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utiles le pas emboîté et cadencé, qui facilita les évolutions; les écoles mílitaires; un nouveau mode de recrutement; le casernement; l'administration des fonds enlevée aux capitaines-propriétaires et attribuée à des quartiersmaîtres; enfin la suppression des passevolants.

Les nombreux perfectionnements apportés à l'organisation de l'infanterie prussienne par le grand Frédéric ( ordonnance, tir, emploi de la baïonnette dans les charges en ordre déployé, formation en carré, organisation numérique du régiment), appelèrent ensuite l'attention de nos gouvernants: inhabiles pour la plupart, ils crurent trouver le secret des victoires du roi de Prusse dans les petits chapeaux, les culottes blanches, les boutons polis de ses soldats, et dans les coups de bâton qu'il leur faisait administrer. En conséquence, ils imitèrent ces niaiseries et négligèrent l'étude des grands principes de tactique suivis par Frédéric. L'introduction de la discipline allemande bouleversa sans utilité nos régiments. Dans l'organisation de 1749, l'infanterie fut répartie en 100 régiments, et compta 181,000 hommes.

Le maréchal du Muy, qui signala son court ministère par quelques améliorations, et le comte de Saint-Germain, à qui on a le droit de reprocher l'adoption des coups de bâton comme peine disciplinaire, organisèrent notre armée, et, par suite, notre infanterie sur de meilleures bases. Ce fut alors enfin que l'on emprunta à la tactique prussienne quelques-uns de ses grands principes (ordonnance, tactique, exercice, évolutions, tir, etc.).

L'organisation de 1776 divisa l'infanterie en 106 régiments: chaque régiment eut 2 bataillons (sauf celui du roi qui en avait 4); enfin, chaque bataillon en 4 compagnies de 116 hommes, et 2 compagnies d'élite de 101 hommes. Cette constitution était bien meilleure que toutes les précédentes; une même force pour tous les corps de la même arme, et une force bien réglée et bien divisée devait amener l'ordre, la régularité du service et la simplification des manœuvres; en outre, l'armée fut organisée en brigades et en divisions.

L'organisation de 1791 maintint principes; les 116 régiments de ce époque comptaient 129,798 hommes Mais les vices anciens de la constitutio de l'armée amenèrent, en 1792, § ruine totale; l'infanterie, comme le autres armes, cessa d'exister, et il fal lut procéder à une création nouvelle On en trouva les éléments dans les bataillons de volontaires et dans les debris des régiments. Ces corps hétérogenes furent embrigadés en 1793, sur le ra port de Dubois-Crancé. 1 bataill d'ancien régiment et 2 bataillons volontaires formèrent une demi-br gade; les 198 demi-brigades comptates 481,338 hommes.

Il était temps de régulariser ces treepes, qui ne connaissaient alors que guerre de tirailleurs, guerre bonne e 1792, mais qui serait devenue funes devant l'Europe coalisée. Les succès l'immortelle campagne de 1794 pros vèrent la bonté du nouveau système Une nouvelle tactique venait der créée; et le salut de la France était d pour la troisième fois, à l'infanters c'est qu'en effet l'infanterie, comme disait Napoléon, « est la véritable art « des batailles. »

Le bataillon devint alors l'unité force, et fut composé de 700 hommies, répartis en 9 compagnies, dont une é grenadiers et 8 de fusiliers. Les Esstis de tactique du célèbre Guibert servi rent de base à cette organisation, pro cipe de tout ce qui s'est fait depuis

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En 1793, les divers corps légers fu rent distribués en 19 brigades, prenant 73,000 hommes.

L'avancement avait lieu ainsi suit un tiers à l'ancienneté et desi tiers au choix. L'avancement au cho se faisait par l'élection. Étaient elec teurs pour le chef de bataillon, tous l membres du bataillon; pour les grades inferieurs, tous les membres du bata lon n'ayant pas un grade supérieur o égal à celui auquel il s'agissait de no mer; étaient éligibles à un grade, tou ceux du grade immédiatement inf rieur. Les chefs de brigade et les g néraux seuls étaient nommés par ministre.

