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lors n'était pas assez varié, et l'on se demandait si les écoles publiques étaient destinées à former seulement des ecclésiastiques, des magistrats, des médecins et des gens de lettres. Encore les études littéraires n'étaient-elles pas en progrès, puisque, depuis les premières années du dix-huitième siècle, celle du grec n'était plus que facultative. On demandait, en conséquence, qu'une part plus large fût accordée à la langue nationale et aux sciences. Mais malgré la frappante unanimité des opinions, la réforme se borna à quelques modifications dans le mode d'administration, et les établissements d'instruction publique, parmi lesquels on comptait plus de 500 colléges renfermant 70,000 élèves, restèrent jusqu'en 1789 sans lien

commun.

Les cahiers des députés aux états généraux étaient remplis de voeux pour une réorganisation complète de l'instruction publique. En effet, en septembre 1791, l'Assemblée constituante rendit un décret conçu en ces termes : « Il « sera créé et organisé une instruction publique commune à tous les citoyens, "gratuite à l'égard des parties d'ensei«gnement indispensables pour tous les « hommes, et dont les établissements « seront distribués graduellement dans « un rapport combiné avec la division

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du royaume. » Le plan d'organisation que proposa Talleyrand sécularisait complétement l'enseignement, et embrassait une vaste hiérarchie d'études depuis l'école primaire jusqu'à l'Institut national, dont il proposait la création. Entre ces deux points extrêmes se plaçaient des écoles de district pour les études littéraires et scientifiques, qui y étaient distribuées, non plus en classes, mais en cours; puis des écoles de département destinées à former des sujets pour les quatre grandes professions du sacerdoce, de la médecine, de la jurisprudence et de l'armée. Au mois d'avril 1792, Condorcet présenta un autre plan dans lequel il créait cinq ordres d'établissements. C'étaient, après les écoles primaires, les écoles secondaires répondant aux écoles primaires supérieures actuelles; les instituts donnant un enseignement plus directement professionnel, et où les sciences mathéma

tiques et physiques occupaient le premier rang; neuf lycées remplaçant les anciennes universités, et une société nationale des sciences et des arts. La Constituante cessa d'exister avant d'avoir eu le temps de discuter ces projets.

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Le sujet fut repris par la Convention. A la suite d'un rapport de Michel Lepelletier, qui avait réclamé pour les « enfants de la patrie» une éducation commune, afin qu'il pût se former << une « race renouvelée, forte, laborieuse, réglée, disciplinée, » et séparée par une barrière insurmontable « du contact im<< pur de notre espèce vieillie, » on décréta d'abord la suppression des colléges et des facultés dans toute l'étendue de la république, ainsi que la vente de tous les biens qui avaient formé leur dotation; puis, le 19 décembre 1793, on proclama l'enseignement libre, en exigeant seulement des instituteurs et institutrices la production d'un certificat de civisme et de bonnes mœurs, et en les plaçant, eux et leurs établissements, sous la surveillance des municipalités. Un salaire était assuré par l'État aux seuls instituteurs primaires; mais ils devaient adopter pour leur enseignement les livres élémentaires approuvés par la représentation nationale.

La Convention, prenant ensuite une

part plus directe à l'instruction publique, organisa, en 1794, la grande école normale, et l'année suivante les écoles centrales (voyez les articles consacrés à ces institutions). Le 25 octobre sur le rapport de Daunou, elle vota une loi sur l'organisation générale de l'instruction publique,et établit une école primaire par canton, une école centrale par département, et en outre un certain nombre d'écoles spéciales.

Bientôt, du milieu des ruines de l'Université, s'éleva à Paris le collége Égalité, plus tard le Prytanée français, auquel on affecta les bâtiments du collége Louis-le-Grand, avec un budget de

200,000 francs. Il fut destiné à l'éducation de jeunes fils de citoyens qui avaient servi dans les armées de la ré

publique. Les élèves y étaient soumis à la discipline militaire. L'Etat assurait à ses boursiers des emplois dans les carrières publiques. Un arrêté des con

suls du 22 mars 1800 créa des succursales du Prytanée à Fontainebleau, à Versailles, à Saint-Germain, à Compiègne.

