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dan, est en avant de Killem et marche directement sur Hondschoote; enfin la gauche se dirige entre Killem et le canal de Furnes, tandis que le corps du colonel Leclerc, parti de Bergues, se porte sur le flanc droit de l'ennemi. L'action s'engage bientôt au milieu des taillis qui couvrent le centre. Des deux côtés, on envoie successivement les plus grandes forces sur ce point. Nos soldats sont obligés de revenir plusieurs fois à l'attaque, et finissent par rester vainqueurs. Pendant ce temps, les retranchements sont aussi emportés à la droite, et le général Walmoden, qui avait remplacé Freytag, se décide enfin à ordonner la retraite, qui s'effectue sur Furnes par Honthem et Hoghestade.

Durant l'action, York, contenu par les sorties vigoureuses que la garnison de Dunkerque exécuta sous la conduite de Hoche, ne put porter secours à ses lieutenants. La nuit venue, il leva le siége, abandonnant la plus grande partie de ses équipages, et regagna son camp de Furnes.

Les alliés perdirent à Hondschoote environ 3,000 hommes tués, blessés ou faits prisonniers. La perte des Français fut à peu près égale. Cette victoire, outre qu'elle dégagea Dunkerque, fut encore plus importante par l'effet moral qu'elle produisit. Néanmoins, si, le 8, Houchard eût donné l'ordre de poursuivre les vaincus, les résultats eussent été bien plus considérables encore. Il eût facilement coupé toute communication avec Furnes, et enfermant l'armée anglaise qui assiégeait Dunkerque, il ne lui eût laissé d'autre moyen de salut que celui de capituler. Cette seconde faute était encore beaucoup moins pardonnable que la première; aussi Houchard fut-il sévèrement puni (Voyez HOUCHARD.)

HONFLEUR. L'origine et la fondation de Honfleur ne peuvent se déterminer avec certitude; on sait seulement que Guillaume le Conquérant, peu de temps avant sa mort, y passa quelques jours. En 1346, Edouard III, roi d'Angleterre, s'empara de cette ville et la mit au pillage; les indignes traitements qu'il fit subir aux habitants leur laissèrent le désir de se venger, et ils en trouvèrent l'occasion sous Charles VI:

les Anglais, réunis aux Allemands et aux Flamands, s'étant présentés avec une flotte nombreuse devant leur ville, les bourgeois, réunis aux Dieppois, les abordèrent avec courage, quoique fort inférieurs en nombre; beaucoup de vaisseaux ennemis furent coulés à fond, et l'amiral Hugues Spencer fait prisonnier. Sous Charles VII, Honfleur tomba au pouvoir du roi d'Angleterre Henri VI, qui laissa pendant dix années garnison dans cette ville, jusqu'à ce que Dunois la lui enleva. Vers la fin du seizième siècle, elle se vit alternativement la victime de tous les partis. Henri IV y entra par capitulation en 1590, à la suite d'un siége trés-meurtrier. Un capitaine du nom de Goyon parvint peu de temps après à la reprendre, et il la conserva juqu'au 5 juin 1594, époque où il fut obligé de capituler.

Honfleur possède seulement deux ou trois édifices gothiques qu'il faut aller chercher dans un dédale de rues étroites, sales et mal aérées. Quant au port, il consiste en deux bassins construits depuis peu, et où la mer s'élève de neuf à dix pieds: il est spacieux, et sa situation le rendrait très-important sans les vases qui l'encombrent et sans la difficulté de son abord.

Honfleur est aujourd'hui l'un des chefs-lieux de canton du département du Calvados; on y compte 9,000 habitants.

HONG (Combat de), livré le 25 septembre 1799, par les 4o, 5o et 6o divisions de notre armée du Danube, sous la conduite de Masséna, contre une colonne russe de Korsakow, qui occupait Zurich et les alentours.

Taillés en pièces et vaincus, malgré leur supériorité numérique, les ennemis furent poursuivis jusque sous les murs de cette ville.

