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sion, pour pouvoir approvisionner la capitale de la Catalogne; mais situé sur un rocher à pic, ce fort ne pouvait être réduit que par famine. Dans la nuit du 12 mai 1810, sa garnison, qui avait consommé tous ses vivres, tenta de s'échapper. Nos soldats coururent aux armes, et la moitié seulement des Espagnols s'évada. On prit le gouverneur, son état-major, des officiers, trois cents hommes et un drapeau. Le général Severoli, avec ses Italiens, formait le blocus.

HOSTELAGE, logement. Droit d'hostelage ou hostize, redevance que l'on payait au seigneur pour avoir le droit de loger sur sa terre ou de louer des maisons et boutiques sur ses marchés. HOSTUN. Voyez BAUME.

HOTEL DES INVALIDES. Voy. INVA

LIDES.

HOTEL-DIEU. Voy. HÔPITAL.

HÔTELLERIE, HOTELIERS. Il est assez difficile, au premier abord, de démêler dans la législation du moyen âge les statuts et les données qui se rapportent aux hôteliers proprement dits. On peut cependant y parvenir en se basant sur les distinctions bien tranchées que nous allons établir d'après Le Grand d'Aussy; nous ne nous occuperons ensuite que de la législation qui régissait les hôtelleries ou auberges, renvoyant pour les autres mots aux articles que nous leur avons consacrés.

Quatre classes principales de débitants vendaient des comestibles en détail; c'étaient : 1o les hôteliers proprement dits, dont les fonctions bien distinctes étaient de recevoir chez eux les voyageurs, de loger chevaux et voitures. On les appelait aussi aubergis

tes.

2o Les marchands de vin à pot, qui vendaient du vin en détail, sans cependant tenir taverne. On ne pouvait boire chez eux celui qu'on y achetait; il fallait l'emporter. A la grille extérieure de leur boutique était pratiquée une ouverture par laquelle l'acheteur passait son pot et le reprenait lorsqu'il était plein. C'est ce que l'ordonnance de 1705 appelle vendre à huis coupé et pot renversé. Cet usage, qui s'est conservé à

Paris jusqu'en 1780, existe encore dans quelques villes du Midi où les nobles placent une branche de cyprès à leur porte et vendent leur vin ou péchié aux paysans, en conversant avec eux dans l'idiome du Midi.

3o et 4°. Les cabaretiers donnaient à boire chez eux, mais avec nappe et assiettes, c'est-à-dire qu'on pouvait en même temps y manger; et c'est en quoi ils différaient des taverniers, qui vendaient du vin, il est vrai, mais qui ne pouvaient fournir pain ni bonne chère. Et seront réputés cabaretiers, dit la déclaration du roi de 1620, tous ceux qui auront chez eux montres, étalages de viande et cuisiniers. Cependant, en cette même année 1680, les taverniers obtinrent un adoucissement; on leur permit de servir aux gens qui buvaient dans leur taverne des viandes cuites, pourvu toutefois que ces viandes eussent été fournies par un rôtisseur (Voy. AUBERGE, CABARETIERS, TAVERNIERS).

Venons aux hôteliers proprement dits, et écoutons M. Monteil qui a encadré dans un discours amusant les tribulations que la loi faisait subir à ces malheureux débitants. « Notre malheur a voulu, dit l'hôtelier de M. Monteil, que dans plusieurs villes, les règlements ne nous permissent pas d'acheter plus de trois boisseaux de blé à la fois, que nous manquassions de pain; notre malheur a voulu que dans d'autres nous manquassions de viande, et qu'il ne fût permis aux bouchers de tuer avant la première messe, excepté pour les grands seigneurs et les hauts bourgeois; mais comme les bouchers refusent de nous en croire sur la qualité de nos hôtes, nous sommes obligés de faire quelque gratification de leur part, de donner en leur nom notre argent, ce qui, de toutes les obligations de donner, est la pire.

