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cle. Mais ce qu'il faut remarquer dans la carrière de ce premier duc de Guise, que ses descendants ont fait oublier, c'est qu'il jeta les fondements de leur grandeur, en leur ouvrant la voie qu'ils devaient si glorieusement parcourir, et en commençant la popularité de sa maison. Ainsi, son frère Antoine lui ayant demandé son secours contre les bandes de paysans que la réforme avait soulevés, et qui ravageaient toutes les provinces du Rhin, Claude les combattit et les écrasa avec un zèle et une rigueur barbares, commençant ainsi la lutte des siens contre la réforme, et leur alliance avec l'Église romaine (voyez BoOURES). En 1544, Charles-Quint avant pénétré en France, s'empara de Saint-Dizier, d'Épernay et de Château-Thierry. Déjà Paris était menacé, et l'effroi régnait dans ses murs, lorsque François 1er or

des

sonnages du royaume. Les deux frères étaient protégés par la duchesse de Valentinois. Aimés de Henri II, leur influence sur l'État allait devenir grande dans une cour où il n'y avait que ambitieux vulgaires et pas de vrais politiques; mais Claude et Jean moururent en 1550, le duc au mois d'avril, le cardinal au mois de mai. Claude avait épousé, en 1513, Antoinette de Bour bon, fille aînée de François de Bourbon, bisaïeul de Henri IV.

François de Lorraine, duc d'Aumale, succéda dans le titre de duc de Guise à son père Claude; et Charles son frère, cardinal de Guise, prit le ti tre de cardinal de Lorraine, qu'avait porté son oncle, dont il recueillit presque tous les riches bénéfices. Le troisieme frère, Claude, gendre de Diane de Po tiers, prit le titre de duc d'Aumale. Trojs autres frères furent, l'un archevêque de Sens et cardinal de Guise, l'autre, grand prieur et général des galeres de France, et le dernier, marquis d'Elbeuf. C'est de René, marquis d'Elbeuf, que vinrent les branches d'Armagnac, de Brionne, de Lillebonne, d'Harcourt, de Marsan, de Pons, et les princes de Lambesc. Ainsi, d'un seul tronc sortait une fe conde végétation d'habiles et de vaillants hommes qui, remplissant la cour, l'armée et l'église, y devinrent domide Guise, fut pair et grand veneur de nants, et arrivèrent par des tentatives France, comte d'Aumale, marquis de hardies à deux pas du trône. De plus, Mayenne et d'Elbeuf, baron de Join

donna au duc Claude d'aller à Paris rassurer les habitants, empêcher leur désertion, et prendre des mesures pour leur sûreté. Claude s'acquitta de ce soin avec tant d'habileté, que le nom de Guise commença à devenir cher à la population. François 1er, pour reconnaître les services de Claude, érigea, en

janvier 1527, le comté de Guise en duché-pairie, et en février 1544, la baronnie de Mayenne, avec Sablé et la FertéBernard, en marquisat. Claude 1o, duc

ville, gouverneur de Champagne, de

Brie et de Bourgogne. Sous Henri II, il conserva la même faveur, et il en usa largement pour accroître sa fortune, et mettre en état sa nombreuse famille. Vieilleville, dans ses Mémoires, s'élève

une fille de Claude, Marie, avait épousé

mere de Marie Stuart. Ainsi la race des Guises s'alliait avec les familles royales avant de chercher à se ranger parmi

elles.

François de Lorraine, deuxième duc contre l'avidité du duc de Guise. « Ils de Guise, était né au château de Bar, étoient quatre, dit-il, qui le (le roi) dé

voroient comme un lion sa proie, jus

qu'à lui ravir ce qu'il avoit donné à ses

le 17 février 1519. N'étant que due

par son courage et son habileté. Per

domestiques pour en pourvoir les leurs, dant l'invasion de Charles-Quint, il de avoit six enfants, qu'il fit tres grands; rent prendre. Brave, généreux, noble savoir le duc de Guise, Claude, qui fendit Stenay, que les Impériaux ne pu

le connétable avec les siens ; la duchesse

et imposant de taille et de figure, il de Valentinois, avec ses filles et gen- exerçait sur tous un ascendant irresis

dres; et le maréchal de Saint - André, etc. »>

tible. Son ambition était aussi grande que ses talents; non content d'être

que de Reims et de Lyon, frère de

Jean de Lorraine, cardinal, archevê- l'homme supérieur du royaume, il vou lut être le maître de l'État, et travailla Claude, était aussi un des premiers per- pendant 13 ans à le devenir. Forts de