HONGRIE (relations avec la). La Hongrie occupe l'emplacement de l'ancienne Pannonie et d'une grande partie de la Dacie. Ces contrées appartenaient aux Avares, peuple d'origine tartare, lorsque les incursions de leurs sauvages habitants dans la Germanie décidèrent Charlemagne à les attaquer. Après une guerre active, l'empereur les vainquit (voyez HUNS), s'empara de leur pays,

le réunit à son empire, et ses successeurs le gardèrent jusqu'à l'invasion des Magyares, qui, en 889, commencèrent la conquête de la haute Hongrie. Bientôt le territoire entier fut soumis à ces terribles étrangers venus des extrémités septentrionales de l'Asie. Arnoulf, empereur d'Allemagne, eut l'imprudence de leur laisser détruire les retranchements que Charlemagne avait élevés sur les rives du Raab, pour défendre l'Allemagne contre les invasions des barbares; il les appela même à son secours contre les Moraves révoltés. Dès lors ils firent irruption dans l'Europe occidentale, et pendant plus de soixante ans ils y exercèrent d'effroyables ravages.

Leurs invasions commencèrent en 899; l'Italie et l'Allemagne en souffrirent d'abord. En 910, ce fut le tour de la France; la Lorraine fut dévastée; ses monastères, ses églises furent pillés; puis les hordes retournèrent chez elles. Mais nos ancêtres les virent reparaître en 917, en 922 et en 923, où elles furent taillées en pièces par le comte de Toulouse. Trois ans après, les Hongrois dévastèrent le diocèse de Verdun, incendièrent les villes et les villages, tuèrent les habitants ou les emmenèrent en esclavage, enfin, entrèrent dans Verdun, prirent le palais épiscopal, et y brûlèrent tous les documents relatifs à l'histoire et aux priviléges des églises. Ils s'avancèrent ensuite jusqu'à Vouzy (dix lieues de Reims), en détruisant tout sur leur passage. Les habitants du diocèse, effrayés, se hâtèrent de retirer de leurs tombeaux le corps du bienheureux saint Remi et ceux de quelques autres saints, pour les transférer à Reims. Mais la horde n'attaqua pas cette ville. La terreur y fut telle néanmoins, qu'on crut voir la lune couleur de sang et des armées de feu se battre dans le ciel. Une peste horrible qui suivit mit le comble aux calamités de cette

année.

Cependant le roi de France Raoul, occupé à faire la guerre à Guillaume Tête d'Étoupes, duc d'Aquitaine, se hâta de quitter ce duché pour venir forcer les Hongrois à abandonner la Champagne. En effet, ils battirent en

retraite, mais riches de prisonniers et de butin.

On les retrouve en 935 désolant la Bourgogne par le pillage, le meurtre et l'incendie. « Ils dévastèrent probablement la ville de Dôle; mais cela ne dura pas longtemps, le roi Rodolphe arrivait suivi d'une armée imposante. Ils se dirigèrent sur l'Italie, et, chemin faisant, ils détruisirent les abbayes de SaintPierre et de Saint-Marcel, à Châlonsur-Saône, celles de Tournus, de Savigny, de l'île Barbe, près de Lyon. Ils ne purent entrer dans cette dernière ville, car le comte Guillaume se tenait sur ses gardes; mais Dieu sait quels ravages ils firent dans le pays. Ils détruisirent notamment la riche abbaye d'Ainay. Enfin ils quittèrent la France, après avoir dévasté l'abbaye de SaintAmand à Nantua (*). »

Ils rentrèrent dans le royaume en 937; la Lorraine, la Champagne, la Bourgogne, l'Aquitaine, puis la Franche-Comté, furent dévastées sans opposition. Le désordre et l'absence de toute administration étaient tels, que nulle part on n'essaya de résister à ce torrent dévastateur.

Les contemporains font des Hongrois une description effrayante : « Petits de taille, mais vifs; la tête rasée; les yeux enfoncés, étincelants; le visage d'un jaune qui tire sur le brun; leur aspect inspire de l'horreur. Ils sont toujours à cheval; de leurs arcs, faits de corne, ils lancent des javelots redoutables, et sont aussi agiles pour surprendre l'ennemi que pour simuler la fuite. Ils ne vivent pas comme les hommes, mais comme les bêtes; ils mangent la chair crue, et boivent le sang de leurs ennemis. »

Les contes que l'on débitait sur les mœurs de ces barbares jetèrent une terreur profonde dans les esprits; il se répandit un bruit que les Magyares étaient les peuples de Gog et de Magog, qui doivent venir, d'après l'Apocalypse, à la fin du monde. Leurs cruautés n'étaient pas de nature à changer l'opinion populaire, et ces invasions, jointes à celles des Arabes et des Normands,

(*) Histoire des invasions des Hongrois, par M. Dussieux, 1 vol. in-8°, 1839.

durent contribuer à affermir les esprits dans la croyance à l'arrivée du jour du jugement dernier en l'an 1000 (*).

