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Trois expositions eurent lieu pendant la restauration : la première, en 1819, sous le ministère Decaze; les deux autres en 1823 et 1827, sous le ministère Villèle, toutes trois dans la cour et dans les salles du Louvre. Celle de 1819 dura trente-sept jours. Voici en quels termes un journal anglais en rendit compte: « Imaginez vingt-huit salles du plus magnifique palais de l'Europe, remplies de tout ce que peuvent perfectionner le goût et le luxe, de tout ce que le génie peut créer, de tout ce que le talent peut exécuter. C'est un véritable triomphe pour la France, triomphe plus glorieux que tous ceux qu'elle a jamais obtenus. Dans ce pays, les arts marchent à pas de géant vers la perfection. Des manufactures, encore M. de Girard reçût les encouragements qui étaient bien dus à ses efforts, et l'obligèrent à passer en Autriche où il chercha à élever, près de Vienne, une fabrique pour la filature du lin. Plus tard il se rendit en Pologne, où il a établi, près de Varsovie, et son industrie et ses ateliers. Au moment où M. de Girard allait quitter la France, ses anciens associés transportèrent, à son insu, et vendirent en Angleterre ses procédés et ses desseins. Les Anglais se mirent à l'œuvre, et, en peu de temps, fabriquèrent des machines perfectionnées; puis ils revendiquèrent l'honeur d'avoir résolu le problème de la filature lu lin. Plus tard enfin, plusieurs manufacuriers français, parmi lesquels nous pouvons iter M. Feray, d'Essonne, près Paris, et AM. Scrive, de Lille, firent des voyages en Angleterre, et parvinrent, non sans peine, rapporter en France, pièce à pièce, les nétiers anglais destinés à filer le lin. La filaure du lin par machines fut donc de noueau réintégrée dans son ancienne patrie. Celle est, en peu de mots, l'histoire de la dature du lin par machines. La Société d'enouragement pour l'industrie nationale s'est mue, lorsqu'elle a entendu des députés ire, du haut de la tribune française, que la lature du lin par machines était une invenon anglaise. La Société d'encouragement, près avoir mûrement examiné les pièces de e grand débat, vient aujourd'hui revendiuer hautement, et pour la Frauce, l'honneur e cette belle et utile découverte..... Elle écerne donc la grande médaille d'or à M. hilippe de Girard, comme étant l'auteur es deux principes qui servent de base fonamentale à la filature du lin en son état ctuel.

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dans l'enfance il y a cinq ans, sont déjà parvenues au plus haut point de développement; d'autres, à peine connues l'année dernière, appellent aujourd'hui les regards et l'attention. Dans les arts d'agrément, les Français ont toujours occupé le premier rang parmi les nations industrieuses; les voilà pour le moins au second dans les produits des choses usuelles. »

L'ordonnance relative à l'exposition de 1819 avait statué qu'il y en aurait une seconde en 1821; mais les réclamations des manufacturiers la firent ajour ner à 1823. Elle s'ouvrit le 25 août, et dura cinquante jours. Soixante-treize départements y envoyèrent leurs produits, et elle surpassa celles qui l'avaient précédée, tant par le nombre que par l'importance des objets exposés. En 1819, on avait distribué aux exposants, outre des médailles et des croix d'honneur, des titres de noblesse. Cette dernière manière de récompenser des succès industriels avait été, avec raison, tournée en ridicule; on y renonça en 1823; mais on fut trop prodigue de médailles, de citations et de mentions honorables. Le nombre total de ces récompenses s'éleva à près de 1,200.

L'exposition de 1827 eut à peu près le même éclat que celle de 1823; seulement on remarqua que la majorité des objets exposés était destinée au luxe, et que les produits qui s'adressaient à la masse des consommateurs étaient moins nombreux qu'en 1819 et 1823.

On songeait à une nouvelle exposition, lorsque arrivèrent les evénements de 1830. Le malaise général qui se manifesta alors dans toutes les branches de l'industrie força le gouvernement à ajourner jusqu'en 1834 cette solennité. On y remarqua surtout les progrès qu'avait faits la filature des laines peignées, la beauté des draps, des stoffs brochés et surtout des châles. La filature du coton avait pris un immense développement; l'application du métier à la Jacquart avait permis aux manufacturiers de l'Alsace d'envoyer des percales et des jaconas dignes de rivaliser avec les étoffes de même espèce fabriquées en Angleterre; enfin, bien que l'on pût encore regretter que le nombre des machines employées dans nos ma

nufactures ne fût pas assez considérable, on fut généralement satisfait de cette exposition.

