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courage et d'adresse dans la possession des villes protestantes du Midi. Il y soutint trois guerres dont il sortit toujours avec honneur pour lui-même, mais sans remporter de grands avantages à cause du petit nombre de ses troupes et des mauvais succès de quelquesuns de ses lieutenants. Mais, en 1587, quand Henri III dut conduire avec vigueur la guerre contre les huguenots, sa position devint dangereuse. Vainqueur à Coutras, il se laissa, comme à l'ordinaire, détourner de ses devoirs par ses folles amours, et compromit le sort de son parti, qui retomba bientôt dans la plus grande détresse.

Le roi de Navarre ne tenait plus que la Rochelle et quelques châteaux, lorsque la révolte de Paris, contre Henri III, lui ouvrit une nouvelle carrière en lui donnant l'occasion tant désirée de se rapprocher du roi de France. Cette jonction ranima la guerre; mais le meurtre de Jacques Clément rendit de nouveau la situation du Béarnais fort critique. Abandonné par une grande partie des troupes, il dut lever en hâte le siége de Paris; les parlements et le pape déclaraient criminels de lèse-majesté divine et humaine tous ses adhérents. Enfin, comme Charles VII, le nouveau roi, quoique légitime héritier du trône, ne possédait guère que les villes de la Loire. Cependant il vainquit Mayenne à la journée d'Arques, et l'année suivante (1590), la victoire d'Ivry lui permit de venir mettre le siége devant Paris. Forcé dans ses lignes à Lagny par le duc de Parme, général de Philippe II, il fut contraint de lever le blocus. Les hostilités parurent alors pour quelque temps suspendues. La division se mit dans le parti de Henri, qui, découragé, embarrassé, brusquait ses amis, caressait ses ennemis, et cherchait à s'affranchir des caprices intéressés de ses partisans, en appelant dans son armée force étrangers: Anglais et Allemands. D'un autre côté, la désunion croissait aussi parmi les ligueurs. Mayenne finit par l'emporter sur les Seize, et par enlever à la ligue son énergie démocratique. Dès lors le tiers parti augmenta de jour en jour, et prépara l'entrée de Henri IV à Paris.

Ce prince assiégeait sans succès la ville de Rouen; mais une blessure mortelle que reçut le général espagnol débarrassa Henri IV de son plus redoutable adversaire. Désormais il n'eut plus affaire qu'à Mayenne, dont le parti était dans la confusion. Les états étaient réunis à Paris Philippe II voulait la couronne pour sa fille et le duc de Guise qu'elle aurait épousé. Mayenne favorisa sous main la protestation du parlement contre toute infraction à la loi salique, et fit décider que la trêve générale proposée par le roi serait acceptée. Dans l'intervalle, Henri abjura, dans l'église de Saint-Denis, la religion réformée. Alors la ligue perdit tout prétexte pour ne pas reconnaître Henri IV. Plusieurs provinces firent leur soumission; les chefs et les villes se laissèrent acheter les uns après les autres. Enfin le gouverneur de Paris, Brissac, fit aussi son marché avec Henri, et lui livra une des portes de la ville. Le 22 mars 1594 Henri IV entra dans sa capitale armé de toutes pièces, escorté de ses gentilshommes et de ses soldats, qui repoussaient à coups de pique et d'arquebuse les habitants stupéfaits et silencieux.

Henri resta longtemps impopulaire, surtout à Paris; cependant la paix inpeu. Tout térieure se consolida peu en négociant avec les ligueurs, le roi poursuivait la guerre contre les Espagnols, leur reprenait Amiens et les autres villes qu'ils tenaient encore en Picardie. Philippe II se vit enfin obligé de céder à la fortune croissante de la France, et signa la paix de Vervins, par laquelle il rendait au roi de France tout ce que les Espagnols possédaient encore dans le royaume, à l'exception de l'ancienne ville impériale de Cambrai. Vingt jours avant la conclusion de ce traité, Henri avait publié l'édit de Nantes, qui fixait l'état politique des protestants, et «< maria, comme il le disait, la France avec la paix.

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Nous voici parvenus à la seconde partie du règne de Henri IV. Il faut que guerrier se fasse administrateur; et c'est l'éternelle gloire de Henri IV, comme celle de son ministre Sully, d'avoir pu, après vingt-huit ans d'une vie de soldat, s'enfermer dans un cabinet pour s'y li

vrer au travail d'une réforme administrative et financière. Ces soins intérieurs n'empêchaient pas le roi de porter ses regards au dehors, et de songer à abaisser la maison d'Autriche. Le poignard de Ravaillac arrêta ces projets (14 mai 1610).

