recueilli en forme d' Epitome des œuvers de Cicéron. Jean BERNARD, pensionné à 1200 liv., était chroniqueur et historiographe du roy es langues angloise et galoise, islandoise et écossoise, en 1572, 1573 et 1574 Gabriel CHAPPUIS succéda à Belleforest dans sa place d'historiographe de France. En 1591 il recevait 1000 écus de gages comme annaliste et garde de la librairie du roy. Henri IV le nomma, en 1596, son secrétaire interprète pour la langue espagnole, et sa pension fut alors elevée à 2,000 écus. Chappuis mourut en 1611. Le P. Nicéron donne les titres de soixante-huit ouvrages composés par lui, et la Biographie universelle augmente cette liste de plus de neuf autres, « Nicolas VIGNIER, né en 1530, se retira en Allemagne pour y professer en liberté la religion calviniste persécutée dans sa patrie. Après avoir exercé la médecine à l'étranger, il se convertit au catholicisme, rentra en France, et Henri III le nomma son historiographe et son médecin. Le brevet est du 5 septembre 1585; il fut confirmé en 1594, avec arrêt de vérification de la chambre du 27 octobre de la même année. On lit dans le compte de 1595 : « A Nicolas Vignier, historiographe du roy « 500 escus sol. sur et en déduction « de la somme de 2800 escus sol. que « le roy, par ses lettres patentes, dona nées à Paris le 18 octobre 1594, a « ordonnées pour sept années de ses gaigexes et pensions qui lui estoient << dues à raison de 400 escus par an qui « lui avoient été cy devant accordés par le feu roy dernier décédé, icelle somme « à luy ordonnée en considération mesmement des bons, fidels et laborieux « services qu'il a cy devant faits aux « feux roys et encour maintenant près a de sa ditte majesté à la recherche de plusieurs bons et rares livres et impressions d'iceulx, et pour luy donner plus de moien de continuer ses dits << services et de mettre en lumière plu« sieurs autres livres qu'il avoit prêt de « faire imprimer. » Les principaux ouvrages de Vignier sont: Rerum Burgundiorum chronicum (1575). Sommaire de l'histoire des François (1579). « De la noblesse, ancienneté, remarques et mérites d'honneur de la troisième maison de France (1587). — Les fastes des anciens Hébreux, Grecs et Romains. La Bibliothèque historiale (1588). Recueil de l'histoire de l'Église (1601). Jean de SERRES, auteur du Véritable inventaire de l'histoire de France, publié pour la première fois en 1597, prend dans cet ouvrage le titre d'historiographe de France. Ministre protestant, il fut obligé de se retirer à Lausanne après la Saint-Barthélemy. On lui doit une vie latine de l'amiral de Coligny, et des Mémoires de la troisième guerre civile et des troubles de l'Etat de France depuis le 23 mars 1568 jusqu'au 4 mai 1569. Il mourut, diton, empoisonné en 1598, à l'âge de cinquante ans. Claude FAUCHET, né en 1529, a publié, en 1579, ses Antiquités gauloises. Quelques vers adressés à Henri IV, qui avait fait exécuter en marbre le buste de Fauchet et en parlait à cet écrivain comme d'une récompense honorable de ses travaux, lui valurent, dit-on, une pension de 600 écus et le titre d'historiographe. Il mourut en 1601. Pierre MATHIEU, qui a laissé un grand nombre d'ouvrages de toute nature, des poésies, des tragédies, des livres de droit canonique, d'histoire, etc., naquit en 1564. Il ne fut appelé, suivant quelques auteurs, à la charge d'historiographe de France qu'après la mort de du Haillan (1610). Mais il en prend la qualité dès l'an 1606, dans l'épître dédicatoire de son histoire de France. On voit d'ailleurs, par les comptes de la chambre, qu'il recevait 2,400 liv. de pension de Henri IV, et que Louis XIII augmenta seulement cette somme de 1,800 liv. prélevées sur celle que recevait du Haillan comme historiographe de France. NICOLAS PROU, seigneur des Carmana, fut pourvu le 10 avril 1611 de la charge d'historiographe latin, vacante par la mort de M. George Critton, raison de 600 liv. de pension. Cette somme fut portée plus tard jusqu'à 1,200 liv. Julien PELLENS, avocat en parlement, historiographe du roi, par brevet T. IX. 28 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.) 