« Dans d'autres villes, nous sommes encore plus embarrassés; quand ce n'est pas jour de viande, quand c'est jour de poisson, nous ne trouvons rien au marché. - Mais pourquoi, les hôteliers, ne vous levez-vous pas aussi matin que les bourgeois? - Nous nous levons aussi matin et plus matin. Mais pourquoi n'allez-vous pas aussi

matin que les bourgeois au marché? Parce que les lois municipales veulent que nous n'y allions que lorsqu'il est ouvert depuis une heure, lorsque tout ce qu'il y a de meilleur est vendu. »> Une ordonnance de Charles VI, rendue en 1415, défend en effet aux hôteliers, ainsi qu'aux boulangers et aux meuniers, d'acheter des grains et de la farine avant que le marché ait duré une heure. Un édit rendu par Louis XIV, en 1672, confirme cette défense, fixe l'heure d'entrée pour les aubergistes à midi, et la quantité d'approvisionnements dont ils peuvent disposer à six setiers d'avoine et huit setiers des divers autres grains. Ils ne devaient pas avoir à la fois dans leurs maisons plus de deux muids d'avoine et de huit setiers d'autres grains : le tout sous peine de confiscation en cas de contravention.

L'article 101 de l'ordonnance d'Orléans défend à toutes personnes de retenir et loger en leurs maisons plus d'une nuit gens sans aveu et inconnus, et leur enjoint de les dénoncer à justice, à peine de prison et d'amende arbitraire. Pour l'exécution de ce règlement on assujettit les hôteliers à tenir un registre de tous ceux qui arrivaient chez eux, et à le faire viser une fois par mois par un officier de police.

Les mesures prises de nos jours contre les aubergistes sont encore plus rigoureuses.

HOTELS DE VILLE. Les communes du moyen âge et les vieilles municipalités ont toujours rivalisé d'efforts pour construire des hôtels de ville imposants. Ces édifices étaient en effet éminemment nationaux; la tour du beffroi qui en formait la partie essentielle, semblait le signe de l'immunité; le beffroi était la cloche de la commune, et, dans les chartes, ces mots droit de commune, de beffroi, de cloche ou d'échevinage sont employés comme synonymes. L'association des bourgeois courait-elle quelque danger, on mettait en branle le beffroi pour appeler sur la place les habitants menacés. La campanille de la tour, souvent ornée d'un joyeux carillon, était pour tous un signe de ralliement, un symbole éclatant de franchise. Abattre la tour du

beffroi c'était détruire la commune, la punir dans ce qu'elle avait de plus cher, la déshonorer. Enfin les magistrats populaires, échevins, consuls, jurats, etc. tenaient conseil dans les salles de l'hôtel de ville, dont le portique était la bourse des marchands; le peuple ou ses représentants s'y donnaient rendez-vous dans toutes les occasions importantes.

Les plus anciens édifices de ce genre qui existent encore dans nos provinces, ne remontent pas au delà du quinzième siècle; ceux qui les ont précédés n'étaient probablement pas dignes de porter le nom de monuments; aussi, au treizième siècle, le local consacré à l'administration communale, à Paris, s'appelait-il le parlouer aux bourgeois ; et, en effet, les hôtels de ville étaient alors de vrais parloirs ; ils se réduisaient à une grande salle avec quelques dépendances, où les bourgeois venaient causer de leurs affaires et traiter en même temps de celles de la commune. La maison aux Piliers, que les chefs de la bourgeoisie parisienne acheterent ensuite sur la place de Grève, n'avait guère plus d'apparence que les habitations qui l'entouraient. Mais ces maisons communes devinrent des hôtels, quand les bourgeois eux-mêmes vouTurent avoir des hôtels pour leur propre demeure.

Dans presque tous ces édifices on retrouve à peu près le même caractère, les mêmes formes; au rez-de-chaussée, un portique donnant sur la grande place et destiné aux réunions des habitants qui s'y donnaient rendez-vous à toutes les heures de la journée, pour traiter de leurs affaires particulières; au premier étage, une grande salle à hautes fenêtres pour l'assemblée des notables et pour les cérémonies publiques; un beffroi, et, dans les trumeaux, des corniches contenant les statues des citoyens qui s'étaient distingués dans l'administration municipale, des souverains du pays, etc.

Parmi les anciens hôtels de ville que nous possédons encore, il faut citer, outre celui de Paris, ceux de Douai, d'Arras, de Saint-Quentin (car c'est surtout dans les villes septentrionales que les maisons communes étonnent le voya

geur par la richesse de leur architecture; les peuples de la famille flamande ayant trouvé de bonne heure dans leur industrie florissante une garantie d'indépendance et des moyens de perpétuer le souvenir de leur émancipation par des monuments imposants); viennent ensuite les beffrois de Béthune, de Dreux, les maisons communales d'Orléans, de Noyon, de Compiègne, la maison de Jacques Coeur (Voy. HABITATIONS), devenue l'hôtel de ville de Bourges; le Capitole de Toulouse, etc.