Néanmoins aux malheurs de l'invasion, qu'opposait-on? De la patience et des récits de miracles. Les chroniques de l'époque sont remplies de ces naïves narrations. Les Hongrois n'avaient pu brûler, disait-on, les murs de l'église de Saint-Maire. Dans l'église de SaintBasle, un de ces barbares, s'efforçant de monter sur l'autel et y appuyant sa main, elle s'attacha aux pierres, sans qu'il pût l'en séparer : alors ses compagnons coupèrent la pierre autour de sa main, et le païen fut obligé de la porter ainsi. A Orbay, église de la Brie, jamais ils ne purent entamer la chair d'un moine en le frappant de leurs glaives. Exposé nu à leurs flèches, le patient ne fut point blessé; les traits rebondissaient sur son corps comme sur un diamant, sans laisser de traces. »

On conçoit bien qu'avec un pareil système de défense les Hongrois purent revenir en France tant qu'ils voulurent; en effet, en 938 et en 951, on les voit faisant le pillage dans l'Aquitaine. En 950, ils ravageaient le royaume d'Arles dans lequel ils avaient pénétré par l'Alsace, le Jura et Besançon.

En 953, ils assiégèrent Cambrai, qu'ils ne purent prendre, et de là se répandirent dans la Champagne et jusque dans l'Aquitaine; en 954, ils revinrent encore piller la Lorraine, la Champagne et la Bourgogne.

Enfin, l'année suivante, une grande défaite qu'ils essuyèrent en Allemagne sur le Lech, en délivra pour toujours l'Europe occidentale.

Les Hongrois prirent leur revanche sur les Français quand les premières bandes des croisés passèrent par leur territoire. Godefroy de Bouillon et Louis VII le traversèrent cependant librement pour aller en terre sainte. Le roi Béla III, qui régna de 1174 à 1196, épousa même deux Françaises : Agnès, fille de Renaud de Châtillon, et Marguerite de France, fille de Louis VII.

Le roi Ladislas le Cuman, mort sans

(Le souvenir des Hongrois appelés aussi Oigours ou Ogours, s'est conservé dans la tradition de l'Ogre. Voy. BARBAREs.

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postérité, en 1290, avait eu pour femme Marie, fille de Charles Ier d'Anjou, roi de Naples. A sa mort, Charles II, roi de Naples, fit valoir les droits de son fils, Charles Martel, neveu de cette princesse, à la couronne de Hongrie, et le pape Nicolas IV conféra en effet cette couronne au jeune prince; mais les Hongrois élurent André III. Celui-ci étant mort en 1302, Boniface plaça sur le trône vacant Charobert, fils de Charles Martel. L'opposition des Hongrois força Clément V à publier à Poitiers, en 1307, une bulle en faveur de ce prince et de son légat; enfin, le cardinal Gentil, à force d'habileté, amena les états rassemblés à Pesth, en 1310, à reconnaître Charobert pour leur roi.

Le règne de ce prince fut glorieux pour la Hongrie, et l'époque de cette dynastie française est la plus justement célèbre dans l'histoire de ce pays.

Louis le Grand, fils de Charobert, élevant des prétentions sur l'Italie, se ligua avec Charles V, roi de France: Louis, comte de Valois, second fils de Charles, devait épouser Catherine, fille du roi de Hongrie; et, après la mort de Jeanne, les deux époux devaient être placés sur le trône de Naples. La mort de Catherine empêcha l'exécution de ce plan.

Sigismond, margrave de Brandebourg, devenu roi de Hongrie en 1392, ayant résolu d'arrêter les conquêtes des Turcs et appelé à son aide les divers peuples de l'Europe, la France, malgré la guerre qu'elle soutenait contre l'Angleterre, ne déserta pas la cause générale de la chrétienté, et envoya ses chevaliers au secours des Hongrois. [Voyez NICOPOLIS (bataille de)].

Lorsque la Hongrie, après avoir été longtemps la gardienne de l'indépendance de l'Europe contre les Turcs, devint, par ses désordres intérieurs, incapable de soutenir seule ce rôle, Ladislas II forma une ligue avec Venise, le pape, la France et l'Espagn (1500); mais les flottes coalisées furent détruites par la tempête.

