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peuple intelligent et brave, y avaient régné quatre-vingt-dix ans. Ils étaient tombés parce que, haïs des basses classes comme ariens, indifférents aux hommes éclairés, ils n'avaient point pris racine dans les populations.

2o La Guienne sous les Francs. L'Aquitaine conquise devint successivement le lot de Clodomir, roi d'Orléans ; de Clotaire, de Charibert, roi de Paris; de Chilpéric (voyez GALSUINTHE) et de Sigebert. Sous ces deux derniers rois et sous leurs enfants, elle fut le théâtre de guerres continuelles. Fatiguée de tant de ravages, elle embrassa avec chaleur la cause du prétendant Gondovald, que soutenaient les leudes et les évêques des provinces méridionales.

Nous avons raconté ailleurs (voyez GASCOGNE) les incursions et les progrès des Wascons dans la Novempopulanie. Le reste des provinces aquitaniques sut conquérir une indépendance presque aussi complète que ce peuple guerrier et sauvage. Placées plutôt dans la condition de provinces tributaires que sous celle de pays conquis, elles arrivèrent peu à peu à former entre elles, pendant la lutte de la Neustrie et de l'Austrasie, des ligues fédératives, défendant leur commune indépendance. L'Aquitaine austrasienne secoua le joug dès le règne de Dagobert, et la seconde Aquitaine suivit la révolte de la Novempopulanie, où régnaient les ducs gas

cons.

Les invasions des Arabes appelèrent cependant les Austrasiens dans l'Aquitaine, qui n'avait pas demandé leur secours (voyez Eudes), et qui leur préférait les brillants guerriers de l'Orient. Dès lors ce furent de continuels ravages de la part des Francs pendant un quart de siècle. Il restait néanmoins assez de force à ces provinces pour que Charles Martel ne les mentionnât pas dans son testament. Waifer, que Hunald ou Hunold (voyez les noms de ces ducs), son père, avait laissé très-jeune à la tête du duché d'Aquitaine, joua le même rôle qu'Eudes son aïeul; il intervint comme médiateur armé dans les querelles des chefs d'outre-Loire; mais il hâta en même temps l'asservissement de sa patrie. Pepin lui fit une guerre d'extermination qui dura huit années.

Après la mort de ce roi, Hunold reparut sur les champs de bataille pour combattre Charles. Il fut vaincu, et Charlemagne conquit définitivement l'Aquitaine. (Pour les destinées de ce pays, jusqu'au règne de Louis le Bègue, on a donné des notions suffisantes dans l'article AQUITAINE.)

L'héritier de la domination franque en Aquitaine fut Bernard de Septimanie, possesseur de la Gothie, du duché d'Aquitaine, du comté de Poitiers, et des comtés d'Autun et de Bourges. Son fils Ranulfe prit le titre de roi d'Aquitaine. Mais sa royauté finit avec lui, et les successeurs de Ranulfe se contentèrent des titres plus modestes de comtes de Poitiers et de ducs d'Aquitaine.

3° La Guienne sous les ducs indépen dants. La Guienne eut dix chefs nationaux, dix ducs, depuis Ranulfe jusqu'à Guillaume X. Mais la plupart ne méritent guère de figurer dans l'histoire, et ne sont connus que par les chartes des monastères qu'ils ont fondés, ou par les récits des légendaires; car plu sieurs d'entre eux sont inscrits au nombre des saints. Nous ne parlerons avec détail que des deux derniers, célèbres, l'un par son talent pour la gaie sci nce et par son existence aventureuse, l'autre par sa fille Éléonore. Nous nous contenterons de donner les noms de leurs prédécesseurs: Ebles le Bátard (902932), Guillaume III Tête d'Etoupe (932-963), Guillaume IV Fier à Bras (963-990), Guillaume V le Grand (990-1029), Guillaume VI le Gras (1029-1038), Eudes (1038 - 1039), Guillaume VII le Hardi (1039-1058), Guillaume VIII (1058-1087).

