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il n'obtint cependant que celui de Tripoli de Syrie, en 1802. C'est là qu'il mourut en 1812. On a de lui: 1° Deux lettres sur les Turcs, écrites de Constantinople en 1776; 2° la Maison de Molière, comédie en 4 actes, en prose, imitée de Goldoni, représentée en 1787 au Théâtre-Français, sous le nom de S. L. Mercier, à qui elle a été fausse ment attribuée; 3° Éloge d'Antonin le Pieux, 1786; 4° divers mémoires manuscrits sur la Sardaigne, sur les révolutions de Tripoli de Barbarie, sur la Cyrénaïque, etc.

GUYTON DE MORVEAU (Louis-Bernard), chimiste, naquit à Dijon en 1737. A l'âge de dix-huit ans, il remplissait la charge d'avocat général au parlement de Dijon; et l'on a de lui plusieurs plaidoyers et discours où il a montré les talents d'un véritable orateur et une érudition remarquable. D'ailleurs rien de ce qui se pensait alors ne lui fut étranger. Il a écrit sur l'instruction publique, sur l'histoire, sur la morale, sur les beaux-arts; il a même composé un poëme dans sa jeunesse. Mais son penchant le plus décidé le portait vers les sciences physiques. En 1774, lorsqu'il était membre et chancelier de l'académie de Dijon, il obtint la fondation d'une chaire de minéralogie et de matière mé dicale, qu'il remplit lui-même avec succès pendant treize ans. Il entretenait des relations suivies avec les principaux chimistes d'Europe. Il faut citer, comme son meilleur titre scientifique, sa découverte du pouvoir des fumigations de chlore contre les miasmes putrides. Par ce procédé de désinfection, il combattit avec succès un typhus mortel qui s'était répandu dans la ville de Dijon à la suite de l'ouverture d'un caveau de la cathédrale. La jalousie de ses confrères au parlement, et leur sot orgueil, qui se trouvait blessé de voir un homme de

matique. Il publia, en 1786, le premier tome du Dictionnaire de chimie de l'encyclopédie méthodique, et il obtint pour ce travail le prix annuel de l'Académie des sciences pour l'ouvrage le plus utile. Cependant la révolution ayant éclaté, Guyton, dont les principes avancés étaient connus, fut nommé député de la Côte-d'Or à la législature de 1791, et ensuite à la Convention. Homme simple, plein de douceur et d'humanité, vivant en patriarche, il ne recula devant aucune des rigueurs que lui commandait sa conscience. Ainsi il vota la mort de Louis XVI.

Guyton de Morveau contribua à la fondation de l'école polytechnique, et y professa pendant onze ans. La répu blique et l'empire utilisèrent ses connaissances dans de hautes fonctions ad ministratives; la restauration lui conserva les avantages qu'il avait obtenus sous les autres régimes. Elle n'osa le maintenir dans le poste d'administra teur des monnaies; mais elle lui offrit en compensation une pension équivalente à son traitement, et lui conféra en outre le titre de baron. Comment Guyton a-t-il pu accepter de tels bienfaits, lorsque ses collègues de la Convention étaient poursuivis de l'épithète de régicides et vivaient dans l'exil et le malheur. C'est ce que l'affaiblissement de ses facultés et de sa santé peut seul expliquer. Il mourut le 2 janvier 1816, à l'âge de soixante-dix-neuf ans, épuisé par une maladie de langueur.

Guyton a écrit un nombre considérable de mémoires relatifs aux arts et aux sciences, qui se trouvent insérés dans la grande collection des Annales de chimie. De tous ces travaux, qui sont bien dépassés maintenant, la découverte de l'usage du chlore est celui qui a le plus résisté à la critique. Nous mentiondu phlogistique, 1773; Éléments de nerons encore : Défense de la volatilité chimie théorique et pratique, 17761777, 3 vol. in-12; Description de l'aéros tat de Dijon, avec un essai sur l'ap plication de cette découverte à l'ex traction des eaux des mines, 1784, in 8°; Opinion dans l'affaire de Louis XVI, 1793; Traité des moyens de dé sinfecter l'air, in-8°, 1801, 2 et 3; Rapport sur la restauration du tableau

leur classe professer publiquement les sciences, lui suscitèrent tant de dégoûts, qu'il se défit de sa charge après charge après vingt-sept ans d'exercice. Ayant acquis alors plus de loisir, il se livra avec ar

