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le terrain, partout fangeux, ne permettait pas aux tirailleurs d'arriver, et Tormasof jugea avec raison n'avoir rien à redouter sur sa droite. A gauche, c'est-à-dire, aux abords du plateau de Padubne, l'action continua tout le jour avec acharnement. Enfin, vers le soir, Reynier ordonna une charge générale, que secondèrent plusieurs bataillons autrichiens, qui réussirent à traverser le marais. Cette double attaque eut un plein succès, et le plateau fut enlevé. La nuit seule empêcha Rey. nier de poursuivre ses avantages. Le 7 corps coucha sur le champ de bataille, tandis que Tormasof repliait son armée par Zavjuvie et Tevele sur Kobrin. La perte des Russes s'éleva à 4,000 morts et 500 prisonniers, celle des AustroSaxons ne fut que de 2,000 hommes. Le 13, dès la pointe du jour, Reynier se mit à la poursuite des vaincus, atteignit leur arrière-garde à Strichova, les battit encore, et les mena l'épée dans les reins jusqu'à Rotno, où ils n'arrivèrent qu'après avoir abandonné sur la route la plus grande partie de leurs bagages.

GORRIS (Jean de), Gorræus, célèbre médecin, né à Paris en 1505, mort en 1577, a laissé, entre autres ouvrages fort remarquables pour son temps: Hippocratis jusjurandum, de arte, de antiqua medicina, gr. lat., cum scholiis, Paris, 1542, in-4°; in Hippocratis librum de medico adnotationes, ib., 1543, in-8°; Hippocratis de genitura et natura pueri, ib., 1543, ín-4°; Nicandri theriaca, grec-latin, ib., 1549, in-8°, et 1557, in-4°; Galeni in prognostica Hippocratis, libri sex, Lyon, 1552, in-12; Definition. medicar., lib. XXIV, Paris, 1564, 1622; Francfort, 1578, 1601, in-fol., trèsestimé.

GORRIS (Pierre de), père du précédent, né à Bourges, et médecin à Paris, a publié Praxis medic., Paris, 1555, in-16; Formulæ remediorum Paris, 1560, in-16, etc., imprimées aussi dans l'édition de 1622 des Definitionum, etc., de Jean Gorris.

GORRON, petite ville du département de la Mayenne, arrondissement de Mayenne, population: 2,228 hab. Cette ville doit son nom et son ori

gine à un ancien château possédé par les seigneurs de Mayenne. En 1069, elle fut prise par Guillaume le Conquérant. En 1137, elle fut rendue à Juhel de Mayenne par Geoffroi le Bel, comte de Touraine, d'Anjou et du Maine, à condition que Juhel l'aiderait dans son expédition contre l'Angleterre et la Normandie. Artus, duc de Bretagne, en fit, vers 1199, une nouvelle cession au petit-fils de Juhel. Le château a été presque entièrement détruit, et est remplacé aujourd'hui par une halle. Gorron, dont la juridiction s'étendait sur six paroisses, et qui avait le titre de baronnie, faisait partie du diocèse du Mans, du parlement de Paris, de l'intendance de Tours et de l'élection de Mayenne.

GORSAS (Antoine-Joseph), journaliste et député à la Convention, était né à Limoges en 1745. Il embrassa d'abord la carrière de l'enseignement, et tint un pensionnat à Versailles; mais, en 1788, il fut, à ce que rapporte la Biographie des contemporains, enfermé à la Bastille, sous le poids du soupçon d'avoir corrompu les mœurs de ses élèves. Les rigueurs dont il fut l'objet en cette circonstance l'irritèrent vivement, et contribuèrent sans doute à l'exaltation républicaine qu'il manifesta dès les premiers jours de la révolution. D'abord rédacteur du Courrier de Versailles, il s'attacha, dans cette feuille, à dévoiler les intrigues et les imprudences de la cour, et vint, le 4 octobre 1789, lire au Palais-Royal un article qu'il avait inséré dans le numéro de ce jour; article dirigé contre la famille royale et les gardes du corps, qu'il accusait d'avoir foulé aux pieds la Cocarde nationale dans leur fameux repas de la veille. Le bruit de cette profanation s'étant aussitôt répandu d'un bout à l'autre de la capitale, et le peuple soulevé se disposant tumultueusement à en tirer vengeance, Gorsas fut l'un des chefs de l'insurrection, et conduisit à Versailles l'une des colonnes qui assiégèrent le château, et forcèrent Louis XVI de venir résider à Paris. Lui-même, dès lors, transporta son journal à Paris, sur le champ de bataille de la révolution. Il en changea le titre en celui de Courrier des départe