Mais le pouvoir se hâta de restreindre cette grande extension donnée au

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Une innovation importante, dont l'idée était due au comte Saint-Germain, fut la création des voltigeurs (an XII), c'est-à-dire, des compagnies d'élite composées de petits hommes; il n'y avait eu jusqu'alors de compagnies d'élite que pour les individus de grande taille, les grenadiers.

Jusqu'en 1808, l'organisation de l'infanterie resta à peu près la même. L'an XII avait vu, outre la création des voltigeurs, la suppression du nom de demi-brigade. Celles qui existaient alors formèrent 90 régiments de ligne, 19 à 4 bataillons et 71 à 3, et 27 regiments legers, 3 à 4 bataillons et 24 à 3.

En 1808, chaque régiment eut 5 bataillons, dont 1 de dépôt. Chaque bataillon de guerre fut composé de 6 compagnies. Le régiment entier comprenait 3,970 hommes.

L'infanterie française comptait, en 1813, 750,000 hommes. Les régiments furent, en 1814, réduits à 3 bataillons. Ils furent remplacés, en 1815, par des légions départementales. Enfin, en 1820, l'infanterie fut de nouveau réorganisée, et, jusqu'en 1830, on n'y opéra que des changements de peu de valeur. Elle fut encore une fois remaniée à cette dernière époque. Elle compte, depuis 1840, 100 régiments, composés chacun de 3 bataillons, divisés en 7 compagnies.

INFANTICIDE. A Rome, comme on sait, les chefs de famille, propriétaires de leurs enfants comme de leurs esclaves, avaient sur eux un droit absolu de vie et de mort. César nous apprend qu'il en était de même de son temps chez les Gaulois; il ne paraît pas que cet abus de la puissance paternelle ait jamais été permis chez les Francs; mais le système de composition admis par les lois barbares rendant toute poursuite de ce crime impossible, l'infanticide échappait chez eux aux prescriptions pénales. On trouve cependant, dans les Capitulaires, plusieurs textes relatifs à ce crime. L'un d'eux assimile l'infanticide à l'homicide ordinaire ; un

autre, tiré évidemment des canons de l'Église, condamne à une réclusion perpétuelle dans un cloître toute femme qui serait venue, les yeux baignés de larmes, s'accuser à l'empereur d'avoir donné la mort à son fils.

L'avortement volontaire et la suppression de part sont les deux formes Sous lesquelles se produit le plus ordinairement l'infanticide. Le droit canonique distinguait dans l'avortement si le foetus était animé ou non, et ce n'était que dans le premier cas qu'il le punissait à l'égal de l'homicide. Mais la difficulté de la preuve avait fait rejeter cette distinction dans le droit civil. L'ancienne jurisprudence punissait également de la peine de mort et la femme qui s'était procuré l'avortement et ceux qui l'avaient favorisé.

Mais il est de la nature même de cette sorte de crime d'échapper à la juste rigueur des lois une honte naturelle, dont le principe est honorable, engage la femme faible ou coupable à cacher sa grossesse. Pousser trop loin la recherche de l'infanticide, ce serait s'exposer à confondre un accident naturel avec un crime. C'est en partie pour éviter cet inconvénient que Henri II, dans son fameux édit de 1556, exigea de toute fille enceinte une déclaration de grossesse, et punit comme coupable d'infanticide celle qui ne représenterait pas son enfant, ou n'apporterait pas les preuves légales que l'avortement, ou la mort de son fruit, après l'accouchement, ne pouvaient être attribués qu'à une cause naturelle.

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Henri II renouvela cet édit dans son ordonnance de 1586, dont il prescrivit aux curés de faire une lecture publique au prône de toutes les messes paroissiales; « afin que nulle femme, «servante et chambrière, ou autre, << ne pût prétendre cause d'ignorance. Il paraît toutefois, par les termes de la déclaration publiée en 1708, par Louis XIV, que cette formalité était tombée en désuétude, par suite du mauvais vouloir des curés; car, se fondant sur l'intérêt commun que l'Église et le roi avaient à conserver des âmes à Dieu et des citoyens à l'État, ce prince leur enjoignit de nouveau de faire la publication de l'édit aux messes paroissia

les, sous peine d'y être contraints par la saisie de leur temporel.