HOTMAN (François), célèbre jurisconsulte, né à Paris, en 1524, d'une famille originaire de Silésie, était l'aîné de onze enfants; son père, qui lui destinait sa charge de conseiller au parlement, l'envoya à quinze ans suivre les cours de Baudoin, à l'université d'Orléans. Le jeune Hotman fréquenta ensuite le barreau; puis, dégoûté des subtilités de la chicane, il se renferma dans l'étude de la littérature et du droit romain, dont il fut à vingt-deux ans en état de donner des leçons publiques. Frappé du courage avec lequel Anne Dubourg avait supporté le supplice du feu, il embrassa la réforme, et se retira au collège de Lausanne, son père lui refusant toute espèce de secours à cause de son changement de religion.

Il devint, en 1550, professeur de droit à l'université de Strasbourg. Le roi de Navarre lui confia ensuite plusieurs missions, et il s'en acquitta avec zèle et habileté. Catherine de Médicis l'envoya deux fois en Allemagne. A son retour, en 1561, il fut nommé professeur de droit de Valence, et, bientôt, il rendit à l'université de cette ville son ancien éclat; puis il alla à Bourges et à Orléans rejoindre les chefs du parti protestant, et, enfin, se retira à Sancerre, pour y attendre la fin des troubles. Ce fut dans cet asile qu'il composa son traité de Consolatione e sacris litteris, qui ne parut pas alors, mais dont il envoya des copies à ses amis. Il retourna ensuite à Bourges, et continua d'y professer jusqu'à la Saint-Barthélemy. Le premier attentat dont Coligni faillit être victime, lui fit deviner le massacre qui se préparait; il se cacha et échappa ainsi à la fureur des catholiques. Aussitôt qu'il le put ensuite, il

quitta la France, et publia sa célèbre Franco-Gallia, ouvrage extrêmement remarquable, et rempli d'opinions tellement hardies, que les protestants euxmêmes le condamnèrent comme dangereux (*); l'auteur y soutenait que les états généraux représentant la nation avaient le droit d'appeler au tróné celui qu'ils en jugeraient le plus digne. Vingt ans plus tard, les ligueurs s'appuyèrent de ce principe pour contester à Henri IV son droit à la couronne de France, et Hotman se vit dans la né cessité, pour soutenir son parti, de combattre ses propres opinions. Il le fit avec une habileté qui lui valut l'offre d'une place de membre du conseil. Mais il n'osa l'accepter, et alla se fixer à Genève, puis à Montbelliard, où il perdit sa femme; le chagrin qu'il en ressentit lui rendit le séjour de cette ville insupportable; il se retira à Bâle, où il mourut lui-même le 15 février 1590, âgé de soixante-six ans. Ses œuvres ont été publiées à Genève, en 1599, 3 vol. in-fol., par les soins de Jacques Lect. Cette édition est précédée de l'éloge de Hotman, par Nevehl, neveu de Pithou.

Antoine Hotman, aussi zélé pour le catholicisme que son frère l'était pour le protestantisme, joua également un rôle assez remarquable pendant les troubles de la ligue. Il fut cependant nommé, en 1590, avocat général au parlement de Paris, et dès lors il embrassa avec ardeur la cause dé Henri IV, auquel il fut très-utile. Il mourut en 1596. On a de lui plusieurs ouvrages, dont les principaux sont les suivants Traité de la dissolution du mariage pour cause d'impuissance et froideur de l'homme et de la femme, 1581, in-8°, souvent réimprimé; Les droits de l'oncle contre le neveu, en faveur du cardinal de Bourbon, 1585, in-8°; Traité de la loi salique, Paris, 1593, in-4°; Traité des Droits ecclésiastiques, franchises et libertés de l'Église gallicane, inséré dans le recueil des Opuscules français de François, Antoine et Jean Hotman.

HOUAT (Combat naval de l'île d'). Pendant le cours de l'année 1804, le

(*) Voyez FRANCS et HISTOIRE.

