoup, dit-on, à la mort de l'auteur, arrivée à Paris, en 1758. Les ouvrages de madame de Graffigny, dont nous n'avons cité que les plus importants, ont eu de nombreuses éditions. La plus complète est celle de 1788, en 4 vol. in-12.

GRAILLI (maison de). Le captal de Buch, dont nous avons ailleurs donné la biographie, était Jean de Grailli, troisième du nom. Marié à Jeanne de Suffolek, il laissa pour héritier Jean IV, aussi captal de Buch, qui, se voyant sans enfants de Rose d'Albret, légua tous ses biens à son oncle, Archambault de Grailli, qui devint comte de Forx. (Voyez ce mot.)

GRAINDORGE (A.), savant médecin, né à Caen en 1616, mort en 1676. On a de lui plusieurs écrits; le plus célèbre est: Traité de l'origine des macreuses, Caen, 1680, in-8°, ouvrage rare et curieux, dans lequel l'auteur réfute un préjugé encore répandu aujourd'hui sur

les côtes de la Manche, que les macreuses (espèce d'oiseaux de mer) naissent dans des coquilles, nommées pour cette raison conques anatifères, ou sont produites par du bois pourri.

GRAINVILLE (Jean-Baptiste - François-Xavier, Cousin de), né, en 1746, au Havre. Destiné à l'état ecclésiastique, ainsi que son frère aîné, qui parvint à l'épiscopat, il achevait, au sémi naire de Saint-Sulpice, de brillantes études lorsqu'il concourut pour cette question posée par l'académie de Besançon : « Quelle a été l'influence de la philosophie sur le dix-huitième siècle?» et obtint le prix. Bientôt il vit le triomphe de cet esprit du siècle contre lequel il avait déclamé non sans talent. Son zèle religieux se ralentit, et il abandonna la chaire, dont ses premiers pas dans la carrière dramatique l'éloignèrent assez brusquement. H eût été curieux de voir sur la scène le Jugement de Pâris, ou vrage d'un prédicateur, reçu au Théâtre Français. Le clergé parvint à en empêeher la représentation. Cependant Grainville tourna de nouveau ses regards vers le ministère qu'il avait déjà exercé honorablement. Mais ses opinions le firent inquiéter; alors, privé de sa pension comme ecclésiastique, il se crut obligé de renoncer à cette profession. Dans l'éducation des enfants à laquelle il voulut se vouer à Amiens, il retrouva les entraves presque inséparables de sa réputation. On reconnaissait son mérite comme instituteur; mais, comme homme d'église enclin à fronder son siecle, il excitait la défiance, et n'avait qu'un très-petit nombre d'élèves. Dans cette pénible situation, que nulle espérance même ne semblait adoucir, il composa son Dernier homme, ouvrage dont l'idée était éminemment épique. Le travail d'esprit, dans le malheur, est une puissante consolation, mais peut-être aussi une grande cause d'épuisement. Lorsque le poête eut à peu près terminé son travail, il fut atteint d'une mélancolie qui dégénéra en fièvre accompagnée de délire. Au milieu d'un de ces funestes accès, il courut se précipiter dans la Somme, presque sous ses fenêtres, longtemps avant le jour, et par un temps très-froid; il périt ainsi le 1er février 1805. Le chevalier Croft

celui qui le premier aussi distingua le mérite du malheureux Chatterton, vint résider à Amiens quelques jours après la mort de Grainville, et eut connaissance de la belle composition qui l'avait longtemps occupé. La regardant comme une magnifique ébauche, digne d'être transmise aux générations futures, aussi bien que l'Iliade même ou le Paradis perdu, il regrettait amèrement de n'avoir pas été instruit plus tôt de l'existence et du génie d'un homme dont il eût été facile de soulager les peines. Bernardin de Saint-Pierre, dont cet infortuné était l'allié, manifesta sur son poeme une approbation d'après laquelle le libraire Déterville le publia. Cependant il fut peu lu; il serait retombé dans un entier oubli sans l'enthousiasme de Croft, exprimé dans ses Remarques sur Horace, en 1810. L'année suivante, M. Nodier donna une seconde édition du Dernier homme; aussitôt plusieurs journaux en rendirent compte, comme d'une épopée très-imposante. Dans les observations placées en tête du livre, on voit que Grainville s'était occupé, en 1805, de versifier son travail, et qu'il avait même terminé le premier chant. Néanmoins l'éditeur n'a cité de lui aucun vers: mais il paraît tenté de mettre Grainville fort près de Klopstock. On n'en sera pas surpris si même, sans pouvoir juger du mérite de l'exécution, on considere la grandeur dramatique et originale de ce tableau des derniers jours des humains. Après de longs siècles accordés à notre postérité, après les développements prodigieux d'une industrie progressive, Omégare, le personnage principal, se trouve l'arbitre des destinées ultérieures de toute l'espèce des hommes. Aimé de Siderie, il peut s'unir à elle, sous les auspices et selon les désirs du Génie terrestre, qui ne serait plus rien si l'homme finissait. Mais Adam qui, par une fiction sublime, et sans équivalent même chez le Dante, reste condamné à voir successivement tomber dans les enfers les innombrables victimes de son premier péché, Adam sollicite éloquemment son petit-fils de mettre enfin un terme à tant de souffrances. Ce sujet, à peine indiqué par les traditions orientales que Milton a suivies, cette fable, si heureuse, devait

