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immédiatement le siége du Havre, siége auquel assistèrent le roi et le prince de Condé, et qui se termina par la reddition de la place, le 28 juillet 1565. Le Havre dès lors ne retomba plus au pouvoir des Anglais, mais il eut plus d'une fois à supporter leurs attaques. Du reste, au milieu du dix-huitième siècle, on célébrait encore tous les ans une messe au mois de juillet, en l'honneur de la glorieuse délivrance de la ville par le prince de Condé et le connétable.

Sous Louis XIV, le Havre prit encore plus d'accroissement, la Compagnie des Indes s'y étant fixée, et c'eut été sans nul doute une perte immense pour nous, si la flotte anglaise qui s'efforça de l'incendier en 1694 fût parvenue à exécuter son projet; mais le commandant du Havre, comprenant qu'on ne pouvait effectuer le bombardement que pendant la nuit, fit, dès que l'attaque commenca, mettre le feu à des amas de bois entassés par son ordre à quelque distance de la ville. Les Anglais virent dans cet incendie la preuve du succès de leur entreprise et dirigèrent toutes leurs bombes sur ce point; cinq ou six maisons de la ville furent seules brûlées, et l'amiral Berckley se retira le lendemain, persuadé de n'avoir laissé qu'un monceau de ruines. En 1755 et 1759, le Havre eut encore à soutenir deux attaques qui ne produisirent aucun résultat; la flotte anglaise fut obligée de prendre le large après avoir essuyé plusieurs avaries.

Le Havre n'offre que peu de monuments remarquables: l'église NotreDame, bâtie en forme de croix, dans le style de la renaissance, et achevée vers la fin du seizième siècle; la tour de François Ier, haute de 21 mètres et terminée par un parapet découpé de douze embrasures; l'arsenal, la maison où naquit Bernardin de Saint-Pierre, rue de la Cerclerie, etc., etc.

Le port du Havre consiste en trois bassins séparés les uns des autres et de l'avant-port par quatre écluses, et peut recevoir plus de 500 bâtiments toujours à flot. Outre ces bassins, il a encore une petite et une grande rade, l'une à une portée de canon du rivage, et l'autre à plus de deux lieues en mer. Il est à souhaiter qu'on élargisse l'entrée des

bassins, car ils ne peuvent plus suffire aux besoins de la navigation à vapeur, et les steamers sont obligés de s'échouer dans l'avant-port. Le gouvernement a voté des fonds pour cet objet.

Le Havre est aujourd'hui une de nos villes les plus commerçantes; elle contient 29,482 hab., en comprenant dans cette population Ingouville, faubourg populeux, bâti en aniphithéâtre sur une côte élevée. Le Havre a vu naître plusieurs hommes distingués nous citerons les deux Scudéry, Bernardin de St.-Pierre, Casimir Delavigne, Ancelot. Sous le point de vue commercial, le Havre est pour l'Océan ce qu'est Marseille pour la Méditerranée. Il forme, ainsi que cette dernière ville, l'entrepôt du commerce de Paris avec la plus grande partie du monde.

HAVRE (dues d'). Voyez CROī.

HAXO (François-Nicolas-Benoît, baron), lieutenant général, l'un de nos officiers du génie les plus distingués, naquit à Lunéville, en 1774. Après avoir achevé ses études au collégé de Navarre, il entra comme élève souslieutenant à l'école d'artillerie de Châlons-sur-Marne. Il sortit de là lieutenant de mineurs, et, bientôt après, passa capitaine du génie. Il fit les campagnes du Rhin, en 1794 et 1795, ensuite, il contribua aux succès de l'armée d'Italie, en 1800 et 1801, par des services importants, qui le firent nommer chef de bataillon. On le retrouve en 1807, à Constantinople, dont il fut chargé d'améliorer la défense, puis en Italie, sous le général Chasseloup; mais c'est en Espagne, au siége de Saragosse (1809), qu'il jeta les véritables fondements de sa réputation. Nommé colonel dès l'année suivante, après les siéges de Lérida et de Méquinenza, il devint général de brigade, rentra bientôt en France, et fut, en 1811, attaché à l'armée d'Allemagne. Il se distingua à la bataille de Mohilof, et, peu de tems après, en décembre 1812, il fut nommé général de division. En 1813, l'empereur lui confia le

commandement du génie de la garde impériale; mais, après la bataille de Dresde, le général Haxo fut envoyé près de Vandamme. Blessé à la malheureuse affaire de Kulm, et fait prisonnier, il ne rentra en France qu'à la première restauration.

