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sistaient ces prérogatives, reconnues par l'autorité royale.

Dans l'espace dont Paris était le centre d'action, le chef-lieu judiciaire, sur un rayon de 24 à 32 kilom., la Seine était presque considérée comme la propriété des marchands de la ville. Il était arrêté en principe que tout bateau chargé de denrées ou de marchandises, qui en remontait le cours, devait s'arrêter au pont de Mantes, s'il n'était expédié par un bourgeois hansé; le marchand du dehors, arrivé à la limite du ressort de la compagnie française, devait déclarer son intention de vendre les produits qu'il apportait, et alors le prévôt des marchands et les échevins lui désignaient un compagnon parmi les négociants parisiens. C'est à ce compagnon qu'il déclarait le prix réel de sa cargaison; le Parisien prenait la moitié de ce prix, ou, s'il aimait mieux laisser vendre le tout, il partageait les bénéfices avec le proprietaire; condition vraiment exorbitante. Que le marchand de la basse Seine dépassât le port de Mantes, ou qu'il fit seulement embarquer des denrées au-dessous de Paris, sans l'intervention de la hanse, sa cargaison était saisie, et le prévôt des marchands, séant au Parloir-aux-Bourgeois, aussi appele Maison de la Marchandise, ne manquait jamais de la confisquer au profit du roi et de la compagnie. Le roi avait la moitié des ainendes. On ne se relacha en rien de la rigueur d'un pareil système, quand la Normandie fut devenue française. Ainsi, les Parisiens retenaient les denrées qui leur conve naient, soit qu'elles dussent être débarquées dans la banlieue, soit que leur destination fût la Bourgogne ou la Champagne; ils percevaient des profits sans courir le moindre risque. Il est vrai que ces priviléges ressemblaient fort, pour la moralité, à celui des tribus arabes mettant à contribution les caravanes qui traversent le désert.

Afin de compléter son système de monopole, la hanse songea à y soumettre aussi la navigation de la haute Seine, surtout le commerce des vins de Bourgogne. En 1192, Philippe-Auguste lui fit cette importante concession. Quiconque amenait du vin en bateau à Paris, ne pouvait le débarquer que s'il

était pourgeois établi dans la ville. De même, les acquéreurs parisiens pouvaient seuls en faire le commerce dans la ville et aux environs.

Le confluent de la Seine et de la Marne se trouvant dans la banlieue, les Bourguignons étaient en même temps exclus de la navigation de cette dernière rivière. Philippe-Auguste accorda encore à la hanse des droits importants pour l'accroissement de son pouvoir, indépendamment de ses bénéfices commerciaux. Il lui permit de lever un impôt sur les denrées arrivant par eau (charte de 1213). C'étaient les magistrats de la Marchandise qui nommaient les mesureurs de grain et de sel, les jaugeurs, les courtiers, en un mot, tous les préposés au commerce des vivres et du combustible. Enfin, la hanse avait acheté les criages (voyez CRIEURS), autre source d'un revenu considérable.

Le commerce fluvial étant resté longtemps la branche la plus importante du commerce de Paris, il n'est pas étonnant que le corps des marchands de l'eau fut considéré comme representant la communauté marchande tout entière, et même la bourgeoisie, qui ne se composait, en effet, que de marchands et d'artisans. Dans les chartes de la fin du treizième siècle, ses chefs ne sont déjà plus les directeurs d'une association particulière; mais ils s'y trouvent qualifies de prévôt et échovins jurés; et, un peu plus tard, on les voit à la tête de tout le commerce de Paris. Enfin, ils deviennent les chefs de la commune. Peut-être est-ce à cette origine de sa municipalité que remonte l'adoption du vaisseau figurant dans les armoiries de la ville (*).

On ne saurait nier que les efforts de la Marchandise de l'eau pour s'assurer le monopole des denrées n'aient beaucoup contribué à la prospérite de Paris. Mais, dans les trop fréquentes années de famine (voyez ce mot), on ne voit jamais qu'elle ait eu soin de tenir des grains en réserve, ou d'en faire venir en temps opportun. Toute son attention

(*) La substitution du vaisseau au simple bateau qui apportait le via et le sel peut avoir paru mieux convenir à des armoiries, mieux orner un sceau, un écusson.