leur crédit, les Guises, en 1550, débutèrent par la disgrâce de Pierre Lizet, premier président du parlement de Paris, qui les avait offenses en leur refusant le titre de prince; car, disait-il, ils pouvaient être princes lorrains, mais le parlement ne reconnaissait que des princes français. Lizet fut donc renvoyé, une créature des Guises mise à sa place, et le parlement assoupli par ce changement. Tous les anciens ministres de François Ier avaient été écartés du pouvoir; il ne restait que le chancelier Olivier, dont l'influence était diminuée de jour en jour, en sorte que les Guises avaient le champ libre. Les services signalés rendus à la France par le duc de Guise, dans la nouvelle lutte qu'elle eut à soutenir contre Charles-Quint, firent sa renommée aussi grande que son ambition. Henri II s'était emparé de Metz, et avait contribué au succès de Maurice de Saxe et de la ligue protestante d'Allemagne, qui avait enfin abaissé Charles-Quint et obtenu la liberté religieuse. Mais par une lâche perfidie, les chefs protestants abandonnerent Henri II à la vengeance du vieil empereur, qui vint encore une fois tenter la fortune, et menacer la France d'une dernière invasion. Henri II, pénétrant les projets de son adversaire, confia la défense de Metz, sa nouvelle conquête, à la bravoure et aux talents de François de Lorraine, qui vint s'enfermer dans cette ville le 17 août, suivi d'une nombreuse noblesse, jalouse de se signaler sous les yeux d'un favori qui était en même temps un habile géneral. Le duc de Guise commença par compléter les fortifications de la ville, et il en éleva de nouvelles. Pierre Strozzi et Camille Morini dirigeaient les travaux. Guise donnait l'exemple de l'activité; souvent il portait lui-même la hotte, et le marquis d'Elbeuf, Biron, la Rochefoucauld, Randan, Nemours, Gonnor, Martigues et le vidame de Chartres suivaient son exemple. Il fit demolir tout ce qui pouvait nuire à la defense, et tout était prêt lorsque Charles-Quit mit son armée en mouvement. Le 19 octobre, le duc d'Albe vint investir la place, tandis que l'Empereur était forcé, à cause de sa mauvaise santé, de s'arrêter à Thionville, d'où,

sans écouter les représentations de ses généraux sur les dangers d'un siége si tardif, il pressait l'attaque de Metz. Le duc d'Albe en dirigea les opérations avec ardeur (*). Sa nombreuse artillerie ouvrit de larges brèches dans les murailles; mais derrière elles, de nouveaux remparts avaient été élevés d'avance sous les ordres du duc de Guise. Quelquefois les assauts étaient repoussés avec perte, et le découragement des Impériaux devint tel, qu'on ne pouvait plus les décider à attaquer. Le 20 novembre,. l'Empereur se fit porter dans son camp, pour exciter ses troupes par sa présence; mais Enghien, Condé, les deux fils de Montmorency, et d'autres encore parmi les seigneurs de la cour, étaient venus joindre les assiégés, et dirigeaient les sorties. La défense prévalut enfin sur l'attaque, et après avoir tiré onze mille coups de canon, Charles, désespérant de vaincre, voyant ses soldats enfoncés dans la fange glacée, et moissonnés par les maladies qui, s'il faut en croire les historiens contemporains, lui avaient enlevé trente mille hommes, se résolut, le 1er janvier 1553, à lever le siége. Guise ajouta à l'éclat de sa victoire par son humanité. Les malades abandonnés par le duc d'Albe, dans la précipitation d'une retraite désastreuse, furent charitablement recueillis et soignés par le duc et par toute la noblesse, à son exemple. « M. le duc, dit Vincent Carloix, secrétaire de Vieilleville, en fit porter plus de soixante à l'hôpital, pour les faire traiter et guérir; et à son exemple, les princes et seigneurs firent de semblables actions, si bien qu'il en fut tiré plus de trois cents de cette horrible misère; mais à la plupart il falloit couper les jambes, car elles étoient mortes et gelees. » Le duc de Guise se distingua encore dans cette guerre; au combat de Renti, il repara, à la tête de la cavalerie, un échec que les Français venaient d'éprouver, et rétablit la bataille par une charge impétueuse où il écrasa les reitres et les lansquenets impériaux.