Vers cette époque, l'indépendance de la Hongrie, menacée de tous côtés, fut détruite sans retour, au profit de l'Autriche. Aussi, n'avons-nous plus main

tenant à enregistrer de relations spéciales entre ce pays et la France. Nous devons seulement mentionner encore ce fait, que parmi les peuples de races diverses établis en Hongrie, et occupés de la culture des terres, se trouve une petite colonie de Français, qui, du temps de Marie-Thérèse, allèrent s'établir dans la plaine située entre la Maros et la Beja, au milieu d'un pays marécageux, mais fertile. Ils habitent particulièrement le bourg de Hatzfeld, les villages de Charleville et de Saint-Hubert, dont les noms rappellent assez l'origine, ceux de Nagyjetsa et de Csadat dans le comitat de Torontal; il en existe aussi à Breztovacz, dans le comitat de Bacs. Cette petite colonie a jusqu'ici conservé sa langue.

D'un autre côté, il y eut de la cavalerie hongroise dans les armées de France, dès l'année 1637, et ensuite sous Louis XIV et Louis XV. (Voyez HusSARDS).

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HONGRIEURS ou hongroyeurs; c'est le nom que l'on donne aux artisans qui préparent des cuirs à la manière de Hongrie, ou aux marchands qui en vendent. Henri IV envoya en Hongrie un habile tanneur nommé Roze, qui revint avec le secret de la fabrication de ces cuirs, et en fonda en France des manufactures. Mais ces artisans ne furent jamais réunis en corps de jurande et ne composèrent pas de communauté. Ce furent toujours des ouvriers particuliers travaillant aux gages et pour le compte d'une compagnie. HONNEUR. Chaque peuple a dans l'histoire son rôle particulier; il semble que les nations adoptent, comme les individus, des règles de conduite qu'elles suivent fidèlement à travers les phases diverses de leur destinée. Tout le secret de la politique de Carthage se résume dans ce seul mot: la foi punique, qui a suffi à flétrir la mémoire d'un grand peuple. Si de l'antiquité nous passons aux temps modernes, si nous cherchons à démêler dans l'histoire les causes qui ont assuré dans tous les temps la grandeur et la puissance de notre patrie, et pourquoi, à toutes les époques, elle a éveillé autour d'elle tant de vives sympathies, nous reconnaîtrons bien vite qu'elle le doit non-seulement aux grands

courages, aux grands esprits dont elle s'honore, mais surtout, et avant tout peut-être, à ce sentiment loyal et ferme, à cet instinct de la justice et du droit, qui est dans le cœur de ses enfants, en un mot, à l'HONNEUR FRANÇAIS.

Il serait difficile peut-être de donner de ce mot une définition exacte et complète; on ne définit pas la beauté, la vertu; on les sent, on s'émeut aux impressions qu'elles font naître, on se dévoue pour elles. Il en est de même de l'honneur; dans la vie privée, c'est une sorte de conscience en dehors de la conscience religieuse, qui fait que, sans se préoccuper de l'intérêt personnel, ou des prescriptions de la loi civile, on accomplit tout ce que l'on croit juste et loyal; dans les rapports sociaux, c'est pour les autres, lorsqu'ils en sont dignes, de la bienveillance, des égards, à la charge, pour eux, de rendre égards pour égards, bienveillance pour bienveillance; vis-à-vis des femmes, c'est cette vigilance attentive sur les paroles, qui fait éviter tout propos qui pourrait éveiller les soupçons injurieux; c'est la discrétion dans le bonheur, le respect de la femme par laquelle on est heureux; pour le soldat, c'est la religion du drapeau, la générosité dans la victoire, la mort au poste assigné; dans la politique, c'est le dévouement absolu à la cause que l'on regarde comme la plus juste, et comme celle qui doit faire la gloire et la prospérité du pays; c'est la sincérité dans l'intention, la probité dans les moyens.