Marie de Médicis, sa seconde femme, lui avait donné plusieurs enfants : l'aîné, âgé de huit ans et demi, fut Louis XIII; venaient ensuite un duc d'Orléans, mort en 1611; Jean-Baptiste Gaston, mort en 1660; Élisabeth, mariée à Philippe IV d'Espagne; Christine, mariée à Victor-Amédé, duc de Savoie; et Henriette-Marie de France, femme de Charles Ier d'Angleterre. De Gabrielle d'Estrées, Henri avait eu César, duc de Vendôme; Alexandre, dit le chevalier de Vendôme; Catherine-Henriette, mariée à Charles de Lorraine, duc d'Elbœuf. De Henriette d'Entragues, marquise de Verneuil Henri, évêque de Metz, puis duc de Verneuil; GabrielleAngelique, duchesse d'Épernon. De Jacqueline de Beuil, comtesse de Moret Antoine de Bourbon, comte de Moret. De Charlotte des Essarts, comtesse de Romorantin : Jeanne-Baptiste de Bourbon, abbesse de Fontevrault, et Marie-Henriette de Bourbon, abbesse de Chelles.

Henri IV aimait les lettres; il les protégea toujours, et, ce qui est moins connu, il les cultiva: on lui attribue généralement une épître en vers, adressée à Gabrielle, une chanson, et des couplets à la marquise de Verneuil. Ces petites compositions ne manquent ni de verve ni de grâce; on les lira avec intérêt dans le recueil de M. Tissot. Du reste, l'esprit du Béarnais avait de bonne heure été cultivé par l'étude. Dès l'âge de 11 ans, il avait traduit les cinq premiers livres des Commentaires de César, et, sur la fin de sa vie, il songea, dit-on, à écrire ses Mémoires, et commença même à les rédiger. Ainsi, sans sa mort prématurée, nous aurions peut-être, à côté des Mémoires de Sully, ceux de Henri IV.

Un écrivain dont on ne suspectera pas le témoignage sur l'auteur de la dy nastie des Bourbons, caractérise ainsi Henri IV: « Le Béarnais était ingrat et gascon, oubliant beaucoup, tenant

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peu... Mais sa bravoure, son esprit, ses mots heureux, son talent oratoire, ses malheurs, ses aventures, ses amours le feront éternellement vivre. Sa fin tragique n'a pas peu contribué à sa renommée disparaître à propos de la vie est une condition de la gloire (*).

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HENRI IV (monnaies de). Les arts, négligés pendant les guerres de religion, commencèrent à refleurir à l'avenement de Henri IV. L'art monétaire se ressentit du progrès général; on commença à exécuter les empreintes avec plus de soin; cependant, il n'y a rien de particulier à dire sur la numismatique de ce prince. Les espèces qui circulèrent sous son règne, furent absolument les mêmes que celles qui avaient cours sous celui de Henri III. Elles sont marquées des mêmes types; seulement, l'effigie de Henri IV y est substituée à celle de son prédécesseur.

Il faut dire, cependant, qu'en 1589, il fit frapper des pièces d'argent, qui furent appelées demi-écus; on y voyait, d'un côté, les mots HENRICVS IIII D. G. FRAN ET NAVA REX, une tête laurée, barbue, drapée à l'antique, et tournée à droite; au-dessous, la lettre monétaire de la ville où la pièce avait été frappée; C, par exemple, pour la ville de Caen; de l'autre côté, à l'exergue, séparé du champ par un trait, DEMIS

ESCV R. CHRS. VINCIT. CHRS. REGNAT.

CHRS IMPT; dans le champ, l'écu de France, surmonté d'une couronne fermée, et accosté de deux H couronnés ; à l'exergue, séparé du champ par un trait, la date 1589.

HENRI V d'Angleterre (monnaies de). Après le désastreux traité signé à Troyes, en 1422, Henri V, et ensuite Henri VI, rois d'Angleterre, firent frapper en France des monnaies à leur nom. Henri V, cependant, ne fut jamais proclamé roi de France; mais, sur les espèces qu'il fit forger en Normandie, province dont il s'était rendu maître, il prenait le titre d'Hæres Franciæ. « Le

(*) Chateaubriand, Études historiques. Nous ne voudrions changer qu'un seul mot à cette phrase, au lieu de ses amours, nous désirerions qu'il y eût ses amours même, quelque scandaleuses qu'elles aient été. Voyez GABRIELLE D'ESTRÉES, ENTRAGUES (Henriette d'), etc.

roi Henry, dit Pierre de Fenin, fit forger une petite monnoye qu'on nommoit double, et qui valoit trois mailles. En commun langage, on les appeloit niquetz; il ne couroit autre monnoye pour lors, et, quand on en avoit pour cent florins, c'étoit la charge d'un homme. C'estoit bonne monnoye pour son prix. Outre fit forger blancs doubles. » On a encore de ce prince des saluts et des demi-saluts d'or. Nous en parlerons dans l'article que nous consacrerons aux monnaies de Henri VI.