était absorbée par le soin de veiller avec jalousie à ce qu'aucun étranger ne portât atteinte à ses droits, à exercer sur son domaine une police sévère, minutieuse. La condition des marchands naviguant sur la Seine au moyen âge devait être assez pitoyable; car, sans compter les exigences de la compagnie française, la ville de Rouen, toutes les communes bourgeoises situées sur les rives du fleuve, et tous les seigneurs qui le dominaient par leurs châteaux forts, prélevaient sur les cargaisons des contributions semblables. Toutefois, la hanse de Paris arrêtant les sels et la marée des Normands, les vins et les bois de la Bourgogne, restait de beaucoup la plus puissante, malgré les réclamations qui s'élevaient fréquemment contre ses prétentions. Rouen plaida pourtant sa cause avec chaleur auprès de Charles VI. Elle perdit son procès, comme elle l'avait déja perdu en 1258 devant le parlement. Notre grande ville, disaient « les Parisiens, a besoin d'approvision<< nements immenses. Or, qu'arriveraitail si le commerce de la Seine était « entièrement libre? Les meilleures denarées passeraient outre, iraient au dea hors, sans que nous pussions en pro« fiter (*). » Charles VI confirma de nouveau les priviléges de la hanse de Paris, dans l'ordonnance qu'il rendit en 1415 pour régler tout ce qui concernait l'approvisionnement et le débit des diverses denrées à Paris, ordonnance qui suivit le rétablissement de la prévôté des marchands, supprimée après l'insurrection des maillotins. Ce ne fut qu'au dix-septième siècle que la hanse fut enfin supprimée, ou perdit au moins ses prérogatives. Toutefois, même à cette époque de complète décadence, son nom fut conservé. « Seront et de<< meureront, dit l'édit de 1672, les - droits de compagnie françoise éteints et supprimez, sans préjudice du droit a de banse, et sans qu'il soit fait autre distinction entre marchands, que « de forains et de marchands de Paa ris (**). »

(") Charte de Charles VI de l'an 1388, en original aux archives.

(**) Voyez Lamare, Traité de la police, 2. II, p. 14.

La hanse provinciale, dont le siége était à Orléans, formait une association non moins fortement constituée que celle de Paris. La Loire, qui parcourt dans une vaste étendue les populeuses campagnes du centre de la France et baigne tant de bonnes villes, était dominée par de forts châteaux. Jusqu'au quinzième siècle, les marchands, entravés dans leur commerce par les châtelains, prirent patience; mais enfin ils se liguèrent pour veiller à leur défense commune. Ils se constituèrent à l'hôtel de l'Autruche, à Orléans, en assemblée de députés des marchands de ville, naviguant et fréquentant la rivière de Loire. Ces villes hanseatiques, ces cités envoyant des délégués, c'étaient presque toutes nos villes commerçantes entre la Seine et la Loire. Parmi les monuments municipaux de la commune de Nantes, on trouve trois délibérations relatives à l'élection de ces députés. Ils recevaient un salaire, avaient leur procureur général, leurs commis-gérants, leur trésorier, pour la levée de la contribution que les marchands des villes s'imposaient eux-mêmes, par la permission du roi; ils avaient aussi leurs avocats, leurs procureurs à la cour présidiale d'Orléans, et au parlement de Paris.

Voyons maintenant comment cette société sut affranchir successivement son fleuve. En 1429, le seigneur de Fromenteau veut percevoir des droits qui dépassent le tarif de son péage; aussitôt un sergent va lui signifier des lettres du roi, pour qu'il ait à mettre fin à ses exactions, et l'ajourne à justice, en cas de refus. En 1451, le sire de Ronignac, seigneur de Méance-sur-l'Allier, s'empare d'un chargement considérable de fer que portait un bateau, échoué sur cette rivière. Comme la fédération étend aussi sa surveillance et sa protection sur les affluents de la Loire, elle ne perd pas de temps, elle formule ses plaintes, assigne le seigneur de Méance devant le parlement, qui le condamne à la restitution et aux dépens. En 1498 et années suivantes, sa hanse, qui avait déjà fait réprimer bien d'autres extorsions féodales, s'adresse aussi à la cour des aides pour avoir justice des financiers. Les magistrats, en termes de greffe, disent alors, par plusieurs ar

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rêts, aux péagers, aux grènetiers, aux contrôleurs : N'ayez à l'avenir à visiter les bateaux des marchands de sel que lorsqu'ils descendront à terre pour vendre leur chargement; n'ayez, gourmands que vous êtes, à vous faire inviter à dîner; et quand les bateaux des marchands navigueront au milieu de la rivière, allez avec une barque recevoir le péage; et si vous ne voulez aller au bateau, ne le forcez pas à venir vers vous, pourvu qu'en passant on vous jette l'argent dans un navet, pomme, ou un bâton fendu.