Les Bourbons l'accueillirent bien. Commandant du génie de la garde royale, le général Haxo accompagna le duc de Berry jusqu'à la frontière, lors du retour de l'empereur, puis il revint offrir ses services à Napoléon, et le suivit à Waterloo. Après nos désastres, il se porta avec l'armée sur la Loire, et fit partie de la députation qui vint demander au gouvernement provisoire que les troupes restassent réunies tant qu'il y aurait des étrangers sur le territoire français.

A la seconde restauration, le général Haxo fut d'abord mis en non-activité; mais bientôt, en 1816, il reprit de l'emploi, et sut de nouveau se concilier la faveur du gouvernement. Nommé inspecteur général des fortifications, il s'occupa avec talent et activité de réparer et de compléter notre système de défense, où les traités de 1814 et 1815 laissaient de tristes lacunes. Nous devons au général Haxo les fortifications de Belfort, de Grenoble, de Besançon, de Dunkerque, de Saint-Ouen, du fort Lécluse. On sait que dans la question des fortifications de Paris le général Haxo se prononça contre les forts détachés, et pour l'enceinte continue.

Partisan empressé de la monarchie de juillet, qui le nomma pair de France, le général Haxo a couronné sa vie militaire au siége de la citadelle d'Anvers, dont il a dirigé les travaux en 1832. Il est mort en 1838. On a de lui des mémoires sur divers objets qui intéressent la défense nationale.

HAXO (Nicolas), oncle du lieutenant général Haxo, et général lui-même, naquit à Étival, en Lorraine, vers 1750. Lorsque la révolution éclata, il fut nommé commandant de la garde nationale de Saint-Dié. Plus tard, il devint président du tribunal de Saint-Dié. Mais ces honneurs pacifiques ne pouvaient le satisfaire quand nos frontières étaient menacées. A l'appel des premiers bataillons de volontaires, il s'enrôla, en 1791, et, à la tête du 3o des Vosges, qui le nomma son commandant, il fit avec distinction les premières campagnes de la révolution, d'abord sur le Rhin, puis dans la Vendée. Sa bravoure et son habileté le firent rapidement élever au grade de général de

division. « A la bataille de Chollet, dit M. de Beauchamp, son sang-froid, et la précision de ses manoeuvres, ramenèrent la victoire, prête à échapper aux républicains. » C'est à lui qu'on dut, en 1794, la prise de Noirmoutiers. Il périt les armes à la main, écrasé par le nombre, à la malheureuse journée de la Roche-sur-Yon.

HAYE (prise de la).—Pendant l'hiver de 1672, Luxembourg, qui commandait dans Utrecht, assembla une nuit près de 12,000 fantassins, tirés des garnisons voisines, et à qui on avait préparé des patins. Il se mit à leur tête, et marcha sur la glace vers Leyde et vers la Haye. Un dégel survint; la Haye fut sauvée.

Les Français de 1795 furent plus heureux : une jeunesse avide de gloire et de dangers s'élança sur les glaces de la Hollande, et s'empara de la capitale du pays, le 24 janvier.

HAYE (traité de la).-Ce traité fut signé le 17 juin 1630, entre les États de Hollande et M. de Beaugy, ambassadeur de Louis XIII. Quelques négociations, tendant à unir les deux pays par une alliance mutuelle, avaient déjà été commencées en 1625, lors du congrès de Southampton, puis en 1627. Le 28 août de cette dernière année, un traité avait été signé à Paris, par lequel la France s'engageait à payer à la république la somme annuelle d'un million de livres; mais deux conditions empêchèrent les États-Généraux de donner leur adhésion: la première les obligeait à secourir la France dans ses guerres futures; ils promettaient par l'autre de ne pas faire la paix avec l'Espagne sans le consentement de la France. Le mot de consentement les choquait; ils voulaient qu'il fût remplacé par celui d'avis. C'est ce même traité qui fut signé, en 1680, avec quelques changements; la France promit de fournir aux États, en pur don, sept années durant, la somme d'un million de livres ; les États, de leur côté, s'engagèrent à ne conclure, pendant ce laps de temps, ni paix, ni trêve, sans l'avis du roi. Si le roi était attaqué dans son royaume, il ne payerait que la moitié du secours accordé. Dans ce cas, les États n'assisteraient pas ses ennemis,

Cet accord ne fut, du reste, pas plus décisif que les autres, et il fallut envoyer encore à Paris, en 1685, une ambassade extraordinaire, à l'effet de conclure une ligue offensive et défensive, qui ne produisit pas d'abord de grands résultats.

