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alarmé, auquel le roi de Navarre avait fini par se joindre, rappela le duc de Guise, qui depuis quelques mois était en Lorraine ou en Alsace, agissant dans l'attente d'une guerre civile.

Son retour devait en donner le signal. Le dimanche, 1er mars, eut lieu le massacre de Vassy. (Voyez ce mot.) A la nouvelle de cet attentat, tout fut en feu d'un bout à l'autre du royaume, et le signal de la guerre civile fut donné. Le pouvoir royal, sans argent, sans armée, ne pût retenir les deux partis. Guise et Montmorency se mettent à la tête des catholiques. Les triumvirs, désormais les maîtres, se sai sissent de la personne de Catherine de Médicis et de celle du roi, les forcent à quitter Fontainebleau et à venir à Paris appuyer leurs actes de la sanction royale. En vain Catherine tend les bras au prince de Condé, qui, se voyant appuyé par près de la moitié des villes du royaume, propose la paix à condition que le gouvernement passera entre ses mains. La cour, sous l'influence du duc de Guise, rejette ses propositions, et le déclare criminel de lese-majesté. Il tient bon, prétendant que le roi n'est pas li

bre.

Le duc de Guise se trouvait, par ses talents et son influence, le chef naturel du parti catholique. Sans avoir été nommé général, il dirigea l'armée royale contre Rouen, et en quatre jours il emporta la place; mais il faillit y périr sous le poignard d'un protestant. C'est alors que le duc de Guise, faisant grâce à son meurtrier, lui adressa ces nobles paroles, en faveur desquelles bien des choses peuvent lui être pardonnées : Je veux vous monstrer combien la religion que je tiens est plus douce que celle de quoi vous faites profession; la vostre vous a conseillé de me tuer « sans m'ouïr, n'ayant reçu de moi aucune offense, et la mienne commande que je vous pardonne, tout convaincu << que vous êtes de m'avoir voulu tuer « sans raison. » Bientôt les deux armées furent en présence dans la plaine de Dreux. Les réformés se crurent vainqueurs d'abord, le connétable étant prisonnier. Le maréchal de Saint-André venait de périr, quand le duc de Guise accourut avec quelques troupes

d'arrière-garde et rétablit le combat. Un des chefs huguenots dit en le voyant paraître: «Voilà une queue que nous aurons de la peine à écorcher. » Aprés un choc sanglant, l'armée protestante fit retraite. Le duc de Guise avait déclaré d'abord qu'il ne combattrait que comme capitaine de ses gardes. La victoire de Dreux l'éleva plus haut que jamais; Montmorency était entre les mains des protestants, Condé entre celles des catholiques; Guise était vainqueur du parti opposé, et grandissait par les pertes du sien. Il fut nommé pour la troisième fois lieutenant général du royaume, et il résolut d'abattre d'un coup la faction des huguenots, en assiégeant Orléans, le centre de leur puissance (février 1563). Malgré le courage de Dandelot qui la défendait, la place allait succomber, lorsqu'un nouveau fanatique, Jean Poltrot de Merly, gentilhomme de l'Angoumois, résolut de sauver son parti par un crime. Dans la journée du 18 février, il se prépara par la prière à l'assassinat. Le soir, ayant en main un cheval d'Espagne qu'il avait acheté avec l'argent de Coligny, il attendit Guise au coin d'un bois, près du château de Corney, où le duc etait logé; il l'ajusta à six pas de distance, d'un coup de pistolet au défaut de la cuirasse, près de l'aisselle, et le blessa mortellement. François de Lorraine, duc de Guise, expira le 24 février 1563, emportant la réputation du plus grand homme de guerre de son temps. Sa mort fut un malheur pour la France, car il est probable que sa grande supériorité personnelle eût assuré promptement à son parti une victoire décisive. Guise, devenu le maître, aurait peutêtre renoncé à son zèle outré pour la foi catholique, et compris la nécessité de tolérer la réforme; mais il n'en vint jamais là, et au lieu d'avoir été l'arbitre et le modérateur des partis, il fut le provocateur des guerres civiles.