28 du 3 mars 1611, finit par avoir, comme son collègue Nicolas Prou, une pension de 1,200 liv. Jacob de LA BAUDOUÈRE figure dans les comptes de 1613 et 1614 pour 1,200 liv. tourn. de pension. Jérémie FFRRIER, né à Nîmes dans le milieu du seizième siècle, se convertit à la religion catholique, après avoir été ministre protestant, devint historiographe du roi à 600 liv. de pension, et mourut en 1626. Il a publié le Catholique d'Etat, ou Discours politique des alliances du roi très-chrétien contre les calomnies des ennemis politiques de son État (1625). André DUCHESNE, né en 1584, auteur de la première collection des historiens de France, fut géographe et historiographe du roi. Il mourut, en 1640, écrasé par une charrette. Scévole et Louis de SAINTE-MARTHE, frères jumeaux et fils puînés du célebre Scévole de Sainte-Marthe, naquirent en 1571, et furent tous deux historiographes de France et conseillers du roi. Ils sont inscrits aux comptes de l'épargne, depuis 1520 jusqu'en 1543, comme recevant chacun, pour leur charge d'historiographes, 1,500 liv. de pension. A vingt-six ans ils avaient commencé leur histoire généalogique de la maison de France qui fut publiée en 1619. Ils firent paraître aussi l'histoire généalogique de la maison de Beauveau, et avancèrent beaucoup le Gallia christiana, qui fut terminé par Pierre Abel et Nicolas de Sainte-Marthe, fils de Scévole, et mis au jour en 1556. D. Denys de Sainte-Marthe a donné une partie de la seconde édition de cet important ouvrage. Scipion DUPLEIX, né en 1569, est l'auteur des Mémoires des Gaules depuis le déluge jusqu'à l'établissement de la monarchie française. Il fut nommé, sous Louis XIII, historiographe de France et conseiller d'Etat, et mourut au mois de mars 1661. Charles BERNARD, conseiller du roi, son lecteur ordinaire, historiographe de France, naquit à Paris le 25 decembre 1571, et mourut en 1640. Il consacra une partie de sa vie à des travaux sur l'histoire de France (voyez sur cet écrivain les mémoires du P. Nicéron, t. XXVIII, p. 326). La charge d'histo riographe lui fut accordée à la mort de Pierre Mathieu, par brevet du 15 octobre 1621. Nicolas RÉNOUARD. Ce personnage, qui figure dans les comptes de l'épargne comme historiographe, depuis 1621 jusqu'en 1628, n'est point nommé dans la biographie universelle. Il en est de même, au reste, de plusieurs de ceux de ces dignitaires que nous avons inscrits dans notre liste, comme Jean Bernard, Nic. Prou, Julien Pellens, Jacob de Baudouère, Gollefer, de Bréville, Auger, Billon, etc. Jean-Louis Guez, seigneur de BALZAC, membre de l'Académie française, naquit à Angoulême en 1594, et recut de Richelieu une pension de 2.000 liv., avec le brevet de conseiller d'État. Il était historiographe du roi dès l'année 1627. Sa mort arriva en 1655. GOLLEFER. On lit dans le compte de l'épargne de 1630 : « Au sieur Gollefer, historiographe du roy, 3,000 liv. de pension. Théodore GODefroy, fils du jurisconsulte Godefroy, né à Genève le 17 juil let 1580, fut gratifié du titre d'historiographe du roi, par brevet du 28 février 1632, et de 3,600 liv. de pension par lettres du 4 mai de la même année. Il est l'auteur, entre autres ouvrages, des Statuta Galliæ, juxta Francorum, Burgundionum, Gothorum et Anglorum in ea dominantium (Francfort). Godefroy mourut en 1652. Jean SIRMOND, neveu du savant jé suite Jacques Sirmond, né à Riom vers 1589, obtint le titre d'historiographe du roi, avec un traitement de 1,200 écus, en récompense du zèle qu'il avait montré à répondre aux pamphlets des ennemis de Richelieu. Il fut admis à l'Académie en 1634, et, après la mort de Richelieu, se retira en Auvergne où il mourut (1649). Il a laissé plusieurs ouvrages historiques et politiques. De BREVILLE. Cet historiographe figure dans le compte de 1638, comme ayant reçu 1,000 livres pour reste de sa pension de cette année. Pierre DUPUY, né en 1582. La famille des Dupuy a été féconde en hommes de mérite: Claude, élève de Cujas, et conseiller au parlement; Christophe, son fils, auteur du Perroniana, procu