La dernière exposition a eu lieu en 1839. Nous emprunterons à M. Thénard le jugement qu'il en a porté dans son rapport. « De grands progrès ont été faits dans les cinq dernières années qui viennent de s'écouler. La filature de la laine à la mécanique nous est complétement acquise; celle du lin ne tardera pas à l'être industries trèsimportantes qui entreront pour des sommes considérables dans la balance de notre commerce. Plus de cinquante usines construisent des machines à feu d'une force ordinaire. Il en existait à peine quelques-unes au commencement du siècle on les compte aujourd'hui par milliers. Les machines à papier continu ont été portées à un si haut degré de perfection, qu'elles s'exportent au loin. Le métier à la Jacquart a reçu de nouveaux perfectionnements. C'était d'Angleterre que nous venaient toutes les aiguilles nécessaires à notre consommation: la France en produit aujour d'hui qui ne lais-ent rien à désirer. Deux nouveaux produits ont pris rang dans l'industrie la bougie stéarique et le bleu de Prusse. L'éducation du ver à soie a fait de grands progrès : beaucoup de mûriers ont éte plantés. Tout porte à croire que d'ici à dix ans la France sera délivrée du tribut qu'elle paye à l'étranger, et qui ne s'élève pas à moins de 40,000,000 de francs chaque année. Huit ans se sont à peine écoulés depuis l'époque où nous tirions de l'Angleterre tous les cuirs vernis de notre consommation: aujourd'hui, l'Angleterre vient les acheter a la France. Nos maroquins continuent à obtenir la préférence sur tous les marchés. Enfin, presque toutes les branches d'industrie se sont perfectionnées; presque toutes ont baissé leurs prix. »

La prochaine exposition de l'industrie aura lieu en 1844. (Voyez COMMERCE, EXPOSITION.)

INFANTERIE - Les peuples guerriers et civilisés, tels que les Grecs et les Romains, dans l'antiquité, ont tous donné une grande importance à l'arme de l'infanterie. Au moyen âge, au contraire, la cavalerie devint l'arme préé

minente, et cet étať de choses dura aussi longtemps que l'ignorance de l'art de la guerre. « Il est ordinaire, dit le gene ral Rogniat, chez les peuples barbares, car toute la force de l'infanterie est dans l'ordre, l'ensemble et la dise pline, qui exigent des calculs, des cornaissances et des exercices auxquels se livrent rarement; au lieu que la a valerie se rend redoutable par son co rage seul et la rapidité de ses mout ments, quelque confuses et désordotnées que soient ses charges. »

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Dans notre Europe moderne, ce fo rent les Suisses qui comprirent les pre miers l'importance de l'infanterie; ob gés de lutter dans des montagnes sans chevaux, ils organisèrent de gre bataillons, les armèrent de piques, rétablirent, peut-être sans le savoir, l'ordonnance des Grecs et leur manière de combattre. Les Allemands et les Flamands, les Italiens, les Espagnols e les Français suivirent successivemet leur exemple, et chacune de ces na tions, surtout les deux dernières, d la prépondérance politique et militate dont elle jouit en Europe à son infarterie.

La piétraille (*) du moyen âge n'éta pas une véritable infanterie; car le net d'infanterie désigne une troupe orga nisée, et telles n'étaient pas ces masses confuses, méprisées, et le plus souvent inutiles. De la pietraille à l'infanterie, il y a une révolution. Lorsque celle-ci apparaît, les communes ou le tiers état ont acquis quelque consistance polit que, la féodalite a été détruite, et la poudre à canon a rendu inutile la che valerie. Jusqu'à ce moment, le seizière siècle, les gens de pied étaient des rauts, des bélistres, des mal arme, des mal complexionnez, des fainéants, des pilleurs et mangeurs de peuples. Ces expressions de Brantôme peuvent donner une idée du mépris que avait encore, au seizième siecle, por les fantassins.