L'honneur, en France, a un code formel et précis ; un code dont les lois ne sont pas écrites; qui se transmet, pour ainsi dire traditionnellement, dans l'éducation de la famille, dans les enseignements de la vie sociale, et qui n'en est pas moins respecte, car il a pour tribunal l'opinion publique, et pour peine, l'infamie. C'est ce code qui a fait de la société française, la plus élégante, la plus polie de toutes les sociétés modernes ; qui a fait de nos soldats les premiers soldats de l'Europe, et de la plupart de nos défaites, même dans les plus mauvais jours, des défaites glorieuses. Qu'est-ce, en effet, que l'esprit chevaleresque, la galanterie chevaleresque de nos aïeux, sinon

l'honneur francais sous un nom féodal. Quand saint Louis fait graver sur son anneau: Dieu, Marguerite et la France, n'est-ce pas un royal sentiment d'honneur qui parle, en même temps que l'amour et la piété? Quand le saint roi, trahi par son courage, subit la dure captivité de ses vainqueurs et leur commande le respect, ce n'est pas seulement par des vertus, toutes chrétiennes, que des musulmans ne pouvaient toujours comprendre, mais aussi par ce même honneur, dont il avait donné tant de preuves. La noblesse française du moyen âge dédaigne les armes qui tuent de loin; et quand elle attaque l'ennemi, elle veut le voir face à face, le combattre corps à corps; elle succombe à Crécy, parce que ses chevaliers se disputent l'honneur d'arriver les premiers à l'ennemi; elle succombe à Poitiers, devant un adversaire qui offre la paix, pour ne point perdre l'honneur de la journée et à Azincourt, parce qu'elle dédaigne de se servir de ses canons contre un ennemi dépourvu d'artillerie. Ce mot d'un roi vaincu et prisonnier, tout est perdu, fors l'honneur, suffit à consoler la France de la défaite de Pavie. C'est ce même sentiment qui enflammait Condé, lorsqu'il jetait dans les lignes ennemies son bâton de maréchal, et que ses soldats se précipitaient pour lui disputer l'honneur de le reprendre. A Malplaquet, tandis que Marlborough attend, pour commencer le combat, que les brandeviniers soient arrivés, le soldat français, qui n'a point mangé depuis vingtquatre heures, jette son pain pour courir à l'ennemi.

On trouverait ainsi, dans nos annales, des faits sans nombre qui attestent combien a été fort et puissant, à toutes les époques, ce noble instinct de courage et de loyauté, qui est resté, en France, comme une sauvegarde éternelle aux époques de corruption et d'affaiblissement. Les rois dont le peuple gardera le plus fidèlement la mémoire, sont aussi ceux qui se montrèrent le plus dévoués au culte de l'honneur; témoin Henri IV et son panache blanc; et c'est en parlant au nom de ce culte, qu'ils ont obtenu les choses les plus difficiles et les plus glorieuses. Deux

mots, Honneur et Patrie, gravés sur une croix d'émail, et suspendue par un ruban à la poitrine du soldat, le payent, avec usure, du sacrifice de la vie. Peutêtre, et sans se montrer sévère, trouverait-on que cette noble voix de l'honneur, toujours écoutée en France, que cette voix, qui a conseillé tant et de si généreux sacrifices, a quelquefois été méconnue par les maîtres de la politique moderne; mais il faut, du moins, rendre cette justice à la nation française, que c'est là le fait isolé de quelques hommes; que la conscience des masses, toujours sûre quand il s'agit de distinguer ce qui est ferme et digne d'avec ce qui est faible et tortueux, a repoussé, avec un blâme unanime, les actes qui tendaient à humilier l'honneur français, à le faire dechoir de ce rang supérieur auquel l'ont élevé ses nobles susceptibilités; car on se souviendra toujours en France que, dans la vie politique comme dans la vie privée, il n'y a de force, de grandeur, de stabilité que pour ceux qui resteront fidèles aux maximes de l'honneur, aux devoirs qu'il impose.

HONNEUR (chevalier d'), conseiller d'épée, lequel avait séance et voix délibérative dans les cours souveraines. Un édit royal de 1702 créa deux chevaliers d'honneur dans tous les parlements du royaume, chambres des comptes et cour des aides: deux au grand conseil, deux en la cour des monnaies, et un en chaque bureau des finances (*). Ces officiers étaient héréditaires et leurs charges vénales; ils avaient voix délibérative et prenaient séance au-dessus du doyen des conseillers.

On appelait aussi chevalier d'honneur, un jeune gentilhomme chargé de donner la main à la reine, à la dauphine ou à Madame, dans leurs promenades ou lorsqu'elles montaient en voiture.

HONNEUR (dame:d'). Vers la fin de 1673, les filles d'honneur furent remplacées à la cour par douze dames d'honneur; le bon Anquetil critique cette innovation, prétendant qu'elle

(*) Il y avait déjà des chevaliers d'honneur au parlement de Besançon, lorsque le comté de Bourgogne était sous la domination des rois d'Espagne.

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