reur général des chartreux; Pierre, qui fut conseiller du roi, garde de la bibliothèque et historiographe. C'est à lui que s'applique le passage suivant des comptes de l'épargne : « Aux sieurs Dupuy et Godefroy, historiographes de Sa Majesté, la somme de 5,400 livres pour trois quartiers de leurs appointe mens. >> Pierre Scévole de STE-MARTHE, fils de l'historiographe Scévole de Ste-Marthe, fut historiographe comme son père et maître d'hôtel du roi, et mourut en 1690. Il a publié en 1649 la Table généalogique de la maison de France. En 1670, l'État des cours de l'Europe et particulièrement de la France. En 1673, un Traité historique des armes de France et de Navarre, et de leur origine. Et en 1685, l'Europe vivante, ou l'état des rois et princes souverains et autres personnages vivans en 1685. BRISACIER. Ce personnage est appelé historiographe du roi dans un compte de 1643, et historiographe de France dans celui de 1646. Trois membres de la famille Brisacier sont connus: Jean, né en 1603, jésuite et recteur du collége de Clermont à Paris; Jacques-Charles et Nicolas. Jean Puget DE LA SERRE naquit à Toulouse vers 1600. Il acquit de puissants protecteurs en adressant aux grands des éloges exagérés, et Gaston d'Orléans le nomma son bibliothécaire. II fut nommé, peu de temps après, conseiller d'État et historiographe. Il mourut en 1665. On a de lui plusieurs tragédies. Il avait annoncé, peu de temps avant sa mort, la publication d'un journal littéraire intitulé le Mercure. BALTAZAR, mentionné comme historiographe du roi dans le compte de 1647, est peut-être le même que Christophe Baltazar, avocat du roi à Auxerre, né en 1588, qui a publié plusieurs traités sur les droits de la France en Espagne et à l'Empire. DE BILLON, historiographe de France et conseiller d'État, recevait, en 1646, 1,200 livres pour son entretenement. La Biographie universelle ne parle que d'un François de Billon qui vivait au seizième siècle, et auquel on doit un ouvrage intitulé: Le fort inexpugnable de l'honneur du sexe feminin. Pierre COSTAR ou COUSTART, historiographe du roi, naquit en 1603 et mourut en 1660. Chapelle et Bachaumont mentionnent en ces termes, dans leur Voyage, les opinions littéraires des précieuses de Montauban : Les unes disoient que Ménage Henri de VALOIS, seigneur d'Orcé, naquit à Paris le 10 septembre 1603, obtint la faveur de Mazarin, et devint historiographe du roi. Il mourut en 1676, après avoir publié des extraits de Polybe et de Diodore de Sicile, Ammien Marcellin, Eusèbe, Socrate, Sozomène, Théodoret, Évagre, et des traités de critique. Adrien DE VALOIS, le célèbre auteur des Gesta Francorum seu rerum Francicarum, et de la Notitia Galliarum ordine litterarum digesta, était frère de Henri dont il vient d'être parlé, et fut aussi nommé historiographe à 1,200 livres de pension. Denys GODEFROY, fils de Théodore, né à Paris le 24 août 1615, fut fait historiographe du roi Louis XIII, le 27 mai 1640, aux appointements de 360 livres, pour en jouir en survivance de son père. En 1650, sa pension se montait à 2,000 livres. AUGER OU OGER est porté dans les comptes de l'épargne de 1649, comme historiographe du roi, et comme recevant en cette qualité 600 livres de pension. André FÉLIBIEN, né à Chartres en 1619, était secrétaire d'ambassade en 1647. Il fut appelé à la cour par Colbert, et devint historiographe du roi, et membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Son fils, Michel Félibien, est l'auteur de l'histoire de Paris terminée par D. Lobineau. DUCHESNE, fils d'André Duchesne, était, en 1657, historiographe du roi à 2,400 livres de pension. On le trouve à cette époque mentionné avec Costar dans les comptes de l'épargne. François-Eudes de MÉZERAY naquit en 1610, et fit paraître, tres-jeune encore, les premiers volumes de son Histoire de France. Le chancelier Séguier lui avait fait donner une pension et un brevet d'historiographe. Mais quelques traits de sincérité sur la taille, que l'on trouva dans son Abrégé chronologique (Paris, 3 vol. in-4°, 1668), mécontentèrent Colbert. Le