Au commencement du douzième siè cle, Guillaume, VII comte de Poitiers et IX duc d'Aquitaine, dont nous avons déjà parlé comme d'un célèbre trouba dour (voyez Guillaume IX d'AQUITAINE), était le seigneur le plus puis sant du Midi. A ses deux fiefs, il joignait la Gascogne, réunie à l'Aquitaine en 1037 par un mariage (voyez GASCOGNE), et parmi ses vassaux il comp tait des seigneurs considerables: les comtes d'Angoulême, de Périgord, d'Auvergne, de la Marche. Guillaume était un chevalier accompli, brave, galant, dévot. Malgré cette dernière qua

lité, il encourut une double excommunication: la première fois, pour avoir fait assaillir à coups de pierres un concile dont les évêques menaçaient d'excommunier le roi de France; la seconde, pour avoir, au retour d'une croisade malheureuse, affiché un libertinage effréné, réunissant ses maîtresses en congrégation, leur distribuant les titres de prieure, d'abbesse, etc., répudiant son épouse et enlevant celle du vicomte de Châtellerault. A peine excommunié, il repartit, non plus pour la Palestine, mais pour l'Espagne, où il se joignit à Alphonse le Batailleur, roi d'Aragon, pour combattre les Arabes.

Une autre guerre l'attendait dans son duché (1123). Depuis quelques années, il formait des prétentions au comté de Toulouse au nom de sa femme, fille de Guillaume IV, qui, avant de partir pour la terre sainte, avait laissé son domaine à son père. Guillaume IV étant mort, Guillaume d'Aquitaine avait dépossédé du fief de Toulouse le neveu du comte; et cette violence n'avait pas empêché les Toulousains de reconnaître pour leur seigneur le prince dépouillé, ni les comtes de Foix, de Comminges et le vicomte de Nîmes, de prendre les armes en sa faveur. La guerre dura, avec des chances diverses, jusqu'au 10 février 1127, que Guillaume IX mourut laissant un fils âgé de vingt-huit ans.

1127. Guillaume X eut une carrière aussi obscure que la vie de son père avait été brillante. Il se laissa enlever jusqu'à sa femme, sans voir dans cette insulte autre chose qu'une punition du ciel pour ses péchés. Ayant accompagné, en 1136, Geoffroi Plantagenet (voyez ce mot) dans son expédition de Normandie, il eut un tel remords des pillages et des sacriléges de ses bandes, qu'il resolut de se vouer désormais tout à la pénitence. Il mourut en 1137 dans un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Avant son départ, il avait nommé sa fille Éléonore héritière du duché, à condition qu'elle épouserait Louis de France, fils de Louis le Gros. On sait que cette union ne fut pas heureuse (voyez ÉLÉONore de Guienne), et que la magnifique dot de la duchesse fit du futur héritier du trône d'Angleterre, déjà duc de Normandie, le mai

tre de tout le territoire de la France contigu à l'Océan, depuis l'embouchure de la Loire jusqu'au pied des Pyrénées.

4° La Guienne sous la domination anglaise.-Henri ayant prêté hommage à Louis VII, pour l'Aquitaine et le Poitou, renouvela les prétentions de ses prédécesseurs, du roi de France luimême, sur le comté de Toulouse. Après le traité de paix qui intervint, les barons aquitains, à qui la domination anglaise était insupportable, firent une tentative de révolte contre Henri, et se mirent sous le patronage de la France (1168). A peine les eut-il réduits, qu'il repartit pour l'Angleterre, dont il laissa le gouvernement à Éléonore et au comte de Salisbury. Alors éclata une nouvelle révolte dans la quelle Salisbury fut tué. Chevaliers et bourgeois n'attendaient qu'une occasion favorable de secouer le joug; les querelles domestiques des Plantagenets la leur offrirent bientôt. En 1174, ils profitèrent de l'éloignement et des embarras de Henri II pour se soulever en plus grand nombre qu'auparavant, piller, rançonner les seigneurs, les prélats du parti opposé (1174). Quoique abandonnée par son chef, Richard Coeur de Lion, la ligue nationale ne fit que se fortifier. Cette résistance irrita Richard, qui, pendant deux ans (11751177), dévasta, avec les armées de son père et de son frère Geoffroi, les terres de ses anciens défenseurs, depuis Limoges jusqu'aux Pyrénées. En 1183, le pays, à peine soumis, s'insurgea de nouveau, et le roi de France se mêla de la querelle. La mort de Geoffroi et quelques concessions ayant réconcilié les Plantagenets, il fut convenu que Richard garderait jusqu'à sa mort le duché d'A• quitaine, moins le Poitou (1184). Enfin, la guerre qui désolait ce pays cessa au départ de Philippe-Auguste et de Richard pour la terre sainte (1190). Elle se ranima à l'avénement de Jean sans Terre. Mais, soit inconstance, soit mécontentement causé par les ravages des Français, les Aquitains revinrent bientôt en foule dans les rangs du roi d'Angleterre (1206), et les partisans du roi Philippe furent chassés de la Gujenne. L'influence que les rois de France acquirent ensuite dans le Languedoc, après