fon

Les milices communales étaient at (*) Ce mot seul prouve le mépris que l'on avait alors pour les soldats de pied. La ter minaison aille, dans les mots français, indiqu non-seulement une idée collective, mais uz idée de mépris: ferraille, valetaille, matmaille, etc.

mées de l'arbalète ou de l'arc, ce qui s'opposait à toute formation régulière dans les combats; placés à l'arrièrescène, les miliciens attendaient l'occasion de piller ou de fuir, mais combattaient peu. On les occupait souvent à remuer la terre, à fourrager, à relever les gens d'armes blessés. A Bouvines, le comte de Boulogne forma son infanterie en bataillon creux et circulaire, et, après avoir chargé l'ennemi, il venait se reposer et reprendre haleine au milieu de ce singulier retranchement. A Crécy et à Poitiers, les milices furent taillées en pièces avec une incroyable facilité par les Anglais, et pendant toute cette guerre elles furent entièrement inutiles. Disons ici, en passant, que les archers anglais ne valaient guère mieux que les nôtres, et que les fantassins qui remporterent ces victoires étaient des cavaliers qui mettaient pied à terre à l'occasion, et combattaient en ordre avec la lance ou la pique.

Outre les fantassins nationaux, les rois capétiens, depuis Philippe-Auguste jusqu'à Charles V, prirent à leur solde, peut-être pour des raisons de police, des fantassins étrangers; c'étaient surtout des gens de Flandre: de la leur nom de brabançons. On les appelait aussi communément routiers, parce que, le plus souvent, ils faisaient le brigandage sur les routes. Charles V les envoya en Castille, sous du Guesclin, pour en débarrasser son royaume. Parmi ces mercenaires, on comptait ordinairement beaucoup d'Écossais et de Génois.

C'est sous Charles VII que prend naissance l'infanterie proprement dite. La lutte avec l'Angleterre touchait à sa fin depuis que Jeanne d'Arc avait souleve le peuple contre l'étranger; les plebeiens qui composaient le conseil du roi, Jacques Coeur, les frères Bureau, comprirent l'importance d'une bonne infanterie, et résolurent d'en créer une. Les milices communales furent abolies. En 1448, Charles VII ordonna (*) que chaque paroisse du royaume serait tenue de lever et d'entretenir a ses frais un fantassin : ce soldat était astreint à certaines exigences, et pour cela exempté

(*) Ordonn, des rois de Fr., XIV, 2, 5. Amelgard, not. des man., I, 423.

de payer l'impôt; de là le nom de francs-archers. Les francs-archers devaient s'équiper à leurs frais, se réunir les dimanches pour faire quelques manœuvres et s'exercer au tir de l'arc : ils ne recevaient de solde qu'en temps de guerre. Ils avaient pour armes l'épée et l'arc ou l'arbalète; ils portaient la salade et une jaque formée de vieilles toiles battues et cousues entre deux peaux de cerf. La France fut divisée en cercles militaires qui correspondaient aux divisions de la milice, de sorte qu'il était facile de la réunir. «< On s'égaya fort, dit M. Michelet, sur la nouvelle milice; on prétendait que rien n'était moins guerrier; on en fit des satires; il en est resté le franc - archer de Bagnolet (*). Plus d'un en riait, qui au fond n'avait pas envie de rire. La noblesse entrevoyait combien l'innovation était grave (**). Ces essais plus ou moins heureux, francs-archers de Charles VII, légions de François Ier, devaient amener le temps où la force, la gloire du pays seraient aux roturiers. L'archer de Bagnolet n'en était pas moins l'aïeul du terrible soldat de Rocroi et d'Austerlitz (***). »

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La nouvelle infanterie contribua puissamment aux grandes victoires de Formigny et de Castillon, qui forcèrent les Anglais à évacuer le territoire. Toutefois, on n'a pas de données certaines sur l'organisation première des francsarchers; mais on connaît celle qu'ils avaient sous le règne de Louis XI. Le corps entier, composé de 16,000 hommes, se partageait alors en quatre grandes divisions ou bandes de 4,000 combattants chacune, et une bande comprenait huit compagnies de 500 hommes. Le grand maître des arbaletriers, chargé naturellement de l'administration de cette milice, était secondé par un commandant général, et autant

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de capitaines généraux que l'on comptait de bandes. Chaque compagnie de 500 hommes avait son capitaine particulier, excepté la première, qui recevait les ordres mêmes du chef de bande (*).»