François de Guise avait épousé, le 4 décembre 1549, Anne d'Este, fille d'Hercule II d'Este, duc de Ferrare, laquelle se remaria en 1566 à Jacques de Savoie, duc de Nemours, et mourut le 17 mai 1607. Cette princesse joua un grand rôle dans les affaires de ce temps, et conserva une haine furieuse contre Co.

ligny, qui probablement n'avait point été étranger à l'assassinat du duc de Guise. De ce mariage, il naquit plusieurs enfants: Henri, qui fut duc de Guise après son père; Charles, qui fonda la branche de Mayenne; Louis, qui

succéda à son oncle le cardinal de Lorraine dans l'archevêché de Reims, en 1574, et fut créé cardinal sous le nom de Guise, par Grégoire XIII, le 21 février 1578: il périt avec le duc son frère aux états généraux de 1588; Catherine, mariée à Louis de Bourbon, duc de Montpensier, et qui se signala par ses fureurs dans le temps de la ligue.

En 1552, Henri II avait érigé, en faveur de François de Guise, la baronnie de Joinville en principauté.

Henri Ier, troisième duc de Guise, n'avait que treize ans quand son père fut assassiné. La duchesse sa mère présenta au roi une requête pour demander que Coligny fût mis en jugement. De son côté, l'amiral arriva avec une forte escorte; mais on imposa silence aux deux partis. D'ailleurs les Guises ne pouvaient pas grand' chose: le cardinal étant au concile de Trente, la famille n'avait pas son plus ferme appui. Quand Charles IX eut été déclaré majeur, les requêtes recommencèrent. Antoinette de Bourbon, mère des Guises, et Anne d'Este, veuve de François, se présentérent au roi en longs habits de deuil. Elles étaient suivies par les enfants du duc, par des femmes voilées qui faisaient retentir l'air de leurs cris et de leurs gémissements, et enfin par tous les parents et amis de la famille, également en deuil. Les deux duchesses se jetèrent à genoux aux pieds du roi, en criant Justice! Le roi déclara se réserver la connaissance de cette grande cause, et ordonna en même temps que la décision en serait suspendue pour le terme de trois ans. Mais cette justice si différée ne fut jamais rendue, et les Guises, dans leur implacable désir de vengeance, répondirent à l'assassinat par l'assassinat. Trois ans après, l'assemblée des notables de Moulins travailla à rapprocher les deux maisons. Ses efforts amenèrent une réconciliation mensongère, dans laquelle Anne et le cardinal embrassèrent l'amiral, s'engageant à oublier tout ressentiment

contre lui. Mais le jeune Henri, qui n'avait pas encore seize ans accomplis, quoiqu'il eût déjà fait une campagne contre les Turcs, trouva moyen de se dispenser de prendre part à cette réconciliation, et le duc d'Aumale en avait fait autant. Ainsi la rivalité des Guises et des Châtillons n'était que suspendue.

Pour qu'elle recommencât avec vivacité, il fallait laisser au jeune duc de Guise le temps de grandir et de s'illustrer. La valeur guerrière dont ce prince fit preuve en Hongrie, contre les Turcs; à Jarnac, à Moncontour, contre les huguenots, promettait qu'il serait le digne héritier de son père. En 1569, lorsqu'on eut appris que Coligny allait assiéger Poitiers, le duc de Guise et le duc de Mayenne son frère se jetèrent dans cette place avec un grand nombre de gentilshommes. « Ces grandes cités, disait l'amiral, sont les sépultures des armées. Il avait raison son armée fut obligée de quitter le siége après des pertes considérables. S'étant ainsi fait connaître, Henri annonça le projet de prendre la direction du parti catholique, et de rendre à sa maison l'influence qu'elle semblait avoir perdue. Quoique inférieur à son père pour la grandeur de l'ambition et pour la fermeté dans les vues, il possédait beaucoup de ses brillantes qualités. « Les avantages qui, même séparés, faisaient aimer chacun des princes lorrains, le duc de Guise les réunissait tous en lui seul air de dignité, belle taille, traits réguliers, port majestueux, regard doux quoique perçant, manières polies et insinuantes, enfin ce qui rendrait un grand l'idole de la nation, n'eût-il que ces qualités extérieures; mais Guise y joignait une bravoure à toute épreuve, et le talent rare de faire valoir ses exploits sans forfanterie; l'esprit du commandement; la discrétion sous l'air de franchise; l'art de se faire croire trop retenu, lors même qu'il agissait sans ménagement, et de faire penser qu'il n'était poussé que par le zele de la religion, quand il n'allait qu'à ses intérêts; aussi, pour me servir des termes d'un écrivain estimé, la France était folle de cet homme-là, car c'est trop peu dire amoureuse. Guise avait

de plus, en vraies vertus, de la grandeur d'âme, beaucoup de patience, une prudence jamais déconcertée par les événements, le coup d'oeil de maître dans les affaires, et la facilité de se déterminer, quoique l'étendue de son génie lui montrât toutes les difficultés. Point de lenteur, l'action allait chez lui comme la pensée. Le duc de Mayenne son frère l'exhortant un jour à peser quelques inconvénients avant que de prendre un parti: « Ce que je n'aurai pu résoudre en un quart d'heure, «pondit-il, je ne le résoudrai pas en « toute ma vie (*). »

