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rent les côtes de la Bretagne d'une quantité si prodigieuse de poissons de toutes espèces, que les émanations pestilentielles exhalées de leurs chairs corrompues forcèrent les habitants du voisinage à fuir pendant quelque temps de leurs demeures. En 1420, hiver rigoureux à Paris. Cette ville éprouva une mortalité si extraordinaire, qu'elle fut entièrement dépeuplée; les loups entraient jusque dans son enceinte pour y dévorer les cadavres. En 1422, froid excessif à Paris. En 1426, autre hiver rigoureux à Paris et dans les environs : « Il fut avant la fin de mars que verdure yssit de terre, » dit un auteur contemporain. Un grand froid eut lieu de nouveau l'année suivante jusqu'à la fin de mai, «<et ne fut guères semaine qu'il ne gelât ou ne grêlat très-fort, et toujours pleuvoit.

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Froid extraordinaire en France en 1433. En 1434, la gelée commença à Paris le 31 décembre, et dura deux mois et vingt et un jours; la neige tomba pendant quarante jours consecutifs, la nuit comme le jour. Grands froids en 1458, 1468 et 1469, 1537 et 1570. Dans cette dernière année, le froid dura trois mois entiers dans toute sa rigueur, et sans aucune interruption. En Provence et en Languedoc, les arbres furent atteints jusque dans leurs racines. Dans d'autres provinces de la France, les gelées durèrent depuis la fin de novembre jusqu'en février.

En 1595 et en 1608, froids excessifs. En 1608, hiver très-rigoureux dans toute l'Europe. Le froid, qui se fit sentir à Paris dès le 21 décembre 1607, dura pendant deux mois entiers; les approvisionnements de la capitale en combustibles étaient devenus si rares, que la charge de cotrets se vendit 35 sous. Les troupeaux périrent en grand nombre dans les étables, et toutes les espèces de gibiers dans les campagnes et dans les forêts.

En 1683, hiver long, froid et trèsâpre en France, notamment en Touraine. Un grand nombre d'oiseaux pé rirent; le tiers des habitants des campagnes voisines de Tours mourut de faim et de misère; les gelées durèrent treize semaines.

En 1709, le froid occasionna une di

sette qui fit périr un grand nombre d'habitants des classes pauvres et laborieuses. Les denrées de première nécessité se vendirent un prix excessif. On fabriqua à Versailles et à Paris du pain d'avoine qui fut servi jusque sur la table des riches et des princes. Enfin l'impossibilité de conserver l'eau et le vin à l'état fluide, fit interrompre la célébration de la messe. Louis XIV fut forcé de remettre aux peuples neuf millions de tailles, dans le temps qu'il n'avait pas de quoi payer ses soldats, dont l'approvisionnement coûta 45 millions.

Autres hivers très-rigoureux en 1724, 1733, 1740. En 1748, le thermomètre descendit à 30°. En 1768, dans quelques provinces, des voyageurs périrent sur les routes; des arbres se fendirent dans une grande partie de leur longueur. A Paris, on brisa plusieurs cloches en les sonnant; à Lyon, le thermomètre descendit, le 1er février, à 17° 1/2. En 1774 et 1776, froids très-intenses. Le 30 decembre 1788, le thermomètre descendit à Paris à 18° 1/4 au-dessous de zéro; la glace atteignit 12 pouces 1/2 d'épaisseur. En 1794, la durée de la gelée à Paris fut de 68 jours, et le thermomètre descendit à 18° 3/4 Réaumur. En 1812, 1820 et 1830, hivers très-rigou

reux.

HOCHE (Lazare), naquit en 1768, à Montreuil, l'un des faubourgs de Versailles. Fils d'un garde du chenil de Louis XV, il entra lui-même à quatorze ans comme aide-palefrenier aux écuries du roi, et telle était la modicité de ses gages, qu'il eût presque manqué de pain sans la générosité d'une de ses tantes, fruitière à Versailles. Cette digne femme trouva même moyen de lui don ner quelque argent pour acheter des livres. Hoche consacra dès lors à la lecture tous les instants qu'il put dérober le jour, à son service, et disputer la nuit, au sommeil. A dix-sept ans, c'est-à-dire dès que l'âge le lui permit, il s'enrôla dans le régiment des gardesfrançaises, et aussitôt il s'y distingua par sa capacité et sa bonne conduite.