Les francs-archers furent abolis sous Louis XI; frappé peut-être de la valeur des Suisses et de l'excellente organisation de leur infanterie, qui avait triomphé deux fois à Morat et à Granson de la cavalerie bourguignonne, et qui avait déployé tant de valeur à Saint-Jacques, ce prince prit à son service 6,000 Suisses et un nombre non moins considérable de lansquenets ou soldats allemands. Il ne conserva que 1,000 fantassins français, qui, selon toute probabilité, étaient des archers. Ses successeurs suivirent cet exemple, et, jusqu'aux légions de François Ier, les mercenaires suisses et allemands formèrent presque seuls l'infanterie de nos armées. On trouverait peut-être le motif de cet état de chose, en supposant que ces princes craignaient, en formant une infanterie nationale, de donner au tiers état une trop grande importance; autrement en effet, on ne concevrait pas ce qui les eût empêchés de réorganiser les francs-archers et de les former à la tactique des Suisses.

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Louis XII essaya cependant de donner quelque valeur à l'infanterie nationale, en plaçant Bayard et quelques autres capitaines illustres à la tête des bandes d'aventuriers(voy.ce mot); mais il paraît que ces efforts furent infructueux, l'emploi des mercenaires étrangers continua à prévaloir (**). Il fallut les nombreuses défaites éprouvées en Italie, et dues au caprice et aux exigences de ces troupes, pour décider François Ier à rétablir l'infanterie nationale. Les cir

(*) Voy. le Cours d'hist. milit., de Rocquencourt, t. I, p. 297.

(**) C'est à la présence des mercenaires dans nos armées qu'est dû le grand nombre des termes étrangers que l'on trouve dans notre langue militaire; c'est de l'italien cannone, gros jonc (grosse sarbacane), que vient le mot canon, et non pas du latin canere, chanter, et par suite faire du bruit, comme l'a décidé une célèbre compagnie, malgré cette objection faite au poëte qui avait trouvé celte étymologie: que tout ce qui fait du brui: ne chante pas.

constances étaient les mêmes que lors de l'institution des francs-archers; Char les-Quint menaçait l'indépendance de la France; ainsi, il ne fallait rien moins qu'une nécessité de salut public pour décider la royauté à armer le peuple. Voici, ce que dit à ce sujet Blaise de Montluc: « Au premier revirement de guerre, le roy François dress: des légionnaires, qui fut une très-bei invention, si elle eust été bien suivie car c'est le vray moyen d'avoir to jours une bonne armée sur pied, comm faisoient les Romains, et de tenir §1 peuple aguerry, combien que je ne s si cela est bon ou mauvais. La dispute n'en est pas petite; si aymerois-jemiex me fier aux miens qu'aux étrangers. Du reste, on atténua les résultats que l'on craignait en mettant beaucoup de gentilshommes dans ces légions.

Chaque légion était forte de 6.000 hommes, divisés en six bandes; les hommes étaient armés de piques, de hallebardes et d'arquebuses. Ces corps devaient être au nombre de sept.

Si ce système eût survécu aux évenements qui l'avaient fait adopter, a France eût eu dès lors une infanter nationale et permanente; mais le dange passé, les craintes monarchiques ou les vieux préjugés firent supprimer les le gions, et l'on en revint aux bandes 0 compagnies séparées, de deux à trois cents hommes.

« Cependant, malgré la conformite de ce système de bandes isolées, avec le caractère de la nation et les intentions des capitaines, qui répugnaient à admettre une autorité supérieure, la re flexion ne tarda pas à conseiller d'en revenir à grouper plusieurs bandes en semble, sous la conduite et l'adminis tration d'un chef unique, afin de rendre plus prompte, plus réguliere, et par conséquent plus décisive, l'action de combattants. Des hommes de la trempe des Brissac, des Coligny, des Monti, joignant un grand sens à beaucoup der périence et d'observation, ne pouvaient manquer de découvrir, d'apprécier de faire ressortir les avantages plus grande concentration du comman dement; et ce fut sans doute d'après leur avis (et celui du duc de Guise) que vers la fin de son règne, Henri Il ft

d'une

revivre, à certains égards, l'organisation légionnaire de son prédécesseur (*). »

Ce fut alors (1558) que l'on créa les régiments (*). Il y en eut d'abord cinq: Guienne, Picardie, Champagne, Navarre, Piémont. On en ajouta un sixième sous François II, celui de Languedoc; un septième après la bataille de Dreux, celui des Gardes, et successivement un grand nombre d'autres. (Voyez RÉGIMENTS.)