la pacification de l'Albigeois, menaçait les peuples d'Aquitaine d'un prochain asservissement. Alphonse, frère de Louis IX, et héritier du comté de Toulouse, ne tarda pas à s'attirer les hostilités des feudataires du duché. La défaite de Taillebourg, sans amener Louis IX jusqu'à Bordeaux, fit beaucoup de mal à la cause de l'Angleterre.

L'insolence des agents de Henri III excita, en 1250, une nouvelle révolte en Aquitaine. Après un an d'une rude guerre, Montfort, comte de Leicester, soumit les insurgés, que commandait Gaston de Béarn; mais ses violences furent telles, que les villes et les seigneurs, fidèles à l'Angleterre, demandèrent instamment le rappel du gouverneur. Leicester mit fin à ces doleances en faisant entrer en Guienne des bandes nombreuses de mercenaires français, navarrais et brabançons. La guerre recommença avec une nouvelle vigueur. Une députation, composée de l'archevêque de Bordeaux et des principaux bourgeois aquitains, alla tenter auprès de Henri un dernier effort, menaçant d'en appeler au roi de France. Comme le roi tenait à ménager la ville de Bordeaux, qui lui valait annuellement 1,000 marcs d'argent, il somma Montfort de se justifier devant le conseil des pairs; mais l'accusé n'obéit que pour insulter le roi, et retourna plus arrogant que jamais dans ses provinces continentales."

Les mécontents se déclarèrent alors dégagés de tout lien de vassalité envers le roi d'Angleterre. Un grand nombre

mandés par Gaston), sans les secourir dans leurs efforts héroïques, mais malheureux. Il maria même sa sœur avec Édouard, héritier présomptif de Henri. A la vérité, il s'occupa au moins de réconcilier les barons révoltés avec le roi d'Angleterre, et le jeune Édouard, dont l'Aquitaine forma l'apanage, sut mériter l'affection générale.

Les affaires de Gascogne ainsi arrangées, Henri envoya des ambassadeurs à Vincennes, demander à Louis IX passage dans ses États, afin de ne pas retourner entièrement par mer à Londres, « ce qui, disait-il, lui causait toujours une fâcheuse indisposition. "

Ce prince éprouvait un vif désir de se rapprocher de son beau-frère, de l'entretenir d'affaires personnelles et de voir surtout Paris. Mais il n'osait le témoigner ouvertement, humilié qu'il était peut-être des souvenirs de Taillebourg et de Saintes, et craignant l'effet produit en France par sa conduite équivoque, pendant l'absence de Louis. Il prefera recourir à la courtoisie du roi de France. Il ne se trompait point, car une pres sante invitation fut la réponse de Louis. L'accueil le plus amical, le plus splendide, lui fut fait, ainsi qu'à ses barons et à ses prélats.

Le voyage de Henri cachait un but politique dont il s'ouvrit à Louis, des qu'ils purent s'entretenir sans témoins. Il s'agissait de la restitution d'une portion de la Normandie, enlevée à Jean sans Terre, et dont, prétendait-il, Philippe-Auguste avait promis le retour à la couronne d'Angleterre. Loin de le nier, le petit-fils de Philippe, dans sa conscience scrupuleuse, partageait cette conviction, car il répondit au monarque anglais : « Plust à Dieu que les douze pairs et mon baronnage consentissent a à vous céder! Certes, serions amis pour toujours; ains jamais ne l'ob« tiendra-t-on de mes barons! » Les deux souverains passèrent ensemble huit jours en grant affection et muniant tous ceux qui troubleraient la privauté. Après leur séparation, Henri tranquillité de son royaume (1253). s'enhardissant par degré, ne craignit Alphonse, roi de Castille, avait ac- plus d'envoyer à Louis une ambassade cepté des rebelles la souveraineté de la qui devait le sommer de restituer, non

de villes et de forteresses entrèrent de gré ou de force dans la révolte. Henri voyant le danger si imminent, destitua Leicester, convoqua le ban et l'arrièreban de son royaume, et parvint, malgré la répugnance de ses barons et de son peuple pour la défense des possessions d'outre-mer, à amener en vue de Bordeaux, qui tenait encore pour lui, une flotte de 300 gros navires. Il avait en outre obtenu du pape un rescrit, excom