ments, et continua de se distinguer par une polémique révolutionnaire des plus véhémentes. Il prit une part importante à la journée du 20 mai, tant par ses discours dans les rassemblements des Tuileries, que par son journal. Au 10 août, il fit partie du comité insurrectionnel qui prépara et dirigea les mouvements décisifs de cette journée. Ce zèle républicain, dont la pureté est aujourd'hui suspecte, recommanda Gorsas aux électeurs de Seine-et-Oise, qui le nommèrent député à la Convention nationale. Il se rangea d'abord parmi les membres les plus avancés; mais bientôt il s'éloigna de la Montagne pour se rapprocher de la Gironde. Dans le procès du roi, il vota pour l'appel au peuple, ensuite pour la détention pendant la guerre, et le bannissement au retour de la paix, sous peine de mort. Par une contradiction difficile à expliquer, il rejeta le sursis. Dans le courant du mois de février, il attaqua, dans son journal, Marat, la Commune et la Montagne. Ses sorties violentes l'exposèrent à la fureur du peuple. Le 8 mars 1793, une multitude exaspérée se porta à son domicile, et brisa ses presses, tandis que la Convention décrétait que les députés journalistes seraient tenus d'opter entre leurs fonctions législatives et la rédaction des feuilles publiques. Malgré cette dernière résolution, Gorsas et Brissot d'un côté, Marat et Camille Desmoulins de l'autre, continuèrent d'écrire dans les journaux et de siéger parmi les représentants de la nation. Mais les événements du 31 mai survinrent, et Gorsas fut compris dans la proscription de la Gironde. Outre les torts qui lui étaient communs avec le parti girondin, Gorsas en avait de plus graves qui lui étaient propres, s'il est vrai, comme on a lieu de le croire, qu'il fut l'un des agents de la conspiration orléaniste. Il se réfugia dans le Calvados avec quelquesuns de ses amis, et y souffla vainement avec eux le feu de la guerre civile. L'insurrection fédéraliste fut étouffée à sa naissance, et ses promoteurs mis hors la loi. Gorsas osa néanmoins revenir à Paris, après la dispersion de l'armée du général royaliste Wimpfen; il eut même l'imprudence de se mon

trer, en plein jour, au Palais-Royal. Arrêté incontinent, et traduit au tribunal révolutionnaire, il fut exécuté le 7 octobre 1793, et subit sa peine avec courage. Il avait publié un écrit satirique, intitulé: L'Ane promeneur, ou Critès promené par son âne.

GORZE, petite ville du département de la Moselle, arrondissement de Metz, population: 1,981 habitants.

Cette ville a été longtemps célèbre par une abbaye de l'ordre de Saint-Benoft, fondée, dit-on, en 749, par Chrodegrand, évêque de Metz et petit - fils de Charles - Martel. Elle a été souvent prise et saccagée. En 1385, Valeran de Saint-Paul la prit d'assaut, et la livra au pillage. En 1441, des aventuriers français s'en emparèrent pour la dévaster. Vers le milieu du siècle suivant, Gorze étant devenu le quartier général des protestants, le duc de Guise s'en rendit maître (1553). Mais les troupes qu'il y laissa furent massacrées par la garnison de Thionville; la ville fut néanmoins reprise bientôt par les Français. Les Lorrains, en y rentrant, mirent le feu au monastère et au château, qui fut rasé par le duc d'Aumale en 1572. En 1636, Gorze fut brûlé par les Croates, qui firent périr la plupart des habitants. La sécularisation de l'abbaye avait été obtenue du pape, en 1572, par le duc de Lorraine, Charles III, et ses biens servirent à doter une université que le prince avait fondée à Pont-à-Mousson. De cette abbaye dépendaient trente hautes justices.

GORZE (monnaie de). - L'abbaye de Gorze avait obtenu le droit de battre monnaie, et l'avait possédé presque jusqu'à nos jours. Nous ne décrirons pas cependant les monnaies qui, comme toutes les espèces lorraines, se rapprochent plus des espèces allemandes que des pièces françaises. Nous nous contenterons de citer des florins que Charles, cardinal de Lorraine, y fit frapper en sa qualité d'abbé. On y voit, d'un côté, son buste, avec la légende Carolus A LOTHaringia Dei ET sanctissimæ sædis Apostolicæ Gratia SVPremus Dominus GORZeiensis Abbatiæ; et, de l'autre, les armes de Lorraine, surmontées d'une couronne ducale, avec la légende MONETA NOVA GORZEII CVSSA.