Après ces exploits, le duc de Guise se crut assez grand pour aspirer à une

(*) Voyez la relation du siége de Metz, par Bertrand de Salignac de la Motte Fénelon.

couronne. C'est le sort des cadets des maisons souveraines, quand ils ont du génie et de l'ambition, de se sentir humiliés de leur condition inférieure, et de chercher à réparer l'injustice de la naissance par la gloire et les entreprises aventureuses. Les Guises songèrent à représenter la seconde maison d'Anjou, dont ils descendaient par les femmes; ils élevaient des prétentions tant sur la Provence que le royaume de Naples, et ils s'étaient alliés au duc de Ferrare, dans l'espoir de faire valoir leurs droits sur le royaume des Deux-Siciles. Ils avaient ensuite contracté une étroite union avec les Caraffa, neveux du pape Paul IV, dans l'espoir que l'un d'eux, le cardinal de Lorraine, succéderait à ce vieux pontife, et que l'autre, avec l'appui du saint-siége, monterait sur le trône de Naples. En même temps, ils affectaient un zèle outré contre l'hérésie, et n'entretenaient tour à tour Paul IV et Henri II que des moyens d'introduire l'inquisition en France. Le vieux connétable de Montmorency, jaloux de la grandeur naissante de François de Guise, ne s'opposa pas à ses desseins en Italie, dont il croyait qu'il ne se tirerait pas avec honneur. La trêve de Vaucelles n'interrompit la guerre que pour en préparer une nouvelle. Diane de Poitiers seconda les projets des Guises, et la guerre fut résolue de nouveau dans le conseil du roi, le 31 juillet 1556.

Le duc de Guise prit congé du roi à Saint-Germain, le 17 novembre 1556, et au commencement de janvier 1557 seulement, il était entré en Piémont. Son armée ne s'élevait pas en tout à quinze mille hommes, dont plus de la moitié étaient des Suisses. Quoique cette armée parût bien faible pour aller conquérir un royaume à l'extrémité de l'Italie, l'épuisement était tel de part et d'autre, qu'elle inspira une grande terreur. Le cardinal de Trente, gouverneur de Milan, rendit aux Milanais des armes que la jalousie soupçonneuse des Espagnols leur avait enlevées, espérant les intéresser à la défense. Guise s'annonçait comme le libérateur de l'Italie; mais au lieu de chasser de la Lombardie les Allemands et les Espagnols, plus pressé d'atteindre le but de son

ambition que de réaliser ses promesses, il marcha rapidement vers les États de l'Église, tandis que le pape, encouragé par son approche, déclarait la guerre à Philippe II, qui comptait sur le duc d'Albe pour défendre le royaume menacé. Mais le zèle de Paul ÏV était impuissant, et ses neveux les Caraffa ne pouvaient remplir envers le chef francais les engagements qu'ils avaient contractés. Les vivres, les munitions qu'ils avaient promis n'arrivaient pas, les soldats pontificaux reçulaient, les Abruzzes restaient tranquilles. Guise cependant passa la frontière (15 avril 1557), et le 24, il vint assiéger Civitella. Pendant le siége, le duc d'Albe rassemblait son armée à Giulia-Nova, et venait inquiéter les soldats du duc de Guise. Chaque jour on annonçait une attaque, et la position des Français devenait de plus en plus difficile. Enfin le défenseur de Metz fut obligé de lever le siége de Civitella, et eut la honte d'échouer devant une bicoque. Dans son dépit, il s'en prit aux neveux du pape. Un jour qu'il était à table avec Antonio Caraffa, marquis de Montebello, la dispute s'échauffa tellement entre eux, que, selon les uns, il l'accusa d'avoir volé ses soldats, selon d'autres, il lui jeta son assietté à la tête. Mais cette querelle ne pouvait amener une rupture, car Paul IV avait besoin de François de Guise pour repousser le duc d'Albe, qui menaçait ses États. Pendant qu'il guerroyait contre le duc d'Albe, François de Guise reçut une lettre de Henri II, qui lai annonçait le désastre de Saint-Quentin, et qui le rappelait avec son armée pour venir sauver la France. « Partez done, << lui dit le pape, après de vains efforts « pour le retenir, partez done; aussi « bien avez-vous fait peu de chose pour « le service de votre roi, moins encore « pour l'Église, et rien du tout pour << votre honneur.»