Gascogne; toutefois, quand arriva l'armée anglaise, il eut peur, et laissa combattre les Gastonais (les insurgés com

«

seulement la Normandie, mais encore l'Anjou, la Touraine, le Poitou, le Berry, la Saintonge, le Périgord, le Quercy,

le Limousin, toutes les provinces enfin injustement confisquées, disait-il, sur Jean sans Terre, par l'arrêt rendu en

1203.

Les mandataires arrivèrent en France en septembre 1257. Les négociations furent tour à tour rompues et reprises, car les barons de France persistaient dans un refus positif à l'ambassade, qui réclamait en outre l'hommage de la Bretagne, de l'Auvergne, de la Marche et de Angoumois.

Enfin, Louis ayant insensiblement disposé les esprits à se prêter à un arrangement honorable, une partie du parlement et des seigneurs les plus influents consentirent à renouer les pourparlers. Henri, mieux conseillé, se relâcha de ses prétentions, et après que les intérêts réciproques eurent été longuement debattus par ambassadeurs, Louis se décida à sceller un traité ainsi conçu (*):

a

Le roi de France cède à son bon ami et féal Henri d'Angleterre tous « ses droits sur le Limousin, le Périgord « (où il existait une vicomté); les re« venus de l'Agénois (ancienne dépendance de Guienne), d'aprés l'évaluation « qui en sera faite par les bons hommes; << une portion du Quercy, et la partie « de la Saintonge enclavée entre la Cha<< rente et l'Aquitaine, avec la réserve a de l'hommage lige dû à ses frères.

« Il n'inquiétera point Henri pour le « passé, sur le défaut de services et au* tres charges semblables; il promet en« core à son vassal de lui donner, pen« dant deux ans, cinq cents chevaliers, ■ que le prince anglais doit mener à la a suite de son suzerain contre les infidèles et mécréants, s'il ne préfère en « recevoir la solde en argent.

ע

-a De son côté, Henri renonce à « tout jamais à la possession de la Noramandie, des comtes d'Anjou, du Maine, « du Poitou, de la Touraine, du Ponthieu; il doit faire hommage au roi de

() Math. Paris, Actes de Rymer, Rapin Thoyras, Dom Plancher, Hist. de Bourgogne; Godefroi, Notes mss. extraites du dépôt d'Arras; Félibien, Histoire de Saint-Denis; Guizot, Cours d'hist, moderne; Dom Doublet, Ant, et recherches sur Saint-Denis; Beugnot, Essai sur les établissements de saint Louis.

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Les Anglais éprouvèrent un violent dépit à l'annonce de ce traité, ratifié définitivement d'abord par Richard Plantagenet, puis, le 10 avril 1258, par Henri III, et ensuite, le 28 mai, par Louis IX. Ce partage n'obtint pas, il est vrai, l'assentiment général, surtout dans les provinces cédées à l'Angleterre; elles se plaignirent amèrement; les bourgeois des cités de Périgord et de Quercy, soumis à un subside en faveur du roi anglais, « s'en trouvèrent même si marris, dit un vieil historien, qu'oncques depuis n'affectionnèrent le monarque et ne le festèrent, quand fut ca

nonisé. »

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La même année, Henri voulut venir ratifier cet important traité en personne, et se rendit à Abbeville, où se trouvaient le roi et les états. Là, il se reconnut encore vassal de Louis pour toutes ses possessions du continent, et prit place parmi les pairs, en qualité de duc de Guienne.

Les provinces qui lui étaient ainsi cédées composèrent, dès lors, le duché d'Aquitaine ou de Guienne, comme on disait plus communément. Bien que cette dénomination s'étendît à la totalité des possessions anglaises en France, on s'habitua cependant à l'appliquer plus spécialement, et ensuite exclusivement au territoire voisin de Bordeaux, cheflieu du duché; peu à peu enfin, on n'appela plus Guienne que les trois sénéchaussées de Bordeaux, de Bazas et des Landes.