Cependant il s'était formé pour l'instruction littéraire de la jeunesse un assez grand nombre d'établissements particufiers. La loi du 1er mai 1802, en réorganisant l'instruction secondaire sur des bases qui subsistent encore en partie aujourd'hui, laissa ces établissements à l'industrie privée, et les soumit seulement à l'inspection spéciale des préfets. Quant aux écoles secondaires communales, le gouvernement y prit sa part d'action en leur fournissant un local; puis il créait, aux frais du trésor, dans chaque arrondissement de tribunal d'appel, un lycée réunissant, à ce qui s'enseignait dans les anciens colléges, les objets d'étude des écoles centrales. On y établissait pour les mathématiques six classes semestrielles, et pour le latin également six, dans lesquelles on devait faire étudier aux élèves les chefs-d'œuvre

de la littérature nationale rapprochés de ceux de l'antiquité classique. 6,400 boursiers, dont 4,000 nommés au con

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« 4° Les pensions, pensionnats ap < partenant à des maîtres particuliers « et consacrés à des études moins fortes « que celles des colléges.

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L'obligation des grades universitaires fut rétablie pour les diverses fonctions de l'enseignement, et l'administration centrale préleva sur toutes les écoles secondaires le vingtième du prix de la pension des élèves. Les élèves des écoles cours parmi les sujets sortant des écoles particulières furent astreints à suit secondaires, étaient entretenus par l'E- les cours des établissements publics, tat dans les lycées. On y établissait la les petits séminaires furent soumis à

étaient bientôt transférés dans la maison

de Saint-Cyr, transformée en école spéciale militaire. Un directeur général de l'instruction publique fut créé à Paris. Deux commissions furent chargées de rédiger le double programme des études

de

tudes comprit deux années de grammaire, deux d'humanités, une de rheto rique, une de mathématiques spéciales et enfin, mais dans les chefs-lieux d'aca démie seulement, une de philosophie. L'étude du grec, qui n'avait pas l littéraires et scientifiques; enfin trois partie de l'enseignement des premiers inspecteurs durent visiter périodique- lycées, dut commencer avec la seconde

ment les établissements.

Deux ans après la promulgation de cette loi, les 131 départements dont se composait alors la France comptaient

vées. Les chefs de ces derniers établis

année de grammaire.

fait

Tout en maintenant l'organisation restauration revint rapidement aux des matérielle de l'Université impériale, la

munales, et 361 écoles secondaires pri- scientifiques et les études littéraires 46 lycées, 378 écoles secondaires com- tiques de l'ancien régime. Les études n'eurent plus aucun point de contact: Icréation des lycées et s'efforçaient de prirent le nom de colléges royaux; les sements avaient vu d'un œil jaloux la le régime militaire fut aboli; les lycées les décrier par d'absurdes rapports, petits séminaires, affranchis de l'autotandis que d'un autre côté les petits sé- rité des chefs de l'instruction publique.

minaires faisaient aux écoles secondaires communales une redoutable concurrence.

La loi mai 1806 créa, sous le

ne relevèrent plus que des évêques. Puis vinrent des mesures violentes, qui frappèrent à la fois les institutions et les per sonnes. Seize facultés des lettres, trois

nom d'université impériale, un corps un no

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ége entier fut licencié, deux cents proesseurs et régents furent destitués, et emplacés la plupart par des membres u clergé. En 1820, on créa le conseil oyal de l'instruction publique sous la résidence d'un ministre secrétaire d'Éat; mais on attribua bientôt aux évêues un droit de surveillance sur tous es colléges de leurs diocèses, pour esserrer davantage, disait l'ordonnance lu 27 février 1821, les liens qui doient unir au clergé, dépositaire des docrines divines, le corps chargé de l'enseignement des sciences humaines.» En 1822, l'abbé Frayssinous, évêque d'Hernopolis, fut placé à la tête de l'insruction publique avec le titre de grand naitre de l'Université, qu'il changea, n 1824, contre celui de ministre des ffaires ecclésiastiques et de l'instrucion publique. Il avait déjà soumis les coles primaires exclusivement aux évênes, qui en éloignaient chaque jour les nstituteurs laïques. Bientôt on vit une oule de colleges confiés à des ecclésiasiques qui n'avaient aucun titre dans 'Université, et, au mépris des lois du ays, les jésuites ouvrirent de toutes arts des maisons d'éducation pourvues, par des mains invisibles, de riches dotations.

En février 1828, M. de Vatimesnil devint grand maître de l'Université. L'instruction publique fut alors séparée les affaires ecclésiastiques, et la surveillance de l'instruction primaire restituée à l'Université. Faisant droit aux réclamations de l'opinion publique, le zouvernement publia une ordonnance interdisant les fonctions de l'enseignement aux membres des congrégations religieuses non légalement établies, et arrêta les envahissements des petits séminaires. L'année suivante, le ministre introduisit dans les colléges l'enseignement des langues modernes, et y établit des cours spéciaux pour les jeunes gens qui se destinaient aux professions du commerce, de l'industrie et de l'agriculture.