L'impression que produisit cet échec éprouvé dans une expédition lointaine, fut bientôt effacée par l'éclat nouveau dont le duc de Guise se couvrit à son retour en France. Pour relever sa gloire et l'honneur du pays, il conçut une entreprise vraiment nationale, et l'exécuta avec un rare bonheur. Marie, reine d'Angleterre et épouse de

Philippe II, avait contribué aux désastres de la France, Guise résolut de l'en punir en enlevant aux Anglais la ville de Calais, qu'ils possédaient depuis la bataille de Crécy. Le 1 janvier 1558, il se présenta inopinément devant le pont de Nieullay, à mille pas de Calais, et sen empara d'emblée. Le 4, une large brèche fut ouverte près de la porte de la rivière. Le 5, la vieille citadelle fut emportée d'assaut, et le 8, la ville capitula, et fut livrée le lendemain. Lord Grey, qui commandait dans Guines, se rendit le 20 janvier, et la garnison de Ham s'enfuit précipitamment. Les Anglais ne possédaient plus un pouce de terrain dans le royaume. Après ces heureuses entreprises, qui achevaient de rendre le duc de Guise cher à la nation, ce prince consolida son crédit à la cour en faisant conclure le mariage de sa nièce, Marie d'Écosse, avec le dauphin François. Quelque temps après, le cardinal de Lorraine eut avec Granvelle une entrevue dans laquelle ils se lièrent d'une amitié intime, et jetèrent les fondements de cette alliance des Guises avec la maison d'Espagne qui dura pendant tout le cours des guerres civiles. Les hostilités ayant recommencé, Guise s'empara de Thionville, et quand, grâce à ses exploits, la France eut été relevée de la honte de Saint-Quentin, il fut permis à Henri II de conclure la paix honorable de Cateau-Cambrésis (1559).

A la mort de Henri II, la faiblesse de François II livra le gouvernement aux mains des. Guises. Dès lors, renonçant à leurs projets de grandeur au dehors, ils s'attacherent exclusivement à s'affermir à l'intérieur, et à devenir les maîtres de la France. Le duc et le cardinal, les deux chefs de la maison de Guise, se voyaient tout-puissants et entourés de solides appuis. Leur nièce était reine de France; leur sœur était reine régente d'Ecosse; leur neveu, beau-frère du roi, était duc de Lor

raine; deux des frères étaient cardinaux, un autre était grand prieur de Malte; une alliance intime avait été formée entre eux et le cabinet d'Espagne; enfin ils s'annonçaient comme les chefs du catholicisme, se désignant par la comme les représentants d'un des deux partis dont la lutte allait déchirer

la France. Catherine de Médicis, qui voulait prendre part au pouvoir, s'attacha au parti des Guises, qui disposèrent des hautes fonctions de l'État. Le cardinal prit l'administration des finances, le duc de Guise se chargea du département de la guerre; le reste fut donné à leurs partisans, à l'exclusion des Bourbons, des Châtillons, des Montmorencys. Raconter complétement l'histoire des Guises à cette époque, ce serait faire l'histoire générale de la France pendant les troubles civils et religieux qui éclatèrent après la mort de Henri II. Il faut donc seulement indiquer la suite des événements, sans entrer dans les détails, afin de faire comprendre l'influence des Guises sur les destinées du royaume, et pour montrer la part qui leur revient du bien ou du mal de cette triste époque.

La réforme avait brisé l'unité religieuse du moyen âge. Presque tous les Etats européens, pénétrés par l'influence des idées nouvelles, se voyaient divisés en deux partis, dont l'un persécutait l'autre quand les forces étaient inéga les, ou qui se préparaient à une lutte sanglante là où celui qui était attaqué pouvait se défendre. En France, les deux partis étaient en présence. Les protestants formaient la minorité; mais ils avaient pour eux l'avantage de la richesse, l'appui politique des grandes familles rivales des Guises, l'ardeur d'une conviction nouvelle, et la nécessité de vaincre pour conquérir le droit de croire comme ils l'entendaient. Ce parti était formé surtout de la petite noblesse et de quelques villes du Midi et de l'Ouest. Les villes populeuses du royaume étaient restées catholiques, et Paris, la plus grande de toutes, était le centre que les Guises avaient choisi pour leurs opérations. Quand on les vit à la tête des affaires, tous ceux qu'ils en avaient exclus se réunirent, et avant d'en appeler à la guerre civile, ils eurent recours aux complots pour les renverser. Les ambitieux de cour et les huguenots, qu'avait irrités le supplice d'Anne Dubourg, résolurent de s'emparer de la personne du roi, d'usurper à main armée l'autorité royale, et d'obtenir, selon les dessins de chacun, le gouvernement de l'État, les dignités et les pen

sions, ou la liberté de conscience. La conspiration d'Amboise fut organisée. Les chefs, Coligny et Condé, se dissimulèrent derrière un agent actif, instrument utile et dévoué de leur ambition, qui parut l'âme de toute l'entreprise. Le complot échoua devant Amboise (mars 1560). Les Guises exterminèrent ceux qui tombèrent entre leurs mains, immolèrent une foule d'obscures victimes, n'osant pas encore s'en prendre aux véritables chefs, et ajour nant avec prudence l'abaissement définitif des maisons de Bourbon et de Châtillon.