amener des tableaux grandioses et des situations pathétiques au plus haut degré. D'ailleurs on retrouve, dans la plupart des épisodes, des traces de la même vigueur de pensée. Outre ce grand ouvrage, Cousin de Grainville a écrit quelques morceaux de poésie, au nombre desquels est une fable allégorique fort estimée, insérée dans la Correspondance de Grimm, tome V, Le plaisir, l'espérance et la pudeur. On le croit aussi l'auteur de plusieurs autres ouvrages assez fréquemment attribués à Christophe Grainville, traducteur de l'Araucana.

GRAISIVAUDAN ou GRESIVAUDAN, pays du ci-devant Dauphiné, s'étendant entre les montagnes, le long du Drac et de l'Isère; borné, au nord, par la Savoie propre; à l'est, par le Briançonnais et le comté de Maurienne; au sud, par l'Embrunois, le Gapençois et le Diois; et, à l'ouest, par le Viennois et une partie du Diois. On lui donnait 8 myriam. (17 à 18 lieues) dans sa plus grande longueur, sur7 myria. (15 lieues) de largeur. Grenoble en était la seule ville considérable. Les autres localités remarquables étaient : la Grande-Chartreuse, Domaine, Lesdiguières, Voiron, Voreppe, Saint-Guillaume, Vizille, la Mure, Meus, le bourg d'Oysan, Saint-Bonnet et le Fort - Barreaux. Le Graisivaudan fait aujourd'hui partie du département de l'Isère.

GRAMAT, petite ville du département du Lot, arrondissement de Gourdon. Elle possédait jadis un château fort qui résista plusieurs fois aux compagnies anglaises pendant la guerre de cent ans. A l'époque des guerres de religion, au seizième siècle, la ville fut successivement prise et saccagée par les protestants et les catholiques.

GRAMMAIRE. Ce terme répond à des idées assez différentes, selon qu'on l'applique aux études des anciens ou à celles des modernes. Dans l'antiquité classique, au rapport de Sophron, la grammaire fut d'abord considérée comme ne formant, avec la musique, qu'un même art; mais, plus tard, elle embrassa, au contraire, l'ensemble des connaissances qui constituent aujourd'hui la philologie. C'est dans ce dernier sens qu'était grammairien le Gau

lois Marc-Antoine Griphon, qui tint école à Rome, dans la maison de César, encore enfant, et dont Cicéron, déjà préteur, ne dédaigna pas de suivre les lecons. Griphon avait lui-même eu pour maître son compatriote Lucius Rotius, auteur d'un traité du Geste, cité par Quintilien. Le poëte et grammairien Valerius Caton était également né dans les Gaules.

Dans une acception plus restreinte, et qui est la seule que lui aient conservée les modernes, la grammaire est la connaissance des lois tant générales que particulières qui régissent les langues. L'origine de la grammaire, prise dans ce sens, remonte en France, comme partout, au berceau de la société; car, ainsi que l'a dit avec raison Voltaire, « c'est l'instinct commun à tous les hommes qui a fait les premières grammaires sans qu'on s'en aperçût ; » mais ses premiers développements échappent aux recherches de l'historien. Nous ne saurions faire remonter plus haut que l'époque de l'invasion romaine l'histoire des études grammaticales dans la Gaule; car, bien que des autorités irrécusables nous aient fait connaître le degré de culture où était arrivé dans les compositions des bardes l'idiome celtique, nous ne possédons plus aucun monument de cette antique littérature nationale; et, bien que César nous apprenne que les Gaulois du Midi connaissaient les caractères grecs, il n'en est pas moins avéré que les druides, seuls instituteurs de la jeunesse, évitaient de confier à l'écriture les sciences dont ils étaient dépositaires. Mais, quand les lettres romaines eurent pénétré par la conquête dans la Transalpine, la grammaire fut une des branches qui s'y cultivèrent avec le plus de succès. Ausone, en effet, donne de grands éloges aux professeurs qui l'enseignaient de son temps (au quatrième siècle) dans la célèbre école municipale de Bordeaux, notamment à Macrinus, son premier maître, et à Glabrion, qui avait été son condisciple. Censorius Atticus Agricius y composa un traité des synonymes latins. Urbicus y enseignait avec un égal succès les grammaires grecque et latine.