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Après avoir encore plusieurs fois remporté la victoire sur de puissants personnages, tels que la veuve du seigneur de Montjean, née princesse de Bourbon, et messire Juvénal des Ursins, qui prélevaient indûment une part sur les provisions de figues et de raisin sec, la fédération s'attaque aussi au clergé, et obtient des arrêts contre le chapitre de Saint-Martin de Tours, en 1525; contre celui de Saint-Aubin d'Angers, en 1529. Ce n'est pas tout les marchands ne craignent pas de se mesurer avec les municipalités; par exemple, avec la communauté de Decize, qui imposait un péage sur les bateaux pour la construction de son pont. En 1606, ils font assigner ce corps de ville devant le conseil du roi; la victoire leur demeure. Mais enfin, sous Colbert, la hause de la Loire n'eut plus à s'occuper que du curage des digues et des travaux hydrauliques de son fleuve.

HAQUEBUTE. On désigna d'abord sous ce nom l'arme appelée ensuite arquebuse. (Voyez ce mot.)

HARANCOURT (famille d'). Cette ancienne maison de Lorraine, éteinte en 1715, a produit, entre autres personnages distingués, Guillaume d'Harancourt, évêque de Verdun, qui, attaché à Charles, duc de Guienne, pendant ses querelles avec Louis XI, partagea les intrigues et le châtiment du cardinal la Balue. Vers le milieu d'avril 1469, prêtre, nommé Simon Bélée, agent de l'évêque, fut arrêté et conduit vers le roi à Amboise. On avait trouvé cousue sur lui une lettre que le cardinal adressait au duc de Bourgogne pour entraver les arrangements pris par Louis XI. Le roi apprit ainsi que les deux prélats tra

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hissaient ses secrets, et, de concert avec le Bourguignon, engageaient Charles à rejeter toute proposition de paix. Ils furent tous deux enfermés dans des cages de fer. Celle de l'évêque était à la Bastille, et il y resta quatorze ans. On sait que Louis XI, visitant un jour cette prison d'État, et entendant les supplications et les sourds gémissements qui sortaient de la cage où Guillaume vieillissait depuis tant d'années, feignit l'étonnement, et demanda si la cage renfermait un prisonnier.

HARAS ROYAUX. Ces établissements étaient fort nombreux en France avant 1789, époque où ils furent tous supprimés. Cependant Napoléon avant reconnu l'utilité de quelques-uns, fit relever en 1800 celui de Pompadour (Corrèze), fondé par M. de Choiseul en 1765, et celui du Pin (Orne), créé en 1714. Louis XVIII, en 1815, ordonna la formation du haras de Rosières, près de Nancy, pour remplacer celui de DeuxPonts. Ces trois haras distribuent leurs étalons dans un nombre variable de dépôts, à Abbeville, à Angers, Arles, Aurillac, Blois, Braine, Cluny, Jussey, Langonnet, Libourne, Montier-en-Der, Pau, Rhodez, Saint-Lô, Saint-Maixent, Strasbourg et Tarbes.

HARCOURT (famille de). Cette maison prétend tirer son origine de Bernard le Danois, un des pirates du Nord qui vinrent en Normandie avec Rollon. Les descendants du Danois se maintinrent à un rang fort élevé. Ainsi un Jean II, sieur d'Harcourt, fut maréchal sous Philippe le Hardi, et amiral sous Philippe le Bel en 1295. La baronnie d'Harcourt, comprenant les terres d'Elbeuf et de Lillebonne, fut érigée en comté, l'an 1338, en faveur de Jean 11.

En 1340, Jean l'épousa Blanche de Ponthieu. Son frère Geoffroi se vengea de quelques mécontentements qu'il avait contre Philippe de Valois, en offrant son bras à Édouard III, et il devint un des plus dévoués chevaliers du roi d'Angleterre, un des chefs de son armée.

En 1346, Édouard ayant voulu descendre sur les côtes de Guienne, fut constamment repoussé par les vents. Il renonçait à son entreprise, et retournait en Angleterre, lorsque, sur les instances d'Harcourt, il tenta de pren

dre terre sur les côtes de Normandie. Édouard ne réussit que trop bien, et la France dut au traître, non-seulement de voir la Normandie et la Picardie ravagées, mais encore de perdre la fatale bataille de Crécy, où Geoffroi commandait un corps considérable de l'armée anglaise, tandis que son frère, Jean d'Harcourt, mourait avec deux de ses fils, les armes à la main, en défendant sa patrie.