Henri de BouRBON, dit Henri V (monnaie de). En 1830 et en 1831, quel ques partisans de la branche aînée de la famille de Bourbon firent frapper, à l'effigie du duc de Bordeaux, sous le nom de Henri V, des demi-francs, des francs, et des pièces de cinq francs. Ces monnaies, d'un travail assez négligé, présentent, d'un côté, le portrait du prince, avec le titre royal, HENRI V ROI DE FRANCE; le revers est semblable à celui des espèces de Charles X; mais la plupart de ces pièces ont été frappées à l'étranger.

HENRI VI (monnaie de). A la mort de Charles VI, en 1422, une partie de la France se soumit aux Anglais, et reconnut le roi d'Angleterre, Henri VI, pour souverain. Depuis cette année jusqu'en 1436, époque où ces étrangers furent contraints d'abandonner Paris, on frappa, tant dans cette ville que dans celles qui leur obéissaient, une foule de monnaies d'or, d'argent et de billon, au nom et aux armes du jeune Henri VI.

Les principales de ces monnaies qui soient parvenues jusqu'à nous, sont : en or, des saluts, des angelots, des francs à cheval et des nobles à la

rose.

Les saluts étaient d'or fin; on en taillait 63 au mare, et ils valaient 25 sous. Ils étaient ainsi nommés parce qu'ils représentaient la Salutation angé lique d'un côté, la Vierge, nimbée, recevait une bandelette que lui présentait un ange, et sur laquelle on lisait AVE; ces deux personnages avaient la partie inférieure du corps cachée par les écus de France et d'Angleterre accolés. De l'autre on voyait, dans le champ, une croix latine, accostée d'une fleur de lis et d'un léopard. Les saluts portaient

pour légende HENRICVS DEI GRA: FRANCORV ET ANGLIE REX. Au droit et au revers, la légende ordinaire des pièces d'or XPS VINCIT XPS REGNAT XPS IMPERAT. (Voyez SALUTS.)

Les angelots avaient les mêmes légendes au droit et au revers; comme les saluts, ils portaient l'empreinte d'une croix cantonnée d'une fleur de lis et d'un léopard, ainsi que les armes de France et d'Angleterre accolées, mais à cette différence près que le revers était moins orné, et que les écussons étaient portés par un ange, ce qui leur avait fait donner leur nom.

Quant aux francs à cheval, ils n'offraient rien de remarquable; leur légende était la même que celle des francs de Charles VI et de Charles V, et ils avaient la même valeur.

Les nobles sont mentionnés dans plusieurs ordonnances; mais on n'en connaît pas l'empreinte. Ils devaient ressembler beaucoup aux nobles d'Angleterre et avoir le même poids. (Voyez NOBLES.)

En argent et en billon, Henri VI fit frapper des grands et des petits blancs, des doubles et des simples parisis, des deniers et des oboles tournois.

Parmi les blancs, ceux qu'on rencontre le plus souvent présentent encore les armes de France et d'Angleterre, accolées et surmontées du mot HENRICvs; au-dessus on voit la croix cantonnée du léopard et de la fleur de lis. Les légendes sont, pour le droit, les mêmes que celle de l'or; au revers, elles présentent la légende SIT NOMEN DNI BENEDICTV: une fleur de lis, un léopard, une couronne, un fer de moulin, etc., indiquent dans quelle ville, Saint-Lô, Rouen, Paris, Dijon, etc., la piece a été frappée. D'autres blancs, qui présentent au droit trois fleurs de lis placées au-dessous d'une couronne soutenue par deux leopards, et au revers une croix florencée, sont beaucoup plus rares. Il en est de même des petits blancs, qui offrent le type du blanc décrit en premier lieu, à cette différence près que les légendes sont généralement coupées par les écussous, et que la croix du revers est de temps en temps cantonnée par un H ou un R. Les parisis simples portent le même

type que les doubles; on lit au droit, dans le champ, le mot HERI Sous une couronne; au pourtour FRANCORV ET ANGL REX. Au revers, on voit une croix fleuronnée, le signe RV, et les mots PARISIVS CIVIS. La seule différence qu'il y ait entre ces deux pièces, c'est que les doubles offrent de plus que les simples, une fleur de lis et un léopard.