ministre lui retira une partie de sa pension, et il la lui enleva tout entière lors de l'apparition de l'édition de 1676. Mézeray mit, dit-on, alors dans une cassette le dernier quartier de ses appointements, et y joignit un billet ainsi concu: « Voici le dernier argent que j'ai reçu du roi; il a cessé de me payer et moi de parler de lui, tant en bien qu'en mal. » A sa mort (10 juillet 1683), Colbert intervint dans l'inventaire de ses papiers, et ceux qui parurent avoir rapport aux fonctions d'historiographe furent portés à la bibliothèque du roi. Paul Fontanier PÉLISSON, né en 1624, fut fait membre de l'Académie française, puis conseiller d'État en 1660. Après son mémorable séjour à la Bastille, où il expia son attachement pour le surintendant Fouquet, il écrivit le récit de la première campagne de Louis XIV en Franche-Comté, et le roi en fut si content, qu'il le nomma son historiographe, et lui fit une pension de 6,000 livres. Son histoire du grand roi a été sévèrement jugée par Boileau. « C'est, dit ce critique, un panégyrique perpétuel; il loue le roi sur un buisson, sur un arbre, sur un rien; et quand on lui fait quelque remontrance sur ce sujet, il répond qu'il veut louer le roi. » I abjura le protestantisme, et mourut en 1693. Nicolas BOILEAU DESPRÉAUX fut à son tour nommé historiographe du roi. « Quand je faisois le métier de satirique, on m'accabloit d'injures et de menaces; on me paye bien cher aujourd'hui pour faire le métier d'historiographe que je n'entends pas. » Jean RACINE fut son collègue; mais ces deux poëtes n'ont rien publié sur l'histoire de Louis XIV, ou plutôt leurs manuscrits ont été détruits dans l'in cendie de la bibliothèque de Valincourt, et quelques notes seulement en ont été recueillies par de scrupuleux éditeurs, qui les ont placées dans les œuvres diverses de Racine. Jean-Baptiste du Trousset DE VALINCOURT, né en 1653, fut, en qualité d'historiographe, le collègue de Boileau et de Racine. Il remplaça le dernier à l'Académie française, et mourut en 1730. Louis Legendre, né en 1655, mort en 1733, paraît avoir été historiographe du roi. Cependant la Biographie universelle garde le silence à cet égard. Le P. DANIEL naquit à Rouen en 1649. Son Histoire de France, qui pe rut en 1713, en 3 volumes in-fol., i valut une pension de 2,000 livres et la qualité d'historiographe de France. Il mourut en 1728. Arouet de VOLTAIRE, né en 1694, remplit sous Louis XV les fonctions d'historiographe. Il a justifié ce titre par son Siècle de Louis XIV. Jean-Daniel SCHOEPFLIN, né à Sultzbourg en 1694, auteur de l'Alsatia illustrata, Celtica-Francica, etc. (Col mar, 1751-1762), fut fait historiographe de France vers le milieu du dix-huitene siècle. Sa mort arriva en 1771. Charles Pineau DUCLOS, né en 1704, dut à son histoire de Louis XI la place d'historiographe du roi ; il l'obtint lors que Voltaire l'abandonna pour se rendre à la cour de Frédéric. Duclos ne publia rien de son vivant sur le règne de Louis XV, parce que, dit-on, il e voulut pas se perdre par la vérité, si s'avilir par l'adulation. Son livre sur l'histoire de ce prince fut, après sa mort, remis dans les dépôts du minis tère. « Je me souviens, dit la Harpe dans son Cours de littérature, d'avoi entendu quelques morceaux de la pre face qui annonçaient le courage de la vérité. » Jean-François MARMONTEL olin après Duclos la charge d'historiograp de France. Il était né en 1723, et mourut en 1799. Philippe-André GRANDIDIER, Dé t 1752, chanoine du grand chœur Strasbourg, publia à 24 ans les deux premiers volumes de son histoire eccle siastique de cette ville. A 25 ans, il était membre de vingt et une académies de France et d'Allemagne. Il fut fait hi toriographe de France, et mourut 1787. Jacob-Nicolas MOREAU, né en 1717. est auteur de 21 volumes de Discours sur l'histoire de France (1777-1789 Il fut conseiller de Monsieur (Louis XVIII), bibliothécaire de la reine el historiographe de France. La révolution lui enleva tous ses emplois. Il survécut néanmoins à la chute de la monarchie, et mourut seulement en 1803. Ici se