Cette tentative ayant échoué, ne servit qu'à rendre le duc de Guise plus puissant que jamais. Le malheur du temps était que la royauté s'effaçait de plus en plus, et que les partis prenaient sa place. Sous un roi majeur, le duc de Guise se fit déclarer lieutenant général du royaume, et se fit déférer la puissance des anciens maires du palais. Il proposa ensuite à son frère d'établir l'inquisition, non telle que Henri II l'avait introduite, avec des restrictions capables de paralyser son action, mais avec l'extension terrible qu'elle avait reçue en Espagne. On résolut d'anéantir les réformés, en ne leur laissant d'autre alternative que l'abjuration ou la mort. L'Hôpital essaya en vain de combattre les mesures du parti lorrain; les factions furent plus fortes, et ecartant tous les obstacles, se trouvèrent de nouveau en présence. Les Bourbons et Montmorency, avec l'assentiment de Catherine, négligée par les Guises, arrêtèrent d'enlever Poitiers et Tours, de soulever Paris, la Picardie, la Bretagne, la Provence, de tuer les Guises et de se saisir du gouvernement. Poussés par Condé, les huguenots se révoltèrent en diverses provinces, et firent une tentative sur Lyon. Les Guises, de leur côté, corrompirent les électeurs, et obtinrent aux états généraux d'Orléans, décrétés par l'assemblée de Fontainebleau, une majorité dévouée d'avance à leurs intérêts, et, au besoin, à leurs crimes. Les princes de la maison de Bourbon furent attires à Orléans, sur la parole du roi qu'ils y seraient en sûreté. Ils y vinrent en 1560, le 29 octobre. Après une réception plus que froide, le roi, poussé

par le duc et le cardinal de Guise, ordonna l'arrestation de Condé et du roi de Navarre. Apres un tel éclat, les Guises ne pouvaient s'arrêter. Ils nommėrent une commission pour juger le prince de Conde; et le duc de Guise, irrité des retards que le prince savait susciter, s'écria un jour : « Il ne faut pas souffrir « qu'un petit galant, pour prince qu'il « soit, fasse de telles bravades. Le pouvoir des Guises était devenu si grand, que rien, même les crimes, ne pouvait plus leur coûter pour le conserver. Aussi, quand le jeune roi Francois II, qui n'avait fait que languir sur le trône, eut été atteint d'une maladie que l'on jugea mortelle, ils osèrent proposer à la reine Catherine de s'associer à eux pour consommer la perte du prince de Condé et du roi de Navarre; mais Catherine, prévoyant que les Guises resteraient ses maîtres, aima mieux suivre les conseils modérés de l'Hopital, et signa même un traité secret avec les Bourbons. Enfin, le 5 décembre 1660, François II mourut.

Catherine devint régente au nom de Charles IX, et les Guises se trouvèrent confondus avec les autres partis de la cour, le roi de Navarre, Montmorency, Saint-André; ce qui était une defaite après tant de grandeur. Aussi le cardinal de Lorraine se retira-t-il à Reims. Le duc de Guise resta à la cour pour lutter contre le roi de Navarre, qui avait définitivement pris le dessus; et, oubliant ses anciennes inimitiés, il forma avec le connétable et le maréchal de

Saint-André la ligue appelée le triumvirat (1661), pour contre-balancer les Bourbons et arrêter les réformes de la nouvelle administration. En effet, les factions, qui vivaient des désordres de P'Etat, voyaient avec crainte les résultats des sages et patriotiques mesures de l'Hôpital, qui relevait le pouvoir royal, et préparait insensiblement le rapprochement des deux religions, en faisant triompher les principes de la tolérance. L'édit de janvier 1562 parut à tous ceux qui avaient intérêt à voir les deux religions aux prises, soit une funeste indulgence, soit une insuffisante concession. Condé, les armes à la main, se préparait à établir le culte protestant dans Paris même, et le triumvirat

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