Il existe plusieurs variétés de ces pièces. GOSLIN. Voyez GOZELIN.

GOSPITSCH (prise de). — Au mois de mai 1809, Marmont, qui, avec deux divisions françaises, occupait la Dalmatie et une partie de l'Illyrie, reçut de Napoléon l'ordre de se diriger vers les frontières de la Carniole et de l'Istrie, pour se réunir au prince Eugène, qui devait former l'extrême droite de la grande armée d'Allemagne. L'archiduc Jean, opposé à Eugène, eut connaissance de ce projet ; il envoya un de ses corps, sous les ordres de Stoïsservick, observer la Dalmatie. Marmont, qui avait contre lui une énorme infériorité numérique, ne bougea point tant que l'archiduc et le vice-roi furent aux prises; mais aussitôt que le premier commença son mouvement de retraite, il s'avança vers la Croatie, et remporta deux victoires successives, au mont Kitta et à Grasschatz (17 mai), sur les troupes de Stoïsservick, qui suivaient le mouvement rétrograde de l'archiduc. Toutefois, renforcées par plusieurs régiments croates, elles allèrent prendre, à Gospitsch, une position avantageuse, d'où elles espéraient d'autant plus arrêter les Français, que toute la popula. tion environnante s'armait contre eux. Gospitsch est une ville fortifiée, dont plusieurs rivières défendent les approches; mais Marmont, arrivé, le 21, en vue de la place, s'aperçut qu'il pouvait tourner la position des Autrichiens. Il fallait, il est vrai, franchir une rivière sous le feu des batteries de la rive droite. Or, pendant que deux compagnies de voltigeurs du 8 régiment exécutaient avec sang-froid cette opération difficile, et s'occupaient de rétablir un pont, l'ennemi, débouchant par un autre pont plus éloigné, se porta en trois colonnes contre la division Montrichard, formant la gauche de la ligne française. Marmont lui opposa sur-le-champ les brigades Soyez et Delaunay: les colonnes autrichiennes du centre et de la droite plièrent bientôt ; celle de gauche résista plus longtemps, mais elle finit par être entraînée dans la déroute; et les Autrichiens, acculés à la rivière, s'y noyèrent en grand nombre. A la droite de notre ligne, la division Clausel, aussi attaquée, fut également victo

rieuse. Le lendemain, 22, le général ennemi rallia ses troupes, fit avancer ses réserves avec une nombreuse artillerie, et voulut empêcher les Français de déboucher dans la plaine; mais on le culbuta de nouveau, et cette seconde victoire contraignit les Autrichiens à une retraite définitive. Marmont entra le lendemain dans Gospitsch, battit, les jours suivants, l'arrière-garde ennemie, s'empara successivement de Segua et de Fiume, et, le 31, se dirigea vers Gratz, pour y opérer sa jonction avec Eugène, qui, ce même jour, opérait la sienne avec l'armée d'Allemagne.

GOSSEC (François-Joseph) est né à Vergnies, village du Hainaut, le 17 janvier 1733. A l'âge de sept ans, il fut envoyé à Anvers pour y apprendre la musique, et, pendant huit ans, il fut enfant de choeur de la cathédrale de cette ville. Il en sortit pour se livrer à l'étude du violon et de la composition. Ses progrès furent rapides, et ses amis l'engagèrent à venir à Paris. Il avait vingt-trois ans lorsqu'il y arriva en 1751, et il fut choisi pour conduire l'orchestre du célèbre financier la Poplinière, sous les yeux de Rameau. Mais, devenu vieux, Rameau cessa d'écrire, et la Poplinière réforma son orchestre. Alors Gossec devint directeur de la musique du prince de Conti.

Il profita des loisirs que lui laissait cette place pour se livrer à de nouveaux travaux ; il donna ses premiers quatuors en 1759. Mais l'ouvrage qui lui fit le plus d'honneur, ce fut la messe qu'il fit graver en 1760, et qui fut exécutée à Saint-Roch, avec un effet prodigieux. En 1764, il s'essaya dans la musique dramatique, et donna successivement: le faux Lord; les Pécheurs; le Double déguisement; Toinon et Toinette, à la Comédie italienne; et à l'Opéra, Sabinus, Alexis et Daphné, Philémon et Baucis, Hylas et Sylvie, la Fête du village, Thésée, Rosine, etc. En 1770, il fonda le concert des amateurs, qui dura jusqu'au 28 janvier 1781, et où le fameux mulâtre Saint-Georges tenait le premier violon; M. Gossec ne le dirigea que quatre ans. En 1773, il prit, avec Gaviniès et Leduc, l'entreprise du concert spirituel qu'ils retirèrent de sa léthargie, et ils en eurent le bail pendant