La révolution le trouva ce que la monarchie l'eût toujours laissé : sergent dans ce régiment qui donna aux autres corps de l'armée le signal et l'exemple du patriotisme (voyez GARDES FRAN

ÇAISES). Devenu en 1789 adjudant sousofficier dans un des quatre régiments soldés de la garde nationale parisienne, il obtint, en 1792, une lieutenance dans le régiment de Rouergue, et attira sur lui, par le courage qu'il déploya au siége de Thionville, l'attention du général Leveneur, qui se l'attacha comme aide de camp. Hoche assista près de cet officier la bataille de Nerwinde, et l'accompagna à Paris après la trahison de Dumouriez. Mandé alors au comité de salut public, il y parut avec une noble aisance, et présenta un plan qu'il avait conçu pour la prochaine campagne. Carnot lui fit expédier immédiatement un brevet d'adjudant général, et l'envoya défendre Dunkerque, menacé par le duc d'York. Il repoussa les attaques des Anglais, et les forca, après leur défaite de Hondscoote, à lever le siége. Ce beau succès lui valut le grade de général de brigade.

Nommé ensuite général de division, il s'empara de Furnes, le 22 décembre 1793, et bientôt après obtint le commandement en chef de l'armée de la Moselle. Ainsi, âgé à peine de vingt-cinq ans, il était arrivé au plus haut grade militaire qui existât alors. Il voulut débuter par un coup d'éclat : débloquer Landau, et rejeter les Prussiens hors de l'Alsace. Par une marche rapide, il porta son armée contre l'ennemi qui était retranché dans la formidable position de Kayserslautern; cette attaque n'eut point de succès; il y perdit inutilement beaucoup de monde, et fut forcé de se replier sur la Sarre. Imaginant alors un nouveau plan, il se jeta à travers les Vosges, s'avança contre les Autrichiens qui avaient envahi le Bas-Rhin, et tourna leur extrême droite, tandis que Pichegru manœuvrait contre leur centre et leur gauche. Les Prussiens furent ainsi isolés, et la masse des deux armées françaises tournée contre les Autrichiens seuls. Enfin Wurmser fut battu dans les lignes de Weissembourg, Landau se trouva débloqué, et Hoche, poursuivant l'ennemi sur son propre territoire, fut bientôt maître de Guemersheim, de Spire et de Worms, où il trouva d'immenses magasins.

été couronnée par le succès, avait fait manquer un plan qui avait reçu l'approbation du comité de salut public, et qui aurait amené des résultats bien plus importants; et cependant, Hoche, enivré de son triomphe, voulait pénétrer encore plus avant dans le Palatinat, lorsque le comité de salut public, irrité déjà de son audace inconsidérée, et se rappelant ce qu'avait coûté l'imprudence de Custine, lui défendit de dépasser les lignes comprises entre le fort de Bitche et Longwy; il se plaignit avec hauteur : Saint-Just, qui se trouvait avec Le Bas en mission à l'armée du Rhin, le fit arrêter et l'envoya à Paris, où il fut enfermé aux Carmes d'abord, puis à la Conciergerie (*).

« Hoche mis en prison après avoir opéré, dans une expédition de quelques jours, le déblocus de Landau, la prise de Guemersheim et de Spire, et celle de Worms, voilà, disent les auteurs de l'Histoire parlementaire de la Révolution (**), un de ces faits signalés par les historiens militaires comme une preuve éclatante de l'injustice, de l'ingratitude et de la stupidité des terroristes. La disgrâce de Hoche provint de la cause qui perdit Houchard, et fit suspendre Jourdan. Hoche était un général qui prenait plutôt conseil de sa propre spontanéité que des plans imposés par le comité de salut public. Il préférait ouvertement sa propre sagesse à celle du pouvoir suprême, de sorte que s'étant créé une sphère d'activité toute personnelle, non-seulement on ne pouvait compter de sa part sur un concours déterminé dans une opération combinée, mais encore on était exposé à le voir agir de son propre mouvement, sans prévenir personne, et compromettre les plus beaux résultats. Ainsi, Saint-Just et Le Bas avaient calculé une attaque qui devait entraîner la ruine des Autrichiens. Menacé aux deux ailes, d'un côté par Pichegru, à la tête de l'armée du Rhin, de l'autre par Hoche, à la tête de l'armée de la Moselle, Wurmser eût été forcé en effet de mettre bas les armes, si, comme la chose était facile, ses deux ailes avaient été débordées à (") Tissot, Histoire de la révolution, t. V,

p. 154. Mais cette expédition, bien qu'elle eût

(**) Tome XXXI, p. 41.