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ralliement à Boulogne, Étaples, Wimereux et Ambleteuse, de l'immense flottille destinée à transporter une armée française sur les côtes de l'Angleterre, donna lieu à une multitude de petits combats où la bravoure des marins français ne fut pas déployée aussi infructueusement qu'elle l'avait été depuis 1793. Voici la plus saillante peut-être de toutes ces glorieuses actions: Le 5 mai, une section de quatre canonnières, commandée par le lieutenant de vaisseau Tourneur, faisait route vers Lorient. Elles furent rencontrées par une grosse corvette et un lougre anglais, qui les attaquèrent. Le combat se soutint quelque temps avec une grande opiniâtreté. Le nombre des bouches à feu de l'ennemi était plus que double de celui de nos canonnières, mais le calibre plus fort des pièces dont elles étaient armées, joint à l'adresse et à la promptitude merveilleuse avec lesquelles ces pièces étaient servies, compensa bientôt la différence du nombre et donna l'avantage aux bâtiments français. Accablés de boulets et de mitraille par les canons de 24 des canonnières, la corvette et le lougre gagnèrent le large et firent force de voiles; mais, non content de les avoir contraints à la retraite, le brave Tourneur voulut encore les poursuivre. Il leur donna la chasse, les atteignit près de l'île d'Houat et les força d'amener leur pavillon.

La corvette anglaise était commandée par un capitaine nommé Wright, qui, le 21 août 1803, avait débarqué sur la côte de Normandie George Cadoudal et la plupart de ses complices. Arrêté à cette époque et mené à Paris, il avait été enfermé au Temple, puis relâché après avoir subi quelques mois de détention. Dirigé de nouveau sur la capitale et jeté dans la même prison, il fut trouvé mort un matin; à côté de lui se trouvait un rasoir avec lequel il s'était coupé la gorge.

HOUBIGANT (Charles - François), prêtre de l'Oratoire, né à Paris en 1686, mort en 1783, est auteur de savants ouvrages, dont les principaux sont: Racines hébraïques sans points-voyelles, Paris, 1732, in-8°; Prolegomena in scripturam sacram, Paris, 1746, deux vol. in-4°; Biblia hebraica cum notis

criticis, etc.; ibid., 1753, quatre vol. in-fol., etc.

HOUCHARD (Jean-Nicolas), né à Forbach (Moselle) en 1740, quitta à l'âge de quinze ans la maison paternelle pour s'engager dans le régiment de RoyalAllemand-cavalerie, et parvint succes sivement au grade de capitaine dans celui de Bourbon-dragons. Il fit, en cette qualité, la plus grande partie de la guerre de sept ans, en Allemagne, et suivit ensuite son régiment dans la Corse, où il reçut à la joue une blessure dont il conserva toute sa vie la cicatrice. Il était, au moment où la révo lution éclata, lieutenant-colonel d'un régiment de dragons.

Employé dans l'armée de Custine, il parvint promptement aux grades de genéral de brigade et de général de division, et fut enfin chargé du commandement de l'armée de la Moselle.

Il avait reçu du comité de salut public l'ordre de combiner ses opérations avec celles de Beauharnais, qui avait succédé à Custine dans le commandement de l'armée du Rhin, pour délivrer Mayence, réduite alors à la dernière extrémité. Mais ces deux officiers mirent une telle lenteur, une telle mollesse dans l'exécution de cet ordre, que la garnison de la ville assiégée, désespérant d'être secourue, se vit forcée de se rendre.

Houchard passa ensuite au commandement de l'armée du Nord. Les Anglais venaient de pénétrer sur le territoire français; tandis que Cobourg observait les Français dans son camp de Hérin, et faisait poursuivre le siége du Quesnoy, le duc d'York porta ses troupes au siége de Dunkerque. A cette nouvelle, le comité de salut publie écrivit à Houchard: « Il faut absolument << préserver Dunkerque et empêcher « l'ennemi d'avoir une place de commu<<nication et de sûreté sur un point si important le salut de la république « est là; » et en même temps il ordonna aux généraux des différentes armées de lui envoyer en toute hâte les renforts dont il avait besoin. Bientôt le moment d'attaquer l'ennemi arriva, et Houchard montra encore sa lenteur, sa mollesse ordinaire; cependant, forcé d'agir par les représentants du peuple Delbret, Bentabolle et Levasseur de la Sarthe,

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qui se trouvaient alors en mission auprès de lui, il gagna, le 8 septembre 1793, la bataille d'Hondschoote, dont les conséquences furent la levée du siége de Dunkerque et la reprise de Furnes et Menin. [Voyez HONDSCHOOтe (bataille de).]