La charte de 1830 proclama le prinipe de la liberté de l'enseignement. La oi du 28 juin 1833, préparée par M. Guizot, en régla les conditions pour instruction primaire. Le même mimistre présenta, trois ans après, une loi

sur l'instruction secondaire, que la chambre des députés adopta après une assez longue discussion, mais dont la chambre des pairs ne fut point saisie. Un nouveau projet, déposé depuis par M. Villemain sur le bureau de la chambre des députés, n'a pas même été discuté.

Le programme des études a été plusieurs fois modifié depuis 1830. Plusieurs essais ont été faits pour la répartition de l'enseignement des sciences et des langues modernes entre les diverses périodes du cours d'instruction des colléges; mais, disons-le, une organisation remplace la précédente sans que celle-ci ait pu être jugée, et ces tentatives d'amélioration ne font guère que rendre plus sensibles les imperfections auxquelles on veut remédier. Éminemment conservateur, le pouvoir actuel ne touche qu'en tremblant à ce qui existe, et à peine a-t-il fait un pas en avant, qu'il recule comme effrayé de son œuvre, et se hâte de la défaire. D'ailleurs, il se trouve placé, sur la question de l'instruction publique, entre les tendances de plusieurs opinions. Les uns appellent de leurs Voeux l'application du principe de la liberté de l'enseignement, dans l'espoir que, dans le concours d'efforts individuels qui en résultera, des méthodes plus lumineuses, un programme plus philosophique pourront être concus; les autres veulent que l'État se dessaisisse du monopole de l'enseignement, afin de pouvoir l'accaparer plus tard à leur tour, et de ressaisir par là une domination qui leur échappe : enfin d'autres, et ceux-là seuls nous paraissent être dans le vrai, pensent que l'instruction publique n'est point une matière industrielle, et que s'il est un monopole que le gouvernement doive se réserver, c'est celui de former les jeunes citovens; que l'enseignement public est déjà beaucoup trop libre en France, et que c'est à cet état de choses qu'il faut surtout attribuer l'espèce d'anarchie qui règne aujourd'hui, chez nous dans les opinions et dans les idées. Adhuc sub judice lis est.

La statistique de l'instruction secondaire présente, d'après les relevés de 1840, les résultats suivants :

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66,529

En ajoutant à ce tableau les 126 écoles secondaires ecclésiastiques avec leurs 18,255 élèves, on a un total de 1,504 établissements d'instruction secondaire et de 84,784 élèves.

Une immense lacune, qui a longtemps existé dans l'organisation officielle de l'instruction publique, et qui est loin d'être comblée encore, c'est l'absence de toutes dispositions législatives par rapport à l'éducation des filles. Les pensionnats annexés aux couvents sont toujours complétement indépendants de l'action de l'administration. Toutefois, les institutrices séculières, soit directrices d'institution, soit maîtresses de pension et d'école primaire, sont aujourd'hui soumises à l'obtention de brevets de capacité, et leurs maisons sont placées sous la tutelle de l'autorité civile.

a

Outre les établissements généraux d'instruction publique, il en existe un certain nombre, qui sont consacrés soit à un enseignement plus élevé, soit à des spécialités en dehors du programme universitaire, tels que le collége de France, l'école des Beaux-Arts, etc. Nous renvoyons le lecteur aux articles spéciaux consacrés à ces établissements, comme à ceux aussi des facultés de droit et de

médecine, dont l'historique a été tracé ailleurs. Voyez encore ÉCOLES, ÉDUCA TION, ENSEIgnement, INSTRUCTION PRIMAIRE, UNIVERSITÉS.

INSTRUCTION PUBLIQUE (ministère de l'). C'est de 1820 seulement que date l'établissement du ministere de l'instruction publique. L'Assemblée législative, en créant les ministères, et en donnant à chacun d'eux leurs attributions, avait mis dans celles du ministère de l'intérieur la surveillance et l'administration des écoles et des divers établissements destinés à l'instruction publique. Lorsque, sous la Convention,

les

(*) En 1842, le nombre des colleges royaux est de 44, celui des colléges communaux n'est plus au contraire que de 311; les autres chiffres ont également subi des modifications.

ministères furent supprimés et rempla cés par des commissions administre tives, une de ces commissions fut char gée spécialement de cette partie l'administration. Lorsque les ministères furent rétablis, sous le Directoire, is le furent avec leurs anciennes attribu tions, et l'instruction publique revinti celui de l'intérieur. Napoléon, en créat l'Université, et en mettant à la tête e ce grand corps enseignant, un gran maître et un conseil composé de men bres inamovibles, ne l'affranchit pas it cette dépendance. Par une ordonnanes du 15 août 1815, le gouvernement & la restauration remplaça le grat maître et le conseil de l'Université pet une commission d'instruction publique: mais ce nouveau corps administratiť ne fut, pas plus que celui auquel il succe dait, chargé de la surveillance de l'ins truction primaire, des établissements scientifiques et littéraires, et on ne lui confia point celle des écoles ecclésiasti ques.