Les tournois présentent une petite particularité qu'il est bon de noter : autour du champ dans lequel on remarque toujours la fleur de lis et le léopard, ainsi qu'une croix simple, on lit

H. REX FRANCIE ET ANGL. au lieu de Francorum et Anglie, qui se trouve sur les autres monnaies. L'obole est en tout semblable au denier; on y lit, comme à l'ordinaire, OBOLVS CIVIS.

Maître des places les plus importantes du royaume, Henri VI faisait frap per d'ordinaire des espèces de bon aloi, tandis que son compétiteur Charles VII, pressé par la nécessité, faisait altérer les siennes. Aussi trouve-t-on souvent, dans les ordonnances de l'usurpateur, des phrases de ce genre: Voyant que l'ennemy et adversaire de nous et de nostre royaume, qui s'ingère de porter nos armes de France, s'est efforcé et s'efforce chaque jour de faire faire à nos dites armes de France doubles deniers de moindre poids et aloy que ceux de notre très-cher père et ayeul le roy Charles, etc.

HENRICHEMONT, ci-devant Boisbelle, petite ville du département du Cher, arrondissement de Santerre, population, 2,973 habit. Boisbelle était autrefois le chef-lieu d'une principauté dont les seigneurs faisaient battre monnaie en leur nom et avec leur effigie, et qui avait passé par mariage de la maison de Sully dans celle d'Albret. En 1597, Maximilien de Béthune, duc de Sully, la racheta de Charles de Gonzague, et y fit bâtir sur une hauteur, à 1 kil. de Boisbelle, une petite ville à laquelle il donna le nom de Henrichemont, en l'honneur de Henri IV. Cette principauté fut seulement réunie à la couronne en 1766. Elle avait 48 kilom. de circonférence, et environ 6,000 habitants, jouissant de divers priviléges.

HENRICHEMONT (monnaie de). Les princes de Boisbelle et d'Henrichemont

ont joui du droit de battre monnaie jusqu'à la révolution française. Les pièces qui sont sorties de ces ateliers sont assez communes, et consistent presque uniquement en doubles tournois, portant d'un côté l'effigie du prince régnant, de l'autre, les armes de Béthune, dans un champ semé de fleurs de lis. En légende, on lit: MAXImilien DE BETHUNE Prince souverain D'HENRICHmont, et au revers, DOVBLE TOVRNOIS, et la date suivie d'une lettre de l'alphabet, comme contre-marque, sans doute; ainsi 1636 z 1642 H.

On connaît encore deux pièces d'argent frappées au nom des princes d'Henrichemont. Ces dernières sont fort rares. L'une représente Maximilien-Frauçois, fils de Sully, l'autre, ce grand homme lui-même. La première a pour légende MAXIMILIEN François DE BE

THVNE DUC DE SVLLY Prince SOVVERAIN D'HENRICHEMON. Cette légende se lit encore au revers, et pour type on trouve les armes de Béthune, surmontées d'une couronne ducale, et supportées par deux Hercules. Sur la seconde, on lit: MAXI DE BETHVNE. P. S. D'HENRICH ET BOIBelle, autour de la tête de Sully; et au revers, on voit une croix, au milieu de laquelle se trouve une M, initiale de Maximilien, et pour légende

HIC PRO REGE ET PATRIA VIXIT

1637 L.

HENRICIENS (secte des). L'hérésiarque Pierre de Bruys ayant été brûlé à Saint-Gilles, vers 1146, un de ses disciples, nommé Henri, se mit courageusement à la tête de la secte. Gagnant la confiance du peuple par ses vertus, il répandit dans tout le Midi, malgré les efforts de saint Bernard, ses doctrines, qui consistaient à nier la présence réelle dans le sacrement de l'eucharistie; à s'opposer au baptême des petits enfants, aux prières pour les morts, à l'adoration de la croix, au culte des reliques, et à la croyance du purgatoire. Henri fut condamné à une prison perpétuelle.