Le crime d'infanticide devint beaucoup moins commun en France, quand les asiles ouverts aux enfants trouvés se multiplièrent. En donnant aux filles mères le moyen de cacher les preuves de leur faiblesse ou de leur débauche, on arrêtait le mal en son principe; l'infanticide, si horrible qu'il soit en lui-même, ayant beaucoup moins pour cause la méchanceté que la crainte du déshonneur ou la misère.

Pénétrée de cette vérité, la Convention essaya de tarir la source même de ce crime, en effaçant jusqu'au préjugé qui s'attache à la maternité illégitime. Par son décret du 28 juin 1793, elle établit dans chaque district une maison où les filles mères pourraient faire leurs couches, et offrit des secours à celles qui allaiteraient elles-mêmes leurs enfants;

elle alla même jusqu'à accorder, par un décret du 17 pluviose an II, une prime pécuniaire à toute fille non mariée qui donnerait un défenseur à la patrie.

Heureusement, ces décrets, où il ne faut voir que des conséquences des théories matérialistes dont était imbue la majorité des membres de cette assemblée, ne prévalurent jamais contre les mœurs. Il y a, en effet, plus qu'un préjugé dans cette opinion publique qui fletrit la maternité hors mariage; elle découle du sentiment profond et instinctif qui crée et maintient la famille. Nous sommes loin sans doute de prétendre qu'on ne doive avoir que dégoût et mépris pour de pauvres femmes qui se sont laissé séduire : l'égarement et la faiblesse ont, à la pitié et à l'indulgence, des droits que nous savons reconnaître; mais il ne faut pas que la débauche, et même la faiblesse, reçoivent une prime d'encouragement, et que l'on puisse voir, dans les mesures d'humanité que prend la société, une approbation tacite du désordre.

Dans ces derniers temps, l'introduction des théories anglaises de Malthus, sur la population, n'a pas peu contribué à augmenter chez nous le nombre des infanticides. Plusieurs conseils généraux, mus, les uns par d'ignobles motifs d'économie, les autres par la

considération que les maisons de charité ne sont souvent qu'un encouragement offert à la débauche et à l'imprévoyance, ont supprimé les tours dans les hospices, et entravé, par des formalités gênantes, l'exposition des enfants. Le nombre des enfants trouvés a diminué en effet depuis lors: mais celui des infanticides a augmente en proportion. Voici des chiffres qui en diront plus que toutes nos paroles: nous les relevons sur la statistique de la justice criminelle, publiée chaque année par le ministre de la justice.

Accusées d'infanticide. Condamnées.

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1839

156 ... 162

102

Il est à remarquer que ces chiffres ne s'appliquent qu'aux infanticides juridiquement constatés. Ils font bien voir la progression de ces crimes; mais ils sont loin d'indiquer le nombre de ceux qui se commettent chaque année, l'infanticide échappant, comme nous l'avons dit, presque toujours aux poursuites judiciaires.

Le Code pénal de 1810, revisé en 1832, distingue l'infanticide proprement dit de l'avortement. D'après ce code, le meurtre d'un enfant nouveau-né est puni de mort; l'avortement est puni seulement de la réclusion, tant à l'égard de la femme qu'à l'égard de ses complices; si ceux-ci sont médecins ou pharmaciens, la peine est celle des travaux forcés. (Voy. ENFANTS TROUVÉS.)

INFÉODATION. Voyez FIEFS.

INGEBURGE OU INGELBURGE, reine de France, sœur de Canut VI, roi de Danemark, épousa Philippe-Auguste en 1192; mais ce monarque, dès le lendemain de son mariage, manifesta pour elle une aversion décidée. Bientôt après, il l'éloigna, en alléguant la parenté qu'il prétendait exister entre elle et sa première femme Isabelle de Hainaut. Ingeburge demanda à se retirer dans un couvent, où elle vécut quelque temps dans la plus extrême misère, et Philippe contracta un nouveau mariage avec Agnès de Méranie. Mais Ca

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nut VI parvint à intéresser en faveur de sa sœur le pape, qui jeta l'interdit sur le royaume, et le roi, effrayé, se hâta de reprendre Ingeburge. Cette princesse mourut en 1236. Elle fut ensevelie à Corbeil, dans l'église de Saint-Jean de l'Isle ou des chevaliers de Jérusalem, qu'elle avait fondée.