deur à ses recherches. Il travailla de concert avec Lavoisier et quelques autres chimistes à créer une nomenclature, d'après une idée qu'il avait conçue le premier, appropriée à la théorie pneu

de Raphael, connu sous le nom de la Vierge de Foligno, 1802, in-4°. GYMNASTIQUE. C'est l'art de développer, par des exercices méthodiques, les facultés physiques de l'homme, de manière à lui donner à la fois la force et l'adresse. La gymnastique perfectionne les fonctions musculaires, que nécessitent les actes de la marche, du saut, de la course, de l'équilibre, de l'escalade, de la lutte, de l'escrime, de la natation, de l'équitation. Dans l'enfance des sociétés, elle constitua toute l'éducation de la jeunesse. Les gymnasiarques étaient même encore en grand honneur dans la Grèce, à l'époque la plus brillante de sa civilisation. Les exercices du corps formèrent la partie la plus importante de l'éducation militaire jusqu'à l'invention des armes à feu. A partir de cette époque, la force personnelle du soldat ne décidant plus, comme auparavant, du sort des combats, l'importance de la gymnastique diminua graduellement; elle disparut complétement avec les derniers tournois. Ce n'est pas, cependant, que les hommes de guerre ne reconnussent la nécessité de former encore le soldat à des exercices autres que le simple maniement des armes, car le maréchal de Saxe allait jusqu'à soutenir que « c'est dans les jambes qu'est tout le secret des manœuvres, des combats; » mais il n'existait plus de gymnastique réguliere.

Cependant, les philosophes et les philanthropes qui, dans le siècle dernier, agitèrent en théorie, ou essayèrent de mettre en pratique des systèmes nouveaux d'éducation, proclamèrent l'importance de la gymnastique. J. J. Rousseau et Pestalozzi démontrèrent même

l'influence qu'elle peut exercer sur le moral de l'enfant. S'appuyant sur les mêmes principes, le colonel Amoros est venu, depuis, réduire les exercices en un corps de doctrine. C'est lui qui, au commencement de 1818, établit chez nous le premier gymnase régulier. Plusieurs commissaires furent successivement nommés par le gouvernement pour examiner ses procédés. Le préfet de la Seine, Chabrol, fonda un gymnase d'éducation dans une institution

du quartier du Marais. Bientôt un gymnase spécial fut encore établi par les soins de l'autorité, pour l'instruction des corps des sapeurs-pompiers de la ville de Paris, création qui ne tarda pas à être suivie de celle d'un gymnase civil normal sur une vaste échelle. Pendant que cette nouvelle institution se fortifiait du patronage des ministres de l'intérieur, Laîné et Siméon, un essai de gymnastique militaire se faisait dans le regiment de garde royale en garnison à Courbevoie, et, le 4 novembre 1819, une décision du ministre de la guerre, Gouvion-Saint-Cyr, créait à Paris, dans le parc de Grenelle, un gymnase normal militaire.

Comme toutes les choses nouvelles, ou qui paraissent telles, l'enseignement de la gymnastique eut ses adversaires. La question de la suppression de l'allocation portée au budget fut même agitée à la tribune en 1829. Toutefois, le maintien en fut voté. Deux ans plus tard, on créait, en faveur du colonel Amoros, une inspection générale des gymnases militaires, et, en 1833, des gymnases divisionnaires étaient établis dans les places de Metz, Arras, Strasbourg, Lyon, Montpellier, Toulouse et Rennes. Les deux derniers ont depuis été supprimés; mais les cinq autres sont toujours en activité. Plus récemment, en 1840, deux décisions ministérielles ont organisé définitivement l'enseignement de la gymnastique dans tous nos régiments d'infanterie, et pourvu les casernes du matériel nécessaire pour les exercices les plus essentiels dans l'instruction du soldat. On voit quel succès a eu cette innovation dans les bataillons nouvellement organisés de chasseurs à pied.

L'utilité tant hygiénique que professionnelle de la gymnastique n'est plus mise en question par personne. Tous les établissements consacrés à l'éducation des jeunes gens, pour peu qu'ils aient la moindre importance, possèdent aujourd'hui un gymnase; et des exercices analogues, quoique nécessairement moins violents, entrent même, sous le nom de callisthénique, dans l'éducation des jeunes personnes.