Au moyen âge, ainsi que nous l'apprend Cassiodore, la grammaire fut

considérée comme le premier des sept arts libéraux. Elle formait, avec la rhétorique et la dialectique, le fameux trivium. Toutefois, elle se réduisait à l'étude des formes matérielles du latin, la seule langue que l'on crût alors digne d'être enseignée. L'idiome des Romains se modifiait cependant tous les jours par le mélange des races conquérantes et des races conquises. Dans le langage qui provenait de cette fusion, l'inversion disparaissait, les déclinaisons se confondaient entre elles, les conjugaisons avaient le même sort; l'on voyait en même temps s'introduire de nouveaux éléments grammaticaux, l'article et les verbes auxiliaires. Dès le cinquième siècle, nous disent les laborieux bénédictins rédacteurs de l'Histoire littéraire de la France, le latin classique n'était plus étudié que comme une langue étrangère, et seulement par un petit nombre. Les lettres profanes commençaient à être regardées comme dangereuses, et la grammaire se trouvait embrassée dans l'espèce d'interdit qui les frappait. Elle se releva au siècle suivant; car nous la trouvons enseignée alors dans la plupart des écoles épiscopales. L'écrivain le plus remarquable de l'époque, cependant, Grégoire de Tours, dans les prolégomènes de son Histoire ecclésiastique des Francs, avoue ne pas connaître parfaitement lui-même les règles de la langue dont il se sert. C'est lui qui nous apprend que le roi Chilpéric voulut ajouter à l'alphabet dont on se servait de son temps les quatre lettres grecques , H, Z et Y, ordonnant de corriger dans ce sens l'orthographe des anciens livres. Deux maîtres d'école, ajoute le récit, préférèrent se laisser couper les oreilles plutôt que de subir cette tyrannie grammaticale. Dans certaines écoles, il paraît que l'on commençait à étendre le cercle de l'étude des langues, puisque Gontran, se trouvant à Orléans en 585, y fut harangué non-seulement en latin et en grec, mais encore en hébreu et en arabe. Au neuvième siècle, une nouvelle impulsion fut donnée aux études grammaticales. Alcuin écrivit un traité des sept arts, dans lequel il adopta pour la grammaire la forme d'un dialogue entre un Saxon et un Franc; quant au

fond, il l'emprunta tout entier à Cassiodore.

Smaragde, abbé de Saint - Mihel, et Liutbert, abbé d'Hirsange, écrivirent des commentaires sur Donat. On commença à composer des glossaires et des lexiques. Charlemagne lui-même rédigea une grammaire de la langue tudesque, laquelle est malheureuse. ment perdue aujourd'hui. Dans les dixième et onzième siècles, la grammaire continua à être le fondement de l'enseignement des écoles publiques. Remi d'Auxerre commenta Priscien et Donat; et Rathier, quand il n'était encore que simple moine et précepteur d'un jeune gentilhomme provençal, composa un manuel de grammaire, qui eut quelque temps une grande vogue. Il l'avait intitulé: Spera dorsum, ou Serva dorsum, par allusion aux punitions que son emploi devait épargner aux écoliers. Un moine de Ponthierre, son contemporain, nommé Lambert, composa des notes grammaticales sur le psautier, et un traité de la quantité. Abbon, abbé de Fleuri, écrivit un rudiment latin (rudimenta puerilia); et Jean de Garlande, à la fois poëte et grammairien, un dictionnaire des termes les plus en usage, une grammaire et un traité des synonymes. Pendant les douzième et treizième siècles, au témoignage de Guibert, abbé de Nogent, l'enseignement de la grammaire se popularisa au point de pénétrer jusque dans les villages. Le célèbre Jean de Salisbury l'enseigna à Paris trois ans. Il paraît, toutefois, que cette étude fut violemment attaquée par quelques adversaires, du reste, assez obscurs. Elle trouva des défenseurs dans les Pères des conciles, qui, notamment à celui de Béziers, tenu en 1234, se plaignirent, au contraire, de la négligence qu'on y apportait. Les écoles de grammaire commençaient, en effet, å être désertées pour celles de jurisprudence. C'est, toutefois, à cette époque qu'un franciscain breton, Alexandre de Villedieu, composa, sur le traité de Priscien, un doctrinal en vers dont on se servit dans les écoles jusqu'à la publication de la grammaire du Flamand Despautère, c'est-à-dire, jusqu'au commencement du seizième siècle.