Dans le cours de l'année 1292, les Anglais, par un acte de violation du droit des gens, donnèrent occasion à Philippe le Bel de sommer Édouard de

comparaître devant les pairs, et, sur son refus, l'Aquitaine fut confisquée en vertu d'un arrêt. Quelques villes furent occupées à main armée par les Français jusqu'en 1302.

La guerre recommença, en 1324, entre la France et l'Angleterre, pour une dispute de suzeraineté sur le seigneur de Montpezat, en Agénois. Charles le Bel entra en Guienne, et prit les principales villes, excepté Bordeaux,Bayonne et Saint-Sever. Toutefois, comme à l'ordinaire, les hostilités finirent par une prestation d'hommage d'Édouard, qui recouvra ses villes. Nous ne parlerons pas en détail de la guerre qui s'alluma ensuite entre les couronnes rivales de France et d'Angleterre, guerre longue et sanglante qui ne devait se terminer qu'après tout un siècle de calamités. Tout le monde connaît assez les désastres de Crécy et de Poitiers, le traité ruineux qui rendit la liberté au roi Jean, les victoires de du Guesclin, les succès diplomatiques de Charles V. Nous nous contenterons de rappeler les faits où les Aquitains conservèrent un caractère national, et ceux qui influèrent d'une manière décisive sur les destinées de leur pays.

Charles V, décidé à relever la France de l'affront du traité de Brétigny, ayant préparé silencieusement ses ressources pendant cinq années, saisit l'occasion que lui fournissait l'appel des seigneurs gascons, mécontents de la tyrannique administration du prince Noir, et cita Edouard III devant la chambre des pairs, pour our droit sur les griefs et complaintes émus de par lui. Edouard, quoique malade, était trop fier du souvenir de ses grandes victoires, pour répondre autrement que par des menaces. C'était combler les vœux du roi de France, qui n'attendait qu'un prétexte pour lui déclarer la guerre. Toutefois, avant de s'engager dans les hasards d'une si grande entreprise, Charles V crut devoir s'assurer du vœu national, et il convoqua les états généraux.

Le 9 mai 1369, ces états se réunirent, et ils déclarèrent que le roi avait suivi les règles de la justice, qu'il n'avait pu rejeter l'appel des Gascons, et que, si les Anglais l'attaquaient, ils lui feraient

une guerre injuste. Du Guesclin par son épée, les agents, politiques de Charles V par leur habileté, firent ensuite si bien que la Guienne fut en peu de temps conquise tout entière, à l'exception de Bavonne et de Bordeaux.

C'est de cette période que datent, pour l'Aquitaine, les plus importantes concessions de priviléges. Dès le commencement de la guerre, les rois de France avaient essayé de gagner les Aquitains ou de les diviser, en promettant aux barons l'impunité de leurs méfaits, aux bourgeois des franchises mu nicipales. Charles V surtout multiplia ces actes de libéralité, et le roi d'Angleterre se vit forcé de les confirmer, de les surpasser même, et, en général, les villes libres d'Aquitaine préférérent sa domination à celle des Français, qui passaient, dans tout le Midi, comme hostiles aux institutions municipales.

Les factions rivales des princes, la lutte sanglante des Bourguignons et des Orléanistes, divisèrent aussi la Guienne. Ce fut même à l'audace et à la passion des partisans aquitains et gascons du comte d'Armagnac, beau-père du due d'Orléans, que la faction de ce prince dut son changement de nom. Cependant la rapidité des conquêtes de Charles VII et le caractère merveilleux de cette restauration frappèrent de terreur les Anglais et leur parti. La Normandie rentrée sous l'obéissance du roi de France, ce fut le tour de la Guienne, dernière province restée aux Anglais. Là, on se souvenait encore de la longue antipa thie qui avait séparé la France du midi de celle du nord, et les seigneurs surtout trouvaient bien mieux leur compte à la domination d'un prince étranger, dont l'éloignement était une garantie pour leur indépendance, qu'à la suzeraineté bien autrement redoutable du chef de la monarchie française. Le comte de Dunois n'eut pourtant presque partout qu'à montrer son armée en Guienne pour réduire cette province. Bordeaux, après toutes les autres villes du duché, traita de sa soumission, mais en stipulant pour le maintien de ses anciennes libertés, et s'assurant le bienfait d'une amnistie générale.

Le 23 juin 1451, Dunois se présenta avec la brillante et nombreuse compa

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