HAYE (la), dite la Haye-Descartes, parce qu'elle est la patrie du célèbre René Descartes, est une petite ville du departement d'Indre-et-Loire, arrondissement de Loches. C'était jadis une place forte, avec titre de baronnie, faisant partie de la Touraine, du diocèse et de l'intendance de Tours, du parle ment de Paris, et de l'élection de Chinon. Le roi Jean y rassembla, en 1356, l'armée qui fut défaite à Poitiers. Trois ans plus tard, elle soutint un siége contre les Anglais, qui furent obliges de se retirer. En 1587, Henri IV essaya inutilement de l'enlever aux ligueurs.

HEAUME. Voyez CASQUE.

HEAUME D'OR ou ECU HEAUME. Ces noms servent à désigner une monnaie d'or, frappée sous le règne de Charles VI. Ainsi que les écus ordinaires, ces pièces représentaient les armes de France; mais ces armes, au lieu d'être surmontées d'une couronne, y étaient timbrées d'un heaume ou casque. Du reste, les écus heaumés n'avaient, avec les écus à la couronne (voyez ce mot), rien de commun que la légende +KA

ROLVS DEI GRACIA FRANCORVM REX. -+XPS VINCIT XPS REGNAT XPS IM、 PERAT. Leur flaon était plus large, et, au revers, ils présentaient l'empreinte des aignels (voyez ce mot). Ils en différaient encore pour la taille et pour le titre, car ils étaient à 22 carats de fin; on en taillait 48 au marc, et ils valaient 40 sous, tandis que, à peu près à la même époque, les écus ordinaires, qui, du reste, varièrent aussi souvent de poids et de titre, étaient à 24 carats de fin, valaient 20 sous, et se taillaient à 60 au mare.

Charles VI fit frapper aussi des demiheaumes.

Il ne faut pas confondre les heaumes de Charles VI avec une autre monnaie des comtes de Flandre, connue sous le nom de heaume d'argent, ou de lion heaumé. Cette dernière monnaie, frappée pour la première fois sous Louis de Male, fut adoptée par les

successeurs de ce prince, qui employèrent même un type analogue pour l'or et pour l'argent; nous parlerons de ces monnaies plus en detail aux articles LION D'OR et LION D'ARGENT.

HEBERGEMENT. Voyez GîTE (droit

de).

HÉBERT, HÉBERTISTES. JacquesRené-Hébert, dit le Père Duchesne, né vers 1755, à Alençon, était venu fort jeune chercher fortune à Paris. Nous ne dirions rien de cette époque de sa vie, si ce n'était que les faits sont déplorablement caractéristiques. Du moins, nous serons brefs. Jeté à Paris sans ressources, sans éducation, il mena une vie de misère, et, il faut le dire, d'opprobre. Entre autres charges de même nature qui pèsent sur lui, on rapporte que, étant receveur des contremarques aux Variétés, il se fit renvoyer pour cause d'infidelité dans sa gestion. C'est dans cet abaissement que le prit la révolution, pour s'en faire un instru ment qu'elle devait ensuite briser. Toutefois, durant ces premières années, jusqu'au temps où il publia le Père Duchesne, Hébert resta enfoui dans son obscurité. Cette obscurité, il faut le dire, a laissé place à quelques doutes sur la précocité, ou même sur la constance de sa ferveur cynique durant cette période (*). Camille Desmoulins lui adressa à cet égard des reproches, dont sans doute il faut se défier, mais qui, proférés en face et publiquement, lorsque Hébert était encore dans toute sa puissance, tirent de là une grande force. « Crois

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tu, dit-il, qu'on ne m'ait pas raconté « qu'en 1790 et 1791 tu as persécuté « Marat? Tu as écrit pour les aristo« crates, tu ne le pourrais nier, tu se«rais confondu par les témoins. Quand Thuriot assiégeait la Bastille; quand Fréron faisait l'Orateur du peuple; à quand moi, sans craindre les assassins de Loustalot et les sentences de Talon, j'osais, il y a trois ans, dé

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(*) « Malgré le fracas de ses mots contre les aristocrates, on voit Hébert suivre avec beaucoup de souplesse le parti dominant. Ainsi, en 1791, il est partisan de la Fayette et de la garde nationale; il fait des tirades pour Louis XVI et pour son ministre.» Histoire parlementaire de la révolution.