T. IX. 19° Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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HAARBURG (prise de). Haarburg est une ville forte de Hanovre, située sur l'Elbe, à 12 kilom. sud de Hamburg. Au 15 avril 1813, le 1o corps de notre armée d'Allemagne, formé de 3 divisions d'infanterie, Dufour, Carra-SaintCyr et Dumonceau, était réuni entre Brême et Minden, et protégeait ainsi la ligne du Weser. Bientôt le général Vandamme, qui le commandait, ne se borna plus à tenir la défensive. Le 20, il marcha en avant, et pointa vers la rive gauche de l'Elbe, où les RussoPrussiens, depuis l'ouverture de la campagne, occupaient plusieurs points importants. Il poussa l'ennemi sur Rotzenburg, le 25; puis, après quelques affaires insignifiantes, son avant-garde arriva le 27 devant Haarburg. Une compagnie de voltigeurs du 152 régiment de ligne, composé tout entier de conscrits qui venaient de rejoindre, se présenta sous les murs de la place; un Sous-lieutenant, le nommé Roulle, et deux sous-officiers franchirent le fossé, abattirent le pont-levis, et les troupes françaises entrèrent sur-le-champ dans la forteresse, qui fut enlevée à la baïon

nette.

HABERT (François) naquit à Issoudun, en 1520, mourut vers 1561, et, dans l'espace d'une vie aussi courte, bien qu'il eût été forcé, par sa pauvreté, de perdre ses plus belles années chez un procureur, et ensuite dans l'emploi obscur de secrétaire auprès de plusieurs prélats, il trouva le loisir de composer un grand nombre d'ouvrages, aujourd'hui oubliés, mais autrefois célèbres. Les poésies et les traductions du Banny de Liesse, comme Habert s'appelait luimême, furent longtemps populaires; elles lui valurent même la protection de François Ier, et le titre de poëte royal à la cour de Henri II. Le temps a fait justice de son livre des Visions fantastiques, de son Temple de chasteté, et même de ses Héroïdes, où se rencontre cependant quelquefois de la grâce et de la légèreté. On ne conserve plus guère le souvenir que de quelques fables, imitées plus tard par la Fontaine, et rendues par lui immortelles.

H.

HABERT (Pierre-Joseph, baron), lieutenant général, né en 1773, entrà au service en 1792, comme capitaine au 4o bataillon de l'Yonne. Après avoir fait toutes les premières campagnes de la révolution, et subi quelques mois de captivité en Angleterre, il passa en Égypte comme aide de camp du général en chef pendant l'expédition de l'an Iv; léna, Eylau, Heilberg, furent ensuite pour lui de nouveaux théâtres de gloire. Créé général de brigade, le 18 février 1808, il servit dans l'armée d'Espagne, fit des prodiges de valeur au siége de Saragosse, à la journée de Marin, à Lerida, au combat de Salces, où, avec 1,800 hommes et 1 escadron de hussards, il battit 4,000 Espagnols et leur enleva des centaines de prisonniers, au col de Balaguer, où Suchet lui confia l'attaque du fort Saint-Philippe, à Tortose, à la bataille de Sagonte, etc. Après avoir rempli divers commandements aussi glorieux que périlleux à la retraite d'Espagne, il remit, le 25 avril 1814, d'après les conventions, la basse Catalogne et Barcelone au général espagnol. Il avait défendu son poste avec tant d'intrépidité qu'on l'avait surnommé l'Ajax de l'armée de Catalogne. En effet, il avait résisté à une attaque de 30,000 hommes du côté de la terre, tandis qu'une escadre anglaise le bloquait en mer. Le 29 juillet de la même année, il fut nommé grand officier de la Légion d'honneur, et il commandait depuis le 22 mars 1815 la 2o division territoriale, lorsqu'il fut appelé à l'armée du Nord par le retour de Napoléon. Il se battit avec son ancien courage à la bataille de Mont-Saint-Jean, et y fut blessé grièvement. Depuis cette époque, il vécut retiré du service.