trois ans. En 1775, M. Gossec fut maître de musique de l'Opéra et de l'école de chant, jusqu'en mai 1780. Nommé adjoint au directeur de l'Académie royale de musique, jusqu'à la clôture de 1782, il obtint alors une pension de deux mille francs, et fit partie du comité de l'Opéra jusqu'en avril 1784. Cette même année, une école de chant et de déclamation ayant été établie, Gossec en fut nommé directeur général; et, en 1788, il y devint professeur de composition, place qu'il occupa jusqu'à la suppression de l'école, en 1791. Il était, depuis la révolution, maître de musique de la garde nationale de Paris; il fit exécuter dans les fêtes publiques, notamment pour l'apothéose de Voltaire, pour celle de Jean-Jacques Rousseau, pour la pompe funèbre de Mirabeau, pour celle des ministres français assassinés à Rastadt, un grand nombre d'hymnes à l'Etre Suprême, à la Victoire, etc.; de marches religieuses, et de symphonies pour instruments à vent. Dans ce genre, il peut servir de modèle. Il devint chef de Ï'Institut national de musique, créé par décret de la Convention en novembre 1793; et, lorsque cet établissement prit le titre de Conservatoire de musique, en août 1795, il fut nommé un des cinq inspecteurs de l'enseignement, et maintenu lorsque le nombre en fut réduit à trois quelques années après : il conserva cette place et celle de professeur de composition jusqu'à sa retraite en 1815. De 1799 à 1804, Gossec avait été membre du jury de lecture de l'Opéra ; il fut nommé, en 1809, du jury d'examen de la musique, en remplacement de Grétry, démissionnaire. Il mourut à Passy, près Paris, le 16 février 1829.

Gossec est un exemple remarquable de ce que peuvent produire le travail et l'étude. Fils d'un laboureur, il se forma presque tout seul, et sut conquérir une place distinguée parmi les compo siteurs. C'est à lui qu'on doit le progrès qu'a fait chez nous la musique d'instrumentation; et c'est de lui qu'on apprit toutes les ressources qu'on peut tirer des instruments de cuivre. Il prépara la gloire de l'école française musicale, par l'institution du Conservatoire, dont il donna l'idée.

GOSSELIN (Jean), garde de la biblio

thèque de Henri III, homme fort docte suivant Lacroix du Maine, mort à Paris en 1604, a laissé plusieurs ouvrages de mathématiques et d'astrologie, et un Discours de la dignité et excellence des fleurs de lis et des armes des rois de France, Melun, 1593; Nantes, 1615, in-8°, etc.

GOSSELLIN (Pascal-François-Joseph), savant géographe, naquit à Lille en 1751. Dès les années 1772, 1773, 1774 et 1780, il fit pendant de fréquents voyages des recherches relatives à la géographie ancienne, et vérifia différentes positions indiquées par les itinéraires romains. En 1784, il fut député par sa province au conseil royal du commerce, et, en 1789, il le fut encore extraordinairement auprès de l'Assemblée nationale. Dans le même temps, un mémoire sur une question proposée par l'Académie des belles-lettres, dont l'objet était de comparer ensemble Strabon et Ptolémée, lui ouvrit les portes de l'Académie. En 1791, le roi le nomma membre de l'administration du commerce de France. Trois ans après, le comité de salut public lui conféra une place importante au département de la guerre. Ses papiers furent placés au dépôt de ce département, et bientôt la commission d'instruction publique en ordonna l'impression; circonstance qui lui fournit peut-être les moyens d'achever le monument qu'il a voulu élever à la géographie ancienne. Sa place était marquée parmi les géographes du premier mérite; aussi, après avoir été choisi, en 1799, pour remplacer Barthélemi Courcay comme conservateur du cabinet des médailles, il fut désigné par le gouvernement pour la collaboration du Strabon, traduit en français. Ajoutons que, lors de la seconde occupation de Paris, il fit preuve de dévouement et de patriotisine en défendant les objets d'art confiés à ses soins. Il a publié (avec de Tersan): Catalogue des médailles antiques et modernes, en or et en argent, du cabinet de M. d'Ennery (1788, in-4°); Géographie des Grecs analysée, ou les systèmes d'Eratosthènes, de Strabon et de Ptolémée, comparés entre eux et avec nos connaissances modernes, ouvrage couronné par l'Académie (1790, grand in

4°, avec 10 cartes); Recherches sur la géographie systématique et positive des anciens, 1er et 2 vol., 1798; 3° et 4° vol., 1813, in-4°; vaste et important ouvrage qui a mérité pour toujours à l'auteur la reconnaissance des savants. Gossellin est encore auteur d'un grand nombre de mémoires insérés dans le recueil de l'Académie des inscriptions, dans la traduction francaise de la Géographie de Strabon, dans les Recherches sur les Scythes et les Goths, de Pinkerton. Il était membre de l'Institut depuis sa formation. Mort en 1830, il fut remplacé à l'Académie par M. VanPraet.