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Tel fut l'homme que le catholicisme eut pour représentant dans les nouvelles guerres religieuses, et qui fut pour les Valois un sujet redoutable, un rival menaçant. Cependant, avant la SaintBarthelemy, Charles IX n'était point encore dominé par les Guises. Ceux-ci même murmuraient de voir passer au prince de Béarn Marguerite, sœur du roi, à la main de laquelle Henri de Guise avait eu des prétentions. Le cardinal de Lorraine s'en était expliqué hautement à l'ambassadeur de Portugal qui la demandait pour son maître. a L'ainé de ma maison, dit-il en parlant du duc de Lorraine, a eu l'aînée, « le cadet aura la cadette.» Cette arrogante prédiction ne se vérifia pas. Le roi, qui en fut averti, entra dans une grande colère, et le duc de Guise, qui craignait les éclats des terribles emportements de Charles IX, épousa précipitamment Catherine de Clèves. Ensuite se prépara le sombre drame de la SaintBarthelemy. (Voyez ce mot.) Le mécontentement des Guises était au comble de voir les Bourbons et Coligny reçus à la cour et conquérir la faveur royale. Ils se retirèrent brusquement. « C'étoit, disaient-ils, une chose odieuse qu'une famille qui avoit rendu de si grands services fût si peu considérée, et que, loin de venger la mort d'un homme qui s'étoit sacrifié pour la religion et pour l'État, on affectât d'accabler de bienfaits ses ennemis et ses assassins (1571). » Le duc de Guise alla dans ses domaines, le cardinal de

(*) Anquetil, Esprit de la ligue liv. v, t. II, p. 315.

Lorraine à Rome, et le duc de Mayenne à Venise. Mais Charles IX, qui ne voulait pas se livrer entièrement à Coligny et à son parti, rappela le duc de Guise à la cour (1572), engageant les deux factions à ne pas se livrer à leurs projets de vengeance. Mais les sombres intrigues de cette cour sanglante se dénouèrent enfin par un horrible massacre. On y préluda par des attentats particuliers. Le meurtre était un des moyens politiques de ces tristes temps. Il paraît que Catherine eut un moment l'idée de massacrer les chefs de tous les partis; mais les Guises eurent l'art de tourner cette fureur contre ceux qu'ils détestaient. Un régiment des gardes étant entré dans Paris, « Charles IX, dit Davila, donna au duc de Guise commission d'exécuter ce qui avait été prémédité entre eux, » c'est-à-dire, qu'il l'autorisait à tuer Coligny, croyant seulement laisser un libre cours aux vengeances de famille, car Guise n'avait jamais déposé l'idée que c'était Coligny qui avait fait assassiner son père. Mais, dans l'intention des conspirateurs, le massacre de Coligny, avant tous les autres, était la conséquence d'une combinaison plus profonde. Ce coup devait être le signal du massacre de tous les protestants. On sait que Coligny fut frappé par Maurevel le 20 août 1572. Il échappa, et les huguenots firent entendre des propos menaçants: Charles IX, irrité des insultes faites à son pouvoir, écouta sans répugnance les projets de ses conseillers. Dans le conciliabule de sang qui décida la SaintBarthélemy, et où il y avait quatre Italiens, la reine mère, Nevers, Retz et Birago, le duc de Guise proposa de comprendre dans le massacre le roi de Navarre et le prince de Condé, son cousin; mais on s'y opposa. Davila blâme cette indulgence comme avant fait perdre tous les fruits d'une résolution qu'il regarde comme le chef-d'œeuvre de l'habileté et de la hardiesse.