la fois, manœuvre qui le séparait entièrement de sa base. Tout était prêt pour cette tentative; Pichegru, qui s'était fait le docile instrument de la pensée des commissaires extraordinaires, avait été consulté; Hoche allait recevoir les ordres de marcher, lorsqu'on apprit son initiative aventureuse. Le succès qu'il obtint fut de beaucoup inférieur à celui que l'on était en droit d'attendre d'un mouvement concerté, et, dans tous les cas, la victoire ne pouvait l'absoudre aux yeux d'hommes pour qui la question du devoir dominait et décidait toutes les autres. »>

Toutefois, le temps qu'il passa en prison ne fut pas perdu pour lui; il mit à profit les loisirs forcés qu'on lui avait faits. Sans se préoccuper de l'avenir, il travailla avec son ardeur accoutumée, et partagea son temps entre les lettres et la théorie de l'art militaire. Ces méditations et l'expérience domptèrent aussi son caractère; et, dès lors, on le vit plus calme, plus réservé, prendre pour devise des choses et non des mots.

Il recouvra la liberté après le 9 thermidor, et fut chargé du commandement des côtes de Brest.

Il travailla d'abord à rétablir la discipline parmi les troupes, puis il introduisit, dans le plan de campagne qui avait été suivi jusque-là, d'utiles innovations; ainsi il substitua le système des camps retranchés à celui des cantonnements. En présence d'un tel adversaire, les chefs vendéens jugèrent que, pour quelque temps du moins, la voie des armes ne leur réussirait pas, et ils firent des propositions de paix. Hoche accueillit d'abord leurs ouvertures; puis, s'apercevant qu'ils ne se Soumettaient que pour gagner du temps, il demanda contre cux des mesures vigoureuses. A cette nouvelle, les délégués du pouvoir exécutif, qui avaient conclu plusieurs traités partiels, l'accusèrent d'ambition, et prétendirent qu'il ne visait qu'à se perpétuer dans le commandement. Mais bientôt ses prévisions se réalisèrent, et la guerre civile éclata de nouveau. Hoche mit aussitôt ses troupes en mouvement, et, par l'énergie, par la promptitude de ses mesures, il déjoua les desseins des royalistes.

Lors de la fameuse affaire de Quibe

ron (17 juin 1795), Hoche, alors que l'épouvante régnait autour de lui, conserva son sang-froid. Trop faible pour résister dans le premier moment, il se retira sur Rennes, où il concentra ses forces éparses; puis, lorsqu'il eut réuni 6,000 hommes environ et quelque artillerie, voyant les royalistes demeurer stationnaires, il les enferma par un camp retranché dans la presqu'île, et les força de se rendre à discrétion.

Personne n'ignore le dénoûment de ce triste épisode de nos guerres civiles. Disons seulement ici que Hoche, sur qui tant d'écrivains se sont complu à rejeter le sang des victimes, en eut au contraire les mains innocentes, et concilia, autant qu'il était en sa puissance, le devoir et l'humanité. Relâcher des hommes qui avaient pris les armes contre la patrie et qui étaient disposés à recommencer au premier jour, il ne le pouvait ni ne le voulait. Emus de compassion à la vue de ces Français que leur courage, digne d'une meilleure cause, avait précipités au-devant d'une mort inutile, ses soldats leur avaient représenté que mieux valait capituler et s'en remettre à la clémence nationale; cette perspective de vie avait pu sans doute influer sur la détermination qu'ils avaient prise de se rendre; mais les républicains n'avaient rien promis, rien juré; Hoche ne pouvait donc point exiger du gouvernement qu'il respectât des promesses, des serments qui n'avaient point été faits. Tallien, que la Convention avait envoyé près de lui, à la première nouvelle du débarquement des émigrés, se hâta d'aller faire son rapport à cette assemblée, aussitôt que la victoire fut assurée. Quant à Hoche, il écrivit au comité de salut public qu'immoler tous les chouans entraînés à Quiberon serait aussi cruel qu'impolitique; que les chefs étaient les vrais coupables, et qu'eux seuls devaient être sacrifiés: c'était tout ce qu'il pouvait faire.