GOT (Bertrand de). Voy. CLÉMENT V. GOTHESCALK ou mieux GOTTESCHALK, célèbre moine du neuvième siècle, naquit vers 806, dans la partie de l'Allemagne soumise par les armes de Charlemagne. Venu de bonne heure à Paris, il prit l'habit monastique à Orbais, abbaye de bénédictins dans le diocèse de Soissons. Après s'être rempli de la doctrine de saint Augustin, où il avait cru trouver le dogme de la prédestination absolue, il passa à Rome, et de là dans l'Orient, répandant partout ses opinions. De retour en Italie, l'an 847, il s'entretint sur cette matière obscure avec l'évêque de Vérone, qui, effrayé de ses principes, les déféra à Raban Maur, disciple d'Alcuin et archevêque de Mayence. Ce prélat, homme de science et de raisonnement, anathématisa Gothescalk et son système de fatalité, dans un concile tenu en 848. Ensuite, il le renvoya devant Hincmar, archevêque de Reims, duquel relevait le siége de Sois

sons.

Ce grand personnage, que l'on trouve mêlé à toutes les affaires contemporaines, traita le moine fort sévèrement. Il convoqua un concile à Quiercy-surOise. Gothescalk fut dégradé, condamné à un silence perpétuel, à la flagellation publique et à la prison pour sa vie. Les persécutions commençaient alors à tenir la place des arguments dans les discussions théologiques.

Elles ne changèrent rien aux dispositions de l'ardent novateur. Il écrivit deux Confessions de foi pour soutenir sa doctrine, offrant de la prouver en passant par quatre tonneaux pleins

d'eau, d'huile ou de poix bouillante, ou même par un grand feu. Hincmar rit de son exaltation, et le laissa enfermé dans l'abbaye de Hautvilliers

Un certain intérêt s'éleva pourtant en faveur de l'hérétique, contre le puissant archevêque. D'accusateur Hincmar devint accusé. Sa doctrine fut condamnée dans deux conciles tenus successivement à Valence (855) et à Langres (859). Ratram, Prudence, évêque de Troyes, Florus, diacre de Lyon, et Remi, évêque de cette ville, écrivirent pour la défense de Gothescalk, contre lequel Hinemar publia un traité. De son côté, le captif n'abandonnait pas ses opinions, et accusait son persécuteur lui-même d'hérésie. Toute cette discussion, comme on peut le penser, portait le caractère brutal, grossier des querelles théologiques du siècle (*).

Malgré les mauvais traitements, Gothescalk persista et mourut dans sa foi (868), rejetant opiniâtrément et jusqu'au dernier soupir une rétractation humiliante. Hincmar lui fit refuser les sacrements et la sépulture.

Usserius a publié la vie de ce célèbre bénédictin (Dublin, 1631, in-4°). C'est le premier livre latin imprimé en Irlande. On la trouve aussi dans les Vindiciæ prædestinationis et gratiæ (Paris, 1650, 2 vol. in-4°), et dans l'Historia Gotescalchi prædestinatiani (Paris, 1655, in-fol.), du P. Cellot. Voyez encore l'Historia prædestinatianismi du P. Sirmond.

GOTHIE. Voyez SEPTIMANIE.

GOUDIMEL (Claude), musicien célèbre du seizième siècle, dont le nom a été dénaturé de toutes sortes. Les uns l'appellent Gaudio Mell, d'autres Gaudimel, d'autres encore Gaudinel, Guidomel, Godmel, Gudmel; on a été jusqu'à écrire son nom Condimel. Cependant, tous les ouvrages publiés par lui portent sa signature, et on aurait pu s'y reporter. Le lieu de sa naissance est aussi l'objet d'opinions diverses. Il paraît constant qu'il naquit en FrancheComté; mais on ne peut préciser exactement la ville où il vit le jour. Il est

(*) Voyez l'Histoire littéraire de la France avant le douzième siècle, par M. Ampère, t. III, p. 96 et 97.

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