Le samedi soir, 23 août, Guise alla trouver Charron, président de la cour des aides, qui venait d'être nommé prévôt des marchands, et lui donna ordre, de la part du roi, de tenir prêts 2,000 bourgeois armés; les bourgeois, animés par le fanatisme et leur dé

vouement au duc de Guise, montrèrent la plus ferme résolution. Dès que le roi eut donné le signal, le matin du dimanche, 24 août, les ducs de Guise et d'Aumale, suivis d'environ 300 soldats, coururent à la maison de l'amiral. On sait la mort courageuse de Coligny, et la joie infernale du duc de Guise, qui, ayant assouvi sa haine, n'en continua pas moins à exciter ses soldats au meurtre des huguenots. Il alla même jusqu'à poursuivre ceux qui échappaient, et courut après eux jusqu'à Montfort-l'Amaury, d'où il revint chercher d'autres victimes. Un tel forfait, loin de nuire à ses auteurs, les éleva encore plus haut qu'ils n'étaient dans l'opinion des catholiques. Malgré tout ce que fit Charles IX, il ne put empêcher le duc de Guise d'en emporter toute la gloire, et d'être regardé des lors par les catholiques comme le sauveur, le vrai défenseur de la foi. Il est vrai que la cour le repoussait comme trop dangereux, mais il n'en devenait que plus cher à la multitude. Dans la quatrième guerre civile qui éclata après la Saint-Barthélemy, Henri de Guise fut écarté du commandement, que l'on confia au duc d'Anjou. La conspiration des politiques, qui compliqua encore les dissensions du royaume, eut lieu sans la participation du duc de Guise, qui détestait le maréchal de Montmorency, un des personnages du complot.

Après la mort de Charles IX (1574), Catherine de Médicis, redevenue puissante, songea à travailler à l'abaissement des Guises et à inspirer cette résolution à Henri III; et quand ce prince fut revenu de Pologne et qu'il eut concerté avec sa mère la conduite qu'ils devaient tenir à l'intérieur, le cardinal et le duc de Guise, admis au conseil pour la forme, s'aperçurent bien qu'ils n'étaient pas dans le secret de la politique nouvelle. La mort du cardinal de Lorraine, qui eut lieu quelque temps après (29 decembre 1574), fut considérée d'abord comme ôtant à la faction des Guises l'ascendant qu'elle avait eu jusquelà. Mais le roi était tombe dans un souverain mépris à cause de l'infamie de sa conduite, et l'autorité royale ne se releva pas. Le duc d'Alençon, frère du roi, et tout l'ancien parti des politi

ques, reprennent les armes. Une armée de rebelles marche sur la Champagne, dont le duc de Guise était gouverneur. Thoré, qui la commande, se trouve bientôt enveloppé près de ChâteauThierry par le duc de Guise, à la tête de forces superieures. Jugeant toute retraite impossible, il attaque le premier, le 10 octobre 1575, ceux qui lui fermaient le passage entre Damery et Dormans. Sa troupe est mise en déroute. (Voyez DORMANS [combat de).] Ce fut là qu'un soldat huguenot lui ajusta dans le visage un coup d'arquebuse qui lui fracassa la mâchoire. Dès lors Henri, duc de Guise, porta, comme son père, le surnom de Balafré.

Cependant les efforts des catholiques restaient toujours inutiles : chaque défaite des huguenots était suivie d'une paix avantageuse. Le duc de Guise, reconnaissant dans ces résultats la politique de Catherine et de Henri II, resolut de les mettre hors d'état d'agir, en se plaçant à la tête d'un parti qui lui serait plus dévoué qu'au roi de France, et par lequel il serait roi lui-même. Dès lors (1576) commence l'organisation de la ligue. On prétend que le cardinal de Lorraine concerta la ligue après la bataille de Dreux dans le concile de Trente; mais s'il imagina quelque chose, l'exécution ne réussit pas alors, et s'il se forma de petites ligues particulières vers 1563, le gouvernement put les réprimer. La vraie ligue date donc de 1576, et commence en Picardie. Le maréchal d'Humières, à l'instigation du duc de Guise, proposa une association aux catholiques de son gouvernement. Les jésuites en dresserent le manifeste, et un jeune gentilhomme de la province, nommé Haplincourt, se chargea de la faire signer; et au bout de quelques mois, cette association puissante put équiper 26,000 soldats et 5,000 cavaliers, tout prêts à répondre à l'appel du duc de Guise, le chef, l'âme de l'union.