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« fendre, , presque seul, l'Ami du peu« ple; quand tous ces vétérans, que tu « calomnies aujourd'hui, se signalaient « pour la cause populaire, où étais-tu << alors, Hébert? Tu distribuais des « contre-marques, et on m'assure que a les directeurs se plaignirent de la recette. On m'assure que tu t'étais a même opposé, aux Cordeliers, à l'in«surrection du 10 août. On m'assure..... « Ce qui est certain, ce que tu ne pour aras nier, car il y a des témoins, c'est qu'en 1790 et 1791, tu dénigrais, « tu poursuivais Marat, dont tu as prétendu, après sa mort, qu'il t'avait laissé son manteau, dont tu t'es fait « tout à coup le disciple Élysée, et le légataire universel. Ce qui est cera tain, c'est que tu n'étais pas avec nous ⚫ en 1789, dans le cheval de bois ; c'est • qu'on ne t'a point vu parmi les guer«riers des premières campagnes de la « révolution; c'est que, comme les a goujats, tu ne t'es fait remarquer a qu'après la victoire, où tu t'es signalé en dénigrant les vainqueurs « comme Thersite (*). »

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Sans adopter ni repousser ces imputations, disons qu'Hébert n'avait ni le courage, ni aucune des qualités puissantes qui eussent été nécessaires pour le tirer brusquement de sa bassesse, et le mettre en relief dès les premières campagnes de la révolution. Ce fut la publication du Père Duchesne, de cynique mémoire, qui commença sa popularite. Doué d'esprit naturel, il s'était donné à lui-même quelque instruction, mais sans recouvrer ce qui, une fois perdu, ne se recouvre guère, si tant est qu'il l'eût jamais possédé, la moralité, l'élévation d'âme. On cite de lui un mot plus décisif, selon nous, contre la sincérité de sa foi révolutionnaire, que les allégations de Camille Desmoufins. « La masse est engagée, disait-il, je m'y associe; je suis le mouvement, « je le suivrai toujours, et je ne tom<< berai pas. » Il ne serait donc point étrange que l'exagéré de 93, de l'époque où le péril était surtout dans le modérantisme, se fût montré timide et incertain au début, quand la masse, n'étant pas encore suffisamment engagée,

(*) Le vieux Cordelier, no v.

le péril était pour l'audace. Quoi qu'il en soit, ce n'est qu'après le 10 août que commence le rôle historique d'Hebert. Membre de la Commune, puis substitut du procureur-syndic à cette même Commune, de plus orateur influent dans les clubs, et, par-dessus tout cela, maître d'une feuille populaire extrêmement répandue, il devint bientôt l'un des principaux meneurs de la multitude. Jusqu'à l'insurrection du 31 mai, il marcha, ainsi que la Commune et les sociétés populaires, de concert avec les montaguards. Lors des exécutions de septembre, il avait été soupçonné d'y avoir pris directement part; mais, sur ce point, rien de bien constant. Il se signala parmi les adversaires les plus véhéments de la Gironde. Mais dans cette lutte, comme dans les autres événements de l'époque, rien d'important qui lui appartienne en propre; rien qui ne se confoude dans le mouvement général de la révolution. Dans le courant de mai 1793, quelques manifestations insurrectionnelles ayant eu lieu à la mairie, Hebert, que la violence habituelle de sa feuille signalait à la vindicte du parti girondin, fut arrêté par ordre de la commission des douze. Cet acte d'autorité, que les girondins ne purent sou tenir, ne fit que håter leur perte et accroître l'importance d'Hébert. La révolution, pour un moment, sembla tourner autour de lui. De la Commune, des sections, des clubs, partaient des réclamations réitérées, et de jour en jour plus menaçantes, qu'appuyaient energiquement, au sein de la Convention, les montagnards. Après quelques jours de détention, il fut relâché, et rentra triomphant à l'hôtel de ville, où une couronne civique lui fut présentée: il la déposa modestement sur le buste de J. J. Rousseau.

Tel fut Hebert jusqu'à l'insurrection du 31 mai. Ici commence une période nouvelle. Une révolution qui ne faisait que renforcer le pouvoir sans appeler Hébert à y participer, ne pouvait lui suffire. Un échec qu'il essuya au mois d'août augmenta sa mauvaise humeur. Présenté comme candidat au ministère de la justice, en concurrence avec Paré, il se vit préférer celui-ci. Les patriotiques colères du Père Duchesne redou

blèrent donc, et, désormais, ce fut sur la Montagne même qu'elles frapperent (*).