Dès lors, nous assistons à la formation lente, comme de toutes les choses humaines, mais régulière, du grand élément de la force militaire de la France. C'est, en effet, sous l'influence des grands capitaines français du seizième siècle (**), vrais créateurs de l'art militaire, et dont les Maurice de Nassau et les Gustave-Adolphe ne furent que les élèves (***), que l'infanterie française fut créée, avec ses divisions et son armement. Qu'il y ait encore loin du soldat et du régiment du seizième siècle à ceux du dix-neuvième, c'est un fait dont on est forcé de convenir; mais déjà il existe un germe précieux qui n'a plus qu'à prendre ses développements.

Les régiments furent divisés en compagnies, ce qui rappelle leur origine; le soldat fut armé de piques et couvert d'une armure défensive, ou d'arquebuses (****), et, alors, protégé seulement par une salade et un hallacret (espèce de cuirasse). Disons-le dès à présent, l'infanterie conserva les armures défensives jusqu'après l'avénement de Louis XIV, et elle le fit par routine, car l'action des armes à feu avait déjà démontré l'inutilité de ces précautions.

La proportion des soldats pourvus d'armes à feu alla toujours en augmentant dans l'infanterie française. Après avoir été d'un tiers sous François Ier, elle fut de la moitié pendant les guerres de religion, et enfin des deux tiers sous Louis XIII et pendant les pre

(Rocquencourt, passage cité.

(**) Montluc, Coligny, Saint-André, Noue, Biron, Henri IV, etc.

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(***) Voy. l'ouvrage de Roquencourt, 7o et 9 leçons, où ces idées sont mises en évidence par les faits.

(****) Le mousquet ne fut adopté que vers 1567, à l'imitation des soldats du duc d'Albe.

mières années du règne de Louis XIV.

Sous le règne de Louis XIV, l'infanterie, comme toutes les autres armes de l'armée française, reçut une nouvelle organisation et éprouva de nombreux perfectionnements, que l'on dut surtout à Louvois, Vauban, Turenne...... Les principales innovations introduites alors furent l'établissement de la brigade, les grenadiers (1672), chargés d'abord de lancer les grenades, puis armés de fusils et de baïonnettes à manches de bois bientôt l'ordonnance fut perfectionnée. Le fusil fut donné à tous les hommes, et l'on y ajouta la baïonnette à douille (1782). L'uniforme fut donné aux régiments en 1672; le nombre des régiments était de 264, en 1714, ils étaient la plupart divisés en bataillons, dont la force était de 4 à 500 hommes, et ils formaient en tout 12 compagnies.

Mais la multiplication effrayante des états-majors, des grades et des officiers, amena, dès le règne de Louis XIV, des abus effrayants; et plus tard elle fut cause des revers que la France éprouva. Le jeu, la table, les équipages étaient pour les officiers des sources de dépenses ruineuses et de désordres qui ruinaient la discipline. Le recrutement n'avait lieu que par les enrôlements volontaires. En 1688 et en 1701, Louis XIV leva des miliciens entretenus aux frais des communes; ce fut le premier essai d'un recrutement national et universel. (Voyez MILICES, GARDES NATIONALES, RECRUTEMENT.)

Malgré tous ces progrès, il restait encore après le grand regne beaucoup à faire pour l'organisation de l'infanterie. Une juste distribution du régiment en subdivisions composées d'un nombre d'hommes suffisant; une diminution dans le nombre des officiers; le rétablissement de la discipline dans les états majors; des choix d'officiers instruits au lieu de jeunes gentilshommes ignorants et débauchés, etc.; telles étaient les améliorations que l'on réclamait, et que l'on n'obtint complétement qu'après 1789.

Le mal avait atteint toute sa force lorsque le comte de Saxe fut placé à la tête des armées. On lui doit, ainsi qu'au ministre d'Argenson, plusieurs réformes

T. IX. 37° Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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