Tandis que le dernier des Valois, plongé dans le mépris, et réduit à l'impuissance, laissait le pouvoir s'échapper de ses faibles mains, le duc de Guise ne se donnait plus la peine de dissimuler ses pretentions, et s'apprêtait à reclamer pour lui l'héritage de Charlema

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gne, dont il se prétendait le descendant. Un mémoire adressé au pape Grégoire XIII, composé par un avocat du parlement de Paris nommé David, étant tombé entre les mains des protestants, fut publié par eux, et dévoila tous les projets des Guises, que l'organisation de la ligue ne pouvait que faire soupçonner. Ce mémoire attribuait tous les malheurs de l'Église en France à Hugues Capet, sur lequel ne s'était point étendue la bénédiction accordée par le siége apostolique à Charlemagne et à ses descendants. « Les Capétiens, di⚫ sait-il, en cherchant à se rendre indépendants des papes, avaient soutenu << cette erreur abominable qu'on nomme « en France les libertés de l'Eglise galli« cane; ils avaient protégé tous les hérétiques contre le glaive de l'Église; ils avaient, par de lâches traites de paix, rendu inutiles toutes les victoi«res remportées sur la réforme. Aussi « la justice de Dieu avait frappé les descendants de Hugues Capet; la branche aînée, sans vertu, sans honneur, « sans talent, n'avait plus même assez « de vigueur pour vivre et se propager; « on voyait mourir les uns après les autres les fils de Henri II sans enfants; « la branche cadette s'était abandonnée << à l'hérésie; elle y persistait avec obsti« nation, et méritait ainsi l'exécration « des fidèles. Mais pendant ce temps, la race de Charlemagne avait grandi; les ducs de Lorraine, descendants de Charles, le dernier des Carlovingiens, étaient les vrais représentants de ce grand monarque; ils étaient toujours couverts de la bénédiction apostolique; ils avaient persisté dans la foi et l'obéissance du saint-siége, ⚫ en même temps qu'ils brillaient de toutes les vertus des chevaliers, et la France ne serait heureuse que ⚫ quand ils remonteraient sur le trône, auquel ils assureraient de nouveau la benédiction de l'Église (*). »

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On suppliait donc le pape d'accorder son appui au duc de Guise pour interrompre la succession des Capétiens. Le duc, chef de la ligue, devait diriger la convocation et les délibérations des états généraux, y poursuivre la con(*) Sismondi, Histoire des Franç., t. XIX, p. 389.

damnation du frère du roi, uni aux hérétiques, « et l'exemple très-saint et « pientissime du roi catholique, en l'endroit de son propre fils unique, « seroit suivi. Au même jour paraîtront « les forces de la ligue pour se saisir, << tant du frère du roi que de tous ceux << qui l'auront accompagné dans sa mal« heureuse entreprise... Chacun en son « ressort courra sus aux hérétiques, lesquels ils passeront au fil de l'épée, << et s'empareront de leurs biens pour « être employés aux frais de la guerre... « Et finalement, par l'avis et permission « de Sa Sainteté, le duc de Guise fera << enfermer le roi et la reine dans un « monastère, comme Pepin son ancêtre « fit à Childeric. »>

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Henri III ne douta plus du danger qui menaçait son trône; il se réveilla un instant, et montra quelques talents dans la lutte difficile qu'il soutint à Blois contre des états généraux composés de ligueurs ou de catholiques dévoués aux Guises. Il jura et signa la sainte ligue espérant y balancer l'influence du duc de Guise, et rallier le parti autour du trône, puis il la proscrivit dans l'édit de Bergerac ou de Poitiers, qui terminait la sixième guerre civile, après avoir reconnu qu'il ne trouvait dans les ligueurs que des ennemis. Les partisans du duc de Guise cherchèrent à maintenir la ligue proscrite par l'édit de Poitiers, tandis que Henri III retenait autour de lui une partie des seigneurs en les faisant entrer dans l'association royale de l'ordre du Saint-Esprit, qu'il créa le 31 décembre 1578. Mais la faiblesse de son gouvernement, la honte de sa vie privée, l'absence de toute vigueur, de toute prudence, de toute bonne foi, assuraient le succès de la ligue, qui se répandit dans toutes les classes de la société, même là où elle avait été rejetée d'abord. En 1581, la ligue fit les plus grands progrès : « Beaucoup de sujets du roi, dit un contemporain, étoient agités par le vent de la ligue, qui, secrètement et par sous main, ourdissoit toujours son fuseau; ils tendoient comme à la rébellion, s'y laissant transporter par les charges qu'on leur mettoit sus (*).» La mort du duc d'Anjou,

(*) Lestoile, p. 111, édit. Michaud.

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