HABILLEMENT. Voy. COSTUME. HABITATIONS PARTICULIÈRES. Bien que les monuments religieux et les palais résument les principes de l'architecture d'un peuple, il n'est pas sans intérêt d'étudier le développement de l'art dans la disposition de ses habita tions particulières. Là aussi se reflètent fidèlement les mœurs, les goûts, la civilisation des citoyens des villes. On l'a

a

dit avec raison, « l'architecture des habitations est à celle des monuments publics ce que la peinture de portrait est à la peinture historique, et, envisagée sous le point de vue philosophique, elle n'est pas d'une moindre valeur pour parvenir à la parfaite connaissance de l'individualité humaine, dont elle résume l'esprit et les sentiments les plus intimes. »

Pendant longtemps, les peuples de la Belgique et du midi de la Gaule eurent pour habitations des grottes taillées dans le flanc des montagnes, des cellules souterraines. Dans le reste du pays, les maisons, bâties en forme ronde, étaient faites, soit de pierres, soit de bois et de terre, c'est-à-dire, avec des poteaux soutenant de doubles claies d'osier, entre lesquelles des couches superposées de paille hachée, pétrie avec de l'argile, formaient une muraille solide. L'édifice était couvert d'un toit large, soutenu par des branchages légers, et couvert de chaume, ou de ces minces planchettes de bois, appelées aujourd'hui bardeaux. Aussi, dans les villes gauloises dont on a retrouvé des ruines, et notamment à Toull (Creuse), on n'a jamais découvert aucunes tuiles (*). La briqueterie et la tuilerie n'ont été connues des Gaulois que sous la domination romaine. César parle dans ses Commentaires de cabanes que ses soldats avaient construites en bois et couvertes de chaume, selon l'usage gaulois. Au reste, encore aujourd'hui, le système de couverture en chaume semble appartenir exclusivement à la France et à quelques contrées de l'Allemagne. On en chercherait vainement des exemples en Italie, en Angleterre, et chez la plupart des autres peuples européens.

Sous la domination romaine, les habitations gauloises s'améliorèrent sans doute beaucoup; mais on manque de données précises sur ces modifications.

(*) Les maisons gauloises trouvées à ToullSainte-Croix avaient de 9 à 12 pieds de diametre et étaient bâties en pierres brutes réunies par de la terre argileuse non gâchée. On n'y voit aucune trace de cheminée ni de fenêtre. Cependant un bas-relief du musée royal de Paris représente la hutte conique d'un Gaulois, avec une fenêtre parfaitement indiquée.

Cependant, quelques bas-reliefs du premier siècle de l'ère chrétienne prouvent que déjà, à cette époque, les Gaulois, voisins de la Provence et de la Narbonnaise, se construisaient des bâtiments carrés et à double faîte angulaire. Quelques-unes de ces maisons avaient même un étage au-dessus du rez-de-chaussée.

Quant aux demeures construites par les vainqueurs, elles durent nécessairement ressembler à celles qu'on retrouve encore dans les villes antiques de l'Italie; les découvertes que l'on a faites dans plusieurs parties du territoire, de fondations et de ruines de villas de l'époque gallo-romaine, ne peuvent laisser aucun doute à cet égard.

Pendant longtemps les habitations particulières conservèrent probablement les dispositions léguées par les Romains. Les fréquentes invasions des barbares, qui renversèrent la plupart de nos églises, ont dû aussi faire disparaître les constructions moins solides. Nous ne pouvons donc commencer qu'au onzième siècle la série de nos observations. Dans les premiers temps du moyen âge, les seigneurs et les prélats, vivant retirés dans leurs châteaux, il n'y avait dans l'enceinte des villes, si l'on en excepte de nombreux couvents, que des habitations peu importantes, de véritables maisons appartenant aux marchands, bourgeois et artisans.

Il reste encore un petit nombre de maisons romanes dans quelques villes du Midi, dans la Champagne, dans l'Orléanais, etc. Leurs distributions sont simples; les façades, percées de fenêtres en plein cintre, sont peu élevées et d'un style sevère. On voit aussi à Lyon, près de la cathedrale, à Beauvais, près de l'archevêché, des restes d'arcades qu'on suppose avoir appartenu à des habitations importantes du douzième siècle. La plus remarquable des maisons anciennes de la ville haute de Provins est une habitation romane qui se trouve dans la rue du Palais. La

façade fait un angle obtus au milieu de la largeur. Sur l'une des faces est une large ouverture à plein cintre, sur l'archivolte de laquelle on distingue encore les zigzags caractéristiques; au-dessus règne une corniche marquant la limite du rez-de-chaussée et du premier étage;

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elle supporte les pieds-droits de deux fenêtres à plein cintre, dont les arcs, en se joignant au point où le mur se courbe, tombent sur une colonne commune. En général, le premier étage de cette maison a, comme on le voit dans tous les édifices civils de cette époque, beaucoup plus d'ornements que la partie inférieure, réservée sans doute aux usages domestiques.