Sous le règne du roi Jean, le traître d'Harcourt reparit en France: ce fut pour y fomenter de nouveaux troubles. Il se jeta dans le parti de Charles le Mauvais. Lorsqu'en 1354, le roi de Navarre voulut se défaire par un meurtre de Charles d'Espagne, favori du roi (voyez FAVORIS), il se fit accompagner par trois d'Harcourt, Geoffroi, Jean V et Louis. Toute cette famille était alors ennemie du roi de France. Ce fut le cointe d'Harcourt, Jean V, qui résista le plus vivement à ce que la gabelle fût établie sur ses terres en 1356 (vov. GABELLE). Aussi la vengeance du roi Jean ne tarda-t-elle pas à l'atteindre. Le dauphin Charles eut ordre de l'inviter, ainsi que le roi de Navarre, à dîner au château de Rouen, le samedi 16 avril 1356, veille de Pâques fleuries. L'invitation fut acceptée par le comte. Quant à Geoffroi qui devait l'accompagner, il s'y refusa par méfiance. Le roi Jean survint au moment où l'on s'asseyait à table. Après avoir mis lui-même la main sur le roi de Navarre, « il passa avant, et prit une masse de sergent, et s'en vint sur le comte de Harcourt, et lui donna un grand horion entre les épaules, et dit : « Avant traîtres, orgueilleux, passez en prison, à mal étrenne; par l'âme de mon père, vous saurez bien chanter quand vous m'échapperez (*). »

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Le même jour, le comte, mené en charrette à l'échafaud, eut la tête coupée en présence du roi, et fut traîné jusqu'au gibet, où le cadavre resta pendu et la tête exposée. Il paraît qu'il y eut quelque mouvement à Rouen pour délivrer Harcourt, qui y était fort aimé, que Jean dut se montrer aux bourgeois pour les apaiser.

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Dès que Philippe de Navarre, frère

(*) Froissard.

de Charles le Mauvais, et Geoffroi d'Harcourt, oncle du comte, apprirent ces événements, ils songèrent à la vengeance. Geoffroi envoya au roi Jean des lettres de défi où il lui annonçait une guerre mortelle, et il tint parole. Après avoir mis ses châteaux en état de defense, il passa en Angleterre avec Philippe de Navarre, pour ménager une alliance avec Édouard, auquel il fit hommage, le 18 juillet, pour les fiefs qu'il avait dans le Cotentin, le reconnaissant comme roi de France. Toutes ses seigneuries furent aussitôt conquises par l'armée de Jean. Il ne tarda pas à paraître en Normandie avec Philippe de Navarre et le duc de Lancastre, à la tête de 4,000 combattants, et ravagea tout le plat pays de cette province, où ses vassaux se livrèrent à des actes d'une cruauté inouïe. Il porta le fer et la flamme jusque dans les faubourgs de Caen, SaintLô, Avranches, Coutances. Dans le mois de décembre, il rencontra près de SaintSauveur-le-Vicomte une troupe de chevaliers français supérieure à la sienne. Ses cinq cents hommes furent défaits après une résistance intrépide, et pour lui, il aima mieux se faire tuer que de se rendre. Saint-Sauveur et tous ses autres fiefs recurent garnison anglaise.

Louis d' Harcourt, vicomte de Châtellerault, avait refusé d'entrer dans le complot, et était resté fidèle au roi Jean, aussi fut-il toujours mal vu de sa famille. Il mourut en 1388, gouverneur et lieutenant général de Normandie.

Jean Vavait eu de son mariage avec Blanche de Ponthieu trois enfants qui formèrent autant de branches distinctes. L'aîné fut Jean VI, qui, en 1374, épousa Catherine de Bourbon, sœur puînée de Jeanne, épouse de Charles V.

Les mâles de cette branche finirent avec Jean VII, époux de Marie d'Alençon. Marie d'Harcourt, issue de ce mariage, par son alliance avec Antoine de Vaudemont, aïeul du duc de Lorraine René II, porta les biens de sa famille dans la maison de Lorraine.