INGÉNIEURS. Voyez GÉNIE. INGOUF (François-Robert), graveur, né à Paris, en 1747, suivit pendant longtemps les leçons de Jacques Flipart, et, bien qu'en quittant cet arBatiste il eût déjà acquis une assez grande habileté, il ne trouva qu'avec peine l'occasion de se faire connaître. Enfin, la gravure des Canadiens, d'après M. le Barbier, et les deux Nativités insérées dans le Recueil du muséum de Laurent, d'après Raphaël et Ribera, le classèrent parmi les artistes distingués, et il fut chargé de la gravure d'un grand nombre de sujets pour le voyage de M. Cassas, et pour le grand ouvrage de la commission d'Egypte. Ses ouvrages se font remarquer, en général, par un bel effet, et par une variété de teintes étonnantes.

Son frère, P. Ch. INGOUF, aussi graveur et élève de Flipart, a beaucoup gravé d'après les maîtres français. Il est mort à la fin du siècle dernier.

INGRANDE, Igorandis, ancienne baronnie de l'Anjou, aujourd'hui du département de Maine-et-Loire. Popul.: 1,497 habitants.

INGRES (Jean-Auguste-Dominique), né à Montauban en 1781, recut de son père, professeur de dessin dans cette ville, les premières leçons de son art. Il vint à Paris à 16 ans, et étudia sous le célebre David avec tant de succès, qu'il remporta à 19 ans le second grand prix de peinture, et à 20 ans le premier. Envoyé à Rome aux frais du gouvernement, il exécuta pendant le cours de son instruction des tableaux qui fixèrent tout d'abord l'attention publique, et qui furent recherchés pour les collections les plus précieuses: 1° une figure de grandeur naturelle, représentant OEdipe en présence du sphinx: elle appartient au cabinet de M. Gossuin; 2o une Dormeuse, aussi de grandeur naturelle: ce tableau, exposé au Capitole, fut acheté par Murat pour son palais de Naples;

3° une Baigneuse, aujourd'hui dans le cabinet de M. Gossuin; 4° Jupiter et Thétis.

,

Après avoir terminé ses études, M. Ingres résolut de se fixer à Rome. Pendant le séjour de quinze années qu'il y fit, il donna plusieurs tableaux parmi lesquels nous citerons : Romulus triomphant des dépouilles opimes grande composition peinte en détrempe, et le Sommeil d'Ossian', tableaux commandés par Napoléon pour le palais Quirinal; Virgile lisant son sixième livre de l'Énéide devant Auguste, Octavie et Livie, composition de grandeur naturelle; et une Odalisque de même dimension, commandée par la reine de Naples, Caroline Napoléon. Cette figure est aujourd'hui dans le cabinet du comte de Pourtalès.

A cette époque, M. Ingres peignit quelques portraits, parmi lesquels nous rappellerons seulement celui de M. de Norvins, qu'on a remarqué à l'exposition de 1824, et il commença une suite de petits tableaux dits de chevalet ; ce sont Raphaël et la Fornarine (ce tableau est double, le cabinet de M. le comte de Pourtalès en possède un); une vue de la chapelle Sixtine, grande composition représentant le pape tenant chapelle (il est double comme le précédent); tableaux historiques sur l'Arétin, appartenant à la collection de M. Devaux de Nevers; Roger et Angélique, exposé au Luxembourg; le maréchal de Brunswick recevant l'ordre de la Toison d'or des mains de Philippe V; la Mort de Léonard de Vinci; Jean Pastoret introduisant le dauphin (Charles V) dans Paris, tableau commandé par M. le comte Pastoret.

Après quinze années de séjour à Rome, M. Ingres alla habiter Florence, où il demeura quatre années. Enfin il revint en France, apportant le Vou de Louis XIII, tableau commandé par le gouvernement pour la ville de Montauban, dont il orne aujourd'hui la cathédrale. Six mois après sa rentrée en France en 1826, l'Institut l'appela dans son sein, en remplacement du célèbre Denon. M. Ingres a été ensuite nommé professeur à l'école des Beaux-Arts, et a peint, pour le musée, un plafond qui représente Homère déifié.