Mais les thermidoriens, en accusant Robespierre des excès qu'eux-mêmes avaient commis au nom du système de la terreur, n'avaient pas renoncé à exploiter ce système, en lui donnant un autre nom. En apprenant un mois auparavant la tentative de Quiberon, le nouveau co

mité de salut public avait dit que le sol natal dévorerait tous les traîtres... Il décida, sur le rapport de Tallien, que les prisonniers seraient traduits devant une commission militaire, et que tous ceux qui seraient convaincus d'avoir pris volontairement les armes, seraient indistinctement fusillés. Hoche, pénétré de douleur, chargea un de ses lieutenants du soin d'accomplir cet ordre impitoyable, et gagna Saint-Malo avec le reste de ses troupes.

Au mois de décembre suivant, le Directoire lui conféra le commandement suprême des trois armées de l'Ouest, réunies sous le nom d'armée de l'Océan; et, le 15 juillet 1796, il put annoncer aux deux conseils législatifs que cette partie du territoire national, si longtemps agitée par la guerre civile, était enfin pacifiée un décret solennel proclama que lui et son armée avaient bien mérité de la patrie.

Hoche cependant ne pouvait rester inactif à la tête de quatre-vingt mille soldats; il conçut le projet de porter, au sein de l'Angleterre, la guerre civile qu'elle avait fomentée sur notre territoire, et de lui enlever l'Irlande. Ce fut aussi vers cette époque, qu'après avoir déjà échappé à deux tentatives d'empoisonnement, il faillit être tué, à Rennes, d'un coup de pistolet (17 octobre 1796), par un ancien chouan. On sait quelle fut la triste issue de l'expédition d'Irlande; contraint de regagner les ports de France, Hoche n'y aborda qu'après avoir échappé comme par miracle aux croiseurs anglais et aux plus affreuses tempêtes.

De retour à Paris, il obtint le commandement en chef de l'armée de Sambre-et-Meuse, la plus belle qu'eût jamais eue la république. Elle s'élevait à 80,000 hommes, et était abondamment pour vue de tout. Mais tandis que Bonaparte poursuivait en Italie le cours de ses succès, le Directoire laissa Hoche dans une déplorable inaction. Ce fut seulement à la fin de mars 1797, qu'on lui donna l'autorisation de marcher en avant. Il ouvrit la campagne par le célèbre passage du Rhin à Neuwied, sous le feu de l'ennemi, remporta successivement cinq victoires (Neuwied, Ukerath, Altenkirchen, Dierdorf et

Heddesdorf), et entra dans Wetzlar, d'où son adversaire le croyait encore très-éloigné. En quatre jours, ses troupes avaient parcouru trente-cinq lieues ; et il manœuvrait pour enlever d'un seul coup l'armée ennemie, quand il fut arrêté à Giessen, sur les bords de la Nidda, par la nouvelle de l'armistice conclu à Leoben.

On lui offrit, au mois de juillet, le ministère de la guerre; il refusa. Les directeurs rêvaient alors le coup d'Etat du 18 fructidor; ils jetèrent les yeux sur lui pour l'accomplir. Il avait déjà fait marcher vers Paris plusieurs de ses régiments, lorsque Willot, confident de Pichegru, le dénonça à la tribune des Cinq-Cents, et demanda sa mise en accusation. Le Directoire, redoutant la découverte de ses propres desseins, lui retira ses pouvoirs, fit rétrograder ses troupes, et publia qu'elles n'avaient été mises en mouvement que pour préparer une autre expédition maritime; puis Hoche, à ce qu'on croit aujourd'hui, fut écarté par les intrigues de Bonaparte, qui, voyant en lui un rival heureux prêt à le gagner de vitesse et à se saisir du gouvernement, fit donner à Augereau le soin de coopérer par les armes au coup d'État pour lequel on avait compté sur lui. Quant à Hoche, il se retira à son quartier géneral de Wetzlar, où peu après la mort vint inopinément le frapper.

Depuis une semaine il crachait le sang, et, par intervalle, éprouvait des crises de suffocation et de convulsions nerveuses. « Ai-je donc sur les épaules la robe de Nessus! » s'écriait-il dans ces moments. Tout à coup, le 15 septembre, au soir, il fut pris d'un accès, perdit la voix et la connaissance, et expira au milieu d'atroces souffrances. A peine la mort du jeune général fut-elle connue de l'armée, que des bruits d'empoisonnement s'y répandirent, et se propagèrent bientôt dans toute la France. L'autopsie du cadavre, ordonnée par le Directoire, révéla, en effet, dans les intestins une multitude de taches noires qui parurent aux gens de l'art les indices d'une mort violente. On accusa le Directoire lui-même; on accusa aussi Bonaparte, mais sans plus de fondement. L'altération de la santé de Hoche datait

de son séjour en Bretagne : on crut, et cette opinion est assez probable, qu'il y avait été empoisonné dans un banquet offert par les royalistes aux républicains en signe de réconciliation.