Ce Jean VII, comte d'Harcourt et d'Aumale, mort en 1452, était cousin germain de Jacques d'Harcourt, baron de Mongommery, marié à Marguerite de Melun, comtesse de Tancarville, et qui lui causa de graves embarras. Un

T. IX. 21° Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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jour le comte vintirendre visite au comte Jacques à Aumale, « et le conte luy fist grant chière, dit Pierre de Fenin en ses Mémoires (année 1418), et après plusieurs parolles et recognoissance, messire Jacques, qui avoit induit aucuns de ses gens de ce qu'il voulloit faire faire, mist luy de sa personne la main au conte de Harecourt, et luy dist: « Monsei« gneur, je vous fais prisonnier du roy.»> Lors fut le conte bien esbahy et courchié(*), et dist: «Biau cousin, que voullez<< vous faire ? » Et messire Jacques respondy: « Monseigneur, ne vous desplaise, je ay charge du roy de vous mener vers luy,» et list messire Jacques prendre ledit seigneur de Harecourt par aucuns de ses gens, et le fit mener au Crotoi, et là le tinst grant temps prisonnier et en plusieurs aultres places, et mist garnison de par luy à Aumarle; et avecquez ce prinst tous les biens dudit conte de Harecourt à son prouffit; et disoient aucuns que c'estoit du consentement du fils au conte de Harecourt (Jean de Harcourt, capitaine général de Normandie, né en 1396, mort en 1424); car il ne mnist point de pourchas de ravoir son père. Ainssi tinst messire Jacques de Harecourt prisonnier le conte de Harecourt dempuis ce temps jusquez à ce que messire Jean fût mort. »

Quant à Jacques d'Harcourt, il continua à mener une existence fort aventureuse et turbulente. A la tête d'une troupe nombreuse, il alla, peu de temps apres cet infâme guet-apens, attaquer les Anglais au siége de Rouen, fut battu, et se tint ensuite au Crotoi, d'où il guerroya contre les Anglais. En 1420, il abandonna le parti de Philippe, duc de Bourgogne, dont il avait été un des amis les plus dévoués, parce que Henri d'Angleterre, allié de ce prince, retenait les terres du comté de Tancarville. « Il se tourna du parti au doffin (celui qui avait fait assassiner Jean sans Peur à Montereau), et avec lui se tournèrent moult de gentilz-hommes de Vimeu, de Ponthieu et d'ailleurs. » Jacques d'Harcourt fit une rude guerre aux Anglais et aux Bourguignons, jusqu'à ce qu'il fût assiégé dans son château du Crotoi (voyez ce mot) par les troupes qu'y envoya le duc de Bedford (1423). Une

(*) Courroucé.

trahison semblable à celle dont Jean d'Harcourt avait été victime, devait, sur ces entrefaites, lui tourner à mal, et terminer dignement sa carrière.

Quant il eut mis le Crotoi en composicion, et qu'il eut baillé hostages de le rendre au jour, il lessa ses gens dedens, et s'en alla pour quérir secours devers le roy Charles, comme il donnoit à entendre à ses gens. Mais il fist tout le contraire, car il s'en alla voier le seigneur de Partenay, son bel-oncle (oncle de sa femme), lequel luy fist grant chiere et grant honneur. Il avisa que ce seigneur avoit une puissante forteresse, et qu'elle luy seroit bonne s'il en pouvoit finer. Lors il se pensa qu'il feroit tant qu'il l'airoit, et print conclusion avec aucuns de ses gens, de prendre le seigneur de Partenay de par le roy Charles, et luy oster sa maison. Il revint à Partenay voier son oncle, lequel luy fist ancoire grant chière. Mais ce seigneur avoit esté averti du malvais tour que messire Jacques luy vouloit faire, et pour ce, se pourvei de gens pour résister à l'encontre, et les mist en lieu secret dedens son chastel (*). » Jacques fit comme avec son cousin; il mit la main sur le vieillard, en lui disant : « Bel oncle, je vous fais prisonnier du roi; » mais ici, à un signal donné, les gens du seigneur de Parthenay << saillirent tout armés sur messire Jacques et sur ses gens, et finablement les tuèrent tous. Ainsy fina messire Jacques de Harecourt sa vie, donc il fut peu plaint. >>

La branche issue du second fils de Jean V d'Harcourt s'éteignit avec le petit-fils de son auteur. Ses biens passèrent dans la maison de Longueville par l'union de Marie d'Harcourt avec Jean d'Orléans, comte de Dunois et de Longueville.

La troisième se subdivisa en deux rameaux: Harcourt d'Olonde et Harcourt-Beuvron. Plusieurs membres de la famille s'étaient distingués au moyen âge dans la carrière ecclésiastique. Tels furent Robert d'Harcourt, évêque de Coutances en 1293, mort en 1316; Raoul, son frère, chanoine de NotreDame, à Paris, archidiacre des églises de Rouen et de Coutances, chancelier de celle de Bayeux, conseiller de Phi

(*) Pierre de Fenin, année 1423.

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