ordonnance du 22 décembre 1820 pr Enfin M. Corbière, nommé par une sident de cette commission, qui prit alors le nom de conseil royal de li truction publique, reçut en même temps le titre de ministre secrétaire d'État et de membre du conseil. Ainsi fut cree le ministère de l'instruction publique: mais ce fut seulement pour deux ans, car M. Frayssinous, appelé en 1822 diriger cette partie de l'administration publique, ne reçut que le titre de grand maître; et quand, en 1824, le même prélat fut admis au conseil du roi, il y entra comme ministre des affaires ecclésiastiques, et non comme ministre de l'instruction publique. Enfin, le 10 février 1828, M. de Vatimesnil fut appelé au ministère, et le département de l'instruction publique fut définitivement

constitué. Les cultes en avaient été sepe rés, pour être confiés à M. Feutrier, évé que de Beauvais. On les y réunit de nouveau lors de la formation du cabinet du 9 août 1829, et ces deux administrations restèrent dans les mêmes mains jus qu'à la formation du cabinet du 11 of tobre 1832. Du 9 août 1829 au 29 juillet 1830, le ministre porta le titre de ministre des affaires ecclésiastiques, grand maître de l'Université. Ce titre

'ut alors changé en celui de ministre de "instruction publique et des cultes. Depuis 1832, l'administration de l'insruction publique et des établissements cientifiques et littéraires n'a plus été éunie à aucune autre.

Aujourd'hui, le ministère de l'insruction publique est composé ainsi qu'il suit:

SECRÉTARIAT, duquel dépendent: 1° le bureau de l'enregistrement; 2° celui des proès-verbaux et archives; 3o la bibliothèque lu ministère.

Ire DIVISION, du personnel et de l'adminisration des établissements universitaires, diigée par un DIRECTEUR.

Elle est divisée en 2 sections, savoir :

Ire section instruction supérieure et seondaire, composée de 3 bureaux: 1° pour es ressorts académiques; 2o les facultés; jo les colleges.

2 section instruction primaire, a bueaux: 1o pour le personnel; 2° pour l'adninistration de l'instruction primaire. II DIVISION. Établissements scientifiques et littéraires.

Trois bureaux: 1obibliothèques publiques; 2° compagnies savantes; 3° travaux historiques. III DIVISION. Comptabilité générale et

contentieux.

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18 nov. << Guizot.

22 mars 1836. Pelet de la Lozère. 6 sept. " Guizot.

15 avril 1837. Salvandy.

a mai 1839. Villemain. 1er mars 1840. Cousin. 5 sept. 1841. Villemain.

INTENDANTS des finances ou des provinces. Nous avons déjà dit, à l'article FINANCES (page 79, 1 colonne), que les premiers intendants furent créés sous François Ier (1522) pour surveiller les trésoriers. Henri II établit dans le même but des fonctionnaires révocables à volonté, des commissaires départis. Mais ce fut en 1636 qu'une grande innovation en cette matière porta l'ordre, la célérité et l'économie dans une administration où il n'y avait eu jusqu'alors que confusion, lenteur et gaspillage. Richelieu voyant que les trésoriers se montraient de plus en plus difficiles à l'exécution des édits et commissions, créa des intendants chargés «< de faire << observer en chaque bureau les édits, << ordonnances et règlemens sur l'admi<< nistration des finances. » Ces fonctionnaires, révocables à la volonté du ministre, remplacèrent 3,000 trésoriers ou élus qui avaient acheté leurs charges, déclarées héréditaires, et qui n'en furent jamais remboursés, malgré la promesse du cardinal. Comme leurs attributions, relatives à l'administration, à la police et aux finances, n'avaient plus rien de judiciaire, ils n'étaient astreints, pour prononcer, à aucune forme de justice, et le ministre seul pouvait réformer leurs décisions. Leur autorité devint toute-puissante en fait d'imposition; mais trop souvent ils n'en usèrent que pour entretenir les abus qu'ils étaient appelés à combattre.

Les parlements, les états provinciaux, réclamèrent souvent contre leurs empiétements et contre leurs prétentions, qui portaient atteinte aux droits des cours souveraines et des états. Ces plaintes, renouvelées avec énergie pendant la minorité de Louis XIV, amenèrent enfin leur suppression dans quelques provinces; mais on les rétablit partout

en 1658.

Les intendants furent supprimés en 1790.

INTENDANTS MILITAIRES. Les ins

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