« Avec un autre général que Houchard, dit M. Tissot dans son Histoire de la Révolution, cette victoire eût été très - importante. » Les Anglais, euveloppés, auraient tous péri sans qu'il en échappât un seul. Le comité de salut public dut demander à Houchard un compte sévère des résultats que par sa faute il n'avait pas obtenus. « Devant la liberté et devant la nation, les membres de ce comité avaient juré sur leur tête de sauver la république; pour tenir ce serment, ils étaient obligés d'user d'une sévérité inexorable, et de punir comme des crimes tout ce qui compromettait le sort de la France. Plus tard Napoléon, parvenu à la dictature de l'Europe, se perdit pour n'avoir pas frappé avec la rapidité de la foudre le coupable auteur de la défaite de Baylen (*). » Arrêté et conduit à Paris, Houchard fut traduit devant le comité de salut public, sous l'accusation: 1° d'avoir refusé sa coopération au plan discuté à Bitche entre les généraux et les représentants du peuple, pour la délivrance de Mayence, et d'avoir ordonné la retraite de son armée; 2o d'avoir, en recevant l'ordre de faire lever le siége de Dunkerque, changé le plan d'attaque qui lui avait été envoyé par le comité de salut public, de telle sorte que, pouvant envelopper les ennemis de manière à n'en pas laisser échapper un seul, il leur avait, par de mauvaises dispositions, donné les moyens de se soustraire à une défaite complète. Il se contenta de nier les faits qui lui étaient reprochés, et de protester de son dévouement à la république. Condamné à mort à l'unanimité, il fut exécuté le lendemain 17 novembre 1793.

HOUDAN (Hodanum), petite ville de l'ancien Mantois, aujourd'hui chef-lieu de canton du département de Seine-etOise. C'était jadis une place forte entourée de murailles flanquées de tours.

(*) Tissot, ouvrage cité.

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HOUDETOT (Élisabeth-Françoise-Sophie de la Live de Bellegarde, comtesse d'), née vers 1730, d'un fermier général, n'aurait trouvé place dans aucune biographie, sans la passion réelle et profonde qu'elle inspira à Jean-Jacques, âgé de 50 ans. Cette passion fut, dit ce grand écrivain, le seul amour de sa vie. Ecoutons-le donc faire le portrait de madame d'Houdetot : « Elle approchait de la trentaine, et n'était point belle; son visage était marqué de la petite vérole, son teint manquait de finesse, elle avait la vue basse et les yeux un peu ronds; mais elle avait de grands cheveux noirs, naturellement bouclés, qui lui tombaient au jarret ; sa taille était mignonne, et elle mettait dans tous ses mouvements de la gaucherie et de la grâce tout à la fois. Elle avait l'esprit très-naturel et très-agréable; la gaieté, l'étourderie et la naïveté s'y mariaient heureusement. Elle abondait en saillies charmantes qu'elle ne recherchait point, et qui partaient quelquefois malgré elle. Elle avait plusieurs talents agréables, jouait du clavecin, dansait bien, faisait d'assez jolis vers. Pour son caractère, il était angélique, la douceur d'âme en était le fond; mais, hors la prudence et la force, elle rassemblait toutes les vertus. »

Certes, voilà un portrait dont, comme il arrive pour ceux de Van Dyck et du Titien, on sent la ressemblance quoiqu'on n'en ait jamais vu l'original.

Rousseau nous apprend encore que, << mariée très-jeune et malgré elle au comte d'Houdetot, homme de condition, bon militaire, mais joueur, chicaneur, très-peu aimable, et qu'elle n'aima jamais, elle trouva dans SaintLambert tous les mérites de son mari, avec des qualités plus agréables, de l'esprit, des vertus, des talents. » Rousseau travaillait alors à la Nouvelle Héloïse, il vit Julie dans cette femme charmante. Il a raconté lui-même en

T. IX. 32 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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