Une maison toute semblable se voit à Baugency, où elle est connue sous le nom de Maison du Temple. La même préférence pour les étages supérieurs se remarque dans une autre Maison du Temple, à Montrichard (douzième siècle), dans la maison dite de Clamecy, à Celles en Berry (treizième siècle). Perpignan, Reims et Metz possèdent aussi quelques maisons en pierre du treizième siècle; celles de Metz sont surmontées de créneaux qui leur donnent un aspect féodal tout particulier; leurs fenêtres sont à plates-bandes.

Quand ces demeures appartenaient à de nobles familles, des armoiries étaient sculptées au-dessus des rares fenêtres percées sur les façades.

Les bourgeois qui se donnaient ou recevaient des communes s'empressaient d'élever autour de leurs habitations, des murailles crénelées. Ces signes de liberté leur étaient souvent plus chers que leur argent; témoin cés habitants de Vezelay, dont M. Aug. Thierry a si bien raconté les révolutions intérieures au douzième siècle : « L'un des plus considérables parmi eux, nommé Simon, jeta les fondements d'une grosse tour carrée comme celles dont les restes se voient à Toulouse, à Arles et dans plusieurs villes d'Italie. Ces tours, auxquelles la tradition joint encore le nom de leur premier possesseur, donnent une grande idée de l'importance individuelle des riches bourgeois du moyen âge. Cet appareil seigneurial n'était pas, dans les grandes villes de commune, le privilége exclusif d'un petit nombre d'hommes; Avignon, au commencement du treizième siècle, ne comptait pas moins de trois cents maisons garnies de tours. »>

Les moines de Vezelay ayant repris l'avantage sur la commune, eurent soin, après avoir chassé les bourgeois,

de distribuer leurs archers et leurs serfs dans ces fortifications, et, au retour des émigrés, la question la plus difficile à résoudre fut celle de la démolition des forteresses bourgeoises. « L'affaire devint en quelque sorte européenne. Les légats du saint-siége s'en occupèrent, et le pape lui-même écrivit au roi de France, sur cet important objet, une lettre qui se terminait ainsi : « Attendu << aussi que les bourgeois de Vezelay, se «< confiant dans les fortifications de pierre « qu'ils ont élevées au-devant de leurs << maisons, sont devenus tellement inso« lents envers le susdit abbé, qu'il lui est « désormais impossible de rester dans « son monastère, nous prions Ta Magni« ficence de faire détruire ces maisons fortifiées, de rabaisser ainsi l'orgueil « de ces bourgeois. Cependant, loin de « démanteler leurs maisons fortes, quel« ques bourgeois s'occupaient même à << en continuer les travaux. » Enfin l'abbé fit marcher contre la tour de Simon une troupe de paysans commandés par des moines; la démolition, entreprise et exécutée sans qu'on opposât de résistance, décida la victoire en faveur de la puissance seigneuriale. Ceux d'entre les bourgeois qui avaient des demeures fortifiées donnèrent des otages pour garantie de la destruction de tous leurs ouvrages de défense.

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Le quatorzième siècle nous a légué peu de maisons en pierre, mais beaucoup d'habitations en bois, que l'on rencontre surtout dans nos provinces septentrionales. Elles se terminent géné ralement par un pignon aigu dont la saillie, supportée par deux pièces de bois- formant ogive, abrite les étages inférieurs souvent surplombants. Les pièces de bois de la charpente apparente font l'unique décoration de la maison; ordinairement on les peignait ou on les recouvrait d'ardoises pour assurer leur conservation; quelquefois ou y sculptait des figures bizarres et souvent obscènes. Une étroite entrée et une boutique qui restait sans clôture pendant le jour occupaient le rez-dechaussée.

Dans les maisons de pierre de la même époque, les fenêtres et les portes sont ordinairement en ogive, avec des tympans et des corniches plus ou moins

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