termine la liste des historiographes dont nous avons pu recueillir les noms; mais, nous le répétons, nous ne garantissons pas que cette liste soit complète. La profession d'historiographe avait d'ailleurs fini par devenir trop commune pour ne pas perdre de son importance. Chaque communauté riche, chaque noble ambitieux, voulait avoir son historien gagé, son prôneur, en un mot. C'est ainsi que l'on vit l'académicien Déhameaux devenir historiographe des princes de Condé, et que l'on trouve dans l'Almanach royal de 1789, les noms de quatre autres académiciens: Déshameaux, Loroy, Gauthier de Sibert et Ancillon, avec les titres d'historiographes des ordres du roi, de la maison de Bourbon, de l'Académie d'architecture, et de l'ordre de SaintLazare. La révolution a fait disparaître ces emplois avec beaucoup d'autres; il n'y a plus aujourd'hui d'historiographes, il n'est plus resté que des histo riens. HIVERS RIGOUREUX. Le climat de la France et celui de l'Europe en général ont éprouvé de si grands changements depuis les premiers temps de l'histoire, que les descriptions laissées par les anciens conviendraient à peine de nos jours à la température de la Laponie, de l'Islande et du Groënland. Du temps des premiers empereurs, on ne recueillait encore dans la plus grande partie des Gaules ni vin, ni huile, et à peine y trouvait-on quelques fruits. Diodore de Sicile rapporte que les fleuves de ce pays étaient pris régulièrement par les glaces, et que chaque année, des armées entières traversaient ces ponts naturels avec leurs chariots et leurs bagages. Hérodien parle de soldats qui, au lieu d'aller avec des cruches chercher de l'eau sur les bords du Rhin, se munissaient de cognées, et y coupaient des morceaux de glace qu'ils rapportaient au camp. Nous sommes loin de cette époque, et bien que les historiens nous apprennent que depuis le neuvième jusqu'au dix-septième siècle, le Rhône a gelé treize fois, en 860, 1133, 1216, 1234, 1302, 1305, 1323, 1364, 1460, 1565, 1568, 1570 et 1603, nous ne croyons pas qu'on puisse dire que ce fleuve gèle fréquemment. Depuis deux siècles, d'ailleurs, la couche de glace dont il s'est couvert n'a pas été assez forte pour soutenir des voitures. Sans nous étendre davantage sur ce sujet, et adoptant sans discussion l'observation de M. Arago, qu'il y a eu changement dans la température de la Gaule, où les étés sont devenus moins chauds et les hivers moins froids, sans que la température moyenne ait varié sensiblement, nous allons donner une esquisse rapide des plus grands froids qu'on ait éprouvés en France, nous contentant de mentionner la date lorsque les détails n'offriraient pas d'intérêt. « " En 358, il fit un froid excessif à Paris. Julien, qui se trouvait alors dans cette Lutèce qu'il aimait tant, nous a laissé une description que nous rapporterons ici; elle est curieuse à cause de la date. « Or, il arriva que l'hi« ver que je passais à Lutèce fut d'une a violence inaccoutumée : la rivière << charriait des glaçons comme des car«reaux de marbre. Vous connaissez les pierres de Phrygie? Tels étaient, par « leur blancheur, ces glaçons bruts, larges, se pressant les uns les autres, jusqu'à ce que, venant à s'aggloméarer, ils formassent un pont. Plus dur « à moi-même et plus rustique que ja<< mais, je ne voulus point souffrir que « l'on échauffât à la manière du pays, << avec des fourneaux, la chambre où « je couchais. >> Toutefois il laissa apporter dans sa chambre quelques charbons dont la vapeur faillit l'étouffer. Ordinairement cependant les hivers étaient supportables à Paris, et l'on pouvait y faire croître des vignes et des figuiers, en ayant soin d'empailler ceux-ci à l'approche des froids, comme on le fait encore à Argenteuil. En 821, la Seine fut prise pendant un mois, ainsi que les autres grands fleuves de l'Europe. Froids excessifs en France en 991, 1044, 1067, 1124, 1125, 1205, 1216,1325, 1407. En 1408, froid surnommé le grand hiver par les historiens; la plupart des arbres fruitiers et des vignes furent détruits en France. Cette même année, les vagues couvri |