Malgré le développement que prirent la langue romane et la langue française dans les chants des troubadours et sous la plume des chroniqueurs, durant les trois siècles qui précédèrent la renaissance, ces deux idiomes, avec leur caractère parasite et leurs formes indécises, ne pouvaient encore fournir matière aux travaux des grammairiens, dont la tâche est seulement de déduire les principes quand un assez long usage a poli la langue. Cependant, dès le treizième siècle, Hugues Faidit et Raymond Vidal avaient publiés, l'un sous le titre de Donatus provincialis, l'autre sous celui de la Dreita maniera de trobar, deux grammaires romanes, dont M. Guessard a dans ces derniers temps donné une savante analyse (*). Auquatorzième siècle, fut composé à Toulouse, sous le nom de Leys d'amor, un recueil qui contenait une grammaire, une poétique et une rhétorique fort étendues. L'imitation des théories latines est un des caractè. es saillants de ces ouvrages. Quoi qu'il en soit, la basse latinité des siecles précédents continuait à être la langue des savants de toutes les nations du rit latin, et l'on paraissait même avoir abandonné le peu de culture qu'on avait un moment consacré au grec et à l'hébreu.

L'époque de la renaissance fut brillamment marquée, dans les annales de la grammaire, par les travaux de Budée sur la langue grecque, ceux des deux Scaliger, des deux Estienne, de Théodore de Beze, sur les langues grecque, latine et francaise. Mais la première grammaire française écrite en français fut celle de Geoffroy Tory, de Bourges, imprimée en 1529 avec ce titre: Le champ fleury auquel est contenu l'art et la science de la deüe et vraye proportion des lettres attiques, qu'on dit aultrement lettres antiques et vulgairement lettres romaines proportionnées suivant le visaige et le corps humain. Ramus, dans une grammaire française qu'il dédia à Catherine de Médicis en 1562, proposa diverses reformes orthographiques dont une partie a été adoptée depuis, notamment la

(*) Bibliothèque de l'école des chartes, t. I, p. 125 et suiv.

distinction des lettres U et V. Il avait été précédé par de plus hardis novateurs, tels que Jacques Dubois ou Sylvius, auteur d'une grammaire qui vit le jour en 1531; Pelletier, du Mans; mais surtout Louis Meigret, de Lyon, dont on peut juger le système orthographique sur le titre de son livre publié en 1550, le Tretté de la grammere francoeze, fet par Loys Meigret, Lionoës (*). Honorat Rambaud, qui vint 30 ans plus tard, ne resta pas en arrière de ses devanciers.

Au dix-septième siècle, quand la langue, péniblement élaborée dans les siècles précédents, allait se fixer par tant de chefs-d'œuvre, nous voyons paraître la première grammaire générale, sous le titre d'Eschantillon de la gramma tosophie. Elle est de François de Douchy, et porte la date de 1605. Trente ans plus tard, la fondation de l'Académie française donnait pour ainsi dire aux études grammaticales une importance officielle. Aussi les grammairiens se multiplièrent-ils rapidement; mais, secs et pédants, ils s'attirerent souvent les sarcasmes de leurs spirituels contemporains, qui les accusaient de ne sentir ni la délicatesse des sentiments, ni la justesse des pensées. Il est pourtant juste de dire que les travaux de Vaugelas, de Patru, de Thomas Corneille, de Ménage, ont puissamment concouru au perfectionnement de la langue francaise. Nous ne devons pas oublier Chapelain qui, en rédigeant le programme des travaux de l'Académie, y avait placé en première ligne la composition d'une grammaire nationale, projet qui est, comme on sait, encore à exécuter. Antoine de Montmeran donna, en 1645, les premiers synonymes français, et en 1649 parut la première grammaire française à l'usage des écoles, composée sur le plan du Rudiment de Despautère. Mais les gram

(*) On voit que ces grammairiens voulaient que l'orthographe française se conformàt à la prononciation. Quelques-unes de leurs réformes furent adoptées; mais la logique absolue n'est pas applicable aux modifications des langues, où d'ailleurs elle est combattue par la science unie à l'usage. Voilà pourquoi trois cents ans plus tard une pareille tentative a rencontré une pareille répulsion,

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