On célébra sur le Rhin, à Paris, aux armées, dans toute la France, les obsèques de Hoche, et les soldats lui élevèrent un monument à Weissenthurn. Ses restes, transportés d'abord de Wetzlar à Coblentz, furent ensuite déposés au fort de Pétersberg, près de ceux de Marceau.

La ville de Versailles a, depuis la révolution de juillet 1830, donné le nom de Hoche à une de ses places, que décore la statue en bronze du jeune général.

HOCHKIRCHEN Ou HOCHKIRCH, vil lage de la haute Lusace saxonne, qui a donné son nom à l'un des épisodes de la bataille de Bautzen. (Voy. ce mot.) HOCHSTAEDT (batailles d').—Villars après avoir fait, au commencement de septembre 1703, sa jonction avec l'électeur de Bavière, se hata de l'entraîner au delà du Danube; mais, quand le fleuve fut passé, le prince se repentit. Le comte de Styrum, maréchal général des Impériaux, allait, à la tête d'un corps d'environ 20,000 hommes, se réunir à la grande armée du prince de Bade, auprès de Donauwert. «Il faut les préve<< nir, dit le maréchal à l'électeur; il faut << tomber sur Styrum, et marcher tout « à l'heure. Le prince, que diverses intrigues ébranlaient alors dans sa fidélité à notre alliance, temporisait ; il répondait qu'il en devait conférer avec ses généraux et ses ministres. « Je suis « votre ministre et votre général, lui répliquait Villars. Vous faut-il d'autre « conseil que moi, quand il s'agit de « donner bataille? Si Votre Altesse ne « veut pas saisir l'occasion avec ses Ba« varois, je vais combattre avec les Français;» et sur-le-champ il ordonne l'attaque (20 septembre 1703).

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Le prince fut obligé de combattre malgré lui c'était à 32 kil. d'Augsbourg, dans les plaines d'Hochstaedt, sur la rive gauche du Danube (duché de Neubourg). Le marquis d'Usson, qui s'était, par ordre du maréchal, approché du camp ennemi avec un gros detachement, commença l'action. Mais, s'étant

mépris sur le signal convenu, il allait succomber sous les efforts des Impériaux, lorsque les armées française et bavaroise le dégagèrent. Cet incident, que le comte de Styrum n'avait pas prévu, mit le désordre dans ses lignes; il vint pourtant à bout de les rétablir, et se mit en devoir de combattre avec toutes ses troupes. On vit, après la première charge, un effet de ce que peut dans les batailles le caprice de la fortune. Les soldats bavarois et français, frappés d'une terreur panique, prirent la fuite en même temps; et, pendant quelques minutes, le maréchal se vit presque seul sur le champ de bataille. Heureusement, Villars garda sa présence d'esprit ; il rallia ses troupes, et les ramena à l'ennemi, qui s'était éparpillé pour la poursuite. Il le chargea à son tour, le dissipa, et remporta une victoire complète. La bataille dura sept heures, et Styrum y perdit plus de 3,000 hommes, avec toute son artillerie, composée de 33 piè ces de fonte, et tous ses bagages. On fit plus de 4,000 prisonniers, et les vainqueurs ne perdirent pas 200 hom

mes.

-L'année suivante, le même champ de bataille fut le théâtre d'une défaite essuyée par l'armée française. Villars, rappelé en France, avait été remplacé par Tallard et Marsin. Tous les genéraux et toutes les armées se trouvaient réunis près de Donauwerth (V. GUERRE D'ALLEMAGNE): Eugène et Marlborough, avec l'armée impériale; Tallard, Marsin et l'électeur, avec l'armée franco-bavaroise; derrière les Impériaux, manœuvrait Villeroi pour leur couper les communications et les vivres; enfin le margrave de Bade menacait Ratisbonne et Ingolstadt. Le mo ment était critique, et un coup décisif allait être nécessairement porté. L'armée franco-bavaroise comptait près de soixante mille combattants; l'armée ennemie était forte d'environ cinquante-deux mille hommes. «Cette journée, si sanglante et si décisive, dit Voltaire, mérite une attention particulière. On a reproché bien des fautes aux généraux français. Le marquis de Feuquieres en compte douze capitales que firent l'électeur, Marsin et Tallard avant et après la bataille. Une des plus considérables

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