M. Ingres est un des artistes les plus célèbres de l'école moderne en France, et en même temps celui sur lequel on a porté les jugements les plus différents. En effet, s'il a ses adorateurs et ses adeptes, qui prétendent seuls savoir, et pouvoir le comprendre, il a aussi ses critiques et ses détracteurs. Aux yeux des premiers, c'est le seul peintre réel que nous ayons; aux yeux des autres, ce n'est pas un peintre. Si entre ces deux jugements, évidemment exagérés, on veut chercher à se faire une opinion saine, juste et impartiale; si on étudie les œuvres de M. Ingres, œuvres peu nombreuses du reste, on arrive à s'expliquer l'enthousiasme des uns et la critique exagérée des autres.

Dans les premiers tableaux de M. Ingres, on remarqua du goût, de l'expression, de la dignité, et une parfaite observation des convenances; mais en même temps, on regrettait de n'y trouver ni vérité de couleur, ni transparence, ni harmonie des teintes. On conçut cependant dès lors une grande espérance du talent futur de l'artiste, car il avait la qualité essentielle, le dessin. Mais depuis, quelques personnes se sont refusées à admettre comme un premier talent un homme qui ne possédait en quelque sorte que la moitié de son art, et de la est résulté le peu de popularité de la réputation de cet artiste. Ce qui, en effet, frappe le public dans la peinture, ce qui l'attire avant tout, c'est le coloris. Or, les tableaux de M. Ingres manquent tout à fait de cette dernière qualité; aussi n'ont-ils pas été goûtés du public, et n'ont-ils été prisés que de ceux qui, plus connaisseurs, savent trouver dans une œuvre les beautés de détail, et l'estiment pour ces beautés mêmes.

Au salon de 1834, M. Ingres exposa le Martyre de saint Symphorien, tableau destiné à l'église d'Autun, où il se trouve aujourd'hui. Cette œuvre, prônée à l'avance, devait, à en croire les adeptes de l'artiste, résumer toutes les qualités dont il était la plus savante expression; c'était son dernier mot qu'il jetait au public. Malheureusement, elle ne répondit pas, lorsqu'elle parut, à l'idée qu'on s'en était faite d'après les éloges qui l'avaient précédée. On trouva, non

sans raison, que M. Ingres, non-seule. ment, avait persisté dans ses défauts, mais qu'il avait même outré ses quali tés; on lui reprocha le manque d'air et de plan, et même, ce qui était presque un sacrilége aux yeux de ceux qui regardent le dessin de M. Ingres comme nec plus ultra de la perfection, des exagérations choquantes dans le dessin Il s'établit entre les partisans et l adversaires de l'artiste une luttetre animée dans la presse, dans les s ciétés, et jusque dans la salle même é l'exposition. Enfin ce tableau fit, à caust de ses défauts même, beaucoup plus de bruit que si c'eût été un chef-d'œuvre.

Cependant, à la suite de cette exposi tion, M. Ingres se brouilla tout à fait avec le public. Depuis, il n'exposa pla rien, et un de ses derniers tableaux, qui a fait aussi beaucoup de bruit dans le monde artistique, la Stratonice, destr née au cabinet du duc d'Orléans, y est entré sans avoir été offert a d'a tres regards qu'à ceux des admirateurs connus de l'artiste. Quoique nous comprenions parfaitement cette susceptibilité, nous ne pouvons nõus empêcher de blâmer cette rancune gat dée au public. En fait d'art, il nous semble qu'on a tort de se faire un cef• cle à part. C'est, en définitive, toujours la foule qui est le seul et le meilleur juge des réputations. David n'aurait pas acquis la gloire dont son nom est entouré, si, limitant sa pensée et son pinceau dans un étroit espace, vait pas exposé aux yeux de la foule émerveillée ses grandes et sublimes

pages.

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Malheureusement M. Ingres, en perfectionnant les qualités qu'il possed it déjà, n'a pas corrigé ses défauts. Dans les travaux de son âge mûr, on trouve toujours le dessinateur pur et correct. mais souvent on regrette encore de ny pas sentir le coloriste. Tout plein d'a miration pour les grands maîtres du quinzieme et du seizième siècle, il s'est laissé entraîner jusqu'à l'imitation, el on lui a reproché, quelquefois avec ra raison, de faire rétrograder l'art plutôt que de lui faire faire des progrès.

Quoi qu'il en soit, M. Ingres n'en jouit pas moins des avantages dus à sou talent réel. Nommé officier de la Le

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