HENRIET (Israël ), dessinateur, graveur et marchand d'estampes, naquit à Nancy, en 1608. Après avoir reçu les premières leçons de son père, peintre sur verre, il se rendit à Rome, et se mit sous la direction d'Antoine Tem

peste, peintre alors en réputation. De retour à Paris, il se mit à graver. Lié d'amitié avec Callot, il a cherché à imiter son genre, et a même copié différents ouvrages de lui, de sorte qu'on ne peut pas souvent distinguer la copie de l'original. Telle est, entre autres, l'Histoire de l'enfant prodigue, attribuée à Callot par quelques personnes. Henriet fut choisi pour être maître de dessin de Louis XIV, alors jeune, et mourut en 1661.

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HENRIETTE-ANNE D'ANGLETERRE (Madame duchesse d'Orléans, fille de Charles Ier), naquit en Angleterre, en 1644, au milieu des horreurs de la guerre civile. La reine était accouchée d'elle depuis 17 jours seulement, lorsqu'elle fut obligée de se sauver en France, laissant sa fille entre les mains des parlementaires. La gouvernante de la jeune princesse étant parvenue, bout de deux ans, à s'échapper avec son élève, vint rejoindre en France la reine d'Angleterre. A la mort de Charles Ier, Henriette avait moins de cinq ans. On eut quelque temps l'idée de la marier à Louis XIV; mais celui-ci la trouva trop jeune, et il épousa une princesse espagnole, dont l'alliance était peut-être plus nécessaire, politiquement, mais que la nature avait moins richement dotée qu'Henriette. Peu de mois après la signature du traité des Pyrénées, qui amena la conclusion du mariage de Louis, Anne d'Autriche obtint pour son second fils Philippe, duc d'Orléans, la main de la princesse d'Angleterre.

A cette époque (1660), une restauration venait d'avoir lieu dans la GrandeBretagne; le fils de France épousait donc la sœur chérie d'un puissant monarque. Il rendit à sa femme tous les devoirs de la plus rigoureuse étiquette. « Il n'y manquoit que de l'amour, dit madanie de la Fayette; mais le miracle d'enflammer le cœur de ce prince n'étoit réservé à aucune femme du monde. » Henriette allait avoir 20 ans; elle était jeune et belle, son esprit était cultivé, sa grâce inexprimable, elle brillait au premier rang au milieu de l'élégante cour de Louis XIV, et elle s'aperçut bientôt que tout était amoureux d'elle, tout, excepté le seul homme qu'il lui fût permis d'aimer. Le comte de Guiche

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ne tarda pas à aimer la duchesse, et fut payé de retour. Cette intrigue éclata; le duc, auquel on ne connaissait pas de maîtresses, mais que la voix publique accusait de scandales plus graves, obtint du roi l'exil de M. de Guiche. Peut-être, du reste, Louis XIV, par ce châtiment, ne voulut-il pas travailler uniquement pour un frère qu'il n'aimait ni n'estimait, car bientôt on commença à parler vaguement de l'amour de Louis pour sa bellesœur. Henriette tenait de sa mère une ambition effrénée; elle fut loin de se trouver offensée de cet amour royal, et, lorsque Anne d'Autriche, craignant que la jeune reine ne prît de l'ombrage, avertit son fils et sa bru; lorsque le duc d'Orléans se plaignit avec emportement, ni l'un ni l'autre ne furent, dit-on, écoutés.

Cependant, mademoiselle de la Vallière effaça cet amour dans le cœur du monarque. Henriette et la comtesse de Soissons, une autre des anciennes maîtresses de Louis XIV, firent alors de vains efforts pour rompre cette liaison.

La duchesse d'Orléans eut encore d'autres intrigues, notamment avec le duc de Montmouth, fils naturel de son frère Charles II. Cependant, elle se plaisait assez à jouer le rôle d'épouse malheureuse. Philippe, il faut bien le dire, avait des mignons; le comte de Guiche avait été du nombre; le chevalier de Lorraine, qui lui succéda, gouvernait leduc d'une manière absolue. Henriette le fit exiler par le roi; mais son inté rieur ne fut que plus agité après ce funeste succès, et le chevalier se vengea cruellement. Louis XIV, mécontent de sa belle-sœur, ne la soutenait plus que faiblement, lorsque la politique le rapprocha tout à coup d'elle. C'était en 1670 le roi de France méditait la ruine de la Hollande; mais pour l'obtenir, il fallait détacher l'Angleterre de la triple alliance conclue avec la Suede et les États-Généraux. Déjà Louis XIV avait envoyé à Londres, à cet effet, un ambassadeur, qui ne put rien obtenir. Alors il jugea convenable de le remplacer par Madame; celle-ci se trouva hautement flattée d'une telle marque de confiance, et d'autant plus peut-être, que le roi recommandait le secret, même envers le duc d'Orléans. Char

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