Cette attitude nouvelle que prit Hébert n'était pas un fait isolé. En effet, immédiatement après la chute des girondins, les diversités de tendances qui préexistaient au sein du parti montagnard se déclarèrent. Vainqueur, le parti se divisa, comme il arrive toujours. En face du comité de salut public, deux factions se posèrent les indulgents d'une part, d'autre part les ultrarévolutionnaires, ceux qui, selon l'énergique expression de Saint-Just, voulaient changer la liberté en bacchante.

Ceux-ci étaient les successeurs des enragés. Cynique athée, froidement frénétique, Hébert devint leur complice. Ils prirent de lui le nom d'hébertistes. Après lui, les hommes principaux étaient Ronsin, général de l'armée révolutionnaire, ambitieux de corps de garde qui osait parler de Cromwell; Vincent, secrétaire général au département de la guerre, jeune maniaque dont le mouvement de la révolution avait dérangé le cerveau; l'imprimeur Momoro, administrateur du département; Chaumette, procureur - syndic de la Commune, etc., etc. A ceux-ci il faut joindre Anacharsis Clootz, apôtre du panthéisme et de la république universelle, homme d'ailleurs sincère dans son fanatisme insensé, et probablement étranger aux menées politiques du parti.

Chaumette et Clootz ont eu dans ce

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(*) Ce mécontentement perce sous l'indifférence qu'affecte Hébert dans le n° CCLXXVI du Père Duchesne, où il parle de cet échec. Nous citerons le passage suivant : Grand bien te fasse, maitre Paré, qui tombes à cette place des nues. Lorsque Danton faisait la guerre aux aristocrates, vous étiez le feu et l'eau; vous voilà amis comme cochons, aussi amis que ce Danton l'était de Dumouriez. » Ah ça, Père Duchesne, si tu avais été ministre, nous aurais-tu procuré du pain? me dit la mère Javotte, en rompant les chiens. -Oui, ma commère, si on m'avait donné carte blanche pour faire mettre à l'ombre tous les Jean-F..... qui accaparent les subsistances, et si pour me perdre on ne m'avait pas joué des tours aussi perfides que ceux qu'on a faits à notre bon maire.»

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dictionnaire des articles séparés. Après eux, Ronsin (*) mérite une courte mention. « C'était, dit M. Thiers, le plus distingué de ces aventuriers qui s'étaient mis au service du gouvernement révolutionnaire; pamphlétaire médiocre, poëte sifflé, général assez malheureux en Vendée, il ne manquait pourtant ni de cœur ni d'intelligence. Il se fit à Lyon, où il fut envoyé avec une partie de l'armée révolutionnaire, une sinistre réputation. De retour à Paris, le général Ronsin, avide de toutes les gloires, se procura, avec l'aide de la terreur, de beaux succès dramatiques (**). Il devint l'homme d'action du parti; Hébert en était l'écrivain et le chef po litique, Anacharsis Clootz le métaphy sicien, Chaumette le pontife. »

Déjà, dans nos ANNALES de l'histoire de France, le caractère des hébertistes, leurs tendances, leur but, leur tactique, ont été exposés longuement: nous y renvoyons le lecteur. Seuls, du reste, entre tous les partis qui ont joué un rôle dans la révolution, ils ont ce triste privilége que, sur eux, l'opinion est constante et unanime.

« La faction municipale, dit M. Mignet, était le dernier terme de la révolution. Opposée de but au comité de salut public, elle voulait, au lieu de la dictature conventionnelle, la plus extrême démocratie locale, et au lieu de culte, la consécration du matérialisme. L'anarchie politique et l'athéisme religieux, tels étaient les symboles de ce parti, et les moyens par lesquels il comptait établir så propre domination. Cette faction avait à sa tête des hommes qui jouissaient d'une extrême popularité dans la basse classe.... Elie s'appuyait dans les sections sur les comités révolutionnaires, dans lesquels se trouvaient beaucoup d'étrangers obscurs qu'on supposait, non sans vraisemblance, agents de l'Angleterre pour perdre la république en poussant à l'a

(*) Charles-Philippe Ronsin, né à Soissons, en 1752. Envoyé en Vendée comme adjointministre de la guerre, vers le mois de mai 1793, il fut fait en quatre jours capitaine, chef d'escadron et général de brigade. Il avait déjà publié en 1786 un recueil de tragedies.

(**) En 1793, il donna aux Français Aritophyle ou le Tyran de Cyrène.

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